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23/01/2010

Debray vs islam

Régis Debray se méfie de l'islam... qui importe un antisémitisme inacceptable...

SOURCE | Il faudrait distinguer le court terme et la longue durée. Pour l’actualité, l’affaire des minarets représente une petite réaction hystérique, xénophobe, politicienne, qui ne sent pas très bon. Le vieil antisémitisme du terroir est mort et le racisme est devenu islamophobique. Certes, un antisémitisme perdure, mais il est d’importation, de procuration ; c’est le ricochet du conflit israélo-arabe dans les cités. (...)


Maintenant, si l’on regarde la longue durée, il faut relever que nos religions sont devenues molles alors que l’islam est une religion dure. Nous vivons une phase d’insurrection identitaire dans une partie du monde arabo-musulman. Je l’analyse comme un choc en retour, c’est-à-dire que la globalisation technique et économique produit son contre-effet dans une balkanisation politique et culturelle du monde. A la globalisation matérielle correspond une fragmentation morale, culturelle et éthique. (...)

Aujourd’hui, les hommes ne pensent plus temps, progression, mais espace. Nous sommes des païens avec des instruments de mesures très légitimes sur le CO2, la montée des eaux, autant de choses que la religion de l’histoire avait exclues. (...)

Quand l’affiliation au père symbolique s’en va, ce sont les filiations naturelles et tribales qui reviennent. Nous y sommes. C’est le moment de redevenir chrétiens en esprit, je veux dire républicains et non païens. La fraternité a été intégrée à la devise de la République par les chrétiens sociaux lors de la révolution de 1848. Nous avons perdu le sens de cet héritage. L’humanisme républicain intégrait la grande construction théologique de l’Histoire et la Réforme… Retrouvons le sens de la durée. L’humanisme comme le christianisme se vivent au jour le jour mais ne sont pas du quotidien. Ils donnent de la profondeur au temps, vers l’arrière et vers l’avant.

Debray oublie qu'on devient républicain en cessant d'être chrétien. Comme le disait le marquis de Sade dans "Français, encore un effort pour devenir républicains"... (TF) | Forum du PSUNE

19037354marquis-de-sade-jpg.jpgSade:

"Donnez-nous donc, en ce cas, celle qui convient à des hommes libres. Rendez-nous les dieux du paganisme. Nous adorerons volontiers Jupiter, Hercule ou Pallas ; mais nous ne voulons plus du fabuleux auteur d'un univers qui se meut lui-même ; nous ne voulons plus d'un dieu sans étendue et qui pourtant remplit tout de son immensité, d'un dieu tout-puissant et qui n'exécute jamais ce qu'il désire, d'un être souverainement bon et qui ne fait que des mécontents, d'un être ami de l'ordre et dans le gouvernement duquel tout est en désordre. Non, nous ne voulons plus d'un dieu qui dérange la nature, qui est le père de la confusion, qui meut l'homme au moment où l'homme se livre à des horreurs ; un tel dieu nous fait frémir d'indignation, et nous le reléguons pour jamais dans l'oubli, d'où l'infâme Robespierre a voulu le sortir.

Français, à cet indigne fantôme, substituons les simulacres imposants qui rendaient Rome maîtresse de l'univers ; traitons toutes les idoles chrétiennes comme nous avons traité celles de nos rois. Nous avons replacé les emblèmes de la liberté sur les bases qui soutenaient autrefois des tyrans ; réédifions de même l'effigie des grands hommes sur les piédestaux de ces polissons adorés par le Christianisme[4]. Cessons de redouter, pour nos campagnes, l'effet de l'athéisme ; les paysans n'ont-ils pas senti la nécessité de l'anéantissement du culte catholique, si contradictoire aux vrais principes de la liberté ? N'ont-ils pas vu sans effroi, comme sans douleur, culbuter leurs autels et leurs presbytères ? Ah ! croyez qu'ils renonceront de même à leur ridicule dieu. Les statues de Mars, de Minerve et de la Liberté seront mises aux endroits les plus remarquables de leurs habitations ; une fête annuelle s'y célébrera tous les ans ; la couronne civique y sera décernée au citoyen qui aura le mieux mérité de la Patrie. A l'entrée d'un bois solitaire, Vénus, l'Hymen et l'Amour, érigés sous un temple agreste, recevront l'hommage des amants ; là, ce sera par la main des Grâces que la beauté couronnera la constance."