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03/06/2018

Élections législatives en Slovénie : succès populiste autour d'une coalition de droite à définir

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slovénie,janez jansa,sds,snsLe Parti démocrate slovène (SDS) de Janez Janša, mouvement populiste de droite anti-immigration, a remporté les élections législatives en Slovénie à l’issue du vote de ce dimanche 3 juin 2018. Cette formation politique obtient en effet 25% des voix et 25 sièges, la majorité parlementaire étant à 46 sièges sur 90. En tant que désormais premier parti du pays, il va devoir proposer une coalition majoritaire, ce qui sera complexe car il va devoir trouver des alliés sur sa ligne. Ce parti néanmoins avait obtenu 20,7% des voix en 2014.

Le mouvement de Marjan Šarec, de centre-gauche, est second même nettement distancé avec 12,7% des voix et 13 sièges. Il lui sera complexe de proposer une coalition d’alternative, même en regroupant les forces de gauche. C’est un parti totalement nouveau. Avec 9,9% des voix, les sociaux-démocrates (SD) obtiennent 10 sièges et multiplie leur score par deux.

Vient ensuite seulement en quatrième place le parti auparavant au pouvoir du premier ministre sortant Miro Cerar, de centre-droit, avec 9,75% des voix environ et 10 sièges. C’est un net désaveu d’un électorat de droite qui s’est reporté sur le SDS et cela traduit sans doute une inquiétude identitaire du peuple slovène et la manifestation d’un refus des migrants. Il avait obtenu 34,5% des voix en 2014, et a don perdu 25 points en quatre ans, ce qui est considérable.

Avec 9,3% des voix et 9 sièges, la formation politique La Gauche (Levica), de gauche dure avec des accents eurosceptiques, réalise une belle performance électorale. Là encore, l’électorat semble avoir sanctionné nettement le parti au pouvoir par des votes à la fois très à gauche et très à droite.

Les chrétiens démocrates de la formation « Nouvelle Slovénie » obtiennent 7,1% des voix contre 5,6% en 2014 et 7 sièges, continuant leur progression lente. Le parti d’Alenka Bratusek, qui avait fait 4,4% en 2014, progresse légèrement avec 5,1% des voix et 5 sièges.

Autre victime du désaveu gouvernemental, le Parti des Retraités tombe à 4,9% des voix et 5 sièges, contre 10,2% et 10 sièges en 2014, soit une perte de près de la moitié de ses électeurs.

Parmi les petites formations ayant des élus, le Parti du Peuple Slovène (SNS) obtient 4,2% et 4 sièges alors qu’il avait été exclu du parlement précédent. Cette progression traduit là encore les angoisses identitaires du peuple slovène dans un contexte général de montée de l’euroscepticisme en Europe. Ferment la marche des formations exclues du nouveau parlement comme le SLS (Parti du peuple slovène) avec 2,6% des voix, les Pirates (2,15%), le Bon Pays (droite, 1,5%) et enfin les Verts (1,1% des voix). Suivent enfin plusieurs petites formations politiques qui sont loin des 4% requis pour disposer de députés, et enfin des formations représentant les minorités.

Seule une coalition de droite plurielle pourrait a priori composer une majorité, peut-être ouverte au SNS. Si on additionne les élus du SMC sortant, des chrétiens-démocrates, des retraités et du SDS vainqueur, on obtient une majorité de 47 sièges, qui pourrait être renforcé d’une ouverture au SNS. La participation d’Alenka Bratusek ne serait donc pas requise. La gauche ne pourra pas composer de majorité parlementaire à opposer au SDS. Mais ce dernier bénéficiera d’une coalition complexe et donc par nature instable.

Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)

14/07/2014

Brèves européennes… (21)

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SLOVENIE

slov.jpgDes élections législatives anticipées se déroulaient en Slovénie, état membre de l’Union Européenne depuis 2004 et surnommé la « Suisse des Balkans », ce dimanche 13 juillet 2014. Les précédentes avaient eu lieu en 2011.

En 2011, la liste Zoran Jankovic avait connu un large succès populaire, obtenant 28,51% des voix et 28 sièges mais mais échouant à dégager une majorité parlementaire. En 2014, la liste qui en hérite, Slovénie Positive, qu’il dirige, après un intermède de Alenka Bratusek, n’a obtenu que 2,96% alors que Bratusek, partie sous ses propres couleurs avec l’Alliance « Alenka Bratusek » obtient 4 sièges et 4,34% des voix. Elle bénéficie ainsi du privilège d’avoir été quelques mois à la tête du gouvernement slovène, suite à la démission du premier ministre de centre-droit Janez Jansa, crédibilisant ainsi son action publique.

Le centre-droit de l’ancien premier ministre Jansa, le mouvement SDS (Parti Démocrate Slovène) qui avait obtenu 26,19% des voix en 2011, n’en obtient plus que 20,69% et 21 sièges. Ce recul s’explique par sa démission passée suite à de graves accusations de corruption. Néanmoins, son parti, bien implanté, parvient à limiter ses pertes.

Nouveau venu de la politique, le juriste cinquantenaire Miro Cerar a su à l’issue d’une campagne dynamique s’imposer, le parti SMC, qui porte son nom, étant parvenu à obtenir 34,61% des voix et 36 sièges. Certes il devra composer avec l’opposition et rallier à lui d’autres formations politiques. Ce centriste libéral sera attendu au tournant si les résultats ne sont pas au rendez-vous. Les Slovènes continuent de faire confiance à des personnalités issues de la société civile plutôt qu’à des partis organisés.

Le mouvement de défense des retraités, le DeSUS, connaît une progression significative, passant de 6,97% en 2011 à 10,21% et 10 sièges en 2014. Il semble avoir bénéficié d’un report de voix favorable issu du SDS.

A gauche, la « gauche unie » (KZL) obtient 5,97% des voix et 6 sièges, alors que les sociaux-démocrates (Socialni Demokrati) menés par Igor Luksic s’effondrent à leur profit, passant de 10,52% en 2011 à 5,95% en 2014. Légère progression aussi de la liste démocrate chrétienne (NS-KD) avec 5,53% des voix et 5 sièges contre 4,88% et 4 sièges il y a trois ans. Elle s’explique aisément là encore par le tassement du SDS.

A droite, le Parti du Peuple Slovène (SLS) obtient en 2014 3,98%, échouant de peu à obtenir des sièges, mais recule nettement par rapport à 2011 (6,83% des voix et 6 sièges). Ce score ne saurait s’expliquer par une montée de la droite nationale puisque le SNS (Parti National Slovène) se contente de 2,21% des voix (contre 1,8% en 2011), confirmant sa relative marginalité au sein de la classe politique.

Les autres formations réalisent des scores médiocres, les Pirates obtenant 1,34% et les Verts seulement 0,5% des voix, l’ensemble des « Autres » formant un total de 3,5% des voix.

Pour le futur gouvernement de Miro Cerar, il est donc indispensable de réussir une coalition, la majorité étant de 45 sièges. L’alliance la plus logique serait ainsi avec le Parti des Retraités, qui a dix sièges, alliance qui ne contraindrait pas la majorité à un certain équilibrisme. Il pourrait aussi choisir de former une coalition de gauche avec les sociaux-démocrates et la liste Bratusek, mais elle serait instable. De même, une coalition à droite, alors que le SDS est son principal adversaire, paraît aléatoire.

ALBANIE

Albaniae.JPGLe 27 juin 2014, les chefs d’état des 28 états membres de l’Union Européenne ont décidé d’accorder le statut de « candidat officiel à l’adhésion » à l’Albanie. Pour la Serbie voisine, ce processus avait commencé le 1er septembre 2013. Les Balkans occidentaux se sont vus depuis longtemps reconnaître la vocation à rejoindre l’Union Européenne. Ce sera (très) difficile pour la Bosnie-Herzégovine et le Kosovo, zones conflictuelles entre différentes communautés et économiquement très fragiles.

L’Albanie, qui a l’image d’un pays musulman, en raison d’un recensement remontant à 1930 indiquant que 70% des Albanais seraient musulmans, 30% étant en revanche catholiques ou orthodoxes, inquiète l’opinion publique éclairée. La confusion est d’ailleurs grande entre l’Albanie et le Kosovo, à majorité albanophone, mais aucun parti politique, à l’exception d’un parti nationaliste mineur, ne prône la fusion de ces deux régions. En réalité, ayant subi une dictature communiste pendant un demi-siècle, l’Albanie a connu un athéisme d’état qui a vidé les mosquées. Comme dans tous les pays ex-communistes, et comme dans tous les pays européens d’ailleurs, l’athéisme est la première « religion » du pays et les mosquées sont « désespérement » vides. En outre, le christianisme connaît un net regain, comme une façon en l’adoptant de retrouver la famille européenne, et c’est aussi le cas dans une certaine mesure du néo-paganisme albanais.

L’adhésion albanaise, qui prendra une bonne décennie, est rendue complexe par la mauvaise image du pays dans l’opinion, une économie encore très fragile, même si la découverte de riches gisements pétrolifères ouvre de nouvelles perspectives, une corruption endémique, que le dirigeant Sali Berisha n’a pas pu vaincre, et une criminalité tenace.

Néanmoins, le peuple albanais est fondamentalement européen, même s’il a été le dernier à se libérer du joug ottoman (1913), et lorgne bien davantage vers l’Italie que vers la Turquie. Cette dernière a tenté sans succès d’instrumentaliser les populations « musulmanes » des Balkans dans l’optique de favoriser l’adhésion de son pays. Cette « boîte de Pandore » devra néanmoins être surveillée de près.

Quant au Kosovo, c’est autre chose, et son éventuelle adhésion à l’Union Européenne paraît très lointaine dans l’état actuel de la situation. La Serbie, qui rejoindra l’UE certainement bien avant, fera d’ailleurs tout pour freiner une telle perspective, à moins d’obtenir des garanties sérieuses quant au sort de la population serbe du Kosovo.

Thomas FERRIER

04/12/2011

Brèves européennes… (9)

Ce dimanche, l’Europe connaissait trois élections législatives, en Russie, en Croatie et en Slovénie. En attendant les résultats définitifs ce soir ou demain matin, je vous propose ici un résumé de la situation.

SLOVENIE

Selon des résultats partiels, à 65% environ du dépouillement, la liste de centre-droit de Zoran Jankovic intitulée Pozitivna Slovenija remporterait 28,69% des suffrages, devant la liste du Parti Démocrate Slovène (SDS) qui obtiendrait 26,16% des voix. Le grand perdant de ces élections est la liste des Sociaux Démocrates (SD), qui avec 10,54% des voix, connaît un effondrement spectaculaire, annoncé par ailleurs par les sondages depuis plusieurs semaines. Ils payent là les problèmes économiques dus à la crise des dettes souveraines mais aussi des affaires de corruption. La Liste Civique de Gregor Virant (centre-droit, DLGV) obtient un résultat honorable de 8,42%. Le Parti Démocrate des Retraités de Slovénie (DeSUS) obtient 6,95% des voix. Enfin, le Parti Populaire Slovène (démocrate-chrétien) obtient 6,86% des voix alors que le Parti du Peuple Chrétien obtient 4,76% des voix. En nombre de sièges, le centre-droit est largement majoritaire, les sociaux-démocrates n’obtenant que dix sièges.

Autre vaincu de ce scrutin, le Parti National Slovène (SNS), représentant la droite nationaliste et eurosceptique, qui n’obtient que 1,79% des voix (contre 5,4% en 2008), perd ses cinq sièges et est désormais exclu du parlement.

La chute de la maison socialiste est très impressionnante, puisqu’elle passe en quatre ans de 30,45% et 29 sièges à 10,23% et 10 sièges. Le vainqueur est quant à lui une formation nouvelle, Slovénie Positive, qui n’était pas représentée en 2008, mais obtient désormais 29 sièges en 2011.

CROATIE

Selon les prévisions électorales, à ce stade du dépouillement, mais en l’absence d’informations précises quant au pourcentage obtenu par les différentes formations politiques, se limitant à attribuer 44,5% des voix au centre-gauche et 22,1% des voix au centre-droit représenté par le HDZ, les résultats partiels attribuent 82 sièges à la coalition Kukuriku, 40 sièges au HDZ , 6 sièges aux travaillistes, 6 sièges également au HDSSB (Alliance démocrate croate de Slavonie et Baronja, un mouvement nationaliste), 2 sièges au Parti Paysan Croate (HSS), 2 sièges à la liste d’Ivan Grusilic, et un siège à la droite nationaliste HSP (Parti du Droit), élu par la diaspora, alors que la coalition formée de la liste HSP « Ante Starkevic »/HCSP (Parti du Droit du docteur Ante Starkevic + Parti Pur du Droit), a fortement progressé mais échoue à entrer au parlement.

Au niveau des résultats partiels, dans les onze circonscriptions croates, la progression de la droite nationaliste est impressionnante si on cumule les scores du HSP traditionnel et de la coalition HSP/HCSP dissidente. Région I : 5,97% (HSP 3,11% + HSP/HCSP 2,86%). Région II : 3,88% (HSP 2,4% + HSP/HCSP 1,48%). Région III : 1,8% (1,28 + 0,52). Région IV : 6,66% (5,36 + 1,3). Région V : 7,63% (4,06 + 3,57). Région VI : 5,79% (3,38 + 2,41). Région VII : 6,39% (3,56 + 2,83). Région VIII : 2,64% (1,54 + 1,1). Région IX : 7,17% (3,59 + 3,58). Région X : 8,18% (5,33 + 2,85). Région XI – diaspora : 12,34% (7,81 + 4,53). Alors que la Croatie devrait rejoindre l’Union Européenne en juillet 2012, ces scores, affaiblis par la division des deux partis, indiquent un seuil d’euroscepticisme assez significatif.

RUSSIE

A environ 30% du dépouillement des bulletins des électeurs russes, Russie Unie, le parti de Poutine et Medvedev, aurait obtenu 47,34% des voix, soit un recul de près de seize points par rapport aux résultats de 2007. Le KPRF (communiste) aurait réussi son pari en dépassant les 20% des voix (20,7%), alors que le Parti libéral-démocrate (LPDR) de Jirinovski avec 14,43% des voix deviendrait le second parti du pays et obtiendrait son second meilleur score depuis 1993 (où il avait obtenu 23% des voix et inquiété à l’époque les gouvernements occidentaux quant à l’évolution de la Russie vers le fascisme). Le mouvement Russie Juste, ex-Rodina, aurait obtenu 13,3% des voix. Ces scores, s’ils se confirmaient, indiqueraient une sanction électorale pour le duo dirigeant le pays et pour leur parti, et ce malgré une campagne dynamique mais aussi par l’exercice d’un certain nombre de pressions sur les électeurs. Ce résultat est néanmoins une bonne nouvelle pour la démocratie et prouve que le gouvernement russe respecte globalement la volonté des électeurs. Ce n’est pas la Biélorussie.