20/10/2014
Contre l'universalisme, source de tout impérialisme
La première forme d’universalisme émerge dans l’ancienne Perse, sous la gouvernance des Achéménides. Après s’être substitué à leurs cousins mèdes, les Perses vont à partir de Cyrus se constituer un vaste empire, allant de la Mer Egée jusqu’à l’Inde. L’empire perse comprendra en son sein non seulement des populations iraniennes et iranophones, comme les Mèdes ou les Scythes, mais aussi des Grecs et des Arméniens, et surtout le monde ouest-sémitique (Babylone) et l’Egypte. De ce fait, la Perse formera un empire multiculturel. Néanmoins elle ne s’assumera jamais réellement comme universelle, car la religion zoroastrienne est une religion ethno-nationale qui oppose les Perses et les non-Perses, ces derniers étant assimilés à « Turan », le royaume (mythique) ennemi de l’Iran. Ainsi, seuls les Iraniens de souche pouvaient (et peuvent encore) être zoroastriens.
C’est sur cet embryon d’universalisme non assumé qu’intervient Alexandre. Le conquérant macédonien se substituera aux shahs de Perse mais en s’émancipant à la fois du rigorisme zoroastrien et des enseignements hellénocentrés d’Aristote. Certes, dans la réalité, l’universalisme d’Alexandre se limitera à unir par le mariage des Grecs et Macédoniens avec des femmes de la noblesse perse. Mais très vite, une fois le roi macédonien mort, et alors que ces mariages prendront fin aussi vite qu’ils auront été conclus, les monarchies hellénistiques qui lui survivront assumeront une idéologie universaliste explicite. Cela sera notamment le cas de la dynastie lagide en Egypte mais aussi des Séleucides en Orient.
Alors qu’un athénien de l’époque de Périclès aurait considéré la culture grecque comme l’apanage des seuls vrais Grecs, désormais l’hellénisme se répand en orient. Une ville comme Alexandrie sera le symbole de cette étrange fusion entre Grèce et Orient. Ce n’est pas un hasard si elle deviendra bien des années après un centre chrétien de première importance.
Alors que la Rome républicaine aspirait à unir des peuples proches, comme les autres tribus italiques, une forme d’universalisme romain se mit en place progressivement au gré des conquêtes. Certes Caton dénoncera la « fides punica » de Carthage et Virgile opposera les dieux anthropomorphes de Rome aux dieux zoomorphes de l’Egypte. C’est parce qu’il a trahi Rome pour succomber aux séductions orientales qu’Antoine sera aisément démonisé par Octavien qui, devenu Auguste, interdira les cultes égyptiens au cœur du pomœrium. Mais très vite l’empire romain se confondra avec le monde, et l’édit de Caracalla en 212 après J.C mettra fin à toutes différences entre les Romains et les populations qu’ils avaient vaincues.
A l’universalisme de la Grèce déclinante et à l’universalisme de la Rome impériale dans laquelle « Rome n’était plus dans Rome » s’ajouta un universalisme juif, une vision messianique où le culte du dieu unique ne serait plus celui du seul peuple judéen mais de l’humanité entière. Une même dérive religieuse avait eu lieu en Egypte aux alentours de 1400 avant J.C, avec le pharaon Amenhotep IV, dit Akhénaton, qui voulait faire du culte d’Aton une religion universelle.
Le courant universaliste juif et le courant universaliste gréco-romain se rencontrèrent dans l’esprit de Paul de Tarse. Lorsque ce dernier déclare qu’il n’y a plus « ni juif, ni grec », il introduit en religion l’universalisme. Alors que le paganisme, « religion du pays » (latin pagus), prêche l’enracinement et le culte des ancêtres, et que le judaïsme est la religion spécifique du peuple judéen, Paul appelle à renoncer à ces particularismes fondamentaux pour rejoindre la religion nouvelle. Alors que les religions antiques prêchaient la tolérance réciproque de peuples enracinés chacun dans leur tradition propre, le monothéisme oppose désormais le bien et le mal, ceux qui ont reconnu le discours de Christ et ceux qui l’ont refusé. Aux païens et aux juifs qui n’ont pas reconnu la divinité de Jésus l’enfer est réservé.
Dès lors, au nom d’une vérité révélée, il faudra convertir les païens et persécuter les hérétiques. Lorsque Constantin fit le choix de passer au christianisme, la tolérance antique cessa d’exister, jusqu’à ce que Théodose interdise purement et simplement aux païens le droit de pratiquer la religion de leurs ancêtres. L’islam prolongera et durcira le caractère violent du monothéisme chrétien, dénoncé à juste titre par Jean Soler dans ses ouvrages. Lui aussi sera universaliste, transcendant sous le regard d’Allah toutes les différences entre les peuples et les civilisations.
En 1789, la révolution française prônera également une forme d’universalisme, même si dans les faits le monde se limitait en réalité pour elle à l’Europe. Les idéologies du XXème siècle ne seront pas moins universalistes. Il existe un universalisme « socialiste » qu’on a appelé l’Internationale marxiste. Il existe un universalisme « libérale » qu’on appelle désormais « mondialisme ». Tous ces universalismes sont également des impérialismes, à la source de toutes les colonisations.
L’universalisme soviétique signera la domination des Grands-Russes sur les autres peuples de l’ancienne Russie tsariste, de la même façon que l’universalisme jacobin fut celui des Franciens (locuteurs des langues d’oïl) sur les autres peuples de l’ancienne France capétienne. Et l’universalisme libéral, avec sa démocratie de façade et ses « droits universels », considérablement renforcé depuis la chute de l’URSS, sera la marque de l’impérialisme américain.
En fait, toutes les formes d’impérialisme, qu’il soit libéral, communiste ou même nazi, ont à la base une forme d’universalisme, l’idée que leur modèle politique ou leurs valeurs civilisationnelles ont vocation à s’imposer au monde entier, en niant ou détruisant toutes les différences, tous les particularismes. L’universalisme souhaite un homme interchangeable, déraciné, un « citoyen du monde » c'est-à-dire en réalité un sujet d’une oligarchie planétarisée. De la même façon que tout le monde avait vocation à devenir « citoyen romain » lorsque Rome avait cessé d’être une république d’hommes libres, de la même façon que tout le monde peut devenir chrétien ou musulman, quelles que soient ses origines, l’humanité entière devrait se soumettre à la même utopie.
Or l’universalisme n’est simplement pas possible et à chaque fois qu’il a voulu s’imposer il a lamentablement échoué. Des civilisations très différentes n’ont pas vocation à s’entendre. Des peuples trop différents n’ont pas vocation à s’unir. Ils ne le veulent pas et ne le souhaitent pas. C’est pourquoi l’URSS s’est effondrée, c’est pourquoi les Eglises ont fini par se vider face à la vague de nationalisme qui submergea notre continent aux XIXème et XXème siècles, et c’est pourquoi le mondialisme aussi va s’effondrer, que cela soit celui promu par les Américains ou que cela soit celui promu par les islamistes.
Ne nous y trompons pas. Derrière l’impérialisme américain ou derrière le néo-jihad salafiste, on retrouve la même volonté de faire table rase du passé, d’inventer un « homme nouveau » sans racines et sans histoire, un renégat. Au final, l’universalisme finit toujours par faire couler le sang. Ceux qui refusent ce modèle unique, ce sont les païens persécutés par l’Eglise, les « infidèles » persécutés par les islamistes, les indigènes face aux colonisateurs, les koulaks face au bolchevisme, les chouans face aux jacobins, et d’une manière générale tous les dissidents confrontés à des régimes totalitaires.
L’universalisme est l’ennemi de l’humanité. Le respect et la préservation des différences, là est en revanche son salut.
Thomas FERRIER (PSUNE)
00:19 Publié dans Analyses, Religion | Lien permanent | Commentaires (40) | Tags : universalisme, impérialisme, différences, civilisations, mondialisme |
Commentaires
Mais pourriez-vous donner une donner une définition précise de l'universalisme. Conceptuellement j'entends. On peine à distinguer ce que vous dites de l'universalisme de l'impérialisme ou même de toute forme de domination susceptible de s'auto-légitimer symboliquement, idéologiquement en référence à un ordre naturel, nécessaire, métaphysique etc. supposé.
Ailleurs vous aviez soutenu une conception radicale de la relativité du concept de vrai (allant jusqu'à dire qu'une proposition arithmétique ne repose que sur un principe d'utilité, ce qui est évidemment abusrde) qui laisse croire qu'il ne s'agit pas simplement d'un principe de modération de type politique.
Écrit par : L'Ours | 20/10/2014
L'universalisme est l'idée qu'un concept politique, religieux ou culturel serait exportable au monde entier, en dehors de sa propre civilisation, et qu'il conviendrait en conséquence si besoin est de l'imposer. L'impérialisme est le moyen que l'universalisme (ou plutôt la prétention à l'universalité) trouve pour s'imposer. Les USA veulent imposer leur modèle au monde entier, et combattent les pays rétifs (Russie... etc). Les islamistes veulent imposer aussi leur modèle au monde entier.
Le contraire de l'universalisme c'est par exemple l'eurocentrisme, l'idée que les valeurs européennes ne sont adaptées qu'aux européens, que la démocratie n'est pas exportable... qu'il faut que les Européens aient une religion qui leur soit propre et née de leur génie civilisationnel (ex: le paganisme)... etc
Écrit par : Thomas FERRIER | 20/10/2014
Le véritable danger serait bien plutôt d'opposer radicalement l'idée d'universel à la nécessaire idée d'enracinement. L'idée d'universel non modérée (Attali, etc.) conduit à l'homme éthéré, désincarné, interchangeable, transportable, démontable/ remontable, hors sol et hors temps, l'homme perpétuellement fragile et instable, un homme de toutes les aventures, de tous les excès, de toutes les indéterminations, de tous les égoïsmes. L'idée d’enracinement non modérée, en dépeignant les civilisations sous les fausses couleurs d'émanations d'essences internes à des ordres cosmiques naturels, immuables et mutuellement irréductibles, peut conduire à des pathologies tout aussi pernicieuses et suicidaires. L'idée d’universel bien comprise, ce n'est dans le fond qu'admettre que les faits de civilisation peuvent être ouverts à la circulation, à la stimulation et à la fécondation réciproques, un peu comme dans le monde 3 de Karl Popper. Ce n'est d'ailleurs point hasard si c'est justement le pourtour méditerranéen qui vit fleurir en ce sens les civilisations les plus fécondes du monde ancien. Il est également notoire que ce sont justement ces civilisations qui ont pensé, à différents degrés, l'universel.
Écrit par : Anton Cusa | 20/10/2014
Une période, que l'on peut difficilement tenir pour une décadence pathologique, eût répondu davantage au signalement, celle des Lumières...Les Lumières sont la quintessence de l'idée d'universel, il est donc curieux que vous n'en souffliez mot dans votre inventaire
Écrit par : Anton Cusa | 20/10/2014
@ Anton
Non, le régime auquel vous pensez était aussi à sa manière universaliste. Sinon, il aurait survécu car il n'aurait pas cherché à soumettre les peuples voisins.
Il faut faire disparaître tout universalisme, refermer la boucle ouverte par Alexandre. Le principe péricléen doit dominer en Europe, car il est nôtre.
Les Lumières n'avaient rien d'universel dans les faits. Cet "univers" s'appelait Europe. Rien à voir.
Écrit par : Thomas FERRIER | 20/10/2014
L'Ours, il appert parfois du propos de Thomas qu'il entend peut-être revenir à de formes d'auto-légitimation autoréférentielles et métaphysiques, trouvant seulement en elles-mêmes leur propre et unique fin, des blocs ethno-civilisationnels absolutistes, irréductibles, nécessaires, et conformés à des ordres naturels et cosmiques immuables. C'est là une pente naturelle lorsqu'on se refuse totalement à des idées modernes telles qu'idée d'universel, l'idée du relatif, l'idée du fini, etc. Je me trompe Thomas ?
Écrit par : Anton Cusa | 20/10/2014
Oui, il s'appelait surtout Europe, car le monde était bien moins "petit" et intégré alors...Mais dire que les Lumières n'avaient rien d'universel...Le colonialisme s’auto-légitimait aussi en invoquant l'universalisme des Lumières... Je ne sais à quel régime vous faites allusion...
Écrit par : ANTON cUSA | 20/10/2014
C'est un nouveau cycle, une révolution au sens quasi astronomique du terme. Un nouvel âge d'or européen s'annonçant une fois sortis des ténèbres du mondialisme.
Les Lumières se prétendaient universelles mais elles ne l'étaient pas. L'idée même d'unicité du "genre humain" était refusée (Voltaire, Kant... etc).
Écrit par : Thomas FERRIER | 20/10/2014
Elles l'étaient autant qu'on pouvait le devenir et l'être pour l'époque.
Quasi-astronomique ? mais la révolution des planètes n'est qu'une répétition à l'identique des mêmes schémas...Ah oui, la métaphore des cycles...
Écrit par : Anton Cusa | 20/10/2014
Les Lumières étaient polygénistes donc anti-universalistes.
Écrit par : Thomas FERRIER | 20/10/2014
A ce propos j'ai découvert cet article ce jour, il devrait sans doute vous intéresser http://www.livescience.com/48351-prehistoric-ukraine-temple-photos.html
Écrit par : Benoit | 22/10/2014
Mais les connaissances positives (telles que la biologie moléculaire) fessaient défaut pour concevoir alors le monogénisme. Il est assez déplacé de nier la dimension universaliste de l'humanisme des Lumières alors que celui-ci a poussé si loin la notion d'égale dignité des êtres humains ainsi que l'unité des aspirations fondamentales de l'humanité, par-delà les variations historico-culturelles singularisées dans l’espace et dans le temps. A la différence des universalismes plus anciens, qui fondaient l'égale dignité et l'unité sur l'appartenance concrète, acceptée et assumée, à une même communauté de destin civique ou religieuse monothéiste, l'humanisme des Lumières fait reposer, plus abstraitement, et d'une manière plus inconditionnelle, l'universalité sur la rationalité et l'humanité communes des hommes, quels qu'ils fussent et d'où qu'ils fussent.
Ce qui défini surtout l'homme pour les humanistes des Lumières, c'est sa raison, sa conscience, son autonomie, sa liberté, etc. L'humanisme des Lumières n'est pas vraiment en revanche une forme de pensée ayant vocation à se diffuser partout par la contrainte comme les universalismes impériaux ou religieux. Il demeure pourtant que l'universalisme des Lumières est au fondement de la Révolution Française, de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, etc.
Écrit par : Anton Cusa | 21/10/2014
Le monogénisme est toujours faux. Quant à l'égalité défendue, elle était entre européens. Peu l'élargissaient aux autres populations. Ni Voltaire, ni Montesquieu, ni Kant...
Écrit par : Thomas FERRIER | 21/10/2014
Je me demande comment vous pouvez être contre l'impérialisme quand je vois vos projections cartographiques de votre future Europe et votre aigle impérial?
Et une fois de plus vous liez anthropologiquement les grecs aux haplogroupes dit "européens" alors que leur bagage génétique les rattache plutôt à l'Asie mineure et au Levant qu'à l'Europe du nord; je ne vois pas pourquoi un homme grec(commerçant ou penseur cultivé)de l'antiquité s’intéresserait plus à la Gaule d'alors vivant encore à l'ère de la hutte plutôt qu'à l'orient d'où surgit l'écriture et les premières villes bâties en dur dotés d’égouts et de canalisations d'eau.
Je pense que la première grande étape humaine de la civilisation est née dans le sud du monde connu d'alors(Inde, Chine, Proche-Orient, Egypte)indépendamment de toutes ces considérations anthropologiques. Pour moi le développement du savoir converge avec le développement économique, le calcul et l'écriture furent initialement inventés à des fins d'écriture comptable pour le commerce de marchandises avant de servir d'outil littéraire grec dont son alphabet dérive d'une culture non indo-européenne.
Je ne crois pas qu'une civilisation développée puisse naître d'un enclos hermétique basé sur l'ethnocentrisme, le savoir actuel est une boule de neige ayant parcouru la terre entière et qui ne cesse de grossir depuis 5000 ans avec l'apport de chaque civilisation.
L'Europe fut vis à vis du Proche-Orient antique ce que l'Asie(Chine, Japon)fut vis à vis de l'occident de la révolution industrielle, deux régions qui prirent l'ascenseur du savoir par l'amarrage au savoir mondial de leur époque et devenir des élèves plus savants que leurs maîtres.
Je pense que chaque civilisation hautement inventive finit par passer par une phase de décadence presque obligatoire à cause de l'émergence automatique en leur sein d'un pouvoir dirigeant oligarchique et religieux fixant les règles pour ne pas heurter le train de vie de ces messieurs dames; il semblerait ainsi que le développement du monde est aussi le fruit d'une succession interminable de révolutions.
Écrit par : Benoit | 21/10/2014
Nous (re)découvrons de plus en plus que l'Europe ancienne était beaucoup plus moderne qu'on ne le croit. Les derniers travaux sur Stonehenge le démontrent aisément. Je passe sur l'invention de l'écriture à Vinca. Quant aux Grecs modernes (bon courage pour déterminer l'ADN précis des Grecs anciens), d'un point de vue génétique, ils sont très proches des Albanais, des Serbes et des Bulgares, ce qui n'est pas anormal.
Écrit par : Thomas FERRIER | 21/10/2014
Très filandreux votre texte, Benoit. Très curieux aussi de ne pas mentionner des joyaux européens tel que le miracle Grec, Rome, la Renaissance ou les Lumières...Ne vous en déplaise, ces fleurons ne sauraient être de simples "civilisations de dérivation" du sud ou de l'Orient. Le caractère profondément original de leur contribution ne permet certainement pas de les réduire aux paramètres auxquels vous les réduisez. Pour information, les haplogroupes R1b, R1a et I2 sont majoritaires en Grèce. Quant aux groupes E1b1b et J-2, ils ne sont pas propres aux seuls proche-orientaux, mais à le tout le pourtour méditerranéen.
Écrit par : Anton Cusa | 21/10/2014
Concernant les haplogroupes grecs ce n'est pourtant pas ce que dit ce site que vous m'avez fait découvrir vous-même http://www.eupedia.com/europe/Haplogroupe_J2_ADN-Y.shtml#célébrités
http://www.eupedia.com/europe/european_y-dna_haplogroups.shtml
il y apparaît que les haplogroupes associés aux indo-européens sont en Grèce sensiblement minoritaires par rapport au J2 mais aussi au E1b1b tous deux d'origine non européenne. Je lis aussi que la civilisation grecque est le fruit de ces convergences multiples et non uniquement issue d'une branche indo-européenne primitive qui aurait emmené toute la civilisation grecque emballée sur un plateau à l'endroit de la Grèce.
Je ne parle pas du développent ultérieur de l'Europe occidentale qui pour moi est un chaînon au milieu d'un long processus de développement universel, une chaîne de transmission du savoir où d'après moi ni l'ethnie, ni la langue, ni la race ne jouent un rôle tangible.
Je parlais des embryons multiples(européens et non) qui donnèrent naissance à notre civilisation, dont les cultures païennes sous-estimées et oubliées par l'histoire brillamment mises en lumière par T.Ferrier, peut-être eurent elles le rôle le plus fondamental sur ce qu'est devenu l'occident, je n'en sais rien, cependant il est sûr pour moi que l'Europe doit aussi sa richesse par l'importation de cultures non européennes, par-exemple le développement de l'écriture, c'est quand même énorme, alors je dis dis pas qu'il n'y avait pas d'écriture en Europe mais elles furent sans doute très rudimentaires et se sont éteintes.
Je ne veux pas me confronter a un professionnel de l'histoire comme T.Ferrier, je ferais pas deux round, ni même contre vous qui semblez avoir des connaissances assez pointues, j'interviens qu'en regard de ce que je connais un peu de manière empirique, je suis juste étonné de voir le sécateur T. Ferrier couper(à ce qu'il me semble ou alors j'y connais rien) des artères extra-européennes majeures de ce qui contribua à notre civilisation.
Écrit par : Benoit | 22/10/2014
Qu'une idée soit exportable en droit car dotée d'une validité universelle, c'est une chose. Qu'elle doive être exportée y compris par la force c'en ait une autre. J'ai l'impression que vous jetez un peu vite le bébé avec l'eau du bain. A supposer que l'universalisme revendiqué ne soit pas un simple masque d'une volonté hégémonique (ce dont je doute dans bien des cas), l'imposition coercitive d'idées au nom de l'universalité violent d'autres principes universels fondamentaux comme celui du libre examen et commune raison, de régler les différends par la discussion et la coopération plutôt que par la violence etc.
D'après moi, imposer au nom de l'universalisme consisterait à se rendre coupable de contradiction performative. C'est un peu d'ailleurs le fond de l'argumentation de KO Apel et Habermas: à partir du moment où l'on se place en position dialogique on présuppose implicitement un noyau normatif intrinsèque au fonctionnement du langage qui vaut pour tous. Ce n'est pas parce factuellement qu'il est toujours possible de tromper et manipuler ses interlocuteurs que contrefactuellement les participants ne font pas nécessairement certaines présuppositions idéalisantes qui sont comme des conditions de possibilité de la communication.
Je pense que nous pouvons puiser dans l'universalisme lui-même les ressources pour penser son auto-limitation. Il est toujours possible de faire droit en même temps à des idées universelles dans notre compréhension de l'humain par exemple ET aux sensibilités particulières nées de trajectoires historiques singulières des groupes humains. Il n'y a pas équivalence entre l'universalisme et l'abolition de toutes les frontières et la reconnaissance illimitée pour tous des mêmes droits politiques par exemple.
Votre volonté d'épurer tout ce qui est étranger à l'Europe (biologiquement, religieusement, politiquement, culturellement) répond à la crainte que la moindre reconnaissance de tout apport extérieur viendrait ruiner toute idée d'Europe politique. Du coup vous absolutisez les différences et vous rabattez l'ethos et le demos sur l'ethnos compris de façon réifiée et faites de l'Europe une sorte de monade. Mais c'est votre équation qui est fausse à mon avis. On peut penser l'Europe politique et démocratique sur la base d'une volonté collective de s'auto-déterminer par le medium du Droit et reposant sur une raison publique et un habitus démocratique nés dans des contextes nationaux. Et d'ailleurs en posant d'emblée comme fondement du demos l'ethnos, vous préemptez l'auto-compréhension collective qui résultera du processus démocratique.
On retrouve cette fétichisation de l'ethno-différentialisme et cet anti-universalisme chez la Nouvelle Droite d'ailleurs.
Mais sur le fond niez-vous qu'il puisse exister des idées universelles d'une quelconque manière?
Écrit par : L'Ours | 21/10/2014
pardon, "...faisaient défaut..."
Écrit par : Anton Cusa | 21/10/2014
@ L'Ours
Je nie le principe même d'idées universelles. Le seul univers qui existe est le cosmos, ses lois et ses dynamiques propres. Un univers indépendant du jugement de ce que des hommes peuvent porter sur lui.
Et quand bien même il existerait des idées vraiment universelles, j'affirme que dans ce cas là il faudrait faire comme si elles ne l'étaient pas.
Je considère que nous avons un devoir de "désuniversaliser" notre vision (européenne) du monde. Il n'y a pas de bon universalisme.
Écrit par : Thomas FERRIER | 21/10/2014
Pour résumer, on peut dire que Thomas considère qu'il est vain du discuter sur le sexe des anges quand son propre monde semble sur le point de crouler...Cela explique peut-être ces libertés prises parfois avec certaines réalités.
Écrit par : Anton Cusa | 22/10/2014
L'Ours, croyez-vous que votre idée d'une "Europe politique et démocratique sur la base d'une volonté collective de s'auto-déterminer par le medium du Droit et reposant sur une raison publique et un habitus démocratique nés dans des contextes nationaux" pût se concevoir et se concrétiser dans un état d'anomie et de chaos ethniques ? Connaissez-vous une société humaine, même parmi les ouvertes qui fussent, qui a renoncé à la chaine de transmission de père en fils comme facteur de stabilité, d'équilibre et d'ordre structurant ?
Écrit par : Anton Cusa | 22/10/2014
...Connaissez-vous une société humaine, même parmi les PLUS ouvertes qui fussent, qui ait renoncé à la chaine de transmission de père en fils comme facteur de stabilité, d'équilibre et d'ordre structurant ?...
Écrit par : Anton Cusa | 22/10/2014
@Anton Cusa
Je m'explique.
Si je comprends bien le sens de votre question, je précise que je n'étais pas en train de dire que toute communauté politique serait basée sur des relations purement juridiques entre les membres. Je ne crois pas à cette idée d'une société comme contrat entre parties qui feraient abstraction de leurs préférences individuelles quant à leurs conceptions du bien, tout au plus ce modèle peut avoir une portée méthodologique ou heuristique pour la réflexion. Un Etat-nation n'est pas une SCI ou un syndic de copropriétaires ce sont des formes de vie particulières, avec des systèmes éthiques substantiels. Donc, je n'évacue pas la question du recouvrement des valeurs des membres d'une société qui constitue l'infrastructure culturelle à partir de laquelle les notions de bien seront comprises individuellement, soit la notion de communauté morale telle qu'elle peut être thématisée par les philosophes communautariens dans leurs débats avec la théorie de la justice de Rawls.
Les associations humaines se sont construites historiquement sur des ressources pré-politiques qui irriguaient les monde vécu des individus. Elles donnaient du sens aux systèmes d'action. Ensuite les transformations socio-économiques induites par les développement de la techno-science ont fluidifié le rapport à cet arrière-plan ménageant la possibilité de réinterpréter, de reconstruire l'arrière-plan culturel et les valeurs à l'aune desquelles les différentes options personnelles quant à la façon de mener sa vie seront jugées plus ou moins bonne, plus ou moins désirables ou au contraire indifférente. La question "dure" en philosophique et objet de débat est celle de l'articulation entre le bien et le juste. Si les Etats modernes se doivent de garantir le pluralisme et de respecter les principes de justice, comment penser la notion de communauté morale particulière sans la vider de sa substance (société atomisée) et sans l'essentialiser (aliénation des individus).
En clair j'essaie de tenir les deux bouts de la chaîne avec d'un côté la reconnaissance de certaines valeurs universelles fondamentales au sens où elles peuvent être reconnues par tout être humain et de l'autre la reconnaissance d'une sensibilité particulière inscrite dans une expérience historique (en mouvement).
L'Europe politique vient après les Etats-nations stabilisés, et donc les liens de co-appartenance au même espace politique seront forcément différents, plus abstraits sauf à se donner d'avance le résultat que l'Europe est déjà une nation. Il n'est pas envisageable à ce stade de repartir du même fonds de prémisses pré-politiques pour construire l'Europe politique. Chez TF on passe sans solution de continuité de considérations anthropologiques et ethniques au projet politique en méconnaissant les échelles (il va sans dire qu'une tribu de milliers d'âmes ne s'auto-organise pas suivant les mêmes modalités endogènes qu'un super-Etat de centaines de millions).
Écrit par : L'Ours | 22/10/2014
@ L'Ours
L'Europe est une nation au sens où l'Allemagne était déjà une nation avant 1870.
Écrit par : Thomas FERRIER | 23/10/2014
Bonjour,
L'Allemagne aurait donc été une nation avant même que l'Europe ne puisse être considérée comme telle ? Ou la nation allemande coexisterait-elle avec une "nation européenne", malgré son intangibilité au point de vue étatique ? Que les Européens dérivent d'un même creuset anthropologique,convenons-en. Que les langues indo-européennes prévalent au sein du continent européen, soit, l'on ne saurait le nier. Mais j'ai la sensation que vous amalgamez la "natio" au sens étymologique du terme (Comme race, lignée, filiation partagée) avec les réalités spécifiques du "demos" ou de l'"ethnos" (Comme l'écrivent les autres contributeurs), c'est-à-dire des peuples et des communautés structurées raccordées à un même socle biologique tout en manifestant continuellement la volonté de se distinguer les unes des autres au travers de leur geste historique, de leurs productions artistiques, de leurs créations littéraires, etc. L'Europe peut donc se muer en un Empire mono-racial selon votre gré - Il ne s'agira pas moins d'une entité multiethnique et relativement disparate sur le plan culturel. Nous ne nous situons malheureusement plus à l'ère de l'indo-européen commun, ni à celle des Anciens Grecs. En outre, vos contradicteurs n'ont pas tort de vous faire observer qu'une civilisation propre, raffinée et influente se nourrit toujours d'apports en provenance d'horizons multiples. Je ne désapprouve pas pour autant vos considérations raciales, en particulier dans ce contexte de récession inouïe et de déclin démographique sans précédent en Europe - Par ailleurs, je crains que votre aspiration à fonder un État européen unitaire ne devienne d'autant plus inaudible au fil du temps. Des villes déterminantes comme Londres ou Paris sont aujourd'hui essentiellement peuplées de Non-blancs, et leur périphérie est graduellement colonisée par des hordes allogènes n'associant l'Europe qu'à leur porte-monnaie et leur bien-être personnel, sinon à de jeunes femmes frivoles dont l'on pourrait se saisir comme du simple bétail (Je m'abstiendrais de vous évoquer certains faits sordides susceptibles de fort bien illustrer mon propos). Somme toute, vous êtes assez démuni ; Vous ne disposez d'aucune véritable marge de manœuvre. Vos ambitions politiques ne concordent ni avec la situation délicate des pays d'Europe occidentale, ni avec la complexité extrême inhérente aux populations indigènes du Vieux-Continent. Et j'en suis réellement désolé, car vous êtes un homme cultivé et très intelligent - Je crains que vous ne soyez submergé par votre propre idéalisme, avouez-le !
Écrit par : Fjodor | 23/10/2014
@ Benoit
Je ne parlais pas seulement des haplogroupes associés aux Indo-Européens (qui sont d'ailleurs également bien représentés en Asie centrale), mais également des haplogroupes propres aux premières populations européennes du Paléolithique (et pratiquement à elle seules cette fois). Les haplogroupes J-2 et E1b1b ne sont pas extra-européens, mais transcontinentaux, car ils se retrouvent sur tout le pourtour méditerranéen ; je commence à penser que vous faites semblant de ne pas comprendre certaines choses. La présence importante des haplogroupes méditerranéens dans la Grèce actuelle s'explique aussi par la colonisation massive très récente de la Grèce continentale avec des éléments grécophones d'Asie mineure (Rébètes, etc.), à la faveur de l'échange de populations occasionné par le guerre greco-turque. Les éléments indigènes de la Grèce continentale européenne sont en revanche beaucoup plus proches des populations européennes voisines, tel que les Albanais, les Aroumains (Vlaques) ou même les Slaves macédoniens. Je n'ai jamais prétendu que les proto-Grecs n'avaient pas interféré profondément avec le monde méditerranéen asianique ou afro-asiatique, lisez-moi donc honnêtement et attentivement...J'ai juste fait observer que le miracle Grec n'était certainement pas réductible à une civilisation de dérivation ayant attiré à elle et fait converger, en simple élève, les apports afro-asiatiques du sud. L'exploration et la réalisation par les Grecs de toutes les virtualités de l'esprit humain (en matière de science, de philosophie, de politique, etc.) n'a pas d’équivalent avant eux, ne vous en déplaise. Je ne comprends pas grand chose au reste de réponse, qui s'apparente plus à de simples affirmations confuses. Difficile d'y répondre donc.
@ Ours,
Pourriez expliciter la notion de "système ethnique consistent" ? Vous parlez de ressources pré-politiques, d’infrastructures et d'arrière plan culturels, de valeurs, de communauté morale ou d'expérience historique (en mouvement) sans vraiment expliquer comment toutes ces pratiques (dans un sens foucauldien) se reproduisaient, se transmettaient ou évoluaient. Pensez-vous qu'il fût possible de renoncer à la chaine de transmission de père en fils (d'où résulte "de facto" l'ethnos) ?
Je reste ce nonobstant bien conscient de ce que l'outillage conceptuel et paradigmatique d'un Français est très souvent impropre à définir l'ethnie...
La notion de ressources pré-politiques donnant sens à l'action échappe d'ailleurs quelque peu à ma compréhension. Pensez-vous que la plus élémentaire entité socio-humaine qui fût pût se passer d'instances politiques ?
Je me permets par ailleurs de vous reprocher de trop sacrifier parfois à ce langage jargonneux ayant contribué à ravager et sinistrer les sciences humaines.
Écrit par : Anton Cusa | 23/10/2014
Je parle de système éthique substantiel, pas ethnique.
J'entends par là un ensemble de conceptions du bien déterminée et pas une éthique seulement formelle. Dans une telle société, il a une conception du bien commune ("une forme de vie") qui permet de hiérarchiser les différentes conceptions individuelle. Telle ou telle préférence individuelle pourra être évaluée selon son degré de conformité ou sa contribution au bien commun. A l'inverse dans une société axiologiquement neutre (neutre du point de vue des valeurs et des fins désirables), la priorité est mise sur les libertés et les critères de justice sans préjuger des fins que poursuivent les individus.
De là découle la distinction de communauté morale (valorisation de certaines fins) qui s'oppose à une communauté légale (valorisation du juste). C'est là une présentation simplifiée, mais toute la question repose sur le point où l'on met le curseur entre le juste et le bien en gardant bien à l'esprit que les communautariens aussi bien que les libéraux prennent au sérieux le respect de la sphère d'autodétermination individuelle. Seulement les premiers pensent que les choix de vie ne se font pas à vide ("le moi ne préexiste pas à ses propres fins") et reprochent aux libéraux "classiques" de tenir la liberté comme une fin en soi.
Je n'ai effectivement pas abordé la problématique de la reproduction sociale. Mais si je devais esquisser une réponse, je dirais que je ne vois pas pourquoi la réflexion se limiterait au "lien père fils" (pourquoi pas le lien parent-enfant?). Les structures de socialisation et de reproduction de la culture, dans nos sociétés au moins, dépasse le cadre familial.
Je ne sais pas si tout groupe humain organisé est nécessairement politique. Les sociétés même les plus primitives devaient bien mettre en place des dispositifs pour se réguler et résoudre les conflits. Ce que j'entends par ressources prépolitiques, c'est l'arrière-plan culturel (croyances, traditions) qui motive les individus à se percevoir comme groupe et qui ne fait pas l'objet de délibération. C'est un ensemble de dispositions non questionné pour lui-même permettant la cohésion.
Écrit par : L'Ours | 23/10/2014
L'Église disait à chaque peuple ses croyances, dans le sens de: il faut utiliser leurs rites pour les conformer à notre doctrine. Cependant c'est les valeurs et les vertus propres à un peuple qui permettent sa survie, et non les constructions mentales. L'universalisme et le désert croissant, c'est la même chose (sans jeu de mots!). Les nations déploient avec orgueil leur volonté de puissance et c'est les hommes d'affaires qui tirent profit de l'uniformisation des façons de faire. Bourgeoisie plutôt que noblesse. Mais quand je constate que les bonnes gens du peuple découvrent l'énergie enfouie dans leur chair et leur sang en visionnant un film comme Hercule, je me dis que les instincts primordiaux qui s'essoufflent un instant peuvent flamboyer de nouveau! Je return, mon cher Ferrier, à mon movie!
Écrit par : Will l'Américanisémécanisé | 24/10/2014
L'Ours, vous me voyez désolé, j'avais lu système "ethnique" en lieu et place de système "éthique". Cela signifie du reste que j'étais en deçà de la réalité, car je vous refusez obstinément, malgré mon insistance, de conceptualiser l'ethnos. Tous les criterium que vous invoquez sont encore trop généraux pour rendre un compte satisfaisant de cette subdivision importante et englobante de l'espace social qu'est la nation.
Des critères généraux (et parfois vagues) tels que les "ressources pré-politiques", les "infrastructures et l'arrière plan culturels", les "valeurs", la "communauté morale d'action", le "système éthique", la "sensibilité ou l'identité particulières inscrites dans une expérience historique partagée (en mouvement)" pourraient aussi bien s'appliquer à d'autres groupements socio-humains tout aussi peu neutres axiologiquement (les partis politiques, les catégories socio-professionnelles, les communautés religieuses etc.).
Vos catégories analytiques escamotent malheureusement des éléments différentiels capitaux telle que la dimension ethnolinguistique, anthropologique ou territoriale de la nation. Je ne me referais non pas à l'institution de la famille lorsque j'invoquais la chaine de transmission de "père en fils", mais bien plutôt au fait que les rouages principaux pour transmettre de génération en génération les "pratiques" historiques et sociales qui fondent une nation sont encore de loin la transmission de père en fils (d'où résulte globalement la structuration ethnique d'une société nationale). Contrairement à un parti politique ou à telle communauté socio-professionnelle ou religieuse, il existe toujours, de fait et de droit, un degré très important d'ascendance commune entre les différents membres d'une nation. Cette chaine de transmission est toujours un véhicule indispensable à l'auto-reproduction socio-historique d'une nation. Même l'espace stato-national français a toujours été marqué par une ethnie prépondérante, qui a réussi à imposer aux autres (qui lui étaient d'ailleurs souvent assez apparentées) son ethnonyme, sa langue, sa mémoire historique, etc. Ce problème de continuité, de transmission, d'assimilation, d’absorption et d'identification se pose d'ailleurs aujourd'hui en France (et ailleurs en Europe occidentale) avec une certaine acuité sur fond de renouvellement important, et même de remplacement démographique partiel, des éléments ethnoculturels de la société française.
Je vous fais observer, pour réponde à votre autre remarque, que le groupement socio-humain le plus élémentaire (le clan ou l'union de clans, entendez la tribu) ne saurait se passer, au moins depuis le néolithique, de chefs politiques incarnant et affirmant publiquement la souveraineté, fût-elle embryonnaire, du groupe.
Écrit par : Anton Cusa | 24/10/2014
Je vous accorde volontiers que mes réflexions ne se situent pas sur ce plan que je qualifierais d'anthropologique. Je me place dans la perspective de la philosophie politique contemporaine (principalement de tradition analytique).
Mes catégories pourraient s'appliquer à une multitude de groupes dites-vous. J'en suis d'accord pourvu que ceux-ci soient dotés d'un système de valeurs auxquels les membres adhèrent fortement si bien qu'ils seraient d'accord pour dire que leur conception de la vie bonne et l'appartenance au groupe seraient intimement liées. Cela dit, aujourd'hui, dans nos sociétés, les groupes professionnelles, les partis, syndicats etc. n'ont qu'une composante identitaire faible, plus faible que par le passé en tout cas. Cela s'applique mieux à une communauté religieuse. Disons qu'aujourd'hui la stratification sociale est plus fonctionnelle, les individus peuvent plus facilement se mettre à distance de ces rôles sociaux.
En revanche, il y a une différence de taille qui fait que l'Etat-nation n'est pas n'importe quel autre groupe, il inclut tous les autres groupes mais surtout il encourage ou décourage certaines fins. C'est l'Etat qui octroie une reconnaissance publique ou non de certaines conceptions de la vie bonne. C'est le lieu de la lutte sinon de la discussion pour imposer "une hiérarchie des principes de hiérarchisation".
J'entends ce que vous me dites mais en quoi dans les sociétés occidentales actuelles le mécanisme essentiel de la reproduction de la société passe par une transmission père-fils? En quoi les conceptions morales d'un enfant sont inculquées par le père plutôt que les deux parents dans des proportions diverses suivant les cas? Pourquoi faire passer au second plan l'action de l'institution scolaire? Que penser du fait que sur le plan économique la transmission patrimoniale est égalitaire entre tous les enfants de la même fratrie. Certes les positions de pouvoir de nos sociétés sont majoritairement occupés par des hommes, toutefois cela ne veut pas dire que les femmes ne contribue pas à part égale à la reproduction des structures sociales (qui peuvent être sexistes cela dit, des groupes dominés peuvent contribuer autant que les dominants à la reproduction du système qui les domine).
L'imaginaire national se nourrit de l'idée d'un territoire, langue, culture en partage et digne d'être préservé. Mais plus encore vous dites que c'est le degré d'ascendance commune entre les membres d'une nation qui la constitue si je vous lis bien. Mais on peut s'interroger. Aujourd'hui, dans les sociétés occidentales, cette homogénéité "ethnique" continue-t-elle à alimenter la façon dont la majorité de citoyens comprend l'idée de nation? Comme on pouvait dire que la religion constituait le réservoir des intuitions morales et cognitives et que maintenant on ne le peut plus aujourd'hui, peut-on, d'un constat factuel et d'un type normativité passé passer à une normativité présente?
Écrit par : L'Ours | 24/10/2014
@ l'Ours
Autant vos commentaires sur la place du religieux avaient suscité toute mon admiration, autant là je suis bien déçu par vos raisonnements (bien trop militants à mon sens). Entre Thomas qui fétichise totalement les réalités ethniques et vous qui en niez complétement la portée...
Je pense en effet que votre approche gagnerait à être plus pluraliste, globale et synthétique. On ne peut sérieusement aborder le fait national en faisant ainsi fi des réalités ethnolinguistiques, ethnoculturelles, anthropologiques ou géographiques sédimentées à travers l'histoire longue. Je maintiens que, dès lors qu'ils s'appliquent, à des degrés divers, à d'autres groupes sociaux, vos criterium de démarcation manquent à rendre un compte satisfaisant de ce qui fait qu'une nation est une nation. Je ne sais que penser de ce raisonnement arguant de ce que les liens qui unissent entre eux les membres des partis politiques ou des communautés religieuses ou socio-professionnelles (etc.) peuvent aussi se désagréger (notamment sous l'effet de l'individualisme)...Est-ce là selon vous un argument sérieux destiné à me montrer que vos critères de démarcation parviennent à définir ce qu'est une nation ? Je ne vois pas point non plus en quoi le fait de me rappeler qu'une appartenance nationale est un phénomène plus englobant (à l'époque contemporaine surtout) que l'appartenance à une communauté religieuse ou socio-professionnelle militerait en faveur de vos critères de démarcation (et ce d'autant moins que j'ai moi-même soutenu la même chose).
Vous prenez mon syntagme "père en fils" par le petit bout de la lorgnette (je me demande d'ailleurs si vous ne le faites pas exprès). J'avais en vue simplement de vous rappeler un fait évident : on habite plus facilement un univers mental national lorsque ses propres parents (et leurs propres parents, etc.) l’habitaient déjà à leur tour. Il n'entre évidement aucune distinction de sexe dans toute cette affaire...Le résultat de cette forme de transmission est la structuration ethnique de la société et, de fait, AUCUNE nation ne se meut jamais dans un état d'anomie ethnique, indifféremment du contenu légal qui est donné (ou pas) à cette réalité ethnique prépondérante pour légitimer et légaliser, dans les représentations, l'appartenance à la nation. Je me répète, mais même la société nationale française, qui adjoint généreusement le droit civique du sol au droit ethnique du sang, ne se déploie évidement pas dans un univers d'anomie ethnique. Cette société nationale française n'échappe pas plus que les autres à la règle, elle s'est évidement constitué autour d'une réalité ethnique prépondérante et structurante, dont elle porte encore le nom et la mémoire historique, dont elle parle encore la langue, dont elle habite encore le territoire, etc. Pensez-vous que toutes ces choses dussent êtres abolies, vous qui n'en soufflez mot dans votre définition par trop militante de la nation ?
Je vous accorde que cette chaine de transmission classique par le sang des identités nationales est aujourd'hui fortement bouleversée en Europe occidentale (notamment en France) par le renouvellement, la diversification et le remplacement démographique partiel des éléments ethnoculturels traditionnels, mais je ne vois pas, là non plus, en quoi cet inutile rappel confirmerait la validité de vos critères. Je crois "a contrario" que les lignes de fractures identitaires et culturelles potentiellement sismiques résultant de ce bouleversement réfutent votre raisonnement réducteur. L'exemple de l'institution scolaire a vraiment fait mon délice. Je bornerai mon regard sur la cas français. L'école est un des lieux où la transmission du sentiment national français se heurte justement à nombre de difficultés aiguës précisément là où les renouvellements ethnoculturels évoqués plus haut sont les plus marqués. Le roman national y est d'ailleurs jugé aujourd'hui irrecevable parce qu'incompatible avec ces bouleversements...Je pense que votre pensée se déploierait dans un univers poltico-médiatico-philosophico-grotesque complétement abstrait, aseptisé et déconnecté si vous deviez imaginer, ne fût-ce qu'une demi-seconde, que la majorité de nos con-citoyens ne se trouve pas affectée par toutes ces questions.
Bonne fin de semaine
Écrit par : Anton Cusa | 24/10/2014
@ L'Ours
Votre dernier message appelait aussi une autre remarque. En sus de vos catégories générales déjà mentionnées ( "les ressources pré-politiques", les "infrastructures et l'arrière plan culturels", les "valeurs", la "communauté morale d'action", le "système éthique", la "sensibilité ou l'identité particulières inscrites dans une expérience historique partagée), il m'avait échappé que vous aviez aussi adjoint à votre liste de criterium, dans le but manifeste de préciser et d'affiner votre définition de la nation, le phénomène de l'Etat (et du demos lorsqu'il est démocratique).
Et-il besoin vraiment besoin de vous rappeler que les Etats n'ont pas toujours eu à travers l'histoire une vocation nationale (mais parfois aussi, et surtout, impériale ou théocratique, etc.) ?
Pas plus que les autres, ce critère n'est donc pas véritablement un élément différentiel pour définir la nation. Vous butez donc toujours sur le même problème en niant la dimension ethnique de la nation.
Écrit par : Anton Cusa | 25/10/2014
Il serait regrettable que votre inclination à polémiquer et plaquer vos propres enjeux vous pousse à éviter soigneusement de me lire. Je ne proposais pas une définition de la nation.
Si vous reprenez (calmement) le fil de la discussion, vous constaterez que j'étais en train de préciser la notion de "système éthique substantiel" qui visait à lever l'objection d'aborder les Etats-nations actuels uniquement sous l'angle contractualiste ou formel etc. J'étais plus largement en train de faire une distinction entre processus d'unification politique européenne et les phénomènes nationaux. Donc je répète, je ne proposais pas une généalogie de la nation, mais à rendre raison sur le plan normatif d'une dose de perfectionnisme moral de nos systèmes politiques (et à cet égard je m'inscris dans les débats des théories libérales des Etats nationaux démocratiques).
Du reste, je ne méconnais pas le concept de nation comme ascendance commune. Seulement, si vous voulez mon avis, il ne faudrait pas que ce concept particulier qui a une validité/antériorité anthropologique, historique certaine semble vienne préempter d'autres caractérisations de la nation, peut-être plus tardives, qui mettent notamment l'accent sur la dimension civique. Là aussi pas la peine de monter sur vos grands chevaux. Je me bornais à formuler le constat que dans les sociétés occidentales le concept de nation ethnique, affective tend à s'absenter des" pratiques discursives" (les sciences sociales actuelles ont pris un tour très constructiviste). Faire ce constat ce n'est ni se féliciter ni le déplorer. Je crois que c'est vous qui en confondant le factuel et le souhaitable (selon vous) offrez une image du militant piqué au vif.
Si, à mon tour, je voulais faire montre d'un esprit de polémique en vous proposant une prospective totalement spéculative (et donc tout à fait contestable...) rien que pour me moquer, il me semble que l'on assiste à une dynamique d'intégration technique des systèmes sociaux les plus avancés. Il y a un déploiement d'une Raison systémique qui oriente tous les systèmes d'action vers le succès. Le triptyque efficacité-efficience-rentabilité devient le telos et non l'entente intersubjective, corrélat de la reproduction symbolique du monde vécu. Ce qu'on appelle les marchés constituent l'émergence à grande échelle d'un système d'information, de coordination et d'allocation des ressources (une grosse machine à calculer).
Tout comme Keynes parlait de la monnaie fondée sur l'or comme relique barbare, dans l'écossytèmes technique, tous les fétiches tribaux que vous agitez ne seront regardés que comme des fossiles d'une pensée primitive. La politique plutôt qu'art de gouverner ressortira à l'ingénierie des systèmes et de la recherche opérationnelle, si l'humanité ne s'est bien sûr pas avant suicidée en ayant atteint le stade de force géologique sapant ses conditions de développement. Ouf.
Plus sérieusement et pour finir, je ne suis toujours pas sûr de comprendre votre "transmission père-fils". Dans un premier temps, vous dites qu'il ne s'agit pas d'institution de la famille en général, ce qui laisse croire que vous évoquez plutôt une de ses modalités particulières, un type de système familial (patrilinéaire?). Ensuite, vous affirmez qu'il n'est pas question de distinction sexuelle (pas de distinction des rôles sociaux suivant les sexes?) et en expliquant qu'il est plus facile d'intégrer un univers culturel quand les parents en sont déjà légataires. Ce dont on peut tous convenir. Je peine à comprendre ce que vous avez en tête et en quoi cela est différent de la famille comme lieu d'acculturation
Écrit par : L'Ours 2.0 | 27/10/2014
Vous me voyez de nouveau désolé l'Ours, mais il n'est que de "reprendre calmement le fil de la discussion" pour admettre que votre but était également de réfuter la vision réductrice de Thomas (fétichisation et exacerbation de l'ethnos), en lui opposant une conception de la nation purement volontariste, et non moins réductrice, bornée et idéologique (la votre est simplement plus conforme à la doxa).
Il appert incontestablement que votre texte se proposait pour dessein de réduire la nation à un demos/ethos qui, après avoir complétement renversé et atomisé le socle ethnique sur lequel il est pourtant assis historiquement et sociologiquement (pas toujours juridiquement) depuis toujours, ne devrait plus désormais que reposer sur la volonté collective de s’auto-déterminer par le Droit, l'auto-compréhension, la raison publique et l'habitus démocratique. Pour prévenir toute accusation de neutralité axiologique, vous vous empressiez aussitôt de rajouter que la socle sur le lequel doit tout de même demeurer assise une nation doit constituer un condensé de ressources pré-politiques", d'"infrastructures et l'arrière plan culturels", de "valeurs" et de "morale" guidant d'action, de "systèmes éthiques", de "sensibilité ou d'identité particulières inscrites dans une expérience historique en mouvement partagée et d'organisation étatique (tout cela par la seule et unique force de la sacro-sainte volonté, de la bonne foi et du libre consentement de chacun, cela va sans dire). Nul besoin de préciser que ces considérations relèvent clairement du "penser-conforme" actuel, et qu'elles ne sont en rien originales.
Je n'ai fait pour ma part que de vous rappeler, arguments à l'appui, que bien que fondamentalement applicables à la nation, vos critères sont parfaitement applicables aussi à des groupements socio-humains de type non-national, et tout aussi peu neutres axiologiquement : les partis politiques, les communautés religieuses, les catégories socio-professionnelles, les États impériaux ou théocratiques, etc. Toutes ces formes de sédimentations sociales ont également une culture, une morale, une éthique ou une sensibilité identitaire particulière inscrite dans une expérience historique "en mouvement"(et aussi étatique pour les empires , etc.) partagée. Je vous ai par la suite fait observer que le seul élément différentiel capital qui distingue nettement la nation de tous ces groupements socio-humains susmentionnés se trouve être précisément le socle ethnique particulier sur lequel elle est invariablement assise et suspendue historiquement et sociologiquement. En sus de tout cela, je vous ai indiqué, exemples à l'appui, qu'il était assez facile de constater le fait que l'on habite bien plus difficilement un univers mental national là où son socle ethnique particulier est partiellement renversé, ébranlé ou remplacé. Pour information, la notion de transmission de père en fils se réfère au mécanisme d'auto-reproduction fondamental de cette communauté d'ascendance réelle et imaginée qu'est l'ethnie...
Si pour vous, tous ces clairs rappels, argumentés points par points, ne s’apparentent guère qu'à de la polémique stérile, vous avez donné là toute la mesure de vos capacités, cher ami...
Votre avant dernier paragraphe illustre bien, me semble-t-il, votre forte propension aux jeux d'abstraction mutilateurs, fumeux, creux, indigestes, rhétoriques et jargonneux, aussi ne prendrai-je pas la peine de le décrypter pour le commenter par le menu. Je fais observer brièvement que, en étant ainsi incapable de trouver un moyen terme entre la fétichisation pathologique des origines ethniques et ce modèle national totalement a-ethnique (une grave contradiction dans les termes) que vous nous vendez ici, vous vous révélez être totalement dépourvu d'esprit de finesse pascalien. Ayez au moins le courage d’appeler de vos vœux l’avènement d'une humanité post-nationale, car vous niez l'un des fondements de la nation...
Écrit par : Anton Cusa | 27/10/2014
Une dernière chose, l'Ours.
L'argument du constructivisme des sciences sociales avait totalement échappé à mon attention. Que voulez-vous dire exactement ? Que des théories, souvent idéologiques, qui imaginent que les identités ne sont jamais que des inventions abstraites forgées de toutes pièces par des groupes sociaux élitistes minoritaires, et greffés par eux artificiellement, pour servir leurs bas intérêts symboliques ou matériels, sur des flottements sociaux indéterminés, amorphes, foncièrement instables, fluides et perpétuellement hétérogènes, auraient pour vous valeur de contre-argument intellectuel dans notre controverse ?! C'est un peu comme si on avait validé intellectuellement en son temps le nazisme en arguant de la domination intellectuelle du darwinisme social !!
Il est une autre proposition de votre réplique qui appelle un commentaire. Je vous cite :
"Je me bornais à formuler le constat que dans les sociétés occidentales le concept de nation ethnique, affective tend à s'absenter des" pratiques discursives" (les sciences sociales actuelles ont pris un tour très constructiviste). Faire ce constat ce n'est ni se féliciter ni le déplorer. Je crois que c'est vous qui en confondant le factuel et le souhaitable (selon vous) offrez une image du militant piqué au vif."
Seriez-vous, cher ami, un adepte du tournant linguistique (linguistic turn) ? Pensez-vous que ce sont les pratiques discursives seules (d'une simple élite en l’occurrence) qui font qu'une réalité ou une pratique sociale existât ou n'existât plus (ou pas) ? Les seules pratiques discursives eussent été capables selon vous en l’occurrence de faire évoluer, sociologiquement, le nation dans un univers a-ethnique (c'est à dire non assise sur le socle structurant d'une ethnie prépondérante) ? Je pense que c'est vous qui confondez ici le souhaitable discursif (vos nations post-ethniques cheval de Troie du mondialisme à la vérité) et le réel social partout observable (des nations toujours structurés ethniquement). Nul doute que vous confondez la traduction juridique de la nation, qui peut parfois n'accorder aucun contenu légal explicite à l'ethnicité, et la réalité socio-historique du fait national, qui atteste qu'une nation émane toujours d'une ethnie prépondérante, qui constitue en permanence un socle structurant pour elle. Les exemples de nations post-ethniques n'existent point, indifféremment des pratiques discursives. Même la conception française reconnait le droit du sang, qui accorde par exemple automatiquement la nationalité à une personne née à l'étranger de parents Français...Ne vous en déplaise, la conception française fait coexister, même dans les pratiques normatives, le droit du sang (fondamentalement ethnique, même on ne fait usage discursivement du concept) et le droit civique du sol. Là encore, votre esprit de finesse et votre sens dialectique laissent à désirer, sans quoi vous eussiez admis que, pour comprendre une société, on ne doit jamais se borner à reproduire ce qu'elle dit d'elle-même. Ce qu'elle-même ne correspond jamais en tout poins à ce qu'elle est, ce qu'elle fait, ce qu'elle pense, à ce qu'elle sent, à ce qu'elle porte virtuellement. Votre conformisme idéologique ne vous permet pas de pressentir et de faire remonter à la surface tout ce qui est voilé, occulté, enfoui ou latent (mais non moins réel) dans une société...
J'en reviens à vos fameuses pratiques discursives performatives. Nul doute qui, si vous étiez pourvu de meilleurs antennes, vous verriez qu'un nombre croissant de citoyens en Occident en vient de plus à admettre que le multiethnicisme exacerbé (c'est à dire l'abandon partiel, à la périphérie, du socle ethnique structurant la société nationale, après les grands excès idéologiques de la Seconde Guerre Mondiale) conduit fatalement à un multiculturalisme nihiliste préjudiciable à la qualité du lien social. Mais peut-être bien que, du haut de vos pratiques discursives situées, croyez-vous, à l’extrême pointe de la recherche intellectuelle et de la praxis politique progressiste, ces mutations échappent-elle à votre compréhension...
Écrit par : Anton Cusa | 27/10/2014
Juste une mise au point cher ami infatué.Ce n'est pas la discussion qui est stérile. Ce qui l'est c'est l'arrogance constante dont vous enrobez vos interventions et votre propension à vouloir toujours en passer par le fait de ridiculiser les idées de l'adversaire. Cette suffisance est un invariant de tous vos échanges avec moi ou d'autres. C'est cette attitude, ce ton qui est détestable, pas autre chose. Mais je ne dois pas être le premier à vous le dire. Relisez-vous, et remettez-vous peut-être un peu en question.
Si vous n'arrivez pas à comprendre que lorsque je parle d'une volonté collective de s'auto-déterminer par le Droit et l'habitus démocratique je parle de la construction d'une Europe politique, entité sui generis, pas de la nation en général que voulez-vous que je vous dise? Enfin en quoi mes considérations sur la notion de bien commun et de préférence collective enracinés dans des contextes donnés seraient contradictoire a priori avec tel ou tel concept de la nation, mystère...
J'en termine là cet échange avec vous.
Adieu.
Écrit par : L'Ours | 27/10/2014
Corrections :
"Ne vous en déplaise, la conception française fait coexister, même dans les pratiques normatives, le droit du sang (fondamentalement ethnique, même SI on ne fait PAS usage discursivement du concept) et le droit civique du sol."
"Ce qu'elle DIT D'ELLE-même ne correspond jamais en tout poinTs à ce qu'elle est, ce qu'elle fait, ce qu'elle pense, à ce qu'elle sent, à ce qu'elle porte virtuellement."
Écrit par : Anton Cusa | 27/10/2014
Cher ami, votre médiocre psychologisme n'a d'égal que votre symptomatique embarras...
Si je comprends bien, votre définition de la nation était plutôt prospective et réductible seulement à l'Europe...C'est seulement la nation européenne en devenir qui se doit donc de renverser par terre tout socle ethnique commun, et fonder son existence politique uniquement sur le demos et l'ethos...Autant pour moi, cela change absolument la teneur, la facture et la tenue de votre propos, cher ami fluctuant, fuyant et (bien peu à la vérité) malin.
Le pseudo "L’anguille" vous conviendrait bien mieux...
Sur ce, je m'en vais vaquer à d'autres occupations...
P.S. Thomas, l'assistance réclame à grands cris votre intervention !
Écrit par : Anton Cusa | 27/10/2014
??
Écrit par : Anonymus | 29/10/2014
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