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21/02/2016

L’obsession présidentielle, une maladie française.

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pantin.jpgA un an et demi environ des élections présidentielles de 2017, les grandes écuries se mettent en ordre de bataille pour choisir le candidat qui portera leurs couleurs lors de la confrontation suprême au titre de guignol de cinq années. Nous sommes là en pleine mythologie, celle du président Superman ou désormais de la présidente Supergirl, doté(e) de pouvoirs surnaturels permettant de changer le plomb en or, de transformer 3 à 5 millions de chômeurs en travailleurs pouvant partir à la retraite à 60 ans.

L’appel de la présidence est irrésistible, même s’il n’y aura qu’un seul élu, et qu’on sait a priori qui ne le sera pas. Il faut en être. C’est la Super-party de 2017. Le précieux sésame c’est 500 élus grattant leur signature sur un bout de papier envoyé au Conseil Constitutionnel. Bien sûr, aucun président ne changera quoi que ce soit, même doté d’une majorité silencieuse à sa botte. Les enjeux dépassant largement le cadre national, s’illusionner sur des solutions apportées selon un mauvais référentiel dans un mauvais cadre n’est pas responsable.

Marine Le Pen a dit oui. L’appel était trop fort. Et puis qui lui contesterait en interne le titre de candidate en chef ? Certes Robert Ménard a voulu lui faire comprendre qu’il fallait abandonner les clés de la boutique pour apparaître comme la candidate du rassemblement, détachée de toute allégeance trop politicienne. Mais, pas folle la guêpe. A peine battue, elle trouverait la porte de la boutique fermée et désormais gérée par le coucou/gourou en chef, Florian Philippot. Donc elle restera présidente du FN comme son père avant elle. Les autres élections n’avaient aucune importance.

Jean-Luc Mélenchon immédiatement a annoncé officiellement sa candidature même si sa relation avec le PCF est très tendue. Il veut être dans le club des candidats, même s’il sait qu’il n’a aucune chance d’obtenir le précieux trône de fer rouillé. Par une sorte de réaction pavlovienne, Marine Le Pen ayant annoncé être candidate sur TF1, il ne pouvait pas s’empêcher d’y répondre.

Evidemment Nicolas Dupont-Aignan est candidat, de même que François Asselineau, même si ce dernier aura sans doute du mal à obtenir les si fameuses 500 signatures. Mais le souverainiste a naturellement la présidentielle dans la peau puisqu’il croit que l’Etat français est la solution alors qu’il est en fait une partie du problème.

On attend la candidature de Cécile Duflot en remplacement d’Eva Joly. On sait qu’elle aussi subit l’attraction irrésistible de la présidentielle de 2017. François Hollande sent aussi qu’elle en est victime. Il cherche donc à la neutraliser par exemple en proposant un poste de ministre à Emmanuelle Cosse que cette opposante prétendue à la politique gouvernementale s’est empressée… d’accepter.

François Hollande et Nicolas Sarkozy évidemment veulent être présidents. Le premier veut continuer à bénéficier des ors du pouvoir. Il est bien loin d’avoir des convictions mais ce poste ne nécessite pas d’en avoir. De Gaulle avait certes une haute idée de la France mais Hollande est conforme à son personnage d’ancien premier secrétaire du PS. Il est heureux dans son rôle de président, même s’il est aussi bas dans les sondages qu’il est possible de l’être.

Nicolas Sarkozy a certes été déçu de son premier mandat. Il avait à l’époque une vision plus élevée de la présidence française. Mais il y a trouvé en revanche un gîte confortable. Même s’il a été battu en 2012, il veut sa revanche. Pour défendre un projet et des convictions ? N’exagérons pas.

Enfin François Bayrou, le si silencieux Bayrou, qui s’est fait oublier depuis 2012 et son pathétique soutien au « héros de la révolution » Hollande, faute qui ne lui sera peut-être pas pardonnée, va bien sûr resurgir des profondeurs de l’oubli. Candidat à la présidentielle, à défaut d’être président, est son métier préféré. Sorti du tombeau du centrisme où il a été congelé cinq ans, il revient. Soyons en assurés.

Nous sommes donc dans la « configuration idéale » pour inviter les électeurs à l’abstention maximale. Nous nous retrouverons à un détail, ou plutôt à un Duflot près, dans la situation de 2012, avec les mêmes candidats. La différence est qu’on annonce Marine Le Pen au second tour et peut-être même en tête. La seconde place est donc précieuse puisqu’elle amènera à la victoire. Il sera bien temps de réactiver l’antifascisme incantatoire le jour venu pour balayer les chances de la première dauphine. Et dans cette affaire, qui sont les perdants ? Les Français bien sûr.

Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)

Le projet européen et le Brexit

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brexit1.jpgNous allons découvrir un paradoxe. Il ne s'agit pas de donner du crédit aux délires des souverainistes britanniques qui ne sont jamais que des souverainistes parmi d'autres. Il s'agit d'une simple constatation ; si l'on avait mis en place une Europe intégrée digne de ce nom, bien des exigences de David Cameron se seraient trouvées sans objet.

Le reproche fondamental fait au projet actuel par beaucoup de citoyens britanniques est qu'il comporte une fuite en avant, l'adhésion à "toujours plus d'Europe". Quand on regarde de près, on s'aperçoit que c'est surtout jusqu'ici un "toujours plus de n'importe quoi". De fait c'est avant tout un élargissement sans précaution qui s'opère, au détriment d'une plus grande intégration, ce qui va d'ailleurs dans le sens souhaité par les dirigeants britanniques eux-mêmes.

Mais, quoi qu'il en soit, il n'est pas décent de demander de monter dans un bus dont on ne connait pas la destination, de s'inscrire dans un processus dont on ne connait pas la finalité. Un projet de construction européenne décent aurait dû dire d'emblée où l'on voulait aller et avec qui. Or on fait toujours semblant d'intégrer la Turquie en même temps qu'on évoque un gouvernement économique à la carte. Peut-être envisager comme but ultime une république fédérale étendue au continent européen --- et à lui seul --- n'aurait pas eu la faveur de certains états de l'Union, mais cela aurait permis d'avancer résolument et, in fine, tous les états auraient rejoint un tel projet.

La première demande formulée par David Cameron concernait la restriction des aides sociales aux migrants. Il lui a bien été donné satisfaction, mais au prix d'un système complexe qui ne résout que partiellement le problème. Dans une Europe fédérale intégrée, un même principe devrait s'appliquer partout avec, dans un premier temps, des réglages un peu différents suivant les régions de certains paramètres, comme les niveaux de TVA, de salaire minimum, ou encore de soutien aux familles. Après tout la très jacobine République française avait instauré pour les fonctionnaires une indemnité de résidence variable suivant les localités. Mais le soutien aux familles serait apporté là où sont les familles, indépendamment du lieu de l'emploi d'un de ses membres. Par ailleurs, lorsque l'harmonisation serait atteinte, il ne faudrait pas pour autant créer des incitations aux migrations internes. Ainsi ce premier point serait-il sans objet.

La seconde demande était la supériorité de la loi anglaise sur la loi européenne. Un système de "carton rouge" a été accordé aux britanniques, mais sous la forme d'une usine à gaz qui déconsidère l'Union en même temps qu'elle ne démontre pas une faisabilité évidente. De quoi les citoyens britanniques ont-ils peur ? De perdre avec l'Europe une indépendance diplomatique qu'ils ont abdiquée depuis longtemps au bénéfice des Etats-unis ? De perdre une indépendance militaire qu'ils ont cédé à l'OTAN ? Non, ils ont juste peur de perdre certaines coutumes auxquelles ils tiennent. Si le projet européen allait dans le sens d'une véritable Europe fédérale, il se concentrerait sur les questions régaliennes, laissant les autres sujets à l'appréciation des régions. Autrement dit le second point serait aussi sans objet.

Sur les autres demandes, comme la protection vis-à-vis des crises de l'Euro, David Cameron n'a obtenu que des réponses symboliques. En fait les exigences britanniques sont exclusivement calibrées par rapport à une Union dont le fonctionnement est chaotique. Elles ne s'adressent pas à ce qui peut concerner un projet européen. Si d'aventure le Royaume uni quittait l'Europe, avec le risque de se réduire à la seule Angleterre, et que les européens continentaux en profitaient pour bâtir un état fédéral, alors la question se poserait de son adhésion ou plutôt de son intégration. Mais ce seraient bien d'autres aspects, plus sérieux, qu'il faudrait alors peser. Surtout le fait de ne pas avoir pu participer à l'élaboration des structures de cet état serait cruellement ressenti.

Par exemple, pour parler d'un sujet régalien autrement plus délicat que le nom de la monnaie voire que la protection sociale pour laquelle les britanniques ont tout changé chez eux, quel système judiciaire faudra-t-il donner demain à l'Europe? Le système anglais n'est pas si mauvais. Ne peut-on pas s'en inspirer un peu? Faut-il lui tourner résolument le dos? Il serait absurde de penser que chaque état actuel dispose du système convenant le mieux à sa propre nature. La comparaison ne peut qu'être bénéfique.

En réalité l'Union actuelle est une mise en commun de tous les défauts des états qui la composent : atlantisme aveugle chez les Anglais, atlantisme et russophobie chez les Polonais, repentance perpétuelle chez les Allemands, tropisme colonial chez les Anglais et les Français … Et ce que veulent fondamentalement les souverainistes, c'est garder leurs vilains défauts pour eux seuls. Certes ce n'est pas pire que de contaminer les autres, comme on le fait aujourd'hui, mais c'est affligeant tout de même. En conclusion, tout le monde est dans une impasse. Les tenants de l'Union qui ont capitulé, comme les souverainistes qui ne se posent pas les bonnes questions. La vérité est ailleurs, chez les vrais partisans de l'Europe.

Pierre EISNER (Le Parti des Européens)