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30/10/2017

Elections parlementaires en Islande : un système divisé.

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Island_Thingvellir.jpgLes Islandais étaient amenés à voter pour leurs représentants cet octobre 2017 après avoir voté en 2016, en raison de l’impossibilité de disposer d’une majorité parlementaire stable. Les résultats désormais connus montrent une fragmentation encore plus nette de l’électorat islandais.

Avec 25,2% des voix et 16 députés, le Parti de l’Indépendance (eurosceptique, libéral et conservateur) réalise une contre-performance, perdant 3,8 points et 5 sièges. Bien qu’il demeure le premier parti du pays, le système proportionnel limite son impact et l’oblige surtout à une alliance afin de disposer de 16 sièges supplémentaires, la majorité parlementaire étant à 32 sièges (sur 63).

Avec 16,9% des voix (+ 1 point) et 11 sièges (+1), le Mouvement « Gauche verte » (social-démocrate, eurosceptique, éco-socialiste) maintient et renforce même légèrement ses positions. Le contexte est également favorable à la social-démocratie classique, pro-européenne, l’Alliance sociale-démocrate obtenant 12,1% des voix (+ 6,3 points) et 7 sièges (+4), dans un contexte où l’euroscepticisme reste dominant.

Le Parti du Centre (Miðflokurinn), nouveau venu de centre-droit, sur une ligne là encore eurosceptique mais également populiste, obtient 10,9% et 7 sièges, ce qui est un résultat considérable pour une première candidature aux élections parlementaires. Il semble avoir surtout pris au parti des Pirates, en net recul.

Les Pirates en effet n’obtiennent que 9,2% des voix (- 5,3 points) et 6 sièges (-4). Cette contre-performance est analogue aux autres partis « Pirates » en Europe, qui émergent puis reculent avant de disparaître. C’est un phénomène politique « feu de paille ». En Europe, seul le Mouvement 5 Etoiles italien, qui a émergé sur les thèmes de la démocratie directe via internet, a pu se maintenir à un très haut niveau.

Le Parti du Peuple, qui est à la fois socialiste, populiste et opposé à l’immigration, sur une synthèse originale qui rappelle néanmoins les tentatives de synthèse sociale et nationale, obtient 6,9% (+ 3,4 points) et 4 sièges (+4), perce également. Le Front national islandais (Islenska Þjorðfylkingin) qui avait obtenu seulement 0,16% des voix en 2016 sur une ligne nationaliste, n’était pas candidat.

Le Parti du Progrès (agraire, populiste, eurosceptique) progresse légèrement avec 11,5% des voix (+ 0,6 points) et conserve ses huit sièges. Enfin, le Parti de la Réforme (libéral, pro-européen) s’effondre avec 6,7% des voix (- 3,8 points) et 4 sièges (-3). De même le parti « Futur lumineux », à la fois libéral, social et européen, sombre avec 1,2% des voix (- 6 points) et perd toute représentation nationale. C’est encore davantage le cas avec le parti Aurore (Dögun) qui passe de 1,73% des voix en 2016 à 0,1%.

Les mouvements pro-européens, à l’exception des sociaux-démocrates qui progressent à leur détriment, ont été sévèrement sanctionnés par les électeurs. C’est une ligne nationale, à dominante eurosceptique, qui sort renforcée, avec en outre l’émergence d’un mouvement anti-immigration associant ce refus à des thématiques économiques de gauche. Toutefois le Parti de l’Indépendance en est lui-même victime, alors que la gauche éco-socialiste, eurosceptique, se maintient à un niveau élevé.

L’Union Européenne, que l’Islande a renoncé à rejoindre, n’apparaît plus comme une perspective favorable pour une Islande angoissée qui entend davantage préserver ses intérêts et qui craint pour son identité face aux phénomènes migratoires, alors qu’il n’y a que 300.000 Islandais, soit à peine le nombre d’habitants du Grand Nancy en France.

Thomas FERRIER (Le Parti des Européens).

22/10/2017

Elections en Tchéquie : une droite renforcée, une gauche moribonde, un euroscepticisme en hausse

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Tchéquie,ANO2011,Babis,SPOLes élections législatives tchèques qui se sont déroulées les 20 et 21 octobre 2017 ont permis la victoire d’Andrej Babis, à la tête du mouvement ANO 2011, un candidat milliardaire représentant la droite libérale et qui a fait campagne notamment sur le refus d’accueillir des migrants. Babis, comparé par certains à un Berlusconi tchèque, a obtenu 29,64% des voix (+ 11 points) et 78 sièges (+31). Il n’a certes pas obtenu la majorité absolue, qui est de 101 sièges (sur 200) mais il est en mesure de bâtir une coalition autour de son mouvement.

Le parti civique démocratique (ODS), dirigé par Petr Fiala et connu pour ses positions plutôt eurosceptiques et conservatrices, avec 11,32% des voix (+ 3,6 points) et 25 sièges (+9), pourrait donner une majorité parlementaire à Babis dans le cadre d’une coalition, sachant que ce dernier a indiqué en revanche qu’aucune alliance avec l’extrême-droite, à savoir le Parti de la liberté et de la démocratie directe (SPD) de Tokio Okomura. Dans ce contexte, Babis s’opposera nécessairement au président français Macron et maintiendra certainement le soutien de son pays au groupe dit de Visegrad.

La volonté de renouvellement des électeurs s’est également exprimée par le succès du parti nationaliste SPD, qui obtient 10,64% et 22 sièges pour sa première élection législative, confortant les résultats des élections européennes. L’existence de ce parti, qui ne participera certes pas à une coalition au pouvoir, ne peut qu’encourager Babis à maintenir une ligne dure sur les questions migratoires. Les Pirates tchèques (Pirati), phénomène transnational aux succès en dents de scie, ayant quasiment disparu d’Allemagne après quelques succès mais ayant en revanche réussi en Islande à peser sur la politique nationale, entrent au parlement avec 10,8% des voix (+8,1 points) et 22 sièges.

L’émergence de ces nouveaux partis, en plus du succès de l’ANO de Babis, se fait au détriment des partis traditionnels. Les communistes, qui étaient encore bien représentés, tombent à 7,76% des voix (- 7,15 points) et 15 sièges (-18). Les sociaux-démocrates du CSSD avec 7,27% des voix (- 13,09 points) et 15 sièges (-35) sont littéralement laminés. Ces deux partis de gauche réunis perdent en tout près de 20 points, ce qui est considérable. La peur du laxisme migratoire prêté à la gauche a été déterminante pour expliquer son effondrement électoral.

Mais la droite classique, représentée par les démocrates-chrétiens et le mouvement TOP 09, ne s’en sort guère mieux. Le KDU-CSL (chrétien-démocrate) n’obtient que 5,8% (-0,8 points) et 10 sièges (-4) tandis que TOP 09 obtient 5,31% (-6,7 points) et 7 sièges (-19).

Enfin le mouvement modéré des « Maires et indépendantes », s’appuyant sur son enracinement local, obtient 5,18% des voix et fait rentrer au parlement 6 députés.

Les petites formations politiques sont également victimes du succès d’ANO et autres des formations émergentes. Avec 1,46% des voix (- 1,74), les Verts (Zeleni) perdent tout rôle politique, de même que le Parti des droits civiques, de gauche modérée, qui doit se contenter de 0,36% des voix (- 1,15). Ils subissent tous le rejet de leurs thématiques dans un contexte de forte angoisse identitaire.

Avec l’émergence du SPO, les autres partis de droite radicale, qui étaient nombreux à se présenter, sont marginalisés. Le mouvement Svobodni (« Parti des citoyens libres »), eurosceptique, tombe à 1,56% des voix (- 0,91). En revanche le mouvement Rozumni, eurosceptique, obtient 0,72% (+ 0,45). Enfin le mouvement des Réalistes (Realisti), là encore eurosceptique et anti-immigration, obtient 0,71% des voix.

Les formations encore plus dures, comme l’ultra-radical DSSS (Parti des travailleurs et de la justice sociale) avec 0,2% des voix (- 0,66), l’Ordre de la nation (RN-VU) avec 0,17%, comme le Bloc contre l’islamisation (0,1%) ou comme les Républicains de Miroslav Sladek (SPR-RSCMS) avec 0,19% des voix, sont maintenues à des scores dérisoires, sans parler du Front national tchèque (117 voix en tout) ou de « La nation ensemble » (300 voix). Mais toutes illustrent néanmoins la volonté tchèque de se préserver du globalisme.

25,7% des électeurs thèques ont voté pour des formations nationalistes ou souverainistes opposés à l’Union européenne comme à l’arrivée de migrants, ce qui est considérable. Certains des partis proposant une offre eurosceptique seront certainement associés au nouveau gouvernement autour de la figure d’Andrej Babis (ANO), qui est la seconde plus grande fortune du pays. Ce dernier n’entend pas se faire dicter sa politique par quiconque, et certainement pas par Bruxelles. Babis ne tombera certes pas dans l’euroscepticisme, pas davantage que Viktor Orban en Hongrie n’y a cédé, mais va accroître le pôle de résistance d’Europe médiane. Le succès autrichien de Sebastian Kurz devrait renforcer également ce pôle.

Il serait peut-être que les dirigeants d’Europe occidentale, et par conséquence les responsables de Bruxelles, comprennent que la politique qu’ils proposent est impopulaire et contraire à l’intérêt véritable des Européens. L’unité européenne ne sera possible qu’en trouvant un terrain d’entente, c’est-à-dire en refusant explicitement les « valeurs » du globalisme.

Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)

16/10/2017

Défense et illustration du drapeau européen.

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En 1987, l’alsacien Arsène Heitz, membre de l’équipe de création du drapeau européen, affirmait avoir été inspiré par la couronne mariale. C’est possible. Mais ce n’est pas la seule inspiration qui a abouti à ce résultat. L’organisation Pan Europe prônait un drapeau bleu avec un cercle jaune en son centre et une croix rouge en son sein, unissant le soleil d’Apollon et la croix des croisés.

Le bleu est la couleur de l’Europe, par ses aspirations célestes et par les mers qui l’entourent. C’est la couleur du firmament, c’est la couleur de Zeus venu sur terre conquérir le cœur d’Europe. Les douze étoiles en cercle représentent la concorde entre les douze « dii consentes » olympiens du lectisterne de 217 avant J.C (dédicace romaine aux dieux pour conjurer la menace représentée par Hannibal), six dieux et six déesses à parité, également cités par le poète latin Ennius.

C’est aussi le nombre de travaux héroïques accomplis par Héraclès, et il est certain que l’effort pour unir l’Europe est digne de Prométhée et d’Héraclès réunis. Le nombre 12, qui résulte de 3*4, de la trinité indo-européenne, puis chrétienne, et des quatre éléments, est un symbole de perfection cosmique. Le cercle représente le disque solaire aussi bien que l’harmonie, qui est dans la mythologie grecque fille d’Arès et d’Aphrodite. Cela rappelle la couronne d’Astrée, la déesse de la justice (et des étoiles), qui régnait sur terre du temps de l’âge d’or aux côtés de Cronos/Saturne.

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Jean-Luc Mélenchon s’indigne que le drapeau européen soit arboré à l’assemblée nationale. Il déclare : « C’est la république française, pas la vierge Marie ». Et s’insurge de devoir être « obligé de supporter ça ». Il oublie que les révolutionnaires de 1789 voulaient étendre leur révolution à toute l’Europe, avant le virage chauvin de Valmy (1792) et la terreur.

Il propose que ce drapeau soit remplacé par le drapeau de l’ONU, symbole du mondialisme par excellence. On songera à Asselineau en campagne présidentielle aux côtés du drapeau français et du drapeau onusien. Marine Le Pen avait exigé sur le plateau de TF1 que le drapeau européen soit retiré et avait annoncé, élue présidente, qu’elle le ferait retirer de tous les bâtiments publics.

Mélenchon a donc proposé de faire retirer ce drapeau, et Macron s’y est clairement opposé. Dupont-Aignan rappela que le statut du drapeau européen était mentionné dans le traité que les Français avaient refusé par référendum en 2005. Je doute pourtant qu’un seul électeur ait voté non pour cette raison. Enfin Louis Aliot a soutenu mollement cette proposition en indiquant que « nous sommes dans l’assemblée nationale, c’est normal qu’il n’y ait que le drapeau français ». Le repositionnement pro-européen du FN à 180° de la position antérieure et que Marine Le Pen a officialisé dans son discours de Carpentras, a encore du mal à rentrer dans les esprits.

D’un point de vue juridique et institutionnel, il est indiscutable que la présence du drapeau européen à l’assemblée nationale pose question. Mais il rappelle l’engagement européen des dirigeants et parlementaires français mais aussi le caractère européen du peuple français. C’est un symbole fort, exactement comme la statue de Minerve/Athéna sise devant l’assemblée. Qu’une déesse païenne, symbole même de la religion native européenne, s’y trouve, devrait indigner ce laïcard de gauche.

Le drapeau européen n’a pas à être associé mentalement à la politique des actuels dirigeants de l’Union Européenne, qui sont choisis par les chefs d’état et de gouvernement, qui plus est. Sinon, il faudrait refuser de la même façon le drapeau français sous prétexte qu’il a été instrumentalisé par des gens dont on condamne la politique.

Ce drapeau est innocent de l’exploitation qu’en font des dirigeants incapables par ailleurs de le brandir et encore moins de mourir en son nom. C’est à nous, les vrais européens de sang et d’âme de le reprendre à ceux qui ne sont pas dignes de le brandir. Le drapeau européen bleu aux douze étoiles doit devenir le symbole de la résistance de l’Europe au mondialisme. Au lieu d’y voir le symbole de l’oppression globaliste sur l’Europe, voyons-y le symbole de la liberté demain retrouvée, dans l’unité politique et la réconciliation morale du continent. J’ai rappelé que ce drapeau était lui aussi porteur de la longue mémoire européenne.

Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)

Elections autrichiennes : la barre à droite toute.

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800px-Kurz2017.jpgAvec 31,36% (+ 7,37) des voix et 61 sièges (+14), l’ÖVP de Sebastian Kurz réussit son pari de renforcer sa formation politique et maintient le FPÖ de Hans-Christian Strache à bonne distance. Ce dernier, qui avait atteint parfois jusqu’à 37% des voix dans certains sondages, n’a cessé de reculer depuis l’ascension médiatique du ministre Kurz. Le FPÖ néanmoins obtient dans ce contexte 27,35% des voix (+ 6,85) et 53 sièges, ce qui est le meilleur résultat de son histoire, légèrement supérieur à celui obtenu par Jörg Haider en 2000.

Le SPÖ, à la différence de la SPD allemande voisine, ne s’effondre pas. Il obtient 26,75% des voix et 52 sièges, soit le même résultat qu’en 2013. Son électorat se maintient dans un contexte où les formations écologistes reculent de cinq points en tout.

La formation d’Alexander van der Bellen, président autrichien actuel, élu pour faire barrage au candidat du FPÖ Norbert Hofer, s’effondre avec 3,32% des voix (- 9.1) et perd toute représentation parlementaire (-24 sièges). Les Verts (Grüne) ont été victimes également de la concurrence d’une scission, le mouvement Pilz, du nom de son fondateur, qui obtient 4,13% des voix et 8 sièges.

Avec 4,96% des voix et 9 sièges, la liste NEOS, de centre-droit et en faveur de la construction européenne, maintient son résultat de 2013. Le fort tripartisme autrichien a empêché cette formation d’accroître son audience mais elle a su fidéliser son électorat.

Les autres formations politiques populistes sont réduites à la portion incongrue. La liste FLÖ issue d’une scission du FPÖ menée notamment par Barbara Rosenkranz obtient 0,18% des voix. La liste ultra-anti-européenne EUAUS, qui prône une sortie de l’Autriche de l’UE, 0,01%. Les communistes du KPÖ obtiennent 0,73% des voix (- 0,29), récupérant le vote gauchiste. Enfin la liste représentant les minorités musulmanes, liste pro-Erdogan, à savoir le NBZ, obtient 0,06% des voix soit à peine 2600 électeurs. C’est l’échec également pour la formation populiste GILT, qui n’obtient que 0,92% des voix. Les listes divers (Sonstige) sont donc laminées, perdant près de sept points en tout par rapport à 2013.

Le SPÖ a immédiatement proposé une alliance avec l’ÖVP mais Sebastian Kurz va devoir rapidement faire un choix déterminant. Ou bien il peut imiter Sarkozy, et après avoir tenu une ligne droitière pendant la campagne, faire l’ouverture à gauche une fois au pouvoir. Mais ce serait tactiquement maladroit, surtout en Autriche. Ou bien il peut proposer une coalition avec Strache et le FPÖ, au risque de susciter en Europe occidentale une campagne de dénigrement, et c’est probablement le choix qui sera le sien.

Pour le FPÖ, ce résultat est paradoxal. C’est certes son meilleur score mais il est très en-dessous des espérances que Strache pouvait avoir il y a encore quelques mois. Il a été incapable de freiner l’ascension de Kurz qui a su convaincre d’anciens électeurs ÖVP, tentés par le FPÖ, de retourner au bercail. Les perspectives de devenir chancelier s’évanouissent donc.

Si le FPÖ accepte de rejoindre une coalition autour de l’ÖVP, le risque est fort que le parti connaisse une hémorragie électorale à terme, comme cela avait été le cas en 2000. Mais si le FPÖ reste dans l’opposition, on lui reprochera de ne pas vouloir participer au pouvoir et de ne pas être un parti de gouvernement. Il est donc là encore probable que Strache accepte de rejoindre une coalition, à la condition d’obtenir au moins le ministère de l’intérieur.

Une coalition ÖVP/FPÖ avec Sebastian Kurz comme chancelier, est donc vraisemblable. Elle ne suscitera sans doute pas les cris d’orfraie de la coalition précédente ÖVP/FPÖ de 2000. Strache n’est pas Haider et il a su éviter tout le long de sa carrière à la tête du FPÖ les déclarations provocatrices qui inquiéteraient une partie notable de ses propres électeurs.

Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)

15/10/2017

L’impasse de l’indépendance catalane.

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810px-Flag_of_Catalonia.pngToutes les identités d’Europe doivent être préservées et il n’y a aucune raison en soi que l’identité catalane soit écrasée par l’identité castillane. Elles ont toutes le même droit de perpétuer leur héritage/patrimoine et de le transmettre aux nouvelles générations. La France jacobine a écrasé les identités propres à son territoire en imposant le français, c’est-à-dire en réalité le francilien, la dialecte d’oïl de la région parisienne, siège du centralisme capétien puis républicain. Et de même le régime franquiste en Espagne a violemment réprimé les nationalismes catalan et basque.

Mais depuis les années 70, les provinces d’Espagne, comme la Catalogne, ont bénéficié d’une large autonomie. Ce ne sont pas les Espagnols qui mettent en danger l’identité catalane mais les prétendus indépendantistes catalans eux-mêmes, animés par une idéologie gauchiste qu’on peut retrouver chez Podemos, et qui les amènent à se faire les promoteurs d’une immigration immodérée, créant ainsi la seule menace réelle sur l’identité catalane.

En réalité, la pire chose qui pourrait arriver aux Catalans eux-mêmes serait que ces « indépendantistes » qui nient la parenté de culture entre Castillans et Catalans, et entre Européens en général, arrivent au pouvoir d’un Etat devenu indépendant, où ils distribueront la nationalité catalane à tout le monde, détruisant l’identité catalane qu’ils prétendent défendre.

Le gouvernement espagnol ne veut pas de l’indépendance catalane pour de bonnes et de mauvaises raisons. Sa façon d’affirmer son pouvoir ne paraît pas adéquate. Il aurait suffi de garantir les conditions démocratiques d’un référendum, que les indépendantistes auraient certainement perdu, pour désactiver leur action.

Les régionales ou indépendantistes de droite, notamment en Flandre, qui ont apporté leur soutien à l’indépendance catalane se trompent de combat. Les identitaires catalans font fausse route en acceptant que leurs pires adversaires en Catalogne réalisent cette indépendance à laquelle eux-aussi aspirent. Une responsable de SOM Catalans déclare ainsi qu’il n’y a « rien de commun entre l’Espagne et la Catalogne », ce qui est une absurdité d’un point de vue historique. Cette identitaire catalane revendique également la Catalogne française, mais aussi les Baléares et Valence.

Outre le combat commun pour la Reconquista, il y a le même héritage celte, romain et germanique (gothique), sans parler de l’héritage ibère plus ancien. Ce genre de déni me fait penser à celui des souverainistes français, qui considèrent que la France et les autres nations d’Europe n’ont rien en commun, alors que dans le même temps selon eux « tout le monde » peut devenir français.

Alors que le combat identitaire implique de se placer dans le cadre d’une Europe unie, nous retrouvons là les égarements nationalistes classiques. Faire de la Catalogne un État souverain de plus, quel intérêt ? Pour ne pas avoir à contribuer économiquement au reste de l’Espagne, alors même que la gouvernance catalane pratique l’assistanat généralisé ?

Il est indéniable que les États nationaux classiques sont incapables de protéger les Européens contre le mondialisme, mais si l’État espagnol en est incapable, que dire du futur État catalan ? Le cas de l’Écosse est différent puisque c’est parce qu’elle veut rester en Europe qu’elle envisage de se séparer du Royaume-Uni, mais pour y appliquer la même politique migratoire suicidaire, en pire.

Il ne faut pas un État de plus en Europe, mais un seul Etat pour l’Europe. En ce sens, Catalans et Espagnols resteront les citoyens d’un même ensemble, sans les contentieux historiques désormais ringardisés, qui s’appellera l’Europe. C’est dans l’unité politique du continent que se trouvent la réconciliation et la restauration des identités d’Europe menacées par le globalisme, qu’il soit libéral ou marxiste. Les défenseurs de l’indépendance catalane ont tort. Les partisans d’une Espagne unie aussi. Tous deux nient l’essentiel, la nécessité d’une Europe politique forte et unie qui n’a que faire de querelles de clochers sans intérêt, tant que les identités sont préservées.

C’est par l’Europe que l’identité catalane, comme l’identité castillane d’ailleurs, sera préservée. Il est donc impératif que les catalans identitaires laissent à cette extrême-gauche funeste ce fantasme d’une souveraineté de papier et œuvrent plutôt à l’émergence d’une Europe unie, respectueuse par subsidiarité des identités intra-européennes.

Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)

02/10/2017

Elections parlementaires en Allemagne : le Bundesrat sans majorité.

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cdu-og-image-1200x630.jpgAngela Merkel a gagné mais en version Pyrrhus. Avec 33% des voix (26,8% pour la CDU et 6,2% pour le CSU, sa variante bavaroise), obtenant 246 députés (sur 709), la démocratie chrétienne réalise son plus mauvais score de l’après-guerre. C’est dire si la chancelière est devenue impopulaire en quelques années, et une CDU plus courageuse aurait déjà changé de dirigeante, faisant avec elle ce que cette dernière avait fait avec Helmut Kohl.

Son seul motif de satisfaction est d’avoir amené la SPD, avec laquelle elle formait une grande coalition depuis plusieurs années, au plus bas à son tour. Avec 20,5% des voix et 153 députés, la SPD connaît l’un des résultats les plus médiocres de son histoire. Son candidat, l’ancien président du parlement européen Schulz, restera finalement à la tête du parti, au prix du refus de participer à une nouvelle coalition avec la CDU. Cette dernière doit donc se trouver de nouveaux alliés.

Le grand vainqueur de cette élection, par sa marge de progression (+ 7.9 points), est l’AfD dont la campagne fut menée sur un ton identitaire par le tandem gagnant Gauland/Weidel. Même si l’ancienne dirigeante Frauke Petry, à peine élue, claquait la porte du parti en emmenant son député européen de mari, l’AfD est renforcée, avec ses 12,6% des voix et ses 94, et donc désormais 93, sièges. L’extrême-droite classique est laminée, la NPD ne faisant que 0,4% des voix (- 0.9 points) et les REP étant simplement absents, la plupart de leurs adhérents ayant rejoint l’AfD.

Avec 10,7% des voix et 80 sièges, le FDP (libéraux) revient en fanfare au Bundestag. Son jeune dirigeant dynamique, Christian Lindner, qui revendique le ministère de l’économie, a su dynamiser son parti sur une ligne libérale et identitaire, limitant sans doute la marge de progression de l’AfD. Il est devenu faiseur de roi et allié indispensable de Merkel. Mais il va certainement négocier très chèrement sa place.

Les Verts (Grünen) avec 8.9% (+0.5 points) des voix et 67 sièges (+4) sortent également renforcés de ce scrutin, au détriment des sociaux-démocrates. Merkel souhaiterait sans doute les associer au pouvoir pour bâtir sa nouvelle coalition, mais les options très à gauche du parti rendent l’alliance avec la FDP et même avec la CSU très hypothétique. Si elle échoue à bâtir ce que la presse appelle une coalition « jamaïque », elle devra se tourner à nouveau vers les urnes, ce qui serait inédit en Allemagne depuis 1933.

Mais le regroupement de partis aux options antagonistes est très aléatoire et surtout sans stabilité. La CSU pourrait choisir de passer dans l’opposition afin de redorer son blason. De même la CDU pourrait être tentée en cours de mandature de faire tomber Merkel et de changer de dirigeant. Son résultat médiocre ne peut que les y inciter, surtout si l’AfD continue d’accroître son audience à droite.

La gauche radicale de « Die Linke » avec 69 sièges (+5) et 9.2% (+ 0.6 points) se maintient à un niveau élevé. Exclue depuis toujours du pouvoir, même à gauche, son rôle sera le même que celui de l’AfD, faire de la figuration. L’AfD néanmoins pourrait, en cas de coalition minoritaire CDU-CSU-FDP, peser sur la politique du gouvernement, comme le fait le DFP au Danemark.

Dans tous les cas, Angela Merkel a en même temps gagné et perdu les élections. Le désaveu est cuisant. Otage de ses alliés potentiels (Verts et FDP) auxquels elle devra beaucoup céder, au point d’irriter son propre parti, son destin ne lui appartient plus vraiment. Elle ne pourra pas non plus donner suite aux propositions de Macron de refonder l’Union Européenne, certes sur des bases pas plus satisfaisantes que les actuelles.

De la diabolisation à droite.

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De « Poujadolf » (à propos de Pierre Poujade) à la fascisation du général De Gaulle, accusé d’un « coup d’état permanent » par Mitterrand, la gauche marxiste a depuis les années 20 et 30 comme habitude d’accuser de « fascisme » tous ses adversaires idéologiques. Elle a employé cet argumentaire dès les années 80 pour contrer l’ascension du Front National, que ce même Mitterrand avait sciemment rendu possible par l’accès offert à son dirigeant sur les plateaux de télévision.

Ce qui est plus surprenant, c’est que cette pratique de diabolisation que Leo Strauss avait appelée « reductio ad hitlerum » a désormais essaimé à droite et avec un certain succès. C’est désormais par l’anathème que les différentes figures de droite veulent « débattre ». Ainsi Gérald Darmanin a-t-il annoncé que la victoire prévisible de Laurent Wauquiez à la tête des Républicains allait amener le parti à la « droite extrême ». De même, le nouveau dirigeant d’UKIP Henry Bolton a-t-il accusé son adversaire identitaire Anne-Marie Waters de vouloir transformer le mouvement en « parti nazi britannique ».

Enfin Florian Philippot, à peine démissionnaire du Front National, accuse le FN de « mégretisme » sous prétexte que certaines figures du parti sont issues de l’ancien MNR de Mégret, mais sont revenues au FN bien avant que lui-même n’y mette les pieds. L’accusation est amusante dans le sens où il imite ainsi Jean-Marie Le Pen qui en 1998 dénonçait dans les partisans de Mégret « des extrémistes et même des racistes ». Il accuse le FN de retourner à ses « vieux démons », donnant donc raison aux partisans de la diabolisation à outrance de ce parti pour l’écarter du pouvoir. En somme, il dit ouvertement qu’il a quitté un parti qui avait été réellement le diable.

Frauke Petry, ancienne dirigeante du mouvement populiste AfD en Allemagne, parti qui vient de réussir une percée électorale avec 12,6%, claque la porte à peine élue, au mépris du respect dû aux électeurs qui ont voté pour elle, afin de dénoncer des attitudes extrémistes chez ses anciens compagnons de combat. Auparavant, elle avait elle-même été diabolisée par Bernd Lücke, l’ancien dirigeant plus europhobe qu’identitaire, quand celui-ci avait été poussé vers la porte.

On pourrait imaginer que des gens qui ont été victimes de la diabolisation à outrance épargneraient à leurs propres adversaires au sein de leur camp d’avoir recours à ces mêmes ficelles dialectiques. Il n’en est rien. Il faut toujours trouver plus extrémiste que soi pour plaire aux media. Ce faisant, on ne sera jamais consensuel parce qu’il y aura toujours quelqu’un pour vous montrer du doigt.

Florian Philippot, grand artisan de la dédiabolisation ratée, en a fait d’ailleurs lui-même récemment les frais. Alors qu’il ne cessait de dénoncer le « néo-extrémisme » au sein de son ancien parti, une journaliste évoqua alors les messages douteux d’un de ses compagnons de route, quand d’autres rappelaient le passé à Terre et Peuple, organisation que Louis Aliot (FN) qualifiera d’extrémiste bien sûr, d’une de ses lieutenantes.

Et si le manichéisme en politique n’était qu’une façon de taire les vrais débats ?

Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)