Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

28/05/2012

Une nouvelle affaire Zemmour

Eric Zemmour,Patrick Lozès,Christine Taubira,RTL,liberté d'expression,YoussouphaUne fois de plus, le chroniqueur politique de RTL et d’I-Télé, qui officiait encore récemment sur France 2, fait l’objet d’une campagne de diffamation provenant de la « gauche » « anti-raciste » contre lui. Comme toujours, cela fait suite à des propos peu consensuels sur des problématiques sensibles, l’immigration extra-européenne, la place de la femme dans la société, l’insécurité liée à l’immigration. On lui reproche notamment d’avoir accusé Patrick Lozès, président du CRAN (représentant des associations noires), de s’être réjoui de l’élection de Barack Obama selon un prisme racialisant, et plus récemment de s’en être pris au nouveau ministre de la justice, Christine Taubira, lui reprochant notamment une forme de laxisme à géométries variables, selon que les criminels soient issus ou non « de la diversité », et aussi un combat féministe en faveur d’une nouvelle loi sur le harcèlement.

Immédiatement, les ligues de vertu ont repris leur disque-cours moralisateur en condamnant les propos d’Eric Zemmour. Précisons d’abord que défendre la liberté d’expression d’un journaliste ne signifie nullement acquiescer à ses propos, et je ne peux que désapprouver son discours euro-sceptique, anti-€ ou encore sa dévalorisation excessive des femmes, confondant par esprit de système de légitimes revendications, pour la plupart désormais acquises, avec les excès d’une minorité extrémiste, les adeptes de la « parité » ou de l’interdiction de la prostitution, qui rappellent les bonnes chrétiennes américaines exigeant l’interdiction de l’alcool, ou les islamistes turcs de l’AKP interdisant les bistrots. C’est d’ailleurs en raison de son europhobie que Marine Le Pen a cru nécessaire de prendre sa défense, et pas parce que Zemmour semble s’opposer à l’immigration extra-européenne.

Or, si une certaine presse reproche à Zemmour une approche racialisante des problématiques migratoires et sécuritaires, les défenseurs de Christine Taubira la victimisent en accusant le journaliste de s’en prendre à elle parce qu’elle est une femme et parce qu’elle est noire. La racialisation semble donc permise lorsqu’on porte l’étiquette du PS, mais pas dans les autres cas. C’est une étrange démarche de la part d’un parti qui prétend défendre l’égalité. En outre, lorsque le rappeur d’origine congolaise Youssoupha tient des propos extrémistes contre ce même Eric Zemmour, et il a d’ailleurs déclaré récemment dans un concert, « Zemmour, on t’enc… », on n’entend personne. C’est d’ailleurs la même chose lorsque qu’un autre pseudo-rappeur de banlieue, dont nous tairons le nom pour ne pas lui faire de la publicité, s’attaque publiquement, par le biais de podcasts, à différentes personnalités politiques et médiatiques, Eric Zemmour (encore) ou Marine Le Pen en tête.

L’indignation à géométries variables, les procès politiques pour financer des associations bidon n’arrivant plus à recevoir de dons, sont une atteinte portée à la justice dans notre pays. Alors que les tribunaux sont débordés, certains croient utiles de les surcharger d’affaires sans intérêt, relevant de la simple liberté d’expression. Et c’est la faute des procureurs en la matière qui acceptent de s’en saisir, alors même qu’ils classent des affaires graves sans suite. Il me paraît urgent qu’un des droits fondamentaux de la personne humaine, la liberté d’opinion et d’expression, soit réaffirmé et surtout appliqué. Même lorsque ce droit profite à ses adversaires politiques. C’est par la parole libre, parole de vérité, qu’on peut savoir à qui on a affaire. Lorsqu’un nationaliste comme le leader grec de l’Aube Dorée exprime des convictions extrêmes, en l’absence de loi pour les réprimer, il se dévoile et les électeurs peuvent réagir en conséquence. Depuis cette provocation, il a perdu deux points dans les sondages.

PS: d’un point de vue purement politologique, les nominations de Christiane Taubira à la Justice et de Laurent Fabius aux Affaires Etrangères paraissent bien des erreurs de casting, le second, tout comme le représentant aux affaires européennes, étant un des opposants au traité constitutionnel de 2005, ce qui, à l’heure d’une négociation vitale avec notre partenaire allemand, apparaît comme une faute de goût. Taubira, dont la candidature de 2002 avait coûté le second tour à Lionel Jospin, est étrangement récompensée, sans doute pour ne pas s’être représentée. La droite nationale lui reproche d’avoir été indépendantiste guyanaise. Nous pourrions, nous européistes, lui reprocher bien au contraire de ne plus l’être, car Christine Taubira a raison de vouloir défendre les siens avant les nôtres. Mais, lui reconnaissant cette légitimité, nous attendons d’elle qu’elle nous accorde le fait de vouloir la même chose qu’elle.

Thomas Ferrier
Secrétaire général du PSUNE

Sauvons l’Hellade ou Thermopylae 2012.

mercury.jpgLa Grèce doit-elle se retrouver seule et démunie face à cet empire menaçant qui est la finance internationale, face à une agression économique dont les Etats-Unis d’Amérique sont, par le biais des agences internationales, c’est-à-dire américaines, de notation, qui font depuis des mois la pluie et le beau temps, le chef d’orchestre, afin de fragiliser l’Europe toute entière en s’en prenant à ses maillons les plus faibles (Irlande, Grèce et Portugal) ? L’Union Européenne doit-elle s’attendre à connaître le sort de la petite bien que courageuse Islande ? La question dépasse et de loin le seul € puisque le Royaume-Uni a annoncé il y a quelques jours qu’il était à nouveau en récession. La crise des dettes souveraines, qui se résume en fait aux dettes contractées par les Etats européens auprès de puissances extra-européennes, Chine en tête, est cependant en train de déstabiliser l’économie de la zone € et par extension de l’Europe toute entière. L’ancien président Boris Tadic paye ainsi un bilan économique désastreux, qui n’a pas pu être compensé par la promesse d’une adhésion future à l’Union Européenne, au profit de son éternel adversaire, le post-nationaliste Tomislav Nikolic. Et de même, tous les gouvernements sortants sont les uns après les autres sanctionnés. La défaite de Nicolas Sarkozy en France, les sondages médiocres en faveur des conservateurs britanniques ou la coalition CDU/CSU/FDP outre-rhin, l’illustrent remarquablement.

De nombreux dirigeants, dont le nouveau président François Hollande, ont dû reconnaître que des plans d’exclusion de la Grèce de la zone euro étaient à l’étude. Cette perspective, contraire d’ailleurs aux traités communautaires en exercice qui ne prévoient pas de retrait forcé de cette zone, déclencherait de toute évidence un effet domino, le Portugal et l’Espagne étant alors immédiatement attaqués à leur tour. L’euro n’y survivrait pas et probablement ce semblant d’Europe politique en gestation qu’on appelle Union Européenne. Les souverainistes, ennemis de toute Europe politique, pourraient se réjouir d’une telle perspective, même si le coût humain pour les européens serait terrible, ce qui prouve bien qu’aux yeux des souverainistes, le sort de leur peuple n’est pas important par rapport à leurs lubies nationalitaires, meilleures alliées des USA. Un véritable européen, attaché à défendre les intérêts de son peuple, même celui opposé à l’origine à la mise en place de l’€ en l’absence d’Europe politique, devrait naturellement prendre la défense de l’euro contre cette agression dissimulée contre les Européens.

Les véritables européistes que nous sommes, à rebours des égoïsmes nationaux stériles, mais aussi des délires mondialistes dont Mme Lagarde nous a donnés ce week-end quelques exemples, ne peuvent que prendre la défense de la Grèce, et telle l’alliance antique entre Sparte et Athènes contre les appétits du grand roi, exprimer leur solidarité de combat à l’égard de ces Européens que le serpent financier veut prendre à la gorge. Bien sûr, les dirigeants grecs, PASOK ou ND, ont menti aussi bien à leur peuple qu’à leurs partenaires européens, même si ces derniers le savaient pertinemment et ont laissé faire, mais ce n’est pas une raison pour que les Grecs subissent une régression sociale dans tous les domaines comme aujourd’hui. Certes l’aide venant des autres Européens doit être conditionnée à des réformes structurelles en profondeur, mais par une mise en place progressive, équitable et humaine. Et on voit bien que l’Etat grec en est incapable.

Il faudrait donc clairement le mettre sous tutelle, mettant fin à sa souveraineté nationale, sans pour autant remettre en cause les principes de la démocratie. Il n’y a qu’une seule possibilité de le faire, c’est que rapidement se crée un Etat européen, mettant la dette vis-à-vis des pays extra-européens en commun afin de la renégocier au plus haut niveau et un principe de convergence en matière de dépenses publiques. Il serait par exemple interdit d’embaucher de nouveaux fonctionnaires, exit alors le projet d’Hollande de recruter 60.000 enseignants supplémentaires, de financer l’immigration clandestine par des aides sociales, et de mettre fin à différentes situations d’assistanat abusif, particulièrement intolérable en période de crise. Dans le cas grec, il n’est pas normal, et sur ce point Jean-Luc Mélenchon a raison, que les armateurs grecs et l’église orthodoxe ne contribuent pas de manière significative à renflouer les caisses de l’Etat, plutôt que ne faire porter les efforts que sur l’homme du peuple (uomo qualunque en italien), au prix d’insupportables sacrifices.

Lorsque Wolfgang Schaüble propose l’élection d’un président européen au suffrage universel, proposition qui était celle de François Bayrou lors des élections présidentielles, nous lui rétorquerons qu’un président sans pouvoir, même élu au suffrage universel, n’est qu’un pantin, et qu’il faut bâtir une véritable Europe politique, qui ne se limitera pas à un président, mais qui aura l’ensemble des pouvoirs et des caractéristiques d’un Etat souverain. Cela veut dire assemblée européenne, cela veut dire armée européenne, cela veut dire budget européen. Et c’est ainsi que nous sauverons la Grèce et que nous sauverons l’Europe.

Au cœur de ce désastre, et de ce drame humain, les déclarations récentes de Mme Lagarde ont mis de l’huile sur le feu, alors que les Grecs vont voter à nouveau le 17 juin. Et pourtant, Mélenchon et Tsirpas n’ont aucune raison de la critiquer, puisqu’elle n’a fait qu’énoncer à haute voix l’idéologie mondialiste. Et selon cette dernière, indéniablement, le sort des enfants grecs est meilleur que celui des enfants nigériens. Ce n’est donc pas Christine Lagarde qu’il faut critiquer, car elle sert un système dont elle n’est qu’une des représentantes, mais c’est sa fonction qu’il faut dénoncer, et c’est l’organisation qui l’emploie. Or Jean-Luc Mélenchon n’est-il pas un alter-mondialiste, c’est-à-dire un mondialiste, donc un partisan d’organisations internationales sans légitimité démocratique ? Et ne préfère-t-il pas le travailleur immigré clandestin à un ouvrier français et/ou européen qui aurait le tort de critiquer l’immigration ? Quant à François Bayrou, sa réaction est parfaitement légitime et adaptée à la situation, à savoir que ce n’est pas acceptable de s’attaquer à un peuple tout entier, première victime après tout de ses gouvernements. Et de toute façon, Christine Lagarde aurait dû faire passer les intérêts de l’Europe et des Européens avant toute chose. Un européiste authentique n’aurait de toute façon jamais accepté de faire partie d’une organisation europhobe par sa nature même.

Tout cela démontre qu’en définitive le salut de l’Europe passe notamment par la remise en question de l’existence même d’organisations comme le FMI. D’ailleurs, dans la crise grecque, il n’était pas acceptable que le FMI s’en mêle, le problème devant être traité et réglé entre européens. En revanche, quand la Russie manifeste son inquiétude, elle est dans son rôle, car elle exprime sa solidarité européenne naturelle. Il faudrait d’ailleurs l’associer aux travaux en vue de sauver l’euro et de remédier au drame hellène, alors qu’en revanche aucune leçon ne devrait être admise de la part du voisin atlantique qui, en matière de déficit public, est en situation bien plus problématique que la notre, mais qui bénéficie d’un poids diplomatique sans commune mesure d’avec celui d’une Europe apolitique divisée en 27 états souverains.

Bien sûr, Christine Lagarde a fait preuve en la matière d’incompétence, car son propos était inutilement vexatoire et qui plus est perturbant à quinze jours d’une élection législative cruciale en Grèce, et aussi de déloyauté vis-à-vis d’une Europe à laquelle elle doit tout, son corps et son âme, et aussi sa fonction actuelle. Elle préfère défendre l’idéologie mondialiste, dont sa fonction au FMI est le symbole, que sa patrie. Et c’est en ce sens et en ce sens seulement qu’elle devrait démissionner. Parce qu’un européen doit être au service de l’Europe et d’elle seule, et ne faire preuve d’aucune allégeance envers un « machin ».

Sauver la Grèce, et l’Europe avec elle, ce n’est certes pas mentir aux citoyens grecs en leur promettant des lendemains qui chantent, le beurre et l’argent du beurre, comme le fait Alexis Tsirpas en Grèce (Syriza), l’€ sans la rigueur, mais écouter leur souffrance et leur apporter de vraies solutions. Ce n’est possible que si l’Europe politique, l’Europe souveraine, voie enfin le jour, même si elle doit s’établir sur la disparition totale des souverainetés nationales et l’ostracisme de toute la classe politique « européenne » actuelle. Et par ailleurs, il est possible en Europe de réduire les dépenses budgétaires sans que cela ne porte préjudice au portefeuille des citoyens. Or les Etats dépensent l’argent public au service d’intérêts qui ne sont pas les nôtres. On demande aux Grecs de rembourser jusqu’au dernier euro, mais on annule les dettes colossales des pays africains et on vend des pans entiers de notre économie à la Chine ou au Qatar, ou on finance l’état palestinien à perte. L’argent des travailleurs européens ? Pour les Européens !

L’Europe politique devient de plus en plus urgente. Elle ne naîtra pas avec un Hollande ou une Merkel aux affaires. Et ce n’est pas la croissance artificielle par la consommation, relancée par de nouveaux déficits, ni la rigueur extrême prônée par la chancelière allemande, qui nous sortiront du gouffre.

Thomas Ferrier
Secrétaire général du PSUNE

20/05/2012

La démocratie et l'€uro en danger

 
A l’issue des dernières élections grecques, où les extrêmes ont considérablement progressé, les citoyens helléniques ont voulu signifier leur colère et leur déception par rapport à une classe politique incapable, le tandem ND/PASOK, mais aussi par rapport à une construction politique européenne qui n’a pas été à la hauteur des enjeux. Incapable de se doter d’un gouvernement, la Grèce va devoir revoter le 17 juin. On s’attend à une nouvelle progression du parti de gauche radicale Syriza, sorte d’homologue du Front de Gauche français, et à une légère baisse des droites radicales, qui pourrait profiter légèrement au LAOS, qui retrouverait ainsi sa représentation nationale, mais au détriment de l’Aube Dorée, dont le leader, Nikolaos Michaloliakos, s’est laissé aller à des propos extrémistes et explicitement néo-nazis, mais qui devrait conserver des députés.

La crise de l’euro et des dettes souveraines ne peut pas être résolue au niveau de la seule Grèce, mais bien au niveau de l’Europe toute entière. Or il n’existe pas réellement de démocratie européenne, malgré l’existence d’un parlement européen élu, mais qui n’ose pas s’emparer d’un pouvoir qu’il tire pourtant de sa légitimité démocratique, préférant laisser la commission et les chefs d’état et de gouvernement décider à la place du peuple et de ses représentants.

Ce désaveu d’une Union Européenne incapable de se prendre en main commence à toucher les états souhaitant la rejoindre. Ce jour, en effet, le candidat ex-nationaliste Tomislav Nikolic a battu, à la surprise générale, le candidat pro-européen Boris Tadic, lors du second tour des présidentielles serbes. Certes Nikolic ne cherche pas à mettre fin au processus d’adhésion, à la différence de son ancien parti, le Parti Radical Serbe, radicalement anti-UE comme son allié français, le FN. Mais sa victoire, alors même qu’il avait entretenu une certaine confusion sur le plan des idées, son positionnement pro-européen nouveau paraissant plutôt opportuniste, est bien la preuve là encore d’une déception. L’adhésion à l’UE de la Serbie paraît trop lointaine et comme c’était l’axe principal de campagne de Tadic, il en a payé le prix.

La crise économique de la zone euro s’accompagne d’une crise politique sur l’ensemble du continent européen. La défaite de Nicolas Sarkozy, les échecs successifs de la CDU aux élections des différents Länder, la déception des citoyens britanniques vis-à-vis de la coalition conservateurs/libéraux, sont différentes manifestations de cette crise profonde. Il est par ailleurs évident que si un référendum avait lieu en ce moment en Islande concernant l’adhésion à l’Union Européenne, les Islandais voteraient massivement non, et ce serait sans doute vrai dans tous les pays européens développés.

Pourtant, personne n’ose réellement montrer du doigt les responsables de cette crise profonde des sociétés européennes. Nous sommes dans un tel état de vassalité vis-à-vis de l’empire outre-atlantique que nous n’osons même plus appeler un chat par son nom. L’intérêt des USA, pour ne pas les nommer, n’est pas la ruine de l’Europe, qui aurait un effet domino dommageable à leur puissance économique, mais l’affaiblissement. Le département d’état dès 1999 craignait l’€uro comme une menace sérieuse à la domination du dollar. Comme un prédateur face à un troupeau d’animaux sans chef de troupe, vingt-sept animaux pour être précis, les agences américaines de notation, qui épargnent largement leur pays mais n’hésitent pas à baisser arbitrairement la note, donc la crédibilité internationale, des pays européens, ont vu dans la Grèce un moyen de déstabiliser la zone euro.

Depuis de nombreuses années, par bien des moyens, les Etats-Unis cherchent à empêcher à tout prix l’émergence d’une Europe politique unie, d’une Europe réconciliée et amie de la Russie, dans l’éventualité où cette dernière rejoindra cet ensemble politique. Par le soutien à l’immigration extra-européenne, et notamment musulmane, qui divise et déstabilise les sociétés européennes, aboutissant en même temps à la montée de mouvements populistes europhobes, incapables de proposer une alternative politique crédible, et facteurs eux aussi d’affaiblissement, par le soutien à l’adhésion de la Turquie à l’Union Européenne, processus qui n’a abouti qu’à affaiblir les résistances kémalistes à la réislamisation rampante dont l’AKP de Recep Erdogan est le fer de lance, par les attaques économiques contre la Grèce et donc au final contre toute la zone euro, les Etats-Unis maintiennent l’Europe dans une position de sujétion. C’est comme s’il y avait deux coureurs de 100 mètres qui s’affrontaient, l’un sachant que son voisin est plus fort que lui attachant à ce dernier un boulet au pied pour l’empêcher de gagner la course. Il ne faut pas être dupe.

Tant que l’Europe politique authentique n’aura pas vu le jour, à savoir un unique décideur, un unique numéro de téléphone, une adresse précise, c'est-à-dire un gouvernement européen démocratiquement légitime, tant que nous resterons dans l’OTAN, qui ne devrait plus exister depuis l’effondrement du bloc soviétique, tant que nous ferons de l’ingérence politique au service d’intérêts qui ne sont pas les nôtres, l’Europe sera en crise. Il est facile comme le fait le nouveau président français de prôner la croissance, alors même qu’on rampe devant ceux qui la rendent impossible. De tous les pays européens, seule l’Allemagne semble résister davantage, même si son succès économique doit être nuancé par sa crise morale et démographique profonde.

Alors, Europe année zéro ?

Aux Européens de se réveiller, aux Européens d’enfin s’unir, avant qu’il ne soit trop tard, avant que l’ « acquis communautaire » ne soit perdu parce que nos dirigeants ne sont pas à la hauteur des enjeux, parce qu’ils n’ont pas conscience des menaces, ou n’ont simplement pas le courage de les affronter, parce qu’ils ne sont pas les hommes, et les femmes, de la situation. Parce qu’ils agissent en esclaves et non en hommes libres. Parce qu’ils agissent au nom de l’intérêt des oligarchies financières et pas en républicains au service de l’intérêt général, du bien commun de tous les Européens.

Thomas Ferrier
Secrétaire général du PSUNE

08/05/2012

Bilan des élections présidentielles 2012 (conclusion).

 
La véritable alternative…
 
par Thomas FERRIER, 08/05/2012

thomas ferrier,psune,élections présidentielles 2012,consignes de voteCertains camarades se sont étonnés que le PSUNE, que je représente, n’ait pas pris position pendant ces élections. C’est l’heure de m’en expliquer. En premier lieu, nous n’avons rien à attendre en positif d’une élection présidentielle. Sur ce seul point, je partage l’avis des souverainistes, à savoir que le président français n’est plus que le gouverneur d’une province. Mais cela n’est pas tant dû à l’Union Européenne qu’au fait que la France seule n’a aucun moyen de se faire entendre à moins de disposer du soutien de ses partenaires. La France n’a plus les moyens de ses ambitions, et ce même si François Hollande affirme, par une sorte de chauvinisme très mal à propos, que la France n’est pas n’importe quel pays, qu’il y a un rêve français universel, et que les valeurs de la république ont vocation à s’étendre au monde entier. Idée funeste, responsable de toutes les colonisations et de tous les échecs, idée folle dont on paye aujourd’hui tous les jours les conséquences.

Il faudrait constitutionnaliser le principe que « la France est un pays européen », un pays comme les autres, ni meilleur ni pire, et dont l’avenir passe par l’émergence d’une Europe puissante, sociale et surtout vraiment européenne. Le PS incarne, même si en paroles il se proclame pro-européen, dans ses positions politiques même, l’Anti-Europe. Il est en ce sens le meilleur allié des souverainistes. Et aussi détestable soit la politique de la CDU de Merkel, cette dernière représente malgré tout l’Europe.

C’est en bâtissant une véritable Europe unitaire, plus ou moins fédérale, que le salut viendra. Aucun des candidats de cette élection n’a compris l’Europe, même si Sarkozy fut sans doute, et de fait, le moins anti-européen des candidats. Quand la caricature du Monde le présente en train de discuter avec Marine Le Pen, il oppose à sa préférence nationale une préférence européenne, le « buy european act ». Et il souhaite réformer Schengen pour que les frontières de l’Europe soient bien gardées, ce que tout véritable européen devrait souhaiter. On voit actuellement en Grèce avec le rejet de l’immigration extra-européenne, matérialisé par les 7% obtenus par un parti extrémiste, ce qu’il en coûte de nier la réalité des problèmes.

En second lieu, je ne souhaitais pas que le parti soit impacté par cette élection. En notre sein, chacun peut avoir des opinions différentes, même si nous avons tous un objectif commun, et il ne me semblait pas opportun de nous diviser là où il n’y a pas pour nous d’enjeu. Il allait naturellement de soi qu’on ne pouvait cautionner ni le discours europhobe de Marine Le Pen, ni la démagogie « antifasciste » de Jean-Luc Mélenchon. Bayrou par son « Achetons français » avait prouvé qu’il n’était européiste que de façade. De toute façon, son obsession présidentielle passe clairement chez lui avant l’enjeu européen. Le PSUNE toutefois, mouvement au sens fort républicain, ne pouvait pas en revanche appeler à l’abstention. Le choix ne pouvait donc être qu’entre le vote blanc, vote de conviction, et le vote Sarkozy, vote stratégique destiné à choisir le moindre mal pour empêcher un mal plus grand encore. Car, en tant que socialiste européen, j’ai honte de ce que la « gauche » est devenue depuis des décennies. Je préfère l’adversaire qui ne se cache pas que le faux ami qui, prétendant faire mon bien, n’a fait que mon malheur.

En Europe, nous avons une tâche immense à accomplir. Refonder la gauche sur ses vraies valeurs, à savoir la défense de l’européanité en même temps que des travailleurs de notre peuple (européen). Rejeter le libertarisme, volet moral du libéralisme économique. Rejeter les communautarismes, les individualismes, au nom de l’intérêt général, ce qui est cela « être républicain ». Tous se disent « républicains », mais aucun ne l’est dans les faits. Les politiciens restent dans les querelles de clocher, se disputent sur la couleur du mur, mais l’intérêt de tous les français, de tous les européens, passe après. Le FN contribue à l’élection de Hollande parce qu’il préfère l’intérêt du parti à l’intérêt de la France. Le PS soutient l’immigration parce qu’elle y puise un nouvel électorat, au détriment de l’intérêt de la France (et pour le PSE, de l’Europe), alors que c’est une mesure anti-sociale par excellence. Aucun socialiste authentique ne pourrait être favorable à l’immigration de travail, qui pèse sur les salaires et qui est insupportable en période de fort chômage.

L’Europe sera socialiste ou ne sera pas, mais l’Europe sera européenne ou ne sera plus, et avant d’être socialiste, avant d’être républicain, je suis d’abord et avant tout un européen, au service de tous mes compatriotes, solidaire avec eux car tous frères nés d’un même sang ! Et en tant qu’européen, sans avoir la moindre complaisance pour le président sortant, je me suis senti ce dimanche soir comme Juvénal face à la décadence de Rome. Parce que, derrière Sarkozy, ce représentant de la droite libérale et conservatrice dont je combats au plus profond de mon cœur l’idéologie, il y avait l’Europe. Et parce que, derrière Hollande, même si le nouveau président me paraît un homme honnête et sympathique, ce n’était pas l’Europe. On ne choisit sans doute pas ses alliés, et sans eux Hollande aurait perdu ce dimanche. Mais être républicain, c’est choisir de perdre au nom de l’intérêt général plutôt que de gagner au détriment de celui-ci.

Et la France a perdu quelque chose ce 6 mai 2012.

Thomas Ferrier
Secrétaire général du PSUNE

Bilan des élections présidentielles 2012 (2ère partie).

sarko.jpgLes raisons profondes de l’échec de Sarkozy.

Nicolas Sarkozy paye dans cette défaite les nombreuses erreurs commises pendant sa présidence de cinq années, et on pourra noter en premier lieu qu’il est le premier président du quinquennat, car Jacques Chirac a été douze années aux affaires. Or ce format ne semble pas permettre, du moins en France, de prendre la pleine mesure du poste présidentiel. C’est au moment où Sarkozy semblait dominer sa fonction qu’il en est privé par la volonté du peuple. Et la raison principale ne tient pas tant à la politique qu’il a menée, dont par comparaison avec les voisins européens, on peut affirmer qu’elle n’a pas été si calamiteuse, qu’aux symboles envoyés, ceux là même qui ont coûté cher à Giscard d’Estaing en 1981.

A tort ou à raison, Nicolas Sarkozy est apparu comme le représentant des riches et des puissants. La soirée au Fouquet’s, que l’électorat pardonnait aisément à Mitterrand par exemple, et le yacht de Bolloré, ont confirmé cette image. Ce que l’opinion bien pensante accepte de représentants de la gauche (Tapie, Strauss-Kahn… etc), alors qu’elle est bien plus choquante de leur part, ne passe pas lorsque ce sont des représentants de la droite qui font de même. L’affaire Bettencourt a renforcé ce sentiment irrationnel, que la « gauche » a su exploiter en dénonçant un président « bling bling », passant sous silence la fameuse « gauche caviar ». La hausse de la TVA dite sociale, et bien d’autres mesures, comme l’allongement de la durée de cotisation pour la retraite, sont apparues comme punitives pour le peuple alors que les riches en auraient été prétendument exonérés. Or Nicolas Sarkozy a agi d’abord par pragmatisme, car surtaxer les riches est le meilleur moyen d’encourager leur expatriation, et le fait qu’alors ils ne paieront plus d’impôts du tout en France, ce qui nécessiterait qu’on augmente les impôts pour les classes moyennes, et dans un contexte économique de rigueur budgétaire.

Aucun patron n’a soutenu François Hollande ? Les stars du showbiz français, les riches chanteurs (comme Yannick Noah), les acteurs fortunés, ont-ils soutenu Nicolas Sarkozy ? Ils ont préféré son adversaire. D’ailleurs, dans cette élection, les amis de Sarkozy ont été très discrets, à l’instar de Johnny Hallyday. Mais il avait été répété que Sarkozy était le candidat des riches, et c’est ce qu’il paye aujourd’hui. Son image étant très dépréciée, les sondages d’opinion l’ayant maintenu au plus bas pendant presque tout son mandat, il n’a jamais pu inverser la tendance. Par ailleurs, le pouvoir a semblé l’user prématurément, lui faisant perdre rapidement de sa superbe. Enfin, le choix de sa nouvelle épouse semble avoir contribué négativement à cette image. Comme si, à l’instar de Napoléon, passer de Joséphine à Marie-Louise avait été considérablement défavorable. Or, que dire de DSK, celui qui était pressenti avant l’affaire Diallo comme futur président « socialiste » de la France, qui était marié avec la richissime et médiatique Anne Sinclair. Et que dire de François Hollande, vivant avec une journaliste de presse écrite.

Il est vrai que Nicolas Sarkozy n’a pas eu l’hypocrisie d’un François Mitterrand ou d’un Jacques Chirac, conservant bien sagement leur épouse pour des raisons médiatiques. Et on se souvient de l’acharnement de Mitterrand à taire l’existence de sa fille Mazarine, et de sa double vie. Il a divorcé à peine était-il élu de sa seconde épouse. Auprès d’un électorat du centre et de droite, cette vie personnelle n’était pas forcément un atout, bien au contraire.

Président omniprésent, étouffant son pâle premier ministre, il a pris tous les coups. Il n’a jamais su oser changer son gouvernement en profondeur, remettre à leur place un entourage délétère, et faire aussi le ménage au sein de la droite. Il n’a accepté la mise en place de la « droite populaire » que du bout des lèvres et ne leur a jamais donné la marge suffisante, la liberté nécessaire, pour redonner du sens à son mandat. Il a pactisé avec ses ennemis de l’intérieur de l’UMP, les récompensant par des postes de ministre, au lieu de les marginaliser. Il a enfin mis en avant des figures de la diversité, Rama Yade et Rachida Dati en tête, et les a réintroduites lors de sa campagne alors qu’elles lui avaient tourné le dos. La nomination de gens de « gauche », comme Hirsch ou Amara, n’était pas non plus ce qu’attendait son électorat. D’ailleurs, ces personnalités ont vite retrouvé la maison mère « socialiste ».

Parce qu’il savait qu’il avait terriblement déçu, parce qu’il craignait que la droite se présente divisée devant les électeurs, il a su éliminer la concurrence, ce que n’avait pas su faire Jospin en 2002. Il a su faire renoncer Boutin puis Borloo, Morin et enfin Villepin lui-même, ce dernier n’ayant jamais été réellement en mesure d’obtenir les 500 signatures, et ne le souhaitant probablement pas. Mais c’est comme seul candidat de droite, à l’exception du souverainiste Dupont-Aignan, qui était davantage sur une ligne « ni droite, ni gauche » et tentait maladroitement de concurrencer le FN, qu’il est apparu. Et au second tour, aucun autre candidat ne s’est rallié. Bayrou a apporté son soutien à Hollande, comme tous les candidats de « gauche » et jusqu’à Cheminade. Dupont-Aignan et Le Pen ont appelé au vote blanc, donc à un soutien à 50% dans un tel contexte à Hollande. Il n’avait aucune marge de manœuvre pour le second tour.

C’est donc en président honni, malgré un discours de départ qui avait une autre force que le « au revoir » de Giscard d’Estaing, qu’il quitte l’Elysée. Les media, visiblement soulagés, veulent vite l’enterrer pour magnifier le « glorieux vainqueur ». Comme pour VGE, dans quelques années, beaucoup d’électeurs regretteront certainement leur choix de ce dimanche. C’est là où l’on voit que la maturité républicaine du peuple laisse à désirer. Car il n’a pas lu les programmes des candidats, il n’a pas regardé objectivement les résultats et les promesses des uns et des autres. Hollande a fait dans la démagogie absolue, promettant monts et merveilles, alors qu’il savait n’avoir aucun moyen de réaliser cela. On a l’impression que tout va bien, que la France est en forme économiquement, et que la pauvreté résiduelle sera résorbée en imposant les riches. L’Union Européenne ? Le nouveau président français la pliera à sa volonté, alors qu’il reprochait encore récemment à Nicolas Sarkozy de vouloir remettre en cause Schengen.

Et demain, les législatives ?

Même si Guillaume Peltier dans Le Monde.fr semble encore y croire, les législatives seront remportées par la « gauche », non pas parce qu’elle serait devenue subitement majoritaire en France, mais d’abord parce que le PS a un formidable allié, qui réussira peut-être même à offrir au président sortant une majorité écrasante. Si le FN atteint les 17% que lui promettent les sondages actuels, Marine Le Pen annonce déjà qu’elle maintiendra systématiquement ses candidats en cas de triangulaires. Alors que le vote FN est désormais un vote national, le parti ayant nettement progressé dans l’ouest, une telle politique va amener la droite en dehors de Matignon et même en dehors du Palais Bourbon.

Il est inconcevable que dans le contexte actuel, avec le centre-droit à la tête de l’UMP du fait du départ de Sarkozy, une alliance entre l’UMP et le FN puisse avoir lieu. Elle se réalisera peut-être avec certains candidats de droite (comme Christian Vanneste) sans que l’on sache si cela sera payant. Mais Marine Le Pen est visiblement décidée à faire de la droite parlementaire son ennemi principal à abattre, tout en rêvant d’un groupe parlementaire, fantasme total. Si elle réussit déjà à faire entrer un seul député, elle pourra être contente. Quoi qu’on pense du bilan de Sarkozy, ou de l’homme, quelque détestation peut-on avoir pour les « humanistes » de l’UMP, qui n’ont en effet pas grand-chose de différent des dirigeants du PS, il est assez étrange de vouloir faire le jeu du pire tout en espérant voir se rallier ceux là même qu’elle aura contribué à faire battre. Or le FN n’a aucunement les moyens d’apparaître comme l’opposition authentique au nouveau président, manquant de cadres de valeur et de militants. L’UMP reste une énorme machine de guerre politique que son parti n’est pas en mesure d’égaler ni même de concurrencer.

Avec l’effet « président », beaucoup de français voulant lui donner sa chance, avec la stratégie de destruction de la droite jouée par le FN, alors que le meneur de l’UMP raccroche ses gants après sa défaite, l’UMP va vivre une véritable hécatombe. La « gauche » aura désormais tous les pouvoirs de nuisance disponibles, sénat, présidence, assemblée nationale, conseils régionaux et généraux, syndicats, sans pouvoir rien changer à la politique économique à mettre en œuvre.

Ce que fera Hollande les premiers temps…

Le nouveau président ira comme première action en Allemagne rencontrer Angela Merkel. Il y renoncera à tout son programme économique, à toutes ses promesses électorales qui ont séduit un électorat visiblement inconscient de la réalité contemporaine. La paupérisation de l’Europe, du fait de la mondialisation et aussi du fait de l’immigration qui accompagne cette dernière, avec un chômage de masse sur tout le continent, est indiscutable. Les premières mesures qu’ils pourraient prendre, comme le retour à la retraite à soixante ans et la suppression de la TVA sociale, seront très mal appréciées des marchés financiers. Il lui faudra alors, de peur de revenir en arrière, surtaxer les classes moyennes, pesant alors sur la consommation. Et pour sauver l’€, alors que la crise politique grecque va relancer la crise de l’€, il devra se concilier l’Allemagne.

Comme il décevra son électorat par des mesures anti-sociales que la crise lui imposera, une fois les premières semaines passées, il fera passer en force son programme libertaire. Une des premières mesures sera sans doute le mariage gay avec adoption, qui nécessitera une réforme constitutionnelle. Puis viendra la question du vote des étrangers extra-européens qui, crise ou pas crise, vivront toujours mieux en France que dans leur pays d’origine mais pèsent de plus en plus sur les avantages sociaux. Là encore, il faudra bien que quelqu’un paye, et ce seront à nouveau les classes moyennes. La première année de François Hollande sera celle de la désillusion, sauf pour les minorités de la diversité qui auront obtenu gain de cause. Après l’ivresse, on assistera à une sévère gueule de bois.

Bilan des élections présidentielles 2012 (1ère partie).

francois-hollande.jpgUn nouveau président de « gauche ».

Les sondages l’avaient prévu et les résultats l’ont confirmé. François Hollande est le nouveau président de la république française. Avec 51,62% des voix contre 48,38% des voix pour son adversaire vaincu, le candidat du PS s’est imposé bien qu’il ait été élu davantage par rejet du président sortant que par adhésion à sa propre personne. Son succès est un symbole fort envoyé par différents types d’électorat – les bourgeois- bohême des centres villes, Sarkozy ayant été dominé dans toutes les villes de plus de 100.000 habitants, les fonctionnaires inquiets pour l’avenir de leur statut et sensibles à la démagogie du candidat « socialiste », qui a beaucoup promis alors que la crise paupérise nos voisins européens du sud, les populations musulmanes et/ou non-européennes des banlieues ou des territoires d’outre-mer, les électeurs musulmans ayant même voté à 93% pour François Hollande, les homosexuels en attente de la mise en place promise par le candidat d’un « mariage gay » avec adoption. Cela explique nettement la foule bigarrée qui a fêté sa victoire, et la présence de nombreux drapeaux étrangers, surtout africains, est une réponse à la campagne très à droite de Nicolas Sarkozy.

Au second tour, la « gauche » a rassemblé son camp sans ostracisme. Mélenchon s’est rallié immédiatement après le soir du premier tour au candidat PS et si en ce jour François Hollande rend hommage aux communistes, c’est qu’il a bénéficié du formidable travail militant du PCF et du Front de Gauche. La droite en revanche n’a pas été capable de faire de même. Il faut dire que Sarkozy avait tout le monde contre lui. François Bayrou a annoncé son intention de voter pour Hollande, et la consigne de vote blanc de Marine Le Pen, dans un tel contexte, était aussi un cadeau fait au PS. En souhaitant explicitement l’implosion de l’UMP, elle a fait le jeu du PS. Même si les raisons de la défaite de Sarkozy sont multiples, le mauvais report de voix du FN et du MD en sa faveur a été déterminant (51% des électeurs de MLP ont voté Sarkozy, 14% ayant même voté Hollande, et 30% seulement des électeurs centristes ont soutenu l’ancien président).

Un échec héroïque de Nicolas Sarkozy.

Attaqué de toutes parts, Nicolas Sarkozy obtient malgré tout 48,38% des voix, après un débat de second tour où il a dominé son adversaire, même s’il s’est laissé aller aussi aux petites phrases assassines, et en ayant musclé son discours sur l’immigration de manière à obtenir le meilleur report de voix des électeurs FN. Cela n’a pas été suffisant, car beaucoup d’électeurs ont été sensibles aux arguments développés par Marine Le Pen sur le bilan calamiteux du président sortant à ce sujet.

Il avait donc contre lui non seulement toute la « gauche », qui ne s’est pas gêné pour le présenter comme un candidat d’extrême-droite, ainsi que l’a qualifié Arnaud Montebourg, ou même pour un fasciste, mais aussi les centristes et le FN. Cette « gauche » a été considérablement aidée par l’attitude partisane de la presse. Il suffit ainsi de songer à l’hebdomadaire Marianne, mais aussi aux nombreuses pétitions de principe d’artistes et d’intellectuels dénonçant l’attitude du président sur la question migratoire et sur l’islam. Elle a également été aidée par les « humanistes » de l’UMP, terme introduit par Jean-Pierre Raffarin, qui ont explicitement désapprouvé la campagne de leur candidat. Dimanche soir, Alain Juppé, Jean-Pierre Raffarin, François Fillon ou encore Jean-François Coppé n’avaient pas l’air sérieusement attristé par la défaite de l’UMP, à la différence de Nadine Morano, qui ne pouvait cacher son amertume, ou encore d’Henri Guaino, accablé par ce résultat. Ce mardi, Chantal Jouanno explique ainsi que Nicolas Sarkozy a eu tort de faire une campagne trop axée sur l’immigration et l’insécurité. En réalité, c’est parce qu’il ne l’a pas fait suffisamment tôt qu’il a été battu. Deux semaines de plus auraient pu faire la différence. Gérard Longuet n’a pas réussi à inverser l’image désastreuse auprès d’un certain électorat que les déclarations de Jouanno contre son camp ont pu faire.

Un sondage indiquait que 65% des électeurs UMP souhaitaient une alliance avec le FN. Cette alliance n’était pas possible, d’une part parce que le FN n’en voulait pas, d’autre part parce que les esprits n’y étaient pas préparés. Il fallait donc simplement rester silencieux quant à la question posée par Marine Le Pen sur les consignes de vote aux législatives dans le cas d’un duel PS-FN. Ceux qui au sein de l’UMP ont laissé entendre qu’ils soutiendraient le PS, alors que le président sortant avait montré la nocivité du programme « socialiste », ont aidé François Hollande. C’était d’ailleurs sans doute implicitement leur volonté.

On peut donc parler d’un échec héroïque de Nicolas Sarkozy car il était extrêmement difficile dans ces conditions de pouvoir s’imposer et son score reste malgré tout très honorable. On est loin de la sanction que prédisaient certains sondages, par exemple des 58/42. Et donc, pour répondre à Montebourg, on peut dire selon sa terminologie que l’ « extrême-droite » a recueilli 48,38% des voix au second tour.

Analyse des résultats.

Nicolas Sarkozy s’impose nettement en dépassant parfois les 60% dans plusieurs régions françaises, l’Alsace (63,4%), seule région dirigée par la droite par ailleurs, la Provence (57,6%) et la Corse (55,87%), même si par rapport à 2007 il est en recul d’environ quatre points. En Champagne-Ardenne, le résultat est également bon (54,11%). En revanche, François Hollande triomphe en Limousin (63,78%), en Auvergne (56,91%) ce qui est inédit pour le PS dans cette région, en Aquitaine (56,57%), en Midi-Pyrénées (57,94%), en Poitou-Charentes (55,08%), en Nord Pas de Calais (54,13%) et en Bretagne (56,35%), dans des régions moins concernées par l’immigration, bien que le FN y ait fortement progressé ces dernières années, et dans lequel le report de voix des électeurs FN a été mauvais. Enfin, l’Ile de France a choisi à 53,32% des voix de faire confiance au candidat PS, ce qui s’explique notamment par la faiblesse du score du FN au premier tour dans cette région mais surtout par un vote massif des immigrés de seconde et troisième générations.

Symboliquement, c’est dans les départements et territoires d’outre-mer que les questions idéologiques ont joué le plus. Nicolas Sarkozy est ainsi sévèrement sanctionné aux Antilles, en Guyane et à la Réunion. En Guadeloupe, il est écrasé avec seulement 28,07%, et en Martinique, il n’obtient que 31,57% des voix. Ce désaveu est confirmé de manière moindre en Guyane (37,95%) mais en revanche de manière lourde à la Réunion (28,51%). A Mayotte, que le président a départementalisée pendant son mandat, il n’est qu’à peine récompensé, en n’obtenant que 50,94% des voix, mais en revanche s’impose en Polynésie Française (53,26%) mais surtout en Nouvelle-Calédonie (63,04%). Dans ce dernier cas, il a reçu un soutien massif de la population européenne de l’île, avec un très bon report de voix des électeurs du FN, alors que François Hollande a reçu un fort soutien des kanaks.

Pour la sans doute seconde fois en France, après 2007, mais de manière plus marquée, il y eu un fort vote communautaire en faveur du candidat « socialiste ». En Seine Saint-Denis, Hollande obtient ainsi 65,32% des voix, soit dix points de plus que Ségolène Royal en 2007 (56,54%). Dans le Val d’Oise, les villes à forte « diversité » ont voté massivement pour le PS. 64,64% à Argenteuil, 72,62% à Garges-lès-Gonesse, 66,2% à Goussainville ou encore 68,08% à Villiers-le-Bel.

Si à Marseille, le président sortant s’impose (52,83%), le vote est également déterminé par l’origine géographique. A Marseille 2ème secteur, Hollande obtient 67,91% des voix, 65,13% des voix dans le 8ème secteur, 56,23% des voix dans le 7ème secteur, 55,26% dans le 1er secteur. En revanche, à Antibes, Nicolas Sarkozy obtient 67,19% des voix, 68,3% à Cagnes sur Mer, 60,14% à Allauch, 68,8% à Cannes, 71,49% à Mandelieu-la-Napoule, 73,28% à Mougins, 60,32% des voix à Marignane, 58,35% à Toulon, 67,25% à Fréjus, 73,07% à Saint-Raphaël, 63,11% à Orange. Dans cette région provençale, les résultats sont très contrastés et dépendent essentiellement du report de voix du FN. Il s’agit dans certains cas d’un double vote communautaire, les européens votant UMP, les autres votant PS, alors que dans d’autres villes de la région, on ne peut tirer aucun enseignement de cette nature.

Enfin, dans beaucoup de régions françaises, les deux candidats sont à peu près à égalité, même si à l’avantage de François Hollande dans beaucoup de cas (Bourgogne, Normandie, Pays de la Loire, Picardie, Languedoc-Roussillon) et de Nicolas Sarkozy dans quelques autres (Centre, Franche-Comté, Lorraine). En Rhône-Alpes enfin, avec 52% des voix, Nicolas Sarkozy s’impose mais en perdant de trois à quatre points par rapport à 2007.

Au final, François Hollande l’emporte dans 14 régions alors que Nicolas Sarkozy ne l’emporte que dans 8 régions.

07/05/2012

Brèves européennes … (12)

Et pour quelques élections de plus…

ALLEMAGNE

Ce dimanche, des élections locales se déroulaient en Allemagne (élection du land de Schleswig-Holstein) et en Italie (élections municipales dans un certain nombre de grandes villes). Les résultats en Italie sont actuellement indisponibles, même s’il est probable qu’on va assister à un net recul de la Ligue du Nord dans des villes comme Vérone. En revanche, en Allemagne, le résultat du land est connu et très significatif dans l’optique des élections législatives de 2013.

La CDU d’Angela Merkel conserve lors de cette élection à peu près son score de 2009 (- 0,7% seulement), ce qui est une bonne nouvelle pour la chancelière, nouvelle contrebalancée par le net recul de la FDP, son allié de coalition, qui avec 8,2% (- 6,7 points), recule sévèrement, comme il le fait désormais à toutes les élections.

En revanche, la SPD connaît une nette remontée, avec 30,4% des voix (+ 5%), ce qui lui assure en nombre de sièges l’égalité parfaite avec la CDU (22 sièges). Elle a en outre la chance de disposer d’un allié, en l’occurrence Die Grünen, qui avec 13,2% des voix (+ 0,8%), conservent un très bon crédit, et même renforcé, aux yeux de l’opinion.

En revanche, Die Linke, avec 2,2% des voix seulement (- 3,8%), perd sa représentation au Landtag, et ce probablement en raison de l’émergence d’un nouveau venu, les Piraten qui, à l’instar de leur récent succès à Berlin, obtiennent 8,2% des voix (+ 6,4%). Leur progression se fait non seulement au détriment des libéraux mais aussi au détriment de Die Linke et même de la NPD. La présence en effet de dirigeants au discours plutôt favorable au nationalisme au sein de l’appareil national des Piraten a d’ailleurs été décelée par certains analystes. La NPD avec 0,7% des voix (- 0,2) ne parvient à prendre racine auprès de l’opinion du land. En 2005, elle parvenait encore à obtenir 1,9% des voix. La crise interne au sein de la NPD et sa radicalité excessive expliquent aisément ce score. La jeunesse allemande se reconnaît davantage dans la défense des libertés de l’internaute (d’où le bon score de Piraten) que dans un nationalisme de revanche et de nostalgie.
 
Enfin, le SSW régionaliste ("Fédération de votants de Schleswig du sud", Sydslesvigsk Vælgerforening en danois), représentant la minorité danoise, obtient avec 4,6% des voix (+ 0,3) un score honorable et obtient trois sièges (mais perd son quatrième siège, obtenu en 2009, et ce malgré une légère progression).

ARMENIE

Des élections législatives avaient également lieu ce dimanche en Arménie. Le Parti Républicain au pouvoir de Serge Sarkissian en sort largement conforté avec 44,05% des voix et 71 sièges, ce qui lui donne la majorité absolue. Le parti Arménie Prospère, qui lui est associé, obtient 30,2% des voix et 34 sièges. Le Congrès National Arménien, d’opposition, de l’ancien président Levon-Ter Petrosyan, obtient 7,1% et 7 sièges. Avec 5,73% des voix, le parti nationaliste de gauche et socialiste Dashnak (alias « Fédération Révolutionnaire Arménienne ») obtient 6 sièges, tout comme le parti libéral Héritage (5,79%) et le mouvement de centre-droit Règne de la Loi (Orinats Erkir) avec 5,49% des suffrages.

Le Parti Communiste Arménien, avec 1,05% des voix, est sévèrement battu, tout comme deux autres petits partis politiques (le Parti Démocratique Arménien, social-démocrate, 0,35% des voix environ, et le Parti Unifié des Arméniens, avec 0,2% des voix environ). La droite nationaliste était en revanche absente du scrutin.

Une Serbie enfin pro-européenne !

 
Les résultats définitifs des élections serbes, présidentielles et législatives, tardent à être disponibles, la commission électorale n’ayant fourni d’indications que sur environ 25% des suffrages. Toutefois, l’institut Nezvanično fournit des informations sur 83,9% des suffrages aux législatives et 86,5% des suffrages aux présidentielles. En l’attente, probablement mercredi ou jeudi, des résultats définitifs, je vais analyser le scrutin avec ces données.

Des présidentielles serrées...

Boris Tadic arriverait en tête du premier tour avec 25,4% des voix contre 25,2% à son adversaire Tomislav Nikolic. Qu’importe au final l’ordre entre les deux candidats, à l’issue du dépouillement complet, ils sont à peu près à égalité. Le socialiste Ivica Dačic, avec 14,2% des voix, apparaît non comme le faiseur de roi mais en tout cas comme un partenaire important du président sortant. Il aspire à être premier ministre, ce qui sera le cas si Tadic l’emporte mais sera en revanche une opportunité moins vraisemblable dans l’autre cas. Vojislav Kostunica, ancien premier ministre, avec 7,2% des suffrages, apportera très probablement son soutien à Nikolic, ce qui sera en revanche plus compliqué pour la candidate du Parti Radical Serbe (SRS), Jadranka Seselj, qui n’obtient que 3,9% des voix seulement, signant là l’effondrement durable de ce parti allié du FN français, tant le SRS déteste Nikolic, ancien responsable de cette formation dont il a été exclu pour européisme par Vojislav Seselj, actuellement détenu au TPI de La Haye.

Avec 6,5% des voix, Zoran Stankovic, pour l’Union des Régions (URS), obtient un résultat encourageant, de même que le candidat du Parti Libéral Démocrate (LDP), Cedomir Jovanovic (5,1%). En revanche, Vladan Glišic, candidat du parti nationaliste Dveri za zivot Srbije, n’obtient que 2,7% des voix, alors que les sondages l’annonçaient plus près de 5%. Le SRS comme Dveri ont subi un phénomène de vote utile en faveur de Tomislav Nikolic, ancien nationaliste. Zoran Dragisic, représentant d’une formation composée de paysans et d’ouvriers, échoue avec seulement 1,7%, avec un score analogue aux représentants des communautés non-serbes ou musulmanes, comme Istvan Pasztor (1,7%) pour les hongrois et Muamer Zukorlic (1,4%) pour la communauté musulmane de Serbie (notamment les albanais). Enfin, fermant la boucle, la candidate sociale-démocrate Danica Grujicic n’obtient que 0,7%.

... et des législatives moins disputées.

Si Tomislav Nikolic semble second au premier tour des présidentielles, son parti, le Parti Progressiste Serbe (SNS) est en revanche vainqueur aux législatives, avec 24,2% des voix et 74 sièges, contre 22,5% et 68 sièges pour le Parti Démocrate (DS) du président sortant Boris Tadic, victoire qui était prévue dans les sondages. Le Parti Socialiste Serbe (SPS) de Dacic obtient 14,3% des voix et 43 sièges et sera déterminant quant à la composition du gouvernement. Le Parti Démocrate de Serbie (DSS) de Vojislav Kostunica obtient quant à lui 6,9% des voix et 20 sièges.

D’autres alliés potentiels du DS de Tadic obtiennent des résultants encourageants. Les libéraux de Jovanovic ont ainsi obtenu 6,6% des voix et 20 sièges, alors que l’Union des Régions de Serbie de Mlađan Dinkic a obtenu 5,3% des voix et 16 sièges. Les mouvements régionalistes obtiennent en tout 3,51% des voix (hongrois, monténégrins, albanais du Sandjak, slovaques) et 8 sièges (dont 5 pour les hongrois d’Istvan Pasztor).

Comme aux élections présidentielles, le Parti Radical Serbe de Seselj est en fort recul, avec seulement 4,7% des voix. L’exclu Nikolic a ainsi réussi à remplacer dans le cœur de beaucoup de serbes le nationaliste extrême Seselj. De nombreux serbes veulent en effet tourner la page de l’époque Milosevic. Le SRS perd ainsi toute représentation parlementaire et sort durablement affaibli de cette élection. Il est concurrence par le mouvement Dveri, qui obtient 4,2% des voix, soit près du double du score obtenu par son représentant aux élections présidentielles du même jour. Ce mouvement nationaliste, plutôt lié à l’église orthodoxe, connaît une progression significative, mais échoue à entrer au parlement.

Au final…

Le second tour des présidentielles sera très accroché mais Boris Tadic devrait l’emporter s’il réussit à obtenir un très bon report de voix des socialistes et des libéraux. Pour le parlement, le SPS aura l’embarras du choix. Il pourra ou bien rejoindre une grande coalition avec le DS de Tadic, les libéraux et les régionalistes, ou bien rejoindre une coalition formée du SNS et du DSS de Kostunica, à supposer que Kostunica ne réclame pas le poste de premier ministre en cas de victoire de Nikolic à la présidentielle. Mais le SNS aura du mal à obtenir la majorité, même avec son allié. L’ancrage pro-européen du SPS devrait toutefois confirmer une alliance avec Boris Tadic, même si, bien que méfiantes, les chancelleries européennes ne semblent plus inquiètes par une éventuelle victoire de Tomislav Nikolic. En outre, l’échec historique des nationalistes semble confirmer de la part de l’électorat la volonté de rejoindre l’Union Européenne indépendamment de la question du Kosovo.

Thomas Ferrier
Secrétaire général du PSUNE

---

Addendum: à près de 96% du dépouillement, Boris Tadic obtiendrait 25,33% des voix contre 24,99% des voix pour Tomislav Nikolic. Symboliquement, il serait donc en tête du premier tour. Dacic aurait 14,24% des voix, Kostunica 7,44%, Seselj 3,78% des voix, enfin Glisic 2,77%. Pour les législatives, le SNS est en revanche en tête avec 24,01% des voix devant le DS de Tadic (22,07%), le SPS de Dacic (14,54%), le DSS de Kostunica (7%) et le LDP de Jovanovic (6,53%). Le SRS de Seselj perd toute représentation parlementaire (4,36%) alors que Dveri (4,34%) échoue de peu pour entrer au parlement. Cet effondrement du SRS rappelle celui du PRM (Parti de la Grande Roumanie) de Corneliu Vadim Tudor, qui était tombé à un peu plus de 3% des voix alors qu'il avait pu accéder au second tour de l'élection présidentielle roumaine de 2000 [28,3% au premier tour].

La Grèce en détresse se tourne vers la radicalité

Le résultat des élections législatives grecques du 6 mai 2012 était attendu par tous les analystes européens, car il fait suite à l’effondrement économique du pays suite à la crise des dettes souveraines, et par extension de l’€. Ceux-ci espéraient la mise en place d’un gouvernement stable, mais les citoyens grecs en ont décidé autrement et sanctionnent sévèrement les deux grands partis traditionnels, la Nouvelle Démocratie (droite) et le Mouvement Socialiste Panhéllénique [PA.SO.K] (gauche). Réunis, avec seulement 149 sièges sur 300, les deux grands mouvements n’ont pas obtenu la majorité absolue. Electoralement, ils s’effondrent avec 18,85% et 108 sièges pour la ND (- 14,62% mais +17 sièges car le premier parti bénéficie d’une prime) et 13,18% et 41 sièges pour la PASOK (- 30,74% et -119 sièges).

500px-SYRIZA_svg.pngC’est notamment ce dernier, au pouvoir avec Papandreou avant la crise, qui connaît une sanction sans précédent, au profit d’un parti de gauche radicale, le SYRIZA (« Coalition de la Gauche Radicale »), qui obtient 16,78% des voix et 52 sièges (+ 12,18%, + 39 sièges), du Parti Communiste Grec [KKE] (+ 0,96%, + 5 sièges) et du DIMAR (« Gauche démocratique »), nouveau venu dans la vie politique du pays, un mouvement social-démocrate concurrent du PASOK, et qui obtient 6,1% des voix et 19 sièges.

500px-Meandros_flag_svg.pngA droite, la ND a subi la concurrence d’une scission représentée par le parti des Grecs Indépendants (Ανεξάρτητοι Ελληνες), mouvement populiste et nationaliste, qui obtient 10,6% des voix et 33 sièges. La montée d’un mouvement ultra-nationaliste, centré sur la lutte contre l’immigration, à savoir l’Aube Dorée (Χρυσή Αυγή), était annoncée. Le parti explose ses objectifs avec 6,97% des voix et 21 sièges, obtenant ainsi un groupe parlementaire. Le ras le bol des citoyens athéniens envers une immigration légale et clandestine problématique s’est exprimé très fortement. L’Aube Dorée, qui avait déjà réussi à atteindre plus de 5% aux dernières élections municipales sur la capitale, confirme son ascension et ce malgré une ligne très radicale, qu’il tente désormais d’adoucir.

En revanche, le LA.O.S (« Rassemblement populaire orthodoxe »), qui disposait d’un groupe et de 15 députés, sort de l’assemblée. Il paye son ralliement temporaire au gouvernement Papademos, qui lui avait valu de perdre un de ses meilleurs cadres (Makis Voridis) au profit de la ND, et échoue de peu en dessous du seuil de 3% donnant droit à une représentation parlementaire. Avec 2,9% des voix (- 2,73%), le mouvement de Karatzaferis connaît ainsi sa plus grave déconvenue. Le LAOS avait réussi à récupérer les cadres des mouvements nationalistes dissidents, comme l’équipe de l’ « Alliance Patriotique » (Πατρίοτικη Συμμάχια), version élargie de l’Aube Dorée, du fait de leurs scores dérisoires. Aujourd’hui, il est probable que le sens s’inverse et que le LAOS se vide de ses forces vives. A noter enfin l’émergence d’un petit parti nationaliste défendant « l’amour de la patrie », la Ligue de l’Unité Nationale, qui obtient 0,6% des voix.

Enfin, de nombreux partis politiques échouent à atteindre la barre des 3%, à savoir le mouvement libéral et pro-européen Drasi (1,8%), la gauche radicale anticapitaliste [ANT.AR.SYA] (1,19%), les écologistes (2,93%), le Rassemblement Démocratique (2,55%), le mouvement populiste de gauche OXI [« non »] (0,92%) ou encore « Production à nouveau ! » [Dimiourgia, xana] (2,15%). Signalons enfin la timide émergence des Pirates version grecque (0,51% des voix).

Ce résultat donne au DIMAR le rôle de sauveur, car ce parti est le seul apte à rejoindre les deux autres mouvements « pro-européens » décidés à appliquer les réformes nécessaires pour obtenir l’aide financière de l’UE. La seule alternative serait de « débaûcher » quelques députés fraîchement élus pour que la coalition PASOK + ND soit majoritaire. Mais les élus qui prendraient ce risque pourraient être très mal perçus par l’opinion grecque actuellement très échauffée.

Avec respectivement 78 sièges et 54 sièges, la gauche radicale et la droite radicale réunis atteignent 132 sièges, contre 60 pour la gauche sociale-démocrate (PASOK + DIMAR) et 108 pour la droite conservatrice. En pourcentage, toutes chapelles confondues, la gauche radicale obtient 26,87% des voix et la droite radicale 21,07% des voix, soit presque la moitié des votants. La crise économique amène naturellement à la montée des extrêmes, par le chômage qu’elle génère et par le fait que l’immigration extra-européenne devient rapidement insupportable aux yeux de nombreux électeurs dans une période de vache maigre. Cela fait réfléchir dans le cas français, avec le score important obtenu par le Front National et le Front de Gauche au premier tour des élections présidentielles, alors que la crise a pour le moment été ralentie dans notre cas par la gestion du président sortant et désormais déchu.

Thomas Ferrier
Secrétaire général du PSUNE