01/04/2013
Brèves européennes… (18)
ITALIE
Et le gagnant, provisoire, est Mario Monti. Malgré son score désastreux (8% pour la liste Monti, et 2,5% en plus avec ses alliés), il va demeurer premier ministre jusqu’en mai 2013. La liste Grillo a beau avoir fait plus de 25% des voix en ayant eu notamment comme axe principal de discours la dénonciation du gouvernement technocratique et « goldman-sachsien » de Monti, cela ne change rien. Bersani (PD) a été incapable de proposer une coalition avec la droite du PDL de Berlusconi. Et le président et ancien communiste Napolitano n’a pas eu le courage politique de démissionner. En réalité, président élu par les assemblées, et non par le peuple italien, sa légitimité est fondamentalement nulle.
Le fait est que Berlusconi est en train de reprendre l’avantage dans les sondages. Ayant été ouvert à une négociation que Bersani a refusée, celui-ci s’imaginant manipuler des nouveaux élus de la liste de Grillo pour obtenir sa majorité au sénat, il apparaît à nouveau comme une alternative crédible aux yeux d’italiens de plus en plus nombreux.
En cas de nouvelles élections, qui seront nécessairement repoussées à de nombreux mois en raison de l’action de Napolitano, qui ne peut pas dissoudre l’assemblée selon la constitution à deux mois de la fin de son mandat, et qui auront besoin d’être précédées d’une réforme du mode de scrutin, il est probable que la liste Grillo perdra quelques points, car sa capacité de blocage cache mal une incapacité de fond à gouverner, et un vote populiste à la Uomo Qualunque reste nécessairement un feu de paille. Mais c’est surtout la droite qui pourrait nettement profiter de cette occasion pour retrouver le pouvoir, malgré une image berlusconienne extrêmement entamée et surtout victime d’une perte de crédit au niveau international. Or la crise budgétaire touche de plein fouet l’Italie.
Cela pose une véritable question de démocratie. Dans le cas d’une économie mondialisée, un gouvernement issu d’un scrutin démocratique peut-il vraiment gouverner ? Le cas de Chypre laisse pantois, car on a vraiment affaire à une dictature des marchés, et des agences de notation et autres organisations mondialistes. Même si des réformes et des sacrifices sont nécessaires, seuls des dirigeants démocratiquement élus, et ayant un programme politique transparent, pourraient les mettre en œuvre. La « troïka » n’a aucune légitimité démocratique, et on comprend bien que sans un gouvernement européen légitime, aucune politique européenne ou même de la zone euro n’est vraiment possible et surtout efficace. La première chose serait d’écarter purement et simplement le FMI des problèmes internes à l’Europe et de régler ces derniers en famille.
TCHEQUIE, ROYAUME-UNI, FRANCE
Vaclav Klaus, modèle des souverainistes, était accusé d’avoir purement et simplement trahi les intérêts nationaux en amnistiant, pendant les derniers mois de son mandat, un certain nombre de riches et puissants amis qui étaient mis en examen. Le Sénat a en conséquence demandé à la cour constitutionnelle d’engager des poursuites à son encontre. Celle-ci a refusé d’y donner suite. On se doute bien que les amis de Klaus y sont fortement représentés. Désormais, Vaclav Klaus veut se consacrer aux questions européennes et piloter une coalition de mouvements souverainistes pour les élections de 2014. Voilà un « magnifique » exemple de ce que sont ces souverainistes qui prétendent redonner au peuple la maîtrise de son destin.
Dans le même style, le dirigeant de UKiP, le désormais fameux Nigel Farage, pourfendeur de la technocratie bruxelloise, ce en quoi il n’aurait pas nécessairement complètement tort s’il agissait dans l’intérêt de l’Europe et des Européens, et non d’un Royaume-Uni maintenu sous le diktat de Washington, a décidé qu’il faudrait rejeter la candidature de la Serbie à l’Union Européenne. On ne voit pas pourquoi on devrait fermer la porte à un pays parfaitement européen à tous points de vue. Il se fait également le défenseur d’un Royaume-Uni potentiellement assiégé de travailleurs européens venant de Roumanie ou de Bulgarie. Mais ce ne sont pas des Roumains qui ont mis l’Angleterre à feu en 2010, ni des Bulgares qui ont piégé le métro de Londres en 2005.
Le problème migratoire du Royaume-Uni n’est pas avec les autres pays européens, même s’il est vrai qu’il faudrait encourager par le biais d’une harmonisation sociale européenne le maintien de préférence des européens sur leur terre ancestrale, mais bien avec les populations issues de son ancien empire colonial. La souveraineté britannique devrait davantage s’exercer par rapport aux USA et au Commonwealth, et l’ennemi des Britanniques c’est bien plus la City, dont ils ne profitent guère de la réussite, que l’UE.
C’est la même chose en France avec le discours populiste du FN de Marine Le Pen qui souhaite instaurer une « priorité nationale » (alors qu’il faudrait instaurer une « exclusivité européenne ») dont bénéficieraient, au détriment des autres européens qui souhaiteraient vivre et travailler en France, les migrants naturalisés et leurs descendants.
En clair, c’est l’europhobie d’abord ! Alors que le problème est ailleurs…
21:39 Publié dans Analyses, Elections en Europe, Programme du Parti des Européens | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : europhobie, nigel farage, technocratie, mario monti |