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26/03/2017

Elections parlementaires aux Pays-Bas : Geert Wilders a-t-il échoué ?

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463ea3f6-9beb-4057-9a47-b853c34a6e5e.jpgAvec 13,1% des voix (+ 3 points) et 20 sièges (+5), le PVV de Geert Wilders est loin d’avoir remportée les élections parlementaires aux Pays-Bas, contrairement à ce que les sondages annonçaient encore quelques semaines avant que le scrutin n’ait lieu. Néanmoins peut-on parler de la défaite d’un parti qui progresse en cinq ans ? Il faut oser dire que oui.

La progression de Wilders est très modeste. Pour quelqu’un qui prétendait pouvoir réorienter radicalement la politique néerlandaise, on est loin du compte. Mais hors contexte, malgré tout, ce n’est pas si mal. Son parti est désormais le deuxième du pays, et ce n’est pas rien.

En fait, la surprise vient surtout de la chute vertigineuse des travaillistes (gauche sociale-démocrate) qui avec 5.7% des voix et 9 sièges s’effondrent totalement. Leur recul est de 19.1 points et de 29 sièges. Dans un tel contexte, le PVV aurait dû être le principal bénéficiaire de cette chute, d’autant plus que le parti au pouvoir, le VVD de Mark Rutte, avec 21.3% des voix (-5.3 points) et 33 sièges (-8), n’a pas bénéficié du moindre report favorable. Cela ne l’a pourtant pas été.

Qui a donc progressé ? Le CDA (chrétiens-démocrates) avec 12.4% (+3.9) et 19 sièges (+6) est davantage gagnant. Il a récupéré de nombreuses voix perdues par le VVD de Rutte, voix qui ne sont pas allés sur Wilders. Ce dernier a donc récupéré uniquement 1.4% environ du VVD, et 1.7% environ de la gauche. C’est faible. Or ses réserves étaient à droite, surtout sur le dos du VVD, et cela n’a pas fonctionné ainsi.

Le mouvement Démocrates 66 (D66) avec 12.2% des voix (+4.2) et 19 sièges (+7) est également un des grands vainqueurs de cette élection, ayant pris de nombreuses voix à gauche. Cela a été encore bien davantage le cas des écologistes de gauche (GL) qui avec 9.1% (+6.8) et 14 sièges (+10) ont aspiré littéralement les voix travaillistes.  Le Parti Socialiste (gauche radicale), plutôt eurosceptique, n’obtient que 9.1% des voix (-0.6) et 14 sièges (-1). C’est pour lui aussi une sérieuse déconvenue car il a été incapable de récupérer des voix de la gauche modérée.

Enfin les petits partis ont également grappillé des voix, comme l’Union Chrétienne avec 3.4% (+0.3) et 5 sièges (-), le Parti en faveur des Animaux (PvdD) avec 3.2% (+1.3) et 5 sièges (+2), le Parti des Seniors 50+ avec 3.1% (+1.2) et 4 sièges (+2). Un nouveau venu, représentant la minorité islamo-turque, auparavant intégrée au sein des sociaux-démocrates, Denk, obtient 2.1% des voix et 3 sièges.

Enfin, de petits partis populistes de droite ont pu freiner la progression du PVV. Le Forum pour la Démocratie du politologue Thierry Baudet, eurosceptique, obtient 1.8% des voix et 2 sièges, alors que le VNL (Pour les Pays-Bas) de Jan Roos échoue de peu à entrer au parlement avec 0.4% des voix.

Geert Wilders n’a pas su convaincre mais a aussi été victime de la très grande résistance de Mark Rutte, dont l’effondrement pourtant probable a été enrayé. L’explication est très contextuelle. En s’opposant stratégiquement aux provocations du président turc Erdogan, en interdisant aux ministres turcs de venir prêcher la bonne parole aux Pays-Bas mêmes en direction des Turcs qui y sont installés, Mark Rutte a bénéficié d’un effet patriote, dont le PVV, plus dur et plus cohérent sur cette question, a été la victime. Les voix qui ont échappé à Wilders pour devenir le dirigeant du premier parti du pays l’ont été en raison de cette crise diplomatique, habilement instrumentalisée par le premier ministre sortant.

Enfin, c’est une défaite de l’euroscepticisme alors qu’un sondage sorti il y a quelques semaines indiquait même une majorité de Néerlandais prêts à voter pour un « Nexit », pour un départ des Pays-Bas de l’Union Européenne, en cas de référendum. Or seuls Wilders et les socialistes radicaux le prônaient. Ils n’ont pas été récompensés. Wilders certes n’est pas affaibli mais renforcé, car ses thèmes ont dominé le débat. Mais il n’a pas réussi le coup qu’il espérait. Et en ce sens, c’est un échec, même si cela ne signifie pas que son parti va s’effondrer, ce que rien n’indique. Dans l’opposition, car Wilders ne sera sans doute pas intégré à une coalition gouvernementale, il devrait se refaire même une santé en plaçant le nouveau gouvernement, si le VVD trouve une majorité autour de lui, sous sa surveillance constante.

Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)

19/09/2016

Retour sur une élection pas comme les autres à Berlin

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Les résultats définitifs de l’élection pour le parlement du Land de Berlin accentuent les tendances constatées au moment du sondage sorti des urnes. Avec 21.6%, la SPD perd 6.7 points alors qu’elle était au pouvoir en coalition au niveau de la capitale. Elle paie là son alliance au niveau national avec la CDU dans le cadre de la « grande coalition ». La CDU paie la politique migratoire suicidaire d’Angela Merkel, les électeurs de son camp lui répondant « wir schaffen nicht das » (« nous n’y arriverons pas »). Avec 17.6% des voix et 5.7 points de perte, elle connaît un résultat désastreux, à peine remise de son effondrement dans le Mecklembourg-Poméranie. A eux deux réunis, la grande coalition SPD/CDU n’atteint pas 40% des voix. Cette contre-performance va certainement accentuer la crise entre la CDU et son alliée bavaroise la CSU.

Die Linke (« La gauche ») avec 15.6% des voix progresse de 3.9 points aux dépens de la SPD et en partie de la liste Piraten. Les Verts (Die Grüne) en revanche avec seulement 15.2%, bien que n’étant pas associés au gouvernement, régressent de 2.4 points. Leur laxisme migratoire légendaire a pu les pénaliser légèrement dans cette élection.

C’est l’AFD de Frauke Petry qui avec 14.2% des voix réussit une progression spectaculaire. Annoncée seulement aux alentours de 11.5% en début de soirée, elle atteint au final presque 15%, soit la tendance haute annoncée par les sondages. Berlin-Est notamment a donné à l’AFD des scores plus que significatifs alors que Berlin-Ouest reste davantage « conformiste ». L’AFD sèche tout ce qui est à sa droite, que ce soit la scission ALFA (de Bernd Lucke) qui n’obtient que 0.4% des voix ou l’extrême-droite historique, la NPD obtenant péniblement 0.6%, ayant souffert d’un fort vote utile en faveur de l’AFD, tout comme Pro Deutschland qui tombe à 0,4% des voix (-0,8).

La formation de protection du monde animal Die Partei (« Le Parti ») obtient enfin 2% et les Pirates 1.7% soit une perte sèche de 7.2 points. Après un exploit à l’élection précédente, la formation pirate retourne à son noyau d’origine. Elle a été largement marginalisée par les enjeux locaux et par la montée de l’AFD contre laquelle la gauche radicale semble s’être davantage mobilisée.

Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)

27/06/2016

Elections parlementaires en Espagne : le Parti Populaire en tête

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ES.pngCe dimanche 26 juin, des élections législatives étaient organisées à nouveau en Espagne, suite à l’incapacité des partis de mettre en place une coalition gouvernementale, en raison notamment du poids croissant de Podemos dans l’opinion. La droite (Parti Populaire) avait notamment fait un score assez médiocre en 2015 avec 28.71% des voix contre 22% pour le PSOE.

Le Parti Populaire de Mariano Rajoy obtient 33.03% (+4.2%) des voix et 137 sièges (+14) et sort donc conforté dans les urnes, après son échec cinglant en 2015. Beaucoup d’électeurs ont voulu voter utile et éviter de se retrouver à nouveau dans la situation d’instabilité gouvernementale. Difficile néanmoins de dire si le PP va pouvoir gouverner au sein d’une coalition de centre-droit, sachant qu’il faut 175 sièges au moins pour disposer d’une majorité.

Le PSOE progresse quant à lui très légèrement, en obtenant 22.66% des sièges (+0.7%) mais en régressant en nombre de sièges avec seulement 85 députés (-5). Il reste donc durablement affaibli par la montée en puissance, à ses dépens, de Podemos et par le poids en général de la gauche radicale.

Podemos, divisé en trois listes contre deux en 2015, a obtenu en tout 17.55% des voix (+0.6) et 59 sièges (+2). L’organisation se renforce donc légèrement dans les urnes mais bien moins que certains sondages ne le laissaient présager. Elle est néanmoins durablement enracinée dans le cadre électoral espagnol.

Ciudadanos (C’s), la formation de centre-droit, qui sera peut-être le partenaire de la droite parlementaire, obtient 13.05% des voix et 32 sièges. La formation perd 0.9% des voix et 8 sièges. A eux deux, PP et C’s n’auraient pas la majorité. Il est probable que la droite catalane (CDC) s’ajoute à l’équation, le CDC ayant eu 2.01% des voix et 8 sièges, ce qui donnerait une coalition fragile de 177 sièges.

La gauche radicale se maintient dans les urnes. L’organisation En Comu Poden (ECP) obtient 3.55% des voix et 12 sièges alors que « En Comu » en 2015 obtenait 3.69% et le même nombre de sièges. Ce parti résiste donc mais ne progresse pas. L’ERC (« Gauche républicaine ») obtient 2.63% (+ 0.24= des voix et 9 sièges (-), alors que les organisations basques EAJ-PNV et EH Bildu voient leurs scores quasi inchangés, à savoir 1.2% (-) et 5 sièges (-1) pour la première et 0.77% (-0.1) et 2 sièges (-).

Enfin, le Parti Nationaliste Catalan (CCa-PNC) obtient 0.33% des voix (-0.01) et un siège unique, alors que le parti de défense des animaux (PACMA) avec 1.19% des voix (+0.32) échoue à rentrer au parlement.

La droite nationale quant à elle, représentée essentiellement par le parti nostalgique FE-JONS, n’obtient qu’environ 0.05% des voix (0.04% pour le seul FE-JONS), et échoue donc lamentablement comme à chaque fois. Son incapacité à s’unir et à renouveler le discours l’explique aisément. PxC, le mouvement identitaire catalan, est laminé avec 722 voix, et la FE (Phalange Espagnole) n’obtient que 254 voix. Tout est à reconstruire et il manque surtout la personnalité de synthèse autour de laquelle tous pourraient s’organiser. En Espagne et au Portugal aussi, la droite nationale reste marginale pour des raisons historiques, le souvenir négatif des dictatures droitières et catholiques étant encore vivace.

Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)

28/02/2016

Elections parlementaires irlandaises – les partis classiques sanctionnés

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Irlande,élections,2016,Fine Gael,Fianna Fail,Sinn feinLes élections législatives en Irlande se déroulent depuis vendredi dernier. Si le nombre total et respectif d’élus pour chaque parti est encore indéterminé, nous connaissons les résultats du vote de préférence, qui permet de déterminer le poids respectif de chaque parti dans l’opinion publique.

Le Fine Gael d’Enda Kenny, parti sortant car actuellement au pouvoir, qui avait dû gérer la crise, est durement sanctionné par les électeurs. Avec 25.5% des voix, il recule de plus de 10.6 points, ce qui est une sévère déconvenue, les électeurs ayant sanctionné le gouvernement dans les urnes d’une manière plus forte que les sondages ne le présageaient, alors que le dernier sondage lui donnait 30% des voix.

Le Fianna Fail, qui est légèrement plus au centre que le Fine Gael, profite de cet effondrement. Avec 24.3% des voix, il talonne le Fine Gael de près d’un point et surtout il progresse de près de 7 points en cinq ans. Un autre grand vainqueur de ce scrutin est le parti nationaliste « de gauche » Sinn Fein, qui obtient 13.8% des voix (+3.9), ce qui constitue une progression significative au détriment du parti au pouvoir, même si les sondages pouvaient lui faire espérer jusqu’à entre 15 et même 20%.

Autre puni par les électeurs, le Labour Party qui avec 6.6% recule de près de 13 points. Il est notamment concurrencé par les Sociaux-Démocrates (Social Democrats) qui obtiennent 3% des voix, mais aussi par les Verts (Green Party) avec 2.7% (+0.9) et par le mouvement anti-austérité AAA-PBP avec 3.9% des voix (+1.7).

Les formations indépendantes, candidats indépendants aussi bien qu’alliance des indépendants (Independent Alliance), obtiennent en tout 17.2% des voix (+5.1), ce qui témoigne de l’insatisfaction de nombreux électeurs par rapport aux formations institutionnelles classiques.

Une formation nouvelle de centre-droit, le mouvement Renua Ireland (« Nouvelle Ere »), émerge doucement avec 2.2% des voix pour une première candidature aux élections législatives. En revanche, malgré un contexte migratoire européen très inquiétant, la « droite nationale » représentée par les Démocrates Catholiques (Catholic Democrats) continue de ne pas peser, n’obtenant que 0.1% des voix.

Pour la première fois, les deux grands partis de centre-droit (FG et FF) n’obtiennent pas 50% des voix (49.8%) mais cet affaiblissement ne profite pas à la gauche classique (Labour) et pas autant au Sinn Fein que ce dernier pouvait l’espérer. C’est au bénéfice de petites formations nouvelles, de gauche ou de centre-droit, mais surtout au profit des candidats indépendants des partis, que les votes sont allés.

Se profile en conséquence une grande coalition Fine Gael / Fianna Fail qui ne peut néanmoins que favoriser les mouvements d’opposition et notamment le Sinn Fein. L’Irlande elle aussi entre dans l’ère de l’instabilité politique, même si cela se fait davantage au profit de la gauche, comme en Espagne et au Portugal, que d’une droite de conviction encore très marginale, le Sinn Fein ne relevant pas d’un national-populisme mais d’une sociale-démocratie plus ou moins patriote.

Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)

01/11/2015

Turquie : succès logique de l’AKP d’Erdogan

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Elections,Turquie,novembre 2015,AKP,DHP,MHP,CHP,ErdoganLes sondages annonçaient unanimement que le pari de Recep Erdogan serait une fois de plus perdu. Samedi dans la journée, j’ai eu pourtant une autre intuition. Je sentais que les sondages seraient démentis et que l’opinion turque se ferait encore avoir par leur autocrate. Je me souvenais aussi de ce meeting de Strasbourg où Erdogan avait donné des leçons à toute l’Europe alors que jamais ni la France ni l’Allemagne n’auraient dû l’autoriser à s’exprimer devant sa diaspora afin de mobiliser les électeurs turcs d’Europe. On peut deviner d’ailleurs que ceux-ci auront massivement répondu à son appel.

Erdogan avait comme objectif numéro 1 de briser le parti HDP d’où sa campagne politique et militaire au Kurdistan et ce tout en prétendant lutter contre Daech, responsable d’un terrible attentat à Ankara (95 morts et 246 blessés). Il a échoué de peu car le HDP a obtenu 10,6% des voix et 59 sièges.

Toutefois, l’AKP obtient 49.1% des voix et 316 sièges sur 550 (57.5% des députés) progressant ainsi de plus de 8.3 points. Il dispose désormais de la majorité absolue, néanmoins insuffisante pour modifier la constitution, pour une fois de plus gouverner. Beaucoup d’électeurs turcs, dans un contexte anxiogène, ont eu peur de se retrouver sans gouvernement une fois de plus. Le CHP étant trop éloigné dans les sondages de l’AKP, il ne pouvait apparaître comme en situation de gouverner. Seule une alliance CHP-MHP, donc sur une ligne nationaliste, pouvait en effet peser en face de l’AKP.

Le CHP avec 25.% des voix (+0.4) et 134 sièges maintient ses positions, comptant sur un socle électoral stable. Ses électeurs traditionnels n’ont pas été dupes des manipulations du pouvoir pour se maintenir à tout prix. Mais c’était insuffisant pour pouvoir renverser les grandes tendances. Au-dessus de 40% des voix, l’AKP est de fait incontournable. Il bénéficie aussi de la réislamisation progressive de la société turque, l’œuvre de déconstruction de l’héritage kémaliste par le subtil Erdogan.

La raison principale de ce succès de l’AKP tient surtout à l’attitude de certains électeurs. Ceux du Saadet (islam conservateur) ont préféré le vote utile, le Saadet n’obtenant plus que 0.6% des voix (-1.4). C’est le MHP nationaliste qui perd le plus à ce jeu, avec seulement 11.9% des voix (-4.4) et 41 sièges. L’attitude d’Erdogan à l’égard des Kurdes a pesé nettement dans ce résultat. De même, le HDP a limité la casse mais a perdu 2.5 points. La stratégie de l’AKP a donc été doublement gagnante, affaiblissant le HDP, accusé de tous les maux, mais aussi le MHP. Les nationalistes les plus islamisants auront en effet choisi Erdogan au lieu de Bahçeli.

Les autres partis politiques font une simple figuration. Le BBP (national-islamiste) obtient 0.6% des voix seulement (il était absent des élections précédentes). Les organisations d’extrême-gauche sont balayées (0,9%) comme les mouvements démocratiques (0.3%) et comme le mouvement nationaliste Millet (« Parti de la nation ») qui obtient… 0% des voix.

L’Union Européenne, et les principaux dirigeants de ses Etats membres, est responsable de cette situation en cautionnant depuis des années les dérives autocratiques du pouvoir turc alors même qu’elle prétend les dénoncer. En demandant l’aide à la Turquie pour lutter contre les flux migratoires, au prix d’une relance des pourparlers d’adhésion à l’Union Européenne, ce dont une écrasante majorité d’Européens ne veut pas, Angela Merkel a offert à Erdogan le plus beau des cadeaux, sa caution. Il est logique qu’il en soit donc récompensé dans les urnes.

Thomas FERRIER (LBTF/PSUNE)

20/06/2015

La droite danoise, minoritaire, conquiert le pouvoir

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DF.jpgCe jeudi 18 juin, des élections législatives avaient lieu au Danemark. Les Sociaux-Démocrates (Socialdemokratiet) au pouvoir, menés par « la » premier ministre sortante Helle Thorning-Schmidt, espéraient être reconduits à la tête du pays après leur victoire en 2011 à la tête d’une coalition de gauche. Le centre-droit, le Venstre (Libéraux), mené par Lars Løkke Rasmussen, était de son côté empêtré dans les affaires, et en conséquence fragilisé.

Avec 26.3% des voix et 47 sièges, les SD progressent de 1.5% et gagnent trois sièges. Ils (re)deviennent le premier parti du pays, alors que la droite les avait dépassés en 2011. Ce succès relatif est trompeur. Le centre-gauche (Radikale Venstre), qui faisait partie de leur coalition, s’est effondré passant de 9.5% des voix et 17 sièges en 2011 à 4.6% (-4.9) et 8 sièges (-9). De la même façon, le Parti Populaire Socialiste (SFP = Socialistisk Folkeparti) est douloureusement affaibli, passant de 9.2% et 16 sièges à 4.2% (-5) et 7 sièges (-9).

Cette baisse significative du vote de gauche profite à deux partis de gauche, les « rouge-vert » d’Enhedlisten, qui passent de 6.7% et 12 sièges à 7.8% et 14 sièges, et la liste de gauche Alternativet, nouvelle venue, qui obtient 4.8% des voix et 9 sièges. En tout la cause perd environ trois points, ce qui n’est pas une chute si considérable.

La droite libérale incarnée par le parti Venstre, avec 19.5% des voix et 34 sièges, chute lourdement. Elle perd 5.6 points et 13 sièges. Cette diminution s’explique par une légère progression de l’Alliance Libérale (Liberal Alliance), passant de 5 à 7.5% des voix et de 9 à 13 sièges. En revanche, le parti conservateur populaire (Konservative Folkeparti) passe de 4.9% et 8 sièges à 3.4% (-1.5) et 6 sièges. Elle est donc en nombre de sièges plus faible que la gauche.

Celui qui au final va élire le roi est le Parti du Peuple Danois (Dansk Folkeparti) mené par Kristian Thulesen Dahl, en remplacement de Pja Kjarsgaard, tête de file du parti depuis de nombreuses années, et désormais en retrait. Dahl souhaiterait néanmoins qu’elle obtienne la présidence de l’assemblée, en échange d’un soutien à la droite libérale, sans nécessairement bâtir avec elle une coalition. Le DFP est passé de 12.3% des voix et 22 sièges à 21.1% (+8.8) et 37 sièges, devenant le second parti du pays, après avoir été aux élections européennes de 2014 premier. Cette progression se fait notamment au détriment de la droite conservatrice et du Venstre mais aussi du SFP, mouvement socialiste à connotation eurosceptique. Le DFP récupère ainsi des déçus de droite comme de gauche.

Bien que le DFP ne soit pas victime d’un cordon sanitaire comme il peut exister en Belgique, au Royaume-Uni ou en France, il lui est impossible d’espérer être à la tête d’une coalition de droite. Il peut au mieux espérer ce que le FPÖ autrichien avait obtenu en 2000, être le partenaire de la droite classique. Cela n’avait pas bien réussi à ce parti. Le DFP n’a peut-être pas forcément intérêt à s’associer et pourrait être gagnant à proposer un soutien extérieur, au cas par cas, tenant la droite sous son influence sans pâtir nécessairement de l’usure du pouvoir.

Le résultat important du DFP, qui n’est pas une surprise même s’il n’était pas attendu à un aussi haut niveau à une élection nationale, démontre que dans un pays économiquement prospère, où le chômage reste très bas, le débat sur l’identité prend une part importante. D’ailleurs, un parti de défense des immigrés espérait pouvoir se présenter pour contrer le discours de la DFP mais n’en a pas été capable. Les Danois, sans nécessairement être des eurosceptiques, ont constaté que l’UE était en crise. L’idée d’adhésion à la zone euro est d’ailleurs au plus bas dans ce pays. Le DFP entend quant à lui s’inspirer du modèle britannique, sans prôner un départ de l’UE, mais en renégociant certains points de cette construction. Il est également évident que le Danemark, tout comme la Hongrie, voudra se prémunir de tout quota de migrants clandestins qu’il aurait pu être amené à héberger.

Thomas FERRIER (PSUNE/LBTF)

26/01/2015

Elections législatives en Grèce – Victoire de Syzira ou la démagogie triomphante.

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syriza_logo.jpgLes derniers sondages indiquaient une forte poussée de Syriza, la formation de gauche radicale d’Alexis Tsipras, ces derniers jours. Ce dimanche, elle est confirmée. A 89% du dépouillement, les grandes tendances sont connues et ne devraient évoluer qu’à la marge.

Syriza obtient près de 36.4% des voix et 149 sièges, manquant de peu la majorité absolue à 151 sièges. Le parti pourrait néanmoins l’obtenir dans les prochaines heures si la tendance générale se poursuit. C’est une nette victoire pour ce mouvement considéré comme l’équivalent du Front de Gauche de Mélenchon en France. Ce dernier s’est d’ailleurs plus ou moins attribué ce résultat, sans qu’il ait participé de quelque manière que ce soit à la campagne électorale.

La Nouvelle Démocratie du premier ministre sortant Antonis Samaras a connu en revanche une sévère déconvenue, avec moins de 27.9% des voix et 76 sièges, ce qui malgré tout n’est une chute que de deux points par rapport à 2012. Syriza en revanche a obtenu près de dix points de plus. Ce résultat peut s’expliquer aisément, on le verra.

Le PASOK, la gauche sociale-démocrate historique, avec 4.7% des voix environ, sauve de justesse sa tête et conserve 13 députés. Mais il continue sa descente aux enfers, puisqu’en 2012 il obtenait encore 12.3% des voix. Il a été littéralement avalé par Syriza, ce qui implique néanmoins un recentrage de ce dernier, car il n’y a pas eu 35% de vote gauchiste en Grèce.

L’Aube Dorée (Hrysi Afgi), qui avait été quasiment démantelé par le gouvernement, avec ses principaux dirigeants arrêtés sous de graves accusations, obtient 6.3% des voix et 17 sièges. C’est moins que ce que certains sondages annonçaient et moins que les 6.9% obtenus en 2012. Dans un contexte où les électeurs ont voulu donner leur chance à Syriza, le résultat n’est pas calamiteux. Les Grecs Indépendants, souverainistes de droite, perdent en revanche beaucoup de voix, passant de 7.5% à 4.7% des voix et 13 députés (contre 20 en 2012). Le LAOS reste aussi insignifiant qu’en 2012 avec 1% environ des voix. Sa disparition à brève échéance paraît inévitable.

Les communistes du KKE progressent légèrement avec 5.5% des voix (contre 4.5% en 2012) et obtiennent ainsi 15 députés, tout comme les centristes et modérés de « To Potami », nouveau venu, qui réalisé avec 6% des voix et 17 sièges un score honnête pour une première élection. Socialistes dissidents (2.4%) ou centristes alternatifs de l’Union des Centres (1.8%) échouent à atteindre la barre fatidique des 4% donnant droit à une représentation nationale.

Syriza est donc en mesure de gouverner le pays, malgré un programme économique parfaitement démagogique, et inapplicable, malgré le fait de ménager l’Eglise et les riches armateurs, qui n’ont pas subi la crise, malgré un programme en matière d’immigration parfaitement délirant par son laxisme débridé. Le parti devra néanmoins s’associer pour gouverner, probablement avec le KKE si celui-ci joue le jeu, mais certainement pas avec le PASOK, durement fragilisé.

Le résultat de Syriza est dû essentiellement à la logique gauche/droite. Avec l’élimination du PASOK, Syriza incarne la gauche face aux conservateurs de Nouvelle Démocratie. Ceux-ci sont au pouvoir depuis 2012 et ont dû appliquer des mesures de restriction budgétaire particulièrement draconiennes, engendrant bien sûr une forte impopularité en retour. Le sérieux de leur gouvernance a déplu à beaucoup d’électeurs. Ceux-ci se sont imaginé que la victoire de Syriza permettrait au moins de desserrer l’anneau. Je crains qu’ils ne se soient trompés.

Il n’y a pas de solution nationale à cette crise que connaît la Grèce, mais que connaît à des degrés divers toute l’Europe, même la Russie. Seul un pouvoir européen fort et légitime pourrait obliger les mondialistes à plier le genou devant elle. La Grèce serait ainsi sauvée et l’Europe avec elle.

Les promesses déraisonnables de Syriza rappellent les promesses du candidat socialiste en France en 2012. Ils ne feront pas le dixième de ce qu’ils ont annoncé, surtout s’ils veulent maintenir la Grèce dans la zone euro. Entre l’euro et leurs prétendues idées, ils devront choisir.

L’échec programmé de Syriza montrera définitivement aux Européens l’utopie d’un salut « national », qu’il soit promu par l’extrême-gauche ou par l’extrême-droite. Le soutien implicite du FN et de DLR à Syriza, soutien contre nature, uniquement motivé par une UE-phobie de principe, risque d’avoir un effet boomerang. Si rien ne change, et rien ne changera, leurs propres « solutions » perdront beaucoup en crédibilité.

Thomas FERRIER (PSUNE)

06/10/2014

GERB sur Sofia ? A propos des élections législatives bulgares [2014]

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Bulgarie-Borissov-en-quete-d-une-coalition-incertaine_article_popin.jpgLe GERB (« Citoyens en faveur du développement européen »), ce parti populiste et conservateur du premier ministre (démissionnaire) sortant Boyko Borissov, espérait obtenir une majorité confortable à l’Assemblée Nationale (Narodno Sabranie). Il n’en sera rien. Même si son parti est à nouveau vainqueur, il ne retrouve pas son plus haut niveau. Avec 32,7% des voix, il ne progresse que de deux points par rapport aux législatives de 2013 (30,5%) ou aux européennes de 2014 (30,4%). On est loin des 50% que Borissov espérait, dans un contexte de profond désaveu de la population. Le taux de participation à 17h00 était d’à peine 40%.

Le BSP (socialiste), qui en 2013 obtenait encore près de 26,6% des voix, n’a pas pu se maintenir au plus haut niveau. Déjà, aux élections européennes de cette année, il tombait à 18,9% des voix. Cette fois, il dépasse à peine les 15% des voix (15,4%). Une descente aux enfers qui ne profite même pas aux conservateurs du GERB.

Le mouvement du droit et de la liberté (DPS), qui obtenait 11,3% des voix en 2013 et le très bon résultat de 17,3% en 2014, maintient ses positions aux alentours de 14,8%. Il bénéficie notamment du vote de plus de 80% des Turcs mais aussi de 45% des Roms. Il représente essentiellement les minorités et des électeurs de gauche.

Nouveau venu de la politique nationale, le Bloc Réformateur, un mouvement de centre-droit, qui avait obtenu 6,5% des voix aux élections européennes, continue sa progression, obtenant 8,9% des voix. Son émergence est l’une des raisons de la faible progression du GERB. Il sera très probablement son partenaire au sein d’une coalition.

Le mouvement Ataka (« Attaque ») de Volen Siderov est depuis quelques années en totale régression. Alors qu’il avait encore obtenu 7,3% des voix en 2013, malgré la scission de son ex beau-fils Dimitar Stoyanov, il tombait à 3% (2,96) en mai dernier, perdant toute représentation parlementaire à Strasbourg. Le score de Siderov aux dernières élections présidentielles avait été également catastrophique. Ataka néanmoins avec 4,5% conserve de justesse une représentation nationale.

Il est la victime d’une concurrence nationaliste formée d’une coalition composée du NFSB et du mouvement VMRO ainsi que d’une dizaine d’autres organisations dont le NDP de Stoyanov. Séparés, le NFSB avait obtenu 3,7% des voix en 2013 contre 1,9% pour VMRO, totalisant 5,6% des voix. Aux élections européennes, dans le cadre d’une autre coalition avec « Bulgarie sans censure » (BBS) le VMRO avait obtenu 10,7% des voix. Dans le cadre de ce Front Patriotique, NFSB et VMRO réunis obtiennent 7,3% ce qui est un beau succès et laisse penser qu’il va continuer de progresser au détriment d’Ataka. A sa droite, l’Union Nationale Bulgare (BNS) de Stankov n’obtient que 0,17% des voix et devrait donc probablement se rallier au Front.

Le mouvement « Bulgarie sans censure », se présentant cette fois sous sa seule bannière, réussit à rentrer au parlement, obtenant 5,7% des voix. C’est aussi le cas de l’ « Alternative pour le Renouveau Bulgare » (ABV) de Georgi Parvanov, ancien président de la république (2002-2012), qui obtient 4,15% des voix (contre 4,02% aux européennes).

Au total, huit mouvements politiques seront représentés au parlement dont deux partis nationalistes, réunissant 12% des voix environ. Le GERB a donc plusieurs possibilités pour organiser autour de lui une coalition majoritaire, mais il devra certainement faire alliance en plus du Bloc Réformateur à un des deux mouvements nationalistes mais aussi au BBS et/ou à l’ABV. Borissov n’a pas obtenu un blanc seing de la part des électeurs bulgares. Leur confiance est limitée, en sachant que l’abstention reste le grand vainqueur de dimanche.

Thomas FERRIER (PSUNE/LBTF)

05/10/2014

Elections législatives en Lettonie. La gauche en tête, la droite au pouvoir.

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Flag_of_Latvia.png(Mise à jour). Les résultats des élections lettones sont désormais connus. C’est bien le parti de gauche, favorable à la minorité russe, Saskana (« Harmonie »), qui s’impose de peu, avec 23% des voix et 25 sièges. Néanmoins son score est bien inférieur à celui obtenu aux législatives de 2011 (28,36%) des voix même si, par rapport aux élections européennes (13%) où il était catastrophique, il remonte la pente. Cette victoire néanmoins ne doit pas cacher les difficultés extrêmes que Saskana aura afin de doter le pays d’un gouvernement.

Le parti de centre-droit Vienotiba (« Unité ») échoue à devenir le premier parti du pays. Avec 21,87% des voix et 23 sièges, il ne progresse que de trois points par rapport à 2011 (18,83%) et est très éloigné de son résultat des élections européennes, où il avait obtenu 46,2% des voix. Cela démontre que le vote aux européennes était davantage en faveur du PPE que pour les seuls qualités de son représentant local.

Le mouvement agrarien et écologiste « Zalo un Zemnieku Savieniba » (ZZS), qui en 2011 n’avait obtenu que 12,22% des voix, et 8,3% seulement aux élections européennes de 2014, a connu un gain important de voix, puisqu’il obtient 19,53% des voix et 21 sièges, devenant ainsi le troisième parti du pays. Il est donc faiseur de roi, soutenant probablement la gauche. Malgré tout, même avec son renfort cette dernière n’aurait alors que 46 députés sur 100 en tout, et n’aurait donc pas la majorité. Ce parti bénéficie sans doute de l’effondrement du mouvement ZRP, qui avait obtenu 20,82% des voix en 2011 et a donc disparu.

Autre grand vainqueur, continuant sa progression, l’Alliance Nationale (Nacionala Apvieniba), autrement dit le mouvement TB/LNNK. En 2011, il avait créé la surprise en obtenant 13,88% des voix. Il a ensuite légèrement progressé aux européennes de 2014, obtenant 14,3% des voix. Ces législatives lui permettent de progresser de deux points, avec plus de 16,61% des voix et 17 députés.

Un petit mouvement conservateur a également réussi à rentrer au parlement. Il s’agit de la liste « No Sirds Latvijai » (Pour l’amour de la Lettonie) qui réalisé un score de 6,85% des voix et obtient 7 députés. Ce n’est pas le cas de l’Union Russe Lettone (LKS) qui n’obtient que 1,58% des voix (contre 6,4% aux européennes), ni du mouvement centriste « Vienoti Latvijai » (Pour une Lettonie unie) qui réalisé seulement 1,19% des voix.

Enfin le mouvement « Latvijas Regionu Apvieniba » (« Alliance des régions de Lettonie ») rentre également au parlement, en obtenant 6,66% des voix et 7 sièges. Il progresse ainsi par rapport aux européennes de 2014, où il avait dû se contenter de 2,5% des voix. Ce parti est plutôt de centre-droit. Son entrée au parlement indiquerait donc plutôt une coalition de droite.

Si en effet les nationalistes du TB/LNNK, le mouvement Unité, la liste conservatrice (NSL) et ce parti s’allient, ils auront 54 sièges en tout, donc la majorité absolue. La gauche aura du mal à bâtir une proposition de coalition alternative, notamment en raison de son marquage pro-russe qui, dans le contexte géopolitique actuel, est un point faible. Saskana a en effet bénéficié d’un vote massif des russes en sa faveur (russes qui composent 30% au moins du pays).

Néanmoins, une coalition composée de quatre partis politiques, dont chacun est indispensable pour que la majorité parlementaire soit conservée, risque d’être bien peu stable. Le TB/LNNK essaiera ainsi de peser de tout son poids sur la politique nationale. Alors qu’il est question que la Lettonie adopte l’euro, ce n’est pas anodin. Il faut toutefois préciser que le TB/LNNK n’est pas opposé à l’Union Européenne, mais ne souhaite pas que la souveraineté nationale soit affaiblie non plus.

Thomas FERRIER (LBTF/PSUNE)

18/09/2011

Danemark, Berlin : victoire de la fausse gauche grâce aux faux écologistes

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774626_social-democrat-leader-helle-thorning-schmidt-waves-at-the-party-s-election-headquarters-in-copenhagen.jpgCette semaine, trois élections émaillent l’actualité politique européenne, à savoir les élections législatives au Danemark et en Lettonie et les élections municipales de Berlin. J’analyserai les élections lettones dans un autre article, car les deux autres élections se ressemblent quant au résultat et aux enseignements du scrutin.

La coalition de droite, étêtée depuis le départ de Rasmussen à l’OTAN, et depuis sa victoire sans majorité soumise au bon vouloir du Parti du Peuple Danois (DFP), nationaliste, craignait l’épuisement de son alliance électorale. Les sondages indiquaient une avance certaine à la « gauche » incarnée notamment par le Parti Social Démocrate.

Au final, la droite libérale avec 26.7% des voix améliore de 0.5% son score de 2007 et gagne un siège supplémentaire. La gauche sociale-démocrate quant à elle, non seulement ne progresse pas, mais perd 0.7% des voix, avec un score de 24.8% (contre 25.5% il y a quatre ans). Enfin, le parti nationaliste DFP perd 1.6% des voix avec 12.3% (contre 13.9% en 2007) ; cet échec relatif et son premier recul depuis son existence s’explique aisément par l’affaire Breivik, qui a eu en Norvège des conséquences dommageables pour le Parti du Progrès (FP), avec un score très décevant de 11.5% environ aux municipales, et par le fait qu’aucun des deux principaux partis n’a annoncé vouloir remettre en cause la politique migratoire actuelle.

La victoire de la « gauche » s’explique donc par le succès de ses alliés et par l’affaiblissement de ceux des Libéraux (Venstre). La gauche radicale incarnée par le Parti Socialiste du Peuple (SFP) n’en est pas responsable, puisque avec 9.2% des voix et un recul de 3.8% par rapport à 2007. Ce sont les écologistes «rouges-verts » de la Enhedslisten qui avec 6.7% des voix et les libéraux-sociaux (DRV) avec 9.5% qui progressent nettement, respectivement de 4.5 et de 4.4 points. En revanche, la droite conservatrice (KFP) avec 4.8% des voix, contre 10.4% en 2007, perd dix précieux sièges. Au final, avec 89 sièges contre 86 sièges pour la droite et l’extrême-droite, la « gauche » sociale-démocrate s’impose de justesse, au sein d’une coalition hétéroclite mais plutôt libertaire.

Cette montée du centre-gauche et de l’écologie au détriment des gauches et des droites radicales se confirme également aux élections municipales allemandes de Berlin. La SPD sortante perd 2.6 points avec un résultat de 28.2% des voix. Dans le même temps, la CDU avec 23.3% des voix progresse de 2 points. Comme au Danemark, les alliés de la droite en revanche s’effondrent. La FDP, alliée au niveau national à la CDU, qui obtenait encore 7.6% des voix en 2006, s’effondre littéralement avec 1.8% des voix et perd toute représentation au conseil municipal. Là encore, comme au Danemark, ce sont les écologistes, Die Grünen, qui avec 17.6% des voix progressent de 4.5 points. Une coalition rouge-verte semble se dessiner à l’horizon pour les prochaines élections législatives pour remplacer la coalition CDU/CSU/FPD sortante. L’effet Fukushima, auquel Angela Merkel a répondu en cédant au lobby anti-nucléaire, a encouragé l’électorat à soutenir une formation qui obtient des résultats sans même être aux affaires.

La gauche radicale recule également. Alors qu’elle totalisait en tout 16.3% (Die Linke et l’ancien WASG de Lafontaine) en 2006, Die Linke obtient péniblement un 11.7%, faisant des scores encore imposants dans certains quartiers de Berlin-Est. Toujours divisée, la droite radicale progresse légèrement par rapport à 2006. Republikaner, NPD et PRO (de Schill) faisaient 3.6% en 2006, alors qu’en 2011, NPD, Pro Deutschland et Die Freiheit font 4.3%. La seule NPD, qui avait fait scandale avec une affiche provocatrice d’Udo Voigt, interdite par la justice, régresse légèrement de 0.5%.

La crise économique, qui semble relativement préserver le Danemark et l’Allemagne, aboutit paradoxalement à une montée en puissance de la « gauche » bobo, au détriment de la gauche radicale mais aussi de la gauche plus classique. Cette situation n’est pas transposable en France où au contraire le Parti Socialiste empêche l’émergence du Parti de Gauche de Mélenchon et de la candidate écologiste, Eva Joly, qui semble peiner en ce début de campagne.

Thomas Ferrier
Secrétaire général du PSUNE

20/06/2010

Elections belges : victoire conjointe du NVA et du PS

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be%7Dvvbf.gifVictoire incontestée du N-VA en Flandre.

Ce dimanche 13 juin 2010 se déroulaient les élections législatives et sénatoriales belges, dans un contexte de forte poussée nationaliste flamande, avec l’émergence du N-VA de Bart De Wever, qui en 2007 était un allié modeste du parti d’Yves Leterme, le CD&V, les deux mouvements ayant alors obtenu 29.6% des voix en Flandre et 30 sièges. Cette fois seul, le N-VA obtient 27.8% des voix et 27 sièges, ce qui en fait le premier parti flamand, loin devant son ancien partenaire, dont il égale presque le score de 2007.

Cette mise en avant du N-VA apparaît aux législatives mais encore davantage aux sénatoriales (31.69% des voix et 9 sièges), faisant de Bart De Wever le vainqueur par K.O de ses élections et de loin. Le CD&V, parti du premier ministre démissionnaire Leterme, est lourdement vaincu, avec 17.3% des voix et 17 sièges aux législatives et 16.15% et 4 sièges aux sénatoriales, ce qui est un recul de 12 à 15%. Il est évident que le N-VA a véritablement phagocyté le CD&V, de la même façon qu’il a fortement affaibli les listes du Vlaams Belang. Ce dernier n’obtient en effet que 12.3% et 12 sièges en Flandre (contre 19% et 17 en 2007) soit une baisse de près de sept points, et 12.28% et 3 sièges au sénat. Cette chute d’un mouvement hostile à l’immigration extra-européenne est la conséquence de la promotion du nationalisme linguistique au détriment du nationalisme ethnique. Le N-VA, davantage laxiste en matière migratoire, a fait en effet de la langue flamande le cœur de l’identité du pays, et ce dans le cadre d’une politique favorable à l’Union Européenne telle qu’elle est. Autre perdant de ce scrutin, la liste De Dedecker. Ce dernier n’obtient que 3.7% et 1 siège aux législatives, contre 6.5% et 5 sièges il y a trois ans. Au Sénat, avec 3.27% des voix, il perd son seul mandat de sénateur. Enfin, la liste libérale Open Vld, avec 13.6% des voix et 13 sièges, perd 5% environ des voix et 5 sièges, alors qu’il recule au Sénat d’un seul siège.

A gauche, le SP.A (parti socialiste section flamande) recule de 16.3% à 14.6% et de 14 à 13 sièges, limitant fortement la casse. Sa base électorale demeure relativement stable. Il s’agit pour l’essentiel du vote des « belgistes » attachés à l’unité du pays, des fonctionnaires et des populations allogènes. En revanche, les verts flamands, Groen!, progressent légèrement, passant de 6.3 à 6.9% et de 4 à 5 sièges, et conservant leur siège de sénateur. Enfin, les autres listes progressent également, de 1.8% à 3.8%, en raison de la multitude des candidats.

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29/05/2010

Elections législatives tchèques 2010: les résultats

Résultats à 99.97% du dépouillement:

Union chrétienne et démocratique (Křesťanská a demokratická unie): 4.39% (éliminée)

Parti démocrate citoyen (Občanská demokratická strana, ODS, le parti de Vaclav Klaus): 20.21% (a priori, vainqueur en cas de coalition de droite)

Parti communiste de Bohême et Moravie (Komunistická strana Čech a Moravy): 11.27%

Parti social démocrate tchèque (Česká strana sociálně demokratická, CSSD, parti annoncé comme gagnant probable des élections): 22.09% (1er parti en nombre de voix mais grand perdant de l'élection)

Centre Européen: 0%

Parti des droits civiques (Zemanovci): 4.33% (éliminé)

TOP 09 (Tradice Odpovědnost Prosperita 09, droite conservatrice): 16.69% (autre grand vainqueur et allié de poids de l'ODS en cas de coalition)

Parti vert (Strana zelených): 2.44%

Affaires publiques (Věci veřejné, VV, mouvement de centre droit de John Radek): 10.88%

Prospérité nationale (Narodni Prosperita, droite nationale): 0%

Union pour la république - Parti Républicain Tchécoslovaque (Sdružení pro republiku - Republikánská strana Československa, SPR-RSC, mouvement nationaliste de Miroslav Sladek): 0.03%

Delnicka strana socialni spravedlnosti (DSSS) [mouvement eurosceptique]: 1.14%

Au final, droite + centre-droit: 47.78% des voix (a priori, en nombre de députés, ils auront la majorité), gauche + extrême-gauche: 33.36%.
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Contre tous les pronostics, la gauche sociale-démocrate a perdu les élections législatives de 2010. La droite, dont l'ODS conservatrice et eurosceptique de Vaclav Klaus, triomphe même si divisée en trois formations. L'extrême-droite, avec 0.03% des voix (contre 0.1% aux législatives précédentes), incarnée une fois de plus par Miroslav Sladek, est laminée.

Thomas Ferrier (SG-PSUNE)

06/04/2010

Vers un nouveau monde ?

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A y regarder de près, nous vivons l'époque la plus étrange qui soit. Nous vivons dans le monde de la mondialisation. Non pas simplement la mondialisation des marchandises, mais celle de la libre circulation des capitaux, et surtout des hommes. C'est la première fois en effet que les élites pensent à mettre en place un gouvernement mondial, mettant au pilori de la honte toutes les formes de nationalisme, de régionalisme, et de défense des identités. Mais reste un problème : la réaction des peuples.

En effet, à y regarder de plus près, peu de monde est enthousiaste à l'idée de devenir un citoyen du monde. Malgré la propagande incessante, de nombreux partis nationalistes et identitaires voient le jour en Europe. En France, le Front National est revenu d'entre les morts pour venir hanter les urnes et effrayer les bobos bien pensants. Que dire de l'Italie, ou la Ligue du Nord fait un tabac, et vient de s'emparer de deux régions parmi les plus riches de la péninsule. Aux Pays-Bas, les islamophiles attendent avec frayeur de voir si le PVV de Geert Wilders remportera ou non les élections prévues en juin. Au Royaume-Uni enfin, le BNP est en train d'émerger bruyamment. Bref, tous les pays européens connaissent peu ou prou une montée des nationalismes et des fièvres identitaires.

Que dire de la Constitution européenne de 2005, rejetée très largement par les peuples français et hollandais, qui a montré que les gens ne voulaient pas d'un projet mondialiste pourtant activement soutenu par les technocrates de Bruxelles.

Ainsi, la mondialisation des capitaux et des hommes profitent à une oligarchie mais pas au plus grand nombre. Les milliardaires européens et américains, qui y voient un moyen d'investir dans des pays de bas coût de la main-d'œuvre. Les dirigeants chinois et indiens, qui profitent de leurs concitoyens dans le besoin, corvéables à merci pour des salaires de misère dans les usines, afin d'attirer les investisseurs étrangers. Les africains, à qui l'on fait miroiter le prétendu « el dorado » européen, et qui envoient des sous à la famille restée au pays.

Mais le dindon de la farce dans l'histoire, pour parler clairement, est le peuple européen. Victime de la désindustrialisation, du dumping social provoqué par les menaces de délocalisations et par la substitution de population, par la perte de l'identité, la montée de l'insécurité et l'émergence de radicalités religieuses.

En clair, nous avons un terrain de mécontentement, largement atténué par la propagande délétère du « politiquement correct ». Reste à analyser si c'est la bonne solution de faire confiance à ces partis de droite nationale, qui prétendent contester cet état de fait.

Dans un monde où la démographie est devenue une arme, il paraît présomptueux pour les petits pays européens vieillissants, de prétendre peser dans le jeu mondial. La Chine et l'Inde, avec leurs milliards d'habitants, ne peuvent que rire d'une France qui se veut le « phare du monde », avec ses 65 millions d'habitants.

Et le programme ensuite... Les partis de droite nationale proposent en majorité une politique de « national-libéralisme » ; ce qui n'est pas de bonne augure, la majorité des gens étant attachés aux acquis sociaux, notamment à la retraite par répartition et au système d'indemnisation du chômage, ou encore au système de sécurité sociale.

Reste à tirer la conclusion de ces deux faits : les pays d'Europe sont trop petits pour prétendre faire la loi au sein d'un espace mondialisé, et les gens restent en outre, et à raison, très attachés aux systèmes sociaux. Nous pouvons donc en conclure que seul l'euro-socialisme peut proposer un projet cohérent susceptible de rassembler les voix des mécontents et de ceux qui rêvent d'un autre monde, et surtout d'une autre Europe. L'Europe pour ses 800 millions d'habitants, et son territoire immense riche en ressources naturelles. Le socialisme pour une idéologie par essence européaniste, qui permet à chaque citoyen d'avoir sa place, et de manière digne, dans la société.

Face aux défis que nous impose ce nouveau monde, face à l'avenir, qui ne tolérera pas la moindre faiblesse de notre part, le PSUNE se doit d'être présent, et de proposer une nouvelle Europe. Une grande Europe, qui assurera à ses citoyens, à ses citoyennes, un avenir radieux.

Que ceux qui veulent d'une vraie Europe, européenne, d'une vraie gauche, socialiste au sens noble de ce terme, nous rejoignent. Vive l'Europe, vive le PSUNE !

"Tomichi" (PSUNE)

Révolution par les urnes et mode de scrutin

logo4c.pngUn mouvement qui aspire à une révolution « par les urnes », recherchant une légitimité populaire, démocratique, à son action, n'est pas maître du cadre politique dans lequel il entend inscrire son action, et notamment du mode de scrutin. Certes, il peut contester le système en place, lui reprochant de fausser le jeu démocratique, d'empêcher l'émergence de mouvements politiques novateurs, d'étouffer l'opposition. Mais il ne doit s'attendre à aucune fleur de la part des partis en place. Il lui appartient en conséquence de s'adapter à des circonstances dont il est la victime et qu'il ne peut pas modifier en sa faveur.

Le premier mode de scrutin est celui à l'anglaise, un seul tour et le premier dans chaque circonscription est élu. Ce système défavorise les petits partis, car le vote utile s'exerce immédiatement. Les libéraux démocrates britanniques, qui représentent 18% environ des suffrages selon les derniers sondages, disposent ainsi d'une place très limitée au sein du parlement. Les écologistes ou les nationalistes du BNP en sont totalement exclus. Aucune « révolution par les urnes » (revolutio urnis) n'est possible dans un tel cadre électoral. Le Labour, qui avait songé à réformer les institutions en introduisant une part de proportionnelle lorsqu'il était dans l'opposition, a renoncé immédiatement une fois au pouvoir. Notons que Nicolas Sarkozy souhaite adopter ce mode de scrutin pour faire élire les conseillers territoriaux en 2014, afin de limiter la victoire de la gauche et d'éliminer du jeu le FN.

Le second mode de scrutin est celui à la française, le scrutin majoritaire à deux tours. Il est appliqué aux présidentielles, où les deux meilleurs sont qualifiés pour le second tour, et aussi aux législatives, où il faut dépasser 12.5% des inscrits. Ce système verrouille encore davantage le jeu électoral que le système britannique. Ainsi, le Modem de Bayrou n'a réussi à faire rentrer que quatre députés au parlement et le FN, même à l'époque où il atteignait 15% des voix, au maximum un seul.

Le mode de scrutin le plus favorable à une revolutio urnis reste donc le système à la proportionnelle, généralement accompagné d'une barre minimale, qui est désormais de 3% en Grèce, 4% en Italie et en Suède, 5% en Allemagne, 7% en Russie et jusqu'à 10% en Turquie. En revanche, au niveau du parlement européen, les institutions de Bruxelles encouragent les états à pratiquer la proportionnelle la plus large possible, comme le fait l'Espagne par exemple et l'Italie au niveau des élections européennes. Même la France et le Royaume-Uni, si rétifs à ce mode de scrutin, l'appliquant aux européennes. Le FN, qui n'a aucun député national, dispose en revanche de trois députés européens. Le BNP, qui n'avait obtenu que 0.7% des voix aux dernières législatives, avec 6.5% des voix, fait rentrer à Strasbourg deux députés. Et dans le reste de l'Europe, des partis nouveaux, comme le Parti Pirate suédois, parviennent à obtenir des élus.

Ainsi, la seule élection qui en France permette d'obtenir des élus à partir d'un résultat de 6 à 7% par circonscription, c'est celle pour les représentants nationaux au parlement européen. Et c'est aussi le cas dans les autres pays du continent, avec des barres davantage accessibles encore. Les élections européennes en France ont d'ailleurs toujours permis la victoire de formations nouvelles, comme le FN en 1984 (11% des voix), le MPF de Philippe de Villiers (13% en 1999), Europe Ecologie (qui en 2009 a fait jeu égal avec le PS) ou encore la liste Tapie. Malheureusement, ce sont souvent des organisations souverainistes (UKip au Royaume-Uni, le LPR polonais en 2004... etc) ou pseudo-écologistes qui en profitent. Et si les européanistes-socialistes (euro-socialistes !) en profitaient eux aussi pour se faire connaître avec un programme bien plus révolutionnaire que le projet timide de Newropeans ?

Aux élections nationales, votez « national », même si ça ne servira à rien, quel que soit le parti, mais aux élections européennes, votez « européen » !

Thomas Ferrier (PSUNE/LBTF)