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28/07/2017

La religion des Tchétchènes et Ingouches.

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Vainakhs,Ingouches,Tchétchènes,Dela,SelaLes peuples vaïnakhs (Tchétchènes et Ingouches) du Caucase du nord, ont été christianisés puis tardivement islamisés, et alors qu’un régime actuel impose l’islam orthodoxe à la population tchétchène, l’Ingouchie reste davantage libre. C’est d’ailleurs des Ingouches qui en 1958, au retour de leur déportation en tant que peuple puni par Staline, construisirent un temple (symbolique) dédié au dieu de l’orage Sela (ou Seli).

La religion indigène de ces peuples est bien différente puisqu’elle repose sur une pluralité de divinités, avec les figures majeures du panthéon et des divinités mineures de la vie quotidienne.

Le dieu suprême, dieu du ciel et père des autres divinités, est Dela (ou Diala) qui a servi par la suite à désigner le Dieu des monothéistes. Il a pour épouse ou pour fille la déesse Tusholi, en charge de la fertilité du sol et de la fécondité des femmes. Tusholi n’est qu’un autre nom pour la terre-mère, qui est appelée Nana Latta.

Dela, dieu fondamental du panthéon, n’est pourtant pas le dieu le plus populaire. C’est son fils Sela, dieu de l’orage, guerrier et héros, qui bénéficie d’un culte plus important car il est plus proche des hommes. C’est un peu comme chez les Scandinaves où Odin est le dieu suprême mais où c’est son fils Thor qui est le plus populaire. Sela, tout comme Zeus, aurait également puni le dieu forgeron Pharmat, analogue au grec Prométhée, pour avoir volé le feu aux dieux et l’avoir donné aux hommes, en l’enchaînant à une montagne. Pour toutes ses activités guerrières, Sela est néanmoins associé à Moloz ou Molyz, dieu explicitement de la guerre, dieu accompagné de loups (borz) sur le champ de bataille, et extrêmement populaire jusqu’à une période récente. Enfin Sela a comme épouse la déesse Furki, qui est déesse du mariage et de l’amour, sans doute aussi de l’aurore, et qui tout comme Héra s’oppose aux infidélités de son époux.

Les phénomènes célestes sont également associés à des divinités masculines et féminines de premier plan, comme le dieu du soleil Malkh et le dieu de la lune But (tchétchène Beta), menacés constamment par leur sœur Mozh, déesse de la nuit et des ténèbres. Aza est la mère du soleil tandis que Kintch est celle de la lune, toutes deux ayant été sans doute les maîtresses de Dela. De petites déesses sont enfin préposées à d’autres phénomènes naturels, comme Khi-Nana, déesse des eaux, ou comme Mokh-Nana, déesse des vents.

Parmi les divinités du quotidien qui assistent les hommes se trouvent notamment Elta, dieu de la chasse, mais aussi Sela-Sata, déesse de la sagesse et du métier à tisser, connue dans le Caucase comme Satanaya, et rappelant par bien des aspects l’Athéna grecque, jusque dans son nom.

Le panthéon vaïnakh est donc très comparable aux autres panthéons d’Europe, avec une grande place réservée aux divinités féminines protectrices, dont les femmes modernes auraient bien besoin de leur bienveillante protection face aux forces rétrogrades qui veulent les mettre au second plan. Ce paganisme sain, qui n’est en rien inférieur au noble panthéon des Grecs, qu’il a influencé tout en étant influencé en retour, est sans doute le recours naturel de ces peuples pour renaître. Chez leurs voisins ossètes et abkhazes, la foi native a été ranimée. Elle n’attend qu’une flamme pour faire de même en Ingouchie et en Tchétchénie.

Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)