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26/04/2016

Elections serbes : succès ou échec du SNS de Vucic ?

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Elections législatives serbes 2016,Vucic,Seselj,SNS,SRSA 98.6% du dépouillement, selon les données du site serbe officiel (RIK), les résultats quasi définitifs du scrutin sont désormais connus et infirment en grande partie mon analyse rapide et succinte d’hier soir, disposant alors d’informations incertaines. En effet, plusieurs formations politiques étaient légèrement en dessous des 5% des voix, seuil permettant de disposer de députés au sein de la nouvelle assemblée.

Le SNS au pouvoir d’Aleksandar Vucic a finalement obtenu 48.23% des voix et 131 députés contre 48.35% et 158 députés en 2014. C’est donc non seulement une stagnation en pourcentage mais une défaite en nombre d’élus, le SNS n’étant alors majoritaire que de seulement six sièges. Cela s’explique surtout par l’entrée au parlement de députés nationalistes, ce qui n’était pas le cas en 2014.

Le SPS (Parti Socialiste de Serbie), héritier désormais éloigné des communistes yougoslaves, et qui était associé au pouvoir, obtient 10.98% des voix et 29 sièges contre 13.49% et 44 sièges en 2014. Lui aussi régresse et pour les mêmes raisons. Il est également victime à la marge d’un vote des anciens partisan de Milosevic en faveur du Parti Radical Serbe (SRS).

Le SRS en effet était tombé à 2% en 2014, une chute terrible que même son alliance avec des formations plus radicales, comme Obraz, n’avait pu enrayer. Il était alors en voie de marginalisation. L’acquittement de son dirigeant historique Vojislav Seselj auprès du TPI de La Haye a permis à ce dernier de faire campagne et de remonter la pente. Avec 8,09% des voix et 22 sièges, il fait renaître son parti. Ce succès a limité la progression de la formation nationaliste concurrente, le Dveri, associé cette fois au Parti Démocrate de Serbie. Ces deux partis séparés avaient obtenu 7,82% des voix en 2014. Réunis, ils n’obtiennent que 5% exactement, et sous réserve du maintien de ce résultat, feront rentrer 13 députés. C’est un succès malgré tout mais pas autant que cette coalition aurait pu espérer. Le SRS le domine à nouveau.

Les héritiers de Boris Tadic, divisés en deux formations rivales, parviennent également à rentrer au parlement. Le Parti Démocrate obtient 6.04% et 16 sièges contre 6.03% et 19 sièges en 2014. Il se maintient au même niveau qu’en 2014. Le Parti Social-Démocrate, qui se revendique explicitement de l’ancien président Tadic, obtient 5.03% des voix et 13 sièges contre 5.7% et 18 sièges en 2014. Ces deux formations survivent donc mais sont très éloignées de leurs scores d’il y a quelques années. Le recentrement du SNS de Tomislav Nikolic, désormais animé par Aleksandar Vucic, a clairement étouffé l’ancienne majorité parlementaire. Mais sa domination n’est pas si écrasante.

La liste « C’est assez » (Доста је било) (centre-gauche) n’avait obtenu que 2.09% en 2014. Avec 6.03% des voix et 16 sièges, elle parvient à obtenir enfin une représentation nationale. Les électeurs ont choisi de donner un peu de sang neuf à la politique nationale.

Les minorités sont enfin représentées comme à chaque fois au parlement, avec 4 députés pour le VMS hongrois (Voïvodine), 4 représentants du Sandjak de Novi Pazar, et 2 députés pour de petites formations régionales comme le « Parti vert » (Zelena Stranka). Les formations pro-russes obtiennent quant à elles seulement 0.62% des voix. Les nationalistes albanais pro-européens obtiennent 0.43% des voix.

Bien que le SNS soit en position de gouverner à nouveau le pays, Aleksandar Vucic a échoué à mobilier davantage d’électeurs en sa faveur qu’en 2014. Sa majorité est donc légère, alors qu’il espérait un large rassemblement lui permettant de conduire son pays vers la voie de l’intégration à l’Union Européenne. La remontée du SRS a certainement joué un rôle dans cet échec. Néanmoins, il n’a aucune véritable opposition en face de lui, le SPS lui-même étant en recul. 131 députés sur 250 sont avec lui, les 119 restants étant éparpillés dans 6 autres formations politiques, avec 35 nationalistes anti-européens en tout en leur sein.

Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)

25/04/2016

Elections législatives serbes : le SNS en force au parlement

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En l’absence de résultats définitifs à cette heure, le Parti Progressiste Serbe (SNS) d’Aleksandar Vucic aurait obtenu 49% des voix et 161 sièges, lui donnant ainsi une large majorité, même s’il n’a pas réussi à dépasser la barre des 50% des suffrages. Il bénéficierait en effet de l’exclusion de nombreuses formations arrivées très légèrement en dessous des 5% permettant d’avoir des élus, sauf cas spécifique des listes représentant les minorités.

Derrière lui, l’allié indispensable de la coalition sortante, le Parti Socialiste de Serbie (SPS), est loin derrière avec 12.1% des voix et 39 sièges. Désormais, le SNS n’aura plus besoin de lui pour gouverner. C’est aussi une véritable renaissance pour le Parti Radical Serbe de Vojislav Seselj, revenu en politique après avoir été acquitté au TPI de La Haye. Il obtient 7.9% des voix et 25 sièges. Ce succès se fait au détriment de l’autre formation nationaliste, le Dveri, qui n’aurait obtenu que 4.91% des voix, ratant de peu l’élection de députés, sous réserve de confirmation de ces résultats. Le SRS, qui avait été exclu en 2014 du parlement, y retrouve sa place pour y représenter le courant eurosceptique et nationaliste.

Le Parti Démocrate (DS), parti de centre-droit dirigé par Bojan Pajtic, avec seulement 6.1% des voix et 20 députés, est largement marginalisé. La liste « Tadic » qui se présentait également au nom du Parti Social-Démocrate, quant à elle, n’obtient que 4.97% des voix, et est elle aussi exclue du parlement, tout comme la liste de centre-gauche Dosta je Bilo (« C’est assez ! »), avec 4.94% des voix. C’est donc trois formations politiques qui échoueraient de très peu à passer cette barre fatidique. Enfin, le parti représentant les Hongrois de Voïvodine (VMS) aurait obtenu 1.47% des voix et en conséquence 4 sièges.

Le SNS de Vucic disposerait donc de 65% des députés au parlement national sur les 250 députés élus en tout. C’est une majorité très confortable. Les résultats définitifs permettront d’affiner cette analyse lorsqu’ils seront connus.

Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)

07/05/2012

Une Serbie enfin pro-européenne !

 
Les résultats définitifs des élections serbes, présidentielles et législatives, tardent à être disponibles, la commission électorale n’ayant fourni d’indications que sur environ 25% des suffrages. Toutefois, l’institut Nezvanično fournit des informations sur 83,9% des suffrages aux législatives et 86,5% des suffrages aux présidentielles. En l’attente, probablement mercredi ou jeudi, des résultats définitifs, je vais analyser le scrutin avec ces données.

Des présidentielles serrées...

Boris Tadic arriverait en tête du premier tour avec 25,4% des voix contre 25,2% à son adversaire Tomislav Nikolic. Qu’importe au final l’ordre entre les deux candidats, à l’issue du dépouillement complet, ils sont à peu près à égalité. Le socialiste Ivica Dačic, avec 14,2% des voix, apparaît non comme le faiseur de roi mais en tout cas comme un partenaire important du président sortant. Il aspire à être premier ministre, ce qui sera le cas si Tadic l’emporte mais sera en revanche une opportunité moins vraisemblable dans l’autre cas. Vojislav Kostunica, ancien premier ministre, avec 7,2% des suffrages, apportera très probablement son soutien à Nikolic, ce qui sera en revanche plus compliqué pour la candidate du Parti Radical Serbe (SRS), Jadranka Seselj, qui n’obtient que 3,9% des voix seulement, signant là l’effondrement durable de ce parti allié du FN français, tant le SRS déteste Nikolic, ancien responsable de cette formation dont il a été exclu pour européisme par Vojislav Seselj, actuellement détenu au TPI de La Haye.

Avec 6,5% des voix, Zoran Stankovic, pour l’Union des Régions (URS), obtient un résultat encourageant, de même que le candidat du Parti Libéral Démocrate (LDP), Cedomir Jovanovic (5,1%). En revanche, Vladan Glišic, candidat du parti nationaliste Dveri za zivot Srbije, n’obtient que 2,7% des voix, alors que les sondages l’annonçaient plus près de 5%. Le SRS comme Dveri ont subi un phénomène de vote utile en faveur de Tomislav Nikolic, ancien nationaliste. Zoran Dragisic, représentant d’une formation composée de paysans et d’ouvriers, échoue avec seulement 1,7%, avec un score analogue aux représentants des communautés non-serbes ou musulmanes, comme Istvan Pasztor (1,7%) pour les hongrois et Muamer Zukorlic (1,4%) pour la communauté musulmane de Serbie (notamment les albanais). Enfin, fermant la boucle, la candidate sociale-démocrate Danica Grujicic n’obtient que 0,7%.

... et des législatives moins disputées.

Si Tomislav Nikolic semble second au premier tour des présidentielles, son parti, le Parti Progressiste Serbe (SNS) est en revanche vainqueur aux législatives, avec 24,2% des voix et 74 sièges, contre 22,5% et 68 sièges pour le Parti Démocrate (DS) du président sortant Boris Tadic, victoire qui était prévue dans les sondages. Le Parti Socialiste Serbe (SPS) de Dacic obtient 14,3% des voix et 43 sièges et sera déterminant quant à la composition du gouvernement. Le Parti Démocrate de Serbie (DSS) de Vojislav Kostunica obtient quant à lui 6,9% des voix et 20 sièges.

D’autres alliés potentiels du DS de Tadic obtiennent des résultants encourageants. Les libéraux de Jovanovic ont ainsi obtenu 6,6% des voix et 20 sièges, alors que l’Union des Régions de Serbie de Mlađan Dinkic a obtenu 5,3% des voix et 16 sièges. Les mouvements régionalistes obtiennent en tout 3,51% des voix (hongrois, monténégrins, albanais du Sandjak, slovaques) et 8 sièges (dont 5 pour les hongrois d’Istvan Pasztor).

Comme aux élections présidentielles, le Parti Radical Serbe de Seselj est en fort recul, avec seulement 4,7% des voix. L’exclu Nikolic a ainsi réussi à remplacer dans le cœur de beaucoup de serbes le nationaliste extrême Seselj. De nombreux serbes veulent en effet tourner la page de l’époque Milosevic. Le SRS perd ainsi toute représentation parlementaire et sort durablement affaibli de cette élection. Il est concurrence par le mouvement Dveri, qui obtient 4,2% des voix, soit près du double du score obtenu par son représentant aux élections présidentielles du même jour. Ce mouvement nationaliste, plutôt lié à l’église orthodoxe, connaît une progression significative, mais échoue à entrer au parlement.

Au final…

Le second tour des présidentielles sera très accroché mais Boris Tadic devrait l’emporter s’il réussit à obtenir un très bon report de voix des socialistes et des libéraux. Pour le parlement, le SPS aura l’embarras du choix. Il pourra ou bien rejoindre une grande coalition avec le DS de Tadic, les libéraux et les régionalistes, ou bien rejoindre une coalition formée du SNS et du DSS de Kostunica, à supposer que Kostunica ne réclame pas le poste de premier ministre en cas de victoire de Nikolic à la présidentielle. Mais le SNS aura du mal à obtenir la majorité, même avec son allié. L’ancrage pro-européen du SPS devrait toutefois confirmer une alliance avec Boris Tadic, même si, bien que méfiantes, les chancelleries européennes ne semblent plus inquiètes par une éventuelle victoire de Tomislav Nikolic. En outre, l’échec historique des nationalistes semble confirmer de la part de l’électorat la volonté de rejoindre l’Union Européenne indépendamment de la question du Kosovo.

Thomas Ferrier
Secrétaire général du PSUNE

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Addendum: à près de 96% du dépouillement, Boris Tadic obtiendrait 25,33% des voix contre 24,99% des voix pour Tomislav Nikolic. Symboliquement, il serait donc en tête du premier tour. Dacic aurait 14,24% des voix, Kostunica 7,44%, Seselj 3,78% des voix, enfin Glisic 2,77%. Pour les législatives, le SNS est en revanche en tête avec 24,01% des voix devant le DS de Tadic (22,07%), le SPS de Dacic (14,54%), le DSS de Kostunica (7%) et le LDP de Jovanovic (6,53%). Le SRS de Seselj perd toute représentation parlementaire (4,36%) alors que Dveri (4,34%) échoue de peu pour entrer au parlement. Cet effondrement du SRS rappelle celui du PRM (Parti de la Grande Roumanie) de Corneliu Vadim Tudor, qui était tombé à un peu plus de 3% des voix alors qu'il avait pu accéder au second tour de l'élection présidentielle roumaine de 2000 [28,3% au premier tour].