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13/01/2013

Brèves européennes… (17)

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Alors que les idées eurosceptiques progressent en Europe dans les différents sondages, 60% des britanniques étant même favorables à une sortie du Royaume-Uni de l’Union Européenne, désinformés par une classe politique nationale profondément malhonnête en ce domaine, les premières élections présidentielles au suffrage universel direct avaient lieu en République Tchèque. Le président sortant, le très conservateur et europhobe Vaclav Klaus (ODS), ayant fait deux mandats, ne pouvait pas se présenter. Il n’est pas sûr toutefois qu’il aurait pu l’emporter par le passé autrement que par le vote des parlementaires. Il était en conséquence difficile de tester sa véritable popularité, mais ces élections étaient l’occasion de déterminer le rapport de force entre pro-européens et anti-européens.

Deux candidats revendiquaient explicitement la filiation avec l’ancien président. La belle Jana Bobosikova représentait le mouvement « Suverenita », ouvertement eurosceptique. Dans un pays où l’extrême-droite a réalisé le score de 0,06% des voix aux dernières élections législatives, elle représentait la droite nationale. Elle n’a obtenu que 2,39M des voix. Elle était sur ce créneau en concurrence avec le candidat de l’ODS, la droite au pouvoir à Prague dans le cadre d’une coalition. Premysl Sobotka n’obtient que 2,46% des voix, ce qui est une sévère, très sévère, déconvenue pour un parti en charge des affaires nationales. Elle est à rapprocher du score exécrable (1% environ) de l’ancien président ukrainien Youtchenko aux dernières élections législatives en Ukraine.

Alors qu’on l’annonçait comme le deuxième homme, l’indépendant Jan Fischer, ancien premier ministre, n’a obtenu que 16,35% des voix et est donc éliminé. C’est la principale surprise de ce scrutin. Il est battu par le ministre des affaires étrangères Karel Schwarzenberg, un européiste confirmé, à la tête du mouvement de centre-droit TOP 09, qui obtient 23,4% des voix. Il a certainement bénéficié d’un très bon report de voix en sa faveur d’électeurs de droite peu attirés par le candidat officiel de l’ODS. Il devient désormais le représentant officiel de la droite parlementaire face à la gauche modérée.

Son candidat, Milos Zeman, avec 24,21% des voix, est le vainqueur du premier tour mais à moins de 1% de son challenger. Il bénéficiera en revanche d’un report de voix favorable du fait du score du candidat social-démocrate du CSSD, Jiri Dienstbier, qui avec 16,12% des voix, finit quatrième, à quelques dixièmes derrière Fischer. La gauche a donc un capital de départ de 40% des voix, d’autant plus que Fischer a annoncé qu’il ne soutenait aucun candidat, et bénéficie aussi d’un appel lancé par les communistes en faveur de Zeman.

Dans ces conditions, Schwarzenberg a peu de marge de manœuvre. La seule candidate qui pourrait appeler à le soutenir, la démocrate chrétienne Zuzana Roithova, n’a obtenu que 4,95% des voix. Le candidat indépendant, issu de la société civile, l’artiste Vladimir Franz, avec 6,84% des voix, a capitalisé le vote des électeurs décidés à manifester leur mécontentement face aux partis du gouvernement. Il est peu vraisemblable qu’il prenne position en faveur de l’un des deux candidats du second tour. Enfin, les écologistes du Parti Vert, avec 3,23% des voix, ne pèseront guère sur le résultat du scrutin.

A moins d’une forte mobilisation aux côtés du candidat de droite, Karel Schwarzenberg, 78 ans, le candidat de gauche, âgé de dix ans de moins, paraît nettement favori. Les électeurs de Fischer seront néanmoins déterminants et il n’est pas possible pour le moment d’imaginer vers qui ils pourraient se tourner. Cela dépendra de la campagne du second tour qui vient à peine de commencer.

FRANCE

Alors que 800.000 manifestants (350.000 selon la préfecture de police) ont défilé aujourd’hui dans Paris pour s’opposer au projet de loi en faveur du « mariage pour tous », c'est-à-dire du « mariage homosexuel », dans un cortège où se côtoyaient dirigeants de l’UMP et du FN, homosexuels anti-mariage et évêques, le gouvernement a réussi à trouver un dérivatif pour fuir le débat. Quoi de mieux en effet qu’une intervention militaire pour crédibiliser un président au plus bas dans les sondages. Contrairement à ce que prétend Marine Le Pen, l’ « écran de fumée » n’est pas le mariage gay mais bien l’intervention au Mali, intervention à laquelle elle a apporté son soutien, alors que Mélenchon a été davantage méfiant.

Sur ce blog, j’ai maintes fois répété, et encore récemment, mon opposition à toute ingérence et à tout néo-colonialisme. Une fois de plus, le gouvernement français confirme son afrotropisme, auquel Nicolas Sarkozy avait prétendu renoncer avant de lancer son action en Libye. Déjà présente au Tchad et en Côte d’Ivoire, l’armée française est désormais présente sur un troisième théâtre d’opération, suite à l’appel à l’aide du président du Mali (du Sud).

Encore une fois l’argent des contribuables français et le sang des soldats français sont mis à contribution dans un conflit qui ne nous concerne en rien et dans lequel nos intérêts vitaux ne sont nullement en jeu. Que le Mali soit une ancienne colonie française ne signifie en aucune manière que nous soyons liés à son devenir. C’est bien parce que le gouvernement français est incapable de rompre avec la Françafrique que nous nous retrouvons entraînés malgré nous dans cette galère. Une fois de plus. Une fois de trop.

Notre avenir est continental, notre destin commun est avec nos frères européens. Les problèmes de l’Afrique ne sont pas les nôtres. Nous n’avons pas à nous en mêler, pas plus au Mali qu’en Côte d’Ivoire d’ailleurs. Nous devrions au contraire encourager nos entreprises et nos ressortissants à demeurer (ou à retourner) sur le sol protecteur de l’Europe et négocier la libération de nos otages par l’adoption d’une diplomatie strictement eurocentrée.

Ce combat contre le « terrorisme », mot pudique pour désigner l’islamisme dans la bouche de notre président, démontre un double colonialisme, en vérité. Car il y a deux peuples colonisés dans cette affaire, l’un dirigé par un pouvoir malien, qui appelle l’ancien colonisateur à la rescousse car il est incapable de tenir le pays, et l’autre dirigé par un pouvoir français, à la remorque des Etats-Unis d’Amérique.

Alors que tous les partis politiques classiques ont apporté leur soutien à l’action du président de la république, y compris le Front National et le Front de Gauche, nous désapprouvons cette intervention pour une raison simple, c’est que la France n’a pas à intervenir dans ce qui fut son ancien empire colonial, quelle que soit l’évolution de ce dernier. Nous aurions dû couper le cordon au lieu de vouloir maintenir à tout prix des relations, sous prétexte que certains oligarques ont des intérêts dans ces pays. La France n’a pas plus à intervenir au Mali qu’elle n’aurait à intervenir aux Philippines ou au Guatemala. Nous payons là encore le prix d’une diplomatie française plus afrocentrée qu’eurocentrée, et qui ne tient aucun compte par ailleurs de l’opinion des citoyens. C’est ce qu’on appelle le « fait du prince ». Nous verrons bientôt si ses sondages remontent ou si les Français ne sont pas dupes de la manœuvre. L’intervention française en Libye n’a pas pu sauver l’ancien président Nicolas Sarkozy.