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13/08/2016

Vers où va ou ne va pas l’Union Européenne ?

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Flag_of_Europe_europlite_forum.pngDans un article du Monde en date du 8 août 2016, l’analyste Charles Grant explique qu’il n’y aura plus de traité européen majeur car l’Union Européenne serait bien incapable d’obtenir sa validation par les peuples à qui on poserait la question. Une organisation qui ne peut plus aller de l’avant ne peut être amené qu’à reculer et si elle n’est plus réformable, car nécessitant l’aval de tous les membres, alors l’insupportable statu quo actuel, où elle est incapable de décider quoi que ce soit, et surtout pas dans l’intérêt de tous les Européens, est là pour durer. Or il nous emmène au précipice. Les États ont été dépossédés de pouvoirs que les gouvernements n’avaient plus le courage d’exercer de toute façon, et l’Union Européenne ne les a pas pour autant récupérés. En fait, États et Union Européenne se neutralisent réciproquement. Il faut donc sortir de ce nœud gordien, soit par un recul total soit par une avancée audacieuse.

Avec le brexit, à savoir la prise d’otage de l’ensemble des Européens (de l’UE) par un seul État et son gouvernement, on voit bien que la gouvernance partagée qu’est l’actuelle Union ne fonctionne pas. Elle pouvait éventuellement marcher à 6 mais pas à 28. Surtout l’UE n’a rempli aucune de ses promesses sans reconnaître qu’on ne lui a jamais vraiment donné les moyens de toute façon de les réaliser. Elle ne pouvait que décevoir et être impopulaire, à l’image des gouvernements nationaux, rejetés systématiquement dans les urnes à chaque alternance, dont elle n’est au final que la synthèse. Les maux de chaque Etat sont démultipliés au niveau européen.

Ou bien l’Union Européenne cède officiellement devant les États, qui sont gangrénés et qui mentent à leur opinion publique, et plutôt que de lentement se déliter, met fin rapidement à son existence, pour le meilleur comme pour le pire, ce qui pose la question de l’avenir de l’euro. Ou bien l’Union Européenne est réorientée au forceps par un nouveau courant politique européen, qui ose affronter tous les tabous, et en premier lieu le tabou migratoire, et amenée à faire ce qu’elle se refuse, à savoir enfin oser le bras de fer avec les Etats, et bâtir une Europe politique non pas avec eux mais contre eux et contre les gouvernements, en s’appuyant alors sur l’électorat européen lui-même, à nouveau convaincu de tenter une expérience européenne, mais cette fois solide et poussée jusqu’à ses extrémités.

Dans ce cadre, toutes les organisations représentant les États seraient mises à bas, à l’exception du seul parlement européen, pivot de la révolution institutionnelle. La commission serait démantelée ainsi que les deux conseils représentant les chefs d’état et les ministres (Conseil Européen et Conseil de l’Union Européenne). Un gouvernement européen provisoire contrôlé par le parlement puis adoubé par les Européens via un référendum continental verrait alors le jour en substitution de ces gouvernements pseudo-nationaux (véritables valets du mondialisme, tout comme l’UE actuelle, qui n’est que leur jouet).

En attendant ce jour où les Européens trouveraient l’unité dans le réveil identitaire commun face aux périls qui s’annoncent et ceux déjà là, il faut prôner sans relâche une autre politique. La seule qui pourrait séduire les Européens et susciter un relèvement moral impliquerait une grande fermeté.

La première chose sera de mettre fin officiellement, et de manière unilatérale, à l’adhésion de la Turquie, hypothèse éloignée mais symboliquement nocive. Disons enfin clairement que l’Europe et la Turquie n’ont pas de destin commun.

La seconde chose sera de mettre fin à la tutelle américaine en Europe en démasquant les pseudo-européens atlantistes qui roulent pour Washington, tout comme ces nombreux « souverainistes » en Pologne ou au Royaume-Uni qui parlent de liberté et d’indépendance alors qu’ils sont au service des USA. Il faudra remettre en question l’OTAN, une organisation qui aurait dû déjà être démantelée en 1991. Il y aura lieu alors d’oser enfin bâtir l’armée européenne pour laquelle 70% des Européens au moins sont favorables, ce qui est impossible en restant dans l’OTAN et en se plaçant en position de vassalité face à Washington. Tant pis pour les Polonais et les Lituaniens qui craignent l’ours russe, un chiffon rouge que les USA excitent devant eux pour s’assurer de leur soumission.

La troisième chose sera de parler à Poutine d’égal à égal, de lui rappeler ses propos de 2005 sur la Grande Europe, et de pacifier autour d’une table la situation de l’Ukraine, de la Moldavie et de la Géorgie. Établissons un grand partenariat d’Europe orientale, en y intégrant pleinement la Russie. Cela sera possible à partir du moment où les USA auront été retirés de la négociation. Une élection de Trump, partisan déclaré de l’isolationnisme, pourrait aider à le faire en souplesse. Il ne faudra rien céder à la Russie que celle-ci ne sera pas prête à céder en retour. Les Polonais et les Lituaniens attendent des actes rassurants. Ils les auront. La Russie fera les efforts consentis si l’Union Européenne, ou l’Europe réorientée, est prête à en faire de son côté. Nous commencerons par supprimer le visa d’accès à l’UE pour les Russes. Il faudra aussi établir un partenariat énergétique. Dans ce contexte, la Russie cessera de jouer contre tout bon sens la carte de l’eurasisme et bâtira avec les autres Européens les bases d’une future unité continentale complète.

La quatrième chose, la plus délicate mais aussi la plus impérieuse, sera d’affronter la question migratoire. Il faudra clairement signifier que l’Europe refusera tout multiculturalisme d’exportation, finalisera le processus de décolonisation qui est en stand-by depuis un demi-siècle, et s’opposera à l’implantation de migrants sur son territoire. Au contraire, elle devra s’atteler à une reconquête identitaire, doublée d’une relance de sa natalité indigène, et créer ainsi le contexte propice à une forte « inversion de flux ». Elle changera de référentiel, préférant les valeurs européennes éternelles aux valeurs contextuelles du « bas-empire » européen. Notre avenir est avec les Russes et avec tous les (autres) Européens, mais pas avec les anciens pays colonisés, qui ont choisi à juste titre leur liberté, ni avec la Turquie qui se tourne à nouveau vers l’orient et vers l’islam, mettant fin à la parenthèse kémaliste.

L’Europe politique se fera quand elle s’assumera comme projet identitaire et de civilisation. L’Union Européenne actuelle préfère se soumettre aux dogmes mondialistes. Nous les lui arracherons un par un. Nous ferons de l’Union Européenne ce qu’elle aurait dû être, l’antichambre vers l’Europe Nation, vers la République Européenne, une puissance redoutée et respectée et non l’actuel paillasson.

Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)

Commentaires

Sans relation directe avec les thèses que vous défendez (Quoique l'on puisse y trouver un lien partiel), que pensez-vous de Julius Evola ? Êtes-vous plutôt inspiré par cet auteur ou préféreriez-vous le rejeter complètement ?

Écrit par : Albert | 14/08/2016

Bonjour Albert (et désolé pour ma réponse tardive).

Le seul livre que j'apprécie de cet auteur est celui qu'il a renié, "Impérialisme païen". S'il ne m'a pas inspiré, disons que je partage son analyse sur la nécessité de restaurer la "coutume ancienne". Par la suite, il est tombé sur les théories complotistes du catholique Preziosi et après 1945 sur les théories "pérennialistes" sur une prétendu "tradition" à la sauce guénoniste. Son œuvre est irrémédiablement entachée par ces influences.

Dans son ouvrage "Révolte contre le monde moderne", son manichéisme "Bachofen invesé" sur une prétendue spiritualité solaire et masculine opposée à une prétendue spiritualité lunaire/chtonienne et féminine ne tient pas une seconde. Dêmêtêr est une déesse indo-européenne et l'épouse naturelle de Zeus Patêr.

Le rejet n'est donc pas intellectuellement total, car il y a aussi des bonnes choses, mais il l'est politiquement.

Bien cordialement,

TF

Écrit par : Thomas FERRIER | 17/08/2016

Je vous remercie pour vos précisions.

Écrit par : Albert | 20/08/2016

Bonjour M. Ferrier,

Je choisis un commentaire à ce texte que vous avez publié en août dernier (dont je partage la totalité du diagnostic et des propositions) pour vous interroger sur vos intentions durant l'année électorale à venir. Entendez-vous, à travers votre parti, peser sur les choix que nous devrons faire, ou même présenter des candidats aux législatives? Plus largement, comment vous situez-vous face à l'offre politique qui se dessine plus précisément en cette fin d'année? Enfin, des choix seront également faits chez nos voisins, en Allemagne notamment, aux Pays-Bas, en République Tchéque, en Hongrie, peut-être en Italie. Quel mouvement pan-européen, existant ou à créer, pouvons-nous souhaiter voir se développer de façon concrète?
Meilleurs voeux en cette période de saturnales et veille de la célébration du soleil.

Écrit par : vinayaka | 24/12/2016

Bonjour,

Pas d'élections pour nous en 2017 pour plusieurs raisons:

- pas le financement
- pas la masse militante suffisante espérée
- pas d'enjeu européen en 2017
- pas la notoriété suffisante acquise

Faut-il donner une consigne à ceux qui se reconnaissent dans notre discours ou les laisser libres de leur choix ? Les informer me paraît beaucoup plus important. Montrer ce qui se cache afin que chacun puisse voter en conscience.

Il est difficile d'avoir une vision claire des enjeux pour 2017. Aucun parti en Europe ne semble décidé à oser penser au niveau continental, même si le FPÖ a mis de l'eau dans son vin sur la question de l'UE.

Il est sûr qu'un score important de l'AfD aux élections législatives de 2017, obligeant sans doute à une grande coalition autour de Merkel mais avec une CDU affaiblie, sera utile pour le principe mais ne changera pas grand chose au final.

Il faudrait aussi observer l'évolution du FN après l'échec probable de Marine Le Pen en 2017, au premier ou au second tour. Les règlements de compte et la mise en cause de Philippot seront très rapides.

Écrit par : Thomas FERRIER | 24/12/2016

Merci pour votre réponse.

Vous dites "pas d'enjeu européen en 2017". Les élections nationales ne sont-elles pas, malheureusement, les seules capables de présenter des enjeux européens? En tout cas en France, où les élections européennes ne servent à notre classe politique qu'à poursuivre des petits débats de cuisine interne et étendre le champ des possibles postes à se partager?

Quant aux partis susceptibles de porter le combat, je me permets de m'étonner que vous ne citiez que ceux qui sont le plus virulents contre l'Europe politique, même si l'un d'entre eux a mis de l'eau dans son vin.

Je crois comprendre que votre priorité va à la défense de l'identité européenne, et que vous voyez dans le combat de certains de ces partis la possibilité d'une cause commune. Mais ces derniers, sous prétexte de la défense de nos "valeurs", ne sont-ils quand même pas plus dangereux pour le projet européen que les partis qui nous ont mené dans l'impasse? Le ressentiment contre nos frères européens qu'ils catalysent ne risque-il pas de constituer une blessure durable qui condamnera pour plusieurs générations tout construction de l'unité de notre continent? Comment espérer que certains de leurs éléments pourraient réorienter ces partis alors même que leur corpus idéologique tient du bazar le plus hétéroclite?

Même s'il n'est que l'héritier de notre classe gouvernante, un homme comme Macron, qui distribue des drapeaux européens pour qu'ils soient brandis lors de ses meetings en lieu et place du drapeau français, n'est-il tout de même pas plus susceptible de porter l'idéal d'une nation commune? Certes, il ne fait pas sien le combat identitaire. Mais, à la défiance et à un combat identitaire national et défensif, ne faut-il pas préférer une vision européiste offensive? N'est-ce pas cette attitude qui, in fine, pourra emporter l'adhésion de nos concitoyens à l'idée d'une identité commune assumée? Ne faut-il pas préférer l'attaque à la défense, l'identité conquérante à l'identité construite en creux, par opposition à d'autres identités qui voudraient nous détruire?

Écrit par : vinayaka | 26/12/2016

Les élections de 2017 ne serviront pas à grand chose. Grande coalition en Allemagne, comme depuis plusieurs années, et remplacement d'un imbécile de gauche par un imbécile de droite.

Les anti-Europe politique sont des... je ne commenterai pas. J'ai déjà écrit à plusieurs reprises mon pinion à leur sujet.

Macron n'est rien. Aucun ne mérite notre soutien. Il est européiste comme moi je suis turco-mongol...

Écrit par : Thomas FERRIER | 27/12/2016

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