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11/04/2011

Crom versus Christus, le film « Conan le Barbare » revisité

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Conan_the_Barbarian.jpgL’adaptation du personnage emblématique de Robert Howard (1906-1936), « Conan », venu de Cimmérie, était une gageure et pour John Milius et pour son scénariste en la personne de Sprague de Camp. En réalité, plutôt que de demeurer fidèles à l’œuvre originelle, ils ont choisi de se servir de Conan comme d’incarnation d’une morale païenne opposée au christianisme, incarnée dans le film par la secte setienne de Thulsa Doom, ce dernier terme, « crépuscule », faisant allusion à la fin du monde. Derrière la mise en avant d’un culte millénariste dédié à Set, le dieu stygien (la Stygie étant la version hyborienne de l’Egypte), dont le prêtre suprême chez Howard est Thoth-Amon et non Thulsa Doom dans le film, sorcier emprunté à l’univers d’un autre personnage d’Howard, le roi Kull, se cache à peine une dénonciation de la religion chrétienne. Dans la bande originale du film, Basil Poledouris compose une musique religieuse appelée « Cantiques de Sainte Marie » pour illustrer la scène d’une messe « noire » au sein d’une des « tours du serpent », les églises-mosquées de Set.

Les manifestations de l’expansion du culte de Set rappellent la christianisation de l’empire romain. Thulsa Doom rassemble autour de lui des milieux sociaux très variés, mais notamment des femmes issues de l’élite des royaumes hyboriens, milieux qu’il convertit par des actes magiques, par l’hypnose et par des discours apocalyptiques enflammés. Son propos est férocement hostile aux gouvernants, ses hommes n’hésitant pas à menacer les rois, le roi Olric se plaignant ouvertement de leur action, alors même que sa fille a été convertie à cette religion et lui tourne le dos, et même à les assassiner. On songe ainsi au fameux « Saint Mercure », individu probablement imaginaire canonisé pour avoir tué l’empereur Julien. Présente dans toutes les cités, cette religion ophidienne est accusée de nombreux méfaits et son culte du secret inquiète. De fait, la seule cérémonie présente dans le film montre de jeunes filles se donnant corps et âme à l’appétit vorace d’un énorme serpent, décapité fort à propos par Conan.

Sacrifices humains, anthropophagie (une scène montre une marmite contenant des restes humains), orgies sexuelles et corruption apparaissent dans le film comme la face cachée d’une secte qui dénonce l’enrichissement et la décadence morale des rois et prêche la paix et l’amour. Le gourou lui-même bénéficie de la protection d’une garde d’honneur composée de Vanirs, des guerriers nordiques. Le reproche est donc double, à la fois contre le caractère pacifiste d’une religion prêchant « le retour à la terre », avec des fidèles jetant des fleurs sur leur chemin, et contre son caractère intolérant, le prophète appelant à la mort des « infidèles » (l’expression est dans le film).

Face à cette vision du monothéisme, car des emprunts symboliques de cette religion à l’islam sont également présents, Conan est mis en avant comme le contre exemple absolu. Ses valeurs, « il les a apprises au combat ». Sa religion se résume à invoquer le dieu guerrier Crom, d’origine celte (les Cimmériens selon Howard sont les ancêtres des Gallois ou Cymri), dont il n’attend pourtant aucun secours car Crom n’est pas un dieu secourable et n’offre les portes du « Walhalla » qu’aux guerriers héroïques restés fidèles à l’honneur et ayant découvert « le secret de l’acier » . Pour le reste, Conan manie l’humour face aux fidèles des autres religions, répondant aux adorateurs de Set qu’ « il est bien temps de retourner à la terre… dans la tombe ». D’une manière générale, des religions trop élaborées suscitent sa méfiance.

La première valeur de Conan est l’honneur,  ce qui est pourtant étonnant pour quelqu’un qui n’hésite pas à recourir au vol, et le respect des ancêtres en fait évidemment partie, d’où sa volonté de fer de mener sa vengeance jusqu’au bout. Une seconde valeur éminente est le mérite, selon le principe que tout se gagne par l’effort. C’est ainsi qu’esclave il est affranchi, c’est aussi de cette manière qu’il obtient l’épée qui va lui permettre de triompher, en combattant le roi squelette qui la détient et n’acceptera de ne la lui laisser qu’une fois vaincu (la scène, pour des raisons budgétaires et techniques, n’a pu être pleinement réalisée). La troisième valeur de Conan est le courage puisqu’il ne fuit jamais devant un danger, et ne s’avoue pas vaincu mais entend lutter jusqu’au bout. Crucifié par Thulsa Doom à un arbre, l’allusion au mythe christique est alors évidente, Conan parvient à bout de force à tuer un vautour tentant de le dépecer vivant.

conanA803.jpgPourtant, le film ne limite pas la religion des héros à un « Crom » répété après toute victoire ou lorsque Conan est confronté à la magie. Sa bien aimée, Valeria, semble davantage portée sur la religion, n’hésitant pas à signer un pacte avec les dieux, et réapparaît au-delà de la mort en valkyrie afin de protéger Conan en lui disant ces mots, « crois-tu que nous vivions éternellement ? ». Ainsi, la vision épurée de la religion chez Conan n’interdit en rien de croire à l’au-delà et à l’immortalité de l’âme, mais c’est bien par la volonté et au combat qu’on mérite sa place au ciel. Thulsa Doom promet à ses gouailles l’immortalité si on le suit comme un esclave.

La fin du film est bien sûr l’accomplissement de la vengeance de Conan, mais qui ne se limite pas à la mise à mort de son ennemi despotique, car le héros accomplit une véritable libération des esprits. Son objectif est que la religion que « Doom » a fondée ne survive pas à son prophète. Pour ce faire, Conan n’y va pas par quatre chemins en décapitant le gourou et en jetant sa tête au pied des fidèles. C’est ainsi que cette religion meure comme elle est apparue. La princesse subjuguée s’agenouille devant le vainqueur, preuve d’une nature soumise.

De nombreuses autres allusions cachées à l’hostilité d’un John Milius aux monothéismes, Milius qui expliquait à l’époque avoir voulu donner dans son Conan « une vraie vision du paganisme », émaillent le film. Une scène où Conan ivre assomme d’un coup de poing un chameau innocent doit s’interpréter comme un coup porté aux religions du désert. L’introduction du film est d’ailleurs sans ambiguïté, associant une citation d’Howard évoquant « les fils d’Aryas » [la citation commençant ainsi par « Between the Fall of Atlantis and the rise of the sons of  Aryas », ce dernier terme étant par la suite remplacé en « Arius » suite à des protestations], à  une citation de Nietzsche, « That which does not kill us makes us stronger ». 

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Ce film, qui ne se limite pas à l’heroic fantasy, repose en vérité sur une analyse philosophique non dénuée de profondeur, associée à une réflexion historique sur la christianisation de l’Europe ancienne et sur la religion en général, conforme à cette tradition historiographique introduite notamment par Machiavel et Voltaire et dont Nietzsche sera le défenseur acharné. Sa suite, « Conan the destroyer », en revanche sera l’antithèse même du premier film, un navet indéniable se limitant à la plastique de Maryam d’Abo et aux muscles d’Arnold, doté d’un scenario squelettique. Il faut dire que John Milius n’était plus à la manœuvre.

Thomas Ferrier
Secrétaire général du PSUNE

03/04/2011

Pétition concernant la Hellfest, qu’en penser ?

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hellfest2011.jpgLe collectif, a priori d’obédience chrétienne, « Provocs Hellfest ça suffit », a mis en ligne ces derniers jours une pétition concernant le festival « Hellfest » organisé à Clisson du 17 au 19 juin 2011. Suite à la déprogrammation du groupe « Anal Cunt » en raison de paroles provocatrices, des organisations chrétiennes exigent davantage de censure de la part des organisateurs de ce festival metal. Ils reprochent à ce dernier la présence de groupes faisant la promotion de l’anti-christianisme, témoignant ainsi d’une relative méconnaissance de la culture « metal ».

En premier lieu, lorsqu’on commence à dénoncer l’expression de propos qu’on conteste, où définit-on la limite ? Ainsi, le collectif cite des extraits d’un titre du groupe Belphegor parmi lesquels on trouve « les chrétiens aux lions », c’est-à-dire une expression historique latine, christiani ad leonis, en usage dans l’empire romain, qui est bien sûr une allusion à l’opposition entre les autorités romaines « païennes » et les fidèles d’une nouvelle religion, le christianisme. En clair, dans ce conflit antique entre païens et chrétiens, ce groupe contestataire a voulu choisir a posteriori son camp.

Dans le nouvel album du groupe « pagan » Amon Amarth, le titre « Slaves of fear » évoque les concepts propres à la religion chrétienne, l’accusant « au nom de l’amour et de la tolérance » de s’appuyer sur « l’ignorance », de « condamner les guerres qu’elle crée au nom de son dieu », de « mentir avec des sourires calculés ». Un extrait indique la menace de pendre les prêcheurs à l’arbre d’Odin (Oden’s tree), ce qui est évidemment une remarque imagée, à ne certainement pas prendre au pied de la lettre. Notons qu’Amon Amarth ne sera pas présent à ce festival et que les autres titres de l’album évoquent uniquement les mythes de l’Asatru (crépuscule des puissances, combat d’Odin et de Thor contre les forces de destruction… etc). Faudrait-il interdire Amon Amarth de concert pour cette raison ?

Pour être très précis, il y a plusieurs années j’avais écrit un article exprimant mon hostilité totale au satanisme et à la musicalité « metal » lorsque celle-ci s’inspire de ces thèmes. En démocratie, lorsqu’on l’on veut protester contre des dérives, on ne les cautionne pas et, amateur de metal, je n’achèterai jamais d’albums, même si musicalement ils étaient de qualité, qui feraient la promotion de ces thèmes. Et bien évidemment, je n’irais pas écouter de groupes musicaux ayant fait ce choix. Mais je ne vois aucune raison en revanche que ceux qui soient davantage en accord avec leurs conceptions ou bien qui privilégient la musique sur l’idéologie supposée présente n’aient pas le droit de voir ces groupes en concert, si c’est leur choix, et dans la mesure où ce sont les seuls à en « bénéficier ».

Je trouverais parfaitement normal de protester vigoureusement si la retransmission du concert était présente sur une chaîne publique, si les enfants des écoles y étaient emmenés par leurs professeurs, et dans ce cas là, je soutiendrais la demande d’une plus grande vigilance quant aux groupes invités. Mais ce n’est pas le cas et personne ne sera obligé contre son gré d’assister à la Hellfest. En outre, parmi le public, rien n’interdit à certaines personnes de boycotter des groupes dont les propos les choqueraient et de le faire savoir.

Arkona+18.jpgDu point de vue qui est le mien de soutenir la promotion de thèmes européens, « païens », je suis bien sûr dérangé par le fait qu’on associe dans ce concert d’excellents groupes païens, qui se gardent de ces excès, à l’instar de Korpiklaani, Arkona, Skyforger, Turisas, Valient Thorr [« Thor le vaillant »], ou des groupes de metal symphonique de haute tenue, comme Therion ou Apocalyptica, avec des groupes aux noms provocateurs et dont les paroles me heurtent. Mais je ne vois pas de raison d’imposer mon avis à autrui, et je considère en conséquence qu’à partir du moment où ce festival ne saurait heurter de chrétiens, puisqu’ils ne s’y rendront pas, il n’y a pas de préjudice. Où est alors l’intérêt à agir ?
Si on commence à censurer des groupes sous prétexte qu’ils ne ménagent pas la religion chrétienne, qu’ils expriment leur hostilité à ses conceptions, qu’ils la caricaturent de manière outrancière, où va-t-on s’arrêter ? Va-t-on, comme l’ont demandé des groupes chrétiens italiens récemment, interdire le film « Agora », qui a ainsi été privé de salles en Italie à sa sortie ? Va-t-on interdire « Conan the barbarian » sous prétexte que le christianisme y est implicitement dénoncé ? Va-t-on demander au gouvernement de mettre à l’index l’ouvrage de Nietzsche intitulé « L’Antéchrist » ? Va-t-on censurer Voltaire pour avoir écrit « Ecr. l’Inf. » ?

Lettland_Skyforger.jpgJe peux comprendre que des européens chrétiens soient choqués par des propos qu’on ne saurait objectivement cautionner. Mais il faut comprendre derrière ces provocations le message qui est envoyé. Sans doute pas de la bonne manière, sans doute avec des excès regrettables. Ce message, c’est qu’il ne faut pas oublier que les adeptes des religions européennes traditionnelles, « païennes » ont été persécutés par les autorités chrétiennes à partir du règne de Constance II et que toute une historiographie, dont les ouvrages de l’historien Ramsay McMullen, a démontré la véracité de ces faits. Or, sur ces sujets, les autorités chrétiennes n’ont jamais pris position, n’ont jamais voulu le reconnaître, alors qu’elles l’ont fait pour d’autres religions. Cette nostalgie païenne peut s’exprimer intelligemment, de manière positive, comme le fait avec talent le groupe Arkona par exemple, qui défend les conceptions de la Rodnoverie, « foi indigène », terme désignant le néo-paganisme slave, sans avoir besoin de s’en prendre à une autre religion. Ou elle peut s’exprimer de manière immature et provocatrice, dans une approche négativiste, et cela donne des groupes comme ceux dont les pétitionnaires demandent l’interdiction.

Certains considèrent que le nom même de Hellfest serait une provocation. Ils semblent oublier que le terme même d’enfer vient des inferni latins, qui n’étaient que le nom du royaume des morts, sans connotation négative, et que le terme anglais de hell désigne une divinité germano-scandinave, Hel, présidant au royaume des morts (Helheimr).

Pour toutes ces raisons, et même si je désapprouve les provocations dont font preuve certains groupes musicaux qui seront présents à ce festival, dès lors qu’aucune personne n’est obligé d’y assister, où la liberté d’expression me paraît un droit fondamental à préserver et où je ne vois pas comment on pourrait mettre des limites à la censure à partir du moment où on entre dans un tel processus, je ne vois aucune raison de soutenir la démarche des promoteurs de cette pétition, et je considère que les milieux chrétiens se trompent de combat.

Thomas Ferrier
Secrétaire général du PSUNE

[Nota Bene: photographies de la chanteuse russe Maria Arhipova, du groupe Arkona et du groupe letton Skyforger]

04/02/2011

Qu’est-ce que la démocratie ?

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pericles2.jpgLe mot grec δημοκρατία signifie mot à mot le pouvoir du peuple, le terme dêmos provenant d’un terme indo-européen, *dāmos, signifiant « famille, tribu, peuple, lignée, appartenance commune », qu’on retrouve aussi dans le gaélique dam.

Au sens courant en grec ancien, le dêmos est le corps des citoyens, par opposition aux esclaves et aux métèques, qui en sont exclus. Ainsi à Athènes, le dêmos s’identifie pleinement à la citoyenneté, et ne doit pas se confondre avec une plèbe indifférenciée. De même, à Rome, les patriciens et la plèbe font tous partie du corps des citoyens, dont sont exclus là encore les esclaves et les pérégrins, ces derniers étant soumis à la juridiction de leur cité et non à celle de Rome. Bien que dépourvues de pouvoir politique, les femmes demeurent des citoyennes et considérées comme telles. En effet, dans l’Athènes classique, à la différence du droit napoléonien, purement patriarcal, le citoyen l’est par son père et par sa mère, selon le principe du droit du sang.

Ainsi, le dêmos est il composé des seuls citoyens, ceux-ci l’étant en raison de leur appartenance commune, conformément au mythe athénien de l’autochtonie, les Athéniens sont considérés comme nés du sol même de leur cité. Le lien charnel avec leur sol s’apparente au mythe du géant Antaios, qui puisait sa force de la terre, vue comme une mère dont il était le fils, et qui fut vaincu par Héraclès lorsque celui-ci parvint à le soulever hors du sol, le privant ainsi de tout pouvoir.

Au sens strict, la démocratie est le pouvoir des semblables, la différence avec la société spartiate étant que le corps des citoyens est composé de tous les indigènes, alors que Sparte distingue les Egaux (Homoioi) des Périèques, citoyens spartiates de statut inférieur. Athènes est réellement égalitaire, pratiquant une complète isonomie entre tous les habitants indigènes de l’Attique. L’asservissement d’un citoyen par un autre citoyen est d’ailleurs banni. Ainsi, douloi et metoikioi étant étrangers, ils ne peuvent pas en théorie devenir citoyens, même par affranchissement. Aristote souligne que le droit athénien se distingue radicalement, antithétiquement même, du droit corinthien, Corinthe étant une oligarchie marchande pratiquant le droit du sol.

Enfin, le dernier sens pris par le mot dêmos est « commune, agglomération », car le cadre idéal de l’expression politique du pouvoir du peuple dans l’antiquité était la cité, comme hier il s’agissait de l’état-nation, et comme demain, nous l’espérons, ce sera l’Europe.

La démocratie usurpée.

Avec la renaissance des idéaux démocratiques au moment où éclate la Révolution Française, Athènes redevient le modèle de la cité idéale, amie des artistes et en même temps solide sur ses fondements. La figure de Périclès incarne, comme celle d’Auguste, l’image d’un bon père du peuple, dans une société d’hommes libres. Aussi, la force de l’idée démocratique fut-elle qu’aujourd’hui, sous peine de passer pour ridicule si ce n’est pour un infâme factieux, personne n’ose se dire antidémocrate. Mais une chose est de se réclamer de la démocratie, une autre est d’être sincèrement démocrate et d’assumer ce que la démocratie implique.

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05/09/2010

Le Choc des Titans : dieux contre mortels (partie I)

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Clash_of_the_titans_zeus_poster_thumb-thumb-550x296-36182.jpgLa sortie en blu-ray du Choc des Titans, dans une version rallongée de près d’une demi-heure de scènes coupées et dotée d’une fin alternative, permet d’analyser de manière exhaustive le film de Louis Leterrier, déjà réalisateur de « L’incroyable Hulk ».

La représentation des dieux.

L’assemblée des dieux, réunie dans l’une des scènes coupées, permet de retrouver l’ensemble des douze olympiens sous leur forme a priori traditionnelle. Les dieux portent des armures brillantes qui s’inspirent, de l’aveu même du réalisateur, de l’univers du manga japonais Saint Seiya [en français « les Chevaliers du Zodiaque »], qui fut un succès en France mais un échec aux Etats-Unis, en raison de l’opposition vigoureuse des ligues chrétiennes de vertu. Les déesses en revanche présentent des tenues plus conformes à la tradition classique. Parmi les divinités, outre Zeus et Hadès, on retrouve au premier plan Poséidon, en tant que troisième frère, Apollon et Athéna, les autres dieux n’ayant qu’un rôle marginal dans le film.

Le plus surprenant est le rapport établi entre les dieux et les hommes, qui est inversé par rapport à la mythologie classique. L’immortalité des premiers semble conditionnée au respect et à l’amour dont les mortels leur témoignent. Seul Hadès se remplit de force par la peur qu’il suscite. Alors qu’il est affirmé que les humains sont une création de Zeus et que le dieu du ciel semble animé par l’amour qu’il éprouve pour les mortels, ce qui rapproche Zeus du dieu chrétien, il apparaît au final plutôt faible. Cette idée que le salut des dieux passe par le biais d’un mortel, le héros Persée, paraît étrangère à la tradition hellénique. La rivalité entre Zeus et Hadès, présentant ce dernier sous une forme démoniaque, est un thème classique du cinéma et du manga. Dans Percy Jackson, Hadès est également assimilé au diable, de même qu’il est un dieu maléfique dans Saint Seiya. De plus son royaume est particulièrement sombre, ce qui fait oublier Elysion, le paradis païen. Dans ce conflit dans lequel Hadès apparaît comme un dieu abusé par Zeus, alors que les grecs n’hésitaient pas à surnommer Hadès « Zeus Aidoneus » ou « Zeus du monde d’en bas », dieu qu’ils qualifiaient également de riche, « ploutôn », les hommes semblent l’enjeu principal.

Les dieux semblent également plus grands que les mortels, tels qu'ils apparaissent dans la scène alternative finale, ce qui est conforme à la tradition classique, par exemple chez Homère, et disposent bien sûr de pouvoirs spécifiques, bien que la foudre de Zeus apparaît bien tiède. On peut considérer que dans ce film, destiné en particulier à un public américain, donner aux dieux païens une réelle majesté divine semble poser problème. Enfin, Persée ose menacer Zeus lui-même et affirme qu’il le surveillera, ce qui est une inversion complète des valeurs et le triomphe de l’humanité sur la divinité, la victoire de l’hybris tant honnie par les anciens.

Les altérations du mythe grec.

Bien que fils du dieu le plus puissant, le Persée du film entend du début jusqu’à la fin s’élever contre sa condition de mortel tout en rejetant la part divine qui est en lui. Pourtant, il est amené à accepter un certain nombre de présents offerts par les dieux, comme une épée de lumière ou encore une pièce d’or destinée à payer le nocher Charon. Il bénéficie également de l’assistance du cheval Pégase, don des dieux là encore, et outil essentiel de sa victoire finale sur une bête de la mythologie scandinave, le Kraken, élément repris du premier film de 1981.

Pour des raisons mystérieuses, la mythologie grecque est maltraitée par une série de petits détails, comme la couleur noire attribuée à Pégase, habituellement blanc, ou comme le fait qu’à la fin il n’épouse pas Andromède mais obtient de Zeus que son amie Io lui soit restituée. Dans la version alternative en revanche, il embrasse Andromède, ce qui tend à indiquer qu’il s’inscrit à nouveau dans le mythe originel. Comme autres exemples, on peut penser à l’aigle de Zeus, qui est un gypaède américain et non un aigle royal européen, à une représentation très peu hellénique de l’Olympe, très différente de celle donnée dans Percy Jackson, avec ses temples de type parfaitement classique. En revanche, la représentation de la ville d’Argos est classique, même si le héros Persée date de la période mycénienne et n’est pas de la génération des combattants de la guerre de Troie. On aurait pu s’attendre à une Argos plus proche de la Mycènes du film Troie. Le réalisateur a choisi de représenter une ville beaucoup plus somptueuse, placée ceci dit au bord de la mer, ce qui n’était a priori pas le cas de l’Argos historique.

05/05/2010

Le nouveau progrès

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02/05/2010

Albanie: où sont les burqas ?

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Manifestation de gauche dans les rues de Tiranë. Vous y voyez un pays non-européen, vous ? Source (Forum)

26/04/2010

Van Rompuy : l'Europe-puissance passe par le Japon

RedBridge.jpgAFP | 26/04/2010 | Le président de l'Union Européenne, Herman Van Rompuy, a exhorté aujourd'hui le Japon à se rapprocher de l'Europe, afin de répondre aux défis posés par l'émergence de nouvelles puissances dans le monde.

"Le moment est venu de revigorer la relation entre l'Union Européenne et le Japon (qui) défendent les mêmes valeurs et le même type de sociétés", a-t-il dit lors d'un discours devant des étudiants à l'université de Kobe (ouest du Japon). Evoquant la redistribution des cartes en cours à l'échelle planétaire, avec notamment l'apparition de la Chine comme future grande puissance, M. Van Rompuy a estimé qu'il n'y avait pas lieu de craindre un tandem sino-américain qui dirigerait les affaires du monde.

"Il n'y a pas de +G2+. L'Europe et le Japon appartiennent tous deux encore aux régions les plus prospères et les plus puissantes du monde", a-t-il dit. "Nous Européens et vous Japonais, nous sommes dans le même bateau. Nous sommes tous deux en train de redéfinir notre relation à l'égard des Etats-Unis", a-t-il poursuivi.

Le Japon s'inquiète en particulier du rapprochement en cours entre son allié américain et une Chine de plus en plus confiante et puissante. [...]

M. Van Rompuy, arrivé ce matin au Japon pour une visite de trois jours, a déploré que de nombreuses barrières non-tarifaires limitent l'entrée des produits européens dans l'archipel et a appelé à la signature d'un Accord de libre-échange.

Source (AFP via lefigaro.fr)

23/04/2010

South Park: des images de Mahomet (auto)censurées

Ci-dessus l'épisode complet de South Park concerné.

22/04/2010 22:44 | LOS ANGELES, 22 avr 2010 (AFP) - USA : des images de Mahomet censurées dans la série télévisée "South Park"

La chaîne de télévision Comedy Central a censuré mercredi toutes les références au prophète Mahomet dans un épisode de sa série d'animation "South Park", réputée pour son impertinence, après que ses auteurs eurent reçu des menaces, a-t-on appris auprès de la chaîne.

Un porte-parole de Comedy Central (groupe Viacom, également propriétaire du studio Paramount), a confirmé jeudi à l'AFP que la chaîne avait remplacé par un bip toutes les mentions du nom Mahomet dans la bande-son. [...] Les images du prophète ont quant à elles été couvertes en noir, a constaté l'AFP.

La chaîne n'a pas officiellement confirmé que les changements étaient liés aux déclarations faites en début de semaine par le groupe basé à New York, Revolution Muslim (Revolution Musulmane). Le groupe extrémiste avait déclaré que les créateurs de "South Park" Matt Stone et Trey Parker risquaient de finir comme le cinéaste Theo Van Gogh, assassiné par des extrémistes musulmans à Amsterdam en 2004.

"Nous devons avertir Matt et Trey que ce qu'ils font est idiot et qu'ils vont probablement finir comme Theo Van Gogh en diffusant ce programme", avait déclaré le groupe, tout en démentant vouloir encourager la violence. [...] La réaction de Revolution Muslim faisait suite à la diffusion d'un épisode le 14 avril, dans lequel Mahomet apparaissait dissimulé sous un costume d'ours. Le programme censuré mercredi était le deuxième volet de l'épisode.

22/04/2010

L'Arménie défend l'Europe

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AFP | 22/04/2010 | L'Arménie gèlera l'accord avec la Turquie

Les trois partis de la majorité parlementaire en Arménie ont indiqué aujourd'hui qu'ils allaient geler le processus de ratification de l'accord de normalisation des relations avec la Turquie.

Source (Forum du PSUNE)

11/04/2010

Maurice Allard, euro-socialiste ?

allard.jpg"Il faut le dire très haut : il y a incompatibilité entre l'Église, le catholicisme ou même le christianisme et tout régime républicain. Le christianisme est un outrage à la raison, un outrage à la nature. (Bruits à droite) Aussi je déclare très nettement que je veux poursuivre l'idée de la Convention et achever l'oeuvre de déchristianisation de la France qui se poursuivait dans un calme parfait et le plus heureusement du monde jusqu'au jour où Napoléon conclut son Concordat (...) Pourquoi nous républicains et, surtout, nous socialistes, voulons-nous déchristianiser ce pays ? Pourquoi combattons-nous les religions ? Nous combattons les religions parce que nous croyons, je le répète, qu'elles sont un obstacle permanent au progrès et à la civilisation. Le jour où le Dieu anthropomorphe des Juifs quitta les bords du Jourdain pour conquérir le monde méditerranéen, la civilisation disparut du bassin de la Méditerranée, et il faut remercier les empereurs romains qui ont combattu de toutes leurs forces l'invasion de cette philosophie puérile et barbare, si contraire au panthéisme et au naturalisme de notre race ; il faut remercier Julien l'Apostat qui fit tous ses efforts pour combattre le fléau. (...)

Et plus tard, quand le christianisme quitta Rome et la Grèce où il avait étouffé toute civilisation et où il n'avait laissé que ruines et décombres et arriva en France, il n'y eut plus en notre pays, ni arts, ni lettres, et surtout ni sciences (Bruits à droite).

Il fallut la Renaissance, il fallut la Révolution française pour redonner au cerveau de notre race sa véritable puissance de normale évolution et sa possibilité de progrès. Sous l'influence du judéo-christianisme, toute lumière avait disparu ; il n'y avait plus que ténèbres. Aujourd'hui encore, combien de progrès ne se sont pas réalisés parce que nous traînons derrière nous ce lourd boulet de judéo-christianisme avec son cortège de préjugés et de mensonges traditionnels.

Nous combattons donc la religion parce que nous voyons dans la religion le plus grand moyen qui reste entre les mains de la bourgeoisie, entre les mains des capitalistes, pour conserver le travailleur dans un état de dépendance économique. Voilà pourquoi nous faisons la guerre à tous les cultes et pourquoi nous en sommes les adversaires les plus acharnés. "

Propos de Maurice Allard, député socialiste, lors du débat parlementaire sur la séparation de l'Eglise et de l'Etat en 1905

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10/04/2010

Choc des Titans: hommage à Saint Seiya

Les chevaliers du Zodiaque source d'inspiration pour Le choc des Titans et Masami Kurumada aux pinceaux pour l'affiche japonaise du film

Le cinéaste Louis Leterrier a choisi le mangaka Masami Kurumada, bien connu pour sa série Saint Seiya (Les chevaliers du Zodiaque en français) pour réaliser l'affiche japonaise de son film Le choc des titans. Lors d'une interview, le réalisateur a affirmé être un grand amateur de l'oeuvre du mangaka. Il a d'ailleurs précisé que les armures des dieux de son film sont un hommage à Saint Seiya.

Il faut dire que la thématique du film est proche de celle du manga. Il s'agit d'une lutte entre les hommes et les dieux de la mythologie grecque. Le film est en salle en France depuis mercredi et pour certains cinémas en 3D. Il raconte la lutte de Persée contre Hadès. Ce dernier compte s'emparer du pouvoir de Zeus et « déclencher un enfer sur terre ».

Forum (PSUNE)

02/03/2010

Johnny Depp Européen !

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2 mars 2010, VSD | Devenir viticulteur dans le sud de la France et tourner avec sa compagne Vanessa Paradis sont les "rêves" de l'acteur américain Johnny Depp qui s'est confié au magazine français VSD à paraître demain.

"C’est un secret, mais l’un de mes rêves est de faire du vin. Mais je le garderai pour moi avant d’oser le commercialiser. Dans le Var où je vis, c’est très intéressant, notamment pour le rosé mais je préfère le vin rouge", précise Johnny Depp bientôt à l'affiche de "Alice aux pays des merveilles" de Tim Burton.

Fan de Louis de Funès, "l'un des plus grands acteurs de tous les temps", l'acteur confie aussi qu'il a "très envie" de tourner avec Vanessa Paradis. "La France m’a tout apporté. Une famille merveilleuse, mais aussi un équilibre qui me manquait énormément. Avec Vanessa et les enfants, nous vivons dans une sorte de hameau dans le sud de la France et j’ai l’impression d’être au paradis. C’est une propriété d’environ 15 hectares et vous savez ce que je fais, là-bas? Absolument rien !", dit-il.

Johnny Depp précise "qu'il [lui] arrive de ne pas quitter la propriété pendant trois mois". "J’ai une existence tellement simple que j’ai l’impression de me retrouver sur une autre planète. Quand je me réveille, je vais voir mon jardin, je regarde si mes légumes ont bien poussé, si certaines fleurs commencent à éclore. Le seul sujet de conversation, c’est les enfants. Tout tourne autour d’eux", confie-t-il.

Source (Forum du PSUNE)

22/02/2010

Mythe n°6 : « Europê » est d’origine phénicienne - par Thomas Ferrier

Europa_on_bull_2.jpgDe manière récurrente, dans la plupart des ouvrages consacrés à l'histoire de l'Europe, revient tout à fait naturellement le mythe de la princesse Europê, à laquelle on associe systématiquement une origine phénicienne, alors que d'autres variantes lui en donnent une crétoise. A ce mythe on en ajoute généralement un autre, par le biais d'une étymologie fantaisiste rattachant le nom de la grecque Europê à un vocable d'origine sémitique.

Cette idée d'attribuer au nom qui désigne notre continent une origine étrangère, non-européenne et non-hellénique, n'est pas innocente, car elle est le reflet de l'idéologie dominante dans les media cherchant selon le mythe chrétien de la lux ex oriente, « la lumière venant de l'orient », à nier le génie propre à notre civilisation, qui serait nécessairement tributaire des autres. Il est ainsi exact que les écritures européennes modernes sont  issues de l'alphabet phénicien, ce qui ne signifie pas que d'autres signes spécifiquement européens n'aient pas été ajoutés, pour représenter les voyelles par exemple, et que l'Europe ait été sans écriture auparavant, puisqu'elle en a été vraisemblablement la créatrice, et que la Grèce possédait déjà l'écriture linéaire (le linéaire B) à l'époque mycénienne, écriture qui ne doit rien à l'orient.

Il est donc convenu de considérer le nom d'Europê comme venant du phénicien ereb, désignant le couchant. Voilà qui témoigne d'une méconnaissance profonde des bases mêmes de la linguistique. Il suffit de songer que le terme grec Erêbos, qui ressemble bien davantage à ce terme phénicien, vient par exemple de l'indo-européen *regwos, désignant le ciel intermédiaire (auroral et crépusculaire). De manière récurrente, et à quelques exceptions notables près, on a donc choisi de négliger l'étymologie authentique du nom d'Europê, qui signifie en réalité « au large regard ». Le terme est composé du grec εύρυς, « large », et όπη, « vue » (indo-européen *werus + *okw-).

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21/02/2010

Mythe n°5 : les Albanais sont musulmans et ne sont pas européens - par Thomas Ferrier

dita-e-veres-009.jpgParmi les mythes politiques qui ont la vie dure apparaît naturellement celui de la non-européanité des Albanais, considérés ainsi en raison de l'islamité relative de l'Albanie, d'une occupation ottomane plus longue que dans les autres pays balkaniques, l'Albanie ne devenant indépendante qu'en 1913 soit près d'un siècle après la Grèce et la Serbie, et enfin d'une tenace propagande albanophobe, qu'elle soit le fait de nationalistes italiens hostiles à l'immigration albanaise ou de nationalistes serbes opposés à l'indépendance du Kosovo albanophone. Briser ce mythe c'est avant tout rendre hommage au peuple albanais, libéré depuis un peu moins de vingt ans de la dictature communiste la plus sombre d'Europe. Mais c'est aussi, d'un point de vue eurocentré, insister sur le principe de réconciliation nécessaire entre tous les Européens.

  • 1. Premier sous-mythe: les Albanais et l'islam.

Il est de bon ton de considérer l'Albanie comme un pays musulman sous prétexte que, selon une statistique de 1930, 70% des Albanais seraient musulmans, partagés entre l'islam sunnite et un islam hétérodoxe, le bektashisme. Aujourd'hui, en 2009, les chiffres sont en apparence contradictoire, utilisés selon les intérêts de tel ou tel groupe politique. Ainsi, la CIA estime que 80% des Albanais seraient musulmans, alors qu'en revanche selon le WCE[1] 39% des Albanais seraient musulmans et 35% chrétiens. Enfin, le site Operation World annonce même une dominante chrétienne avec 42% des albanais contre environ 39% de musulmans. Selon enfin le mouvement albanais Vargmal (« chaîne de montagnes »), 75% des Albanais seraient plus ou moins athées ou sans religion définie, indiquant que selon un sondage pour 62% des Albanais la religion n'est pas importante alors que seulement 33% estiment le contraire (et 75% contre 20% chez les 15-24 ans).

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15/02/2010

Percy Jackson ou le retour des dieux

percy-jackson-le-voleur-de-foudre-15035-561023112.jpgTirée d'une série de romans de Rick Riordan (cinq volumes sortis), l'adaptation cinématographique du premier roman était attendue. Il n'est pas fréquent de retrouver les dieux de la mythologie classique dans un contexte moderne, les USA d'aujourd'hui. Le concept original, qui annonce une forme de retour des dieux anciens, mérite à lui seul d'aller voir ce film aux effets spéciaux de qualité. 

L'idée est que les dieux continuent d'entretenir des relations avec des mortelles, aboutissant à la naissance d'une progéniture abondante, des demi-dieux ou héros formés dans une école d'arts martiaux à l'écart du monde des mortels. Dans ce cadre, le jeune Percy, en réalité Perseus, véritable réincarnation de son homonyme, qui a été éduqué par sa mère à New York en l'absence de son père, le dieu Poséidon lui-même, est amené à découvrir ses pouvoirs alors qu'il est confronté à divers monstres de l'antiquité, comme le Minotaure, Méduse et l'Hydre, et qu'il est accusé par le plus puissant des dieux, Zeus lui-même, d'avoir volé le foudre céleste.

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Mythe n°4 : la Turquie est un pays européen - par Thomas Ferrier

foulard_turquie_120-2.jpgCe mythe est d'une certaine manière l'antithèse du mythe précédent concernant le peuple russe. Michel Rocard et les partisans de l'intégration de la Turquie à l'Union Européenne présentent ce pays comme naturellement européen, mais en mettant l'accent sur des critères essentiellement géographiques ou en reliant l'européanité à l'adoption d'un certain nombre de valeurs comme la démocratie et les droits de l'homme. Ceux-là même qui nient l'européanité de la Russie, ou présentent son intégration comme impossible en raison du poids démographique et de la superficie du territoire, sont parmi les plus ardents partisans de l'adhésion turque, adhésion dont les pourparlers ont commencé au printemps 2005. La raison principale de ce soutien est que la Turquie est membre depuis le début des années 50 de l'OTAN, et l'alibi est que De Gaulle et Adenauer auraient fait une vague promesse aux dirigeants turcs en 1963 de permettre l'accès à la Turquie de la communauté économique européenne.

  • 1. La question géographique.

La Turquie est composée de deux parties, à savoir la Thrace orientale, appelée « Turquie d'Europe », et l'Anatolie (Anadolu), appelée également « Asie mineure » ou « Turquie d'Asie ». La première représente seulement 3% de la superficie du pays et compte un peu moins de 10 millions d'habitants, c'est-à-dire environ 14% de la population turque totale.

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14/02/2010

Mythe n°3 : la Russie est un pays eurasiatique - par Thomas Ferrier

anna-kournikova-picture-1.jpgDepuis une dizaine d'années, le russe Alexandre Douguine, jadis membre de Pamyat, représentant de la « nouvelle droite » et adepte de l'idéologie nationale-bolchevique, a développé une conception eurasiatique de la Russie, au sein de sa structure, le Parti « Eurasie » (Evrazia). Le passé extrémiste de ce penseur russe n'a semble-t-il pas empêché certains politologues français de voir en lui la référence idéologique principale de la politique de Vladimir Poutine. Aujourd'hui, Douguine se veut au nom d'une conception pérennialiste le moteur d'une conception eurasienne de la Russie, ouvertement favorable à l'islam et à la Chine, et est en ce sens le négateur de la stricte européanité de son pays. Avant d'expliquer en quoi la Russie est un pays européen, et seulement européen, rappelons brièvement les racines de cette conception.

Sous le prétexte du fait que la Russie a été occupée pendant plusieurs siècles par les conquérants mongols, ce qui a isolé le pays d'un certain nombre de courants de pensée issus du reste de l'Europe, et selon l'idée arbitraire de certains occidentaux choqués par une certaine brutalité russe, beaucoup de penseurs européens et même russes en sont venus à penser sincèrement que la Russie n'était pas un pays européen. Le grand écrivain Dostoïevski déclara ainsi qu' « en Europe, nous sommes des tatars mais en Asie, nous sommes aussi des européens » et ajouta en outre, et dans le même ordre d'idées, que « le russe n'est pas seulement un européen, il est aussi un asiatique ». L'adage traditionnel du « grattez le russe et vous verrez le tatar » n'est pas pour rien dans cette vision des choses. Le poète Aleksandr Blok ajouta que « oui, nous sommes des huns, nous sommes asiatiques ». Bien évidemment, dans le camp d'en face, et notamment en Allemagne, les théoriciens de l'infériorité slave par rapport au « génie germanique », se sont régalés de ce genre de remarques, à la différence d'un Nietzsche voyant dans la Russie non seulement un pays européen mais le pays capable d'unifier et de revigorer la psychê européenne.

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Lupercales: la vraie St-Valentin

Ohne dich ("Sans toi") (Rammstein, remix de Laibach)

L’association du milieu du mois de février avec l’amour et la fertilité date de l’antiquité. Dans le calendrier de l’Athènes antique, la période de mi-janvier à mi-février était le mois de Gamélion, consacré au mariage sacré de Zeus et de Héra.

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