16/05/2016
Quel avenir pour le Front National ? (1ère partie)
Dédiabolisation ou dédramatisation. Provocation stérile ou soumission systémique.
La ligne de Marine Le Pen depuis son arrivée à la tête du FN en 2011, encouragée par son lieutenant Florian Philippot, repose sur la dédiabolisation. Il ne s’agit pas seulement de taire certaines positions qui pourraient être considérées comme trop radicales ni de cesser de se prêter aux jeux des clins d’œil à des mouvances marginalisantes. C’était la ligne « Mégret », selon le principe de « la main de fer dans un gant de velours ». Aucune déclaration malvenue sur la seconde guerre mondiale mais aucune concession sur les questions d’identité.
La dédiabolisation mariniste consiste au contraire à affirmer haut et fort son ralliement aux thèmes dominants du système en place, et à limiter son ton révolutionnaire aux questions d’économie, ne prônant la rupture qu’avec l’Union Européenne, sans vouloir la réformer dans un sens plus opportun, mais pas avec le multiculturalisme ambiant. Cela a amené la mairie FN d’Hénin-Beaumont à récemment autoriser la construction d’une mosquée au motif que s’y opposer serait illégal.
C’est donc concrètement la recherche d’un adoubement par les autorités politiques et par les vecteurs médiatiques.
Une stratégie potentiellement beaucoup plus efficiente aurait été plutôt la dédramatisation, en expliquant que les mesures (auparavant) préconisées étaient de bon sens, qu’elles seraient salvatrices, et qu’elles étaient bien moins terribles que le résultat d’un pourrissement sociétal bien plus accentué. Toute une dialectique forgée jadis par ce qui a été appelé la « Nouvelle Droite » était prête à l’emploi pour retourner le discours de l’adversaire contre lui-même.
La dédiabolisation aurait dû amener le FN, devenu conformiste, à s’effondrer car « un FN gentil, ça n’intéresse personne ». En outre, comme parti de gouvernement, le FN n’est pas crédible. Ce n’est pas un parti de masse. Les élites y sont rares, les intellectuels inexistants, les rares ayant essayé de s’implanter au sein de ce parti ayant dû plier bagage. Sur de nombreux thèmes, en dehors de ses sujets de prédilection, le FN est faible, malgré la création de collectifs spécialisés.
Pour le moment, le FN de Marine Le Pen a eu une chance incroyable, c’est que sa stratégie a échoué. Normalement, pour tout autre parti, l’échec de sa ligne aurait dû avoir comme conséquence son effondrement électoral. Cela n’a pas été le cas du FN, à qui ses électeurs prêtent un crypto-programme remigrationniste, malgré les déclarations des plus hauts responsables du parti dans le sens au mieux d’une assimilation a minima, vœu pieux ne coûtant pas bien cher, et sans remettre en question les naturalisations complaisantes réalisées par les gouvernements précédents et par l’actuel.
Mais il y aura bien un moment où les électeurs se rendront compte que leur espérance sera déçue, que la vision qu’ils ont de ce parti est celle que ses adversaires en donnent. Quand le FN sera semblable aux autres partis, et que la diabolisation aura cessé, il apparaîtra tel qu’il est et ne tardera pas alors à péricliter. Son salut n’aura alors été que de courte durée. Heureusement pour lui le PS a tout intérêt à maintenir une ligne de démarcation entre le FN et les partis dits « républicains » bien qu’ils ne le soient pas plus que lui.
C’est très différent par exemple d’un parti comme le FPÖ. Celui-ci est bien implanté dans la société civile et la diabolisation n’a plus de prises sur lui. Son candidat aux présidentielles Norbert Hofer est même en passe de s’imposer. Et le dirigeant Hans-Christian Strache est à 34% dans les sondages en cas d’élections législatives anticipées. Or ils n’ont rien renié de ce qu’ils sont. Ils ont tu les provocations dialectiques qu’un Haider pouvait tenir jadis. Mais n’ont pas évolué d’un iota sur les fondamentaux.
Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)
16:48 Publié dans Analyses, Elections en Europe, Présidentielles 2022 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : avenir, front national, marine le pen, dédiabolisation |
06/04/2010
Vers un nouveau monde ?
A y regarder de près, nous vivons l'époque la plus étrange qui soit. Nous vivons dans le monde de la mondialisation. Non pas simplement la mondialisation des marchandises, mais celle de la libre circulation des capitaux, et surtout des hommes. C'est la première fois en effet que les élites pensent à mettre en place un gouvernement mondial, mettant au pilori de la honte toutes les formes de nationalisme, de régionalisme, et de défense des identités. Mais reste un problème : la réaction des peuples.
En effet, à y regarder de plus près, peu de monde est enthousiaste à l'idée de devenir un citoyen du monde. Malgré la propagande incessante, de nombreux partis nationalistes et identitaires voient le jour en Europe. En France, le Front National est revenu d'entre les morts pour venir hanter les urnes et effrayer les bobos bien pensants. Que dire de l'Italie, ou la Ligue du Nord fait un tabac, et vient de s'emparer de deux régions parmi les plus riches de la péninsule. Aux Pays-Bas, les islamophiles attendent avec frayeur de voir si le PVV de Geert Wilders remportera ou non les élections prévues en juin. Au Royaume-Uni enfin, le BNP est en train d'émerger bruyamment. Bref, tous les pays européens connaissent peu ou prou une montée des nationalismes et des fièvres identitaires.
Que dire de la Constitution européenne de 2005, rejetée très largement par les peuples français et hollandais, qui a montré que les gens ne voulaient pas d'un projet mondialiste pourtant activement soutenu par les technocrates de Bruxelles.
Ainsi, la mondialisation des capitaux et des hommes profitent à une oligarchie mais pas au plus grand nombre. Les milliardaires européens et américains, qui y voient un moyen d'investir dans des pays de bas coût de la main-d'œuvre. Les dirigeants chinois et indiens, qui profitent de leurs concitoyens dans le besoin, corvéables à merci pour des salaires de misère dans les usines, afin d'attirer les investisseurs étrangers. Les africains, à qui l'on fait miroiter le prétendu « el dorado » européen, et qui envoient des sous à la famille restée au pays.
Mais le dindon de la farce dans l'histoire, pour parler clairement, est le peuple européen. Victime de la désindustrialisation, du dumping social provoqué par les menaces de délocalisations et par la substitution de population, par la perte de l'identité, la montée de l'insécurité et l'émergence de radicalités religieuses.
En clair, nous avons un terrain de mécontentement, largement atténué par la propagande délétère du « politiquement correct ». Reste à analyser si c'est la bonne solution de faire confiance à ces partis de droite nationale, qui prétendent contester cet état de fait.
Dans un monde où la démographie est devenue une arme, il paraît présomptueux pour les petits pays européens vieillissants, de prétendre peser dans le jeu mondial. La Chine et l'Inde, avec leurs milliards d'habitants, ne peuvent que rire d'une France qui se veut le « phare du monde », avec ses 65 millions d'habitants.
Et le programme ensuite... Les partis de droite nationale proposent en majorité une politique de « national-libéralisme » ; ce qui n'est pas de bonne augure, la majorité des gens étant attachés aux acquis sociaux, notamment à la retraite par répartition et au système d'indemnisation du chômage, ou encore au système de sécurité sociale.
Reste à tirer la conclusion de ces deux faits : les pays d'Europe sont trop petits pour prétendre faire la loi au sein d'un espace mondialisé, et les gens restent en outre, et à raison, très attachés aux systèmes sociaux. Nous pouvons donc en conclure que seul l'euro-socialisme peut proposer un projet cohérent susceptible de rassembler les voix des mécontents et de ceux qui rêvent d'un autre monde, et surtout d'une autre Europe. L'Europe pour ses 800 millions d'habitants, et son territoire immense riche en ressources naturelles. Le socialisme pour une idéologie par essence européaniste, qui permet à chaque citoyen d'avoir sa place, et de manière digne, dans la société.
Face aux défis que nous impose ce nouveau monde, face à l'avenir, qui ne tolérera pas la moindre faiblesse de notre part, le PSUNE se doit d'être présent, et de proposer une nouvelle Europe. Une grande Europe, qui assurera à ses citoyens, à ses citoyennes, un avenir radieux.
Que ceux qui veulent d'une vraie Europe, européenne, d'une vraie gauche, socialiste au sens noble de ce terme, nous rejoignent. Vive l'Europe, vive le PSUNE !
"Tomichi" (PSUNE)
00:28 Publié dans Billets, Editoriaux | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : psune, europe, élections, avenir |