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22/05/2011

De Gaulle contre les souverainistes

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De-Gaulle-et-l-Europe-int%C3%A9gr%C3%A9e.jpgAu sein de l’histoire politique française du XXème siècle, la figure du général De Gaulle conserve une place à part, presque unaniment honorée par toute la classe politique nationale, désormais rejointe par l’extrême-droite, à l’exception peut-être de l’extrême-gauche. Toutefois, ceux qui s’en revendiquent explicitement, s’attribuant le terme de « gaullistes », divergent profondément des options politiques et philosophiques assumées ou défendues dans l’intimité par le général. Dupont-Aignan, à l’instar de Pasqua auparavant, ou encore du souverainiste Couteaux, voit dans De Gaulle une figure souverainiste, presque nationaliste, refusant toute idée d’une Europe unie au-delà d’une très vague « Europe des nations » basée sur une libre coopération. Certains autres au nom de De Gaulle proclament une certaine forme de germanophobie. Chirac ou Villepin se sont également revendiqués du grand homme, sans que cela n’apparaisse spécialement dans leur programme.

Or il apparaît que De Gaulle était un personnage beaucoup plus complexe, et controversé, que ses défenseurs officiels ne veulent bien le croire. Certains s’insurgent contre la revendication, récente, de Marine Le Pen d’être dans la continuité idéologique de De Gaulle. Ils ont raison de s’en insurger mais cette dernière se revendique du même faux « De Gaulle » que celui de ses adversaires de l’UMP. Alors, quel était donc le vrai De Gaulle, selon moi, et qui en est au final l’héritier légitime, s’il en est un.

De Gaulle est d’abord l’homme du 18 juin 1940, celui qui a dit non à la résignation face à la défaite et à l’occupation du territoire national par l’armée allemande. Son geste repose sur un pari selon lequel l’Allemagne ne pourra pas gagner la guerre et qu’il faut offrir à la France la meilleure place au sein de l’Europe future libérée par les alliés. Ce pari est dans l’autre camp le même qu’un Laval qui croit à la victoire de l’Allemagne et cherche de son côté à assurer à la France un sort meilleur. De Gaulle reconnaît explicitement cette parenté inversée, en affirmant dans ses Mémoires de guerre, « si j’ai eu tort, c’est que Laval et Déat ont eu raison ». En fait, c’est la position mi-figue mi-raison d’un Pétain qui insupporte profondément Charles De Gaulle, la position de celui qui ne choisit pas son camp, qui ménage l’occupant sans se rallier à lui, qui ménage aussi l’opposition à ce même occupant mais là encore sans s’y rallier. L’attitude d’un Mitterrand, qui fut son adversaire politique en 1965, était sensiblement la même que celle de Pétain, à savoir un ralliement à l’Etat français, dont il reçut la francisque, puis une évolution progressive vers la résistance.

De Gaulle, premier résistant. De Gaulle, qui réussit à épargner à la France l’AMGOT, une occupation gouvernementale américaine du territoire national, et à permettre à son pays de faire partie des vainqueurs de 1945, au grand étonnement des autorités allemandes présentes pour signer la capitulation. De Gaulle, qui a simplement fait un pari à partir de sa culture stratégique et géopolitique, un pari gagnant. Mais De Gaulle a toujours respecté son ennemi, et c’est tout à son honneur, et n’a jamais cédé aux ficelles grossières de la diabolisation. En Russie, il s’exclame ainsi « quel grand peuple ! ». Ses hôtes russes s’imaginent qu’il parle de leur peuple, alors qu’il évoque les allemands, dont il admire la volonté militaire qui les a amenés au cœur de la Russie d’Europe. Dans ses Mémoires de guerre, il évoque le défunt chancelier comme un « sombre Titan », usant même de l’expression de Nietzsche à propos de Napoléon, « mélange de l’inhumain et du surhumain ». Ce n’est pas une apologie, mais c’est encore moins une opprobre. Il évoque aussi la réconciliation franco-allemande, une nécessité évidente à ses yeux, même lorsqu’elle est prônée par un certain Heinrich H. dans un courrier que ce dernier lui fait parvenir.

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10/05/2011

Romulus, conditor urbis Romae

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romulus114.jpgDe souche italique, bien que la tradition ultérieure en ait fait un rejeton lointain d’Iule, le fils du héros troyen Enée, le fondateur de Rome en 751 avant J.C associe en lui l’histoire mythifié du premier roi des Romains avec la tradition mythologique indo-européenne, et italique, dont il est l’héritier.

La tradition romaine présente Romulus et Rémus comme deux jumeaux divins, nés des amours du dieu Mars avec une princesse vestale du nom de Silvia, recueillis par des animaux, une louve dont les nouveaux nés purent boire le lait et un pivert qui leur amena de quoi manger, puis par un berger et son épouse. Lorsque la volonté divine souhaitera départager les deux frères, après qu’ils aient su qui ils étaient en vérité et qu’ils aient décidé de fonder une nouvelle cité, Romulus mit son frère à mort, à l’issue d’un combat entre eux deux et alors que les signaux envoyés par Jupiter étaient d’interprétation mal aisée, Romulus ayant vu douze vautours alors que Rémus n’en avait vus que six mais avant que son frère ne voit les oiseaux qui lui étaient dédiés. Incapables de décider entre le nombre et l’antériorité, par le biais d’un duel, Romulus se montra supérieur à son frère. La tradition indo-européenne présente d’ailleurs les deux jumeaux comme inégaux, l’un étant mortel et l’autre immortel (Castor et Polydeucès par exemple).

Fondateur d’une cité sur le sang de son frère, Romulus s’associe un peuple de bergers et de maraudeurs de souche latine qu’il place sous le patronage de son propre géniteur, le dieu guerrier. Mars était d’ailleurs d’une manière générale le patron des nouvelles cités et tribus italiques, toutes fondées par le biais d’un rite ancestral, le ver sacrum ou « printemps sacré », consistant en l’expulsion d’une partie de la jeune génération, guidée vers un nouvel emplacement par le dieu Mars sous les traits d’un animal spécifique (loup pour les Hyrcaniens, ours pour les Ursins, cheval pour les Eques, pivert pour les Picéniens… etc).

Cité d’hommes, Rome doit se doter de citoyennes et les premiers romains prirent femmes en s’emparant des filles sabines, retirées de force à leurs familles. A l’issue d’un conflit qui rappelle celui des Ases et des Vanes dans la mythologie germanique, Sabins et Romains ne font désormais plus qu’un, une fois que les mariages forcés ont été validés par les jeunes épouses et purifiés par la déesse Venus Cloacina, et ce malgré la trahison de l’une d’entre elles, Tarpeia, mal récompensée par les dieux pour avoir voulu offrir Rome à son ancien peuple.

Le règne guerrier de Romulus, fidèle en cela à l’esprit de son père, est davantage l’expression de la vengeance du fils abandonné sur sa famille latine qui l’a rejeté et qui a causé la mort de sa mère. A l’issue d’une vie bien remplie, les mythes varient sur le sort donné au héros. A-t’il été assassiné par les premiers sénateurs, ennemis de tout pouvoir personnel, selon cette haine des rois qui a été une des caractéristiques du peuple romain jusqu’à ce qu’il tombe en soumission devant les « nouveaux rois » qu’étaient les empereurs tyranniques qui succédèrent à Auguste ? Ou bien a-t’il été emporté dans un orage et est-il monté au ciel ? Cette seconde tradition paraît davantage conforme au mythe originel et peut s’interpréter de deux manières. Une première lecture est de voir dans cette disparition l’enlèvement du héros par son père Mars, ainsi introduit par les immortels, un Mars orageux qui ressemblerait davantage à ce que son prototype ancestral avait pu être à l’époque indo-européenne. Une seconde serait de voir dans l’orage lui-même l’expression du pouvoir de Romulus lui-même.

En effet, une fois disparu du monde des vivants, Romulus est divinisé sous le nom de Quirinus, qu’on interprète généralement comme Couirinus, « rassembleur des hommes ». Mais une étude récente laisse à penser que Quirinus serait la variante latine du terme indo-européen de *perkwunos, « frappeur », épiclèse du dieu de l’orage. Quirinus est ainsi présenté par Florus comme un Mars tranquille (Mars Tranquillis), donc comme la variante du dieu guerrier sous une forme plus douce. On peut voir ainsi en un Mars Quirinus le dieu dans son rôle de maître de l’orage fécondant la terre (et les champs fertiles), à la différence d’un Mars Gradiuus plus spécifiquement guerrier.

A l’issue du césaricide que les assassins présenteront comme une défense de la république face à un aspirant roi, alors même que César avait donné des gages explicites de sa volonté de ne pas revendiquer un pouvoir de cette nature, mais qu’on pourrait aussi comprendre comme la peur face à un conquérant aventurier qui souhaitait attaquer le royaume parthe, royaume à l’époque considéré comme terrible, contre lequel s’était brisé le triumvir Crassus et face auquel Antoine quelques années après la mort du grand homme se heurta également, Octavien avait songé à prendre le nom de Romulus, pour finalement choisir celui d’Augustus. Le mythe d’un Romulus lui-même mis à mort comme César le dissuada de se revendiquer explicitement de ce glorieux ancêtre.

Octavien était issu d’une famille liée au culte de Mars, dieu dont César se revendiquait le représentant, et c’est au nom de Mars Vengeur (Ultor) qu’Antoine et lui massacrèrent les sénateurs renégats à l’issue de leur victoire commune de Philippes. Devenu princeps, il fit construire au cœur de son forum un temple massif dédié au dieu romain, accompagné de nombreuses statues des pères fondateurs de Rome, Romulus en tête, ainsi qu’Enée ou encore Camille, autre fidèle de Mars à qui il avait dédié un temple à l’entrée de la Porte Capène.

Lorsque l’empereur Maxence voulut redonner en 310 A.D toute sa splendeur à la Rome impériale, et notamment fit rebâtir ou rénover de nombreux temples, il donna à son fils le nom de Romulus. Au nom d’un Mars Propagator, Maxence voulut refonder Rome pour une nouvelle marche en avant. Mais son armée sera écrasée par Constantin l’apostat, alors même que son corps ne sera pas retrouvé. Dernier Romulus, le fils d’Oreste eut un destin à peine plus favorable, si ce n’est qu’il fut empereur. Romulus Augustus, que ses adversaires surnommaient Augustulus, « le petit Auguste », n’eut guère à connaître le sort de son illustre homonyme. Il fut vite déchu de ses fonctions par le tyran germanique du coin, Odoacre, et mourut dans l’anonymat. Il était le dernier empereur romain d’occident, et probablement lui-même était demeuré fidèle aux anciens dieux.

Romulus, condottiere héroïque, chef de guerre, bâtisseur de Rome, se voit chaque 21 avril, même dans la Rome moderne, fêté, ainsi que la louve qui le nourrit et qui désormais désigne le symbole même de la cité éternelle, et de l’une de ses équipes de football. Fils de la guerre, il offrit douze siècles de gloire à Rome, comme les douze vautours qu’il avait vus dans sa jeunesse, et ce fut un autre Romulus qui clôt ce cycle. Vidé de ses habitants, Rome au Vème siècle n’a plus que 50.000 citoyens. Au sein d’une Italie morcelée, Rome cesse d’être la capitale des Césars pour tomber sous le joug de l’évêque de Rome, rebaptisée « souverain pontife » (terme désignant le prêtre suprême dans la Rome païenne), agissant en monarque jusqu’en 1870.

Thomas Ferrier
Secrétaire général du PSUNE

08/05/2011

Faire face à l'europhobie de "gauche" et de droite !

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Qu’est-ce que l’europhobie ? Il s’agit au sens strict de la peur irrationnelle de l’Europe, de l’unité politique du continent européen, ou simplement des Européens en général. Le réflexe europhobe peut arriver à des personnalités publiques qui par la suite feront promotion de l’union politique. Ainsi François Mitterrand a-t’il été atteint par deux fois d’un tel réflexe, en 1954 lorsqu’il vota contre le traité de la Communauté Européenne de Défense et en 1989 lorsqu’il manifesta publiquement ses réticences à l’idée d’une réunification allemande, blessant profondément l’opinion de beaucoup d’allemands. Mitterrand avait connu la seconde guerre mondiale et malgré cette empoignade célèbre avec Helmut Kohl, la réconciliation n’était pas si facile. Dans un discours à Strasbourg, quelques années après, célébrant le courage des soldats, quel que soit leur uniforme, Mitterrand a démontré qu’il était tout autant capable de manifester une europhilie sincère.

Il existe une europhobie de « gauche » et une europhobie de droite, qu’on ne saurait confondre avec l’euroscepticisme, même si la frontière entre les deux est parfois fragile. Il est difficile de dire si Chevènement par exemple est europhobe, sachant qu’il s’efforce toujours malgré des a priori très défavorables d’élaborer une critique qui se veut constructive et optimiste. De la même façon, le diplomate Hubert Védrine est très réservé sur le processus unitaire européen, de même que le géopoliticien « de droite », Aymeric Chauprade, hostile à ce qu’il appelle les pan-ismes selon sa grille d’analyse. On ne saurait les qualifier selon moi d’europhobes.

L’europhobe de « gauche » ne se contente pas de dénoncer le libéralisme de l’Union Européenne, les menaces sur les acquis sociaux ou sur le service public, et a cessé de revendiquer une « Europe sociale ». Le Parti des Travailleurs réclame ainsi que la France quitte l’Union Européenne. En vérité, l’essentiel de l’europhobie de « gauche », et des banlieues, est avant tout un racisme anti-blancs, et par extension une hostilité à la culture européenne et à la spiritualité pagano-chrétienne. C’est le rejet de l’européen en tant qu’européen au profit d’une diversité mondialiste et d’une « citoyenneté » planétarisée. L’extrême-« gauche » rejette aussi l’Union Européenne pour sa potentialité anti-mondialiste, parce qu’elle pourrait échapper à ses maîtres et devenir l’embryon d’une Europe régénérée, resourcée en elle-même, et à nouveau européenne. Bien que les flux migratoires vers l’Union Européenne soient intenses, et que le refoulement migratoire demeure marginal, l’extrême-« gauche » dénonce une Europe de l’exclusion, une « forteresse Europe » (expression rappelant la Festung Europa de la propagande nationale-socialiste), alors que c’est une « Europe passoire ».

L’europhobe de droite, souverainiste ou nationaliste, dénonce dans l’Union Européenne une entité politique qui attaque la nation, une nation fétichisée et redéfinie au mépris des faits historiques. L’européisme y est dénoncé comme un mondialisme, même si les européistes en question définissent l’Europe sur des bases anthropologiques et civilisationnelles objectives, comme un complot contre la nation, comme un viol du peuple. L’europhobe de droite ne cherche pas à fonder son refus sur une démarche critique, à la différence de l’eurosceptique, même s’il peut utiliser les arguments de ce dernier pour alimenter sa phobie ou la communiquer.

En premier lieu, l’europhobe de droite, souvent primaire, assimile l’Union Européenne à différents régimes totalitaires ou non. Certains qualifient à l’instar du libéral atlantiste russe Vladimir Boukovski, qui n’hésite jamais à exprimer son hostilité à Poutine et Medvedev par ailleurs, et qui ne vit pas en Russie, l’Union Européenne de nouvelle Union Soviétique. Marine Le Pen évoque ainsi une « UERSS » totalitaire. On cherche en vain goulags ou asiles pour dissidents politiques. En même temps, elle dénonce le libéralisme économique qui règne à Bruxelles. Une URSS libérale et atlantiste, voilà bien un étrange objet. D’autres considèrent que l’Union Européenne est un quatrième Reich, à l’instar de Pierre Hillard, qui voit dans les projets d’Europe des régions la réminiscence d’un fédéralisme SS. Il est vrai que la IXème symphonie de Beethoven par Von Karajan a pu être joué au moins d’avril 1945 dans les rues de la capitale allemande et que l’expression « communauté économique européenne » a pu être employé par Funk (Europäische Wirtschaftgemeinschaft). Mais en vérité, la comparaison est tellement caricaturale qu’elle n’en est que plus pathétique. Pan-Europe n’était pas la NSDAP, l’Union Européenne ne persécute pas les juifs. Enfin, certains comparent l’Union Européenne aux USA. Mais il y a plus fort encore. Certains réussissent l’exploit d’associer les trois comparaisons en même temps. Voilà donc une Union Européenne communiste mais libérale, fasciste mais mondialiste, totalitaire mais qui permet aux mouvements nationalistes d’avoir des députés à Strasbourg. Etonnant, non ?

En revanche, le drapeau français est paré de toutes les vertus. Pour des souverainistes ou nationalistes comme Dupont-Aignan ou Marine Le Pen, c’est assez logique. C’est plus surprenant chez une Ségolène Royal qui revendique ce drapeau à son tour, refusant de le laisser à l’extrême-droite. Mais la réponse au nationalisme n’est pas dans le nationalisme, de type universaliste qui plus est, de Ségolène Royal, qui est le même en fait que celui de Marine Le Pen. Mais dans le drapeau bleu étoilé.

UERSS.jpgeunaz2.gifPour symboliser leur « conception », différentes caricatures du drapeau européen sont proposées. J’en présente ici trois. Les deux premières considèrent l’UE comme nouvelle URSS. Le premier drapeau ajoute la faucille et le marteau ainsi que la mention « UERSS ». Le second drapeau, que je ne présente pas, représente l’actuel drapeau de l’UE repeint en rouge. Fortuitement, c’est aussi la couleur du drapeau du PSUNE et de l’euro-socialisme qu’il entend représenter. Le troisième drapeau témoigne de la volonté de nazifier l’Union Européenne, avec la couleur rouge, le cercle blanc et les étoiles noires. L’absurdité de cette caricature n’empêche pas des associations, des partis politiques et des groupuscules à les utiliser.

Que reproche-t’on à l’Union Européenne lorsqu’on est un europhobe de type nationaliste ? De détruire une nation qui existerait depuis deux millénaires ? Bien évidemment, tout historien sérieux sait que Vercingétorix, Clovis ou Charlemagne ne sont en rien des rois de France, même en gestation, et que le sentiment national français émerge au XVème siècle pour exploser à partir de la fin du XVIIIème siècle, comme dans les autres pays d’Europe. En fait, la nation française, comme la nation italienne ou la nation allemande, est beaucoup plus récente. Et l’unification capétienne doit tout à des contingences historiques, au hasard des traités et des mariages, et rien à une volonté nationale populaire. On pourrait même affirmer que Sieyès est le premier à théoriser véritablement la France comme nation, en 1789, dans son « Qu’est-ce que le tiers-état ? ».

Au nom d’une France universelle, on refuse une Europe unitaire. On refuse d’imaginer un devenir commun avec les autres européens, l’idée d’un peuple européen au singulier amènera l’europhobe de droite à nier la parenté entre européens, à la relativiser, selon le principe du « on est trop différents », alors même qu’on considérera les migrants francophones venant d’Afrique par exemple comme des compatriotes. En clair, la différence marginale est fétichisée et devient un obstacle absolu, alors que des différences beaucoup plus significatives sont niées au nom d’un universalisme français, qui a été responsable notamment de la colonisation, ce qui indique à quel point il est tout sauf une idéologie de progrès.

Haro sur l’€. De l’économiste Jacques Sapir à Marine Le Pen et Nicolas Dupont-Aignan, l’euro est devenu le mal économique absolu. La dévaluation, ruinant les petits épargnants, devient en revanche une vache sacrée à honorer. Bien sûr, l’euro a des difficultés, essentiellement exogènes (la crise américaine des subprimes), comme le dollar d’ailleurs, difficultés principalement dues à l’indépendance de la Banque Centrale Européenne et à la volonté du gouvernement allemand de maintenir un euro fort, plus favorable à l’économie du pays. C’est ainsi qu’on peut considérer à sa manière Angela Merkel comme europhobe. Il faudrait, et le PSUNE le prône, que la BCE soit contrôlée par un véritable gouvernement européen, démocratiquement élu et légitime, et dans un premier temps, par une commission parlementaire européenne. C’est la seule réponse crédible à opposer aux adversaires de l’€. Marine Le Pen, toujours elle, prétend avoir toujours su que l’€ allait échouer et joue les Madame Irma en pronostiquant la disparition de l’euro. Méthode Coué.

L’€ est attaqué d’abord parce que c’est un des rares symboles européens qui parlent aux gens. C’est une preuve concrète et quotidienne de la réalité de l’Europe. Bien sûr, les europhobes dénoncent l’€ comme responsable d’une hausse des prix, ce qui est partiellement exact, mais le phénomène est compensé dans d’autres domaines, comme le coût de l’énergie. Et de toutes façons les opposants à l’euro fort sont bien souvent des anciens partisans du franc fort. Par ailleurs, si l’idée de revenir à une monnaie nationale n’est pas en soi choquante, pourquoi les opposants français à l’euro veulent ils appeler cette monnaie « franc » ? On voit bien ici que l’euro n’est un problème que parce qu’il blesse le fétichisme cocardier de certains. Les considérations économiques de « gauche » ou de droite contre l’€ ne sont en vérité qu’un cache-sexe pour des considérations bassement europhobes.

On fétichise la nation, tout en refusant l’idée de l’Europe comme nation. On fétichise le service public tout en refusant d’imaginer un service public européen qui en serait le meilleur rempart. On dénonce l’euro comme ruineux alors que son abandon appauvrirait considérablement le pays. On souhaite le retour aux frontières nationales au lieu d’exiger de vraies frontières européennes. Schengen n’est en rien un problème si les clandestins extra-communautaires sont systématiquement réimplantés dans leur pays. On dénonce une Europe vassale des USA alors que la France seule le serait bien davantage encore, pour de simples raisons de moyens. On récupère De Gaulle dans un sens europhobe alors que le général, bien que sceptique face à la construction européenne qu’il voyait en son temps, avait compris l’Europe politique unitaire comme une nécessité absolue.

Face à l’europhobie, ce n’est pas en parlant d’identité nationale, mal définie d’ailleurs puisque rendu compatible avec la diversité, selon un contre-sens absolu, comme le fait Nicolas Sarkozy, ce n’est pas en voulant imposer le drapeau bleu-blanc-rouge à chaque foyer comme le voulait Ségolène Royal en 2007, ce n’est pas en cessant de parler d’Europe comme le fait François Bayrou depuis plusieurs années, qu’on s’oppose à l’europhobie. On s’y oppose d’abord en prenant en compte les critiques des euro-sceptiques et en faisant de l’Union Européenne une véritable Europe politique puissante ! C'est-à-dire en opposant à la souveraineté française imaginaire (on n’est souverain que si on est assez fort pour l’être) une souveraineté européenne bien réelle. On s’y oppose ensuite en montrant que la « francité authentique » c’est l’européanité. On ne s’y oppose pas en imitant les europhobes, imaginant faussement que leurs électeurs le sont aussi, alors que généralement ils ne votent pour la droite « populiste » qu’à cause de l’immigration extra-européenne et pour la gauche « populiste » qu’à cause du chômage et des outrances de l’hyper-classe, et pas par rejet de l’UE. Tout au plus par déception de cette dernière, déception justifiée, et déception qu’on résorbera en faisant de l’Europe une nation au sens fort, une nation souveraine, puissante et vraiment européenne !

Thomas Ferrier
Secrétaire général du PSUNE

Le patriotisme européen contre l’europhobie !

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2408923518.jpg9 mai, fête de l’Europe ! Oui, mais elle n’est un jour férié dans aucun état membre, à la différence d’un 8 mai par exemple, qui symbolise certes la victoire sur une idéologie criminogène mais aussi la division en deux et pour un demi-siècle du continent européen. Comment les européens pourraient-ils s’identifier véritablement à leur continent, à cette union politique si malmenée en ce moment, à ses symboles ? Comment peuvent-ils exprimer concrètement leur européanité, que les mondialistes leur nient par ailleurs au nom d’une « citoyenneté » du monde totalement imaginaire ?

Pour s’opposer à cette vague d’europhobie qui s’abat sur l’Union Européenne, en raison notamment, on l’a vu dans un article précédent, de l’impuissance de ses institutions et de la médiocrité de ses dirigeants et de ses parlementaires, il faut lui opposer un véritable patriotisme européen, au nom de cette Europe qui est notre terre, qui est aussi notre civilisation, de cette Europe née d’un même sang, unie par une même âme.

Le PSUNE demande aux chefs d’état et de gouvernement de l’ensemble des états membres de l’Union Européenne de décider de faire du 9 mai un jour férié pour tous les européens. Mais cela ne suffit pas. Il faut faire du 9 mai une fête de la réconciliation européenne et plus encore de la puissance européenne. Pourquoi refuser à l’Union Européenne ce que l’on trouve légitime pour les états membres ? Le 9 mai doit donc être plus que la fête de l’Europe, il doit devenir la fête nationale de l’Union Européenne et en ce sens doit disposer d’un défilé militaire européen spécifique.

Chaque année, dans une capitale européenne différente (a priori sur le continent, pour des raisons pratiques), chaque pays européen enverra des représentants de ses forces armées, unités terrestres et aériennes, pour un défilé patriotique européen qui devra démontrer la puissance de l’Europe et susciter le respect des autres puissances. Sachant qu’en Russie, le 9 mai fête la victoire de la Russie, sous le masque de l’Union Soviétique, en 1945, victoire qu’elle se devait d’obtenir sous peine de disparition, il me paraît nécessaire d’associer pleinement la Russie à cette festivité et de demander à cette dernière de défiler systématiquement avec les autres armées européennes en présence de ses dirigeants (russes et de l’UE). Le lien entre l’Union Européenne et la Russie sera ainsi considérablement renforcé.

Bien évidemment, faire du 9 mai une fête patriotique implique qu’on renonce complètement aux cérémonies du 8 mai, au nom de la réconciliation européenne, ce qui était il y a plus de trente ans une proposition de Giscard d’Estaing. L’effort de guerre russe, décisif, sera ainsi remercié, et on se retrouvera à nouveau entre européens. Les Etats-Unis ne seront pas associés à cette fête, de la même façon que la France ne participe pas à la fête nationale d’indépendance de ces derniers. Dans le cas français, cela signifie que le 8 mai cessera d’être un jour férié, au profit du 9 mai, et que l’Etat renoncera au défilé du 14 juillet, cette date demeurant toutefois fête nationale et jour férié.
 
Thomas Ferrier
Secrétaire général du PSUNE

8-9 mai 2011 : bilan d’une Union Européenne à l’avenir incertain

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logosite41.pngMontée des populismes europhobes aux élections nationales en Europe, crise des déficits publics dans plusieurs pays européens (Grèce, Irlande, Portugal au sein de l’UE, Islande en dehors), politique de restriction budgétaire au sein de tous les états membres , pression migratoire aux frontières du continent, le cas emblématique étant l’île italienne de Lampedusa, où arrivent par dizaines de milliers tunisiens, lybiens et africains subsahariens, l’Union Européenne va mal et son impuissance à résorber tous ces maux fait douter beaucoup de nos compatriotes européens du bien fondé de cette structure. Marine Le Pen et ses épigones européens ont beau jeu de dénoncer une Union qui ne répond pas aux enjeux du XXIème siècle et aux menaces portées contre notre continent. Et pourtant, il n’existe pas d’alternative, ni politique, ni économique, ni sociale, ni militaire, ni diplomatique, ni énergétique, ni écologique et encore moins démographique et migratoire, à la nécessaire union politique du continent européen dont l’Union Européenne aurait dû être l’incarnation.

Ainsi, pour les vrais européistes que nous sommes, l’Union Européenne actuelle est un échec mais son abandon serait en revanche une véritable catastrophe. En effet, si l’Union Européenne devait se disloquer, ce serait sous les coups de boutoir non pas seulement des eurosceptiques, qui pratiquent souvent une critique constructive, mais bien des europhobes, opposants résolus non seulement à l’Union Européenne actuelle mais à toute Europe politique alternative autre que leur prétendue « Europe des nations », qui n’est qu’une Anti-Europe.

Analysons plus en profondeur les maux qui rongent notre continent et contre lesquels l’Union Européenne actuelle est au mieux impuissante, au pire complice. En matière de diplomatie, à la suite du traité de Lisbonne, l’UE est dotée d’un président, en la personne du fade Herman Van Rompuy, et d’un « ministre européen des affaires étrangères » très effacé en la personne de Catherine Ashton. Autant dire que ces personnes, aussi estimables soient-elles, ne sont absolument pas à la hauteur des enjeux et ont été choisies par les chefs d’état et de gouvernement pour leur incapacité à véritablement incarner l’Union Européenne.

Le président de la commission, quant à lui, le portugais Gustavo Barroso, agent implicite des USA, est chargé de faire appliquer les traités et sert de VRP des droits de l’homme, relayé dans son rôle par des commissaires spécifiques qui vont tout dans le sens de la porosité migratoire et économique des frontières de l’UE. Barroso incarne un libéralisme économique assumé alors même que la crise économique montre les limites de cette doctrine. L’idée de protectionnisme économique européen lui est odieuse, comme l’idée de rétablir des frontières intérieures, conséquences de l’absence d’une politique européenne commune en la matière.

Par ailleurs, la Commission Européenne ne jouit d’aucune légitimité démocratique, malgré des modifications statutaires. En effet, à terme, le président de la commission devrait être élu par les parlementaires européens. Faudrait-il encore que ces derniers jouent pleinement leur rôle.

Le parlement européen, partagé de manière absurde entre Bruxelles et Strasbourg, et en ce sens je partage tout à fait l’avis de Roland Ries, maire de cette dernière cité, pour qui le législatif communautaire devrait être intégralement à Strasbourg, comme cela était le cas à l’origine et conformément aux traités, ne joue pas son rôle.

Certes, on ne peut que se réjouir que le mode de scrutin le plus démocratique, la proportionnelle, y soit globalement en vigueur, ce qui permet une meilleure représentation de la volonté populaire européenne, et de l’idée de faire élire en 2014 une trentaine de députés sur des listes transnationales, même si le véritable courage politique aurait été de proposer de véritables élections européennes, le même jour pour tout le continent, et avec des listes européennes au sens fort, par une répartition par partis et pas par pays. En ce sens, on ne saurait que regretter lors d’un récent référendum que les citoyens britanniques, par rejet de leur gouvernement en place, aient rejeté une réforme plus démocratique du mode de scrutin, alors qu’au Royaume-Uni comme en France, il y a un grand décalage entre la volonté populaire et la représentation parlementaire. Ainsi, le Front National, qui représente près de 20% des électeurs, se retrouve avec seulement deux conseillers généraux et aucun député. De même, Europe Ecologie est-elle obligée de s’allier avec le Parti Socialiste si elle souhaite avoir des élus.

Toutefois, les parlementaires européens ne jouent pas un véritable rôle législatif, d’abord parce qu’ils en sont privés par les traités, et en second lieu parce qu’ils ne font pas preuve du courage nécessaire pour renforcer cette institution. Le poids des représentants europhobes et eurosceptiques n’explique pas tout. C’est d’abord le fait que les députés représentent des partis nationaux, et non européens, le PPE et l’ASDE n’étant pas de véritables partis européens mais des groupes parlementaires, et que « gauche » et droite dans cette assemblée travaillent main dans la main et dans le même sens. Il n’y a jamais d’alternance politique puisque les deux grands groupes se répartissent équitablement les rôles, se partageant par exemple le rôle de président de l’assemblée. Démocratique, le parlement européen l’est par son mode de scrutin. Oligarchique, le parlement européen l’est par son fonctionnement interne.

La dimension peu démocratique de l’ensemble saute aux yeux de beaucoup de nos compatriotes européens. La façon dont le traité prétendûment constitutionnel, rejeté par deux pays fondateurs, a été mis en place presque à l’identique sous la forme du traité de Lisbonne, une fois que le refus irlandais de ce dernier ait pu être renégocié par un certain nombre de promesses et par la peur de l’Irlande d’être isolée, joue beaucoup contre une institution qui paraît déconnectée de la volonté populaire et des réalités politiques quotidiennes. Les remontrances de la commissaire Viviane Reding quant au traitement français de la problématique des migrants roms ont également agacé beaucoup de citoyens, et pas seulement français.

A propos de la question migratoire, les dernières semaines ont mis à mal les relations entre la France et l’Italie concernant la situation de Lampedusa et par extension la question du traitement des migrants illégaux dans une Europe qui n’a pas réellement de frontières autour d’elle. Beaucoup d’analystes affirment qu’il faudrait une réponse européenne à ce problème, d’autant plus que la Grèce annonce être également confrontée à de nouveaux flux par le biais de ses frontières communes d’avec la Turquie, et a exprimé à plusieurs reprises son incapacité à pouvoir les gérer, au point de vouloir construire un mur. Mais dès qu’on évoque la question de la réponse européenne, on nous explique au final qu’il faudrait régulariser tous ces immigrés clandestins. A quoi bon l’Union Européenne alors, puisque l’Italie et la France savent très bien ne rien faire en ce domaine, concrètement.

En clair, et pour conclure ce panorama rapide de la situation de l’Union Européenne, il est impératif de modifier en profondeur ses institutions et son mode de fonctionnement, bien évidemment de changer ses têtes. C’est tout le projet du PSUNE. Donner au parlement européen, du fait de sa légitimité démocratique, le pouvoir que ses élus actuels lui refusent. Mettre en place un parti européen qui représentera en son sein une alternative totale aussi bien aux élus souverainistes, divisés en plusieurs groupes parlementaires, qu’au binôme PPE-ASDE et à leurs alliés libéraux, gauchistes et « pseudo »-écologistes. Cette alternative européiste, nous espérons l’incarner.

Nous n’aimons pas les souverainistes parce qu’ils sont souverainistes mais nous n’aimons pas les « européistes » [de Bruxelles] parce qu’ils ne sont pas européistes. Contre la réaction europhobe, contre les dérives mondialistes, le seul recours, la seule contre-offensive, c’est l’euro-socialisme !
 
Thomas Ferrier
Secrétaire général du PSUNE