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06/06/2011

Des élections portugaises en pleine crise

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La démission du premier ministre Jose Socrates, dirigeant du Parti Socialiste, dans un contexte de crise budgétaire, les agences internationales de notation manifestant un net manque de confiance quant à la situation de l’économie portugaise, annonçait une probable transition en faveur du centre-droit. Dans l’Espagne voisine, le PSOE de Zapatero est également très impopulaire, de même que le PASOK de Papandreou en Grèce bien que, dans ce dernier cas, la droite (Nea Dimokratia) soit également très impopulaire, sa défaite étant encore fraîche. Il n’y a bien qu’en France où la « gauche » est promise, selon les sondages, à un meilleur avenir, avec l’effondrement dans les sondages du président Sarkozy.

Dans un tel contexte, il était intéressant de savoir comment l’électorat portugais allait se comporter et si une montée des courants radicaux, de gauche ou de droite, était prévisible. Il n’en a rien été. Avec 38.63% des voix, le Parti Social Démocrate (de centre-droit, malgré son nom) est le grand vainqueur de ce scrutin, progressant de plus de 9.5 points par rapport à 2009. Il obtiendra très probablement la majorité des sièges (230) en s’associant au parti de droite. Le Parti Socialiste, avec 28.05% des voix, régresse d’environ 8.5 points, ce qui indique que sa chute est tout de même modérée. Avec 11.74% des voix, le CDS/PP (« Parti du peuple »), de droite, progresse légèrement de 1.3% des voix environ et en nombre de sièges (24 en 2011 contre 21 en 2009).

Les communistes du PCP, avec 7.94% des voix et 15 sièges, obtiennent un score honorable, légèrement supérieur à celui de la coalition CDU en 2009 (7.86%), mais ne bénéficient pas d’un rejet du libéralisme par le peuple portugais. Au contraire, le BE quant à lui s’effondre avec 5.19% des voix en 2011 contre 9.81% en 2009 (- 4.8 points).

Les autres mouvements politiques restent extrêmement modestes. Le parti de défense des animaux (PDA) atteint néanmoins 1.03%, alors qu’il n’était pas candidat en 2009. Les monarchistes conservent le même score de 0.27% des voix qu’en 2009, alors que la droite nationaliste du PRM progresse très légèrement avec 0.32% des voix en 2001 contre 0.2% en 2009 (+0.12 points), ce qui constitue néanmoins un échec dans un contexte qu’on aurait pu supposer favorable. Le discours europhobe et nationaliste classique de cette formation ne semble pas correspondre aux attentes des citoyens portugais, malgré une hostilité de plus en plus marquée face au phénomène migratoire.

En nombre de sièges, la droite (PPS/PSD + CDS/PP) obtient 129 sièges (105+24) sur 230 et est donc majoritaire au parlementaire. La gauche n’obtient en revanche qu’un maximum possible de 101 sièges (à l’heure où j’écris cet article, elle n’en dispose que de 97). L’Europe a en son sein un gouvernement de « gauche » en moins. Alors que le libéralisme économique dans le cadre de l’idéologie mondialiste est le principal responsable de la crise que connaît actuellement le Portugal, c’est lui qui est renforcé, conformément sans doute à la croyance populaire selon laquelle il faut soigner le mal par le mal.

En conclusion, l’électorat portugais a été sage à ces élections, qui ne l’ont pas mobilisé en masse. Il échange le centre-gauche pour le centre-droit, comme à l’accoutumé, accorde une confiance mesurée à la droite, qui progresse légèrement. Le Bloc de Gauche en revanche est l’un des perdants de la soirée, son électorat ayant sans doute voté utile en faveur du gouvernement sortant. Les communistes et les nationalistes progressent très faiblement.

Thomas Ferrier
Secrétaire général du PSUNE