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22/05/2011

De Gaulle contre les souverainistes

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De-Gaulle-et-l-Europe-int%C3%A9gr%C3%A9e.jpgAu sein de l’histoire politique française du XXème siècle, la figure du général De Gaulle conserve une place à part, presque unaniment honorée par toute la classe politique nationale, désormais rejointe par l’extrême-droite, à l’exception peut-être de l’extrême-gauche. Toutefois, ceux qui s’en revendiquent explicitement, s’attribuant le terme de « gaullistes », divergent profondément des options politiques et philosophiques assumées ou défendues dans l’intimité par le général. Dupont-Aignan, à l’instar de Pasqua auparavant, ou encore du souverainiste Couteaux, voit dans De Gaulle une figure souverainiste, presque nationaliste, refusant toute idée d’une Europe unie au-delà d’une très vague « Europe des nations » basée sur une libre coopération. Certains autres au nom de De Gaulle proclament une certaine forme de germanophobie. Chirac ou Villepin se sont également revendiqués du grand homme, sans que cela n’apparaisse spécialement dans leur programme.

Or il apparaît que De Gaulle était un personnage beaucoup plus complexe, et controversé, que ses défenseurs officiels ne veulent bien le croire. Certains s’insurgent contre la revendication, récente, de Marine Le Pen d’être dans la continuité idéologique de De Gaulle. Ils ont raison de s’en insurger mais cette dernière se revendique du même faux « De Gaulle » que celui de ses adversaires de l’UMP. Alors, quel était donc le vrai De Gaulle, selon moi, et qui en est au final l’héritier légitime, s’il en est un.

De Gaulle est d’abord l’homme du 18 juin 1940, celui qui a dit non à la résignation face à la défaite et à l’occupation du territoire national par l’armée allemande. Son geste repose sur un pari selon lequel l’Allemagne ne pourra pas gagner la guerre et qu’il faut offrir à la France la meilleure place au sein de l’Europe future libérée par les alliés. Ce pari est dans l’autre camp le même qu’un Laval qui croit à la victoire de l’Allemagne et cherche de son côté à assurer à la France un sort meilleur. De Gaulle reconnaît explicitement cette parenté inversée, en affirmant dans ses Mémoires de guerre, « si j’ai eu tort, c’est que Laval et Déat ont eu raison ». En fait, c’est la position mi-figue mi-raison d’un Pétain qui insupporte profondément Charles De Gaulle, la position de celui qui ne choisit pas son camp, qui ménage l’occupant sans se rallier à lui, qui ménage aussi l’opposition à ce même occupant mais là encore sans s’y rallier. L’attitude d’un Mitterrand, qui fut son adversaire politique en 1965, était sensiblement la même que celle de Pétain, à savoir un ralliement à l’Etat français, dont il reçut la francisque, puis une évolution progressive vers la résistance.

De Gaulle, premier résistant. De Gaulle, qui réussit à épargner à la France l’AMGOT, une occupation gouvernementale américaine du territoire national, et à permettre à son pays de faire partie des vainqueurs de 1945, au grand étonnement des autorités allemandes présentes pour signer la capitulation. De Gaulle, qui a simplement fait un pari à partir de sa culture stratégique et géopolitique, un pari gagnant. Mais De Gaulle a toujours respecté son ennemi, et c’est tout à son honneur, et n’a jamais cédé aux ficelles grossières de la diabolisation. En Russie, il s’exclame ainsi « quel grand peuple ! ». Ses hôtes russes s’imaginent qu’il parle de leur peuple, alors qu’il évoque les allemands, dont il admire la volonté militaire qui les a amenés au cœur de la Russie d’Europe. Dans ses Mémoires de guerre, il évoque le défunt chancelier comme un « sombre Titan », usant même de l’expression de Nietzsche à propos de Napoléon, « mélange de l’inhumain et du surhumain ». Ce n’est pas une apologie, mais c’est encore moins une opprobre. Il évoque aussi la réconciliation franco-allemande, une nécessité évidente à ses yeux, même lorsqu’elle est prônée par un certain Heinrich H. dans un courrier que ce dernier lui fait parvenir.

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25/04/2011

Nucléaire civil : une nécessité malhonnêtement contestée

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nukelogo2.jpgEn ce lundi de Pâques, le journal Le Monde m’informe des déclarations du candidat à l’investiture des écologistes pour les élections présidentielles de 2012, à savoir le présentateur de télévision Nicolas Hulot. A propos du nucléaire, Hulot déclare que « l’objectif de sortir du nucléaire est un objectif prioritaire ». Selon lui, ce sont les évènements de Fukushima qui lui auraient faire prendre conscience de cette nécessité. En réalité, Hulot cède sur un dogme fondamental, et aberrant, des pseudo-écologistes de gauche incarnés en France par Europe Ecologie – Les Verts et en Allemagne par Die Grünen. Lubie idéologique de l’ « écologie » pastèque, elle cache sous des traits écologiques une idéologie gauchiste, et mondialiste.

Pour répondre à cette propagande honteuse, s’appuyant sur la souffrance réelle des populations japonaises, dans un contexte très particulier, un tsunami conjoint avec et induit par un tremblement de terre particulièrement important, 9 sur l’échelle de Richter, l’ancien ministre Claude Allègre a réagi dans un ouvrage sur la peur du nucléaire dont il fait la promotion sur divers plateaux télévisuels. En substance, il énonce un positionnement pro-nucléaire qui est aussi le mien mais en lui fournissant des billes supplémentaires. Je vais y revenir.

Le premier point important à souligner c’est l’impudeur des militants de la cause écologiste en la matière. S’inspirant d’un cas contextuel, et non représentatif, ils partent de là pour exiger l’abandon du nucléaire tout en proposant un mensonge, incarné par les énergies prétendument renouvelables, qui ne sont absolument pas capables de correspondre aux besoins énergétiques de l’Europe d’aujourd’hui et encore moins à celle de demain, et qui en vérité, notamment concernant les éoliennes, consomment plus au final qu’elles ne produisent, et sont d’une inesthétique avérée, dénaturant nos paysages. On se souvient qu’à l’origine le rejet par certains écologistes du nucléaire civil tient à son association au nucléaire militaire et à l’option pacifiste, là encore de type gauchiste et 68-ard, qui anime ces individus. Il n’y a aucune rationalité ni aucune objectivité dans ce refus. Les risques, réels et qu’il ne faut pas sous-estimer, du recours au nucléaire, impliquent certes une vigilance certaine, des vérifications régulières des installations, des mises aux normes, un investissement constant de l’Etat.

En Allemagne, Angela Merkel prône désormais l’abandon du nucléaire, et remet en cause l’option de la CDU qui était de les maintenir le plus longtemps possible. On attend de voir le ministre du budget expliquer l’ineptie de cet abandon à son chancelier. En Suisse aussi, les lobbies écologistes, ou plutôt pseudo-écologistes, travaillent d’arrache-pied pour obtenir la fermeture des cinq centrales existantes. En revanche, les Finlandais, qui ont un sacré bon sens, ne cèdent pas à ce délire collectif et entendent toujours construire de nouvelles centrales nucléaires afin de répondre à leurs besoins énergétiques.

Le mythe des énergies renouvelables, ce qui ne signifie pas que certaines centrales solaires pourraient constituer une force d’appoint au nucléaire, est destiné à tromper la population en prétendant que des solutions alternatives crédibles existeraient déjà. Ce n’est pas et ce ne sera pas le cas. En revanche, ce que les pseudo-écologistes ne disent pas, c’est que les centrales nucléaires de 4ème génération pourront retraiter comme combustibles une bonne partie des déchets produits actuellement, comme le disait courroucé un abonné au Monde sur le site du journal. N’oublions pas que le nucléaire civil progresse continuellement et que pour financer sa recherche il faut construire des centrales afin de montrer que c’est une énergie à laquelle on croit et qu’on soutient.

Contrairement aux mensonges des pseudo-écologistes, alors qu’un vrai écologiste comme l’écossais James Lovelock, inventeur de la « théorie Gaia », et soucieux du réchauffement planétaire, explique que seuls nucléaire et géo-ingénierie sauveront notre planète, il faut repenser complètement notre politique de l’énergie mais pas dans leur sens.

Allègre explique qu’il faudrait une commission indépendante de citoyens afin de vérifier les centrales nucléaires. On sait que le tout étatique, à la soviétique, a échoué (Tchernobyl). On sait que le tout privé, à la japonaise, a aussi échoué (Fukushima). Ainsi, c’est bien par un équilibre entre capital public et capital privé, avec un Etat interventionniste mais des comités de sécurité indépendants, que l’on peut éviter des dérives et maintenir les centrales nucléaires en très bon état. Allègre explique aussi qu’il ne faut pas construire de centrales n’importe où. Il estime ainsi qu’en Italie ou en Grèce, pays soumis à des problèmes sismiques réguliers, il ne faudrait pas construire de centrales nucléaires. On pourrait y ajouter les zones notoirement connues comme inondables.

Moralité, pour axer la politique énergétique sur le nucléaire, on ne peut pas le faire au niveau national, mais contrairement à Allègre, je ne crois pas non plus qu’il faille la penser de manière mondiale. Là encore, en ce domaine comme dans tant d’autres, la bonne échelle c’est l’Europe. Dans ce cadre, le PSUNE, seul parti résolument européaniste sur notre continent, préconise une nouvelle politique européenne de l’énergie, s’inspirant du travail en commun de l’Euratom, institution européenne s’il en est, et entend combattre sans angélisme la propagande de prétendus « écologistes ».

L’Europe doit en tant qu’entité politique unitaire axer principalement, et à rebours du discours ambiant, sa politique de l’énergie sur le nucléaire civil. Il s’agit pour elle de maintenir dans le meilleur état possible les centrales nucléaires existantes, de les mettre à niveau au plus tôt, de fermer en revanche celles qui ne sont pas adaptables. Je ne connais pas précisément le cas de Fessenheim mais je n’aurais pas d’état d’âme quant à l’idée de fermer une centrale nucléaire si des raisons de sécurité objectives le nécessitaient. Un certain nombre de centrales de l’ex-URSS nécessitent à mon avis une fermeture définitive.

Il convient donc de construire de nouvelles centrales nucléaires mais de nouvelle génération, de quatrième génération, et d’abandonner l’essentiel des financements pour les énergies dites renouvelables (sauf énergie marémotrice et centrales solaires grand format), d’abandonner notamment la construction d’éoliennes et de planifier leur disparition progressive. Les économies générées seront intégralement investies dans la recherche et le développement, tout en permettant aux européens de payer leur énergie à prix raisonnable, ce qui ne serait pas le cas si les pseudo-écologistes dirigeaient, augmentant considérablement le prix de l’énergie pour chaque citoyen, ce qui est une mesure absolument anti-socialiste mais destinée aux « bobos » qui eux peuvent se permettre de payer plus pour avoir « bonne conscience ».

En effet, l’avenir du nucléaire n’est pas et n’a jamais été la fission que l’on utilise actuellement. Bien entendu, il faut améliorer les centrales existantes et construire des centrales plus performantes. Mais à terme, la seule solution énergétique efficace, sans risques, et nous permettant d’abandonner presque totalement les énergies fossiles reste la fusion nucléaire, c'est-à-dire la construction de centrales à hydrogène permettant de produire une énergie de nature comparable à celle du soleil, l’astre qui nous insuffle la vie.

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Pour le moment, les centrales nucléaires à fission de quatrième génération devront être construites en Europe dans les zones les moins soumises aux catastrophes naturelles, c'est-à-dire la grande plaine d’Europe, allant de la France du nord à la Russie. L’énergie générée sera répartie équitablement entre tous les européens, même si la production d’énergie nucléaire ne sera pas présente partout, et ne devra pas l’être, pour les raisons évoquées.

Thomas Ferrier
Secrétaire général du PSUNE

26/03/2011

Mythe n°7 : l’écriture est née à Sumer

« L’histoire est née à Sumer », tel était le titre du remarquable ouvrage du sumérologue Samuel Kramer, et il est vrai que les premiers documents de nature historiographique remontent à l’époque des cités-états de l’ancienne Mésopotamie asianique [ce terme désignant les populations non-sémitiques et non-indo-européennes de l’Asie mineure et par extension du Proche-Orient]. En revanche, il convient de s’interroger sur le fait de considérer les Sumériens comme les inventeurs de l’écriture puisqu’il est établi que l’écriture est apparue en Egypte postérieurement, probablement sous leur influence, l’apparition de l’écriture, plus tardive, en Chine, étant probablement indépendante. Notons par ailleurs que la langue sumérienne, agglutinante, n’est apparentée à notre connaissance à aucun des grands groupes linguistiques connus, et qu’il est probable que les Sumériens ne soient pas autochtones en Mésopotamie mais proviennent du nord du Caucase.

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Toutefois des inscriptions bien énigmatiques datées d’au moins le VIème millénaire et retrouvées dans la région balkanique de Vinca ont mis en doute la naissance de l’écriture chez les Mésopotamiens. Cette écriture dite de « Vinca », et qui n’a pu être déchiffrée de manière satisfaisante, présente toutes les caractéristiques de la retranscription écrite d’un langage. L’écriture à Sumer a été introduite pour des raisons économiques alors que l’écriture de Vinca, décrivant l’environnement naturel et les activités humaines, pourrait avoir une dimension davantage spirituelle.

Parmi les symboles en usage, on retrouve le soleil et la lune, dessinés de manière assez comparable avec ce qu’ont pu faire par la suite nos ancêtres, et des caractères qui pourraient s’apparenter à des nombres (au moins de 1 à 5 et probablement jusqu’à 100). On trouve en outre à de nombreuses reprises différentes formes de svastika et de sauvastika, y compris une qui rappelle les représentations baltes de ce symbole très ancien. Certains pictogrammes pourraient indiquer la maison, le village, le fleuve, la chasse, le ciel, la terre, le feu, certains animaux (cheval, cerf, chien, oiseau… etc) ou encore l’homme et la femme. On retrouve là les éléments de base des religions polythéistes et des sociétés villageoises.

Bien que cette langue ne soit pas déchiffrée par les spécialistes, ces différents éléments pourraient indiquer qu’il s’agit d’une écriture sacrée, ce qui expliquerait pourquoi elle n’a pas eu de descendance, à la différence de l’écriture cunéiforme ou de l’écriture linéaire. L’idée que cette écriture ait pu retranscrire une langue indo-européenne voire le proto-indo-européen lui-même n’est pas du tout à exclure. En allant plus loin, cette écriture était peut-être celle des prêtres indo-européens, les *bhlagmenês, honorant les divinités par l’utilisation de symboles sacrés.

Ce qui est évident à la vue des caractères composant l’écriture de Vinca, c’est qu’il s’agissait bien de la première forme d’écriture, bien avant les Sumériens, et qu’elle est née en Europe. Le mythe tenace selon lequel l’Europe, y compris néolithique, ne devrait son développement qu’à l’orient, le lux ex oriente, semble donc prendre du plomb dans l’aile. L’image d’Epinal selon laquelle l’agriculture viendrait de Mésopotamie et aurait été apportée par des migrants en Europe pourrait être la prochaine à s’effondrer.

Thomas Ferrier

02/05/2010

Albanie: où sont les burqas ?

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Manifestation de gauche dans les rues de Tiranë. Vous y voyez un pays non-européen, vous ? Source (Forum)

22/02/2010

Mythe n°6 : « Europê » est d’origine phénicienne - par Thomas Ferrier

Europa_on_bull_2.jpgDe manière récurrente, dans la plupart des ouvrages consacrés à l'histoire de l'Europe, revient tout à fait naturellement le mythe de la princesse Europê, à laquelle on associe systématiquement une origine phénicienne, alors que d'autres variantes lui en donnent une crétoise. A ce mythe on en ajoute généralement un autre, par le biais d'une étymologie fantaisiste rattachant le nom de la grecque Europê à un vocable d'origine sémitique.

Cette idée d'attribuer au nom qui désigne notre continent une origine étrangère, non-européenne et non-hellénique, n'est pas innocente, car elle est le reflet de l'idéologie dominante dans les media cherchant selon le mythe chrétien de la lux ex oriente, « la lumière venant de l'orient », à nier le génie propre à notre civilisation, qui serait nécessairement tributaire des autres. Il est ainsi exact que les écritures européennes modernes sont  issues de l'alphabet phénicien, ce qui ne signifie pas que d'autres signes spécifiquement européens n'aient pas été ajoutés, pour représenter les voyelles par exemple, et que l'Europe ait été sans écriture auparavant, puisqu'elle en a été vraisemblablement la créatrice, et que la Grèce possédait déjà l'écriture linéaire (le linéaire B) à l'époque mycénienne, écriture qui ne doit rien à l'orient.

Il est donc convenu de considérer le nom d'Europê comme venant du phénicien ereb, désignant le couchant. Voilà qui témoigne d'une méconnaissance profonde des bases mêmes de la linguistique. Il suffit de songer que le terme grec Erêbos, qui ressemble bien davantage à ce terme phénicien, vient par exemple de l'indo-européen *regwos, désignant le ciel intermédiaire (auroral et crépusculaire). De manière récurrente, et à quelques exceptions notables près, on a donc choisi de négliger l'étymologie authentique du nom d'Europê, qui signifie en réalité « au large regard ». Le terme est composé du grec εύρυς, « large », et όπη, « vue » (indo-européen *werus + *okw-).

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21/02/2010

Mythe n°5 : les Albanais sont musulmans et ne sont pas européens - par Thomas Ferrier

dita-e-veres-009.jpgParmi les mythes politiques qui ont la vie dure apparaît naturellement celui de la non-européanité des Albanais, considérés ainsi en raison de l'islamité relative de l'Albanie, d'une occupation ottomane plus longue que dans les autres pays balkaniques, l'Albanie ne devenant indépendante qu'en 1913 soit près d'un siècle après la Grèce et la Serbie, et enfin d'une tenace propagande albanophobe, qu'elle soit le fait de nationalistes italiens hostiles à l'immigration albanaise ou de nationalistes serbes opposés à l'indépendance du Kosovo albanophone. Briser ce mythe c'est avant tout rendre hommage au peuple albanais, libéré depuis un peu moins de vingt ans de la dictature communiste la plus sombre d'Europe. Mais c'est aussi, d'un point de vue eurocentré, insister sur le principe de réconciliation nécessaire entre tous les Européens.

  • 1. Premier sous-mythe: les Albanais et l'islam.

Il est de bon ton de considérer l'Albanie comme un pays musulman sous prétexte que, selon une statistique de 1930, 70% des Albanais seraient musulmans, partagés entre l'islam sunnite et un islam hétérodoxe, le bektashisme. Aujourd'hui, en 2009, les chiffres sont en apparence contradictoire, utilisés selon les intérêts de tel ou tel groupe politique. Ainsi, la CIA estime que 80% des Albanais seraient musulmans, alors qu'en revanche selon le WCE[1] 39% des Albanais seraient musulmans et 35% chrétiens. Enfin, le site Operation World annonce même une dominante chrétienne avec 42% des albanais contre environ 39% de musulmans. Selon enfin le mouvement albanais Vargmal (« chaîne de montagnes »), 75% des Albanais seraient plus ou moins athées ou sans religion définie, indiquant que selon un sondage pour 62% des Albanais la religion n'est pas importante alors que seulement 33% estiment le contraire (et 75% contre 20% chez les 15-24 ans).

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15/02/2010

Mythe n°4 : la Turquie est un pays européen - par Thomas Ferrier

foulard_turquie_120-2.jpgCe mythe est d'une certaine manière l'antithèse du mythe précédent concernant le peuple russe. Michel Rocard et les partisans de l'intégration de la Turquie à l'Union Européenne présentent ce pays comme naturellement européen, mais en mettant l'accent sur des critères essentiellement géographiques ou en reliant l'européanité à l'adoption d'un certain nombre de valeurs comme la démocratie et les droits de l'homme. Ceux-là même qui nient l'européanité de la Russie, ou présentent son intégration comme impossible en raison du poids démographique et de la superficie du territoire, sont parmi les plus ardents partisans de l'adhésion turque, adhésion dont les pourparlers ont commencé au printemps 2005. La raison principale de ce soutien est que la Turquie est membre depuis le début des années 50 de l'OTAN, et l'alibi est que De Gaulle et Adenauer auraient fait une vague promesse aux dirigeants turcs en 1963 de permettre l'accès à la Turquie de la communauté économique européenne.

  • 1. La question géographique.

La Turquie est composée de deux parties, à savoir la Thrace orientale, appelée « Turquie d'Europe », et l'Anatolie (Anadolu), appelée également « Asie mineure » ou « Turquie d'Asie ». La première représente seulement 3% de la superficie du pays et compte un peu moins de 10 millions d'habitants, c'est-à-dire environ 14% de la population turque totale.

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14/02/2010

Mythe n°3 : la Russie est un pays eurasiatique - par Thomas Ferrier

anna-kournikova-picture-1.jpgDepuis une dizaine d'années, le russe Alexandre Douguine, jadis membre de Pamyat, représentant de la « nouvelle droite » et adepte de l'idéologie nationale-bolchevique, a développé une conception eurasiatique de la Russie, au sein de sa structure, le Parti « Eurasie » (Evrazia). Le passé extrémiste de ce penseur russe n'a semble-t-il pas empêché certains politologues français de voir en lui la référence idéologique principale de la politique de Vladimir Poutine. Aujourd'hui, Douguine se veut au nom d'une conception pérennialiste le moteur d'une conception eurasienne de la Russie, ouvertement favorable à l'islam et à la Chine, et est en ce sens le négateur de la stricte européanité de son pays. Avant d'expliquer en quoi la Russie est un pays européen, et seulement européen, rappelons brièvement les racines de cette conception.

Sous le prétexte du fait que la Russie a été occupée pendant plusieurs siècles par les conquérants mongols, ce qui a isolé le pays d'un certain nombre de courants de pensée issus du reste de l'Europe, et selon l'idée arbitraire de certains occidentaux choqués par une certaine brutalité russe, beaucoup de penseurs européens et même russes en sont venus à penser sincèrement que la Russie n'était pas un pays européen. Le grand écrivain Dostoïevski déclara ainsi qu' « en Europe, nous sommes des tatars mais en Asie, nous sommes aussi des européens » et ajouta en outre, et dans le même ordre d'idées, que « le russe n'est pas seulement un européen, il est aussi un asiatique ». L'adage traditionnel du « grattez le russe et vous verrez le tatar » n'est pas pour rien dans cette vision des choses. Le poète Aleksandr Blok ajouta que « oui, nous sommes des huns, nous sommes asiatiques ». Bien évidemment, dans le camp d'en face, et notamment en Allemagne, les théoriciens de l'infériorité slave par rapport au « génie germanique », se sont régalés de ce genre de remarques, à la différence d'un Nietzsche voyant dans la Russie non seulement un pays européen mais le pays capable d'unifier et de revigorer la psychê européenne.

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07/02/2010

Mythe n°2 : La christianisation de l'Europe fut rapide et pacifique - par Thomas Ferrier

paien.gifUn autre mythe historique que l'on retrouve sous des plumes diverses et variées, et y compris par des historiens de qualité comme Paul Veyne, connu pour avoir démontré que « les grecs croyaient à leurs mythes », dans son dernier ouvrage « Comment l'empire romain est devenu chrétien », est celui de considérer la christianisation de l'Europe comme une évidence naturelle, et en conséquence comme aisée, comme si cette religion était attendue et comblait un manque.

A rebours de la vision de l'école anglo-saxonne telle qu'illustrée par l'historien Ramsay Mc Mullen, ou des travaux de Pierre Chuvin et jadis d'André Piganiol, l'école historique française contemporaine a rejeté l'accusation traditionnelle que l'on retrouve chez les derniers païens, chez Machiavel, chez Voltaire et Gibbon enfin, d'une religion chrétienne responsable de la chute de l'empire romain.

Parmi les historiens du monde scandinave, on notera également la dérive regrettable d'un historien spécialiste du monde viking aussi talentueux que Régis Boyer. Ce dernier, dans ses divers ouvrages, nie avec force les résistances païennes scandinaves à la christianisation et estime que cette dernière fut rapide.

Revenons donc aux faits. Veyne estime qu'à la veille de la conversion de Constantin au christianisme, l'empire romain comprenait 5% de chrétiens en son sein. Certes, les communautés chrétiennes étaient beaucoup plus fortes dans les cités d'orient, notamment en Anatolie et en Egypte. C'est dire à quel point dans la partie occidentale de l'empire cette nouvelle religion était faible. Si Constance Chlore, le propre père de Constantin, a appliqué de manière molle les décrets antichrétiens de Dioclétien, c'est avant tout parce qu'il n'y avait pas beaucoup de chrétiens en Gaule.

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Mythe n°1 : La France est née avec Clovis - par Thomas Ferrier

Clovis.jpgLes nationalistes et souverainistes français le répètent en cœur, la France naît avec la conversion au catholicisme du chef franc Ludwig (Chlodoweg), plus connu sous son nom latinisé de Clovis, à la fin du Vème siècle de l'ère chrétienne. Ce profond anachronisme, mis en particulier en avant au XIXème siècle, a la vie dure et constitue le premier lieu commun auquel nous allons nous attaquer.

Il convient en premier lieu de rappeler certaines données de l'équation, à savoir que le terme de « Gaule », Gallia en latin, est une invention romaine apposée à une réalité celte beaucoup plus complexe. Lorsque Jules César décide de conquérir les territoires celtiques indépendants, il n'est pas le premier romain à s'opposer aux tribus « gauloises ». Les Celtes d'Italie du Nord (Gaule cisalpine) et d'Espagne (Celtibères) mais aussi ceux du sud-est de notre territoire actuel, la Narbonnaise, sont déjà tombés sous les coups des légions romaines, parfois depuis plusieurs siècles. César sera ainsi confronté non seulement aux Celtes indépendants du continent, comprenant notamment les Belges et les Helvètes, mais aussi aux Celtes des Iles Britanniques, qui soutiennent leurs compatriotes d'au-delà de la Manche.

Ainsi, l'idée d'une Gaule éternelle, avec son unificateur Vercingétorix, ne résiste pas à l'analyse historique élémentaire. De même, les druides, prêtres représentant le polythéisme celtique, étaient formés hors de la « Gaule » pendant une partie de leur apprentissage.

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Les mythes contemporains de l'Europe

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Ces prochains jours, Le Blog Thomas Ferrier entend proposer de briser douze mythes contemporains de l'Europe, mythes nationalistes ou mondialistes devenus comme autant de topoi (lieux communs) en décalage profond d'avec la réalité historique, anthropologique, religieuse, idéologique ou géopolitique. Ces douze mythes, comme autant de têtes de l'hydre de Lerne, concernent en particulier la place du christianisme en Europe, les racines de la culture européenne et du nom même d' "Europe" et la vision faussée de la réalité historique propagée par les nationalistes, les libéraux et les marxistes.

Thomas Ferrier (PSUNE)


Les douze mythes contemporains de l’Europe:

1. La France est née avec Clovis.
2. La christianisation de l’Europe fut rapide et pacifique.
3. La Russie est un pays eurasiatique.
4. La Turquie est un pays européen.
5. Le christianisme est la religion de l’Europe.
6. « Europe » est d’origine phénicienne.
7. L’écriture est née à Sumer.
8. L’idée d’européanité est née avec la chrétienté.
9. L’Europe doit la redécouverte des auteurs antiques aux arabes.
10. L’européanisme est une idéologie mondialiste.
11. Le socialisme, c’est le marxisme.
12. La musique classique européenne est ringarde.