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04/04/2016

Réflexions hebdomadaires (semaine du 28/03/2016)

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Palmyre.

La cité antique de Palmyre a été reprise par les forces syriennes gouvernementales aux fanatiques de Daesh, et ce avec l’appui militaire décisif de la Russie. Malheureusement le site a été considérablement dégradé, le temple de Baal n’est plus qu’un amas de pierres. Cette victoire bien trop tardive nous révèle un formidable gâchis. La responsabilité, ou plutôt l’irresponsabilité, des dirigeants occidentaux, est colossale. Le premier réflexe face aux « printemps arabes » qui fut par exemple celui de Mme Alliot-Marie, apportant un bref soutien à Ben Ali en Tunisie, avant que la presse n’en dise pis que pendre, était le bon. On se souviendra de l’attitude lamentable des occidentaux dans l’affaire iranienne en 1979, lâchant lamentablement le shah avant de réaliser leur méprise, ayant fait de Khomeini un défenseur des libertés avant de découvrir son vrai visage.

L’acharnement de certains dirigeants européens à vouloir à tout prix la tête de Bachar-El-Assad, et prêts à des alliances contre-nature pour obtenir sa chute, est incompréhensible. Qu’avons-nous gagné au final ? Une crise migratoire sans précédent contre laquelle le laxisme de l’actuelle Union Européenne, et de chacun des Etats membres, nous désarme. Des destructions sans doute irréparables du patrimoine antique de la Syrie et de l’Irak. Et un cancer islamiste au cœur du Proche-Orient qui nous envoie ses métastases se faire exploser dans nos capitales. Au final, avec l’aide de la Russie, c’est le régime baasiste qui reprend petit à petit le terrain. Et maintenant celui dont on souhaitait contre tous bon sens la déchéance devient le seul interlocuteur sur le terrain. Tout ça pour ça. Il eut mieux valu soutenir dès le départ Assad dès le premier fumigène de contestation. Combien de vies auraient ainsi été épargnées ?  Combien de sites antiques sauvés ? Et surtout cette brèche migratoire n’aurait pas existé.

Désormais tout le monde est perdant. Mais les dirigeants aveugles qui nous ont emmenés une nouvelle fois à ce désastre ne rendront aucun compte.

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De la déchéance de la nationalité en France.

François Hollande ce mercredi a annoncé renoncer à sa mesure phare, qu’il avait annoncé à grand fracas au lendemain des attentats de Paris, divisant ainsi sa propre majorité. Il accuse la droite d’être responsable de son propre échec puisque, modifiant le texte initial afin de ne pas trop déplaire à la gauche, il devait s’attendre à ce que la droite refuse, ce qu’elle a fait au Sénat, rétablissant le texte d’origine proposé par Hollande lui-même.

Cette mesure n’aurait pas été efficace et serait restée de l’ordre du symbolique, nous dit-on. Mais les symboles sont importants. Ils démontrent notre volonté de résister ou notre faiblesse. Certes ils ne suffisent pas. Ils ne sont qu’un premier pas. Mais si « nous sommes en guerre », comme le dit Manuel Valls, alors il est important de démontrer que nous sommes déterminés à gagner. Cette « déchéance » existait déjà dans le droit français, sans besoin de légiférer davantage, mais jamais aucun gouvernement n’a eu vraiment le courage de l’appliquer sans ménagement, sans atermoiement.

Ceci étant dit, la question n’a jamais été tant de déchoir quelqu’un d’une nationalité dont manifestement il n’aurait jamais dû disposer que de s’interroger sur les critères qui ont fait qu’il l’a obtenue. C’est bien au moment de l’attribution de la nationalité française qu’il faudrait se poser les bonnes questions mais on ne l’a jamais fait puisque ce sont des décisions administratives opaques qui sont à l’œuvre. La « gauche » notamment a ouvert largement l’accès à la nationalité, en France comme dans le reste de l’Europe, et la droite n’a jamais osé revenir en arrière. Lorsqu’elle a tenté de le faire, sous Giscard ou sous Kohl, la « société civile », c'est-à-dire en réalité les différents lobbies, églises aussi bien que loges, syndicats gauchistes ou grand patronat ultra-libéral, s’y est opposée. Voilà ce que la France, et l’Europe, récolte à avoir dévoyé depuis plusieurs décennies ce bien qui appartient au seul peuple et sans bien sûr jamais lui demander son avis, redoutant ou devinant que celui-ci serait le contraire du leur.

Les nationalités des Etats d’Europe occidentale ont perdu objectivement toute valeur, à force d’avoir dévoyé leur sens en la donnant à tout un chacun, oubliant que le principe démocratique de la nationalité, et ce depuis Périclès, c’était le « droit du sang » dont un Giscard prônait encore le rétablissement en 1991 sans être écouté. Schröder en 2000 fut de la même façon un irresponsable, tout comme Papandreou en Grèce ou Rienzi en Italie, en le sabotant. Le résultat est connu.

De la crise russo-ukrainienne.

Beaucoup de fantasmes sur la Russie de Poutine, que certains parent de toutes les vertus mais que nombreux au niveau médiatique accusent de méfaits ou de projets imaginaires. La Russie de Poutine joue en mode défense depuis 2003. Une fois que Poutine a mis fin au pillage de son pays organisé par les oligarques, même s’il en toléra certains, pour peu qu’ils se rallient à son régime et cessent toute activité politique, et qu’il a mis de l’ordre en Tchétchénie, au prix d’un compromis détestable avec un islamiste « modéré » qui devait se révéler pas si modéré que ça, il s’est trouvé en opposition avec les USA. Ceux-ci ont rapidement réactivé la doctrine Brzezinski qu’ils avaient abandonnée lorsque la Russie d’Eltsine gisait à terre. Poutine a essayé de jouer la carte de l’Europe contre les USA, mais l’Europe a été incapable de répondre à son appel. Alors il a fini par se lasser de tendre la main sans que personne ne la prenne en retour.

La Russie se retourne sur elle-même et s’isole, nous dit-on. Mais à qui la faute ? Quand elle s’est tournée vers l’Union Européenne, cette dernière était aux abonnés absents ou au téléphone avec Washington. A partir de 2006, Poutine a considéré que l’Europe ne ferait rien pour lui, qu’elle était incapable de s’émanciper de cette tutelle dont elle a héritée en 1945. La Russie se sent comme une citadelle assiégée, entourée d’ennemis, à part le Belarus de Loukachenko et l’Arménie. La Géorgie puis l’Ukraine ont voulu se rapprocher des USA, s’émancipant de l’influence russe pour se jeter dans les bras de l’atlanto-mondialisme. Ils s’imaginaient sans doute l’ours russe trop affaibli pour réagir. Au contraire, cela a provoqué chez lui un regain d’orgueil. L’ancien président géorgien Sakashvili, désormais membre du gouvernement ukrainien, et atlantiste déclaré, a subi une amère leçon.

La Russie joue en mode défense et pas en mode attaque, contrairement à ce que prétendent les dirigeants polonais et lituaniens, valets serviles de Washington, trahissant ainsi les intérêts de leur pays et les intérêts de l’Europe. Les sanctions économiques absurdes que l’Europe fait peser contre la Russie, obligeant cette dernière à rendre coup pour coup, sont une victoire à la Pyrrhus. Les USA nous font porter le poids d’une division du continent qu’ils attisent.

Reste la question de la Crimée. Celle qui est la cause de toute cette excitation en Europe de l’Est. Celle qui fait croire que la Russie de Poutine jouerait le jeu de l’Allemagne d’Hitler, prête à dévorer ses voisins à la moindre occasion. Celle qui fait qu’une division de chars américains sera installée en Europe de l’Est, au nom de cet OTAN qu’il aurait fallu dissoudre dès 1991. La Crimée a été rattachée arbitrairement à l’Ukraine par Khroutchchev en 1954. Pourquoi donner de l’importance à un acte fait par le despote d’un régime totalitaire ? La Crimée n’est pas plus ukrainienne qu’elle n’était tatare du temps des Ottomans. Elle n’est pas plus russe d’ailleurs en soi. Mais elle abrite depuis le XVIIIème siècle la flotte russe et sa population est majoritairement russophone par ailleurs. Où est donc le drame que de revenir sur la décision absurde d’un hiérarque soviétique ?

Le premier acte que Porochenko aurait dû faire, dès le début de sa mandature, c’est d’aller à Moscou. Rassurer les Russes sur ses intentions. Ce qu’aurait dû faire l’Union Européenne lorsqu’elle a proposé son partenariat à l’Ukraine. Pourquoi exclure la Russie de cette question ? La politique européenne à l’est étant dictée par les USA, elle a sciemment écarté les Russes du jeu. Qu’ils réagissent mal peut logiquement se comprendre. Quand on provoque un ours, il ne faut pas s’étonner de recevoir un coup de patte. Mais quand on lui présente un pot de miel à partager, il devient aimable. Bâtir l’Europe sans exclure la Russie. L’associer au contraire à sa construction. Voilà la saine politique. C’est entre Européens que la solution à la crise ukrainienne se trouve. En écartant les puissances étrangères qui appuient sur nos plaies, hier au Kosovo, aujourd’hui en Ukraine. En réconciliant ceux que l’histoire a divisés.

J’admets parfaitement qu’on puisse considérer que la Russie dans cette affaire n’a pas eu la réaction la plus avisée, mais les dirigeants ukrainiens ont été de véritables irresponsables. La Russie neutralise ses adversaires par la division (Transnistrie, Abkhazie, Ossétie du nord, Donbass) de leur territoire. Les USA font un jeu semblable mais de manière beaucoup plus subtile en Europe occidentale, et ce avec la pleine complicité de nos dirigeants. Mais si la Russie n’avait pas agi de la sorte, l’OTAN serait à ses portes. Ce qu’elle ne peut pas accepter, sachant la russophobie qui règne à Washington, cas de Trump excepté, un Trump qui a d’ailleurs souligné la nocivité de maintenir l’OTAN. Poutine n’est pas la Russie mais un instant de la vie de sa nation. On le devine suffisamment pragmatique pour changer son fusil d’épaule si l’Union Européenne devait enfin prendre son destin en main. A ceux qui veulent que la Russie change, je leur dis de changer d’abord. Songeons à ce monument de propagande américaine, Rocky IV, à l’époque où les relations russo-américaines commençaient à se détendre : « If I can change and we can change, everybody can change ». (Si je peux changer et si nous pouvons changer, tout le monde peut changer.)

Que l’Union Européenne converge vers la Russie, au lieu de s’en défier sous mauvaise influence, et ainsi la Russie convergera vers l’Union Européenne. Ainsi (re)naîtra la « maison commune ».

Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)

Commentaires

"Ceci étant dit, la question n’a jamais été tant de déchoir quelqu’un d’une nationalité dont manifestement il n’aurait jamais dû disposer que de s’interroger sur les critères qui ont fait qu’il l’a obtenue."

Bravo, tout est dit.

NB je précise être moi-même un naturalisé qui ne se sent nullement "stigmatisé" par ce débat fondamental, bien au contraire.

Écrit par : Anton cusa | 04/04/2016

Vous pouvez rayer les nationalités d'un trait de plume si vous vous voulez mais vous ne pouvez pas forcer les gens à se sentir européen plutôt que français ou italien.Et donc je refuse les devoirs qu' une nationalité européenne m'imposeraient

Écrit par : Cedric | 05/04/2016

Cédric

Vous confondez là "identité" et "nationalité". Par ailleurs, il faut savoir ce que l'on veut. Mieux vaut une nationalité européenne non dévoyée et réservée aux "ayant droits naturels" qu'une nationalité française dévoyée et ouverte à à peu près quiconque souhaite en disposer.

En clair, les Français d'identité disposeront de cette nationalité européenne, aux côtés des Allemands d'identité. C'est un remède de cheval, certes. Mais c'est le seul possible. Il faut simplement oser le prendre.

Qui n'est pas prêt à des sacrifices intelligents (et en vérité "symboliques" donc "sans douleur") n'est pas non plus prêt à la victoire.

On reste dans les paradigmes actuels ? On meure. Alors ?

Écrit par : Thomas FERRIER | 06/04/2016

Pour être franc, la disparition de l'Europe ne me dérange pas bien au contraire, je veux la voir disparaître.

Écrit par : Cedric | 06/04/2016

@ Cédric

"Pour être franc, la disparition de l'Europe ne me dérange pas bien au contraire, je veux la voir disparaître."

Réfléchissez sérieusement au sens de cette phrase. Au-delà de la confusion évidente entre Europe (46 états dont la Russie) et UE (28 états parmi les 46)...

Si on prenait cette phrase au sens strict, et hors contexte, cela pourrait être le propos d'un islamiste ou d'un raciste anti-blanc. Imaginez un chinois écrire "la disparition de la Chine ne me dérange pas bien au contraire, je veux la voir disparaître."

Moi, ce que je veux voir disparaître, c'est la Françafrique. Et je ne vois pas en quoi la disparition même de l'actuelle UE y contribuerait. Au contraire, je pense qu'un néo-souverainisme "français" amènerait à renforcer cette politique qui tue à petit feu notre identité.

Bien cordialement.

Écrit par : Thomas FERRIER | 07/04/2016

Je parles sérieusement.Vous parlez d'identité menacée mais il suffit de vous lire pour comprendre qu'on a pas la même idée d'identité.Vous parlez d'une identité chimérique européenne alors que je défends une identité française concrète, certes créée par la force mais concrète quand même.Et mon identité est menacée à la fois par l'Europe de Bruxelles et par votreEurope néo-paienne.Chimérique, oui car à mes yeux imaginer une Europe qui intègre la Russie, c'est un pur fantasme.Permettez-moi de le dire

Écrit par : Cedric | 10/04/2016

@ Cédric

---Vous parlez d'une identité chimérique européenne alors que je défends une identité française concrète, certes créée par la force mais concrète quand même.---

Une "identité" créée par la force est la définition même d'une chimère. Une identité est l'émanation d'un ethnos et d'un ethos réunis. L'Europe a une identité explicite. Quand Bernard Lugan déclare que depuis 30.000 ans le peuplement de l'Europe est demeuré homogène, il ne parle pas d'une chimère mais d'une réalité. Vous auriez dû être présent au colloque de samedi de l'Institut Iliade où l'Europe a été le seul sujet des interventions. Du concret et rien que du concret.

Une "identité" prétendue voulant unir sur leur propre sol l'ancien colonisateur et ses anciens colonisés, qu'est-ce donc si ce n'est une chimère ? La "France universelle" n'a aucune identité. L'Europe européenne en a une.

---Et mon identité est menacée à la fois par l'Europe de Bruxelles et par votre Europe néo-paienne.---

Tout faux. Elle est menacée par l'Etat "français", d'où sa propagande y compris télévisée pour accuser les Français de souche européenne de tous les maux, et par une Eglise aux ordres du mondialisme, à l'instar des propos délirants du "pape" François en faveur d'un accueil sans restriction en Europe de tous les "migrants de la terre".

L'Europe de Bruxelles n'a aucun pouvoir. Elle est totalement dirigée par l'union des chefs d'état et de gouvernement. Qui nomme le président de la commission et les commissaires ? Qui compose le Conseil Européen ? Le Conseil de l'Union Européenne ? Qui choisit les députés (en fonction de leur médiocrité) pour composer les groupes ADSE et PPE, groupes techniques et non partis politiques ?

---Chimérique, oui car à mes yeux imaginer une Europe qui intègre la Russie, c'est un pur fantasme.Permettez-moi de le dire.---

Je parle d'Europe, oui. Pas d'Union Européenne. La Russie est en Europe et est d'Europe. Faut-il l'associer à une construction politique de l'Europe ? Oui, il le faut. C'est la seule façon de peser et de mettre fin au diktat US sur notre continent. Chimère ? Non, combat politique.

L'esprit de division de l'Europe, auquel vous avez tort de faire allégeance, ne peut que servir ses ennemis véritables. Qui sont à l'ouest et surtout au sud !

Écrit par : Thomas FERRIER | 10/04/2016

@ Anton

La nationalité européenne permettra de remettre les choses à plat. Ce qui évitera d'avoir à confondre parmi les détenteurs de la nationalités des (futurs anciens) États ceux qui sont nos compatriotes par nature (dont vous êtes) de ceux qui n'ont pas vocation et n'ont jamais eu vocation à l'être.

Écrit par : Thomas FERRIER | 04/04/2016

Quid de ceux qui ne voudront pas de la nationalité européenne?

Écrit par : Cedric | 05/04/2016

@ Cédric


C'est une nationalité d'héritage. Elle ne peut ni se refuser ni être aliénée. C'est comme pour le "service militaire". Ceux qui remplissent les conditions l'auront. Ceux qui ne remplissent pas les conditions ne l'auront pas.

En sachant que les anciennes nationalités cesseront d'exister de toute façon et ce pour tout le monde.

Écrit par : Thomas FERRIER | 05/04/2016

Il y a quelque temps encore j'aurais préféré être caractérisé plus comme compatriote par élection ou par adoption volontariste que par "nature", mais j'incline à reconnaitre aujourd'hui que cette adoption/élection est peut-être conditionnée par une latence préexistante plus consistante (européanité ou forte euro-compatibilité, malgré des évolutions historiques et culturelles parfois divergentes).

Je connais par ailleurs nombre d'immigrés roumains vivant en France qui, pour ne pas être "assimilés", n'en demeurent pas moins beaucoup plus authentiquement (et sincèrement) proches et solidaires dans leurs fibres profondes des "Français de naissance" que ne le sont souvent pour leur part nos compatriotes néo-français d'origine extra-européenne de la nouvelle France de la diversité. La ligne de fracture véritable passe donc bien davantage sur le territoire de la nouvelle France entre européanité (pas forcement de provenance occidentale) et extra-européanité qu'entre ressortissants français et ressortissants étrangers résidant en France (ce schéma vaut pour toute l'Europe de l'ouest). Mais il n'est évidement rien de bien nouveau pour vous dans tout cela.

Votre scénario est en effet de nature à donner une traduction juridique palpable et tangible à cette puissante latence (européanité), pour que celle-ci trouve ainsi cette expression politique globale dont elle est aujourd'hui singulièrement dépourvue.

Écrit par : anton cusa | 04/04/2016

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