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28/12/2014

Lexique du partisan européen - "Nationalité"

NATIONALITÉ / CITOYENNETÉ

nationalité européenne,citoyenneté,ius sanguinis,europeLa citoyenneté est à la nationalité ce que la cité-état est à l’état-nation. Dans l’antiquité, comme dans les républiques modernes, citoyenneté et nationalité sont des termes parfaitement synonymes. En revanche, dans les empires, les deux notions sont séparées. Ainsi, en Russie, qui est à la base un empire multiethnique autour d’un peuple fondateur, on distingue le citoyen « russe » ou russien (российский) du national russe ou russe au sens ethnique du terme (русский). Ainsi, un mordve est de nationalité mordve mais de citoyenneté russe, et c’est parce qu’il dispose de cette dernière qu’il peut voter aux élections. Le terme de « nationalité » est alors à comprendre comme « origine » ou « ethnicité ».

La citoyenneté est une notion apparue en Grèce antique, le terme latin ciuis (« citoyen »), venant de l’indo-européen *keiwos, n’étant que la transposition du terme grec politeus (πολίτευς). Le citoyen est celui né de deux parents citoyens, selon la règle du ius sanguinis, « droit du sang » ou « principe d’ascendance », en vigueur dans la plupart des cités grecques, et notamment à Sparte, à Thèbes et à Athènes.

Cette règle non écrite fut formalisée à Athènes en 451 avant J.C par Périclès, père de la démocratie, en raison du dévoiement de la citoyenneté athénienne par les tyrans, Pisistrate et ses successeurs, qui l’avaient conférée auparavant à des étrangers dévoués à leur cause. Périclès instaure donc la règle de la double filiation, patrilinéaire et matrilinéaire, et en outre révise les listes de citoyens en retirant la citoyenneté aux étrangers qui en avaient bénéficiée sous la tyrannie. La citoyenneté est considérée comme un devoir réservé à des porteurs naturels.

En revanche, dans les systèmes autocratiques, règne la règle du ius soli, « droit du sol ». Seul compte alors le lieu de naissance du sujet, car on n’y parle pas de citoyen. Lorsque l’empire romain, qui durant le principat avait conservé bien des traits de l’ancienne république, le « prince » n’étant que le « premier des citoyens » à l’instar d’Auguste, assuma son caractère autocratique au IIIème siècle de notre ère, il abandonna le ius sanguinis, qu’il avait considérablement affaibli par de multiples naturalisations, parfois de peuples entiers, ce qui pouvait s’expliquer dans le cadre de l’idéologie universaliste qui dominait dès lors à Rome, pour le ius soli. C’est en 212 après J.C que l’empereur Caracalla, lui-même de souche parfaitement étrangère à la romanité ancestrale, décida de conférer à tous les hommes libres nés sur le sol romain la « citoyenneté » romaine. Cela incita les Germains notamment à s’implanter dans l’empire de manière à en bénéficier. Sans être la cause unique des invasions « barbares », ce choix fut néanmoins déterminant.

Ce « droit du sol » fut maintenu pendant toute la période des âges sombres et ce jusqu’à la révolution française, selon le principe « est serf d’un seigneur le serf né sur les terres du dit seigneur », à l’exception de la noblesse, qui héritait de son statut, et des droits liés. A partir de 1789, les juristes révolutionnaires, convergeant alors avec les juristes de droit romain, décidèrent de restaurer l’antique droit en matière de nationalité. C’est ainsi que Napoléon Bonaparte, alors premier consul, restaura le droit du sang mais de manière partielle, uniquement sa version patrilinéaire, et par la suite, ce modèle se répandit dans toute l’Europe, et notamment en Allemagne, en Italie ou en Grèce moderne.

En 1889, la France républicaine décida néanmoins à côté du droit du sang d’ajouter un droit du sol, en raison de la présence de nombreux autres Européens sur le sol national, afin que ceux-ci, devenus citoyens, puissent grossir le nombre des troupes mobilisables en cas de nouvelle guerre contre la Prusse. C’est ainsi qu’elle rentra dans un processus de dévalorisation de sa nationalité, même si aucun effet négatif n’en résultait, car concernant des populations de même souche.

Alors que l’Allemagne maintenait entre le peuple allemand et les populations coloniales une différence de statut, seuls les Allemands étant citoyens, la France adopta une conception impériale, et donc anti-républicaine, consistant à vouloir faire citoyens les populations natives de son empire. C’est ainsi que les Algériens dès 1946 purent être considérés comme français, sans disposer cependant de tous les droits inhérents. Et c’est pour les mêmes raisons que les gouvernements français, sans consulter leur peuple en aucune manière, ont facilité l’obtention de la nationalité française aux nombreux migrants issus de son ancien empire colonial, après l’indépendance de ce dernier entre 1946 et 1960.

Par la suite, la France a incité ses voisins européens à introduire dans leur droit le ius soli, ainsi en Allemagne sous Schröder en 2000 et en Grèce sous Papandreou en 2008. En Italie, Romano Prodi en 2005 voulait faire de même. Les naturalisations complaisantes ont abouti cependant à un résultat quasi identique.

Ainsi, comme on vient de le voir, la nationalité française actuelle, de même que celle d’autres pays européens encore que pas tout à fait tous, est-elle parfaitement illégitime et n’a-t-elle strictement plus aucune signification.

Devant un tel constat, les partisans des états nations concernés seront désarmés. Ils n’ont pas la liberté de manœuvre qui leur permettrait de revenir, fût-ce seulement en pensée, sur les décisions prises antérieurement.

Cependant ce n’est pas dans ce cadre que nous serons placés. Nous voulons en effet construire un nouvel état, celui que mérite depuis longtemps la nation européenne qui allie notre patrimoine et notre destin. Ce sera devant une copie blanche, traduite par une tabula rasa juridique, que nous serons installés, comme il se doit quand un nouvel état naît, qui ne prend la succession d’aucun autre. Il faudra créer pour cet état une nationalité européenne, fondée sur le ius sanguinis, à la fois patrilinéaire et matrilinéaire, mais surtout qui ne devra rien aux nationalités existantes ; ces dernières seront maintenues au moins provisoirement, même s’il n’existera plus d’état pour leur correspondre.

Les conditions générales d’accès à cette nationalité européenne seront définies par une assemblée constituante formée par des représentants élus des états dans leur configuration actuelle. Comme pour l’instauration de la monnaie unique, des critères de convergence seront retenus, qui préserveront les intérêts des citoyens des états les plus vertueux sur le sujet.

Ces conditions d’accès à la nouvelle nationalité prévoiront aussi la résolution des cas particuliers par des instances populaires locales adéquates, comme le traitement de toutes les questions liées au sujet. Le tout sera ensuite entériné par un référendum étendu à tous les citoyens européens.

Ainsi, quelles que soient les décisions qui auront été prises, elles l’auront été dans le respect le plus strict de la démocratie. Elles seront donc totalement légitimes.

Thomas FERRIER

21/12/2014

Zemmour exilé

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eric_zemmour_reference.jpegAprès près de dix ans de débats, l’émission « Ca se dispute » où s’opposent Eric Zemmour et Nicolas Domenach s’arrête par décision unilatérale d’I-Télé. Elle fait suite à une campagne de diffamation contre l’un de ses chroniqueurs au motif qu’il aurait dans un entretien au journal italien Corriere della Sera tenu fin octobre des propos choquants où il aurait prétendument prôné la « déportation » de cinq millions de musulmans, des propos intolérables aux yeux d’un comité de journalistes de la chaîne. Différentes associations, en plus de membres du gouvernement et/ou du Parti Socialiste, ont « réclamé sa tête » et l’ont obtenue. Néanmoins, pour le moment, Paris Premiere et RTL maintiennent leur confiance à Eric Zemmour. Les réactions outrées de nombreux citoyens et d’acteurs de premier plan de la politique nationale, surtout de droite, les feront hésiter à se séparer de lui, si telle était leur intention.

C’est Jean-Luc Mélenchon qui en début de semaine a levé ce faux lièvre, par le biais d’une traduction biaisée d’une question d’un journaliste italien à Eric Zemmour à savoir s’il était favorable à « deportare cinque milioni di musulmani francesi », ce qu’il convient de traduire correctement par « expulser cinq millions de musulmans français ». Eric Zemmour a alors répondu que c’était irréaliste, mais qu’en substance l’histoire enseignait que tout peut arriver, selon le principe de l’ « imprévu dans l’histoire ». Zemmour n’est pas un responsable politique mais un analyste. Il ne propose aucune solution aux constats qu’il émet. Il ne préconise rien. On lui reproche donc, au fond, de ne pas s’être indigné bruyamment contre l’idée contenue dans la question par ce journaliste, la vieille accusation absurde du « qui ne dit mot, consent ».

Le latin deportare signifie « exiler ». Dans les langues européennes, cas du français à part, il a pris la signification d’expulser. C’est le sens précis du terme « deportare » en italien comme de « to deport » en anglais, un vocable officiellement utilisé en matière de lutte contre l’immigration clandestine. C’est aussi le sens 1 du terme de « déporter » en français, à savoir « condamner une personne à l’exil ». Mais le sens 2, moderne, est explicitement associé au transfert de gens dans des camps, nazis ou soviétiques. C’est bien en raison de cette connotation tragique que Zemmour est mis en cause.

En outre, le journaliste italien Stefan Montefiori a reconnu avoir modifié pour des raisons journalistiques les termes employés dans sa question posée oralement au journaliste français. Il n’y avait donc aucune raison objective de s’indigner.

Cette indignation sélective, basée sur de fausses informations, n’a pas amené ceux qui en étaient responsables à reconnaître leurs torts et à revenir en arrière de leurs déclarations (hypocritement) outragées, bien au contraire. Cela leur a servi d’alibi pour se débarrasser médiatiquement de l’auteur de propos dérangeant l’idéologie bien pensante et contre lesquels elle se trouve intellectuellement démunie. Si cela n’avait pas été cet entretien, cela aurait été autre chose. Pourtant I-Télé va perdre des plumes en se séparant d’un chroniqueur pugnace, apprécié de nombreux téléspectateurs pour son franc-parler, et qui dopait l’audience de la chaîne. Si I-Télé a consenti à plaire aux « bonnes âmes », des gens qui appellent à la censure d’opinions qui ne leur plaisent pas, précisons le, c’est sous la pression. La chaîne sera certainement d’une manière ou d’une autre dédommagée pour ce sacrifice sur l’autel du conformisme médiatique.

L’affaire « Zemmour » doit servir de leçon. Peu importe les concessions que vous ferez au « politiquement correct », peu importe la pureté de vos opinions, peu importe l’humanité que votre personne dégage, et que tous reconnaissent à Eric Zemmour. Si le Système en place veut vous abattre, au mépris de la démocratie la plus élémentaire, il le fera. Et il s’opposera même à ce que vous puissiez répondre de ce dont on vous accuse. L’émission enregistrée où Olivier Galzi interrogeait Eric Zemmour, a vu sa diffusion déprogrammée. Même cela, on lui refuse. Et Le Figaro précise qu’I-Télé n’a même pas eu la décence d’informer son chroniqueur de l’éviction qu’elle venait de décider, comme s’il avait été bloqué sans sommation d’un forum de discussion.

Ce pourquoi toute révolution politique doit s’accompagner d’une révolution médiatique. Nouveaux paradigmes, nouveaux media !

Thomas FERRIER

16/12/2014

Lexique du partisan européen - "Nation"

NATION

Flag_of_Europe_entrelas_celtiques_red.pngLa nation, terme formé à partir de la vieille racine indo-européenne *gen- au sens de « naissance, lignée, ascendance », est stricto sensu le regroupement de ceux « de même souche », des « homogènes ». Lorsque certaines personnalités de la droite dite « nationale » affirment ne pas avoir une « conception ethnique » de la nation, ils en trahissent le sens véritable. Il n’est d’ailleurs pas surprenant que la traduction grecque du latin « natio » soit justement « ethnos ».

La nation repose sur le principe d’autochtonie, sur l’idée d’une profonde parenté entre tous les citoyens qui la composent, que cette parenté soit réelle ou le fruit d’une sincère conviction. Elle se reconnaît par différentes matérialisations, à savoir les caractéristiques anthropologiques, culturelles, religieuses et linguistiques majoritaires de la population. La nation française repose donc sur l’européanité anthropologique et civilisationnelle de son peuplement, sur un catholicisme établi sur des traditions celtiques, sur la langue française et sur une histoire et des mythes partagés.

Cette définition de la nation vaut pour la France mais elle vaut en réalité aussi bien pour l’Europe. La seule différence, c’est qu’il n’existe pas de langue européenne, bien que plus de 96% des Européens parlent une langue indo-européenne comme langue de naissance. Cette nuance écartée, tous les autres critères évoqués pour définir la nation sont valables pour l’Europe. Par ailleurs, il existe au niveau français une certaine diversité que le jacobinisme a voulu sans succès effacer. Entre un basque et un breton, il y a au moins autant de différences, ou aussi peu, qu’entre un irlandais et un hongrois.

On m’opposera une prétendue définition « française » de la nation, celle de ceux qui à l’instar de François Hollande vantent une « France » universelle, c'est-à-dire en réalité la négation de la France authentique. Mais en vérité la nation française n’est pas différente des autres nations d’Europe. Elle n’a jamais été le fruit d’une immigration perpétuelle mais au contraire d’un enracinement sur des siècles et des siècles. La population européenne a été en réalité et au-delà des millénaires d’une formidable stabilité.

Non, la France n’est pas universelle. Elle est une nation d’Europe. Une nation au sein d’une plus grande nation, de cette grande nation en devenir qu’est l’Europe. Et sa population est européenne depuis toujours, n’en déplaise aux nostalgiques de l’empire colonial ou à ceux qui veulent nous imposer une « diversité » non désirée.

Thomas FERRIER

15/12/2014

Lexique du partisan européen - "République"

REPUBLIQUE

république,europe,révolutionLa notion de république provient de l’expression romaine res publica, mot à mot la « chose publique », c'est-à-dire l’ « intérêt général » ou le « bien commun ». C’est l’idée d’un régime au service du plus grand nombre, du peuple dans son ensemble, et non au service d’une minorité favorisée. Si l’opposition entre patriciens et populaires ne sera pas réglée en 509 par l’action de Brutus l’Ancien, c’est pourtant à ce héros de la tradition romaine qu’on attribue la naissance de la République.

Ce n’est pas un hasard si le terme de « république » se traduit en grec par « démocratie », même si la république romaine, avec ses Comitia et son Senatus, était bien loin des canons de la démocratie athénienne. Polybe y verra au contraire une cité en équilibre entre les différents régimes possibles tels qu’analysés par Aristote, un régime à la fois aristocratique et démocratique. Pourtant, le modèle du citoyen romain, à la fois paysan et soldat, est fondamentalement démocratique par nature. Et ce même si le patricien a le droit d’être un chevalier (equites) alors que l’homme du peuple devra se contenter d’être légionnaire.

La république est donc en premier lieu la polyarchie, le commandement du « plus grand nombre », et s’oppose à la monarchie, de la même façon que Brutus l’Ancien a chassé les rois Tarquins. Est républicain qui n’est pas monarchiste. Ce qui ferait de nos jours vraiment beaucoup de républicains.

Mais la république est aussi la recherche de l’intérêt général, le refus d’être au service d’une minorité, que celle-ci repose sur une origine ou une confession, d’un groupe de pression ou d’un parti. A la différence d’un empire, cosmopolite par nature, la république repose sur l’homogénéité du corps de ses citoyens, sur la parenté d’origine et de culture. Cela évite justement la dissension qui naît nécessairement d’une trop grande différence et qui a mis fin à la république romaine. Ce n’est pas un hasard si la démocratie athénienne reposait sur le principe du droit du sang et sur le mythe de l’autochtonie.

Ceux qui se prétendent républicains, au nom de valeurs prétendument universelles, de « beaux principes » éthérés, ne le sont pas. C’est la nouvelle « noblesse » avec son « clergé » et ses « tables de la loi », l’hyper-classe politico-économique, son clergé médiatique et ses « droits de l’homme ». C’est une oligarchie qui se prétend républicaine, comme ces empereurs romains qui maintenaient le symbole SPQR mais en le vidant de son sens. Mais c’est en réalité une oligarchie au service d’intérêts planétarisés. Notre République, ce n’est pas la Vème oligarchie de l’Etat « français », c’est l’Europe. Une république qui chassera les tyrans qui emmènent notre civilisation à sa perte, au précipice d’une mondialisation suicidaire. Une république qui soumettra les puissances d’argent à l’intérêt général du continent et de sa population native. Une république qui brisera, qui « brisera [enfin] ces vieilles tables » (Nietzsche).

Thomas FERRIER

De la christianisation des divinités païennes. Du "pagano-christianisme".

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pagano-christianisme,paganisme,christianisme,dieux,ConstantinEn 313 après J.C, à la date où l’empereur Constantin signe son édit de tolérance et manifeste ainsi son soutien à la religion chrétienne, les chrétiens représentaient environ 5% de la population de l’empire. Ils étaient presque inexistants dans les campagnes et dans les cités d’Europe occidentale. En revanche, ils dépassaient les 25% dans les grandes cités d’Orient, à Alexandrie, Antioche et Carthage en particulier. L’Arménie, dans un contexte géopolitique particulier, était déjà passée quelques années auparavant au christianisme, sur décision de son souverain, Tiridate.

Pour favoriser la conversion des païens au christianisme, la stratégie de Paul de Tarse et de ses successeurs consista à colorer de paganisme la nouvelle religion afin de la rendre plus familière aux païens. A Jésus Christ on attribua des actes miraculeux, comme d’être revenu d’entre les morts après son auto-sacrifice, comme Héraclès, ou d’avoir ranimé des morts, comme Asclépios. Sa naissance par parthénogénèse rappelait aussi certains mythes païens, tel celui où Zeus s’unit à Danaé sous la forme d’une pluie d’or pour engendrer Persée.

Au IVème siècle, païens et chrétiens élaborèrent chacun une théologie complexe, s’imitant l’un et l’autre. Les païens, à l’instar de l’empereur Aurélien, instituèrent le culte solaire impérial, celui d’un Sol Invictus, le « Soleil Invincible », à la fois Apollon, Hélios, Belenos, Baal Shamin et Mithra. Julien invente même un mythe faisant d’Hélios, le dieu du soleil, à la fois Zeus et le Fils de Zeus, imitant ainsi les chrétiens.

L'empereur Constantin, le premier pagano-chrétien, qui était à l’origine un adepte du culte solaire, devenant chrétien, prit l’initiative de fusionner symboliquement les deux religions, de même qu’il n’effaça pas toutes traces de paganisme lorsqu’il fit bâtir Constantinople. Une représentation de Jésus monté sur le char du soleil a par ailleurs été retrouvée sous le Latran, faisant de lui le nouvel Apollon. Le 25 décembre, fête du dieu Sol Indiges dans la Rome républicaine, et désormais fête de Sol Invictus, fut institué anniversaire de Jésus Christ. Le dimanche ou « soldi », jour consacré au dieu du soleil, fut également attribué à Jésus et devint férié. Le jour férié traditionnel des païens de Rome était auparavant le jeudi, en l’honneur de Jupiter.

C’est ainsi que pour favoriser la conversion des Romains païens, c'est-à-dire de l’écrasante majorité des habitants de l’Europe occidentale et sud-orientale, mais aussi des populations germaniques, le christianisme choisit de récupérer les sanctuaires et les temples et instaura un culte des saints pour remplacer le culte des dieux. Un même processus eut lieu à chaque fois lorsqu’il s’agit de convertir l’Irlande, la Scandinavie, le monde slave ou la Lituanie.

Ainsi, le Dieu chrétien remplaça systématiquement le dieu suprême de chaque panthéon, se substituant à Zeus en Grèce, à Jupiter à Rome, à Lugh dans le monde celte, à Odhinn en Scandinavie ou à Svarog chez les Slaves. Le cas le plus emblématique est celui de la Lituanie païenne. En effet, les Lituaniens honoraient l’équivalent de Zeus sous le nom de Dievas, dont le nom signifie à la fois « Dieu » et « le ciel diurne ». Lorsque le duc Jogaila (Jagellon) choisit le christianisme, il attribua le nom du Dievas païen au Dieu chrétien, assurant ainsi une certaine forme de continuité. De même le dieu Velnias fut assimilé au Diable.

Souvent le dieu céleste et/ou suprême avait pour fils un dieu du soleil et de la lumière. A l’imitation de ce qu’avait fait Constantin, les évangélistes récupérèrent la figure de ce fils divin pour présenter sous ses traits Jésus Christ, paganisant la figure de ce judéen mort il y a deux millénaires. Le dieu Balder fils d’Odin ou le dieu Dazbog fils de Svarog furent ainsi récupérés. En revanche, les dieux qui ne convenaient pas à cette récupération furent rejetés.

Mais si le Dieu chrétien et son fils désormais solaire suffisaient à satisfaire plus ou moins les populations européennes, qui y retrouvaient d’une certaine façon des figures familières, les femmes avaient également besoin d’une figure féminine à laquelle se rattacher.

C’est ainsi que Marie, mère du Christ, à la fois déesse-vierge et déesse-mère, put remplir cet office, aidée de sa mère Anne et d’une cohorte de saintes imaginaires. Dans le monde gréco-romain, Marie fut ainsi associée aux déesses vierges, en particulier Athéna et Artémis. Ce n’est pas un hasard si les temples dédiés à Athéna, dont le fameux Parthénon d’Athènes, ou à la Brigantia celte furent ensuite dédiés à la Vierge Marie. Mais en tant que mère du Christ, elle fut également associée à la terre-mère, sous les traits de la Dêmêter grecque ou encore de le Zemyna lituanienne et de la Mokosh slave. Il est vrai que le nom de Marie, hellénisation précoce de l’hébraïque Myriam, pouvait être rapproché du terme indo-européen pour désigner la mère, *mater. Il y eut des exceptions à cette règle. Ainsi, en terre celte, Sainte-Anne remplaça la déesse maternelle Ana (ou Dana) et Sainte-Brigitte se substitua à la déesse Brighid, tandis que le Dieu chrétien remplaçait le vieux Daghda.

Chez les Germains, Thor et son marteau furent remplacés par Saint-Pierre et sa clé ouvrant les portes du paradis, tandis qu’un Saint Oswald, accompagné de deux corbeaux et de deux loups, arpentait les chemins en lieu et place d’Odin. De même, chez les Albanais, le nom du dieu de l’orage Perëndi servit à désigner le dieu chrétien, et son épouse Premtë devint Sainte-Prenda. Le dieu slave Perun sur son char fut remplacé par Saint-Elie tandis que le dieu des troupeaux Volos devenait Saint-Basile.

Avec Constantin et ses successeurs, avec le pape Grégoire qui au début du VIIème siècle prôna ouvertement cette stratégie de récupération des hauts lieux du paganisme, naquit le pagano-christianisme, que les Russes appellent « dvoeverie » (двоеверие) ou « double foi ». Les populations européennes, restées fondamentalement païennes, devinrent superficiellement chrétiennes. Elles continuèrent d’honorer les anciens dieux derrière le masque des saints, le Dieu des païens derrière le Dieu chrétien, représenté comme un dieu barbu lanceur de foudre dans la conscience collective (Jupiter), au point où Dante parlera à propos du Christ de « Jupiter pour nous crucifié ». Le Parthénon de Rome fut associé à une Santa Minerva tandis que la cité de Dêmêtêr, Eleusis, fut associée à une Hagia Dimitra.

Ce pagano-christianisme dura mille ans environ. Il témoigne de la résistance païenne qui obligea les chrétiens à adapter leur culte pour espérer les soumettre à défaut de les convaincre. Le culte des dieux était si profond que les grandes figures mythologiques subsistèrent, au point où Jean Seznec put parler de leur « survivance », au point où la Renaissance, pourtant respectueuse du christianisme, donna l’impression d’une résurrection du paganisme.

Cette Rome quasi païenne, si éloignée des enseignements bibliques, suscita une réaction chrétienne, matérialisée par des figures comme Calvin et Luther. Tout cela est bien sûr lié à l’invention de l’imprimerie par Gutenberg. En se plongeant dans les textes bibliques, et notamment dans l’Ancien Testament, ils virent la différence considérable entre le christianisme d’avant Constantin et celui d’après, et voulurent retrouver la religiosité des premiers chrétiens. L’Eglise catholique, pour s’opposer à cette « réforme » qui menaçait ses fondements, institua une « contre-réforme », avec le concile de Trente, répondant aux accusations en se dépaganisant elle-même. Ce fut la « nouvelle évangélisation ». En France notamment, elle n’eut qu’une conséquence, la déchristianisation. Cela ne fut pas le cas des pays orthodoxes, où l’Eglise conserva ses traits païens. En coupant les racines païennes de la religiosité populaire, l’Eglise commit une erreur majeure. Et ce n’est pas un hasard si l’athée Sade en 1795 en vint à prôner la réinstallation du paganisme comme religion du peuple.

Le pagano-christianisme, religion hybride du moyen-âge européen, où l’Arthur païen était le modèle du bon roi chrétien, disparut. Les coups de la réforme et de la contre-réforme tridentine, puis ceux de la modernité, en eurent raison. Paganisme et christianisme à nouveau séparés, ils vécurent chacun leur vie. Le second chercha à maintenir sa position de force, malgré la révolution française et l’athéisation des sociétés modernes. Le premier chercha en revanche sa renaissance, qui en ce début du XXIème siècle est réelle mais encore très modeste.

Thomas FERRIER

(Illustration: représentation du Christ en Sol, dieu du soleil, Saint-Pierre du Latran)

14/12/2014

Lexique du partisan européen - "Laïcité"

LAICITE

laïcité,europe,paganisme,christianisme,humanismeDu grec λαϊκος, « populaire ». La laïcité est la préservation de la tradition populaire, de la « coutume ancienne ». C’est pour avoir voulu introduire de nouvelles divinités dans la cité et influencer défavorablement la jeunesse vis-à-vis des cultes traditionnels que Socrate fut condamné à Athènes par un jury populaire. C’est au nom de la laïcité romaine que la République fit interdire les Bacchanales et que l’empereur Auguste bannit le culte isiaque en dehors de la cité de Rome.

Si l’empire romain sut se montrer tolérant à l’égard des cultes pratiqués par les nombreux pérégrins issus de l’ensemble de l’empire, et dont beaucoup devinrent citoyens, c’est parce qu’il s’agissait de cultes locaux et/ou nationaux qui ne revendiquaient pas la place de religion officielle à Rome. En revanche, lorsque des nouveaux courants religieux à caractère sectaire remettaient en cause la religion romaine, les autorités les réprimaient avec une grande sévérité.

C’est au nom de la laïcité romaine que les Judéens purent bénéficier de nombreuses dérogations destinées à leur permettre de pratiquer leur culte en conformité avec les rites ancestraux, des rites qui en revanche étaient interdits aux Romains, comme le circoncision, assimilée à une mutilation.

En revanche, face au manichéisme et au christianisme, qui s’opposaient à la religion romaine, qualifiée de « fausse », et qui remettaient en cause le culte des dieux traditionnels, assimilés à des « démons », la laïcité romaine mit en place un appareil répressif. Ce n’est que lorsque les empereurs romains passèrent au christianisme, se substituant comme religion officielle au polythéisme romain, que la laïcité antique s’éteignit. Certes le christianisme, à la différence de l’islam, affirme la séparation du trône et de l’autel, mais dans les faits, soumet le trône à l’autel.

En Europe moderne, la laïcité repose sur la défense des valeurs et traditions de la civilisation européenne, héritées de la plus longue mémoire, marquées par le polythéisme indo-européen (gréco-romain, celte, germanique…), le christianisme et l’humanisme de la Renaissance et des Lumières. Toute religion nouvelle ou importée doit se soumettre à nos traditions européennes ou se démettre. La laïcité n’est pas un traitement égal pour toutes les religions, mais la suprématie de l’européanité sur la religion. En ce sens, les religions européennes (païennes) ou fortement européanisées (chrétiennes) sont compatibles avec la laïcité, tout comme la forme européanisée prise par l’islam dans les Balkans. Et la dérogation romaine dont bénéficie le peuple judéen fait aussi partie de nos traditions ancestrales que la laïcité a pour mission de préserver.

Le combat pour la laïcité en Europe est donc de veiller à maintenir en situation dominante la religiosité populaire européenne, le triple héritage païen/chrétien/humaniste, et les valeurs civilisationnelles de notre continent, face à toutes les religions qui voudraient s’implanter sur notre sol en bafouant nos principes.

Thomas FERRIER

13/12/2014

Lexique du partisan européen - "Europe".

EUROPE

Flag_of_Europe_antic_red.pngUn continent allant de l’Islande à la Russie. Une civilisation née de la matrice indo-européenne, sublimée par la Grèce classique et la Rome républicaine et augustéenne. Une population venue « symboliquement » du Caucase. Et par cette somme d’héritages communs partagés, une nation. Une nation qui attend son Etat, restant à bâtir sur la ruine du XXème siècle.

Héraclite affirmait il y a 2.500 ans que les Européens (« Europaioi ») aimaient la liberté et honoraient la bravoure. Aux Thermopyles comme à Zama, aux Champs Catalauniques comme à Vienne, des Européens se levèrent pour défendre leur civilisation contre un monde avide de la briser. Au XVème siècle, face à la menace ottomane, Georges de Podiebrad, roi de Bohême, inventa l’européisme politique. Mais il ne fut pas écouté. Après la chute de Constantinople, que les royaumes d’Europe occidentale refusèrent d’empêcher, l’islamo-ottomanisme déferla sur le sud-est de l’Europe et il fallut de courageux combattants, Grecs et Serbes, Bulgares et Roumains, Croates et Albanais, pour maintenir la flamme de la liberté.

L’Europe resta divisée. Après l’échec de l’unification du continent par Napoléon Ier, le XIXème siècle annonça le règne des nations. Alors que le nationalisme de Fichte et de Mazzini aspirait à l’unité de l’Allemagne et de l’Italie, mais en ayant comme objectif ultime l’unité de l’Europe, le nationalisme moderne tomba dans tous les travers de l’impérialisme, amenant au si funeste colonialisme et à la stasis, la « guerre civile » que connurent les cités grecques au IVème siècle et qui amena à la ruine de leur civilisation. Dans les tranchées de 14/18 comme dans les combats de 39/45, les Européens s’entre-déchirèrent. Nombreux des enfants d’Europe, français comme allemands, britanniques comme russes, périrent par cette folie qui s’empara de la plus brillante de toutes les civilisations que la terre ait portée.

En 1945, l’Europe était perdue dans les ténèbres. Quelques nations avaient survécu en gardant une sourcilleuse neutralité, mais leur âme avait sombré avec celle des autres. Le peuple russe était prisonnier de son propre régime, comme l'étaient de nombreux autres Européens vivant à l’est de notre continent. Et quant aux Européens de l’ouest, ils vivaient en vassaux d’une ancienne colonie de peuplement, devenue le chantre d’un mondialisme sans retenue.

L’Europe unie était une évidence. Mais l’idée en fut dévoyée par crainte que l’Europe finisse, en s’unissant, par se libérer de ses nouveaux maîtres. Ainsi la CEE puis l’Union Européenne n’eurent jamais les moyens de leurs ambitions et ceux qui prétendaient en être les bâtisseurs en trahissaient en réalité les principes mêmes. Au lieu de forger une Europe unie au service des Européens, prête à assumer une destinée continentale, on enleva les pouvoirs aux Etats nationaux sans doter l’Europe d’un Etat national à elle.

Les partisans européens combattent pour que l’Europe, qui est leur patrie suprême, retrouve sa liberté dans l’unité, qu’elle triomphe des maux modernes qui la rongent, qu’elle parvienne à dominer ces forces d’involution qui veulent la mettre à bas. L’Europe aura besoin de tous les Européens pour surmonter ce qui la nie, ce qui la tue. Les Russes, qui sont parvenus à vaincre le vampire bolchevique, auront leur rôle à jouer dans l’émergence de cette nouvelle Europe qui traitera tous ses enfants sur un pied d’égalité, mais uniquement ses enfants.

Thomas FERRIER

21:55 Publié dans Lexique | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : europe, nation, identité, héritage |