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08/05/2011

8-9 mai 2011 : bilan d’une Union Européenne à l’avenir incertain

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logosite41.pngMontée des populismes europhobes aux élections nationales en Europe, crise des déficits publics dans plusieurs pays européens (Grèce, Irlande, Portugal au sein de l’UE, Islande en dehors), politique de restriction budgétaire au sein de tous les états membres , pression migratoire aux frontières du continent, le cas emblématique étant l’île italienne de Lampedusa, où arrivent par dizaines de milliers tunisiens, lybiens et africains subsahariens, l’Union Européenne va mal et son impuissance à résorber tous ces maux fait douter beaucoup de nos compatriotes européens du bien fondé de cette structure. Marine Le Pen et ses épigones européens ont beau jeu de dénoncer une Union qui ne répond pas aux enjeux du XXIème siècle et aux menaces portées contre notre continent. Et pourtant, il n’existe pas d’alternative, ni politique, ni économique, ni sociale, ni militaire, ni diplomatique, ni énergétique, ni écologique et encore moins démographique et migratoire, à la nécessaire union politique du continent européen dont l’Union Européenne aurait dû être l’incarnation.

Ainsi, pour les vrais européistes que nous sommes, l’Union Européenne actuelle est un échec mais son abandon serait en revanche une véritable catastrophe. En effet, si l’Union Européenne devait se disloquer, ce serait sous les coups de boutoir non pas seulement des eurosceptiques, qui pratiquent souvent une critique constructive, mais bien des europhobes, opposants résolus non seulement à l’Union Européenne actuelle mais à toute Europe politique alternative autre que leur prétendue « Europe des nations », qui n’est qu’une Anti-Europe.

Analysons plus en profondeur les maux qui rongent notre continent et contre lesquels l’Union Européenne actuelle est au mieux impuissante, au pire complice. En matière de diplomatie, à la suite du traité de Lisbonne, l’UE est dotée d’un président, en la personne du fade Herman Van Rompuy, et d’un « ministre européen des affaires étrangères » très effacé en la personne de Catherine Ashton. Autant dire que ces personnes, aussi estimables soient-elles, ne sont absolument pas à la hauteur des enjeux et ont été choisies par les chefs d’état et de gouvernement pour leur incapacité à véritablement incarner l’Union Européenne.

Le président de la commission, quant à lui, le portugais Gustavo Barroso, agent implicite des USA, est chargé de faire appliquer les traités et sert de VRP des droits de l’homme, relayé dans son rôle par des commissaires spécifiques qui vont tout dans le sens de la porosité migratoire et économique des frontières de l’UE. Barroso incarne un libéralisme économique assumé alors même que la crise économique montre les limites de cette doctrine. L’idée de protectionnisme économique européen lui est odieuse, comme l’idée de rétablir des frontières intérieures, conséquences de l’absence d’une politique européenne commune en la matière.

Par ailleurs, la Commission Européenne ne jouit d’aucune légitimité démocratique, malgré des modifications statutaires. En effet, à terme, le président de la commission devrait être élu par les parlementaires européens. Faudrait-il encore que ces derniers jouent pleinement leur rôle.

Le parlement européen, partagé de manière absurde entre Bruxelles et Strasbourg, et en ce sens je partage tout à fait l’avis de Roland Ries, maire de cette dernière cité, pour qui le législatif communautaire devrait être intégralement à Strasbourg, comme cela était le cas à l’origine et conformément aux traités, ne joue pas son rôle.

Certes, on ne peut que se réjouir que le mode de scrutin le plus démocratique, la proportionnelle, y soit globalement en vigueur, ce qui permet une meilleure représentation de la volonté populaire européenne, et de l’idée de faire élire en 2014 une trentaine de députés sur des listes transnationales, même si le véritable courage politique aurait été de proposer de véritables élections européennes, le même jour pour tout le continent, et avec des listes européennes au sens fort, par une répartition par partis et pas par pays. En ce sens, on ne saurait que regretter lors d’un récent référendum que les citoyens britanniques, par rejet de leur gouvernement en place, aient rejeté une réforme plus démocratique du mode de scrutin, alors qu’au Royaume-Uni comme en France, il y a un grand décalage entre la volonté populaire et la représentation parlementaire. Ainsi, le Front National, qui représente près de 20% des électeurs, se retrouve avec seulement deux conseillers généraux et aucun député. De même, Europe Ecologie est-elle obligée de s’allier avec le Parti Socialiste si elle souhaite avoir des élus.

Toutefois, les parlementaires européens ne jouent pas un véritable rôle législatif, d’abord parce qu’ils en sont privés par les traités, et en second lieu parce qu’ils ne font pas preuve du courage nécessaire pour renforcer cette institution. Le poids des représentants europhobes et eurosceptiques n’explique pas tout. C’est d’abord le fait que les députés représentent des partis nationaux, et non européens, le PPE et l’ASDE n’étant pas de véritables partis européens mais des groupes parlementaires, et que « gauche » et droite dans cette assemblée travaillent main dans la main et dans le même sens. Il n’y a jamais d’alternance politique puisque les deux grands groupes se répartissent équitablement les rôles, se partageant par exemple le rôle de président de l’assemblée. Démocratique, le parlement européen l’est par son mode de scrutin. Oligarchique, le parlement européen l’est par son fonctionnement interne.

La dimension peu démocratique de l’ensemble saute aux yeux de beaucoup de nos compatriotes européens. La façon dont le traité prétendûment constitutionnel, rejeté par deux pays fondateurs, a été mis en place presque à l’identique sous la forme du traité de Lisbonne, une fois que le refus irlandais de ce dernier ait pu être renégocié par un certain nombre de promesses et par la peur de l’Irlande d’être isolée, joue beaucoup contre une institution qui paraît déconnectée de la volonté populaire et des réalités politiques quotidiennes. Les remontrances de la commissaire Viviane Reding quant au traitement français de la problématique des migrants roms ont également agacé beaucoup de citoyens, et pas seulement français.

A propos de la question migratoire, les dernières semaines ont mis à mal les relations entre la France et l’Italie concernant la situation de Lampedusa et par extension la question du traitement des migrants illégaux dans une Europe qui n’a pas réellement de frontières autour d’elle. Beaucoup d’analystes affirment qu’il faudrait une réponse européenne à ce problème, d’autant plus que la Grèce annonce être également confrontée à de nouveaux flux par le biais de ses frontières communes d’avec la Turquie, et a exprimé à plusieurs reprises son incapacité à pouvoir les gérer, au point de vouloir construire un mur. Mais dès qu’on évoque la question de la réponse européenne, on nous explique au final qu’il faudrait régulariser tous ces immigrés clandestins. A quoi bon l’Union Européenne alors, puisque l’Italie et la France savent très bien ne rien faire en ce domaine, concrètement.

En clair, et pour conclure ce panorama rapide de la situation de l’Union Européenne, il est impératif de modifier en profondeur ses institutions et son mode de fonctionnement, bien évidemment de changer ses têtes. C’est tout le projet du PSUNE. Donner au parlement européen, du fait de sa légitimité démocratique, le pouvoir que ses élus actuels lui refusent. Mettre en place un parti européen qui représentera en son sein une alternative totale aussi bien aux élus souverainistes, divisés en plusieurs groupes parlementaires, qu’au binôme PPE-ASDE et à leurs alliés libéraux, gauchistes et « pseudo »-écologistes. Cette alternative européiste, nous espérons l’incarner.

Nous n’aimons pas les souverainistes parce qu’ils sont souverainistes mais nous n’aimons pas les « européistes » [de Bruxelles] parce qu’ils ne sont pas européistes. Contre la réaction europhobe, contre les dérives mondialistes, le seul recours, la seule contre-offensive, c’est l’euro-socialisme !
 
Thomas Ferrier
Secrétaire général du PSUNE

03/04/2011

Pétition concernant la Hellfest, qu’en penser ?

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hellfest2011.jpgLe collectif, a priori d’obédience chrétienne, « Provocs Hellfest ça suffit », a mis en ligne ces derniers jours une pétition concernant le festival « Hellfest » organisé à Clisson du 17 au 19 juin 2011. Suite à la déprogrammation du groupe « Anal Cunt » en raison de paroles provocatrices, des organisations chrétiennes exigent davantage de censure de la part des organisateurs de ce festival metal. Ils reprochent à ce dernier la présence de groupes faisant la promotion de l’anti-christianisme, témoignant ainsi d’une relative méconnaissance de la culture « metal ».

En premier lieu, lorsqu’on commence à dénoncer l’expression de propos qu’on conteste, où définit-on la limite ? Ainsi, le collectif cite des extraits d’un titre du groupe Belphegor parmi lesquels on trouve « les chrétiens aux lions », c’est-à-dire une expression historique latine, christiani ad leonis, en usage dans l’empire romain, qui est bien sûr une allusion à l’opposition entre les autorités romaines « païennes » et les fidèles d’une nouvelle religion, le christianisme. En clair, dans ce conflit antique entre païens et chrétiens, ce groupe contestataire a voulu choisir a posteriori son camp.

Dans le nouvel album du groupe « pagan » Amon Amarth, le titre « Slaves of fear » évoque les concepts propres à la religion chrétienne, l’accusant « au nom de l’amour et de la tolérance » de s’appuyer sur « l’ignorance », de « condamner les guerres qu’elle crée au nom de son dieu », de « mentir avec des sourires calculés ». Un extrait indique la menace de pendre les prêcheurs à l’arbre d’Odin (Oden’s tree), ce qui est évidemment une remarque imagée, à ne certainement pas prendre au pied de la lettre. Notons qu’Amon Amarth ne sera pas présent à ce festival et que les autres titres de l’album évoquent uniquement les mythes de l’Asatru (crépuscule des puissances, combat d’Odin et de Thor contre les forces de destruction… etc). Faudrait-il interdire Amon Amarth de concert pour cette raison ?

Pour être très précis, il y a plusieurs années j’avais écrit un article exprimant mon hostilité totale au satanisme et à la musicalité « metal » lorsque celle-ci s’inspire de ces thèmes. En démocratie, lorsqu’on l’on veut protester contre des dérives, on ne les cautionne pas et, amateur de metal, je n’achèterai jamais d’albums, même si musicalement ils étaient de qualité, qui feraient la promotion de ces thèmes. Et bien évidemment, je n’irais pas écouter de groupes musicaux ayant fait ce choix. Mais je ne vois aucune raison en revanche que ceux qui soient davantage en accord avec leurs conceptions ou bien qui privilégient la musique sur l’idéologie supposée présente n’aient pas le droit de voir ces groupes en concert, si c’est leur choix, et dans la mesure où ce sont les seuls à en « bénéficier ».

Je trouverais parfaitement normal de protester vigoureusement si la retransmission du concert était présente sur une chaîne publique, si les enfants des écoles y étaient emmenés par leurs professeurs, et dans ce cas là, je soutiendrais la demande d’une plus grande vigilance quant aux groupes invités. Mais ce n’est pas le cas et personne ne sera obligé contre son gré d’assister à la Hellfest. En outre, parmi le public, rien n’interdit à certaines personnes de boycotter des groupes dont les propos les choqueraient et de le faire savoir.

Arkona+18.jpgDu point de vue qui est le mien de soutenir la promotion de thèmes européens, « païens », je suis bien sûr dérangé par le fait qu’on associe dans ce concert d’excellents groupes païens, qui se gardent de ces excès, à l’instar de Korpiklaani, Arkona, Skyforger, Turisas, Valient Thorr [« Thor le vaillant »], ou des groupes de metal symphonique de haute tenue, comme Therion ou Apocalyptica, avec des groupes aux noms provocateurs et dont les paroles me heurtent. Mais je ne vois pas de raison d’imposer mon avis à autrui, et je considère en conséquence qu’à partir du moment où ce festival ne saurait heurter de chrétiens, puisqu’ils ne s’y rendront pas, il n’y a pas de préjudice. Où est alors l’intérêt à agir ?
Si on commence à censurer des groupes sous prétexte qu’ils ne ménagent pas la religion chrétienne, qu’ils expriment leur hostilité à ses conceptions, qu’ils la caricaturent de manière outrancière, où va-t-on s’arrêter ? Va-t-on, comme l’ont demandé des groupes chrétiens italiens récemment, interdire le film « Agora », qui a ainsi été privé de salles en Italie à sa sortie ? Va-t-on interdire « Conan the barbarian » sous prétexte que le christianisme y est implicitement dénoncé ? Va-t-on demander au gouvernement de mettre à l’index l’ouvrage de Nietzsche intitulé « L’Antéchrist » ? Va-t-on censurer Voltaire pour avoir écrit « Ecr. l’Inf. » ?

Lettland_Skyforger.jpgJe peux comprendre que des européens chrétiens soient choqués par des propos qu’on ne saurait objectivement cautionner. Mais il faut comprendre derrière ces provocations le message qui est envoyé. Sans doute pas de la bonne manière, sans doute avec des excès regrettables. Ce message, c’est qu’il ne faut pas oublier que les adeptes des religions européennes traditionnelles, « païennes » ont été persécutés par les autorités chrétiennes à partir du règne de Constance II et que toute une historiographie, dont les ouvrages de l’historien Ramsay McMullen, a démontré la véracité de ces faits. Or, sur ces sujets, les autorités chrétiennes n’ont jamais pris position, n’ont jamais voulu le reconnaître, alors qu’elles l’ont fait pour d’autres religions. Cette nostalgie païenne peut s’exprimer intelligemment, de manière positive, comme le fait avec talent le groupe Arkona par exemple, qui défend les conceptions de la Rodnoverie, « foi indigène », terme désignant le néo-paganisme slave, sans avoir besoin de s’en prendre à une autre religion. Ou elle peut s’exprimer de manière immature et provocatrice, dans une approche négativiste, et cela donne des groupes comme ceux dont les pétitionnaires demandent l’interdiction.

Certains considèrent que le nom même de Hellfest serait une provocation. Ils semblent oublier que le terme même d’enfer vient des inferni latins, qui n’étaient que le nom du royaume des morts, sans connotation négative, et que le terme anglais de hell désigne une divinité germano-scandinave, Hel, présidant au royaume des morts (Helheimr).

Pour toutes ces raisons, et même si je désapprouve les provocations dont font preuve certains groupes musicaux qui seront présents à ce festival, dès lors qu’aucune personne n’est obligé d’y assister, où la liberté d’expression me paraît un droit fondamental à préserver et où je ne vois pas comment on pourrait mettre des limites à la censure à partir du moment où on entre dans un tel processus, je ne vois aucune raison de soutenir la démarche des promoteurs de cette pétition, et je considère que les milieux chrétiens se trompent de combat.

Thomas Ferrier
Secrétaire général du PSUNE

[Nota Bene: photographies de la chanteuse russe Maria Arhipova, du groupe Arkona et du groupe letton Skyforger]

30/03/2011

A propos de Mayotte, du vocabulaire politique et de la laïcité

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the-parthenon.jpgLors de plusieurs soirées thématiques à caractère politique et/ou culturel organisées par Frédéric Taddeï dans le cadre de son émission quotidienne « Ce soir ou jamais », le problème de la laïcité a été abordé. C’est notamment le cas de l’émission de ce soir où le secrétaire général de l’UMP, Jean-François Copé, est confronté à des personnalités représentant les différentes religions dominantes en France aujourd’hui et s’opposant à la réouverture d’un débat sur la laïcité dans le contexte actuel.

L’accusation principale contre cette mesure gouvernementale repose sur l’idée qu’il y aurait une forme de « stigmatisation », le terme étant régulièrement employé ces dernières semaines, notamment par Nicolas Domenach lorsqu’il débat avec Eric Zemmour, des musulmans de France, victimes d’un néo-conservatisme d’obédience américaine dont le président français serait prétendument le vecteur ou le relai.

Si le gouvernement UMP était si « islamophobe », on pourrait par exemple s’interroger sur la départementalisation de Mayotte, musulmane à 97% , qui n’est pas la conséquence d’un souhait des mahorais mais d’abord la conséquence d’un référendum local, sans demander l’avis de la majorité des citoyens français, avec la promesse d’aides financières majeures en échange d’un oui, un oui à plus de 95% des voix qui rappelle les scores électoraux des dirigeants dans les régimes autoritaires. Les media, très pudiquement, n’osent pas dire la réalité anthropologique, et démographique, de Mayotte, de peur de faire découvrir aux français les caractéristiques dérangeantes de ce territoire africain arbitrairement à mon sens rattaché à un pays européen, en l’occurrence la France.

Ce qui est plutôt ironique, c’est que cette mesure de l’UMP, souhaitée par le président de la république, alors qu’il ne l’avait pas annoncée publiquement lors de sa campagne électorale, et qui n’a été dénoncée par aucun parti politique, même pas par le Front National, particulièrement silencieux sur ce point, n’a pas bénéficié aux candidats de l’UMP sur les cantons de Mayotte. En effet, comme dans les autres départements d’outre-mer, c’est la « gauche » qui s’impose, pour une raison bien évidente, à savoir qu’elle incarne l’assistanat social et également qu’elle est promotrice des politiques en faveur de la diversité, qui ne sont qu’une autre forme d’affirmative action. J’avoue avoir du mal à comprendre cette obsession qu’a la droite parlementaire d’augmenter artificiellement le nombre d’électeurs de « gauche ».

A l’issue d’élections cantonales qui se sont caractérisées par une augmentation significative du vote FN, Nicolas Sarkozy a souhaité lancer un débat sur l’islam, très vite renommé « sur la laïcité », qui suscite des réactions outragées du PS et des autorités religieuses. Le danger pour eux est la « stigmatisation » d’une population. Ce terme n’est pas innocent puisqu’il fait référence explicitement à la religion chrétienne, et tout particulièrement au sort de Jésus à Jérusalem. La victimisation de certaines populations, qui ainsi peut tout excuser, est manifestée par l’usage permanent de cette expression. On retrouve ici l’inversion des valeurs dénoncée à juste titre par Nietzsche, ce parti pris systématique pour le supposé faible, qu’on retrouve dans le christianisme antique, dans le catholicisme d’après Vatican II et aussi dans le gauchisme. Ce misérabilisme s’accompagne d’un profond mépris pour le peuple européen, le seul à ne pas avoir le droit d’être plaint et d’être aidé, cette fameuse « prolophobie » dénoncée récemment par le conseiller Buisson. Ceux qui sont méprisés, ce sont les travailleurs européens, accusés implicitement de soutenir les droites populistes, et eux seuls !

Par réaction à ce discours, Robert Ménard, dans l’émission préalablement évoquée, s’oppose publiquement à la construction de minarets et considère qu’il ne faut pas couvrir la France de mosquées. Il le fait selon la conviction qu’il faut respecter le caractère catholique de la France. D’autres parlent de valeurs judéo-chrétiennes pour signifier la même chose. Si on peut comprendre sa réaction, lui comme ses opposants ont oublié un élément fondamental, à savoir que l’identité religieuse de l’Europe n’est pas réellement le christianisme, mais bel et bien le paganisme. Rappelons que Noël n’est à l’origine que le solstice d’hiver, une fête dédiée au dieu du soleil, que Pâques dans sa version européenne est dédiée à la déesse de l’aurore (à Venus à Rome, à la déesse Ostara chez les Germains), que la Toussaint n’est autre que la Samhain celte en l’honneur des ancêtres morts.

Ainsi, la laïcité n’est pas, contrairement à ce que pense Jean-François Copé, une neutralité religieuse, la recherche d’un consensus ou d’un « mieux-vivre ensemble », et n’est pas vraiment non plus la laïcité anti-cléricale de 1905. Elle est d’abord la volonté qu’en Europe ce soient les valeurs européennes qui dominent, les valeurs européennes traditionnelles auxquelles le christianisme post-constantinien a été contraint de se soumettre. Ce n’est pas par respect du christianisme qu’il faut réactiver une « laïcité de combat » mais par respect de notre folklore, de nos traditions, de notre héritage. Et notre héritage est spirituellement païen. Bien évidemment, aucun représentant de la tradition spirituelle indigène, européenne, n'était invité.

Thomas Ferrier
Secrétaire général du PSUNE

04/02/2011

Qu’est-ce que la démocratie ?

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pericles2.jpgLe mot grec δημοκρατία signifie mot à mot le pouvoir du peuple, le terme dêmos provenant d’un terme indo-européen, *dāmos, signifiant « famille, tribu, peuple, lignée, appartenance commune », qu’on retrouve aussi dans le gaélique dam.

Au sens courant en grec ancien, le dêmos est le corps des citoyens, par opposition aux esclaves et aux métèques, qui en sont exclus. Ainsi à Athènes, le dêmos s’identifie pleinement à la citoyenneté, et ne doit pas se confondre avec une plèbe indifférenciée. De même, à Rome, les patriciens et la plèbe font tous partie du corps des citoyens, dont sont exclus là encore les esclaves et les pérégrins, ces derniers étant soumis à la juridiction de leur cité et non à celle de Rome. Bien que dépourvues de pouvoir politique, les femmes demeurent des citoyennes et considérées comme telles. En effet, dans l’Athènes classique, à la différence du droit napoléonien, purement patriarcal, le citoyen l’est par son père et par sa mère, selon le principe du droit du sang.

Ainsi, le dêmos est il composé des seuls citoyens, ceux-ci l’étant en raison de leur appartenance commune, conformément au mythe athénien de l’autochtonie, les Athéniens sont considérés comme nés du sol même de leur cité. Le lien charnel avec leur sol s’apparente au mythe du géant Antaios, qui puisait sa force de la terre, vue comme une mère dont il était le fils, et qui fut vaincu par Héraclès lorsque celui-ci parvint à le soulever hors du sol, le privant ainsi de tout pouvoir.

Au sens strict, la démocratie est le pouvoir des semblables, la différence avec la société spartiate étant que le corps des citoyens est composé de tous les indigènes, alors que Sparte distingue les Egaux (Homoioi) des Périèques, citoyens spartiates de statut inférieur. Athènes est réellement égalitaire, pratiquant une complète isonomie entre tous les habitants indigènes de l’Attique. L’asservissement d’un citoyen par un autre citoyen est d’ailleurs banni. Ainsi, douloi et metoikioi étant étrangers, ils ne peuvent pas en théorie devenir citoyens, même par affranchissement. Aristote souligne que le droit athénien se distingue radicalement, antithétiquement même, du droit corinthien, Corinthe étant une oligarchie marchande pratiquant le droit du sol.

Enfin, le dernier sens pris par le mot dêmos est « commune, agglomération », car le cadre idéal de l’expression politique du pouvoir du peuple dans l’antiquité était la cité, comme hier il s’agissait de l’état-nation, et comme demain, nous l’espérons, ce sera l’Europe.

La démocratie usurpée.

Avec la renaissance des idéaux démocratiques au moment où éclate la Révolution Française, Athènes redevient le modèle de la cité idéale, amie des artistes et en même temps solide sur ses fondements. La figure de Périclès incarne, comme celle d’Auguste, l’image d’un bon père du peuple, dans une société d’hommes libres. Aussi, la force de l’idée démocratique fut-elle qu’aujourd’hui, sous peine de passer pour ridicule si ce n’est pour un infâme factieux, personne n’ose se dire antidémocrate. Mais une chose est de se réclamer de la démocratie, une autre est d’être sincèrement démocrate et d’assumer ce que la démocratie implique.

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05/09/2010

Gauche laïque et « extrême-droite », une confusion malhonnête ?

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__1_742984_1211794407.jpgUn article du 5 septembre 2010 du blog du Monde « Droites extrêmes » consacré au mouvement « Riposte laïque » et à son principal dirigeant, Pierre Cassen, a attiré mon attention. Les journalistes cherchaient à démontrer que cette organisation, qui se revendique « de gauche », et dont le responsable est un ancien du PCF et de la LCR, était passée à l’extrême-droite sous prétexte d’avoir organisé une manifestation commune avec le Bloc Identitaire. Cela m’amène à réfléchir à ce qu’est la gauche authentique en évoquant certains positionnements pris par des membres des structures de gauche en France et en Allemagne ces dernières années.

Helmut Schmidt, ancien chancelier de la SPD, dans un article du Frankfurter Rundschau du 13 juin 2005 prônait ainsi l’interdiction «  de l’immigration de populations issues de cultures étrangères » après avoir en 2004 affirmé que « la décision de faire venir des travailleurs étrangers aura été une erreur très grave », visant en particulier l’immigration turque et africaine. Schmidt a par ailleurs été opposé à l’abandon du droit du sang que prônait le social-démocrate Schröder, abandon effectué en 2000 par la coalition rouge-verte et n’a jamais caché son refus de toute adhésion de la Turquie dans l’Union Européenne, convergeant avec son ancien collègue et ami, le centriste Valéry Giscard d’Estaing qui dénonçait en 1991 une « immigration-invasion » et qui est lui aussi hostile au processus d’adhésion de la Turquie entamé en 2005. Doit-on considérer par ces déclarations le social-démocrate Schmidt comme un renégat qui devrait prendre sa carte à la NPD, ce qu’a proposé le Consistoire Juif Allemand au social-démocrate Thilo Sarrazin il y a quelques semaines ? Doit-on considérer qu’il a cessé d’être de gauche ?

Oskar Lafontaine, ancien animateur du mouvement de gauche radicale « Die Linke », et désormais retraité de la politique en raison d’une « longue maladie », déclarait il y a quelques années que « l’Etat est obligé de protéger les pères de famille et les femmes du chômage parce que des travailleurs étrangers [Fremdarbeiter] prennent leurs emplois en travaillant à bas coût ». En suivit une campagne vigoureuse contre lui, notamment en raison de son usage du vocable de Fremdarbeiter au lieu du très politiquement correct Gastarbeiter (« travailleurs invités »). L’historien Götz Aly n’a pas hésité à qualifier la doctrine mise en avant par Lafontaine de « nationale-socialiste », rien de moins. Doit-on considérer qu’Oskar Lafontaine a cessé d’être de gauche, de même que jadis Georges Marchais lorsque celui-ci s’opposait à l’immigration de travail ?

Le provocateur Thilo Sarrazin, autre membre de la SPD et membre de la Bundesbank, fait scandale depuis quelques jours en raison de la sortie de son ouvrage dénonçant notamment l’islamisation de l’Allemagne et le fait qu’il ne souhaite pas que ses enfants et petit-enfants vivent dans une Allemagne qui ne serait plus culturellement allemande. Aussitôt, les bien pensants s’élèvent contre ses propos, appelant à ce qu’il soit exclu de la SPD et qu’il perde son emploi à la Bundesbank. Jeudi dernier, ses collègues ont demandé au président allemand, Christian Wulff, de se séparer de leur collaborateur. Le dirigeant de la SPD semble s’étonner que Thilo Sarrazin soit toujours membre de sa formation politique, et ce dernier entend bien rester adhérent. Selon un sondage, une majorité d’allemands soutient Sarrazin, et notamment 30% des électeurs SPD, ce qui n’est pas rien. Sarrazin a-t’il cessé d’être de gauche, d’être social-démocrate, en raison de ses saillies rhétoriques ?

Les idées développées par Pierre Cassen de « Riposte laïque » ou par Christine Tasin de « Résistance républicaine » me sont très étrangères, et notamment leur refus d’une Europe politique au profit d’une « république » française fétichisée ou leur volonté de se présenter essentiellement comme opposés à l’islam. On peut également leur contester le fait de vouloir défiler avec des organisations considérées comme d’extrême-droite. Mais lorsque Pierre Cassen déclare ne pas vouloir laisser à Marine Le Pen le monopole sur ces questions, peut-on l’accuser d’être passé à droite ? Si une majorité d’ouvriers vote pour le FPÖ en Autriche, si le Front National est à nouveau redevenu le premier parti ouvrier en France, c’est que la gauche n’a pas fait son travail, c’est tout simplement que la gauche n’est plus de gauche.

Au lieu de chercher des boucs émissaires dans leur camp, les dirigeants socialistes feraient mieux de se demander pourquoi les classes populaires se détournent d’eux et sont si désespérées qu’elles sont amenées à soutenir des formations droitières et ultra-libérales (comme le PVV de Geert Wilders). Parce que la « gauche » a trahi le peuple et qu’elle a toujours refusé de prendre conscience de l’impossibilité à la fois de préserver les acquis sociaux et de donner du travail à tous ses citoyens et en même temps de prôner l’ouverture maximale des frontières et la régularisation des travailleurs clandestins.

Thomas Ferrier
Secrétaire général du PSUNE

09/05/2010

9 mai 2010 : fête d'une Europe en danger de mort ?

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tom2.pngLa crise économique a fait éclater ce vestige de prospérité économique qu'est devenue l'Union Européenne, obligeant les Etats à faire preuve d'une solidarité, qui aurait dû être naturelle, à l'égard d'un état membre et pas n'importe lequel, le berceau de la démocratie et de l'identité européenne, la Grèce. Depuis plusieurs semaines et ces derniers jours, la monnaie unique européenne, l'euro (€), est menacée économiquement et de plus en plus contestée par une opinion publique désinformée et chauffée à blanc par les discours radicaux, de droite et de gauche, annonçant son implosion. 38% des français sont désormais partisans du rétablissement d'une monnaie nationale.

Depuis la mise en place de la CECA en 1950, la construction européenne a permis la réalisation d'un marché commun, a contribué à la paix en Europe occidentale, mais n'a accouché que de seulement deux réalisations significatives, un parlement européen croupion, malheureusement dénué de la plupart des pouvoirs qu'on attend d'une assemblée, réceptacle de politiciens nationaux sur le déclin, et la monnaie unique, l'euro, introduite en 2002, et qui a fait plus pour le renforcement de l'idée européenne dans les esprits que des dizaines de milliers de discours. Or aujourd'hui, le parlement européen est maintenu sur la touche, la gouvernance économique européenne prônée par Angela Merkel et Nicolas Sarkozy, dénuée de tout volet politique sur laquelle l'asseoir, se faisant sans lui, et l'euro est en danger de mort.

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08/05/2010

La zone Euro et la Grèce

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tiok551t.gifLes événements récents liés à la crise grecque ont soulevé des interrogations sur la pérennité de l’Euro. Ce n’est pas un hasard si dimanche 2 mai, deux interventions brillantes, l’une de Marine Le Pen sur ITV et l’autre de Jean-Luc Mélenchon sur BFM, se sont succédé sur la télévision numérique pour aborder le sujet. Le lendemain l’émission d’Yves Calvi sur Arte revenait utilement sur le sujet. Elle y revenait encore vendredi 7, succédant à une interview de Nicolas Dupont-Aignan. Essayons d’y voir un peu clair, sans a priori, en dépassant le cadre du problème grec et en commençant même par considérer le cas de la France.

En préambule nous devons insister sur deux points.

D’abord il n’y a pas en Europe de gouvernance économique, même partielle. Au moment de l’adoption de l’Euro et de la définition de la zone monétaire concernée, on a bien imposé des critères de convergence. Déjà, cependant, l’admission de la Grèce a été prononcée en pleine connaissance du fait que les indicateurs qu’elle présentait étaient faussés. Surtout, depuis lors, les divers pays concernés ont pu faire librement usage de la monnaie commune, mauvais usage plutôt que bon pour certains.

Ensuite, à la question de savoir si l’Euro est bénéfique ou non pour tel pays, il ne peut pas être répondu dans l’absolu. Il convient en effet de savoir quelle politique ce pays entend mener pour se prononcer.

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08/04/2010

Du caractère indivisible de la République

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zemmour2.jpg« Stigmatiseur », « protoraciste », « ethniciste », « chauvin », « réactionnaire » et j’en passe, tels sont les attributs que l’on impute à la personnalité d’Eric Zemmour telles des épitaphes se suffisant à elles-même dans l’optique de prononcer sa mort médiatique au nom d’une « paix sociale » dont la négation des points d’obscurité semble incarner la triste garantie, à supposer qu’une telle réalité soit encore d’actualité.

En faisant momentanément abstraction des innombrables procès d’intention dont le polémiste est victime, contentons-nous d’abord de récapituler les faits dans leur contexte. Le six mars 2010, le journaliste politique Eric Zemmour, connu pour ses positions jugées « sulfureuses » dans le cadre de ses interventions sur France 2, I-télé, RTL et France Ô, est l’objet d’une vive polémique conduite par nuls autres que la LICRA, le CRAN, le MRAP et le Club Averroès au nom de « l’anti-discrimination » et du respect de la sacrosainte « diversité » aujourd’hui tenue en estime quasi-liturgique par la société occidentale, société que certains fanatiques antisionistes de la repentance autoproclamés « non-alignés » se plaisent encore à dépeindre comme « fascisante ». A croire qu’ils se situent dans une autre dimension, mais passons.

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06/04/2010

Vers un nouveau monde ?

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A y regarder de près, nous vivons l'époque la plus étrange qui soit. Nous vivons dans le monde de la mondialisation. Non pas simplement la mondialisation des marchandises, mais celle de la libre circulation des capitaux, et surtout des hommes. C'est la première fois en effet que les élites pensent à mettre en place un gouvernement mondial, mettant au pilori de la honte toutes les formes de nationalisme, de régionalisme, et de défense des identités. Mais reste un problème : la réaction des peuples.

En effet, à y regarder de plus près, peu de monde est enthousiaste à l'idée de devenir un citoyen du monde. Malgré la propagande incessante, de nombreux partis nationalistes et identitaires voient le jour en Europe. En France, le Front National est revenu d'entre les morts pour venir hanter les urnes et effrayer les bobos bien pensants. Que dire de l'Italie, ou la Ligue du Nord fait un tabac, et vient de s'emparer de deux régions parmi les plus riches de la péninsule. Aux Pays-Bas, les islamophiles attendent avec frayeur de voir si le PVV de Geert Wilders remportera ou non les élections prévues en juin. Au Royaume-Uni enfin, le BNP est en train d'émerger bruyamment. Bref, tous les pays européens connaissent peu ou prou une montée des nationalismes et des fièvres identitaires.

Que dire de la Constitution européenne de 2005, rejetée très largement par les peuples français et hollandais, qui a montré que les gens ne voulaient pas d'un projet mondialiste pourtant activement soutenu par les technocrates de Bruxelles.

Ainsi, la mondialisation des capitaux et des hommes profitent à une oligarchie mais pas au plus grand nombre. Les milliardaires européens et américains, qui y voient un moyen d'investir dans des pays de bas coût de la main-d'œuvre. Les dirigeants chinois et indiens, qui profitent de leurs concitoyens dans le besoin, corvéables à merci pour des salaires de misère dans les usines, afin d'attirer les investisseurs étrangers. Les africains, à qui l'on fait miroiter le prétendu « el dorado » européen, et qui envoient des sous à la famille restée au pays.

Mais le dindon de la farce dans l'histoire, pour parler clairement, est le peuple européen. Victime de la désindustrialisation, du dumping social provoqué par les menaces de délocalisations et par la substitution de population, par la perte de l'identité, la montée de l'insécurité et l'émergence de radicalités religieuses.

En clair, nous avons un terrain de mécontentement, largement atténué par la propagande délétère du « politiquement correct ». Reste à analyser si c'est la bonne solution de faire confiance à ces partis de droite nationale, qui prétendent contester cet état de fait.

Dans un monde où la démographie est devenue une arme, il paraît présomptueux pour les petits pays européens vieillissants, de prétendre peser dans le jeu mondial. La Chine et l'Inde, avec leurs milliards d'habitants, ne peuvent que rire d'une France qui se veut le « phare du monde », avec ses 65 millions d'habitants.

Et le programme ensuite... Les partis de droite nationale proposent en majorité une politique de « national-libéralisme » ; ce qui n'est pas de bonne augure, la majorité des gens étant attachés aux acquis sociaux, notamment à la retraite par répartition et au système d'indemnisation du chômage, ou encore au système de sécurité sociale.

Reste à tirer la conclusion de ces deux faits : les pays d'Europe sont trop petits pour prétendre faire la loi au sein d'un espace mondialisé, et les gens restent en outre, et à raison, très attachés aux systèmes sociaux. Nous pouvons donc en conclure que seul l'euro-socialisme peut proposer un projet cohérent susceptible de rassembler les voix des mécontents et de ceux qui rêvent d'un autre monde, et surtout d'une autre Europe. L'Europe pour ses 800 millions d'habitants, et son territoire immense riche en ressources naturelles. Le socialisme pour une idéologie par essence européaniste, qui permet à chaque citoyen d'avoir sa place, et de manière digne, dans la société.

Face aux défis que nous impose ce nouveau monde, face à l'avenir, qui ne tolérera pas la moindre faiblesse de notre part, le PSUNE se doit d'être présent, et de proposer une nouvelle Europe. Une grande Europe, qui assurera à ses citoyens, à ses citoyennes, un avenir radieux.

Que ceux qui veulent d'une vraie Europe, européenne, d'une vraie gauche, socialiste au sens noble de ce terme, nous rejoignent. Vive l'Europe, vive le PSUNE !

"Tomichi" (PSUNE)

Révolution par les urnes et mode de scrutin

logo4c.pngUn mouvement qui aspire à une révolution « par les urnes », recherchant une légitimité populaire, démocratique, à son action, n'est pas maître du cadre politique dans lequel il entend inscrire son action, et notamment du mode de scrutin. Certes, il peut contester le système en place, lui reprochant de fausser le jeu démocratique, d'empêcher l'émergence de mouvements politiques novateurs, d'étouffer l'opposition. Mais il ne doit s'attendre à aucune fleur de la part des partis en place. Il lui appartient en conséquence de s'adapter à des circonstances dont il est la victime et qu'il ne peut pas modifier en sa faveur.

Le premier mode de scrutin est celui à l'anglaise, un seul tour et le premier dans chaque circonscription est élu. Ce système défavorise les petits partis, car le vote utile s'exerce immédiatement. Les libéraux démocrates britanniques, qui représentent 18% environ des suffrages selon les derniers sondages, disposent ainsi d'une place très limitée au sein du parlement. Les écologistes ou les nationalistes du BNP en sont totalement exclus. Aucune « révolution par les urnes » (revolutio urnis) n'est possible dans un tel cadre électoral. Le Labour, qui avait songé à réformer les institutions en introduisant une part de proportionnelle lorsqu'il était dans l'opposition, a renoncé immédiatement une fois au pouvoir. Notons que Nicolas Sarkozy souhaite adopter ce mode de scrutin pour faire élire les conseillers territoriaux en 2014, afin de limiter la victoire de la gauche et d'éliminer du jeu le FN.

Le second mode de scrutin est celui à la française, le scrutin majoritaire à deux tours. Il est appliqué aux présidentielles, où les deux meilleurs sont qualifiés pour le second tour, et aussi aux législatives, où il faut dépasser 12.5% des inscrits. Ce système verrouille encore davantage le jeu électoral que le système britannique. Ainsi, le Modem de Bayrou n'a réussi à faire rentrer que quatre députés au parlement et le FN, même à l'époque où il atteignait 15% des voix, au maximum un seul.

Le mode de scrutin le plus favorable à une revolutio urnis reste donc le système à la proportionnelle, généralement accompagné d'une barre minimale, qui est désormais de 3% en Grèce, 4% en Italie et en Suède, 5% en Allemagne, 7% en Russie et jusqu'à 10% en Turquie. En revanche, au niveau du parlement européen, les institutions de Bruxelles encouragent les états à pratiquer la proportionnelle la plus large possible, comme le fait l'Espagne par exemple et l'Italie au niveau des élections européennes. Même la France et le Royaume-Uni, si rétifs à ce mode de scrutin, l'appliquant aux européennes. Le FN, qui n'a aucun député national, dispose en revanche de trois députés européens. Le BNP, qui n'avait obtenu que 0.7% des voix aux dernières législatives, avec 6.5% des voix, fait rentrer à Strasbourg deux députés. Et dans le reste de l'Europe, des partis nouveaux, comme le Parti Pirate suédois, parviennent à obtenir des élus.

Ainsi, la seule élection qui en France permette d'obtenir des élus à partir d'un résultat de 6 à 7% par circonscription, c'est celle pour les représentants nationaux au parlement européen. Et c'est aussi le cas dans les autres pays du continent, avec des barres davantage accessibles encore. Les élections européennes en France ont d'ailleurs toujours permis la victoire de formations nouvelles, comme le FN en 1984 (11% des voix), le MPF de Philippe de Villiers (13% en 1999), Europe Ecologie (qui en 2009 a fait jeu égal avec le PS) ou encore la liste Tapie. Malheureusement, ce sont souvent des organisations souverainistes (UKip au Royaume-Uni, le LPR polonais en 2004... etc) ou pseudo-écologistes qui en profitent. Et si les européanistes-socialistes (euro-socialistes !) en profitaient eux aussi pour se faire connaître avec un programme bien plus révolutionnaire que le projet timide de Newropeans ?

Aux élections nationales, votez « national », même si ça ne servira à rien, quel que soit le parti, mais aux élections européennes, votez « européen » !

Thomas Ferrier (PSUNE/LBTF)

05/04/2010

La Turquie, de moins en moins européenne ?

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Pic12-TurkWolf.gifParadoxe. La Turquie, lorsque le kémalisme était aux affaires, aspirait à rejoindre la civilisation européenne, à se transformer radicalement au niveau culturel, et dans l'idée d'Atatürk à se détourner progressivement de l'islam en s'appuyant sur le passé pré-islamique, hittite, grec comme turc. Lorsque les dirigeants occidentaux, comme De Gaulle et Adenauer, s'engagèrent en 1963 à faire de la Turquie un membre de la Communauté Economique Européenne, projet qui n'avait pas à l'époque de dimension politique, c'était une Turquie occidentalisée, européanisée, celle rêvée par Mustafa Kemal, qu'ils avaient devant les yeux. Il n'en était en vérité rien, et c'est aujourd'hui que l'on constate amèrement à quel point la révolution kémaliste a échoué. Les 20 à 25% de Beyaz Türkler, les « turcs blancs » c'est-à-dire les turcs occidentalisés, sont devenus otages dans leur propre pays.

Des bars vendant de l'alcool sont menacés, des chefs d'entreprise ne valorisant pas l'islamité perdent des marchés de l'état. Les épouses du président et du premier ministre sont voilées, tout comme les filles de Recep Erdogan, étudiantes installées à l'étranger pour pouvoir porter leur tenue islamique. Erdogan en 2008 est allé expliquer à la jeunesse turque d'Allemagne qu'il fallait refuser l'assimilation, dont la promotion était considérée comme un « crime contre l'humanité ». Cette déclaration n'était pas tant la mise en avant d'une turquité à conserver que d'une islamité dont il se veut le défenseur et promoteur et est d'ailleurs considéré comme tel par les autorités religieuses saoudiennes.

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23:45 Publié dans Analyses, Billets | Lien permanent | Commentaires (0) |

22/02/2010

Mythe n°6 : « Europê » est d’origine phénicienne - par Thomas Ferrier

Europa_on_bull_2.jpgDe manière récurrente, dans la plupart des ouvrages consacrés à l'histoire de l'Europe, revient tout à fait naturellement le mythe de la princesse Europê, à laquelle on associe systématiquement une origine phénicienne, alors que d'autres variantes lui en donnent une crétoise. A ce mythe on en ajoute généralement un autre, par le biais d'une étymologie fantaisiste rattachant le nom de la grecque Europê à un vocable d'origine sémitique.

Cette idée d'attribuer au nom qui désigne notre continent une origine étrangère, non-européenne et non-hellénique, n'est pas innocente, car elle est le reflet de l'idéologie dominante dans les media cherchant selon le mythe chrétien de la lux ex oriente, « la lumière venant de l'orient », à nier le génie propre à notre civilisation, qui serait nécessairement tributaire des autres. Il est ainsi exact que les écritures européennes modernes sont  issues de l'alphabet phénicien, ce qui ne signifie pas que d'autres signes spécifiquement européens n'aient pas été ajoutés, pour représenter les voyelles par exemple, et que l'Europe ait été sans écriture auparavant, puisqu'elle en a été vraisemblablement la créatrice, et que la Grèce possédait déjà l'écriture linéaire (le linéaire B) à l'époque mycénienne, écriture qui ne doit rien à l'orient.

Il est donc convenu de considérer le nom d'Europê comme venant du phénicien ereb, désignant le couchant. Voilà qui témoigne d'une méconnaissance profonde des bases mêmes de la linguistique. Il suffit de songer que le terme grec Erêbos, qui ressemble bien davantage à ce terme phénicien, vient par exemple de l'indo-européen *regwos, désignant le ciel intermédiaire (auroral et crépusculaire). De manière récurrente, et à quelques exceptions notables près, on a donc choisi de négliger l'étymologie authentique du nom d'Europê, qui signifie en réalité « au large regard ». Le terme est composé du grec εύρυς, « large », et όπη, « vue » (indo-européen *werus + *okw-).

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21/02/2010

Mythe n°5 : les Albanais sont musulmans et ne sont pas européens - par Thomas Ferrier

dita-e-veres-009.jpgParmi les mythes politiques qui ont la vie dure apparaît naturellement celui de la non-européanité des Albanais, considérés ainsi en raison de l'islamité relative de l'Albanie, d'une occupation ottomane plus longue que dans les autres pays balkaniques, l'Albanie ne devenant indépendante qu'en 1913 soit près d'un siècle après la Grèce et la Serbie, et enfin d'une tenace propagande albanophobe, qu'elle soit le fait de nationalistes italiens hostiles à l'immigration albanaise ou de nationalistes serbes opposés à l'indépendance du Kosovo albanophone. Briser ce mythe c'est avant tout rendre hommage au peuple albanais, libéré depuis un peu moins de vingt ans de la dictature communiste la plus sombre d'Europe. Mais c'est aussi, d'un point de vue eurocentré, insister sur le principe de réconciliation nécessaire entre tous les Européens.

  • 1. Premier sous-mythe: les Albanais et l'islam.

Il est de bon ton de considérer l'Albanie comme un pays musulman sous prétexte que, selon une statistique de 1930, 70% des Albanais seraient musulmans, partagés entre l'islam sunnite et un islam hétérodoxe, le bektashisme. Aujourd'hui, en 2009, les chiffres sont en apparence contradictoire, utilisés selon les intérêts de tel ou tel groupe politique. Ainsi, la CIA estime que 80% des Albanais seraient musulmans, alors qu'en revanche selon le WCE[1] 39% des Albanais seraient musulmans et 35% chrétiens. Enfin, le site Operation World annonce même une dominante chrétienne avec 42% des albanais contre environ 39% de musulmans. Selon enfin le mouvement albanais Vargmal (« chaîne de montagnes »), 75% des Albanais seraient plus ou moins athées ou sans religion définie, indiquant que selon un sondage pour 62% des Albanais la religion n'est pas importante alors que seulement 33% estiment le contraire (et 75% contre 20% chez les 15-24 ans).

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15/02/2010

Mythe n°4 : la Turquie est un pays européen - par Thomas Ferrier

foulard_turquie_120-2.jpgCe mythe est d'une certaine manière l'antithèse du mythe précédent concernant le peuple russe. Michel Rocard et les partisans de l'intégration de la Turquie à l'Union Européenne présentent ce pays comme naturellement européen, mais en mettant l'accent sur des critères essentiellement géographiques ou en reliant l'européanité à l'adoption d'un certain nombre de valeurs comme la démocratie et les droits de l'homme. Ceux-là même qui nient l'européanité de la Russie, ou présentent son intégration comme impossible en raison du poids démographique et de la superficie du territoire, sont parmi les plus ardents partisans de l'adhésion turque, adhésion dont les pourparlers ont commencé au printemps 2005. La raison principale de ce soutien est que la Turquie est membre depuis le début des années 50 de l'OTAN, et l'alibi est que De Gaulle et Adenauer auraient fait une vague promesse aux dirigeants turcs en 1963 de permettre l'accès à la Turquie de la communauté économique européenne.

  • 1. La question géographique.

La Turquie est composée de deux parties, à savoir la Thrace orientale, appelée « Turquie d'Europe », et l'Anatolie (Anadolu), appelée également « Asie mineure » ou « Turquie d'Asie ». La première représente seulement 3% de la superficie du pays et compte un peu moins de 10 millions d'habitants, c'est-à-dire environ 14% de la population turque totale.

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14/02/2010

Mythe n°3 : la Russie est un pays eurasiatique - par Thomas Ferrier

anna-kournikova-picture-1.jpgDepuis une dizaine d'années, le russe Alexandre Douguine, jadis membre de Pamyat, représentant de la « nouvelle droite » et adepte de l'idéologie nationale-bolchevique, a développé une conception eurasiatique de la Russie, au sein de sa structure, le Parti « Eurasie » (Evrazia). Le passé extrémiste de ce penseur russe n'a semble-t-il pas empêché certains politologues français de voir en lui la référence idéologique principale de la politique de Vladimir Poutine. Aujourd'hui, Douguine se veut au nom d'une conception pérennialiste le moteur d'une conception eurasienne de la Russie, ouvertement favorable à l'islam et à la Chine, et est en ce sens le négateur de la stricte européanité de son pays. Avant d'expliquer en quoi la Russie est un pays européen, et seulement européen, rappelons brièvement les racines de cette conception.

Sous le prétexte du fait que la Russie a été occupée pendant plusieurs siècles par les conquérants mongols, ce qui a isolé le pays d'un certain nombre de courants de pensée issus du reste de l'Europe, et selon l'idée arbitraire de certains occidentaux choqués par une certaine brutalité russe, beaucoup de penseurs européens et même russes en sont venus à penser sincèrement que la Russie n'était pas un pays européen. Le grand écrivain Dostoïevski déclara ainsi qu' « en Europe, nous sommes des tatars mais en Asie, nous sommes aussi des européens » et ajouta en outre, et dans le même ordre d'idées, que « le russe n'est pas seulement un européen, il est aussi un asiatique ». L'adage traditionnel du « grattez le russe et vous verrez le tatar » n'est pas pour rien dans cette vision des choses. Le poète Aleksandr Blok ajouta que « oui, nous sommes des huns, nous sommes asiatiques ». Bien évidemment, dans le camp d'en face, et notamment en Allemagne, les théoriciens de l'infériorité slave par rapport au « génie germanique », se sont régalés de ce genre de remarques, à la différence d'un Nietzsche voyant dans la Russie non seulement un pays européen mais le pays capable d'unifier et de revigorer la psychê européenne.

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09/02/2010

Avatar : Nous Européens, sommes des Na’vis !

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NaVi-Avatar-03.jpgJames Cameron, celui qui déjà se définissait comme « le roi du monde » lors de la sortie de son autre grand succès Titanic il y a près de 11 ans, est parvenu cette fois à imposer un film sans concession, superbe. Dans cette œuvre animée d’un lyrisme puissant qu’il a mis plus de quinze ans à produire, il remet en cause bon nombre de fondements de la civilisation occidentale américano-centrée. A travers la renaissance tant physique que spirituelle face à un colonialisme cupide, cette exaltation de l’enracinement, de l’Identité comme marquage spécifique d’un Peuple sur un autre est un appel plein de promesses à la renaissance de l’homme vrai.

Avatar est un film américain de science-fiction, genre planet opera, écrit et réalisé par James Cameron et tourné en 3D Relief, sorti en France le 16 décembre 2009 et au Canada le 18 décembre 2009.

Ce film est l'un des plus coûteux de toute l'histoire du cinéma, selon The New York Times, le budget d'Avatar s'élèverait à 460 millions de dollars, mais son succès fulgurant auprès du public lui a permis de dégager des bénéfices après seulement dix jours d'exploitation, puis de récolter plus de 2,2 milliard de dollars de recettes (enregistrées au 7 février 2010) : le film est ainsi le cinquième film à passer la barre symbolique du milliard de dollars de recettes et le premier film à atteindre les 2 milliards.

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08/02/2010

La débâcle de l’Ecole, ou la grande faillite de l'Education Nationale

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930449-1152599.jpgPar Bruno Marcius (PSUNE/LBTF) - La grande faillite de l'Education Nationale, la « tragédie incomprise de l'école » pour reprendre le titre de l'excellent ouvrage de Laurent Lafforgue paru en 2007 aux Editions F.-X. Guibert, tient à son enseignement des antivaleurs, ou valeurs inversées que dénonçait déjà Nietzsche il y a plus d'un siècle dans sa Généalogie de la Morale et Zarathoustra.

Celles-ci trouvant leur origine essentiellement dans le libertarisme soixante-huitard, lui-même ressassée d'un christianisme laïcisé anthropocentrique, messianique, égalitariste et universaliste (« tout vaut tout », « Il faut s’ouvrir à l’autre », « le dialogue », « on est tous égaux », « le prof, c’est ton ami, il est là pour t’écouter », etc…).

Avant cette époque, l'enseignant était considéré comme un maître (au sens littéral du terme), un modèle. Il dispensait entre autres des cours de morale, et s'appuyait sur des programmes exigeants. Il savait user d’autorité, de discipline. En outre pour parfaire sa tâche, il s'appuyait sur des méthodes d'enseignement éprouvées, comme la méthode syllabique. Ces méthodes avaient également pour avantage de stimuler la totalité du cortex cérébral chez l'enfant.

Par exemple, tout petit Athénien de 8 ans d'il y a 2 500 ans savait déjà réciter en grec ancien et en vers l'intégralité de l'Iliade et de l'Odyssée, alors que nos enfants d'aujourd'hui ne savent même pas écrire, lire ou compter correctement...

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07/02/2010

Mythe n°2 : La christianisation de l'Europe fut rapide et pacifique - par Thomas Ferrier

paien.gifUn autre mythe historique que l'on retrouve sous des plumes diverses et variées, et y compris par des historiens de qualité comme Paul Veyne, connu pour avoir démontré que « les grecs croyaient à leurs mythes », dans son dernier ouvrage « Comment l'empire romain est devenu chrétien », est celui de considérer la christianisation de l'Europe comme une évidence naturelle, et en conséquence comme aisée, comme si cette religion était attendue et comblait un manque.

A rebours de la vision de l'école anglo-saxonne telle qu'illustrée par l'historien Ramsay Mc Mullen, ou des travaux de Pierre Chuvin et jadis d'André Piganiol, l'école historique française contemporaine a rejeté l'accusation traditionnelle que l'on retrouve chez les derniers païens, chez Machiavel, chez Voltaire et Gibbon enfin, d'une religion chrétienne responsable de la chute de l'empire romain.

Parmi les historiens du monde scandinave, on notera également la dérive regrettable d'un historien spécialiste du monde viking aussi talentueux que Régis Boyer. Ce dernier, dans ses divers ouvrages, nie avec force les résistances païennes scandinaves à la christianisation et estime que cette dernière fut rapide.

Revenons donc aux faits. Veyne estime qu'à la veille de la conversion de Constantin au christianisme, l'empire romain comprenait 5% de chrétiens en son sein. Certes, les communautés chrétiennes étaient beaucoup plus fortes dans les cités d'orient, notamment en Anatolie et en Egypte. C'est dire à quel point dans la partie occidentale de l'empire cette nouvelle religion était faible. Si Constance Chlore, le propre père de Constantin, a appliqué de manière molle les décrets antichrétiens de Dioclétien, c'est avant tout parce qu'il n'y avait pas beaucoup de chrétiens en Gaule.

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