20/02/2011
Dieux et déesses indo-européens
Pour reconstituer les noms et fonctions des divinités primordiales des Indo-Européens avant leur différenciation en sous-groupes, il faut associer comparatisme linguistique et comparatisme mythologique, car le premier ne fournit que des renseignements assez limités, ne permettant de retrouver qu’une petite dizaine de divinités originelles, notamment celles liées aux forces de la nature et aux astres. Une des raisons principales de cette difficulté tient au fait que les héritiers mythologiques de ces dieux et ces déesses n’ont pas forcément conservé leur nom principal, lui préférant celui d’une de leurs épiclèses ou « surnoms ». C’est notamment le cas du dieu de l’orage et de la guerre des peuples indo-européens.
Depuis les premiers travaux de linguistique comparée au XIXème siècle, tous les spécialistes du sujet s’accordent à reconnaître comme dieu principal des peuples indo-européens le dieu du « ciel-diurne », le souverain des dieux, le *dyeus *pater (gen. *diwos), que l’on retrouve sous la forme du Zeus grec, du Jupiter latin, du Tius germanique (devenu Tyr dans le monde scandinave), du Dievas lituanien ou encore du Dyaus védique. Néanmoins, même dans le cas de ce dieu suprême, certains peuples indo-européens ont choisi d’insister sur certains aspects de ce dieu céleste, soit en le rattachant au soleil (Svarog slave), soit à la lumière (Lugh celte). Dieu souverain du ciel de jour, père des dieux et des hommes (le grec « patêr tôn theôn kai tôn anthropôn »), époux de la terre nourricière, *dyeus *pater apparaît toutefois comme un dieu distant des hommes, éloigné de leurs préoccupations premières, et qui n’est même pas l’incarnation de la fertilité, puisque la pluie, qui est l’apanage du Zeus grec, n’était pas l’une de ses fonctions. C’est bien le ciel bleu, sans nuages, qu’il incarne, à l’instar du « loup bleu » des peuples Turcs, forme prise par leur dieu céleste Tanri. Ses animaux symboliques sont donc limités, il n’est même pas sûr que l’aigle, qu’on associe généralement à son héritier gréco-romain, lui soit originellement dédié.
Le second dieu en importance, mais premier dieu vraisemblablement dans le cœur de nos ancêtres, est le dieu de l’orage et de la guerre, qui est aussi le dieu du ciel intermédiaire « rouge », auroral et crépusculaire, nuageux et colérique. La vision qu’on peut avoir de ce dieu a été souvent altérée par le rôle exclusivement guerrier de l’Arès grec et du Mars romain, mais aussi par le fait que selon les peuples indo-européens il dispose de noms très variés, en raison des nombreuses épiclèses dont il disposait à l’époque primitive décrivant ses fonctions. Son nom originel semble bien être celui de *maworts (gen. *mawortos), qui a été conservé par les Romains sous les traits de Mars (auparavant Mavors), par les Indiens sous la figure de petites divinités belliqueuses, les Maruts, enfin par les Lettons sous celle du dieu mineur Martins, frère d’Usins, dédié à la protection des frontières.
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19/02/2011
Zemmour condamné par une justice aux ordres
Quoi qu’on puisse penser, en bien ou en mal, des déclarations controversées d’Eric Zemmour qui lui ont valu d’être mis en examen à la suite de plaintes déposées par diverses associations et aujourd’hui condamné à une peine certes symbolique mais officielle, la « Justice » française est sortie de sa mission qui est d’assurer la sécurité des citoyens et de faire respecter la loi. On attend de la « déesse aveugle » une totale neutralité, une indépendance certes du pouvoir politique, indépendance assurée par la constitution, mais aussi des idéologies politiques, ce qui est plus difficile à faire respecter.
Or si sur un plan institutionnel, la Justice française est officiellement indépendante, dans les faits, elle est au service de l’idéologie dominante, faite de commisération pour les criminels, victimes prétendues de notre société, et donc implicitement de mépris pour les véritables victimes, ce qui relève d’un mélange d’inversion chrétienne des valeurs et de marxisme. Le criminel est une victime, le loup est un agneau, « heureux les simples d’esprit ».
Après le meurtre tragique de la jeune Laetitia, le président de la république a dénoncé des manquements de la part des autorités judiciaires, avant de se rétracter suite à un mouvement social de la part des magistrats, ceux-ci dénonçant le manque de moyens et d’effectifs, ce qui n’est certes pas inexact. Mais alors, oserais-je dire, si vous avez trop de travail, pourquoi encombrer les tribunaux de procès concernant ce qu’il faut bien appeler des délits d’opinion. Vous manquez de temps, vous avez trop de dossiers ? Alors, que les procureurs refusent de se saisir des plaintes d’associations non représentatives envoyant au tribunal tel ou tel quidam pour un mot de trop, pour une phrase maladroite, pour une opinion qui leur déplaît.
Et si on libérait les tribunaux de tous ces procès pour « abus de liberté d’expression », concept infâme s’il en est, comme si la liberté d’opinion et d’expression devait être limitée ? Patrick Klugman, qui se réjouissait de la condamnation d’Eric Zemmour, ne disait-il pas au sortir du tribunal que la liberté d’expression devait être encadrée. Dans ce cas, un prisonnier est libre, puisqu’il a le droit de parcourir ses 10m2 de cellule. La réalité est tout autre, à savoir que la liberté d’opinion et d’expression devrait être totale, à la seule exception de la diffamation à l’égard d’une personne clairement identifiée, non pas d’une généralité sur un ensemble de personnes non identifiées ou une communauté théorique.
Eric Zemmour n’a fait, selon ses défenseurs, dont l’ancien ministre de l’intérieur Jean-Pierre Chevènement, que dire tout haut ce que tout le monde sait et tait, de peur de se retrouver dans la même situation que le polémiste de France 2 et de RTL. Que cela soit exact ou pas n’a en l’occurrence aucune importance. La question est : avait-il le droit de le dire ? J’affirme qu'il devrait avoir ce droit, et que si ce droit lui est refusé, c’est que la liberté d’expression est assassinée. En prenant la défense de Zemmour, c’est la démocratie que l’on défend. Les oligarches, politiques, économiques, médiatiques, veulent confisquer la parole et s’arroger en démopèdes, sans légitimité pour ce faire, sans non plus la dignité qu’on attend d’un enseignant.
Eric Zemmour a-t-il été condamné au nom de la justice ? Non, il l’a été au nom de la raison d’état, au nom de l’idéologie dominante, dont les juges n’ont été que les zélés collaborateurs. Il l’a été car il fallait qu’il soit condamné, de peur que des officines totalitaires crient à l’impunité, de peur que d’autres européens osent dire à haute voix ce que Zemmour avait affirmé. Bien sûr Zemmour va faire appel, il n’est d’ailleurs pas sûr qu’il soit à nouveau condamné, mais l’exemple a été fait. Le procureur dans son réquisitoire avait d’ailleurs appelé à une peine symbolique.
Alain Finkielkraut avait dénoncé l’anti-racisme comme le communisme du XXIème siècle, une idéologie totalitaire fondée sur des dogmes totalement déconnectés du réel. En URSS, on envoyait les dissidents au goulag puis finalement en hôpital psychiatrique. En Allemagne, l’ignoble Freisler se chargeait de condamner au pire ceux coupables de combattre de l’intérieur un régime inique. En France pseudo-démocratique, on se limite à condamner à des amendes, afin de financer des associations anti-républicaines, et parfois à une peine de prison lorsque le coupable attaque un dogme plus sensible qu’un autre. Mais la même matrice idéologique est à l’œuvre, à savoir la haine de la liberté d’un homme de dire sa vérité.
Qu’il ait eu sur le fond raison ou tort, il avait raison de le dire puisqu’il le pensait. Et pour cela, Zemmour est condamné, et par sa condamnation, ce sont tous les européens qui sont condamnés. C’est pourquoi le PSUNE propose la mise en place d’un « premier amendement » européen garantissant la liberté d’opinion et d’expression. Désengorgeons nos tribunaux d’affaires qui ne méritent pas de s’y trouver, chassons les idéologies de la justice afin qu’elle soit au service de tous et pas au service des sensibilités et du puritanisme de quelques officines ou de quelques puissants.
Thomas Ferrier
Secrétaire général du PSUNE
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15/02/2011
A propos de la chute de Moubarak
J’écrivais ceci dans la journée de mercredi :
« Il est certain que les Etats-Unis ont lâché Moubarak, mais c’est un signe de faiblesse et non de force. Ils ne font plus l’événement, ils tentent de sauver les meubles. Dès lors que Moubarak était vacillant, il devenait gênant et il fallait penser à une solution de revanche.
Bien sûr, les Etats-Unis ont un moyen de pression sur l’armée égyptienne, laquelle bénéficie de subventions américaines. Comme ils ont lâché Moubarak, l’armée le lâchera aussi.
C’est la suite qui est difficile à prévoir. Probablement l’armée jouera-t-elle un rôle important. Sans doute jusqu’à imposer le successeur provisoire de Moubarak, peut-être jusqu’à faire un coup d’état si la situation devient trop instable. Quoi qu’il advienne, il faudra aussi compter avec le pouvoir de la rue, tant que des élections ouvertes n’ont pas eu lieu ou si ces élections se révèlent décevantes.
Bref, face à une rue qui a compris sa force, on voit mal les nouveaux gouvernants prendre une position trop ouvertement en faveur de la paix avec Israël. Par conséquent, on voit mal les Etats-Unis continuer longtemps de subventionner l’Egypte. S’ils ne le font pas, la situation économique, déjà mauvaise sous Moubarak, maintenant affaiblie par la baisse au moins provisoire du tourisme, va se dégrader rapidement.
Il en est qui sont prêts et n’attendent que cela. Ce sont les frères musulmans. Jusqu’ici ils se sont montrés remarquablement discrets. Si le chaos s’installe, ils prendront les rênes.
Comme le dit notre secrétaire général, les islamistes ont déjà gagné. Cela fait même un moment. On ne peut pas tenir un pays avec un dictateur vieillissant qui donne des gages à l’Occident. La stabilité en Egypte ne peut venir que de la volonté des Egyptiens. S’ils avaient une Europe forte comme modèle en face d’eux, non pas à imiter mais à concurrencer, peut-être chercheraient-ils des voies moins suicidaires que l’islamisme. »
Ce samedi, l’actualité s’est précipitée, mais ce que j’ai écrit reste essentiellement de mise. L’armée a joué un rôle déterminant, puisqu’elle prend le pouvoir provisoire, et, derrière elle, se dessine l’action des Etats-Unis, sans doute un peu trop prompts à démontrer qu’ils ont tiré les ficelles, jusqu’à annoncer un peu trop tôt l’issue.
22:52 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : moubarak, egypte, psune |
Justice, enseignement, pourquoi faire ?
Ce jeudi 10 février 2011, les enseignants se mettent en grève alors que juges et magistrats le sont depuis quelques jours.
Il y a des points communs dans le divorce qui se manifeste entre les gouvernements de droite d’une part et les personnels de la justice et de l’éducation de l’autre, corporations qui sont tenues par la gauche ou tout au moins par une idéologie fortement marquée à gauche.
Dans les deux cas, les gouvernants de droite laissent faire, autant que ceux de gauche, mais en réagissant parfois vertement en paroles, comme hier avec Gilles de Robien pour les méthodes de lecture ou aujourd’hui avec Nicolas Sarkozy à propos de la libération des condamnés dangereux. Evidemment l’opinion est davantage frappée par l’épouvantable meurtre d’une jeune personne que par la montée de l’analphabétisme. La réaction politique est alors plus violente. La réaction en retour des juges l’est naturellement en proportion.
L’excuse et la revendication sont toujours les mêmes. Ce sont les manques de moyens qui empêchent les juges d’application des peines de faire leur travail. Or une récente émission d’Yves Calvi sur la chaîne Arte a montré que le problème était ailleurs. Un juge nous a parlé de la pile des dossiers roses demandant un suivi et de celle des dossiers verts pouvant en être dispensés. Le dossier du meurtrier présumé était dans la seconde pile. Simplement parce qu’il apparaissait comme coupable d’une simple insulte envers un magistrat. Alors peu importe le nombre des juges si le problème est de nature idéologique. La justice veut totalement blanchir ceux qui ont fait leur peine. Alors que les dossiers croulent sous les pages des actes, elle s’interdit de disposer de cette petite fiche qui mentionnerait les faits graves commis dans le passé, les alertes des experts.
« La justice fait la charité avec le sang des autres », comme l’a rappelé Didier Gallot, vice-président du tribunal de grande instance des Sables d’Olonne. Ce n’est pas la protection des victimes potentielles qui l’intéresse. Elle poursuit l’illusion de la « réinsertion obligatoire », laquelle n’a pourtant jamais fonctionné.
Elle agit ainsi, avec le sentiment de travailler correctement, parce qu’elle s’efforce de « traiter tous les dossiers », parce que ne veut surtout pas distinguer « l’essentiel de l’accessoire », parce qu’elle voudrait rattraper tous les méfaits de la société.. Elle ne s’intéresse plus à ces « fauves », qu’il y a encore quinze ans le juge le plus laxiste n’aurait jamais laissé sortir. Elle s’intéresse au moins autant à des « délinquants routiers » qui sont 6800 à encombrer nos prisons.
C’est une erreur fondamentale sur le rôle de la justice que l’on commet avec une idéologie de cette nature. Il faut une justice non pas pour donner à des fautifs un certificat de rédemption, mais pour permettre à la société de vivre pacifiquement, pour protéger les gens honnêtes, pour éviter autant qu’il est possible les crimes dont ils pourraient être victimes et la vengeance incontrôlée qui pourrait les animer.
On retrouve le même genre d’erreurs en matière d’éducation. Il ne s’agit plus de former des citoyens libres parce qu’éduqués. Il ne s’agit plus que de donner confiance en eux-mêmes à des illettrés. Avec ce genre d’objectif, c’est l’inverse qu’on obtient.
On ne s’intéresse pas au plus grand nombre, seulement à ceux à qui la scolarité ne conviendrait pas. En évitant par tous les moyens de peiner, fût-ce légèrement, ces derniers, on en vient à dégoûter tous les autres. C’est ainsi qu’on a supprimé les redoublements, l’orientation sélective et peu à peu les notes.
Pourtant la machine tourne à plein. Les enseignants sont les premiers à souffrir. D’année en année, on accumule les matières nouvelles dans les programmes de la scolarité obligatoire et, dans chaque matière, sous couvert de modernité, on diversifie jusqu’à l’infini les approches et les contenus. Le résultat est qu’on n’apprend presque plus rien à personne. Surtout, faute de distinguer « l’essentiel de l’accessoire », on ne s’intéresse plus à l’apprentissage de la lecture, de l’écriture et du calcul. Et, quand on prétend malgré tout le faire, on s’interdit toute efficacité presque par principe.
L’école aussi est censée corriger tous les problèmes de la société. Le résultat est qu’elle ne s’acquitte plus de sa fonction fondamentale, celle d’instruire.
De même qu’on pourrait à la limite se passer d’une justice laissant sortir des fauves, on pourrait se passer d’un enseignement qui n’enseigne plus.
Peter Eisner (PSUNE/LBTF)
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Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon, deux socialistes nationaux
Le dessin de Plantu en date du 19 janvier l’a magnifiquement illustré : Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon tiennent le même discours. La première en sourit. Le second s’en offusque, parlant « d’odieux amalgame ». Depuis quelque temps, il cherche désespérément à se démarquer de son concurrent dans son discours, jusqu’à adopter une trajectoire erratique, mais nous allons voir qu’il ne fait que tromper son monde. En fait, les différences apparentes sont le seul fait de l’hypocrisie de l’un ou de l’autre, et la différence réelle est qu’en fait d’hypocrisie, ils ne sont pas égaux.
C’est d’abord un discours socialiste, au sens traditionnel voire archaïque du terme, que l’un et l’autre tiennent aujourd’hui. On savait que Mélenchon reprochait au PS d’avoir abandonné le socialisme du XIXème siècle, disant en substance que si ce parti était de gauche, cela se saurait. Le 6 février, sur la chaîne BFM TV, il est allé plus loin. Selon lui, par comparaison avec les mesures que Dominique Strauss-Kahn fait prendre au socialiste George Papandréou en Grèce, Nicolas Sarkozy serait « un doux humaniste ». Bien sûr il est revenu un peu en arrière sur ses propos après coup, mais tout était dit. Le 14 février, mis en difficulté par Madame Le Pen sur la même chaîne et agacé par l’annonce d’un sondage qui montrait que les ouvriers ne votaient pas pour lui, il vante sans aucune retenue les mérites des syndicalistes du monde ouvrier, lesquels sont "très représentatifs" comme chacun sait.
On est plutôt surpris de voir Marine reprendre les slogans de la gauche traditionnelle. Rappelons que le socialisme à la Française s’oppose à la social-démocratie par la place qu’il accorde au contrôle de l’état. Or, quand Mélenchon insiste sur la programmation étatique, Marine ne dit-elle pas que «l’Etat doit retrouver son rôle régulateur en matière économique et se réapproprier le contrôle de certains secteurs stratégiques comme l’énergie, les transports et si nécessaire, les banques insensibles aux injonctions d’éthique ». Le 14 février, elle annonce qu’elle procéderait à une augmentation de 200 euros des bas salaires. Elle avoue aussi avoir déjà chanté l’Internationale.
Dans les deux cas, c’est du socialisme à la Chavez ou à la Castro, les références de cœur de Mélenchon. C’est aussi le discours des communistes français du temps de leur grandeur, communistes qui ont conservé la nostalgie du socialisme étatique de l’Union soviétique et que veut maintenant représenter Mélenchon. On pensait que les modèles auxquels ils nous renvoient avaient échoué, qu’ils appartenaient au passé. C’est très justement que Marc-Philippe Daubresse, secrétaire général adjoint de l’UMP et européen convaincu, l’a fait remarquer lors d’un débat face à lui sur la chaîne préalablement citée.
Pour tenter de se démarquer, Mélenchon a sorti quelques idées. L’une consiste à faire payer les banques françaises, lesquelles détiennent la dette de la Grèce avec leurs homologues allemandes. C’est n’importe quoi. Il n’y a pas de banque vraiment française, mais le gouvernement peut les mettre en difficulté. Le fera-t-il sans inquiéter les banques dites allemandes, ou veut-il aussi sanctionner ces dernières ? Il a aussi proposé une loi limitant à 20 le rapport des salaires dans l’entreprise. C’est déjà beaucoup quand on sait que Michel Rocard avait proposé 6. C’est surtout beaucoup pour des PME du pays. Mais les grandes entreprises dites françaises, où l’écart dépasse allègrement ces chiffres, sont à l’abri de l’action du gouvernement ; rien ne les empêche de délocaliser leur siège. Ainsi Mélenchon ajoute-t-il à son discours la tromperie, laquelle le démarque effectivement. Quelle gloire !
Lundi 14 février, confronté à Marine Le Pen, il a trouvé une nouvelle façon, plus radicale, de se démarquer. Pour contrer le discours de son adversaire sur l’immigration, il se prononce pour la régularisation immédiate des sans-papiers, sans aucune exception. Il a été facile à Madame Le Pen d’expliquer que l’immigration, voulue par le grand capital et toujours soutenue par le MEDEF, tire vers le bas les salaires des ouvriers nationaux. D’ailleurs les artisans et commerçants s’intéressent aussi à lui, car ils ont grand besoin d’une main-d’oeuvre bon marché. Bref Mélenchon trahit sans vergogne ceux qu’il prétend défendre. Cela commence d’ailleurs à se voir. Et c’est la raison pour laquelle il dit que « la classe ouvrière organisée », celle des pseudo-socialistes dans son genre, « vomit » Madame Le Pen.
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05/02/2011
Michel Rocard ou la "gauche" turcophile
Alors que le Parti Républicain du Peuple turc (CHP), membre de l’Internationale Socialiste, s’oppose à l’AKP, le parti de Recep Erdogan, défendant l’héritage kémaliste, le Parti Socialiste français est un fervent partisan de l’intégration turque à l’Union Européenne, à l’instar de Martine Aubry, Ségolène Royal ou Dominique Strauss-Kahn, ce dernier étant même partisan de l'adhésion du Maghreb à l'Union Européenne.
Début septembre 2008, Michel Rocard a sorti un nouvel ouvrage intitulé « Oui à la Turquie », ce qui a le mérite de la franchise. Il est intéressant de se demander quels sont les arguments avancés par l’ancien premier ministre pour défendre cette intégration, et les leçons qu’il faut tirer de cette prise de position. L’argumentaire de Michel Rocard intègre l’ensemble des paramètres, politiques et religieux, sociaux et économiques, du problème.
En premier lieu, pour Rocard, l’intégration d’un pays musulman serait une bonne nouvelle car elle montrerait que l’Union Européenne n’est pas un club chrétien ou judéo-chrétien, l’auteur employant les deux termes. On pourrait lui rétorquer qu’il n’y aurait pas besoin de la Turquie pour cela, puisque l’Albanie et la Bosnie-Herzégovine, sans parler du Kosovo, sont des pays européens et musulmans. Rocard dit même que l’appartenance de la Turquie à l’islam et à la Conférence des Etats Islamiques sont deux qualités nécessaires. Il s’agit d’une ouverture à l’islam et de la construction d’un « islam européen ». En outre, Rocard évoque le caractère non monolithique de l’islam turc, avec la présence de 15 millions de musulmans hétérodoxes, les Alevis, que l’auteur présente comme pro-européens, et avec l’existence de communautés soufies. Enfin, Rocard considère l’AKP d’Erdogan, qui a toujours présenté son discours pro-européen et pro-démocrate comme une tactique, relevant de la fameuse taqija, comme un mouvement pro-européen, musulman et démocrate, faisant preuve d’un sain tropisme européen. Rocard réussit l’exploit de vanter l’héritage de Mustapha Kemal, présenté comme une volonté d’européaniser son pays, ce qui est plus que discutable, la preuve étant le choix d’une capitale au cœur de l’Anatolie, Ankara, en même temps que ses pires ennemis, les islamistes de l’AKP.
A aucun moment, Rocard ne réalise que le choix de l’AKP par les électeurs turcs est une preuve de rejet de l’Europe comme modèle civilisationnel, et que les plus européens des Turcs sont ceux-là même qui refusent cette intégration, car ils y voient à juste titre le moyen de détruire toutes les barrières freinant la réislamisation du pays.
12:39 | Lien permanent | Commentaires (0) |
04/02/2011
Qu’est-ce que la démocratie ?
Le mot grec δημοκρατία signifie mot à mot le pouvoir du peuple, le terme dêmos provenant d’un terme indo-européen, *dāmos, signifiant « famille, tribu, peuple, lignée, appartenance commune », qu’on retrouve aussi dans le gaélique dam.
Au sens courant en grec ancien, le dêmos est le corps des citoyens, par opposition aux esclaves et aux métèques, qui en sont exclus. Ainsi à Athènes, le dêmos s’identifie pleinement à la citoyenneté, et ne doit pas se confondre avec une plèbe indifférenciée. De même, à Rome, les patriciens et la plèbe font tous partie du corps des citoyens, dont sont exclus là encore les esclaves et les pérégrins, ces derniers étant soumis à la juridiction de leur cité et non à celle de Rome. Bien que dépourvues de pouvoir politique, les femmes demeurent des citoyennes et considérées comme telles. En effet, dans l’Athènes classique, à la différence du droit napoléonien, purement patriarcal, le citoyen l’est par son père et par sa mère, selon le principe du droit du sang.
Ainsi, le dêmos est il composé des seuls citoyens, ceux-ci l’étant en raison de leur appartenance commune, conformément au mythe athénien de l’autochtonie, les Athéniens sont considérés comme nés du sol même de leur cité. Le lien charnel avec leur sol s’apparente au mythe du géant Antaios, qui puisait sa force de la terre, vue comme une mère dont il était le fils, et qui fut vaincu par Héraclès lorsque celui-ci parvint à le soulever hors du sol, le privant ainsi de tout pouvoir.
Au sens strict, la démocratie est le pouvoir des semblables, la différence avec la société spartiate étant que le corps des citoyens est composé de tous les indigènes, alors que Sparte distingue les Egaux (Homoioi) des Périèques, citoyens spartiates de statut inférieur. Athènes est réellement égalitaire, pratiquant une complète isonomie entre tous les habitants indigènes de l’Attique. L’asservissement d’un citoyen par un autre citoyen est d’ailleurs banni. Ainsi, douloi et metoikioi étant étrangers, ils ne peuvent pas en théorie devenir citoyens, même par affranchissement. Aristote souligne que le droit athénien se distingue radicalement, antithétiquement même, du droit corinthien, Corinthe étant une oligarchie marchande pratiquant le droit du sol.
Enfin, le dernier sens pris par le mot dêmos est « commune, agglomération », car le cadre idéal de l’expression politique du pouvoir du peuple dans l’antiquité était la cité, comme hier il s’agissait de l’état-nation, et comme demain, nous l’espérons, ce sera l’Europe.
La démocratie usurpée.
Avec la renaissance des idéaux démocratiques au moment où éclate la Révolution Française, Athènes redevient le modèle de la cité idéale, amie des artistes et en même temps solide sur ses fondements. La figure de Périclès incarne, comme celle d’Auguste, l’image d’un bon père du peuple, dans une société d’hommes libres. Aussi, la force de l’idée démocratique fut-elle qu’aujourd’hui, sous peine de passer pour ridicule si ce n’est pour un infâme factieux, personne n’ose se dire antidémocrate. Mais une chose est de se réclamer de la démocratie, une autre est d’être sincèrement démocrate et d’assumer ce que la démocratie implique.
23:03 Publié dans Analyses, Billets, Culture | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : démocratie, périclès, athènes, europe, europe-nation, psune, thomas ferrier |
03/02/2011
Le PSUNE, fidèle à l'européisme des pères fondateurs !
(Article de 2007)
L’Union Européenne actuelle, et tous les européanistes authentiques ne peuvent qu’amèrement le regretter, n’est pas ce rêve pour lequel, au sortir de la seconde guerre mondiale, des Européens de cœur et d’âme comme Robert Schuman, Jean Monnet et Paul-Henri Spaak se sont enthousiasmés. Ils avaient pris conscience de l’échec de leurs ancêtres idéologiques, Aristide Briand au premier plan, qui n’avaient pas réussi à forger l’Europe unie avant que celle-ci ne sombre à nouveau. Ils savaient que la construction de l’Europe politique ne pourrait pas résulter de la force des armes ou de la domination d’un peuple sur les autres, mais qu’elle ne pourrait se fonder que sur l’égalité complète de traitement entre Européens. Malheureusement, l’Union Européenne n’est qu’un grand marché commun, la souveraineté politique étant intégralement conservée par les Etats, et ce marché est en soi extensible à l’infini, comme le prouve l’ouverture des négociations de l’Union en vue de la future intégration de la Turquie, intégration souhaitée par le gouvernement de Tony Blair, hostile à l’idée même d’Europe politique.
Le double non français et néerlandais au nouveau traité, improprement appelé « constitution » par ceux qui veulent nous faire croire que ce texte allait dans le sens de davantage d’unification, alors qu’il ne fait que systématiser la démarche libérale et mondialiste de ses promoteurs, a été nécessaire, même si malheureusement nous le devons en partie à un fort sentiment europhobe attisé par les extrêmes. Car cela fait désormais plus de cinquante ans que le train européen a été détourné vers des questions uniquement économiques, et nous le payons aujourd’hui. Alors que l’idée européaniste était extrêmement populaire dans les années 50, elle est aujourd’hui contestée comme jamais, et la montée des mouvements nationalistes europhobes l’illustre de manière inquiétante. En effet, les Européens ne se reconnaissent plus dans le projet actuel. Cela ne signifie pas qu’ils soient hostiles à l’unification européenne, mais qu’ils contestent, à juste titre, le cheminement en cours.
La logique aurait voulu que l’on commençât par mettre en place une Europe politique avant de fonder une Europe économique. Car, du fait que l’Union Européenne est d’abord économique, et que les Etats ne lui ont concédé de pouvoir qu’en ce domaine, le politique et l’économique sont désormais séparés, et avec l’instauration de l’euro et d’une Banque Centrale Européenne indépendante des états, mais pas des lobbies, le monétaire est lui aussi séparé du politique. Cela interdit naturellement d’imaginer la moindre politique économique ou financière. En revanche, cela sert parfaitement les intérêts des ultra-libéraux puisque ce marché commun n’est pas régulé, et que personne n’ose remettre en cause le dogme de l’ouverture économique totale des frontières. Angela Merkel par exemple a récemment manifesté son opposition à tout protectionnisme économique européen, et cet avis est partagé par tous les dirigeants des états membres de l’Union Européenne, qu’ils soient libéraux ou se prétendent socialistes. Ainsi, avant de créer un marché commun aurait-il fallu auparavant créer un état européen.
Pour Jean Monnet, « la grande révolution européenne de notre époque, …qui vise à remplacer les rivalités nationales par une union des peuples… qui veut permettre un nouvel épanouissement de notre civilisation, et une nouvelle renaissance, … [elle] a commencé avec la Communauté Economique du Charbon et de l’Acier ». Cette mise en commun de deux éléments économiques de premier plan, et le second impliquant aussi une dimension militaire, était hautement symbolique et fut largement acceptée par les Etats. La machine lancée, Monnet voulut aller plus loin, dans un contexte où les Etats-Unis voulaient se désengager de la défense de l’Europe occidentale. Alors que certains craignaient, notamment en France, la naissance d’une nouvelle armée allemande, Monnet eut l’idée de proposer une alternative en la création d’une Communauté Européenne de Défense, dans la continuité de la CECA. Cette CED devait déboucher sur la création d’une véritable armée européenne, englobant aussi des contingents allemands, et qui pouvait à terme assurer une indépendance militaire totale à l’Europe vis-à-vis des Etats-Unis. Et en plus de cette CED, Monnet eut l’idée d’y ajouter, à la demande du gouvernement italien, une Communauté Politique Européenne. Celle-ci, par comparaison avec les institutions de l’Union Européenne en 2007, était infiniment plus moderne et ambitieuse. Un gouvernement européen, appelé Comité Exécutif, formé de ministres, aurait été présidé par un commissaire élu par un Sénat composé de représentants des parlements des Etats. Une assemblée européenne, élue au suffrage universel direct à l’échelle des six états membres (Bénélux, France, Italie et Allemagne), aurait été également mise en place.
C’est l’assemblée de la CECA, présidée par le socialiste belge Paul-Henri Spaak, un ancien partisan des thèses planistes et nationalisantes d’Henri de Man avant-guerre, qui aurait eu la charge de mettre en place cette Communauté Politique, celle-ci devant mettre en place à terme une Communauté Economique.
Les cinq états sauf la France votèrent ce texte mais quand ce fut au tour du parlement français de le voter, la CED fut refusée, annihilant tout le travail des pères fondateurs. Les communistes, suivant en cela les ordres du Kominform, refusèrent, ainsi que les gaullistes et ce qui restait de l’extrême-droite, mais le gouvernement de Pierre Mendès-France lui-même ne soutint le texte que du bout des lèvres, et sans engager sa responsabilité. En 1954, un texte estimable à bien des titres tombait à l’eau et c’en fut terminé du rêve d’une Europe politique. Quant à la CED, qui aurait donc permis la création de l’armée européenne, elle fut refusée parce que les élus français ne voulaient pas de la reconstitution d’une armée allemande, même sous direction européenne. Le résultat fut qu’il y eut quand même une armée allemande dès 1955 mais que l’Allemagne adhéra alors à l’OTAN. « Beau » résultat en vérité, et ceci grâce notamment aux souverainistes.
Depuis cinquante ans, on nous mène ainsi en bateau, puisqu’on nous a proposé en échange une Union Européenne restreinte à des questions économiques, sans jamais qu’elle ne s’avise de mettre en danger la souveraineté des états membres. La Communauté Economique a ainsi été fondée avant toute Europe politique, puisque la seconde a été enterrée avec l’échec de la CED. En somme, on nous a « offert » un corps sans tête, et ce corps sans vie ne peut évidemment pas susciter l’adhésion enthousiaste des Européens, bien au contraire.
L’Union Européenne est désormais au point mort, et ce par la faute des gouvernements. A aucun moment, ils n’ont voulu associer les Européens à leurs projets, car ils se méfient des citoyens et ne veulent pas qu’en définitive ils aient le dernier mot. La démocratie a été confisquée, ce qui fait que certains ont beau jeu de dénoncer dans l’Union Européenne une nouvelle URSS. Il suffit de songer à la façon dont le Traité « constitutionnel » a été rédigée. L’a-t-il été par une assemblée constituante élue par les citoyens avec des députés avec un mandat impératif ? Non, mais il l’a été par une « Convention » mise en place de manière purement technocratique et où il importait à ses rédacteurs d’y inscrire leurs dogmes. Certains auraient même apprécié que ce texte ne passe pas devant le suffrage des électeurs de quelque pays européen que ce soit. Dans la plupart des états, ce sont les parlementaires qui l’ont voté à une écrasante majorité. Si la France avait choisi ce mode, 92% des parlementaires l’auraient voté, et pourtant 56% des Français ont voté contre, et on devine que si la Belgique ou l’Allemagne avaient procédé par référendum, il n’y aurait pas eu que la France et les Pays-Bas dans le camp du non.
Pour relancer le processus européen, il faut repartir de la CED et de la CPE, et s’il faut conserver bien évidemment le marché commun et l’euro, il faut redonner au politique tout son poids et lui soumettre l’économique, en somme il faut forger l’Etat européen. Mais l’enseignement que l’on peut tirer de l’échec de la CED, c’est qu’il ne faut pas faire confiance aux Etats, ceux-ci gardant chèrement leur pré carré, et qu’il faut leur préférer la confiance des Européens et des Européennes. Le parlement européen est aujourd’hui la seule institution démocratique au sein de cette Union ; il est même plus démocratique que les parlements de certains états européens, car élu globalement au suffrage universel direct. C’est le lieu naturel pour qu’un nouvel européanisme se mette en ordre de bataille et qu’un Etat européen voie le jour. Monnet disait que « nous ne coalisons pas des Etats mais des hommes », et j'ajouterai même que nous n’unissons pas seulement des hommes, mais les Européens.
Ainsi, le PSUNE entend-il s’inscrire dans la continuité de la grande tradition européaniste, depuis les projets de Saint-Simon ou encore de Mazzini à ceux de Monnet et de Schuman, qui ne sont nullement responsables de ce qu’est devenue l’Union Européenne. La responsabilité de la situation repose uniquement sur les épaules des Etats qui se déchargent de celle-ci en se servant de l’Union Européenne comme d’un bouc émissaire et alimentent ainsi ce courant souverainiste, d’extrême-gauche comme d’extrême-droite, qui s’oppose certes à l’Union Européenne actuelle mais s’opposerait aussi bien à l’Europe-Nation pour laquelle nous combattons. Les nationalistes comme les mondialistes nous traiteront tous de dangereux utopistes, mais si l’Europe est sur le déclin, c’est bien grâce à eux. Et les uns comme les autres il nous faudra les briser. Nous devons être le fer de lance de la révolution qui transformera la médiocre Union Européenne en une glorieuse Nation Européenne.
Thomas Ferrier
Secrétaire général du PSUNE
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De l’homme romain à l’homme européen (article de 2007)
Si l’Athènes classique, notamment celle du Vème siècle, nous sert de source d’inspiration, si la Grèce est « notre mère », si nous nous reconnaissons dans le combat pour la démocratie de Périclès et pour l’unité nationale d’Isocrate, la république romaine est aussi une source importante d’inspiration pour nous. Et je dis bien la république, pas la royauté mythique, pas l’ « occupation » étrusque, pas l’empire romain.
Quels ont été les symboles de la république romaine ? Le Sénat, composé des familles patriciennes, garant de la tradition et défenseur des valeurs patriotiques, à l’image d’un Brutus et d’un Caton, un sénat où régnait la vertu, et non pas l’or. Mais surtout le peuple romain dans son ensemble, plébéiens comme patriciens. La république romaine fut incarnée par des figures majeures, semi-mythiques, comme Brutus, celui a qui a chassé les rois étrusques et proclamé la liberté des Romains, comme Camille, qui a vengé l’honneur romain après que le celte Brennus ait mis Rome à terre, comme Cincinnatus, modèle du dictateur républicain, qui quitte son champ pour occuper les plus hautes fonctions puis, son temps accompli, revient à son champ, comme si de rien n’était. C’était la Rome de l’honneur, la Rome du devoir.
Au-delà de ses héros, le véritable héros de Rome c’était le citoyen de la république, dont le courage suscitait l’admiration des autres peuples. Le citoyen romain n’était pas seulement ça, il était un paysan et un soldat. Il abandonnait régulièrement la fourche pour la lance pour défendre sa terre et pour étendre la république à toute l’Italie. Il avait les saines valeurs du paysan, celles vantées par Hésiode dans « Les Travaux et les Jours », et les saines valeurs du guerrier. Ainsi était le Romain, qui avait en lui les trois fonctions sacrées de l’Indo-Européen. Il était donc citoyen (Ière fonction), soldat (IIème fonction) et paysan (IIIème fonction), comme l’était Romulus dans la mythologie latine. Rome représentait un modèle républicain et proto-socialiste de société. Mais la Rome républicaine fut pervertie, ses défaites comme face à Carthage usèrent le peuple. Certes Carthage fut vaincue, le vœu de Caton fut respecté, mais le peuple romain tomba dans la facilité. L’or des conquêtes le pervertit, la peur de la mort au combat jaillit en lui. Ainsi naquirent les tyrans. Les Gracques ont combattu pour retrouver la conception ancienne du citoyen, en donnant davantage de terres aux paysans romains, en contrepartie du devoir patriotique. L’homme libre, c’est celui qui combat sans relâche pour sa liberté.
Ne voulant plus se battre, le Romain, le Latin, l’Italien, préféra confier la défense de sa cité, de sa patrie, à des mercenaires, à des militaires professionnels. Ainsi Marius fit abandonner à Rome sa conception d’une république de citoyens armés, conception qu’on retrouvera pendant la révolution française, et ce ne fut pas un hasard s’il fut le premier tyran. Après Marius il y eut Sylla puis le triumvirat d’arrivistes, Crassus, Pompée et César. Dans un regain de républicanisme, César en fit les frais, et ce fut de la main de sénateurs qui se souvenaient de leur longue mémoire, dont l’héritier symbolique de Brutus l’Ancien, qu’il fut assassiné. En vain. La république était déjà morte sans le savoir depuis un demi-siècle. Alors vint Auguste, qui dans un dernier sursaut, voulut, lui le Princeps, le premier des citoyens, revenir à la conception traditionnelle de la romanité, régénérer la vieille Rome. Il défendit le mariage et dénonça l’homosexualité, afin de relever la démographie des vrais Romains. Il s’opposa aux religions orientales, dont il interdit le culte dans le cœur de la cité. Il rebâtit une petite centaine de temples, plaça le relèvement moral sous l’égide du père fondateur, Romulus, et de son divin géniteur, Mars. Il s’opposa à tout culte en son honneur, mais ses successeurs trahirent son vœu. Auguste fut paradoxalement le premier empereur et le dernier républicain. Il avait été élevé dans les valeurs patriotiques du vieux Latium. Antoine, l’orientalisé, incarnait pour lui tout ce qu’il détestait. Actium pour Octavien/Auguste était l’opposition entre les vieux dieux de Rome et les dieux de l’Orient, entre les valeurs romaines et les valeurs asiatiques. En triomphant d’Antoine et de Cléopatre, il continuait l’œuvre de Caton, il détruisait Carthage une seconde fois. Mais Auguste échoua à régénérer Rome, et ce furent des tyrans sanguinaires qui prirent la suite du vainqueur de Philippes et d’Actium.
Le sang cousin, celui des Germains, ne s’incorpora pas à la vieille Rome, à la différence des Celtes. L’échec de Varus solda la fin de la possibilité d’une romanisation des Germains, qui aurait en même temps été une réeuropéanisation en profondeur de la romanité. Tacite louait les qualités des Celtes et des Germains, qu’il comparait aux vieux Romains, et il est probable qu’Auguste avait une conception analogue. Rome était puissante certes mais rongée par la décadence. Les religions asiatiques sapèrent la saine conception romaine traditionnelle, un sobre polythéisme républicain, guerrier et paysan, et ouvrirent la porte à un monothéisme oriental, aux valeurs opposées à celles de la romanité ancestrale.
L’homme européen de demain ne devra pas oublier de s’inspirer de ce modèle républicain et socialiste de jadis, de cette Rome de l’honneur et de la vertu, de cette Rome, qui comme l’Hellade chez Pléthon, apparut aux yeux de Machiavel comme un modèle insurmontable. Ce dernier se désolait de voir le peuple italien inerte, divisé, dominé sur sa propre terre par des puissances étrangères (comme la France ou l’Autriche) et accusait le christianisme d’avoir tué la virtu dans le cœur des Italiens, descendants des Romains. Mais il vint le temps de Mazzini, celui de Garibaldi en chemise rouge, et le peuple italien gagna son unité, gagna son indépendance. Et aujourd’hui, il faut réveiller dans l’Européen d’aujourd’hui le Romain qui est en lui. Ce romain de la République, qui ne se distinguait d’ailleurs guère du gaulois, du germain, de l’illyrien ou du slave, puisque comme eux il avait des valeurs, le sens de l’honneur, cultivait la bravoure comme le blé, et avait ce bon sens du paysan. Un citoyen au sens fort, c’est un kalos kagathos, un homme de culture mais aussi un homme de combat. Et Rome nous montre cette voie.
L’Europe de demain devra être une nouvelle Rome, mais même une « Sur-Rome », dépasser ce que la romanité républicaine fut. Le siècle de Périclès et le siècle d’Auguste sont derrière nous, même si leur image sublime demeurera éternelle. Souhaitons que le XXIème siècle soit le retour des valeurs républicaines, et donc romaines, en Europe, et que reculent les valeurs de l’or, que l’oligarchie soit vaincue comme le fut Tarquin le superbe.
Thomas Ferrier
Secrétaire général du PSUNE
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La Russie dans l'Europe (article de 2006)
Certains politiciens d’Europe occidentale et médiane qui soutiennent l’adhésion de la Turquie à l’Union Européenne, dont on a vu dans un précédent article qu’elle ne pouvait être considérée comme européenne, réussissent l’ « exploit » idéologique de refuser à la Russie l’idée même qu’elle puisse être intégrée, selon le principe d’un Strauss-Kahn affirmant que « la Russie a sa dynamique propre » ou selon une affirmation couramment entendue selon laquelle la Russie ne serait pas européenne. Cet exposé aura pour but de démontrer non seulement l’européanité de la Russie mais la nécessité absolue de l’intégrer rapidement à l’Union Européenne.
Des origines complexes mais européennes.
Le territoire qui allait devenir la Russie d’Europe, à l’époque proto-historique, est partagé en trois espaces de peuplement, dont deux sont indo-européens. Le sud, de la Roumanie à l’Oural, est peuplé de populations iraniennes nomades, en trois vagues, s’échelonnant du IXème siècle A.C au IVème siècle P.C. La première vague fut celle des Cimmériens (IXème - VIIème siècle), puis des Scythes (VIIème - IIIème siècle) et enfin des Sarmates (IIIème siècle A.C – IIIème siècle P.C). L’ouest et le centre sont peuplés des Slaves, dont le territoire s’étend à partir de l’est de la Pologne jusqu’à proximité de l’Oural. Enfin le nord et l’est sont peuplés d’Ouraliens ou Finno-Ougriens, essentiellement europoïdes. Il convient également d’ajouter que les Iraniens nomades dominent également l’espace eurasiatique, notamment les steppes d’Asie Centrale, et ce jusqu’à la Sibérie profonde, sur des territoires qui seront par la suite récupérés par les Russes à partir du XVIème siècle.
Les relations entre les Slaves et ces nomades iranophones seront très importantes et marqueront aussi bien la religion que le vocabulaire des premiers. Ainsi le terme russe de « mir » (мир), qui a plusieurs significations, désignant une forme d’agriculture mais aussi signifiant « paix » et « monde », vient du nom du dieu iranien Miθra/Mihr. Les divinités slaves d’origine iranienne sont également nombreuses, à l’instar de Svarog, dieu du ciel, dont le nom est à rapprocher du sanskrit svargas, « ciel », ou encore de Khors, dieu du soleil correspondant à l’iranien Khorsed.
A partir du IIIème siècle de notre ère, les migrations de peuplement modifient l’espace méridional de la Russie, puisque les Sarmates sont remplacés par des populations germaniques, les Goths, partis de Scandinavie, alors qu’en revanche le nord du Caucase est peuplé de la dernière vague d’Iraniens, les Alains, ancêtres des Ossètes modernes. Enfin, les Goths eux-mêmes seront chassés par les Huns au début du Vème siècle, mais ces derniers connaîtront un échec retentissant face aux Romains d’Aetius et finiront par repartir en Asie.
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