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16/05/2016

Quel avenir pour le Front National ? (2ème partie)

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Marion vs Florian. Florian vs Marine.

Flamme-fd-BBR.jpgEn 2017, il ne fait quasiment aucun doute que Marine Le Pen sera au second tour des élections présidentielles, peut-être même en tête de tous les candidats. Peu imaginent de même sa victoire, même face à François Hollande. Les élections régionales ont servi de démonstration de force. Après un premier tour où les deux Le Pen dominaient nettement leur région respective, leur défaite au second tour fut nette. Or si, dans les régions qui lui sont le plus favorables, il n’atteint que 40 à 42% des voix face à un seul adversaire, qui peut croire que Marine Le Pen atteindra plus de 50% des voix au second tour de la présidentielle.

Si le plafond de verre a donc été relevé, essentiellement parce que la situation de la France est de plus en plus catastrophique, il existe toujours. Et il n’est pas sûr que la ligne actuelle, plus rassurante pour les électeurs des partis adverses, permette de conserver le socle électoral déjà acquis. La « France apaisée » aurait pu être le slogan d’un François Mitterrand. Mais il est difficile de penser que le FN puisse jouer la même partition que lui, tout en espérant le vote d’électeurs principalement motivés par les questions migratoires et identitaires.

Par ailleurs la ligne anti-€ et anti-UE, qui permet au FN d’éviter de rentrer dans des débats sur l’identité française et européenne, où il serait alors obligé d’assumer une identité européenne à laquelle il prétend en même temps ne pas croire, n’est pas électoralement rentable. Et elle ferme bien des portes sans en ouvrir de nouvelles. Certes Marine Le Pen s’est dite récemment « européenne », une concession étonnante, mais l’idée même d’une Europe politique, serait-elle identitaire, semble lui faire horreur.

Au sein du FN, comme avant 1998, deux courants s’opposent. Il y a un courant « marioniste », qui a reçu le soutien de plusieurs figures identitaires, et qui se positionne en faveur d’une France plus européenne, plus libérale, plus catholique aussi, un courant ouvert aux alliances à droite. En face on trouve un courant « social-républicain » autour de Florian Philippot. Ce courant se veut plus social, étatiste, parfois sur une ligne qu’on retrouvera même chez un François Hollande, mais surtout anti-européenne et farouchement eurosceptique.

L’euroscepticisme souverainiste, qu’on retrouve aussi en mode extrême chez Asselineau, refuse l’idée européenne au nom de prétendues trop grandes différences entre les Européens, interdisant de penser à toute unité du continent, mais nie dans le même temps des différences bien plus majeures existant pourtant entre « Français de souche » (c'est-à-dire Européens) et « Français issus des flux migratoires post-coloniaux ».

Au niveau électoral et même au niveau des sympathisants et adhérents, la ligne « marioniste » est très majoritaire. En revanche, au niveau de l’appareil politique, et de plus en plus, c’est la ligne « philippotiste » qui s’impose, et chaque départ, chaque exclusion, la renforce davantage encore. Or le FN n’est pas un parti au fonctionnement interne démocratique, et tenir l’appareil est donc essentiel. La nomination des responsables départementaux, la composition du bureau politique, le choix des candidats, tout cela relève de la direction et notamment de la présidente.

Or, à chaque fois que Marine Le Pen a dû choisir entre sa nièce et son lieutenant, c’est ce dernier qui l’a emporté, car il y a une convergence idéologique évidente entre la dirigeante et son « fidèle » vassal, un même logiciel politique. Marine Le Pen ne se sent pas en effet « de droite » et c’est ce qu’elle a ainsi répondu à un Robert Ménard par exemple. Si « Marion » estime le catholicisme, « Marine » a très peu d’empathie à l’égard de cette religion, comme à l’égard du paganisme par ailleurs, qu’elle méprise par ignorance.

Marion Maréchal-Le Pen est donc progressivement marginalisée au sein d’un parti où elle est pourtant très populaire. Privée de soutiens, à part dans sa région d’élection, elle est confrontée à une hostilité croissante d’un appareil politique envahi par les partisans de Philippot, tous standardisés sur un même modèle idéologique et même anthropologique.

On comprend bien que Florian Philippot souhaite au plus tôt l’écarter pour se retrouver en situation de monopole et pour préserver son avenir politique. Le post-marinisme est déjà lancé. Lorsque Marine Le Pen cédera sa place, de sa propre volonté ou par la contrainte, il veut être le seul héritier possible. « Marion » est donc un obstacle à son ascension personnelle.

Marion Maréchal Le Pen aura donc tôt ou tard à faire un choix douloureux, soit la rupture et une aventure solitaire qui a peu de chance de succès, soit la soumission et le silence et donc une disparition politique en douceur, soit enfin une retraite politique précoce pour se consacrer à sa vie professionnelle et familiale, résultante probable de la seconde position.

Une fois « Marion » écartée, Marine Le Pen et Florian Philippot se retrouveront face à face. Une tentation « mégretiste » chez son lieutenant sera sans doute irrésistible. Il faut se méfier de ceux qui proclament haut et fort leur fidélité inébranlable et en font même un principe.

Mais l’histoire n’est pas un éternel recommencement et il est probable que ces petits jeux auront déjà lassé les joueurs que sont les électeurs. Après 2017 et cet échec programmé, il n’est pas sûr que le FN continue dans cette voie ascensionnelle qui est pour le moment la sienne. Surtout, le reniement identitaire de ce parti selon la ligne Philippot, le souverainisme dominant alors sans partage le parti, en décalage total d’avec les aspirations profondes des électeurs du FN, pourrait avoir comme conséquence l’émergence d’une force identitaire nationale et/ou européenne. Les chapelles identitaires qui se rangent par défaut derrière le FN feraient donc probablement un faux calcul à court terme.

Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)

Quel avenir pour le Front National ? (1ère partie)

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Dédiabolisation ou dédramatisation. Provocation stérile ou soumission systémique.

Flamme-fd-BBR.jpgLa ligne de Marine Le Pen depuis son arrivée à la tête du FN en 2011, encouragée par son lieutenant Florian Philippot, repose sur la dédiabolisation. Il ne s’agit pas seulement de taire certaines positions qui pourraient être considérées comme trop radicales ni de cesser de se prêter aux jeux des clins d’œil à des mouvances marginalisantes. C’était la ligne « Mégret », selon le principe de « la main de fer dans un gant de velours ». Aucune déclaration malvenue sur la seconde guerre mondiale mais aucune concession sur les questions d’identité.

La dédiabolisation mariniste consiste au contraire à affirmer haut et fort son ralliement aux thèmes dominants du système en place, et à limiter son ton révolutionnaire aux questions d’économie, ne prônant la rupture qu’avec l’Union Européenne, sans vouloir la réformer dans un sens plus opportun, mais pas avec le multiculturalisme ambiant. Cela a amené la mairie FN d’Hénin-Beaumont à récemment autoriser la construction d’une mosquée au motif que s’y opposer serait illégal.

C’est donc concrètement la recherche d’un adoubement par les autorités politiques et par les vecteurs médiatiques.

Une stratégie potentiellement beaucoup plus efficiente aurait été plutôt la dédramatisation, en expliquant que les mesures (auparavant) préconisées étaient de bon sens, qu’elles seraient salvatrices, et qu’elles étaient bien moins terribles que le résultat d’un pourrissement sociétal bien plus accentué. Toute une dialectique forgée jadis par ce qui a été appelé la « Nouvelle Droite » était prête à l’emploi pour retourner le discours de l’adversaire contre lui-même.

La dédiabolisation aurait dû amener le FN, devenu conformiste, à s’effondrer car « un FN gentil, ça n’intéresse personne ». En outre, comme parti de gouvernement, le FN n’est pas crédible. Ce n’est pas un parti de masse. Les élites y sont rares, les intellectuels inexistants, les rares ayant essayé de s’implanter au sein de ce parti ayant dû plier bagage. Sur de nombreux thèmes, en dehors de ses sujets de prédilection, le FN est faible, malgré la création de collectifs spécialisés.

Pour le moment, le FN de Marine Le Pen a eu une chance incroyable, c’est que sa stratégie a échoué. Normalement, pour tout autre parti, l’échec de sa ligne aurait dû avoir comme conséquence son effondrement électoral. Cela n’a pas été le cas du FN, à qui ses électeurs prêtent un crypto-programme remigrationniste, malgré les déclarations des plus hauts responsables du parti dans le sens au mieux d’une assimilation a minima, vœu pieux ne coûtant pas bien cher, et sans remettre en question les naturalisations complaisantes réalisées par les gouvernements précédents et par l’actuel.

Mais il y aura bien un moment où les électeurs se rendront compte que leur espérance sera déçue, que la vision qu’ils ont de ce parti est celle que ses adversaires en donnent. Quand le FN sera semblable aux autres partis, et que la diabolisation aura cessé, il apparaîtra tel qu’il est et ne tardera pas alors à péricliter. Son salut n’aura alors été que de courte durée. Heureusement pour lui le PS a tout intérêt à maintenir une ligne de démarcation entre le FN et les partis dits « républicains » bien qu’ils ne le soient pas plus que lui.

C’est très différent par exemple d’un parti comme le FPÖ. Celui-ci est bien implanté dans la société civile et la diabolisation n’a plus de prises sur lui. Son candidat aux présidentielles Norbert Hofer est même en passe de s’imposer. Et le dirigeant Hans-Christian Strache est à 34% dans les sondages en cas d’élections législatives anticipées. Or ils n’ont rien renié de ce qu’ils sont. Ils ont tu les provocations dialectiques qu’un Haider pouvait tenir jadis. Mais n’ont pas évolué d’un iota sur les fondamentaux.

Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)

Communiqué : Victoire pour Verdun.

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http://thomasferrier.hautetfort.com/media/01/02/1594474141.PNGCommuniqué du Parti des Européens : Victoire pour Verdun.

Une initiative gouvernementale malheureuse avait consisté en l’invitation du rappeur Black M à un concert destiné à la jeunesse franco-allemande clôturant le 29 mai, journée de commémoration consacrée aux combattants français et allemands, morts ou blessés lors de la bataille de Verdun.

Ce choix, qui avait tout d’une provocation, ou d’un manque criant d’imagination, car on ne voit pas le lien entre l’œuvre « musicale » du dit rappeur et ce sujet mémoriel, et qui paraît décalé aussi d’avec les aspirations de la jeunesse d’Europe, a abouti à une réaction justifiée d’Européens sur les réseaux sociaux. Une campagne demandant l’annulation de ce concert a ainsi commencé.

C’est par la volonté de quelques centaines de blogueurs et de « twitteurs », relayée ensuite par les dirigeants des partis politiques, FN puis Républicains, qui eux arrivèrent après la bataille principale, en espérant en retirer la gloire, que le gouvernement a cédé et le Parti des Européens s’en félicite, même s’il sera vigilant jusqu’au 29 mai contre toute autre initiative inappropriée de cette nature.

La mémoire des 350.000 Européens morts à Verdun, lors d’une bataille où ils firent preuve d’un grand courage, même si cette guerre était une folie et cette bataille une hérésie stratégique, mérite mieux que des hommages politiciens, de responsables politiques qui justement n’ont pas vraiment appris les leçons véritables de ces conflits. Ce 29 mai devrait être un jour consacré à la mémoire européenne, à celle de notre civilisation, et pas de servir de promotion électorale ou musicale à quiconque.

Merci à tous ceux qui ont su faire entendre raison au pouvoir et l’amener à renoncer, même si ce dernier enrobe ce renoncement de leçons morales et d’indignations sélectives. Car face à une décision injuste, tous les citoyens doivent s’opposer. Et cela a été le cas ici. Il est triste toutefois de devoir « montrer les crocs » pour obtenir ce que la raison aurait dû naturellement imposer.

Le Parti des Européens.