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15/12/2014

De la christianisation des divinités païennes. Du "pagano-christianisme".

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pagano-christianisme,paganisme,christianisme,dieux,ConstantinEn 313 après J.C, à la date où l’empereur Constantin signe son édit de tolérance et manifeste ainsi son soutien à la religion chrétienne, les chrétiens représentaient environ 5% de la population de l’empire. Ils étaient presque inexistants dans les campagnes et dans les cités d’Europe occidentale. En revanche, ils dépassaient les 25% dans les grandes cités d’Orient, à Alexandrie, Antioche et Carthage en particulier. L’Arménie, dans un contexte géopolitique particulier, était déjà passée quelques années auparavant au christianisme, sur décision de son souverain, Tiridate.

Pour favoriser la conversion des païens au christianisme, la stratégie de Paul de Tarse et de ses successeurs consista à colorer de paganisme la nouvelle religion afin de la rendre plus familière aux païens. A Jésus Christ on attribua des actes miraculeux, comme d’être revenu d’entre les morts après son auto-sacrifice, comme Héraclès, ou d’avoir ranimé des morts, comme Asclépios. Sa naissance par parthénogénèse rappelait aussi certains mythes païens, tel celui où Zeus s’unit à Danaé sous la forme d’une pluie d’or pour engendrer Persée.

Au IVème siècle, païens et chrétiens élaborèrent chacun une théologie complexe, s’imitant l’un et l’autre. Les païens, à l’instar de l’empereur Aurélien, instituèrent le culte solaire impérial, celui d’un Sol Invictus, le « Soleil Invincible », à la fois Apollon, Hélios, Belenos, Baal Shamin et Mithra. Julien invente même un mythe faisant d’Hélios, le dieu du soleil, à la fois Zeus et le Fils de Zeus, imitant ainsi les chrétiens.

L'empereur Constantin, le premier pagano-chrétien, qui était à l’origine un adepte du culte solaire, devenant chrétien, prit l’initiative de fusionner symboliquement les deux religions, de même qu’il n’effaça pas toutes traces de paganisme lorsqu’il fit bâtir Constantinople. Une représentation de Jésus monté sur le char du soleil a par ailleurs été retrouvée sous le Latran, faisant de lui le nouvel Apollon. Le 25 décembre, fête du dieu Sol Indiges dans la Rome républicaine, et désormais fête de Sol Invictus, fut institué anniversaire de Jésus Christ. Le dimanche ou « soldi », jour consacré au dieu du soleil, fut également attribué à Jésus et devint férié. Le jour férié traditionnel des païens de Rome était auparavant le jeudi, en l’honneur de Jupiter.

C’est ainsi que pour favoriser la conversion des Romains païens, c'est-à-dire de l’écrasante majorité des habitants de l’Europe occidentale et sud-orientale, mais aussi des populations germaniques, le christianisme choisit de récupérer les sanctuaires et les temples et instaura un culte des saints pour remplacer le culte des dieux. Un même processus eut lieu à chaque fois lorsqu’il s’agit de convertir l’Irlande, la Scandinavie, le monde slave ou la Lituanie.

Ainsi, le Dieu chrétien remplaça systématiquement le dieu suprême de chaque panthéon, se substituant à Zeus en Grèce, à Jupiter à Rome, à Lugh dans le monde celte, à Odhinn en Scandinavie ou à Svarog chez les Slaves. Le cas le plus emblématique est celui de la Lituanie païenne. En effet, les Lituaniens honoraient l’équivalent de Zeus sous le nom de Dievas, dont le nom signifie à la fois « Dieu » et « le ciel diurne ». Lorsque le duc Jogaila (Jagellon) choisit le christianisme, il attribua le nom du Dievas païen au Dieu chrétien, assurant ainsi une certaine forme de continuité. De même le dieu Velnias fut assimilé au Diable.

Souvent le dieu céleste et/ou suprême avait pour fils un dieu du soleil et de la lumière. A l’imitation de ce qu’avait fait Constantin, les évangélistes récupérèrent la figure de ce fils divin pour présenter sous ses traits Jésus Christ, paganisant la figure de ce judéen mort il y a deux millénaires. Le dieu Balder fils d’Odin ou le dieu Dazbog fils de Svarog furent ainsi récupérés. En revanche, les dieux qui ne convenaient pas à cette récupération furent rejetés.

Mais si le Dieu chrétien et son fils désormais solaire suffisaient à satisfaire plus ou moins les populations européennes, qui y retrouvaient d’une certaine façon des figures familières, les femmes avaient également besoin d’une figure féminine à laquelle se rattacher.

C’est ainsi que Marie, mère du Christ, à la fois déesse-vierge et déesse-mère, put remplir cet office, aidée de sa mère Anne et d’une cohorte de saintes imaginaires. Dans le monde gréco-romain, Marie fut ainsi associée aux déesses vierges, en particulier Athéna et Artémis. Ce n’est pas un hasard si les temples dédiés à Athéna, dont le fameux Parthénon d’Athènes, ou à la Brigantia celte furent ensuite dédiés à la Vierge Marie. Mais en tant que mère du Christ, elle fut également associée à la terre-mère, sous les traits de la Dêmêter grecque ou encore de le Zemyna lituanienne et de la Mokosh slave. Il est vrai que le nom de Marie, hellénisation précoce de l’hébraïque Myriam, pouvait être rapproché du terme indo-européen pour désigner la mère, *mater. Il y eut des exceptions à cette règle. Ainsi, en terre celte, Sainte-Anne remplaça la déesse maternelle Ana (ou Dana) et Sainte-Brigitte se substitua à la déesse Brighid, tandis que le Dieu chrétien remplaçait le vieux Daghda.

Chez les Germains, Thor et son marteau furent remplacés par Saint-Pierre et sa clé ouvrant les portes du paradis, tandis qu’un Saint Oswald, accompagné de deux corbeaux et de deux loups, arpentait les chemins en lieu et place d’Odin. De même, chez les Albanais, le nom du dieu de l’orage Perëndi servit à désigner le dieu chrétien, et son épouse Premtë devint Sainte-Prenda. Le dieu slave Perun sur son char fut remplacé par Saint-Elie tandis que le dieu des troupeaux Volos devenait Saint-Basile.

Avec Constantin et ses successeurs, avec le pape Grégoire qui au début du VIIème siècle prôna ouvertement cette stratégie de récupération des hauts lieux du paganisme, naquit le pagano-christianisme, que les Russes appellent « dvoeverie » (двоеверие) ou « double foi ». Les populations européennes, restées fondamentalement païennes, devinrent superficiellement chrétiennes. Elles continuèrent d’honorer les anciens dieux derrière le masque des saints, le Dieu des païens derrière le Dieu chrétien, représenté comme un dieu barbu lanceur de foudre dans la conscience collective (Jupiter), au point où Dante parlera à propos du Christ de « Jupiter pour nous crucifié ». Le Parthénon de Rome fut associé à une Santa Minerva tandis que la cité de Dêmêtêr, Eleusis, fut associée à une Hagia Dimitra.

Ce pagano-christianisme dura mille ans environ. Il témoigne de la résistance païenne qui obligea les chrétiens à adapter leur culte pour espérer les soumettre à défaut de les convaincre. Le culte des dieux était si profond que les grandes figures mythologiques subsistèrent, au point où Jean Seznec put parler de leur « survivance », au point où la Renaissance, pourtant respectueuse du christianisme, donna l’impression d’une résurrection du paganisme.

Cette Rome quasi païenne, si éloignée des enseignements bibliques, suscita une réaction chrétienne, matérialisée par des figures comme Calvin et Luther. Tout cela est bien sûr lié à l’invention de l’imprimerie par Gutenberg. En se plongeant dans les textes bibliques, et notamment dans l’Ancien Testament, ils virent la différence considérable entre le christianisme d’avant Constantin et celui d’après, et voulurent retrouver la religiosité des premiers chrétiens. L’Eglise catholique, pour s’opposer à cette « réforme » qui menaçait ses fondements, institua une « contre-réforme », avec le concile de Trente, répondant aux accusations en se dépaganisant elle-même. Ce fut la « nouvelle évangélisation ». En France notamment, elle n’eut qu’une conséquence, la déchristianisation. Cela ne fut pas le cas des pays orthodoxes, où l’Eglise conserva ses traits païens. En coupant les racines païennes de la religiosité populaire, l’Eglise commit une erreur majeure. Et ce n’est pas un hasard si l’athée Sade en 1795 en vint à prôner la réinstallation du paganisme comme religion du peuple.

Le pagano-christianisme, religion hybride du moyen-âge européen, où l’Arthur païen était le modèle du bon roi chrétien, disparut. Les coups de la réforme et de la contre-réforme tridentine, puis ceux de la modernité, en eurent raison. Paganisme et christianisme à nouveau séparés, ils vécurent chacun leur vie. Le second chercha à maintenir sa position de force, malgré la révolution française et l’athéisation des sociétés modernes. Le premier chercha en revanche sa renaissance, qui en ce début du XXIème siècle est réelle mais encore très modeste.

Thomas FERRIER

(Illustration: représentation du Christ en Sol, dieu du soleil, Saint-Pierre du Latran)

14/12/2014

Lexique du partisan européen - "Laïcité"

LAICITE

laïcité,europe,paganisme,christianisme,humanismeDu grec λαϊκος, « populaire ». La laïcité est la préservation de la tradition populaire, de la « coutume ancienne ». C’est pour avoir voulu introduire de nouvelles divinités dans la cité et influencer défavorablement la jeunesse vis-à-vis des cultes traditionnels que Socrate fut condamné à Athènes par un jury populaire. C’est au nom de la laïcité romaine que la République fit interdire les Bacchanales et que l’empereur Auguste bannit le culte isiaque en dehors de la cité de Rome.

Si l’empire romain sut se montrer tolérant à l’égard des cultes pratiqués par les nombreux pérégrins issus de l’ensemble de l’empire, et dont beaucoup devinrent citoyens, c’est parce qu’il s’agissait de cultes locaux et/ou nationaux qui ne revendiquaient pas la place de religion officielle à Rome. En revanche, lorsque des nouveaux courants religieux à caractère sectaire remettaient en cause la religion romaine, les autorités les réprimaient avec une grande sévérité.

C’est au nom de la laïcité romaine que les Judéens purent bénéficier de nombreuses dérogations destinées à leur permettre de pratiquer leur culte en conformité avec les rites ancestraux, des rites qui en revanche étaient interdits aux Romains, comme le circoncision, assimilée à une mutilation.

En revanche, face au manichéisme et au christianisme, qui s’opposaient à la religion romaine, qualifiée de « fausse », et qui remettaient en cause le culte des dieux traditionnels, assimilés à des « démons », la laïcité romaine mit en place un appareil répressif. Ce n’est que lorsque les empereurs romains passèrent au christianisme, se substituant comme religion officielle au polythéisme romain, que la laïcité antique s’éteignit. Certes le christianisme, à la différence de l’islam, affirme la séparation du trône et de l’autel, mais dans les faits, soumet le trône à l’autel.

En Europe moderne, la laïcité repose sur la défense des valeurs et traditions de la civilisation européenne, héritées de la plus longue mémoire, marquées par le polythéisme indo-européen (gréco-romain, celte, germanique…), le christianisme et l’humanisme de la Renaissance et des Lumières. Toute religion nouvelle ou importée doit se soumettre à nos traditions européennes ou se démettre. La laïcité n’est pas un traitement égal pour toutes les religions, mais la suprématie de l’européanité sur la religion. En ce sens, les religions européennes (païennes) ou fortement européanisées (chrétiennes) sont compatibles avec la laïcité, tout comme la forme européanisée prise par l’islam dans les Balkans. Et la dérogation romaine dont bénéficie le peuple judéen fait aussi partie de nos traditions ancestrales que la laïcité a pour mission de préserver.

Le combat pour la laïcité en Europe est donc de veiller à maintenir en situation dominante la religiosité populaire européenne, le triple héritage païen/chrétien/humaniste, et les valeurs civilisationnelles de notre continent, face à toutes les religions qui voudraient s’implanter sur notre sol en bafouant nos principes.

Thomas FERRIER

20/10/2014

Contre l'universalisme, source de tout impérialisme

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universalisme,impérialisme,différences,civilisations,mondialismeLa première forme d’universalisme émerge dans l’ancienne Perse, sous la gouvernance des Achéménides. Après s’être substitué à leurs cousins mèdes, les Perses vont à partir de Cyrus se constituer un vaste empire, allant de la Mer Egée jusqu’à l’Inde. L’empire perse comprendra en son sein non seulement des populations iraniennes et iranophones, comme les Mèdes ou les Scythes, mais aussi des Grecs et des Arméniens, et surtout le monde ouest-sémitique (Babylone) et l’Egypte. De ce fait, la Perse formera un empire multiculturel. Néanmoins elle ne s’assumera jamais réellement comme universelle, car la religion zoroastrienne est une religion ethno-nationale qui oppose les Perses et les non-Perses, ces derniers étant assimilés à « Turan », le royaume (mythique) ennemi de l’Iran. Ainsi, seuls les Iraniens de souche pouvaient (et peuvent encore) être zoroastriens.

C’est sur cet embryon d’universalisme non assumé qu’intervient Alexandre. Le conquérant macédonien se substituera aux shahs de Perse mais en s’émancipant à la fois du rigorisme zoroastrien et des enseignements hellénocentrés d’Aristote. Certes, dans la réalité, l’universalisme d’Alexandre se limitera à unir par le mariage des Grecs et Macédoniens avec des femmes de la noblesse perse. Mais très vite, une fois le roi macédonien mort, et alors que ces mariages prendront fin aussi vite qu’ils auront été conclus, les monarchies hellénistiques qui lui survivront assumeront une idéologie universaliste explicite. Cela sera notamment le cas de la dynastie lagide en Egypte mais aussi des Séleucides en Orient.

Alors qu’un athénien de l’époque de Périclès aurait considéré la culture grecque comme l’apanage des seuls vrais Grecs, désormais l’hellénisme se répand en orient. Une ville comme Alexandrie sera le symbole de cette étrange fusion entre Grèce et Orient. Ce n’est pas un hasard si elle deviendra bien des années après un centre chrétien de première importance.

Alors que la Rome républicaine aspirait à unir des peuples proches, comme les autres tribus italiques, une forme d’universalisme romain se mit en place progressivement au gré des conquêtes. Certes Caton dénoncera la « fides punica » de Carthage et Virgile opposera les dieux anthropomorphes de Rome aux dieux zoomorphes de l’Egypte. C’est parce qu’il a trahi Rome pour succomber aux séductions orientales qu’Antoine sera aisément démonisé par Octavien qui, devenu Auguste, interdira les cultes égyptiens au cœur du pomœrium. Mais très vite l’empire romain se confondra avec le monde, et l’édit de Caracalla en 212 après J.C mettra fin à toutes différences entre les Romains et les populations qu’ils avaient vaincues.

A l’universalisme de la Grèce déclinante et à l’universalisme de la Rome impériale dans laquelle « Rome n’était plus dans Rome » s’ajouta un universalisme juif, une vision messianique où le culte du dieu unique ne serait plus celui du seul peuple judéen mais de l’humanité entière. Une même dérive religieuse avait eu lieu en Egypte aux alentours de 1400 avant J.C, avec le pharaon Amenhotep IV, dit Akhénaton, qui voulait faire du culte d’Aton une religion universelle.

Le courant universaliste juif et le courant universaliste gréco-romain se rencontrèrent dans l’esprit de Paul de Tarse. Lorsque ce dernier déclare qu’il n’y a plus « ni juif, ni grec », il introduit en religion l’universalisme. Alors que le paganisme, « religion du pays » (latin pagus), prêche l’enracinement et le culte des ancêtres, et que le judaïsme est la religion spécifique du peuple judéen, Paul appelle à renoncer à ces particularismes fondamentaux pour rejoindre la religion nouvelle. Alors que les religions antiques prêchaient la tolérance réciproque de peuples enracinés chacun dans leur tradition propre, le monothéisme oppose désormais le bien et le mal, ceux qui ont reconnu le discours de Christ et ceux qui l’ont refusé. Aux païens et aux juifs qui n’ont pas reconnu la divinité de Jésus l’enfer est réservé.

Dès lors, au nom d’une vérité révélée, il faudra convertir les païens et persécuter les hérétiques. Lorsque Constantin fit le choix de passer au christianisme, la tolérance antique cessa d’exister, jusqu’à ce que Théodose interdise purement et simplement aux païens le droit de pratiquer la religion de leurs ancêtres. L’islam prolongera et durcira le caractère violent du monothéisme chrétien, dénoncé à juste titre par Jean Soler dans ses ouvrages. Lui aussi sera universaliste, transcendant sous le regard d’Allah toutes les différences entre les peuples et les civilisations.

En 1789, la révolution française prônera également une forme d’universalisme, même si dans les faits le monde se limitait en réalité pour elle à l’Europe. Les idéologies du XXème siècle ne seront pas moins universalistes. Il existe un universalisme « socialiste » qu’on a appelé l’Internationale marxiste. Il existe un universalisme « libérale » qu’on appelle désormais « mondialisme ». Tous ces universalismes sont également des impérialismes, à la source de toutes les colonisations.

L’universalisme soviétique signera la domination des Grands-Russes sur les autres peuples de l’ancienne Russie tsariste, de la même façon que l’universalisme jacobin fut celui des Franciens (locuteurs des langues d’oïl) sur les autres peuples de l’ancienne France capétienne. Et l’universalisme libéral, avec sa démocratie de façade et ses « droits universels », considérablement renforcé depuis la chute de l’URSS, sera la marque de l’impérialisme américain.

En fait, toutes les formes d’impérialisme, qu’il soit libéral, communiste ou même nazi, ont à la base une forme d’universalisme, l’idée que leur modèle politique ou leurs valeurs civilisationnelles ont vocation à s’imposer au monde entier, en niant ou détruisant toutes les différences, tous les particularismes. L’universalisme souhaite un homme interchangeable, déraciné, un « citoyen du monde » c'est-à-dire en réalité un sujet d’une oligarchie planétarisée. De la même façon que tout le monde avait vocation à devenir « citoyen romain » lorsque Rome avait cessé d’être une république d’hommes libres, de la même façon que tout le monde peut devenir chrétien ou musulman, quelles que soient ses origines, l’humanité entière devrait se soumettre à la même utopie.

Or l’universalisme n’est simplement pas possible et à chaque fois qu’il a voulu s’imposer il a lamentablement échoué. Des civilisations très différentes n’ont pas vocation à s’entendre. Des peuples trop différents n’ont pas vocation à s’unir. Ils ne le veulent pas et ne le souhaitent pas. C’est pourquoi l’URSS s’est effondrée, c’est pourquoi les Eglises ont fini par se vider face à la vague de nationalisme qui submergea notre continent aux XIXème et XXème siècles, et c’est pourquoi le mondialisme aussi va s’effondrer, que cela soit celui promu par les Américains ou que cela soit celui promu par les islamistes.

Ne nous y trompons pas. Derrière l’impérialisme américain ou derrière le néo-jihad salafiste, on retrouve la même volonté de faire table rase du passé, d’inventer un « homme nouveau » sans racines et sans histoire, un renégat. Au final, l’universalisme finit toujours par faire couler le sang. Ceux qui refusent ce modèle unique, ce sont les païens persécutés par l’Eglise, les « infidèles » persécutés par les islamistes, les indigènes face aux colonisateurs, les koulaks face au bolchevisme, les chouans face aux jacobins, et d’une manière générale tous les dissidents confrontés à des régimes totalitaires.

L’universalisme est l’ennemi de l’humanité. Le respect et la préservation des différences, là est en revanche son salut.

Thomas FERRIER (PSUNE)

18/05/2014

Noé, un film qui déplaît aux monothéistes

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Noé,Bruno Marcius,Russell CroweL'explication vient du fait que le realisateur et scénariste Darren Aronofsky (à qui on doit le très bon "Black Swan" et "Requiem for a Dream"), voulant sortir de l'image des habituels "pepla" bibliques en carton-pâte et papier-mâché, a fait le choix de se démarquer en donnant au film un côté paradoxalement plus druidique, voire hindou, que biblique, quitte à prendre quelques libertés avec le récit biblique de la Genèse.

Par sa dimension tant esthétique que philosophique, le film évoque en effet davantage le Seigneur des Anneaux de Peter Jackson qu'un film biblique. À commencer par des paysages dont les vallées et collines verdoyantes nous rappellent l'Irlande ou l'Écosse que le désert biblique (le film a en fait été tourné en Islande, d'où la présence aussi de paysages volcaniques).

Deux lignées humaines s' affrontent. Faut-il y voir déjà là un polygénisme qui ne dit pas son nom ? Celle corrompue, qui est issue de Caïn, dix générations après son géniteur, est cruelle, violente, épuise les ressources naturelles, et mange de la viande. Les ressources épuisées, leur bétail tué, elle va même jusqu'à recourir au cannibalisme, qui rappelons-le est considéré comme l'horreur absolue dans moult croyances, y compris le paganisme (se souvenir d'Atrée maudit des dieux avec toute sa lignée, pour avoir goûté à la chair humaine).

Bref, elle fait penser aux Orcs et Huru-kaïs de Tolkien. À ceci près - et c'est là le pari intéressant de Darren Aronofsky - qu'ils sont en outre les plus fidèles gardiens de l'orthodoxie monothéiste stricte et absolutiste, et de la soumission totale à un dieu unique. Faut-il y voir un pic adressé au rigorisme islamique, à certains haredim ou encore à certaines églises protestantes américaines ?

Celle d'Abel à laquelle appartient Noé (campé par un Russel Crowe qui n'a pas perdu son coté héroïque désintéressé de Gladiator, Robin des Bois ou Man of Steel), est agro-pastorale, et volontiers panthéiste. Son grand-père Mathusalem (joué par un Anthony Hopkins malicieux et joueur) fait penser par la sagesse qui émane de lui à une sorte de Gandalf (Seigneur des Anneaux là-encore) ou de Yoda par son coté facétieux. Et même, en usant à plusieurs moments clé, de sortilèges, il nous rappelle l'enchanteur Myrddin (Merlin). Bref on comprend pourquoi il n'a pas plu à certains fous-furieux de l'islam, ces derniers dont l'Egypte, l'Arabie Saoudite, le Pakistan, l'Iran, ayant prononcé des fatwas interdisant le visionnage de l'oeuvre. Quant au Vatican, il s' est montré très "réservé", comme d'habitude, comme il l'avait fait pour la Trilogie du Seigneur des Anneaux, ou pour Avatar...

En somme un film qui pourra plaire à un public de sensibilité païenne ou paganisante, que ce public soit européen, indien, voire judéo-païen ("cananéen").

Bruno MARCIUS (LBTF/PSUNE)

22/03/2014

Hercule, un Jésus européen ?

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hercules.jpg« Hercules, the legend begins » est enfin sorti sur les écrans français après avoir connu un terrible échec commercial, il y a deux mois, aux Etats-Unis. On pouvait donc craindre le pire, malgré une bande annonce des plus alléchantes. Après avoir vu ce film, que j’ai pour ma part beaucoup apprécié, je m’interroge sur le pourquoi de cette descente en flammes et de ce qui a déplu à la critique.

Bien sûr, dans cette Grèce du XIIIème siècle avant notre ère, il y a de nombreux anachronismes comme des combats de gladiateurs ou encore la conquête de l’Egypte. Si de beaux efforts graphiques ont été faits, on se trouve dans une Grèce de légende, à mi-chemin entre la Grèce mycénienne et la Grèce classique. Et de même, la légende du héros, avec les douze travaux, est absente ou malmenée, alors que de nouveaux éléments s’ajoutent, comme une rivalité entre Héraclès et son frère Iphiclès. Tout cela a pu surprendre un public habitué à ces classiques.

Et pourtant de nombreuses idées audacieuses se sont glissées dans ce film et le rendent passionnant. Ainsi, la vie d’Hercule s’apparente par certains aspects à celle de Jésus. De nombreux films américains, à l’instar de Man of Steel, la comparaison implicite est patente. Dans « Hercules », elle est voulue mais détournée. Alcmène s’unit à Zeus sans que le dieu apparaisse, se manifestant par une tempête accompagnée d’éclairs. Cela ne vous rappelle rien ? De même, Hercule est fouetté et attaché par les deux bras dans une scène rappelant la crucifixion. Mais il en sort vainqueur, brisant ses liens, et écrasant grâce à deux énormes blocs de pierre attachés par des chaînes à ses bras tous ses ennemis. Enfin, il devient concrètement roi à la fin de son aventure, ne se revendiquant pas simplement « roi de son peuple » mais roi véritable.

Bien sûr, ce « Jésus » aux muscles imposants mais sobres, à la pigmentation claire et aux cheveux blonds, n’a pas la même morale. Fils du maître de l’univers, dont il finit par accepter la paternité, Zeus en personne, il tue ses ennemis, jusqu’à son propre père adoptif, combat avec une férocité qui en ferait l’émule d’Arès, et semble quasi insensible à la douleur. Une scène le présente même recevant sur son épée la foudre de Zeus qu’il utilise ensuite comme une sorte de fouet électrique pour terrasser les combattants qui lui font face.

Par ailleurs, la « diversité » est réduite à sa plus petite expression, limitée à des mercenaires égyptiens, crédibles dans leur rôle. Les Grecs en revanche sont tous bien européens, avec des traits parfois nordiques. Il n’est pas question comme dans « Les Immortels » ou « Alexandre » de voir des afro-américains en armure ou jouant les Roxanes. En revanche, on retrouve davantage l’esprit de Troie, l’impiété en moins. En effet, cette fois les athées ont le mauvais rôle à l’instar du roi de Tirynthe Amphitryon. Hercule lui-même, qui ne croit pas dans l’existence des dieux pendant une bonne partie du film, finit par se revendiquer explicitement de la filiation de Zeus et la prouver. En outre, Hercules rappelle par certains côtés le premier Conan, puisque le héros est trahi et fait prisonnier, puis s’illustre dans des combats dans l’arène d’une grande intensité, bondissant tel un fauve pour fracasser le crâne d’un ennemi, mais il reste toujours chevaleresque, protégeant les femmes et les enfants.

A certains moments, le film semble même s’inspirer des traits guerriers qu’un Breker donnait à ses statues. Kellan Lutz n’est sans doute pas un acteur d’une expression théâtrale saisissante mais il est parfaitement dans son rôle. Si les douze travaux se résument à étrangler le lion de Némée, à vaincre de puissants ennemis mais qui demeurent humains, et à reconquérir sa cité, son caractère semi-divin, même si le personnage refuse tout hybris, est non seulement respecté mais amplifié. En ce sens, Hercule apparaît comme un Jésus païen et nordique, mais aussi un Jésus guerrier et vengeur, donc très loin bien sûr du Jésus chrétien. Fils de Dieu, sa morale est celle des Européens, une morale héroïque.

Toutefois, bien sûr, certains aspects modernes apparaissent, comme la relation romantique entre Hercule et Hébé, déesse de la jeunesse qu’il épousera après sa mort dans le mythe grec, et le triomphe de l’amour sur le mariage politique. C’est bien sûr anachronique. Mais « la légende d’Hercule » ne se veut pas un film historique.

Enfin, la morale est sauve puisque dans le film, Héra autorise Zeus à la tromper, alors que dans le mythe classique elle met le héros à l’épreuve par jalousie, afin de faire naître un sauveur. Zeus ne peut donc être « adultère ». Cela donne du sens au nom du héros, expliqué comme « le don d’Héra », alors qu’il signifie précisément « la gloire d’Héra », expression énigmatique quand on connaît la haine de la déesse envers le héros. Pour s’exprimer, Héra pratique l’enthousiasme sur une de ses prêtresses, habitant son corps pour transmettre ses messages. C’est conforme à la tradition religieuse grecque.

Les défauts du film sont mineurs par rapport à ses qualités, graphiques comme scénaristiques, mais ce qui a dû nécessairement déranger c’est qu’il est trop païen, trop européen, trop héroïque, qu’il singe le christianisme pour mieux s’y opposer. Le fils de Dieu est marié et a un enfant (à la fin du film). Le fils de Dieu n’accepte pas d’être emmené à la mort mais triomphe de ses bourreaux. Le fils de Dieu devient « roi des Grecs ». Enfin le fils de Dieu apparaît comme tel aux yeux de tous et n’est pas rejeté par son propre peuple. Ce film ne pouvait donc que déranger une société américaine qui va voir des films où Thor lance la foudre, où Léonidas et ses « 300 » combattent jusqu’à la mort avec une ironie mordante, mais qui reste très chrétienne, très puritaine et hypocrite.

Thomas FERRIER (LBTF/PSUNE)

15/12/2013

Paganisme et christianisme / Européanité vs universalisme

marteau_de_thor.jpgPeut-on être européen et demeurer (encore) chrétien ? Tant que le christianisme, né en orient et imposé à nos ancêtres par le fer et par le feu, avait été contraint de composer avec la résistance ou du moins la pregnance païenne, ce qui a abouti à cette religiosité hybride qu’on a appelé pagano-christianisme ou double foi (двоеверие en russe), il modérait ses accents universalistes et incarnait « la religion de l’homme européen ». Sa nocivité était maîtrisée, cette « moraline » ou mos seruorum dénoncée avec force par Nietzsche, étouffée par la haute opinion d’elle-même qu’avait la civilisation européenne.

Cette religion retournant depuis quelques décennies à ses racines archéo-anarchistes, son universalisme est revenu en force, à une époque où pourtant le christianisme recule en Europe mais où notre civilisation connaît une grave crise de conscience, entre un post-colonialisme mal assumé et l’impact mémoriel de la seconde guerre mondiale.

Désormais, l’Eglise, protestante comme catholique, et dans une moindre mesure et avec retard orthodoxe, trahit une Europe qui n’aura été christianisée qu’en surface et cherche à se développer par de nouveaux marchés, africain comme asiatique, sud-américain comme immigré. Imaginer aujourd’hui que le salut de l’Europe pourrait passer par le recours à une religion fondamentalement étrangère à l’esprit de notre civilisation, même si elle a pu un temps prendre nos couleurs comme un caméléon machiavélien, cette religion dont la génuflexion et l’auto-flagellation permanentes sont des principes de base, est non seulement naïf mais simplement illusoire et même totalement hétérotélique.

L’Europe meure de cet universalisme malade, qui n’était pas dangereux lorsqu’elle se sentait très supérieure, qui corrompt et/ou détruit son identité, l’ouvre à toutes les déchéances et à toutes les migrations. Une religion universelle, négatrice des identités, est inadaptée pour engager une contre-involution. Seule une religion identitaire européenne, pleinement native, née de notre génie propre, pourra assurer le renouveau spirituel qui servira d’assise à un renouveau civilisationnel. La « voie des dieux » (via ad deos) est la réappropriation par chaque européen de son passé païen, de sa religiosité indigène authentique, afin de trouver dans les valeurs ancestrales les réponses à nos interrogations, en même temps que le vecteur d’un redressement et la foi envers un avenir à nouveau lumineux pour l’Europe.

L’européanité menacée trouvera son salut en elle-même, dans l’affirmation identitaire de son génie. Par sa seule origine, le christianisme est inadapté car il place les Européens dans la situation de « vassaux en religion » d’une autre famille civilisationnelle. Or l’Europe païenne n’avait pas à rougir de son être et n’avait rien à apprendre, bien au contraire, d’un orient qui n’était plus porteur d’une dynamique civilisationnelle comme il avait pu l’être du temps de Sumer.

En clair, l’Europe n’attendait pas le christianisme, n’en avait nullement besoin et a largement perdu du fait de cette implantation contre-nature qui nous a été imposée par l’absence de lucidité et la volonté de se faire pardonner leurs crimes d’un Constantin, d’un Théodose et de divers rois « barbares ».

Thomas FERRIER (LBTF)

1. mos seruorum = "morale d'esclaves"

10/11/2013

Guillaume Faye: le Serment de Delphes

Thomas FERRIER: le « Serment de Delphes » a-t-il une réalité historique ou est-ce un mythe ? Et s’il est véridique, en quoi consistait-il ?

Guillaume,Serment de Delphes,paganisme,Europe,identitéGuillaume FAYE: C’est une réalité absolue, qui a été mythifiée par la suite, et tant mieux. Pour en connaître l’histoire, je vous renvoie à l’article que j’ai écrit dans la revue des amis de Jean Mabire ainsi qu’à la collection de la revue Éléments. Au cours d’un voyage en Grèce, en 1979, Pierre Vial, alors Secrétaire général du GRECE, avait eu l’idée de faire prononcer un serment de fidélité au cœur même de l’Europe : le sanctuaire d’Apollon.

Il y avait là des Français, des Belges, des Grecs et des Italiens. Mais tous les autres Européens étaient présents en esprit.
 
Le texte du serment a été rédigé par Vial. Nous l’avons prêté au soleil levant, sur le site du sanctuaire de Delphes, devant la Stoa, après avoir couru sur l’antique stade et avoir fait des ablutions dans la fontaine sacrée. Nous avons juré que nous combattrions jusqu’à la mort pour l’identité européenne. Aucun des participants n’a trahi le serment. C’est pourquoi ceux qui n’étaient pas présents ne peuvent être accusés de trahison.

Guillaume Faye, les Indo-Européens et le christianisme

Toujours dans le cadre de l'entretien qu'il nous a accordés, Guillaume Faye revient avec nous sur les thèmes fondateurs que sont la question indo-européenne et le conflit entre paganisme et christianisme.

LBTF: L’Homo Indo-Europaeus : plutôt un vieux romain du temps de la République ou plutôt un guerrier germanique ?

athena.jpgGuillaume FAYE: Du côté de Varus et de Caton contre Arminius, donc ? Le vieux romain et le guerrier tribal germain appartenaient au même peuple, sans le savoir. Mêmes valeurs. Les Germains rêvaient, selon Tacite, des « maisons chauffées » des Romains. Le vieux Romain et le guerrier germanique (ou celtique) appartenaient au même ensemble ethnique (à la différence des peuples orientaux soumis par l’Empire). L’historien allemand Theodor Mommsen l’a parfaitement démontré. Lorsque le Gaulois cisalpin Brennus (Ar Vrenn de son vrai nom celtique, Le Brenn en français) fait le siège du Capitole, il parle le même langage d’honneur et de courage que ses ennemis romains assaillis. En revanche, les codes ne seront plus du tout les mêmes quand Rome affrontera les peuples orientaux.

Néanmoins, si la machine à remonter le temps existait, je m’engagerais dans la glorieuse Xème (le sanglier sur les enseignes, sous l’aigle) pour défendre le limes du Rhin. Mais, au delà de ces propos superficiels, ce qui est étonnant, c’est que sont les descendants des Germains tribaux décrits par Tacite, désordonnés, c’est-à-dire les Allemands, qui ont, aux XIXe et XXe siècle, repris les normes rigoureuses d’organisation militaire des Romains. Tandis que les Italiens, descendants des Romains, manifestaient des dispositions bien peu ”romaines”. À mon avis, moi qui raisonne de manière sociobiologique, c’est parce que les Italiens ont subi, dès le IVe siècle, un choc génétique, dû au brassage avec des populations exogènes non- indoeuropéennes. Ce qui a modifié la psychologie collective.

LBTF: Le christianisme a-t ‘il joué selon vous un rôle majeur dans l’effondrement de l’empire romain ?

Guillaume FAYE: D’après feu Lucien Jerphagnon, grand historien catholique mais touché par la saga de Julien dit l’Apostat dont il écrivit une biographie émouvante, le responsable de l’effondrement fut le Germain – Goth du Rhin et de l’Elbe ou Goth transdanubien. Constantin (306-337) ne fit qu’autoriser le christianisme. C’est Théodose Ier qui l’instaura comme religion officielle. Mais le déclin de l’Empire était antérieur, ce qui disculpe le christianisme naissant. La cause de la chute de l’Empire romain – qui, ne l’oublions pas, a été un véritable orage historique (1) – reste un mystère, sur lequel les historiens s’empoignent. À mon humble avis, la trop grande taille –indéfendable– de l’Empire (de la Grande Bretagne à l’Irak actuels), l’hétérogénéité ethnique, l’édit de nationalité universelle de Caracalla (212) sont à mettre au rang des suspects, de même qu’un système de gouvernement impérial totalement chaotique, sans droit constitutionnel – contrairement à l’ancienne République.

Mais le christianisme, avec sa mentalité dogmatique et antiscientifique, en rupture avec la pensée gréco-païenne libre, avec ses incessantes luttes entre orthodoxes et hérétiques, a certainement joué un rôle accélérateur. D’après André Lama , historien autodidacte et politiquement incorrect, le déclin de l’Empire romain provient du mélange des populations, qui a tué la source créatrice romaine de souche. Mais il est vrai que, d’après plusieurs auteurs des IVe, Ve et VIe siècles, qui ressentaient le déclin de l’Empire, le recul de la civilisation (transports, économie, culture, éducation...) et vivaient les incursions barbares, les populations restées païennes estimaient que la cause de la chute était la fin de la protection de Rome par ses dieux, abandonnés au profit du christianisme devenu religion d’État.

Osons une comparaison ”archéofuturiste” : l’introduction du christianisme dans le Bas-Empire a fait régresser les mentalités par rapport à la période païenne vers l’archaïsme d’une pensée magique. Tout comme l’évolution de l’islam aujourd’hui...

(1) D’un simple point de vue technique, il a fallu attendre 1.000 ans pour que les Florentins redécouvrent les techniques de sculpture sur marbre et de fonte du bronze des Romains. Louis XIV à Versailles vivait dans une situation de confort bien inférieure à celle de son homologue Trajan au Palatin, dix-sept siècles plus tôt. On allait plus rapidement de Trèves à Rome au IIe siècle qu’au XVIIIe siècle. Etc.

LBTF: En matière de religion, vous avez toujours mis en avant votre sensibilité païenne, en particulier hellénique. Croyez-vous à la « résurrection » des « anciens » dieux ou à la renaissance de leur culte, même sous une forme très modernisée ?

Guillaume FAYE: Le paganisme est un mot qui dissimule plusieurs réalités: le paganisme superstitieux (où l’on croit réellement à l’existence de forces et de divinités cachées) et le paganisme intellectuel des élites helléno-romaines , par exemple, qui étaient parfaitement agnostisques. La force du christianisme fut de camper une religion spiritualiste avec un abondement narratif nettement plus fort que celui des mythologies païennes, handicapées par le grand écart entre les dieux souverains, les divinités locales, familiales, et l’absence de sotériologie personnelle, à une époque de troubles et de dérélictions.

Mon rejet du christianisme (mais non pas du catholicisme traditionnel, qui est du paganisme dissimulé, comme l’orthodoxie) tient à sa substance universaliste, à son humanisme doctrinaire. J’admire le paganisme grec pour sa liberté de pensée et son agnosticisme. Les divinités n’étaient que des allégories, pas des idoles. Je suis voltairien, je défends les chrétiens d’Orient persécutés par l’islam, mais c’est une attitude politique et culturelle, non pas religieuse. En revanche, l’attitude ethnomasochiste de l’Église actuelle face à l’immigration de peuplement et à l’islamisation (confortée par le Pape François) me renforce dans ma vision païenne du monde, tendance aristotélicienne : non, nous ne nous ne sommes pas tous frères, oui, il faut vivre chacun dans sa Cité.

Concernant le retour des anciens dieux païens (au sens d’une croyance spiritualiste et d’un culte) ou même de la création de nouvelles divinités, thème d’ailleurs déjà abordé chez les poètes romantiques du XIXe siècle, je suis assez réticent. Ce serait du folklore et d’ailleurs ça existe déjà aux USA, c’est un business comme un autre. Pierre Vial, dans nombre de ses textes sur la question, a d’ailleurs très bien défini le néo-paganisme comme une conception du monde et non pas comme un néo-culte spiritualiste.

L’essence du paganisme grec, auquel je me réfère, c’est de placer la philosophie, c’est-à-dire la liberté examinatrice de l’entendement , le logos, au dessus des vérités révélées, l‘examen au dessus de la croyance, le souci de son propre peuple (symbolisé par un panthéon « national » et civique) avant celui des autres. Le paganisme, comme vision du monde, ne méprise pas la notion d’humanité, mais, avec réalisme, ne la considère pas comme une divinité. Le paganisme est un anti-fanatisme, y compris contre le fanatisme de la tolérance.

(Sur le paganisme, j’avais écrit un article, jadis, pour la revue de Christopher Gérard, Antaïos, qui avait été fondée par Ernst Junger. Sur les rapports paganisme/christianisme/ judaïsme, voir mon essai La Nouvelle question juive, ED. du Lore., qui a déplu aux ignorants.)

LBTF: Quel est le dieu (ou la déesse) grec dont vous vous sentez le plus proche, et pourquoi ?

Guillaume FAYE: Cette question n’est pas ”païenne”. Un vrai païen se sent pas plus proche d’une divinité que d’une autre. Il les aime toutes, en fonction des aléas de la vie. Cela dit, je vais vous révéler une chose étonnante : j’ai fait une grande partie de mes études chez les Pères Jésuites. Ils ne m’ont jamais appris l’Histoire sainte, l’Ancien ni le Nouveau Testament mais en revanche, ils étaient imbattables sur la mythologie gréco-latine (ainsi d’ailleurs que germano-scandinave, et celtique ou slave, très proches). L’Illiade, on en apprenait par cœur les vers (en grec ancien) alors que les écrits de St Augustin ou de St Thomas nous étaient parfaitement inconnus. Cela en dit long sur la prégnance du paganisme, au sein même de l’Église.

Néanmoins, je vous répondrai que les deux divinités païennes helléniques les plus fascinantes sont le couple Apollon-Dionysos : la raison solaire et la turbulence créatrice. De même, le paganisme gréco-romain donne une image de la féminité complexe et complète à travers ses déesses. Historiquement, c’est la Renaissance italienne du quattrocento florentin qui a fait redécouvrir l’esprit païen et l’esthétique qu’il porte.

Quant aux manifestations de survie et de renaissance des paganismes germano-scandinaves, celtiques et slaves, il ne faut pas les ignorer. Ils font partie d’une mystérieuse quête des racines dont nous ne connaissons pas l’aboutissement. C’est cela aussi, l’archéofuturisme.

02/08/2013

Terra Mater

Terre-mère,Déméter,écologie,natureLa plupart des spécialistes de la mythologie comparée, s’ils évoquent parfois l’existence de déesses indo-européennes, en oublient constamment une, et sans doute la plus importante. Il est vrai que pendant longtemps un mythe récurrent était de présenter la religiosité indo-européenne comme essentiellement céleste, solaire et masculine. Puis ils ont fini par accepter de reconnaître l’existence d’une déesse de l’aurore, présentée comme la fille du dieu du ciel (*diwos *dhughater), et Gregory Nagy dans son ouvrage « Le meilleur des Achéens », a consacré une étude remarquable sur ses avatars grecs, à savoir Athéna et Aphrodite.

Or, de toutes les déesses, celle qui est primordiale, l’épouse de *Dyeus et la mère des autres dieux ou « célestes » (*deywos), est négligée. Pourtant, sous la forme dyavapŗthivi, l’Inde védique a voulu mettre à égalité le dieu du ciel et la déesse de la terre, au point que ce couple ne forme plus qu’une seule entité fusionnelle, comme si Ouranos n’avait pas été séparé de Gaia par la serpe de Cronos.

La terre-mère indo-européenne était *Dhghom *Mater, mais ce nom était un parmi d’autres, même s’il était le seul véritable. Elle se retrouve sous les traits de la Dêmêtêr grecque, qui était Dêô Mêtêr, celle qu’on surnommait Europê à Lébadeia près de Thèbes, l’épouse d’un Zeus Eurôpôs omniscient et omnipotent. De ses amours avec Zeus, elle eut d’ailleurs une fille, qui devint la reine des Enfers. Elle est aussi la Dhë Motë, « terre sœur » albanaise, mais aussi la lituanienne Zemyna, la lettone Zemes Māte, l’iranienne Zamyat et la phrygienne Sémélê. Sous le nom composé Mat’ Syra Zemlija, parfois réduit en Mokoch’, elle est enfin une déesse de premier plan chez les Slaves.

Son nom se retrouve aussi sous celui de la déesse grecque primitive Gê ou Gaia, dont le rôle se confond avec celui de Dêmêtêr, même si cette dernière apparaît davantage comme une déesse de l’agriculture que comme la terre incarnée, et dans des mots comme le grec χθων, l’hittite tekom et le sanscrit kșam.

En raison de la dimension sacrée qui était la sienne, certains peuples hésitèrent à l’appeler par son nom authentique et préfèrent avoir recours à des épiclèses la désignant. Ainsi, était-elle *peltawi, « la plate », à une époque où notre astre était vu comme un disque et non comme un globe. La déesse celte Litavis et la déesse indienne Pŗthivi en résultèrent. Mais elle était aussi *werui, « la large », ce qui donna la déesse indienne Urvi et la grecque Europê préalablement évoquée. Parfois, la terre elle-même se résumait au sol, à partir d’une racine indo-européenne *ter- ou *tel- comme dans *telom, « le sol ». Elle fut ainsi Tellus, épouse de Jupiter, ou Terra Mater à Rome, mais aussi Cérès en tant que déesse du blé mûr. Les Germains en revanche ne considéraient la terre que cultivée. L’Erda germanique, la Jörd scandinave, était la déesse de l’*era ou « champ cultivé », et devint l’épouse de Wotan / Odhinn, ce dernier s’étant substitué à l’antique dieu du ciel, Tius ou Tyr, relégué au rôle subalterne de dieu de la guerre juste.

La Terre-mère était considérée en outre comme la seule véritable épouse du Ciel-père, dont les autres épouses ou maîtresses n’étaient généralement qu’un aspect particulier. A l’époque indo-européenne, sous le nom de *Diwni, qui donnera le concept indien de Devī, « la Déesse », elle est l’épouse de *Dyeus, « celle de *Dyeus » au sens strict, sa parèdre. Dans le monde grec, Héra, déesse de la terre au printemps et en été, durant la « belle saison », ce qui est le sens étymologique de son nom, mais aussi Dêmêtêr, Sémélê et Dionê, ont partagé la couche du dieu du ciel. Elle est en Inde l’épouse de Dyaus Pitar, en Lituanie celle de Dievas.

De l’union du ciel et de la terre sont nés les dieux et les hommes et l’univers tout entier. C’est par la fusion des contraires, d’un principe masculin et d’un principe féminin, réunis parfois par l’entremise d’un Amour primordial, l’Erôs né de l’œuf cosmique, que le cosmos fut.

Les mythologues du monde grec ont voulu faire d’elle l’épouse d’un Poséidon, dont le nom aurait signifié « époux de la terre », se souvenant du jour où un Poséidon Hippios, sous les traits d’un cheval, voulut s’unir à une Déméter changée en jument. Il est vrai qu’un tel époux a existé dans la mythologie balte avec le Zemepatis letton, époux en titre de Zemes Māte, mais c’est un cas isolé. Poséidon était probablement en réalité le « maître des eaux », du fait du double sens du terme *potis, « époux » et « maître », et d’une confusion avec la déesse des rivières, P.I.E *Donu, qu’on retrouvera ultérieurement sous les traits de Danaé, d’où l’image du « tonneau des Danaïdes », cette idée de fleuves se déversant en un seul puits mais sans jamais parvenir à le remplir.

La Terre était aimante pendant presque les trois quarts de l’année et se rendait détestable au dernier trimestre. Pour expliquer sa nature changeante, passant de l’extrême générosité à la pire rigueur, les Grecs inventèrent l’enlèvement de sa fille Korê par son oncle, le dieu des Enfers arborant la tête de loup comme Arès son casque, une tête qui lui permettait de devenir invisible non seulement aux mortels mais aussi aux immortels. Comme elle était aussi la fille de Zeus, Hadès dut négocier âprement et user de mêtis, convainquant celle qui devait devenir son épouse à manger les pépins d’une grenade cultivée en Elysion, afin que cette dernière ne puisse plus le quitter. Mais Zeus était au-dessus de ces ruses et, s’il admit l’union de ces deux divinités, exigea de son redoutable frère qu’il consente à libérer sa femme pendant une moitié de l’année afin qu’elle puisse rejoindre sa mère. Les Slaves préfèrent invoquer la terrible Morena, déesse de la mort et de l’hiver, que seul le maître de l’orage Perun parvenait à tenir en respect.

Il est possible qu’à l’origine la Terre-mère indo-européenne partagea son temps entre le ciel et les enfers, entre le Zeus céleste et Zeus souterrain, Hadès étant parfois appelé le « Zeus d’en-dessous ». Cela expliquerait le changement de saison, la Terre étant à la fois pourvoyeuse de vie et déesse de mort. Si l’homme du commun, le « terrien », P.I.E *ghemon, retournait « à la terre », les héros et les sages en étaient en revanche dispensés car, ayant acquis la gloire impérissable, ils se voyaient ouvrir les portes du paradis, île aux pommes ou vaste plaine verdoyante.

Le respect de nos ancêtres pour cette déité bienveillante, même si elle pouvait parfois se montrer impitoyable, était une réalité. Ce ne fut pas le cas chez tous les peuples, et au sein des polythéismes du Proche-Orient, dans des pays où le sol était aride, et où la pluie devenait une bénédiction, la Terre-mère disparut du culte. C’est le seul dieu du ciel qui eut les plus grands honneurs, au point de servir de base à la religion du dieu unique, un dieu qui offrit la terre aux hommes, sans se soucier du risque qu’ils finissent par la détruire. La Terre n’était plus qu’une « vallée de larmes », ses seins nourriciers étant rejetés par des peuples qui se croyaient être émancipés.

Thomas FERRIER (LBTF/PSUNE)

30/07/2013

La conversion de la Russie: une erreur et un drame

Rodno2.jpgVladimir Poutine a affirmé pour le 1025ème anniversaire de la christianisation de la Russie que l’adoption de cette religion avait permis à son pays de « devenir une grande puissance mondiale » et de rejoindre ainsi la « civilisation chrétienne ». Enfin, il ajoute que l’Eglise orthodoxe russe « a toujours été avec son peuple ». Dans une Russie qui remonte la pente, mais qui n’a pas pu faire un véritable bilan de la catastrophique expérience soviétique, le président russe imagine que s’appuyer sur l’orthodoxie contribuerait à redonner à la Russie un rôle international majeur. Tout comme Vladimir le « Soleil Rouge », il y a plus d’un millénaire, ce Vladimir moderne commet la même erreur que son illustre prédécesseur.

Il est vrai que Vladimir signifie « maître du monde » en russe et un tel prénom amène sans doute son porteur à développer une grande ambition pour son pays. Mais, s’appuyer sur le christianisme au lieu de recourir à la plus longue mémoire « russienne » et slave, est une erreur, en particulier à une époque où les religions chrétiennes retrouvent les accents de ce « bolchevisme de l’antiquité » qu’était le christianisme pré-constantinien.

Il y a en Russie un courant qui prend un essor de plus en plus significatif, et qui est celui des Rodnovery, les Russes et Slaves païens défendant la « foi des ancêtres », ce qui est le sens exact de Rodnoverie, le nom de leur mouvement religieux. Même si certains analystes occidentaux veulent à tout prix rattacher cette religion à une idéologie nationaliste ou « d’extrême-droite », cela ne résiste pas aux faits, qui sont l’attachement sincère de plus en plus de Russes, et notamment parmi les jeunes, à ce qui existait en Europe et en Russie avant la christianisation.

Revenons précisément à cette christianisation, qui se confond en réalité avec la conversion du roi Vladimir à la religion chrétienne de rite oriental et/ou byzantin. Son choix n’a pas été fait sans une forte et légitime hésitation, un choix autant politique et stratégique que religieux.

Rodno4.jpgEn 980, Vladimir décide de rénover le culte polythéiste des « Russiens » en organisant d’une manière plus cohérente le panthéon. Il fait ainsi construire des temples et des statues en l’honneur des dieux slaves, et en premier lieu de Perun, le dieu de l’orage et de la guerre, de son père Svarog, de son frère Dazbog, l’Apollon slave, du dieu du soleil Khors et du dieu du feu Svarojitch (Ogonu), en plus de la déesse-mère Mokosh. Vladimir a conscience des nécessités de réorganiser le culte ancestral afin de lui permettre de résister à l’introduction de religions étrangères, comme le christianisme, promu par Byzance et qui était devenu la foi de sa grand-mère Olga, ou comme l’islam.

Pourtant, huit ans après, il décide d’abandonner la religion de son père, Sviatoslav, mort dans l’honneur au combat face aux Petchenègues, pour embrasser une des religions nouvelles dont il combattait auparavant la diffusion. La tradition prétend qu’il rejettera le judaïsme, car religion d’un peuple vaincu, mais aussi l’islam, en raison de ses interdits alimentaires, porc et alcool, et enfin le catholicisme car il est davantage séduit par les ors de Constantinople. La raison principale en réalité du refus du catholicisme est que celui-ci a été préalablement adopté par le voisin polonais, avec la conversion en 963 du roi des Polanes Mieszko Ier. Une autre raison est que la Rus’ kiévienne lorgne sur les Balkans et aspire à conquérir l’empire byzantin. Cette conversion, tout comme celle des Serbes et des Bulgares un siècle et demi avant, est donc tactique.

Mais Sviatoslav avait déjà, lui le roi païen, construit un empire russe comprenant presque toute la Russie d’Europe, à l’exception du Caucase. Il n’est donc pas vrai que le christianisme a fait rentrer la Rus’ dans la civilisation et encore moins transformé ce pays en puissance mondiale. La Rus’ de Kiev était le premier royaume d’Europe, et elle était demeurée païenne. Elle avait réussi une synthèse entre le paganisme scandinave des Suédois et le paganisme slave populaire. Perun et Thor étaient équivalents, le scandinave portant autour du cou le marteau de Thor, le slave la hache de Perun. De même l’étaient Volos, le dieu du commerce et de l’élevage, et Odin.

Rodno1.jpgLa Rus’, résultat de la fusion de Vikings et des Slaves, était une réussite remarquable. Elle ouvrait l’Europe sur le nord-est finno-ougrien et montrait qu’on pouvait être un pays prospère et puissant tout en restant polythéiste. En abandonnant le paganisme de ses ancêtres, Vladimir s’est en outre allié à une puissance sur le déclin, un empire byzantin qui ne sera pas capable de se défendre contre les ambitions « latines » et contre les conquérants turco-musulmans. La religion chrétienne ne sera d’aucun secours face aux Tatars menaçant de déferler sur la vieille Europe. N’oublions pas d’ailleurs que le général Aetius, qui sera le premier à repousser les hordes asiatiques, celles d’Attila, était lui-même un païen, dans un empire devenant chrétien, ce qui fut sans doute une des raisons de son assassinat organisé par l’empereur Valentinien III.

Vladimir n’unifiera pas la Rus’, qui sombrera après sa mort et surtout celle de son fils Iaroslav dans des querelles intestines sans fin. La Rus’ désunie ne sera donc pas capable de repousser l’ennemi mongol, même si elle protégera le reste de notre continent. On se demande bien en quoi le christianisme aurait fait de la Russie une puissance mondiale alors que c’est lorsqu’elle est devenue chrétienne qu’elle a connu une occupation de plusieurs siècles.

En outre, le christianisme orthodoxe, s’il a donné un temps accès aux Russes à la culture grecque, mais considérablement affaiblie par le fanatisme d’une religion qui considérait l’héritage grec classique comme « impie », il a ensuite été un facteur de stagnation économique et surtout technique sans précédent. Si l’Europe occidentale a pu, grâce aux savants byzantins, retrouver la matrice antique, et connaître ainsi sa Renaissance, l’orthodoxie en a privé le peuple russe, l’empêchant de prendre en marche le train du progrès. Même si la Russie de la fin du XIXème siècle rattrapera une partie importante de son retard, elle ne parviendra pas à compenser totalement.

L’Eglise orthodoxe n’a pas été du côté du peuple mais du côté de ses oppresseurs, soutenant les seigneurs au détriment de paysans libres ravalés au rang de serfs. Car le servage, si désastreux en Europe occidentale, l’a été encore davantage en Europe orientale. Il faudra attendre le tsar Alexandre II pour qu’en 1863 il soit aboli, en même temps presque que l’esclavage des noirs en Amérique. Sans l’œuvre remarquable de Pierre le grand, la Russie serait restée en dehors du reste de l’Europe, d’où l’image d’une Moscovie archaïque aux yeux de beaucoup d’Européens.

Rodno3.jpgL’orthodoxie n’a pas rapproché la Russie du reste de l’Europe mais l’en a éloigné. Et dans le même temps que Poutine flatte l’Eglise, il en profite pour donner quelques coups de patte à l’Union Européenne, en invitant l’Ukraine à se détourner d’elle. C’est une erreur. Que l’Union Européenne actuelle ne soit pas un partenaire satisfaisant est exact. Mais c’est en lui montrant qu’elle se trompe, en soutenant ceux qui en son sein veulent une véritable Europe puissante, indépendante et surtout européenne, en acceptant cette main que les Européens les plus lucides sont prêts à lui tendre, malgré la propagande américaine et malgré ses séides qui nous président pour le moment, qu’il pourrait donner à la Russie un rôle historique.

Le christianisme éloigne l’Europe de son européanité. Que ce soit le pape François, qui n’a d’yeux de Chimène que pour l’Afrique et pour l’islam, ou que ce soit le patriarche de toutes les Russies, qui fait tourner à son pays le dos au reste de l’Europe. En revanche, le paganisme nous rapproche car il fait appel à ce fond commun indo-européen qui est nôtre.

Sviatoslav était bien plus européen que n’importe lequel de ses successeurs. Européens aussi étaient les pères fondateurs de la Rus’, les rois Oleg/Helgi et Igor/Ingvarr en tête. Sviatoslav avait en outre déjà bâti les assises de la puissance russe, sans besoin de recourir au christianisme, bien au contraire, dont il savait qu’il ne serait pas le sauveur de son peuple, mais son bourreau.

Et ce n’est pas un hasard si pendant trois siècles les prêtres païens, les volkhvy, ravalés au rang de magiciens maléfiques par la médisance des prêtres orthodoxes, ont combattu pour le peuple, pour ses libertés, contre les seigneurs, contre les évêques. Souzdal fut d’ailleurs l’un des cœurs de la résistance de la Russie authentique face à la foi étrangère que les Constantins médiévaux voulaient leur imposer.

Vers 650 après J.C, un gallo-romain répondra ainsi à un évangéliste : « Romain (…), tu ne réussiras jamais à extirper nos coutumes ». Bien sûr, l’évangéliste se prétendra vainqueur, inventant une conversion spontanée des habitants du village de cet homme. La réalité aura sans doute été l’intervention de soldats pour neutraliser les récalcitrants. La christianisation de la Russie n’a pas dû être spécialement différente de celle du reste de l’Europe, à savoir la persécution de ses propres citoyens par des autorités voulant assurer la domination d’une religion importée.

C’est sur la mémoire la plus ancestrale du peuple que la Russie pourra enrayer son déclin et au sein d’une Europe qui renaîtra elle aussi, dans une même démarche, elle aura toute sa place. Vladimir, encore un effort pour redevenir européen !

Thomas FERRIER (PSUNE)

25/07/2013

Papst Franziskus gegen Europa !

676884602.jpgDieser Mann lässt sich "Bischof von Rom" nennen und verachtet das Leitbild der Renaissance-Päpste, die den europäischen Humanismus verteidigten, mitten in ihrem Palast Platons Akademie abbilden ließen und für die Byzantiner, die durch osmanische Eroberer vom Untergang bedroht waren, Hilfe anforderten. Dieser Mann, Papst Franziskus, hat vor einigen Tagen die italienische Insel Lampedusa besucht, die seit mehreren Jahren die regelmäßige Landung zahlloser illegaler Einwanderer aus Afrika, zumeist Muslime, zu erdulden hat.

Statt den Einheimischen Hilfe zu bringen, zog er es vor, eine moralisierende Rede zu halten, in der er die schlechte Aufnahme verurteilte, die die Europäer diesen illegalen Einwanderern bereiten, die er zu "Flüchtlingen" umtaufte; er rief dazu auf, sich "dem Anderen" zu öffnen. Diese Rede stellt eine weitere Aufforderung zu einer illegalen Einwanderung dar, die in den Augen von immer mehr Europäern unerträglich geworden ist, und beweist, wie nötig es jetzt ist, dass das Papsttum Europa den Rücken kehrt.

Man muss auch wissen, dass sich Franziskus vor einigen Wochen weigerte, ein dem "Jahr des Glaubens" gewidmetes Konzert zu besuchen, in dem Ludwig van Beethovens 9. Sinfonie gespielt wurde, die nichts anderes als die Hymne Europas ist. In der Tat kann eine Hymne, die mit den Worten "Freude, schöner Götterfunken, Tochter aus Elysium" beginnt, einem Papst nicht gefallen, der die europäisch-humanistische Tradition ablehnt zugunsten einer ganz unangemessenen, marxistisch angehauchten Dritte-Welt-Humanitätsduselei.

Während Europa sich weiter entchristlicht und so die Folgen der Zwangsbekehrung unserer Vorfahren durch die Taliban des Theodosius und seiner Nachfolger beseitigt, bemüht sich der Papst, seine neuen "Märkte des Glaubens", nämlich Afrika und Asien, zu umschmeicheln. Selbst in Indien arbeiten die christlichen Missionare Hand in Hand mit den muslimischen Predigern, um Hindutva, die nationalindisch- hinduistische Weltanschauung, zu besiegen. Wenn die Kirche anlässlich der Debatte in Frankreich an der Seite der jungen Europäer gegen die Schwulenehe Stellung bezog, dann nur weil sie das nicht viel kostete, denn die Muslime und afrikanischen Christen sind in besonderem Maße gegen ein solches Gesetz. Diejenigen Europäer, die glaubten, dass die Kirche sie verteidige, haben sich getäuscht, wie sie auch durch Frigide Barjots Einflüsterungen ausgenutzt worden sind.

faltonia proba.jpgMit seiner Erklärung auf Lampedusa bezieht Papst Franziskus Stellung. Er missachtet die allzu heidnischen Titel "Pontifex Maximus" (aus der altrömischen Religion) und "Papa" (aus dem Mithras-Kult). Damit wird er wieder zum Bischof von Rom und beendet jenes Papsttum, das aus den Ruinen des Römischen Reiches entstand und auf einer berühmten Fälschung basierte, der Konstantinischen Schenkung. Trotzdem verfügt er weiterhin über die Reichtümer, die von der Kirche angehäuft wurden, als sie sich Schätze aus den heidnischen Tempeln, das Vermögen aus den Ländern, die ihr die christlichen Herrscher abgetreten hatten, und den Zehnten, den alle Bauern Westeuropas jahrhundertelang zahlten, unter den Nagel riss. Aber sie hat nicht die Absicht, diese Reichtümer den bedürftigen Europäern zur Verfügung zu stellen. Eine vatikanische Organisation wie die Caritas unterstützt somit eingewanderte Bevölkerungsgruppen, die aus der Dritten Welt gekommen und in Europa angesiedelt worden sind; das tut sie unter Missachtung von Gesetzen, denen Respekt zu verschaffen die Regierungen nicht mehr den Mut haben, und ohne auf die Meinung der europäischen Bevölkerungen Rücksicht zu nehmen, die mit diesen Menschen zusammenleben müssen, deren Anwesenheit nicht gewünscht wurde und niemals Thema einer Volksbefragung war.

Als wäre es eine Antwort auf die leichtfertigen Äußerungen eines Papstes, der eine für Europa todbringende Entwicklung fördert, reagierte der isländische Politiker Olafur F. Magnusson, früherer Bürgermeister von Reykjavik, am 11. Juli auf den geplanten Bau einer Moschee im Zentrum der Hauptstadt. Er prangert den missionarischen Eifer des Islam an, erinnert an die Unruhen von Malmö und bekundet den Willen, Frauen vor religiöser Gewalt zu schützen und die nationale Identität zu bewahren.

Doch Magnusson tut das nicht im Namen des Christentums, das sich gegen den Islam wehren müsste, ganz im Gegenteil. Er erklärt, wenn eine Kultstätte das Privileg auf Islands besten Bauplatz genießen solle, dann gebühre es der Asatru-Gemeinschaft, darüber zu verfügen. Es handelt sich dabei um die Bewegung des germanisch-skandinavischen Heidentums auf Island, die die Götter von Asgard, an der Spitze Thor und Odin, verehrt. Also spricht er den isländischen Heiden "das absolute Recht" zu, "den besten Bauplatz in der Hauptstadt zu bekommen", und ergänzt, dass "sie schon da waren, bevor die Christen ihnen ihre Weltsicht aufdrängten" und dass sie "seit jeher im Land" sind.

Damit zeigt Magnusson, wer die wahren Verteidiger Europas sind und dass der Rückgriff auf die authentischste spirituelle Tradition Europas es uns ermöglichen wird, morgen in einem starken, sicheren Europa zu leben. Während das Kreuz sich zum Halbmond wandelt, wird Thors Hammer nicht schwach.

Wenn all die jungen Europäer, die Europa aufrichtig verteidigen wollen und sogar auf die Straße gehen, um sich den Kräften des Niedergangs entgegenzustellen, sich auf das Christentum berufen, werden sie missbraucht. Auf Lampedusa brachten die Heiden dem Gott Neptun in Person Opfer dar, damit ihre Küsten geschützt bleiben.

Europa und die Europäer zu verteidigen ist keine leichte Aufgabe, sondern braucht den politischen und moralischen Mut, das zu tun, was nötig ist, und es mit der ganzen erforderlichen Stärke zu tun. Für einen Papst ist es leicht, Belehrungen zu erteilen, denn nicht er wird die Konsequenzen seiner Nachgiebigkeit und seiner unbedachten Ermunterungen zu einer Migrationsflut, der er sich entgegenstellen sollte, zu tragen haben.

In diesem Kampf für ein Europa, das nicht sterben will, dem Kampf eines Europas, das die Renaissance seiner Kultur anstrebt, hat der Papst sich entschieden, dem Anti-Europa-Lager beizutreten. Die Kirche wird dadurch nichts gewinnen und sogar weiter das letzte bisschen Kredit verspielen, das sie auf unserem Kontinent noch hat. Von nun an ist es offensichtlich, dass die Europäer von der christlichen Religion keinerlei Heil zu erwarten haben, ganz im Gegenteil.

Thomas FERRIER, Generalsekretär von PSUNE

21/07/2013

L’affaire Vikernes, révélatrice d’une dérive politique et médiatique

Varg Vikernes,arrestation,police,paganisme,AsgardLes deux dimensions de Kristian Vikernes, celle d’un musicien de folk metal, animateur du groupe Burzum, à la musicalité si particulière, et à vrai dire assez peu audible, et celle d’un criminel condamné pour meurtre à plus de vingt ans de prison, m’étaient connues. J’ignorais parfaitement le devenir de cet individu, et notamment le fait qu’il vivait en France, ne m’étant intéressé à lui que suite aux actions infâmes d’un Breivik, constatant alors qu’il condamnait l’acte de ce déséquilibré d’une manière certes fort peu recommandable.

En plein mois de juillet, avec stupéfaction, j’apprends l’arrestation de Vikernes et de son épouse française. C’est même une information jugée primordiale par la presse écrite comme télévisuelle, puisqu’il est suspecté d’avoir envisagé de réaliser un attentat « de grande envergure ». J’ai peine à croire une telle information, qui sera en partie invalidée par les déclarations du ministre de l’intérieur pour qui Vikernes n’avait aucun projet réel. Au final, en croisant les données, il semblerait que l’arrestation de ce norvégien soit due à des propos extrémistes tenus sur son blog, dans le contexte des accusations, désormais confirmées, selon lesquelles des « jeunes » auraient caillassé les forces de l’ordre et tenté de dérober les effets personnels des victimes du drame de Brétigny sur Orge, et à l’achat légal de plusieurs fusils par son épouse.

Je comprends vite que le suspect sera relâché, faute d’éléments probants, car ce faisceau d’indices paraît faible. Son épouse sera relâchée au bout de deux jours, Vikernes le sera au bout d’une soixantaine d’heures. A son issue, il sera poursuivi pour « provocation à la haine raciale » et « apologie de crimes de guerre », ce qui relève donc d’un délit par voie de presse, une façon pour le gouvernement de ne pas faire totalement chou blanc.

Comment peut-on reconstituer d’une manière certes hypothétique les évènements ? En raison de son parcours spécifique et de sa radicalité manifeste, ayant depuis longtemps tenu des propos hostiles aux immigrés et aussi à la communauté juive, il était fort légitimement suivi par les forces de l’ordre. Celles-ci ont certainement dû indiquer à leur hiérarchie les différents éléments laissant supposer une action menaçante de ce nationaliste. Il est évident qu’alors une haute autorité a lancé le feu vert pour mettre en œuvre une intervention musclée à son endroit.

Mais c’est le traitement médiatique de l’affaire qui pose question, car après tout, les policiers sont souvent obligés de recourir à leur intime conviction et peuvent se tromper, exagérant une menace qui après coup paraissait imaginaire. Lorsqu’un extrémiste est interrogé par la police, il n’en est pas fait état ou alors d’une manière très mesurée. Or, dans le cas de Vikernes, on a eu le droit à une avalanche d’articles, souvent mal informés, à des analyses plus ou moins justes de spécialistes, parfois auto-proclamés, de « l’extrême-droite », à sa photographie en première page de sites ou de journaux, à des détails précis sur sa vie.

La première erreur fut de le rattacher idéologiquement à Breivik. Très vite, après que des analystes comme Jean-Yves Camus aient démontré que cela n’avait rien à voir, la presse écrite a cessé de faire référence au tueur d’Utoya. En revanche, jusqu’au dernier jour de garde à vue, les journaux télévisés n’ont cessé de répéter en boucle que Vikernes était « un admirateur de Breivik ». Par ailleurs, de nombreux articles en sont venus à diffamer la religion germano-scandinave Asatru, reconnue dans au moins trois pays européens (Islande, Norvège et Danemark), et parfaitement respectueuse des lois, et à taper sur le « néo-paganisme », certains associant même, contre tout bon sens, "Varg" Vikernes à Dominique Venner.

Varg Vikernes,arrestation,police,paganisme,AsgardEnfin, la presse a rappelé que Vikernes avait apporté un soutien sur son blog au vote en faveur de Marine Le Pen en 2012, preuve qu’il ne connaissait que très superficiellement le Front National, parti certes infiniment contestable sur de nombreux sujets, et notamment sur la question européenne, mais très éloigné de ses préoccupations premières. Cela a donné l’impression qu’il n’avait été arrêté que pour nuire à un FN en hausse dans les sondages, inquiétant une gauche qui a toujours soutenu implicitement le FN lorsqu’il gênait la droite, mais commence à le craindre désormais, puisqu’elle devient victime de son « golem ». En effet, l’électorat populaire de souche européenne semble désormais se détourner massivement de la « gauche », soutenant non seulement la droite mais aussi l’extrême-droite. Le rejet d’Hollande par le peuple semble de plus en plus massif, ce dernier ne bénéficiant plus que du soutien « des banlieues », soutien qui se monnaie très cher, car les évènements de Brétigny sur Orge et de Trappes favorisent encore une fois le FN, des fonctionnaires qui s’illusionnent sur la protection que le PS leur accorderait en matière de préservation des « acquis sociaux », et surtout des « bobos » des beaux quartiers, qui vantent une diversité qu’ils ne côtoient pas. Ca fait 23 à 26% des français au grand maximum, c'est-à-dire la cote du président de la république dans les sondages depuis des mois.

De ce point de vue là, l’attitude de la presse dans l’affaire Vikernes a été en dessous de tout, mais le principal responsable est celui qui leur a donné les « éléments de langage » car il est manifeste que des informations, plus ou moins justes, ont filtré et même ont été communiquées à la presse. Soit un fonctionnaire a commis une faute professionnelle en l’alertant d’une manière excessive, soit il y a eu une intention politique d’instrumentaliser cette arrestation afin de s’en servir contre le FN. Le résultat ne semble pas heureux.

Marine Le Pen n’a pas réagi en France, mais en revanche elle a répondu à la presse norvégienne, affirmant que « tout le monde sait que ce genre d’extrémistes n’a pas sa place chez nous », mais est allée plus loin en indiquant que, si elle avait été au pouvoir, Vikernes n’aurait jamais pu s’installer dans notre pays. Or, en épousant une française, il bénéficie selon les lois en vigueur, lois que Marine Le Pen n’a jamais prétendu dénoncer, du droit non seulement de venir dans notre pays mais d’acquérir notre nationalité. En outre, c’est jeter l’anathème une fois de plus sur l’ouverture des frontières au sein de l’Union Européenne. Rappelons toutefois que la Norvège n’est pas membre de l’UE et ne souhaite pas pour le moment la rejoindre.

La réaction de Marine Le Pen est symptomatique d’une peur d’être associée à des individus au discours peu compatible avec la démocratie et surtout avec le discours dominant, et témoigne aussi d’une obsession europhobe. Mais cette peur est mauvaise conseillère car cette affaire montre que l’information en France est manipulée, soit par méconnaissance des sujets évoqués, soit par médisance, et c’est inquiétant dans une démocratie, où la presse a le devoir d’être irréprochable puisqu’elle informe les citoyens et oriente donc indirectement leur vote. Sa neutralité, sa probité et la qualité de son information sont des exigences absolues. Une fois de plus, on a préféré jeter l’anathème sur un individu au passé plaidant contre lui plutôt que de s’interroger de manière distancée et critique sur cette action de police.

Varg Vikernes,arrestation,police,paganisme,AsgardEnfin, une fois que l’erreur est avérée, aucune auto-critique n’a été faite. On a jeté en pâture le nom et le visage d’un homme, nuisant considérablement à ses intérêts et à son image auprès de ses voisins, et lorsque tout se dégonfle, se résumant à un vulgaire délit de presse, on ne dit plus rien. Or cette affaire devrait servir de leçon et inciter les services de presse à davantage de prudence, au lieu de suivre comme un troupeau des bribes d’informations ne contenant que des parcelles de vérité.

Même si l’idéologie développée par Kristian Vikernes est tout à fait détestable, cela n’a rien à voir avec la foi religieuse qui l’anime, qui est en soi respectable, même si elle est bien mieux illustrée par des gens de valeur comme Olafr Magnusson, que j’ai évoqué récemment. Honorer les dieux d’Asgard ne relève pas d’un quelconque extrémisme. Au contraire, le polythéisme invite à la tolérance et non à une vision manichéenne opposant des « gentils » à des « méchants ». Le discours de Vikernes prouve qu’il n’a pas été capable de rompre avec un état d’esprit propre aux monothéistes et qu’il a encore beaucoup à apprendre avant d’être un vrai païen.

Thomas FERRIER (LBTF/PSUNE)

14/07/2013

Quand "Marianne" découvre le paganisme

marianne_m-266x200.jpg"Constantin a-t'il commis une troisième erreur en répudiant le paganisme, ciment de la gréco-romanité, au profit du christianisme ? C'est ce qui permettra à Théodose d'en faire une religion unique d'Etat, avec tout ce que cela implique...", affirme ainsi le journaliste François Darras dans le Marianne n°847 de cette semaine consacré aux "plus grandes erreurs de l'histoire".

Darras (re)découvre ainsi ce que l'apostasie de l'empereur Constantin, meurtrier des siens, a causé comme tort à l'Europe. Ce n'est pourtant pas pour rien que l'historien Piganiol avait osé affirmer que "Constantin a trahi Rome". Il est amusant de constater qu'un journal de "gauche" comme "Marianne" peut retrouver dans certains cas sa lucidité et les accents de la gauche historique authentique. Il est dommage que "Marianne" perde en revanche tout sens critique lorsqu'il s'agit de questions comme l'immigration ou l'islam. A quand un article de fond pour dénoncer le laxisme migratoire prôné par le pape François, qui est de même nature que l'acte de la noble romaine Faltonia Proba, qui était chrétienne, lorsqu'elle fit ouvrir en 410 PC les portes de Rome à ses ennemis, sous prétexte qu'eux aussi étaient chrétiens ?

Alors, journalistes de "Marianne", encore des efforts pour devenir (vraiment) républicains !

Inna Chevchenko, une européenne au service du mondialisme

67321080-femen-activist.jpgL’ukrainienne Inna Chevchenko est connue comme la dirigeante principale du mouvement Femen, né en Ukraine il y a quelques années. Représentée les seins nues et des fleurs dans les cheveux, elle pourrait passer pour une païenne moderne honorant l’Aphrodite d’Or, ou la Lada slave. Son combat pour la liberté des femmes et une saine féminité est d’un premier abord plutôt sympathique. Lorsqu’elle fustige l’intégrisme islamique en Tunisie ou lorsqu’elle proteste contre le comportement supposé de Strauss-Kahn, elle paraît animée d’une conviction sincère. Elle ressemble alors aux Amazones de la mythologie grecque, inspirées des femmes guerrières des peuples sarmatiques, Sarmates qui vivaient justement dans l’antiquité sur le territoire de l’actuelle Ukraine.

Mais sous les traits d’une Aphrodite, Inna Chevchenko cache ceux d’Hécate. En effet, Inna Chevchenko bénéficie de soutiens puissants, ce qui lui a permis d’obtenir d’une manière très facilitée, et pour des motifs plus que discutables, le droit d’asile en France. Son mouvement dispose même d’un local mis à disposition par la mairie de Paris dirigée par le socialiste Bertrand Delanoë et les autorités policières semblent particulièrement bienveillantes à son égard, celui-ci jouissant de fait d’une quasi impunité judiciaire, alors que dans le même temps des militants de la « Manif pour tous » sont régulièrement arrêtés sous des prétextes douteux.

En plus de soutiens français, qu’elle a obtenus en se ralliant d’une manière parfaitement opportuniste aux causes défendues par le PS, notamment le « mariage pour tous » et la lutte contre « l’extrême-droite », Chevchenko est financée par des oligarques internationaux, notamment américains. Cela explique cette obstination des Femen, y compris en France, à porter sur leur poitrine des slogans provocateurs rédigés en anglais. C’est dire qu’elle n’est plus une femme libre et que son combat est désormais détourné vers un soutien au libertarisme le plus pitoyable de l’Occident décadent. Bien évidemment, elle s’est en outre mise au service de la géopolitique de Washington, d’où son soutien au groupe anarchiste russe Pussy Riot, et préfère taper sur Poutine que prendre la défense de Timochenko, qui a plus fait pour l’image de la femme ukrainienne que ne le feront jamais les Femen.

Elle a donc bénéficié du droit d’asile par la grâce d’un premier ministre « socialiste », alors qu’Edward Snowden, ce courageux euro-américain qui a révélé à la presse d’Europe que nos dirigeants étaient écoutés par les services américains de renseignement, scandale qui ne semble pas offusquer un Gustavo Barroso et pour cause, n’a pas eu cette chance. Il est vrai que Snowden a osé prendre la défense des Européens, ce qui est proprement inacceptable aux yeux d’une classe politique européenne vendue à des intérêts étrangers. Seul Vladimir Poutine a fini par lui accorder le droit d’asile, en le présentant comme le nouveau Sakharov qu’il est bel et bien en vérité.

Et pourquoi elle l’a eu en France et non lui, alors même qu’elle vient d’un pays européen démocratique et ami ? Le prétexte est qu’elle risquait une mise en examen pour s’être attaquée à une croix chrétienne en bois qu’elle a découpée à la tronçonneuse. Or, en France aussi, son comportement tombait sous le coup de la loi. Ce droit d’asile n’est donc absolument pas justifié.

rodno.jpgEn outre, il est bon de revenir sur cet acte provocateur qui l’a faite connaître car il est symptomatique d’une démarche sectaire, la même qu’elle reproche, non sans raison d’ailleurs, aux religions monothéistes. En 2010, la communauté païenne d’Ukraine a fait construire sur une des collines de Kiev une statue dédiée au dieu Perun, le dieu de l’orage des anciens Slaves. En 2011, cette statue a été détruite par des chrétiens fanatiques, ne supportant pas que des Européens osent honorer leurs dieux et non le dieu proche-oriental dont Vladimir a imposé le culte à leurs ancêtres. L’acte de Chevchenko à l’égard de la religion chrétienne est de même nature que l’acte de ces vandales chrétiens vis-à-vis de cette statue d’un dieu païen. Elle est donc mal placée pour dénoncer l’intolérance des catholiques en France vis-à-vis du « mariage gay ».

Rappelons à ce propos que les militantes Femen, qui prétendent vouloir défendre les femmes, ont osé s’en prendre à d’autres femmes, manifestant avec des enfants en bas âge dans des poussettes, et ce dans les rues de Paris, lors du premier défilé contre le « mariage pour tous ».

L’un des derniers faits d’armes de ce groupe d’action féministe est une énième profanation de Notre-Dame. Une « Femen » a ainsi fait irruption dans la cathédrale, les seins recouverts de slogans anti-chrétiens peinturlurés, et a imité d’une manière injurieuse l’acte sacrificiel de Dominique Venner qui avait été commis la veille. Or, il convient de rappeler que Venner n’était en rien un catholique mais quelqu’un qui n’a jamais caché ses convictions païennes et a toujours dénoncé le fanatisme des sectateurs des religions du livre.

Qui imite les talibans en s’en prenant aux fidèles d’une autre religion, en salissant le témoignage politique d’un Européen à la longue mémoire, en prônant la tolérance mais en pratiquant de fait la violence ? Où est le courage politique lorsqu’on se rallie au pouvoir en place et qu’on bénéficie en conséquence de ses indulgences ?

Mais il est bien naturel pour les Femen de donner des gages à ceux qui les financent, détournant ainsi un combat au départ légitime et respectable vers la promotion d’une idéologie gauchiste au service d’intérêts américains, le tout soutenu par le Parti « Socialiste » français. Cela permet ainsi à Inna Chevchenko d’être soutenue par la militante professionnelle Caroline Fourest, qui lui consacre une biographie à sortir prochainement. C’est donc la reconnaissance pour cette jeune ukrainienne dont le seul « mérite » aura été de se vendre avec armes et bagages à l’idéologie mondialiste et de trahir ainsi les intérêts des femmes d’Ukraine et des femmes d’Europe.

Thomas FERRIER

Secrétaire général du PSUNE

PS: la seconde image de cet article illustre ce qu'est l'authentique féminisme européen, avec cette image d'une jeune païenne slave, l'épée à la main. Inna, tu te trompes de combat !

13/07/2013

Quand le pape François renie l'Europe !

Pagan_vs_christian.jpgIl y a quelques jours, celui qui se fait appeler « évêque de Rome », rejetant avec dédain l’image des papes de la Renaissance, défenseurs de l’humanisme européen, des papes capables de faire représenter l’Académie de Platon au sein même de leur palais et appelant au soutien en faveur des Byzantins, menacés de submersion par les conquérants ottomans, à savoir le pape Franciscus [« François »], s’est rendu sur l’île italienne de Lampedusa, qui subit depuis plusieurs années le débarquement régulier de clandestins africains, notamment musulmans, en grand nombre.
 
Au lieu d’apporter son soutien aux populations locales, il a préféré tenir un discours moralisateur condamnant le mauvais accueil que les Européens réservent à ces migrants clandestins qu’il a rebaptisés « réfugiés » et a appelé à l’ouverture à « l’Autre ». Ce discours, qui constitue un appel d’air supplémentaire à une immigration clandestine devenue insupportable aux yeux de plus en plus d’Européens, démontre si besoin est que la papauté tourne désormais le dos à l’Europe.
 
Il faut également savoir que François a refusé d’assister il y a quelques semaines à un concert dédié à l’Année de la Foi et où a été joué la neuvième symphonie de Ludwig von Beethoven, qui n’est autre que l’hymne européen. Il est vrai qu’un hymne qui commence par « O Freunde, tochter der Elysium », Ô Joie, fille d’Elysion, ne peut pas plaire à un pape rejetant la tradition humaniste européenne au profit d’un humanitarisme tiers-mondiste et marxisant tout à fait inapproprié.
 
Alors que l’Europe continue de se déchristianiser, annulant ainsi les effets de la conversion forcée de nos ancêtres par les talibans de Théodose et ses successeurs, le pape cherche à flatter ses nouveaux « marchés de la foi », que sont notamment l’Afrique et l’Asie. En Inde même, les évangélisateurs chrétiens et les prédicateurs musulmans travaillent main dans la main pour combattre l’Hindutva, l’idéologie nationale hindoue et indienne. Si l’Eglise a pris position aux côtés des jeunes Européens lors du débat en France contre le « mariage pour tous », c’est parce que cela ne lui coûtait pas cher, puisque les musulmans et les chrétiens africains sont en première ligne contre une telle disposition législative. Ces Européens, qui ont cru que l’Eglise les défendait, se sont trompés, de la même façon qu’ils ont été abusés par l’égérie Frigide Barjot.
 
Avec sa déclaration de Lampedusa, le pape François prend position. Il rejette les expressions par trop païennes de « souverain pontife », expression issue de la religion romaine ancienne (pontifex maximus), et de « pape », issue du mithraïsme. Il redevient donc l’évêque de Rome, mettant fin à cette papauté née de la ruine de l’empire romain et fondée sur un faux célèbre, la Donation de Constantin. Néanmoins, il continue de disposer des richesses accumuléss par l’Eglise lorsque celle-ci s’est emparée des biens des temples païens, du revenu des terres que les souverains chrétiens lui ont abandonnées et de la dîme payée par tous les paysans d’Europe occidentale pendant des siècles. Mais ces richesses, il n’entend pas les mettre à disposition des Européens dans le besoin. Une organisation vaticane comme Caritas apporte ainsi son aide aux populations immigrées venus du tiers-monde et installées en Europe, au mépris de lois que les gouvernements n’ont plus le courage de faire respecter et sans tenir compte de l’avis des populations européennes obligées de cohabiter avec des gens dont la présence n’était pas désirée et sur laquelle elles n’ont jamais été consultées.
 
Comme s’il s’agissait d’une réponse aux propos inconscients d’un pape qui encourage une évolution mortifère pour l’Europe, l’homme politique et ancien maire de Reykjavik, l’islandais Olafur F. Magnusson a réagi le 11 juillet dernier au projet de construction d’une mosquée en plein centre de la capitale. Il dénonce le caractère prosélyte de l’islam et, évoquant les émeutes de Malmö, souhaite protéger les femmes contre la violence religieuse et préserver l’identité nationale. Il ajoute même qu’il faut stopper l’expansion de l’islam.
 
Mais Magnusson ne le fait pas au nom du christianisme qui devrait se défendre contre l’islam, pas du tout même. Il explique que si un lieu de culte doit bénéficier du meilleur emplacement d’Islande, alors c’est à l’association Asatru, le mouvement païen germano-scandinave d’Islande, qui honore les dieux d’Asgard, Thor et Odin en tête, d’en disposer. Il affirme ainsi « le droit absolu » pour les Islandais païens « d’obtenir le meilleur emplacement dans la capitale » et ajoute qu’ « ils étaient là avant que les chrétiens ne leur imposent leur idéologie » et qu’ils sont « dans le pays depuis toujours ».
 
lampedusa,pape françois,immigrationnisme,gauchisme,paganisme,europe,clandestinsMagnusson démontre ainsi qui sont les véritables défenseurs de l’Europe et que c’est par le recours à la tradition spirituelle européenne la plus authentique que nous pourrons demain vivre dans une Europe puissante et protégée. Alors que la croix se fait croissant, le marteau de Thor, lui, ne faiblit pas.

Quand tous ces jeunes Européens, qui veulent sincèrement défendre l’Europe, et défilent même pour s’opposer aux forces d’involution à l’œuvre, se réclament du christianisme, ils sont abusés. Et à Lampedusa, les païens rendraient des sacrifices au dieu Neptune en personne pour que leurs côtes demeurent préservées.
 
Car défendre l’Europe et les Européens n’est pas une tâche facile et nécessite du courage politique et moral, celui de faire ce qui est nécessaire, avec toute la fermeté requise. Il est facile pour un pape de donner des leçons alors que ce n’est pas lui qui paiera les conséquences de son laxisme et de ses encouragements inconsidérés à un flux migratoire auquel il conviendrait de s’opposer.
 
Dans ce combat pour une Europe qui ne veut pas mourir, d’une Europe qui aspire à la renaissance de sa civilisation, le pape a choisi de se ranger dans le camp de l’Anti-Europe. L’Eglise n’y gagnera rien et continuera même de perdre le peu de crédit dont elle dispose encore sur notre continent. Et désormais, il est clair que les Européens n’ont à attendre aucun salut venant de la religion chrétienne, bien au contraire.
 
Thomas FERRIER

Secrétaire général du PSUNE

23/06/2013

De la religion « nostratique » ou « caucasique »

Stonehenge.jpgLe terme de « nostrate » désigne un macro-groupe linguistique qui serait à la base de nombreux groupes linguistiques propres à la majorité des populations europoïdes, à savoir les groupes indo-européen, afrasien, ouralien, altaïque et caucasien, sans oublier le basque et les langues asianiques (hatti, hourrite) ainsi que le sumérien et l’élamite.

Si une langue originelle a pu exister aux débuts d’existence de l’homme moderne en Eurasie, il est possible d’imaginer de la même façon une religion originelle dont les traits se retrouveraient dans les différents polythéismes qui y prendraient leur source.

Cette religion « nostratique » ou « caucasique » reposerait sur l’existence de puissances divines, et songeons que le nom des dieux Valar imaginés par Tolkien signifie aussi « les puissances », de la racine indo-européenne *bhel-, « force », qu’on retrouve dans le russe vlast’, « pouvoir ». Par « puissance », il faut comprendre que la divinité est l’incarnation d’une puissance cosmique, d’un astre ou d’un phénomène, d’une force naturelle.

Le couple divin de base unit le dieu du ciel et la déesse de la terre, la seule exception étant dans la mythologie égyptienne l’inversion sexuelle entre les deux (Geb est le dieu de la terre et Nout la déesse du ciel, mais l’un et l’autre continuent de former un couple sacré). Au cœur de la religiosité indo-européenne, on retrouve l’union de *dyeus et de *dhghom, le *pater et la *mater. La base de la théogonie hésiodique, comme de la théogonie sumérienne d’ailleurs, est bien l’union de ces deux principes (Ouranos et Gaia, An et Ki), regroupée en sumérien sous le concept d’Anki, entouré de l’Abzu ou « océan primordial » (Océanos en grec).

Chez les anciens Sémites, le dieu du ciel *Ilu a comme parèdre une divinité de la fécondité, qui est *Atiratu (cananéenne Asherah), mais dont le rôle chtonien paraît davantage réduit dans un environnement semi-désertique. En Iran zoroastrien, l’union d’Asman (le ciel) et de Zamyat (la terre) est également présente même si son rôle en religion est très affaibli, remplacée par l’union d’Ahura Mazda et de sa parèdre Ahurani. Enfin, en Inde, le couple ciel-terre, regroupé dans l’expression dyavaprithivi, est certes fondamental mais le rôle des divinités en question est en revanche extrêmement mineur.

D’une manière générale, le dieu du ciel donne son nom aux autres divinités, les *deywês indo-européens étant descendants de *dyeus, comme les *iluhim sémitiques le sont de *ilu, comme les diala sont les fils du dieu du ciel Diala dans la mythologie tchétchéno-ingouche et comme les tanrilar turcs sont fils de Tanri, le « loup gris ». Enfin, les dieux sumériens sont appelés Annunaki, du nom du dieu céleste An et les dieux hongrois sont des isteni, du nom du dieu céleste Isten. Il y a toutefois quelques exceptions, comme chez les Etrusques, où les dieux sont appelés aisar, et n’ont pas de lien direct avec le dieu céleste Tinia, mais le terme « aisar » rappelle l’indo-européen *ansus, « divinité », et surtout chez les Basques. Chez ces derniers, le nom des dieux est jainko (féminin jainkosa) et n’a pas de lien avec le nom du dieu du ciel, Urtzi, même s’il est possible que par le passé les choses aient pu être différentes. Enfin, la déesse de la terre, en tant qu’épouse du dieu du ciel, porte parfois un nom spécifique dans ce rôle. Ainsi est-elle *Ilatu chez les anciens Sémites et *Diwni chez les anciens Indo-Européens (grecque Dionê, latin Diana).

De ce couple primordial proviennent les autres dieux et déesses composant le panthéon, qui n’est pas composé d’une multitude de dieux mais de grandes figures mythiques représentant les forces élémentaires de l’univers (terre, air, eau, feu), les astres (soleil, lune, étoiles et planètes) et les phénomènes atmosphériques (aurore, orage, crépuscule, nuit), ainsi que les êtres vivants (animaux sauvages et d’élevage, forêts et champs agricoles). Par extension, ces divinités ont aussi un rôle social, patronnant des activités humaines fondamentales (agriculture, navigation, chasse, guerre, souveraineté politique, arts) ou des sentiments (amour, discorde, harmonie, honneur).

Dans les panthéons, un dieu spécifique a un rôle majeur, au point parfois de détrôner le dieu céleste. Il est *Adadu dit *Balu (Baal) chez les anciens Sémites, *Maworts (qui a donné Mars à Rome) chez les anciens Indo-européens. On le retrouve sous les traits d’Orko au pays basque, le maître du tonnerre, et de même sous ceux de Buran chez les anciens Turcs, de l’Hadur hongrois ou encore de l’Ishkur sumérien et du Sela vaïnakh. Ce dieu de l’orage est aussi le dieu de la guerre, même si cette fonction finira bien souvent par être attribuée à un dieu spécifique, comme Moloz chez les Géorgiens. Chez les Grecs et les Romains, la fonction orageuse sera assumée par le dieu du ciel (Zeus, Jupiter), laissant aux héritiers de *Maworts (Arès et Mars) la seule fonction guerrière. Cela s’explique par l’influence crétoise chez qui le ciel diurne et le ciel d’orage avaient fini par ne faire qu’un, le fameux dieu-taureau qui servira de base au mythe du Minotaure.

Il a à ses côtés une épouse qui est la déesse de l’aurore et de l’amour, assimilée à la planète Vénus. Chez les Indo-européens, c’est *Ausos, l’Aurore, surnommée *Wenos (latin Venus, sanskrit vanas), « le désir amoureux ». Elle possède deux dimensions, en tant que déesse guerrière (Athéna) et en tant que déesse amoureuse (Aphrodite). Chez les anciens Sémites, *Attartu possède également ces deux dimensions, c’est en particulier le cas de l’Ishtar mésopotamienne, comme de l’Inanna sumérienne. Toutefois, l’Aurore comme phénomène atmosphérique est patronnée par le dieu *Sharu (cananéen Shahar). Chez les autres peuples « caucasiques », cette déesse a un rôle beaucoup plus modeste.

Arkaim_Low.jpgEnfin, les divinités astrales que sont le Soleil et la Lune se retrouvent au premier plan dans toutes ces mythologies. Le soleil est généralement un dieu masculin, mais certaines mythologies le présentent sous des traits féminins (la *shamsu sémitique, certaines déesses solaires d’Europe du nord et de l’est, dans le Caucase), et de même la lune peut aussi bien être féminine (chez les Grecs, les Romains, les Celtes et les Arméniens dans le monde indo-européen) que masculine (chez les Sémites, les Turcs mais aussi les Germains, les Indo-iraniens et les Baltes). Dans certains cas, deux divinités lunaires, l’une masculine et l’autre féminine cohabitent. Dans la religion proto-indo-européenne, on a ainsi *Mens et *Louksna, *Mens étant masculin ou féminin selon les cas, *Louksna (« la lumineuse ») toujours féminine.

Cette brève analyse tend à démontrer que les mythologies des peuples caucasiques ou europoïdes sont apparentées, avec de grandes figures communes et la base d’un panthéon organisé. Union du ciel et de la terre, séparation du ciel de jour (*dyeus, *ilu, Tanri, Isten) et du ciel d’orage (*maworts, *adadu, Hadur), couple orage/aurore, dieux et déesses comme fils du dieu du ciel dont ils portent ainsi le patronyme, forces de la nature incarnées, tout cela permet de reconstituer une religion ancestrale dont les traces remontent au paléolithique.

Si cette religion a évolué et s’est étoffée au gré des progrès scientifiques, et notamment le passage à l’agriculture et à l’élevage, la sédentarisation des populations au sein des premières cités, l’invention de la roue, la domestication du cheval, son cœur matriciel n’a pas changé. La religion « nostratique » aurait possédé une petite vingtaine de divinités et non une multitude comme dans l’animisme, des dieux à forme humaine pour l’essentiel, même si liés à des animaux emblématiques. Ce n’est qu’en Egypte et dans une moindre mesure en Inde que les représentations divines intégreront des traits animaliers. Encore n’est-ce le cas que pour certaines divinités, car Osiris et Isis ont forme humaine, de même que Geb et Nout, et surtout Maat, la déesse de la justice.

religion préhistorique,nostrates,caucasiens,europoïdesElle est fondamentalement polythéiste, l’idée d’un monothéisme primitif qu’évoquaient les savants européens au XIXème siècle et les théologiens chrétiens et musulmans depuis toujours ne tenant pas. S’il y a bien un dieu suprême, il n’est en aucun cas dieu unique et il a épouse et enfants. Face à ce monde qu’ils comprenaient mal, les mortels ont toujours pu compter sur l’appui de ces divinités ancestrales, nées en même temps que l’univers et dont elles sont les piliers. Dans le monde non-caucasique, la mythologie japonaise est la seule à s’apparenter d’une certaine manière à cette religiosité ancestrale ici évoquée. Ses traits sont néanmoins fort différents, puisque le cœur de leur logique est l’affirmation de la déesse du soleil Amaterasu, en rivalité avec son frère orageux Susanoo, même si les dieux ou kami sont généralement anthropomorphes. Les religions d’Afrique noire ou de Chine sont fondamentalement autres, de même que les cultes précolombiens qu’ont rencontrés les espagnols, même si on retrouve des divinités astrales et atmosphériques (le dieu inca Inti patronnant le soleil, le dieu aztèque Tlaloc maîtrisant la pluie), qui sont d’une certaine manière des divinités universelles, mais dans une lecture diversifiée et enracinée.

Thomas FERRIER (PSUNE/LBTF)

Laïcité et intolérance, religion romaine et christianisme

louve-romaine.jpgDans une revue d’ « opposition nationale et européenne », revue nationaliste et catholique, « Hannibal » affirme que « nous venons de fêter le dix-sept centième anniversaire de l’édit de Milan, par lequel Constantin le grand institua la laïcité ». L’auteur ajoute que « l’empire romain avait une religion d’état dont le service strict menait logiquement aux persécutions ». En revanche, John Scheid, historien de Rome, dans Le Point du 20 juin 2013, affirme que « Rome, c’est la laïcité garantie par l’Etat ».
 
Le premier distingue radicalement le christianisme des autres religions, judaïsme, islam et religion romaine étant mis dans le même sac. En revanche, le second illustre la spécificité du paganisme, ici dans sa version latine, issue de la tradition indo-européenne, par opposition d’avec les monothéismes abrahamiques.
 
Jean Soler, dans ses différents ouvrages, a démontré que l’intolérance en religion était un trait spécifique propre aux monothéismes. Ce faisant, il considère le christianisme comme tout aussi intolérant que l’islam. En revanche, les « nationaux-catholiques », qui dénoncent l’intolérance juive et musulmane, reprochent aux autres ce qu’ils exonèrent lorsque cela a lieu au nom de leur religion. Ainsi, leur lecture de la christianisation de l’empire romain est-elle profondément malhonnête intellectuellement, de même que leur défense de gens condamnés non pour leur foi mais en raison des lois que celle-ci leur enjoignait d’enfreindre.
 
La religion romaine est de nature tolérante, même si les autorités ont toujours veillé à la paix civile et au respect des traditions. Dans un contexte militaire, elle peut s’opposer à l’introduction de la religion des ennemis au sein de la cité. Virgile oppose ainsi les dieux de Rome, anthropomorphes, aux dieux égyptiens, présentés comme zoomorphes, de même qu’il distingue la raison occidentale et la superstition orientale. Le judaïsme connut, entre 70 et 135 après J.C, une répression de la part des Romains, mais c’était dans le contexte des « guerres juives ». Une fois la révolte de Bar Koshba vaincue, les Romains réaffirmèrent les principes de tolérance propres à leur vision du monde. Antonin le pieux annula toutes les mesures de rétorsion prises par son prédécesseur Hadrien.
 
A Rome même, à côté des dieux gréco-romains, résultat d’une fusion entre la religion latine populaire et l’esthétique hellénique, on trouve des cultes rendus à des divinités celtes, germaniques ou illyriennes mais aussi égyptiennes ou orientales. Le Jupiter de Dolichê, dernier avatar du dieu hittite Tahruntas, cohabite avec la gauloise Epona. Tant que ces religions n’impliquent pas que la loi romaine se plie à leurs règles, bien que des dérogations soient obtenues par les religions propres à un peuple, comme le judaïsme, l’Etat romain les accepte.
 
Ce n’est que face à des monothéismes de type universaliste, qui impliquent de ne pas respecter la loi commune, de refuser le service militaire, de ne pas honorer l’empereur, que l’Etat romain se braque. Ce n’est pas la foi qui anime les sectateurs de ces religions qui le dérange. Celui-ci est en effet indifférent à cette notion, la fides romaine étant un code d’honneur. L’Etat veut simplement que les rites civiques continuent d’être pratiqués, qu’ils le soient par des croyants ou par des incroyants. Socrate n’a pas été condamné à Athènes parce qu’il ne croyait pas dans les dieux olympiens, mais parce qu’il sapait la base de leur culte par son enseignement.
 
Les chrétiens, et les manichéens dans une moindre mesure, appelaient à un renversement des valeurs et ne se limitaient pas à souhaiter la liberté de pratiquer leur culte, que l’Etat romain aurait été prêt à reconnaître dans d’autres conditions. C’est à la chute même de Rome qu’ils appelaient fondamentalement. Le fanatisme amenant au martyrat sera le même qui amènera à la conversion forcée des païens trois siècles plus tard, lorsque l’empereur passera avec armes et bagages dans leur camp.

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16/06/2013

Les dieux de Shem

Baal_main.gifErnest Renan avait popularisé l’idée que le désert était naturellement porteur de monothéisme, et au XIXème siècle, il était courant à gauche de distinguer le polythéisme indo-européen du monothéisme sémitique, dans une opposition simpliste et au final factice. De la même façon, chez les chrétiens et les musulmans, on retrouve le mythe d’un « monothéisme originel », le passage au polythéisme s’apparentant à une déchéance en tombant dans l’idolâtrie (« veau d’or »). Abraham n’apparaît donc pas comme l’inventeur du monothéisme mais comme le restaurateur d’une tradition ancestrale perdue.
 
Or, avant même qu’il n’existe des cananéens et des assyriens, des arabes et des phéniciens, il existait un peuple préhistorique que par convention on a appelé « proto-sémitique » et dont la langue est mère des langues sémitiques anciennes (akkadien, assyrien, cananéen, araméen, phénicien) et modernes (hébreu, arabe). Ce peuple possédait une culture bien spécifique, avec un roi-prêtre (proto-sémitique *m’lku) et un panthéon possédant une dizaine de grandes divinités, masculines comme féminines. Il semble bien que ce soient les peuples ouest-sémitiques qui soient demeurés les plus fidèles à cette religion ancienne, alors que les Akkadiens ont très vite fusionné leur mythologie avec celle des Sumériens. Ainsi, le dieu sumérien du ciel An (devenu Anu en akkadien) était-il aussi appelé Ilu, de même que Bel Hadad était alors apparenté au sumérien Ishkur. Et la déesse Ishtar devint l’homologue de la sumérienne Inanna, déesse de l’amour, de la guerre et des enfers. Les Iluhim ou fils d’El et les Announaki sumériens ou fils d’An fusionnèrent assez naturellement.
 
Le dieu suprême du panthéon proto-sémitique était *Ilu, à la tête des *Iluhim (ou dieux) et des *Ilatim (ou déesses). Il était symbolisé par un taureau céleste et son nom pouvait signifier à l’origine « celui qui est en haut », donc le ciel souverain. Comme le *Dyeus indo-européen, *Ilu était un dieu assez distant qu’on l’on craignait davantage qu’on en attendait une assistance concrète. Néanmoins, l’El phénicien, l’Allah des Arabes païens ou encore El Elyon « le très-haut », dieu de l’acropole de Jérusalem, étaient fort honorés.
 
C’est son fils, le dieu de l’orage, *Adadu, généralement surnommé *Balu, « seigneur », qui bénéficiait de plus grands honneurs. A la différence de son divin géniteur, il était beaucoup plus proche des hommes puisque, dans un environnement semi-désertique, il était le seul à apporter la pluie bienfaitrice. Il était en conséquence également le dieu de la fertilité, capable de vaincre la mort, personnifié en Canaan par le dieu Môt. Il fut appelé Adonis par les Grecs, alors qu’il associait davantage les fonctions de Zeus et d’Arès, mais aussi de Dionysos.
 
Ces deux dieux disposaient d’une ou plusieurs épouses attitrées. *Ilu était l’époux de la déesse *Atiratu, elle-même surnommée *Ilatu, parèdre du dieu du ciel. On la retrouve sous les traits de l’Asherah cananéenne mais aussi de l’Allat arabe, même si les textes musulmans la présentent comme « fille d’Allah » et non comme l’épouse qu’elle était. Elle était la mère des autres dieux, mais n’avait visiblement pas le rôle d’une déesse chtonienne.
 
Quant à *Adadu, il possédait deux épouses aux rôles bien différents, mais qui n’étaient peut-être en définitive qu’une seule. Il était l’époux de la déesse de l’amour et de la fertilité, *Attartu (cananéenne Ashtoreth, akkadienne Ishtar, arabe al-Uzza), qui était également appelée *Balatu (« épouse de Baal »), mais aussi de la déesse vierge guerrière *Anatu, qui rappelle par certains traits l’Athéna des Grecs.
 
Le rôle principal de ce dieu de l’orage était, comme dans la mythologie indo-européenne, de combattre le dragon des eaux, sorte de monstre gigantesque entourant la terre de ses anneaux. Chez les cananéens, son nom était Lotan, qui a donné le Léviathan, mais son nom originel n’a pu être reconstitué.
 
ashtoreth.gifLes autres divinités importantes représentaient les astres et phénomènes célestes. Le soleil était vraisemblablement une divinité féminine, ce qui peut surprendre dans un premier temps, si on songe au dieu du soleil Shamash en Akkad et à l’idée que le soleil dans un environnement semi-désertique serait nécessairement un symbole de puissance. *Shamshu a en effet eu des héritières de sexe féminin, comme la déesse arabe Shams. Le caractère masculin de son incarnation akkadienne tient certainement à une influence sumérienne, Utu étant le dieu sumérien du soleil et le juge des hommes. Et de même, *Warihu était le dieu de la lune, que l’on retrouve sous les traits du Yarih cananéen, et qui correspond au dieu assyro-babylonien Sîn. *Warihu, en tant que dieu guerrier, et *Shamshu étaient visiblement un couple divin, au même titre qu’*Ilu et *Ilatu et que *Balu et *Balatu.
 
Ils avaient comme frère ou comme enfant le dieu de l’aurore, *Sharu. Contrairement à la mythologie indo-européenne, chez les Proto-sémites, l’Aurore était une divinité masculine. Il était le père de deux dieux jumeaux correspondant à l’étoile du matin et à l’étoile du soir, à savoir la planète Venus. En Canaan, les fils de Shahar étaient Helel, assimilé par les Latins puis par les Chrétiens à Lucifer, et Shelim. En revanche, chez les Grecs, Eosphoros et Hesperos étaient fils de la déesse Aphrodite, incarnation de l’aurore indo-européenne.
 
Enfin, il est possible que le peuple proto-sémitique ait eu au sein de son panthéon un dieu de la mer comparable au dieu cananéen et phénicien Yam, mais ce n’est pas certain. Il est absent dans la mythologie arabe comme dans la mythologie babylonienne. Et le dieu *Kottaru était probablement le dieu de la forge et du feu des anciens Sémites, de même que le dieu *Reshpu était vraisemblablement le dieu médecin.
 
Par la suite, les peuples sémitiques, une fois qu’ils ont quitté leur foyer d’origine, qui était probablement la corne est de l’Afrique ou le sud-ouest de l’Arabie (actuel Yemen), ont enrichi leur panthéon de divinités variées, et notamment divers Baalim préposés à telle ou telle mission.  Les formes « Baal » et « El » ont même pu devenir les surnoms du dieu du soleil chez les Phéniciens, comme Baal Shamin, « seigneur des cieux » ou El Gabal, finissant sous Aurélien par acquérir les traits d’un Sol Invictus.
 
Et de la même façon, certains peuples ont eu tendance à développer le culte d’un dieu ethnarque, un dieu spécifique à chacun. C’est ainsi que des divinités comme l’akkadien Marduk ou l’assyrien Assur ont pris les traits d’un dieu orageux, de la même façon que le Kemosh amoréen et que le Yahweh judéen. Dans ce dernier cas, la fusion est totale entre la dimension céleste d’El, d’où la récupération du culte d’El Elyon à Jérusalem, et la dimension guerrière et orageuse d’un Baal Hadad (Sabaoth). La monothéisation d’El aboutira en revanche chez les Arabes au Allah islamique, cet ancien dieu du ciel, époux d’Allat et père de Quzah [Baal] et de al-Uzza [Ashtoreth], devenu dieu unique.
 
Dans la tradition judéenne, Yahweh n’était pas à l’origine un dieu unique, mais un dieu protecteur du seul peuple d’Israël. Dans un environnement où les peuples voisins ont grosso modo les mêmes dieux, il devint important de se distinguer en religion. Les Phéniciens restèrent des polythéistes, y compris dans leur succursale carthaginoise, jusqu’à la christianisation de l’empire romain. Les dieux sémitiques continuèrent en outre d’être honorés dans ce sanctuaire qu’était Harran, en Syrie, jusqu’au XIème siècle.
 
Les polythéismes sémitiques sont enfin réapparus à l’époque moderne aussi bien au sein du courant sioniste (le mouvement « cananéen ») que des communautés juives d’Amérique (« judéo-paganisme »), et dans une moindre mesure chez certains intellectuels arabes (« wathanisme »).

Thomas FERRIER (PSUNE/LBTF)