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26/06/2011

Laurent Joffrin : un europhobe aboyant face à une souverainiste

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marine le pen,psune,peter eisner,thomas ferrier,europe,joffrin,france 2,pujadasLaurent Joffrin revient dans son journal, le Nouvel observateur, sur le « débat » qui l’a opposé jeudi soir à Marine Le Pen. Du moins c’est ainsi qu’il présente sa prestation. Car, dans une émission politique, seuls peuvent débattre des candidats entre eux ou des journalistes entre eux. Un journaliste n’a pas à débattre avec un candidat, a fortiori à s’opposer à lui. Il doit seulement permettre aux auditeurs de se faire l’idée la plus précise possible. Cela ne veut pas dire qu’il doive se montrer « onctueux » et « suave », pour reprendre les termes de Laurent Joffrin dans son journal. Faut-il comprendre, comme il le laisse entendre, qu’il sera onctueux et suave avec tous les autres candidats ?

De plus, dans l’émission de jeudi, les deux derniers intervenants devaient faire une synthèse critique des réponses de l’invitée. Ils ne devaient pas soulever de point nouveau, a fortiori sur un mode agressif, inquisitoire.

Ainsi, avant même toute remarque sur le contenu, leur intervention ne respectait ni les principes généraux d’une émission politique, ni les règles fixées par l’animateur pour l’émission en question. Sans doute l’excuse est-elle que, contre le Front national, tout est permis, qu’aucune loyauté n’a de mise. A ce moment-là, pourquoi ce parti n’est-il pas interdit, pourquoi invite-t-on ses représentants à la télévision? Laurent Joffrin a eu bien de la chance que la candidate n’ait pas eu la présence d’esprit de le lui faire remarquer. En même temps, en laissant à la candidate le monopole de la tranquillité et d’une certaine politesse, Laurent Joffrin a servi ses desseins.

Par ailleurs, Laurent Joffrin a fait preuve d’une extraordinaire malhonnêteté. Il a sorti la question des charges sociales, que le programme de la candidate voudrait plus fortes pour les étrangers que pour les nationaux. Passons sur le fait qu’il n’en avait pas été question auparavant. Il a rageusement affirmé que le monde du travail n’accepterait pas cette discrimination. Or il n’y avait aucune discrimination, c’est tout le contraire de « l’apartheid » sur lequel il revient dans son journal : les travailleurs auraient les mêmes salaires, les mêmes charges, les mêmes droits. Seuls les patrons embauchant des étrangers seraient pénalisés. Là encore, il a eu bien de la chance que la candidate n’ait pas mieux su s’expliquer, qu’elle ne l’ait fait qu’à moitié, qu’elle n’ait pas mieux maîtrisé son propre programme.

Laurent Joffrin a aussi fait preuve d’une incroyable cécité. Il a dénoncé l’exagération de la part de responsabilité que la candidate attribue à l’immigration dans la crise, revenant là-dessus dans son journal. Elle a oublié « la crise écologique, la crise industrielle, la crise du commerce extérieur, la crise de l’Euro ». Certes la position de la candidate est manichéenne, mais la sienne l’est tout autant, l’un et l’autre s’abreuvant d’idées reçues. Il a eu la chance que la candidate n’ait pas été plus lucide que lui. Car l’incidence de l’immigration est complexe. Elle laisse une empreinte écologique multiple. De plus elle est inséparable des importations massives, qui déséquilibrent notre balance commerciale, comme des délocalisations, qui détruisent notre industrie. Ici et là, c’est le même mondialisme qui sévit.

Il était plus facile à Laurent Joffrin de critiquer la sortie de l‘Euro. Cela dit, la candidate avait opéré un repli tactique intéressant : la sortie ne s’imposerait pas avec un euro plus faible et ce ne serait qu’une façon de prévenir une situation inéluctable. Bien sûr la candidate n’a pas su exploiter sa nouvelle stratégie. Simplement parce que, par pure idéologie, elle ne veut pas entendre parler d’un Euro qui est le symbole de l’unité européenne. Cependant Laurent Joffrin est sur une ligne mondialiste tout aussi éloignée de l’idée européenne. D’ailleurs c’est « l’économie mondiale » qu’il cherche à sauver. Il ne peut donc pas prendre l’avantage son adversaire, lui non plus. Il est vrai que l’économiste qui l’a précédé n’a pas su interroger la candidate sur ce qu’elle aurait pensé d’une solution vraiment européenne qu’il lui aurait présenté pour résoudre la crise de l’Euro. Pourquoi personne ne mentionne-t-il qu’il y a d’autres solutions que sortir de l’Euro pour redonner de la compétitivité à la France vis-à-vis de son voisin allemand, solutions douloureuses mais bien moins que le laisser-aller ?

Dans le relevé publié dans son journal, la conclusion de Laurent Joffrin est fort intéressante. Il accuse d’abord la candidate d’être « intolérante envers les étrangers ». Parce qu’elle fait une différence entre nationaux et étrangers ? Mais c’est le fondement de la république. Ne votent aux élections nationales que les nationaux, comme cela vaut pour tous les pays. C’est donc Laurent Joffrin qui « piétine les principes républicains », qui ne sont pas les siens. On noterait que la restriction du droit de vote est discriminatoire, probablement en contradiction avec certaines règles intégrées dans la constitution, ce qui fait que la constitution elle-même piétine les principes républicains. Mieux vaudrait ne pas trop agiter ces principes, quand on se veut politiquement correct.

Il accuse aussi la candidate d’être « hostile à tout projet européen ». C’est parfaitement exact. Mais Laurent Joffrin est-il européen lui-même ? Nous avons vu que non. Pourquoi va-t-il chercher, soutenant Caroline Fourest, l’exemple d’Africains ayant combattu contre les Allemands à Monte Cassino, épisode qui ne dit plus rien aux générations actuelles, à l’heure où l’amitié franco-allemande et la construction de l’Europe devraient être son credo. Quand la candidate condamne des interventions extérieures à notre continent, comme celle en Afghanistan, elle est plus européenne que lui, ce qui est un comble. Évidemment, la candidate ne pouvait pas le contrer là-dessus.

Bref, un europhobe mondialiste, comme presque tous les membres de la « caste » politico médiatique, ne pourra jamais que servir la soupe à un souverainiste.

Peter Eisner (PSUNE/LBTF)

20/06/2011

De iure sanguinis. L’authentique conception française de la citoyenneté

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220px-Pericles_Pio-Clementino_Inv269_n2.jpgSamedi soir, dans l’émission de Laurent Ruquier « On n’est pas couché », Nathalie Kocziusko-Morizet, opposée à Eric Zemmour, a affirmé que la tradition française était le « droit du sol » (ius soli). Il n’est pas rare en effet que de manière péremptoire de nombreux politiciens rappellent cette « évidence », par exemple des souverainistes expliquant que le « droit du sang » relève de la conception allemande de la citoyenneté, ou des responsables politiques de gauche comme de droite pour évoquer une prétendue tradition d’ouverture à la française, un universalisme qu’on ne retrouverait pas dans les autres pays européens.

Y a-t-il eu une exception française de la citoyenneté, ce fameux « droit du sol », qui s’est ensuite répandue ces dernières années en Allemagne, en Grèce et demain en Italie si le Parti Démocrate accédait au pouvoir ?

En réalité, ce qui est choquant, et on peut regretter qu’Eric Zemmour n’est pas réagi immédiatement à ce propos, mais il est vrai que le cadre de l’émission ne s’y prêtait guère, le présentateur vedette s’évertuant à limiter le plus possible la parole à son chroniqueur, c’est qu’une responsable politique importante connaisse si peu l’histoire de son pays et se permette d’énoncer des contre-vérités en dogmes.

Le droit du sang (dikaion tou aimatos en grec, Abstammungsprinzip en allemand) remonte à l’antiquité grecque, où il était en vigueur dans la plupart des cités grecques et notamment à Athènes. Alors que sous ses prédécesseurs, des étrangers (bien que grecs) avaient été naturalisés, Périclès en 451 avant J.C prend la décision de proposer au vote des citoyens une loi instaurant de manière exclusive le principe d’accès à la citoyenneté par droit du sang. Ainsi, pour être citoyen athénien, il faudrait être né de père et de mère citoyens, mariés conformément aux lois de la cité. Périclès fit d’ailleurs réviser les listes de citoyens afin de rayer les noms d’étrangers naturalisés notamment sous la tyrannie des Pisistratides. On retrouvera ensuite ce principe aux premiers temps de la république romaine, l’appartenance à chacune des tribus romaines étant héréditaire.

Du temps de la monarchie capétienne, comme dans l’Angleterre voisine, les sujets du royaume l’étaient en fonction de leur lieu de naissance. En clair, « tout sujet né sur les terres d’un seigneur est sujet du dit seigneur ». Le droit du sol était donc à l’origine le droit féodal. Mais, en 1789, éclate la révolution française. Les révolutionnaires, avant le virage patriotique de 1792, espèrent répandre l’esprit de la révolution chez les autres peuples européens, au nom d’une France universelle des droits de l’homme se substituant à l’universalisme chrétien de la « fille aînée de l’église ». En réalité, juristes de droit romain et juristes révolutionnaires/républicains réfléchissent à la mise en place d’une nouvelle définition de la citoyenneté se basant sur le modèle antique.

Le travail commun de ces juristes sera de proposer comme condition d’accès à la citoyenneté le droit du sang patrilinéaire. A une époque où les mariages étaient entre européens, le paterfamilias conférait à son épouse et à ses enfants sa citoyenneté. Pour être français, il fallait donc être de père français. Le consul Napoléon Bonaparte validera cette proposition. L’armée républicaine puis impériale se chargera de répandre la nouvelle règle en Europe, au gré des conquêtes de l’empereur. C’est ainsi que l’Allemagne adoptera le droit du sang, en émule de la France, qu’elle renforcera en 1913, et y restera fidèle jusqu’en 2000, de même que l’Italie, qui l’a conservé jusqu’à aujourd’hui.

Alors d’où vient le nouveau « droit du sol » dont NKM a cru qu’il était consubstantiel à notre pays, contre les faits historiques ? De 1889. A cette époque, la France vaincue il y a dix-neuf ans par la Prusse cherche à rivaliser avec sa voisine tant sur le plan militaire que démographique. De nombreux européens de souche vivent en France, où ils sont parfois nés, mais ne remplissent pas les devoirs réservés aux citoyens. Ceux-ci doivent fournir un service militaire de plusieurs années. En 1889, le législateur prend donc la décision de favoriser la naturalisation des étrangers installés ou nés en France, tous européens, en ajoutant au droit du sang un droit du sol complémentaire. On oublie bien souvent que beaucoup de français, aujourd’hui encore, le sont par le droit du sang, qu’importe leur lieu de naissance. Celui-ci n’a donc pas été aboli mais affaibli par l’ajout de conditions nouvelles d’accès à la citoyenneté. Ainsi, la mesure de 1889 était destinée à gonfler les effectifs de l’armée et à permettre une mobilisation générale plus importante en cas de nouvelle guerre avec l’empire allemand. C’était une décision destinée à gonfler artificiellement le nombre de français, à une époque où l’immigration était exclusivement européenne et ne posait aucun problème.

En conclusion, le ius sanguinis est donc le droit démocratique par excellence, instaurée par le père de la démocratie athénienne, Périclès lui-même, restaurée par la révolution française après quelques années d’ambiguïté et répandue en Europe par le premier consul. Jusqu’en 2010, il était en vigueur de manière exclusive en Grèce, les fondateurs de la nation grecque en 1830 n’ayant pas oublié l’Athènes du Vème siècle. Dans les années 80, l’ancêtre de l’UMP, le RPR de Jacques Chirac et Charles Pasqua, prônait son rétablissement. Car à notre époque c’est bel et bien la « gauche » qui sabote ce principe démocratique en favorisant la règle oligarchique du ius soli. Schröder en 2000, Prodi en 2005 et Papandreou en 2010 ont ainsi cherché à mettre fin au règne sans partage du ius sanguinis. Seul Prodi a échoué, étant chassé du pouvoir par un retour fracassant de Berlusconi. Mais le Parti Démocrate italien, alors que le cavaliere a été battu aux dernières élections locales et lors de quatre referenda, s’il devait arriver au pouvoir après 2013, reprendrait certainement cette réforme, ce qui serait suicidaire, alors que l’Italie subit actuellement des flux migratoires massifs en provenance d’Afrique.

Thomas Ferrier
Secrétaire général du PSUNE

13/06/2011

Nouvelle victoire de l’AKP !

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AKP_Logo.pngA l’issue du scrutin législatif de dimanche, le parti du président Abdullah Gül et du premier ministre Recep Erdogan a été reconduit aux affaires pour la deuxième fois consécutive, après une première victoire au forceps en 2002, face à des partis gouvernementaux accusés de corruption et d’incapacité à gérer les conséquences d’un tremblement de terre meurtrier, en l’occurrence une alliance entre une gauche nationale (DSP) et une droite nationale (MHP). En 2002, l’AKP, issu du parti islamiste Fazilet, lui-même scission du Refah d’Erbackan, avec 34.3% des voix, atteignait les plus hautes instances de l’Etat turc. Menacé d’interdiction et de dissolution par l’armée et la cour constitutionnelle, l’AKP confirma en 2007 sa légitimité populaire en obtenant 46.7% des voix, désavouant ainsi la réaction kémaliste, le CHP n’obtenant que 20.85% des voix, amenant son président à démissionner.

Les manœuvres de l’AKP pour rester aux affaires, et pour mettre une sourdine aux accusations, selon moi fondées, d’agenda islamiste caché, conforme à la stratégie de la taqija, ont été de différents ordres, relayés par une société de pensée islamiste, le Fethullah Gülen, sorte de franc-maçonnerie musulmane.

La première méthode a été de mettre en avant le complot Ergenekon, un rassemblement de kémalistes et de nationalistes décidé à faire tomber l’AKP. Ergenekon désigne la terre mythologique d’origine du peuple turc, là où il a fait la rencontre de la louve grise Asana, qui le conduisit en Anatolie. Par le biais de la justice, de nombreux journalistes et militaires de l’opposition ont été neutralisés et condamnés, au mépris visiblement des règles juridiques en vigueur dans les pays européens. Désormais, les velléités d’action de l’armée contre le gouvernement de l’AKP sont brisées.

La seconde méthode a été de se servir du processus d’adhésion à l’Union Européenne pour faire passer des réformes qui, au nom d’un alignement sur les conventions européennes, servaient l’intérêt du parti, toujours dans l’optique d’affaiblir les résistances kémalistes.

La troisième méthode pourrait avoir été de déconsidérer les dirigeants des partis d’opposition. En effet, peu de temps avant le scrutin, des vidéos à caractère pornographique mettant en scène plusieurs dirigeants du parti nationaliste MHP ont été révélées, amenant ces responsables à démissionner. Or, on sait qu’Erdogan espérait que le MHP n’atteigne pas 10% des suffrages, son élimination de toute représentation au parlement permettant à l’AKP de disposer du nombre de députés nécessaires pour changer la constitution.

L’AKP n’a pas complètement réussi son pari, puisque avec 326 députés sur 550, il échoue à obtenir les 2/3 des députés, et qu’avec 49.8% des voix, il rate de peu la majorité absolue. Il progresse néanmoins de plus de trois points en quatre ans, ce qui témoigne de la popularité du premier ministre et atteste aussi de la réislamisation de la société turque. Les républicains du CHP avec 25.9% des voix progressent de près de cinq points, ce qui est malgré tout un succès pour son nouveau président, qui avait mis le combat laïc en sourdine tout en accentuant son caractère socialiste.

Les nationalistes du MHP, héritiers d’Alparslan Türkes, survivent au scandale et en obtenant 13% des voix, et 53 députés, conservent presque intact leur capital électoral. Alors qu’en 1999 ils avaient atteint leur plus haut score, avec 18% des voix, mais qu’en 2002 ils avaient éliminé du parlement, ils avaient retrouvé un niveau convenable en 2007 avec 14.29% des voix. Leur légère régression s’explique par la candidature de plusieurs mouvements nationalistes dissidents, comme le MMP (« mouvement nationaliste et conservateur ») et ses 0,09% ou le MP (« parti national ») et ses 0,14%, mais surtout comme le parti national-islamiste BBP (0,73%), absent des élections en 2007. Les manœuvres dont le MHP a été victime ont donc pour l’essentiel échoué.

Si le rassemblement d’indépendants en faveur des populations kurdes, avec 6.64% et 36 députés, a bien résisté et s’est même conforté, il pourrait surtout être décisif si Erdogan, au prix de quelques concessions, avait besoin de députés supplémentaires pour faire passer ses réformes.

Les autres partis politiques, et notamment démocratiques et/ou socialistes, sont balayés. Le mode de scrutin proportionnel, alors qu’il favorise normalement les petits partis, neutralisé par cette barre fatidique des 10%, engendre en Turquie un phénomène de vote utile. Le CHP et le MHP en ont notamment bénéficié afin de mettre en place au parlement une opposition réelle à l’AKP. Les mouvements de type conservateur et/ou islamiste sont également fragilisés, en raison d’un vote utile en faveur du parti gouvernemental. Le Saadet Partisi n’obtient que 1,24% des voix, l’ « HEPAR » 0,28%. Le DSP, parti important avant 2002, tombe à 0,25% et est donc totalement marginalisé, tout comme l’extrême-gauche, réduite 0,21% des voix, les démocrates (DP) à 0,65% ou les libéraux du LDP (0,04%).

Cette victoire de l’AKP d’Erdogan n’est pas une bonne nouvelle pour les vrais européistes, naturellement opposés au processus d’adhésion de la Turquie à l’Union Européenne, même si ce dernier est actuellement au point mort. Il suffirait que le PS gagne en France et la SPD en Allemagne pour que les résistances en place disparaissent et que le processus mortifère reprenne. Dans tous les cas, Erdogan a réussi à se servir du dit processus pour renforcer son pouvoir sur la Turquie. De fait, les accusations d’autoritarisme qui lui sont reprochées paraissent fondées. Mais il est possible que la question de cette adhésion prenne fin si les manifestations d’autocratie du parti au pouvoir sont trop criantes et mettent fin au processus, et notamment si les atteintes aux droits des citoyens sont attestées de manière indiscutable.

Par sa victoire, l’AKP démontre en tout cas que sa démarche a réussi. Qui aurait pu croire il y a dix ans qu’une telle évolution de la Turquie aurait lieu. Recep Erdogan est d’ailleurs apparu vainqueur, auprès de son épouse et de sa fille voilées, devant les media. Est-ce de cette « Turquie », qui bafoue tous les principes de Kemal Atatürk, dont nous voulons comme membre de l’UE ?

Thomas Ferrier
Secrétaire général du PSUNE

06/06/2011

Des élections portugaises en pleine crise

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La démission du premier ministre Jose Socrates, dirigeant du Parti Socialiste, dans un contexte de crise budgétaire, les agences internationales de notation manifestant un net manque de confiance quant à la situation de l’économie portugaise, annonçait une probable transition en faveur du centre-droit. Dans l’Espagne voisine, le PSOE de Zapatero est également très impopulaire, de même que le PASOK de Papandreou en Grèce bien que, dans ce dernier cas, la droite (Nea Dimokratia) soit également très impopulaire, sa défaite étant encore fraîche. Il n’y a bien qu’en France où la « gauche » est promise, selon les sondages, à un meilleur avenir, avec l’effondrement dans les sondages du président Sarkozy.

Dans un tel contexte, il était intéressant de savoir comment l’électorat portugais allait se comporter et si une montée des courants radicaux, de gauche ou de droite, était prévisible. Il n’en a rien été. Avec 38.63% des voix, le Parti Social Démocrate (de centre-droit, malgré son nom) est le grand vainqueur de ce scrutin, progressant de plus de 9.5 points par rapport à 2009. Il obtiendra très probablement la majorité des sièges (230) en s’associant au parti de droite. Le Parti Socialiste, avec 28.05% des voix, régresse d’environ 8.5 points, ce qui indique que sa chute est tout de même modérée. Avec 11.74% des voix, le CDS/PP (« Parti du peuple »), de droite, progresse légèrement de 1.3% des voix environ et en nombre de sièges (24 en 2011 contre 21 en 2009).

Les communistes du PCP, avec 7.94% des voix et 15 sièges, obtiennent un score honorable, légèrement supérieur à celui de la coalition CDU en 2009 (7.86%), mais ne bénéficient pas d’un rejet du libéralisme par le peuple portugais. Au contraire, le BE quant à lui s’effondre avec 5.19% des voix en 2011 contre 9.81% en 2009 (- 4.8 points).

Les autres mouvements politiques restent extrêmement modestes. Le parti de défense des animaux (PDA) atteint néanmoins 1.03%, alors qu’il n’était pas candidat en 2009. Les monarchistes conservent le même score de 0.27% des voix qu’en 2009, alors que la droite nationaliste du PRM progresse très légèrement avec 0.32% des voix en 2001 contre 0.2% en 2009 (+0.12 points), ce qui constitue néanmoins un échec dans un contexte qu’on aurait pu supposer favorable. Le discours europhobe et nationaliste classique de cette formation ne semble pas correspondre aux attentes des citoyens portugais, malgré une hostilité de plus en plus marquée face au phénomène migratoire.

En nombre de sièges, la droite (PPS/PSD + CDS/PP) obtient 129 sièges (105+24) sur 230 et est donc majoritaire au parlementaire. La gauche n’obtient en revanche qu’un maximum possible de 101 sièges (à l’heure où j’écris cet article, elle n’en dispose que de 97). L’Europe a en son sein un gouvernement de « gauche » en moins. Alors que le libéralisme économique dans le cadre de l’idéologie mondialiste est le principal responsable de la crise que connaît actuellement le Portugal, c’est lui qui est renforcé, conformément sans doute à la croyance populaire selon laquelle il faut soigner le mal par le mal.

En conclusion, l’électorat portugais a été sage à ces élections, qui ne l’ont pas mobilisé en masse. Il échange le centre-gauche pour le centre-droit, comme à l’accoutumé, accorde une confiance mesurée à la droite, qui progresse légèrement. Le Bloc de Gauche en revanche est l’un des perdants de la soirée, son électorat ayant sans doute voté utile en faveur du gouvernement sortant. Les communistes et les nationalistes progressent très faiblement.

Thomas Ferrier
Secrétaire général du PSUNE

05/06/2011

Angela Merkel et le nucléaire: une grave faute politique

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pict_125230.jpgAlors même que le taux d’émission des gaz à effet de serre a augmenté de manière très significative en 2010, et qu’on s’accorde à penser que la menace climatique principale est due au réchauffement planétaire, Angela Merkel a pris la décision d’arrêter les centrales nucléaires dans un délai progressif amenant à un arrêt total en 2022. Pour ce faire, elle ne s’est pas concertée avec les militants de son parti, elle n’a pas posé la question au peuple allemand, et elle n’a pas non plus pris conseil auprès des dirigeants des états voisins qui, de fait, sont impactés par sa décision.

Lorsque Angela Merkel donne des leçons au peuple grec, et ce même s’il y a des raisons objectives de reprocher aux gouvernements grecs successifs des politiques laxistes en matière budgétaire, elle trouve cela parfaitement normal. Il est donc parfaitement normal en retour de contester à Mme Merkel ce choix politique, qui a un coût a minima de 45 milliards d’euros, et une conséquence climatique, l’émission de 25 millions de tonnes de dioxyde de carbone (CO2) supplémentaires. Il faudra m’expliquer en quoi augmenter le coût de l’énergie pour chaque allemand, augmenter l’émission de gaz à effets de serre, remplacer le nucléaire par le charbon et par de très inesthétiques et inefficaces éoliennes, est écologique.

Pour plaire aux militants pseudo-écologistes des Grünen, alors qu’un véritable écologiste comme James Lovelock sait que l’énergie nucléaire est le seul remède crédible au réchauffement planétaire, qui ont reconverti l’idéologie gauchiste sous des traits en apparence moins extrémistes, et dont l’hostilité au nucléaire, même civil, s’explique par un « pacifisme » tordu complètement hors de propos, Angela Merkel, en berne dans les sondages, leur cède. Cette idée de mettre en application les idées de ses adversaires, ce qui est aussi une spécialité de la droite française, démontre le manque de pertinence du clivage gauche/droite dans le contexte d’un mondialisme qui dicte aux états et aux gouvernements la politique qu’ils doivent mener.

Alors même que Merkel s’attire les foudres de la base de son parti, cédant aux sirènes du néo-gauchisme « vert » et à l’idéologie compassionnelle qui fait réagir de manière primaire et irresponsable, sous l’émotion, les dirigeants, suite au drame de Fukushima, les Grünen eux-mêmes ne sont pas d’accord avec elle et admettent l’idée que ce programme d’abandon du nucléaire n’est pas assez progressif. En somme, elle a tout fait pour plaire aux Verts mais même eux ne lui en tiennent pas gré.

Un sondage IFOP de ce jour prétend par ailleurs que 77% des français seraient favorables à un abandon immédiat ou progressif de l’énergie nucléaire, alors même qu’il n’y a aucune alternative crédible à son usage, comme je l’ai démontré dans un article précédent. Ce genre de sondage n’a aucun sens, dans un contexte émotionnel artificiellement entretenu par les « écologistes » français. Si on avait posé aux français une autre question, à savoir d’accepter des hausses considérables du coût de l’énergie dues à l’abandon du nucléaire, la réponse aurait-elle été la même ?

A partir du moment où personne n’explique aux européens les conséquences réelles de l’abandon du nucléaire, à savoir un retour aux centrales les plus polluantes possibles (au charbon), l’usage coûteux de solutions alternatives « écologiques » inefficaces (éoliennes, panneaux solaires) et « paradoxalement » polluantes, et une hausse majeure du coût de l’énergie, ceux-ci réagissent comme les citoyens désinformés qu’ils sont. Bien évidemment, la présidente d’Areva réagit de manière intelligente à la décision de Merkel mais du fait de ses fonctions, elle n’est pas crédible en ce domaine, car trop intéressée par l’avenir de cette filière. Sa défense du nucléaire ne peut donc que tomber à plat.

C’est aux dirigeants politiques responsables, conscients des enjeux et ne se laissant pas berner par une propagande pseudo-écologiste particulièrement malhonnête, de prendre leurs responsabilités, au lieu de céder à des lubies idéologiques contre-productives ou hétérotéliques.

Thomas Ferrier
Secrétaire général du PSUNE