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25/10/2015

Elections parlementaires polonaises. Succès massif du PiS, effondrement du PO et de la gauche historique

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Elections parlementaires polonaises 2015,Kaczynski,PiS,PO,Kukiz,Korwin,KopaczA cette heure, nous ne connaissons que le sondage IPSOS sorti des urnes. Mon analyse va donc se fonder sur ces données. Aucun site gouvernemental ou de presse n’indique de résultats, même partiels. Il est vrai que le vote n’a pris fin qu’à 21h00. Cet article sera mis à jour au fur et à mesure de l’arrivée des résultats.

Le PiS (« Loi et Justice »), le parti fondé par les frères Kaczynski, et dont l’actuel président polonais Andrzej Duda est issu, a remporté comme les sondages l’annonçaient les élections parlementaires avec 39% des voix environ et 242 sièges, soit 12 sièges de plus que la majorité absolue. Il succède en conséquence au Parti Libéral (PO) de Donald Tusk. Ce dernier, désormais président de l’Union Européenne, a été remplacé par Ewa Kopacz, tandis que Jaroslaw Kaczynski s’était mis en retrait derrière sa candidate, Beata Szydło, qui devrait donc devenir premier ministre.

Le PO (« Plateforme civique ») connaît comme prévu une chute vertigineuse (-16%), avec seulement 23.4% des voix et 133 sièges (-74). Il est douloureusement sanctionné par les électeurs qui attendaient une alternance, dans un contexte anxiogène avec la crise des migrants aux portes du pays. Pour de nombreux Polonais, seule la droite conservatrice et ultra-catholique pourra protéger la nation. Je doute que l’euroscepticisme de cette formation politique soit néanmoins populaire. Le défaite de Komorowski aux élections présidentielles était un signe précurseur évident de ce basculement de l’opinion.

Avec 9% environ des voix et 44 sièges (selon les estimations), la liste Kukiz’ 15 connaît un succès notable. Animé par l’ancien chanteur de rock Paweł Kukiz, cette formation politique nouvelle, qualifiée de populiste, s’impose à la troisième place. Les électeurs polonais aiment laisser leur place à de nouveaux venus (comme la liste Palikot en 2011) avant de s’en lasser. Le mouvement « Moderne » (Nowoczesne) est en revanche sur une ligne de centre-droit, libérale et pro-européenne. Avec 7.1% des voix et 22 sièges, il rentre pour la première fois à la Sejm (parlement).

Enfin, le désormais classique PSL (Parti du Peuple Polonais), un mouvement agrarien de droite modérée, préserve sa place au parlement, avec 5.2% des voix et 18 sièges, même s’il perdrait trois points et dix sièges. Il était il est vrai associé au gouvernement sortant.

L’échec le plus surprenant vient de la gauche unie (Lewica Razem) qui n’obtient que 6.6% des voix et surtout ne se voit attribué aucun siège dans la future assemblée, à la différence de la minorité allemande (1 représentant). La liste de gauche alternative Razem n’obtient quant à elle que 3.9% des voix et là encore aucun siège.

A droite, la liste menée par Janusz Korwin-Mikke (« Korwin ») échoue également, n’ayant obtenu que 4.9% des voix et aucun siège. C’est une déconvenue pour le député européen. Il a été victime de la division de son camp et de l’implosion de son parti. Ses provocations dialectiques ne lui ont pas permis d’émerger, dans un contexte de forte polarité PiS/PO. Beaucoup de ses électeurs potentiels auront préféré voter utile. Aucune information n’est parvenue concernant les autres listes de droite nationale, durablement marginalisées à l’image de Samoobrona ou du Camp National (Ruch Narodowy).

Thomas FERRIER (PSUNE/LBTF)

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Mise à jour: bien que non officiels, les résultats donnent finalement 37,6% au PiS et 232 sièges (sur 460) soit deux sièges de plus que la majorité, ce qui est fragile. Le PO obtient 24,1% des voix et 137 sièges, la liste Kukiz' 15 8.8% des voix et 42 sièges, le mouvement "Moderne" (Nowoczesna) 7,6% et 30 sièges et enfin le PSL agrarien 5,13% des voix et 18 sièges (ayant de justesse franchi la barre fatidique des 5%). La liste Lewica ("Gauche unie") étant une coalition, il lui fallait obtenir 8% des voix pour avoir des élus. Avec 7,55% des voix, elle se retrouve donc sans députés. Ainsi la gauche sociale-démocrate tout comme la liste de gauche Razem (3,6%) se retrouve absente du parlement, ce qui est une première en Pologne et même en Europe.

Victime de sa division, la liste "Korwin" de Janusz Korwin-Mikke, n'obtient que 4,76% des voix et en conséquence aucun élu. Avec 0,86% des voix, dont le KNP dissident (0,03% des voix) et les vestiges de Samoobrona (0,03% aussi), les autres listes sont marginales. Le "Ruch Narodowy" (Camp National) était également absent.

En conséquence, le PiS se retrouve sans alliés à droite pour renforcer sa position au parlement. S'il devait perdre quelques députés, il se retrouvera alors en situation minoritaire.

Les erreurs stratégiques de Nicolas Sarkozy.

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Nicolas Sarkozy,Buisson,erreurs,MoranoL’importance passée de Patrick Buisson aux côtés de l’ancien président de la république se démontre à l’aune des conséquences actuelles de son absence. Sans boussole stratégique, Nicolas Sarkozy est perdu et navigue à vue. Le coût politique de ces errements pourrait être désastreux pour les primaires et/ou pour l’élection présidentielle. Ne pouvant s’honorer d’un bilan politique satisfaisant d’ancien président, qui avait abouti à la victoire d’Hollande et non à sa réélection, il est relativement démuni. La stratégie de 2007 d’assèchement du FN semble au point mort. Sarkozy, tout comme Hollande, semble avoir accepté par principe l’idée que Marine Le Pen serait au second tour et sans doute en tête.

La première erreur de Sarkozy a été de se séparer de Buisson, suite aux écoutes « indélicates » de ce dernier, sans le remplacer par quelqu’un animé du même bon sens tactique mais sans les défauts de l’ancien journaliste de Minute. Guillaume Peltier (ex-FN, ex-MNR, ex-MPF) était de fait l’héritier naturel. Or il a été marginalisé suite au « coup de gueule » de Nathalie Kosciuszko-Morizet en faveur de son éviction car elle « n’aime pas les fascistes » (selon ses propos) fin 2014.

Si Nicolas Sarkozy veut échouer lamentablement aux primaires face à Juppé, décourageant tous les militants de la droite de l’UMP qui seraient tentés de le soutenir, il n’a qu’à continuer à écouter les conseils de NKM qui est à  la droite ce que Macron est à la gauche, à savoir une pièce rapportée du camp adverse. Les centristes iront vers leur poulain naturel, Alain Juppé. Celui-ci est donc le grand gagnant des derniers mois.

L’erreur de Sarkozy est de défendre une ligne de second tour, où il devra effectivement rassembler au centre face à Marine Le Pen, alors qu’il n’est même pas encore au premier tour. Il part du principe qu’Hollande serait nécessairement éliminé dès le premier tour alors qu’une élection n’est jamais remportée avant d’avoir été jouée. C’est là encore une erreur stratégique majeure. Hollande en profite, favorisant de fait le FN en en faisant son principal adversaire, car il sait que sa seule chance d’être réélu en 2017 est de se retrouver en face de Marine Le Pen au second tour. Sarkozy lui facilite donc la tâche.

L’affaire Nadine Morano est un exemple encore plus désastreux de cette ligne suicidaire de Sarkozy. En lâchant mollement Morano, sous prétexte de propos mal rapportés par cette dernière de De Gaulle, propos maladroits dans la forme davantage que dans le fond, car en adéquation malgré tout avec ce que pense une partie importante des « Républicains », il a commis une erreur majeure. Il s’est fait inutilement une ennemie alors qu’elle le soutenait sur une ligne droitière et plébéienne favorable. Il a en outre montré une certaine faiblesse acceptant de se faire dicter sa conduite par le candidat de droite Richert aux élections régionales « Grand-Est » et ses colistiers, qui menaçaient de démissionner si Sarkozy maintenait Morano. Il a même été félicité par Manuel Valls et d’autres ténors du PS pour ce fait d’armes.

Dernière erreur en date ? Avoir accepté de participer avec Cambadélis (PS) à l’opération de déstabilisation de l’émission « Des paroles et des actes » à laquelle Marine Le Pen était conviée en « guest star ». Ce faisant, il a accrédité la dénonciation de ce fameux « UMPS » par le FN, de cette dénonciation d’une collusion de la gauche et de la droite pour faire taire le peuple. Tout ce qui encourage dans l’esprit des électeurs l’idée qu’au fond PS et LR (ex-UMP) c’est la même chose est au bénéfice du FN.

Un Sarkozy courageux aurait osé demander un débat en face à face à Marine Le Pen ce jeudi, au lieu de manœuvrer pour vider l’émission de son sens en coalition avec ses adversaires du PS. Le fait qu’il n’y ait pas pensé ou qu’il n’ait pas osé montre qu’il a peur de l’affronter. Cette frilosité trahit une incertitude criante quant à la bonne stratégie à adopter. En affrontant MLP, il se serait placé comme la seule forme d’opposition et aurait préparé dans les esprits le duel de second tour 2017, écartant la gauche du jeu car Hollande, en tant que président en exercice, n’aurait pas pu participer au débat.

Nicolas Sarkozy préfère laisser à Marine Le Pen le « monopole du réel ». Il est devenu inaudible en s’alignant sur les thèses conformistes d’Alain Juppé qui sera toujours plus légitime que lui sur ce terrain. Comment la droite de l’ex-UMP pourrait avoir encore confiance en lui ?

Pour se ressaisir et regagner le terrain perdu, pour devenir à nouveau un minimum crédible sur les thèses sécuritaires et identitaires, ce sera maintenant très compliqué. L’entêtement de la droite classique à s’aligner sur les thèses idéologiques de la gauche est suicidaire. C’est la raison principale d’ailleurs de la montée du FN depuis 1988.

Sarkozy au final sera peut-être quand même le candidat de la droite, car Juppé reste un homme politique usé et associé à l’époque chiraquienne, et peut-être même gagnera-t-il l’élection présidentielle tant Hollande est décrié par les Français, mais il est à craindre que Sarkozy II soit une fin de règne, rappelant le dernier mandat de Chirac (2002-2007). Après un Hollande s’effondrant dans les sondages à peine élu, Sarkozy serait élu par défaut et impopulaire avant même de gouverner. La France pourrait-elle s’en relever ?

Thomas FERRIER (PSUNE/LBTF)