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20/06/2010

Elections belges : victoire conjointe du NVA et du PS

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be%7Dvvbf.gifVictoire incontestée du N-VA en Flandre.

Ce dimanche 13 juin 2010 se déroulaient les élections législatives et sénatoriales belges, dans un contexte de forte poussée nationaliste flamande, avec l’émergence du N-VA de Bart De Wever, qui en 2007 était un allié modeste du parti d’Yves Leterme, le CD&V, les deux mouvements ayant alors obtenu 29.6% des voix en Flandre et 30 sièges. Cette fois seul, le N-VA obtient 27.8% des voix et 27 sièges, ce qui en fait le premier parti flamand, loin devant son ancien partenaire, dont il égale presque le score de 2007.

Cette mise en avant du N-VA apparaît aux législatives mais encore davantage aux sénatoriales (31.69% des voix et 9 sièges), faisant de Bart De Wever le vainqueur par K.O de ses élections et de loin. Le CD&V, parti du premier ministre démissionnaire Leterme, est lourdement vaincu, avec 17.3% des voix et 17 sièges aux législatives et 16.15% et 4 sièges aux sénatoriales, ce qui est un recul de 12 à 15%. Il est évident que le N-VA a véritablement phagocyté le CD&V, de la même façon qu’il a fortement affaibli les listes du Vlaams Belang. Ce dernier n’obtient en effet que 12.3% et 12 sièges en Flandre (contre 19% et 17 en 2007) soit une baisse de près de sept points, et 12.28% et 3 sièges au sénat. Cette chute d’un mouvement hostile à l’immigration extra-européenne est la conséquence de la promotion du nationalisme linguistique au détriment du nationalisme ethnique. Le N-VA, davantage laxiste en matière migratoire, a fait en effet de la langue flamande le cœur de l’identité du pays, et ce dans le cadre d’une politique favorable à l’Union Européenne telle qu’elle est. Autre perdant de ce scrutin, la liste De Dedecker. Ce dernier n’obtient que 3.7% et 1 siège aux législatives, contre 6.5% et 5 sièges il y a trois ans. Au Sénat, avec 3.27% des voix, il perd son seul mandat de sénateur. Enfin, la liste libérale Open Vld, avec 13.6% des voix et 13 sièges, perd 5% environ des voix et 5 sièges, alors qu’il recule au Sénat d’un seul siège.

A gauche, le SP.A (parti socialiste section flamande) recule de 16.3% à 14.6% et de 14 à 13 sièges, limitant fortement la casse. Sa base électorale demeure relativement stable. Il s’agit pour l’essentiel du vote des « belgistes » attachés à l’unité du pays, des fonctionnaires et des populations allogènes. En revanche, les verts flamands, Groen!, progressent légèrement, passant de 6.3 à 6.9% et de 4 à 5 sièges, et conservant leur siège de sénateur. Enfin, les autres listes progressent également, de 1.8% à 3.8%, en raison de la multitude des candidats.


Victoire massive du PS en Wallonie.

Alors qu’en Flandre les nationalistes indépendantistes ou autonomistes obtiennent plus de 44% des suffrages des flamands (et 28% au niveau du royaume), on aurait pu s’attendre du côté wallon à une progression des rattachistes (partisans de rattacher la Wallonie à la France), mais il n’en fut rien. Alors que les flamands depuis des années reprochent aux wallons leur système social terriblement endetté et l’échec de leur politique d’intégration, en clair de coûter trop cher, l’électorat francophone persévère et signe en donnant au Parti Socialiste un score massif de 37.6% des voix aux législatives et de 35.72% aux sénatoriales, dotant ce parti de 26 sièges au parlement et de 7 sièges au sénat. Cette victoire du parti socialiste le plus corrompu et laxiste de tout le continent, est consternante, démontrant que l’électorat se réfugie dans un vote suicidaire.

Le MR s’effondre, perdant près de dix points, avec 22.2% des voix et 18 sièges, contre 31.2% et 23 sièges en 2007 (24.32% et 4 sièges seulement au sénat). Le CDH, version francophone du CD&V, subit également le contrecoup de l’échec de la coalition sortante, même si son échec est relatif. Il passe en effet de 15.8% à 14.6% et perd un siège à l’assemblée, même si au sénat sa chute est plus significative. Enfin, contrairement à ce qui se passe en Flandre, le parti écologiste Ecolo régresse légèrement de 0.5 points, passant de 12.8 à 12.3% des voix. En revanche, le Parti Populaire (PP), nouveau venu dans la politique belge, avec 3.1% et 1 siège aux législatives (4.01% aux sénatoriales), commence avec un score honorable.

La droite nationale, divisée en trois partis, n’obtient qu’un score très marginal. Le Front National, qui avait obtenu 5.6% en 2007, avant de connaître scissions et scandales, tombe à 1.4% de voix. Le Front National de Belgique obtient 0.5% des voix environ (0.18% au niveau national), alors que Wallonie d’abord dépasse le FN avec 1.54% des voix, atténuant cette impression d’effondrement. Enfin, le RWF, rassemblement favorable au rattachement de la Wallonie à la France obtient 1.51% des voix (contre 1.1% en 2007). L’extrême-gauche de son côté, du moins côté wallon, progresse en obtenant 1.7% (Parti des Travailleurs de Belgique).

Interprétation des résultats.

La victoire conjointe du N-VA et du PS témoigne d’une différenciation accrue des mentalités, avec d’un côté une gauche forte et une droite nationale divisée, et de l’autre une droite nationale forte et une gauche plutôt réduite. La Wallonie, dirigée depuis des décennies par le PS, sombre économiquement, touchée de plein fouet par les conséquences de la mondialisation, par une corruption endémique et par l’immigration extra-européenne accrue. La Flandre en revanche, davantage prospère et libérale, a le sentiment que la Wallonie lui coûte cher et la tire vers le bas. Elle s’inspire davantage du modèle néerlandais, à une différence près qui est un fort sentiment identitaire. Le VB, la LDD et le N-VA représentent ainsi une droite nationale musclée, plutôt libérale en matière économique. Si le VB recule fortement, perdant un peu plus d’un tiers de ses électeurs, et surtout à Anvers, il résiste malgré tout à la vague De Wever. Les derniers sondages l’annonçaient entre 8 et 10% des voix en Flandre, et il réussit à dépasser malgré tout les 12%. Il est clair également que les media ont joué la carte De Wever, annonçant un succès de ce dernier, pour créer artificiellement un vote utile en sa faveur au sein des électeurs susceptibles de voter pour Filip Dewinter et ses troupes. Le Front National, divisée, minée par les scandales financiers autour de Daniel Féret, par les déclarations extrémistes ou provocatrices de certains de ses dirigeants, s’effondre.

Au niveau national, les nationalistes flamands, toutes tendances confondues, obtiennent 40 sièges sur 150, alors que les socialistes belges réunis obtiennent 39 sièges, ce qui complique les négociations en vue de la mise en place du gouvernement fédéral. Le CD ne dispose quant à lui que de 26 sièges, 39 si allié avec Open Vld. Les écologistes ont 13 sièges. A partir du moment où le Vlaams Belang reste pestiféré, la coalition la plus naturelle est celle unissant la N-VA, le CD et Open Vld, obtenant en tout 66 sièges, pour une majorité nécessaire à 75 sièges. Sans l’apport du VB, ils sont donc minoritaires, tout comme la gauche qui, réunie, n’aurait que 52 sièges. La coalition à mettre en place va donc être complexe, à moins qu’il n’y ait une ouverture à droite, avec le VB, ce qui reste peu vraisemblable.

La Belgique, plus que jamais, est divisée, sans qu’aucun camp ne dispose d’une majorité suffisante pour faire bouger les lignes. Si les nationalistes flamands sont en position de force, ils ne sont pas majoritaires, même pas en Flandre. En revanche, si aucune de leurs revendications n’est respectée, il est probable que de nouvelles élections aient lieu, confortant davantage encore Bart De Wever.

Thomas Ferrier (SG-PSUNE)

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