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23/06/2013

Le « tous contre un » passe de justesse

ump-lol.jpgLe second tour de l’élection partielle de la troisième circonscription du Lot et Garonne se déroulait ce dimanche, opposant à la désagréable surprise du PS, grand vaincu du premier tour, le candidat UMP Jean-Louis Costes, que Jérôme Cahuzac aurait décrit aujourd’hui au journal Le Monde comme un homme « détesté du plus grand nombre », au candidat FN Etienne Bousquet-Cassagne, fils d’un notable de droite de la région.

Alors que le PS avait appelé à un Front Républicain, dans une circonscription classiquement située au centre-gauche, afin de barrer la route à un potentiel troisième député pour le FN, la participation a augmenté mais avec un vote blanc important, près de 8% des bulletins. Il s’agit de toute évidence d’électeurs de gauche refusant de choisir entre la droite et l’extrême-droite.

Avec 53,76% des voix contre 46,24% pour son adversaire, le candidat UMP s’impose. Il a pu récupérer une partie des électeurs ayant porté leur vote sur des candidats divers droite et des électeurs du PS qui ont suivi les consignes officielles du parti. Néanmoins, le score du FN est impressionnant, dans une circonscription où il était notoirement plutôt modeste. Il a progressé entre les deux tours de plus de 7095 voix, quand l’UMP progressait de 8762 voix, disposant déjà d’une petite avance.

Dans ce cadre, il paraît évident que la droite a assuré la victoire de son candidat naturel, le report des voix en faveur du candidat FN étant principalement et de toute évidence de gauche. L’électorat populaire, par delà les consignes des partis nationaux, se reconnaît davantage dans le discours populiste du néo-FN, avec en arrière fond un ras le bol non seulement envers la corruption des élus (Cahuzac), la déception provoquée par Hollande mais aussi contre une allogénisation qui, sans être comparable à celle de la région parisienne, agace de plus en plus.

Si une victoire du candidat FN était hautement improbable compte tenu du mode de scrutin en vigueur et de la cartographie électorale de ce département, le score du FN reste très élevé et surtout c’est sa marge de progression qui est impressionnante. Il est ainsi passé de 26% à un peu plus de 46% des voix entre les deux tours. On avait de la même façon constaté dans l’Oise une progression au moins aussi impressionnante. C’est certes insuffisant pour s’imposer, même si cette barre symbolique des 50% n’est pas infranchissable. A Marseille, dans la circonscription de Sylvie Andrieux, condamnée mais non encore démissionnaire, le candidat FN, Stéphane Ravier, semblerait capable de s’imposer si une partielle avait lieu. Il n’avait perdu que de très peu en 2012. Dénoncer la corruption serait certainement un slogan de campagne efficace.

Alors que la cote de popularité du président en exercice, après une légère accalmie, repart à la baisse, et que la rentrée s’annonce difficile avec la question des retraites qui va revenir sur la table, ce résultat est un avertissement lourd pour l’actuelle majorité mais aussi pour son opposition. Arnaud Montebourg, qui s’en prend au président de la commission Barroso, qu’il accuse de favoriser la montée du FN par des déclarations publiques inopportunes, ne s’y est pas trompé. Sa déclaration ne suffira pas à détourner l’électorat populaire de cette impasse politique qu’est le vote FN, dont l’europhobie exacerbée est plus que déraisonnable.

Thomas FERRIER (PSUNE/LBTF)

16/06/2013

Nouvelle défaite du PS à une élection partielle

Blason-Lot-et-Garonne.pngCette élection du 16 juin 2013 dans la 3ème circonscription du Lot et Garonne avait valeur de test aux yeux de tous les analystes politiques. Fief de Jérôme Cahuzac, aujourd’hui démissionnaire, où il avait obtenu plus de 46% des voix au premier tour, le PS espérait limiter la casse, alors même qu’il perd toutes les élections législatives partielles.

Les résultats sont sans appel. Avec un taux de participation d’un peu plus de 45% des voix, contre 65% en 2012, les électeurs se sont modestement mobilisés. Ceux qui l’on fait ont voulu sanctionner le gouvernement. L’UMP obtient 28,71% des voix (+ 1,71%) mais le FN obtient le second score avec 26,04% des voix (+10,44%), connaissant ainsi une très forte progression en pourcentage. Le PS finit troisième avec 23,69% des suffrages exprimés, mais seulement 10,35% des inscrits, et est donc éliminé purement et simplement à l’issue du premier tour. Son candidat ne pourra pas accuser Jérôme Cahuzac d’avoir divisé son camp, ce dernier ayant envisagé à un moment d’être à nouveau candidat mais ayant ensuite renoncé. Il est toutefois probable que si Cahuzac avait été le candidat socialiste, et ce malgré l’affaire le concernant, il aurait fait un score nettement plus honorable.

Les autres candidats n’ont fait que de la figuration. La candidate du Front de Gauche n’obtient que 5,08% des voix (+ 0,38%) et le candidat écologiste culmine à 2,78% des voix. Les candidatures de témoignage de personnalités parisiennes, comme le droitier Nicolas Miguet, connu pour son engagement contre les impôts (0,42%), le souverainiste europhobe François Asselineau (0,58%) et le provocateur Rachid Nekkaz (0%, et 0 voix), sont largement marginalisés. L’extrême-gauche se contentera de 1,11%, ne bénéficiant nullement d’un « effet Méric ». Les candidats divers droite, dont le report des voix pourrait être favorable au candidat FN, cumulent 3,76% des voix. Enfin, une candidate « de la diversité », estampillée MODEM, se contente de 2,33% des voix.

Le second tour oppose donc un candidat UMP, Jean-Louis Costes, à un candidat FN, Etienne Bousquet-Cassagne. Sur le papier, l’UMP devrait l’emporter, surtout si les électeurs de gauche s’abstiennent, mais une partie d’entre eux pourrait être tentée, tout comme dans l’Oise il y a quelques mois, de soutenir le FN. L’écœurement de beaucoup de citoyens envers la droite parlementaire, divisée et ridiculisée par le conflit Fillon/Copé, et envers une « gauche » qui a beaucoup déçu et beaucoup trahi, explique à lui seul ce résultat, qui vaut tous les sondages.

Dans une circonscription traditionnellement de gauche, le PS est éliminé. La droite et l’extrême-droite s’affronteront, une fois de plus. Et la majorité parlementaire de la « gauche » va continuer de diminuer. La condamnation de Sylvie Andrieux, si celle-ci démissionne, pourrait à Marseille permettre l’entrée d’un troisième député FN, en la personne de Stéphane Ravier, battu de justesse par la députée socialiste en 2012.

2013 est une mauvaise année pour le PS. 2014 pourrait être pire. Et je ne crois pas qu’en ayant Harlem Désir comme chef de file, le PS peut faire un bon score aux élections européennes.

Thomas FERRIER (PSUNE)