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10/05/2015

Front contre Front

europhobia.jpgAlors que les politologues opposent le « vieux » FN de « Jean-Marie » au nouveau « FN » de « Marine », la classe politique, de gauche comme de droite, prétend au contraire que le FN n’a pas changé, ou alors simplement de manière cosmétique, que le nouveau est la continuité de l’ancien, à quelques « détails » près. Cette crise familiale et politique est-elle le choix de l’efficacité au détriment de l’authenticité, une véritable rupture ou une continuité masquée ?

Le FN de JMLP : provocations et incohérences.

Jean-Marie Le Pen, choisi comme figure de proue par une partie de la droite radicale et activiste, lassée des combats de rue en 1972, Dominique Venner rejetant la proposition qui lui avait été faite d’en être l’animateur, a voulu rassembler le camp dit de « droite nationale » autour de sa personne. Il était relativement indifférent aux querelles de chapelle et admettait tant d’anciens résistants que d’anciens collaborationnistes, dans la mesure où tous lui faisaient allégeance. Néanmoins, son parti fut une succession de départs et d’arrivées, au gré de diverses scissions liées à sa personnalité ou à ses positions fluctuantes. Dès 1973, la plupart des fondateurs du FN partirent « faire Front » puis en 1983 ce fut le départ de ceux qui allaient fonder le PNF. La plus grande scission, dont le FN n’a jamais réussi à se remettre, même en 2015, fut celle emmenée par Bruno Mégret.

Rappelons que cette scission était la conséquence non seulement de l’attitude de Le Pen, attisée par un clan épurateur dont sa fille Marine était une des animatrices les plus acharnées, mais aussi de choix tactiques différents. Toutefois, contrairement à ce qui a été souvent dit ces derniers mois, et affirmé aussi par Mégret lui-même, la « dédiabolisation » qu’il envisageait n’avait rien à voir avec celle de Marine Le Pen aujourd’hui. Il s’agissait simplement de ne plus donner d’armes aux adversaires par le biais de déclarations intempestives et/ou nostalgiques d’époques dont l’évocation n’apportait rien de bon, mais sans le moindre renoncement idéologique. Mégret a ainsi emmené avec lui les opposants les plus radicaux à l’immigration avant de les perdre au gré de ses défaites électorales.

Les provocations attiraient l’attention des media sur le parti et plaisaient à une partie de l’électorat. Ce côté anti-système était un positionnement confortable, même s’il amenait à se faire attaquer par toute l’intelligentsia politique et médiatique, car il évitait les remises en question douloureuses. Mais d’un point de vue politique c’était improductif puisque les chances réelles de succès étaient nulles. En 2002, la punition au second tour des présidentielles infligée à Jean-Marie Le Pen fut significative et sa réaction personnelle démontra qu’il avait compris qu’il n’aurait pas le pouvoir. Il l’avait sans doute compris dès 1995 en vérité. Alors tout ça pour quoi ?

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9 mai 2015 : une réconciliation européenne avortée

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pax.jpgLe 9 mai est désormais « fête de l’Europe », en souvenir de la déclaration de Robert Schuman en 1950, mais c’est aussi chez nos frères en européanité, les Russes, la fête de la victoire sur l’Allemagne hitlérienne. Il eut été possible d’organiser une cérémonie en l’honneur de la réconciliation de tous les Européens, et notamment entre l’UE et la Russie, en profitant de cette occasion, de cette convergence entre ces deux évènements. Je ne doute pas que le président Poutine aurait préféré une cérémonie commune en présence des chefs d’état et de gouvernement de l’Europe occidentale qu’une cérémonie certes grandiose mais où ils témoignaient de leur absence, au nom des intérêts supérieurs… des Etats-Unis d’Amérique.

Or non seulement les Européens n’ont pas profité de cette date pour souligner la nécessaire amitié avec la Russie voisine, mais ils ont de la même façon boudé leur propre 9 mai. Rien de significatif n’y a été organisé. En revanche, François Hollande a choisi d’honorer le 8 mai, qui est certes la victoire des alliés, mais qui constitue en même temps une défaite pour l’Europe, car si celle-ci a certes réussi à surmonter la barbarie hitlérienne, elle l’a fait à un prix exorbitant, abandonnant toute sa partie orientale à un autre totalitarisme, jugé moins dangereux. Elle l’a fait aussi avec l’aide américaine qui a fini à la longue par devenir un diktat, assujettissant l’Europe occidentale, malgré les tentatives de De Gaulle d’en sortir la France, à leur géopolitique, et ce jusqu’à nos jours.

Le président Giscard d’Estaing avait fait scandale jadis en renonçant au 8 mai mais dans sa logique cette date incarnait une division révolue alors que justement la construction européenne avait pour but de surmonter les conflits et les rancœurs passés et de bâtir autour d’un axe franco-allemand une relation pacifiée entre les Européens. C’était donc bien sûr le 9 mai que la France et l’Allemagne devaient à nouveau renouveler le pacte de l’amitié et quoi de mieux que de l’élargir à la Russie, alors que la crise ukrainienne est loin d’être surmontée, par la faute notamment d’un camp belliciste dominant Kiev.

Au lieu de cela, François Hollande a préféré passer son week-end politique dans les Antilles où il a pu dénoncer le crime de l’esclavage occidental, passant sous silence les autres formes de traite, et notamment la traite orientale menée par les Arabes ou bien la traite « blanche » entre le VIIIème et le XIXème siècles. Cet esprit d’excessive « repentance », toujours à sens unique, mène le pays droit dans le mur. Car comment peut-on demander au peuple d’aimer son pays si on ne cesse de le rabaisser par une histoire à la lecture biaisée et à sens unique ?

Ainsi, alors que la construction européenne est en crise, le résultat des élections britanniques montrant une lassitude face à une « UE »  que les britanniques ne comprennent plus, l’Europe est une fois de plus la grande absente. Même à Strasbourg, aucune manifestation d’envergure n’a été organisée. L’europhobie ne règne pas seulement à Londres, comme on pourrait hâtivement le croire. Elle domine aussi à la tête de la France et de l’Allemagne. La question grecque n’y est pour rien, pas plus que la question ukrainienne. La vérité est que nos dirigeants sont des crypto-souverainistes, attachés uniquement à leurs prébendes nationales, en mode subverti je précise, et qu’ils n’ont jamais eu l’intention, pas plus que leurs prédécesseurs, de bâtir cette Europe politique qui nous est si nécessaire. Ils parlent comme des Européens mais pensent comme des Américains. Ce sont des usurpateurs de l’idée européenne, qu’ils ont subvertie dans un sens mondialiste, la rendant odieuse au plus grand nombre. Et nous avons comme représentant de cette construction « européenne » un Juncker qui prône une répartition par quota des migrants clandestins dans les différents pays de l’UE. Quoi de mieux pour faire encore davantage le jeu des souverainistes officiels ? L’UE veut redevenir populaire ? Qu’elle ose braver ses propres tabous et organiser l’éloignement systématique de ceux qui bravent nos lois et veulent s’imposer à nous, sous prétexte de souffrir dans leur pays natal des politiques de leurs dirigeants ou de leur irresponsabilité démographique !

Si l’UE osait enfin affronter le péril migratoire, au lieu de laisser ce thème aux europhobes, qui sont eux sur cette question en phase avec l’opinion publique, ce thème ayant dominé la campagne britannique et brisé les ambitions du Labour, elle serait crédible. Mais il faudrait qu’elle soit dirigée par des hommes d’une autre trempe, de vrais européens, capables de convaincre le peuple de les suivre, et que les dirigeants des Etats soient alors contraints de faire silence devant eux. Il faudrait simplement bâtir l’Europe, alors qu’elle n’est qu’un vaste cimetière moral, et la bâtir sur son identité la plus authentique, loin de principes éthérés suicidaires, sur les principes chers aux anciens Grecs et Romains mais aussi à « nos ancêtres les Celtes », à « nos ancêtres les Germains » et enfin à « nos ancêtres les Slaves ». Bâtir l’Europe mais contre les Etats, contre les gouvernements, contre les oligarchies parasitaires qui emmènent le continent à sa ruine, et bien sûr contre l’Union « Européenne » actuelle, caricature impuissante de la véritable Union Européenne dont rêvent les Européens, même s’ils n’osent plus y croire.

Thomas FERRIER (PSUNE/LBTF)