15/02/2015
Les Etats-Unis en Europe. De quoi je me mêle ?
Nous ne sommes vraiment pas en Europe. Nous avons toujours l’OTAN et, derrière l’OTAN, les Etats-Unis d’Amérique qui gouvernent notre politique dite « étrangère », laquelle est, bien souvent, la politique interne à l’Europe. Ce sont eux qui ont décidé de la manière dont allait se disloquer la Yougoslavie, avec des conséquences terribles pour cette région. Il est vrai que les Européens ont commencé par manquer à leur devoir, à commencer par les Allemands qui se sont empressés de reconnaître la Croatie, en ne convoquant pas une conférence pour organiser pacifiquement ce démembrement. Ce sont donc les Etats-Unis qui ont décidé des bons et des méchants, avec les bons Bosniaques musulmans qui pouvaient se permettre de bombarder le marché de Sarajevo pour en accuser les Serbes et les bons Croates qui ont chassé de leur terre les Serbes de la Krajina. Cela nous le savions depuis longtemps.
Nous pensions que l’Europe, nulle sur le plan des relations internationales, gérait un peu mieux son économie. Le problème de la dette grecque lui incombe ; ce sont les citoyens des autres pays européens qui paieront. Or qui faisait la loi en Grèce jusqu’aux dernières élections ? C’était une « troïka » représentant le FMI, la BCE et la commission. Le FMI est une instance internationale. Qu’a-t-il donc à faire dans nos problèmes ? A la rigueur il pourrait prêter à l’Europe qui prêterait à la Grèce ; mais il prête directement. Quant à la BCE, elle est indépendante. Il reste la commission, qui est à l’Europe ce que les fermiers généraux étaient à notre ancien régime. Où sont les représentants du peuple européen ? Le nouveau pouvoir grec a raison de ne plus vouloir de cette troïka. En revanche cela ne change rien pour lui sur le fond. Jusqu’ici nous n’avions que les conséquences d’une gestion lamentable des problèmes par des dirigeants européens incapables, en Grèce et ailleurs. Or voici que survient un fait nouveau. Monsieur Obama se permet de porter un jugement positif sur les demandes grecques. De quoi je me mêle ?
Ces derniers jours, la situation dans l’Ukraine orientale a appelé une initiative d’Angela Merkel et de François Hollande. L’idée n’était pas mauvaise, mais elle faisait suite à des déclarations belliqueuses en provenance des Etats-Unis, qui leur faisaient peur. Etait-ce un éclair de lucidité ? On peut en douter. Dans cette affaire il y a quelque chose qui cloche, indépendamment de tout jugement sur les responsabilités respectives des Ukrainiens et des Russes. Dans quel esprit nos deux chefs d’état sont-ils venus à Minsk ? Comme médiateurs ? Si c’était le cas, il fallait au moins respecter les apparences. Pourquoi les occidentaux se concertent-ils toujours avec Porochenko avant de parler à Poutine ? Pourquoi ce même Porochenko a-t-il été invité, après les accords de Minsk, à Bruxelles ? Ou alors ils veulent imposer leurs vues à la Russie. Pourquoi pas ? Mais, dans un tel cas, il leur est inutile de s’encombrer d’Ukrainiens qui ne peuvent que les gêner par leur intransigeance.
Il faut dire que les journalistes ne font pas preuve non plus d’une impartialité ne serait-ce qu’apparente. C’est ainsi que Vladimir Poutine, président élu comme les autres et juste plus populaire chez lui que ces autres, est qualifié de « maître du Kremlin » ? Pourquoi ne parle-t-on pas du maître (de la maîtresse ?) du Bundestag, du maître de l’Elysée ?
Il y a cependant bien pire. On a vu Biden donner des leçons et proférer des menaces. C’est son droit. Cependant quand il dit qu’il donnera des armes à l’Ukraine en cas d’échec, sans se soucier du responsable de l’échec, il pousse Porochenko à chercher cet échec. Sans doute l’échec n’a-t-il pas été total dans la mesure où les deux grands « européens » voulaient annoncer une issue positive à leurs opinions nationales. Mais on voit aujourd’hui Porochenko annoncer que le cessez le feu a peu de chances d’être respecté. Comment le sait-il ? Parce qu’il ne le fera pas respecter ? Or, si les accords ne sont pas suivis d’effet, on sanctionnera la Russie, sans chercher le responsable. D’ailleurs ces sanctions ne seront levées que si les tensions diminuent. On ne cherche pas non plus à savoir qui pourrait l’empêcher.
Il y a deux explications possibles. Ou bien les dirigeants de l’UE veulent se faire bien voir de la Pologne et des Etats-Unis. Ou alors ils cajolent Porochenko parce qu’ils veulent le lâcher. Peut-être est-ce un peu les deux. Ou alors ce ne serait qu’une nouvelle version du politiquement correct. Quand on est du « bon » côté, quand on œuvre pour la « bonne » cause, alors tout est permis. Les Anglo-Saxons savent très bien faire. Les américains ne savent-ils pas truquer les preuves quand ils croient avoir la justice pour eux ?
Dans cette ambiance, il est très étonnant que quelques politiciens et commentateurs se soient mis à tenir un discours différent de celui des dirigeants et des médias. C’est ainsi que, dans le journal Le Monde, François Fillon a écrit que les Etats-Unis s’étaient disqualifiés dans le différend entre Russes et Ukrainiens. C’est ainsi que, dans L’Express, Christian Makarian écrit que « notre incompréhension [de la Russie] révèle notre fainéantise intellectuelle, ce voluptueux sentiment de supériorité ». Il conclut magistralement ainsi : « on réagit [face à Vladimir Poutine qui exploite les déficiences molles du commerce] par la réduction du commerce. Or on ne peut lui répliquer que par une idée plus haute, plus vaste de l’Europe ». Dans le même journal, Jacques Attali, qu’on connaît plutôt comme un insupportable mondialiste, voit plus loin : « la Russie doit être notre alliée ». Le croissant de nos ennemis va « du Nigeria à la Tchétchénie, en passant par le Mali, la Syrie, l’Irak, l’Afghanistan et une partie du Pakistan ». Il décrit en même temps les vrais ennemis d’Israël. Surtout il n’y met pas l’Iran, qu’il ne résume pas à quelques dirigeants aboyeurs, ni même les Chiites. Il semblerait qu’il ait enfin compris.
Peter EISNER (PSUNE/LBTF)
17:56 Publié dans Analyses, Géopolitique continentale | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : impérialisme, usa, russie, ukraine, diktat, union européenne, vassalité |
08/02/2015
Pourquoi Mitterrand n'aurait pas dû être président en 1981
Mon analyse ne porte pas sur le bilan des quatorze années du président « socialiste », d’un homme qui avait dénoncé De Gaulle en proclamant « dix ans, ça suffit ! » et qui, face au péril migratoire qu’un Giscard n’avait pas su combattre avait déclaré, « vous êtes ici chez vous chez nous ».
La question est de savoir comment cet homme politique, avec son passé, a pu devenir le premier président « PS » de la Vème république. L’idée est que si son histoire authentique avait été révélée aux Français, malgré l’impopularité relative du président sortant, il n’aurait jamais été élu et aurait même dû être désavoué par ses principaux soutiens.
Que pouvait-on savoir dès 1981 en cherchant un peu, en faisant un travail journalistique de base, travail qui n’a pas été mené ou alors limité à certains journaux « sulfureux » (Le Crapouillot, Minute) dont aucun journal de référence ne reprit les découvertes ? Ces informations étaient en réalité connues de ses adversaires comme de nombreux journalistes. Mais elles ont été tues et nous tenterons d’expliquer pourquoi. En 1981, peu savaient qu’un début de cancer de la prostate avait été diagnostiqué chez le candidat « socialiste ». Cette information aurait néanmoins dû être connue des Français, et à plus forte raison en 1988. Ils étaient en droit de connaître l’état de santé précis d’un candidat à l’élection ultime. Ils ne l’ont été qu’une fois Mitterrand réélu et gravement atteint, lorsque le secret ne pouvait plus être conservé.
Mais nombreux connaissaient le passé d’extrême-droite de François Mitterrand dans les années 30, un proche alors de l’Action Française et des Croix de Feu, mais aussi de la Cagoule, et qui avait même défilé au quartier latin contre « l’invasion métèque ». Ils savaient aussi que Mitterrand n’avait pas été résistant tout de suite et même avait soutenu Pétain jusqu’en 1942, au point d’être décoré de la francisque par le vieux maréchal. Ils savaient que le candidat socialiste menait une double vie, mais seul l’hétérodoxe Jean-Edern Hallier osa braver ce tabou au péril de sa vie et ce bien après 1981. Enfin, ils ne pouvaient pas ignorer que Mitterrand lui-même avait organisé dans les années 50 un faux attentat contre sa personne, le fameux « attentat » dit de l’Observatoire qui, à lui seul, aurait dû lui interdire toute carrière politique de premier plan.
Voilà des éléments que les Français étaient en droit de connaître avant de se prononcer sur le choix de leur président de la république. Mais les media n’ont rien dit, de même que ses adversaires, de gauche comme de droite. L’ancien employé de Messerschmitt, le volontaire STO Georges Marchais, aurait été mal placé pour lui faire la leçon. Et la droite, comme à son habitude, n’a aucun courage quand elle est confrontée aux leçons de morale d’une « gauche » pourtant mal placée en ce domaine. On le voit encore ces derniers jours avec des ténors de l’UMP appelant à voter pour le PS contre le FN.
C’est en 1965 qu’une occasion en or de neutraliser politiquement Mitterrand était offerte à Charles De Gaulle. Ce dernier s’était ainsi imaginé être élu dès le premier tour, mais il fut contraint à un second tour qu’il emporta nettement, mais sans dominer de manière écrasante son adversaire. De Gaulle avait sous la main un dossier complet. Il pouvait ainsi réduire le dit adversaire à néant. Son honneur personnel lui interdit néanmoins d’utiliser l’arme absolue, sans songer qu’il aurait pu arrêter là la carrière de quelqu’un qui devint 26 ans après président. On constatera de la même façon que Valéry Giscard d’Estaing n’a jamais osé attaquer Mitterrand sur son passé, ni en 1974, ni en 1981.
Pourquoi la droite et les media n’ont-ils pas osé déballer ce passé qui n’aurait jamais dû passer ? La droite a toujours été tétanisée par la « gauche » et n’a jamais osé lui rentrer dans le lard. Elle ne l’a pas fait en 1981 et pas davantage depuis. On imagine pourtant un Chirac en 1988 faisant alliance avec le FN et qui aurait pu rétorquer aux leçons de morale de Mitterrand le passé de ce dernier. Sa victoire était alors assurée.
Quant aux media, le milieu journalistique étant dominé par la « gauche », ils avaient intérêt à taire la vérité et à assurer ainsi le succès de leur poulain, même si ce dernier avait été jadis d’extrême-droite, un « crime » qu’on ne pardonne pas en revanche à Longuet ou Madelin. Ils ont ainsi menti aux Français, pratiqué une évidente désinformation, afin de donner à la « gauche » une victoire politique après sa victoire idéologique (depuis 1968).
A partir du moment où les Français ont élu François Mitterrand sans bénéficier des informations nécessaires pour se déterminer de manière libre et souveraine, cette élection a constitué un coup d’état politico-médiatique, un viol du peuple. Et de même en 2012 on aurait pu avoir comme président un homme politique ayant un « problème » avec les femmes, si son comportement ne lui avait pas dû une arrestation aux USA. L’Elysée serait devenu un véritable lupanar. En 2007, les deux candidats du second tour affichaient une famille unie alors qu’aucun des deux ne vivait plus avec son compagnon. C’est ainsi qu’Arnaud Montebourg, à cause d’une boutade médiatique où il révélait que le problème de Ségolène Royal était « son compagnon », fut exclu de la campagne. Mentir aux Français avant d’être élu, ce n’est pas simplement faire de fausses promesses qu’on sait ne pas tenir, c’est mentir aussi sur qui on est et avec qui on vit.
Ce trait de caractère ne se trouve pas qu’au PS ou à l’UMP. On se souviendra ainsi de l’émoi médiatique faisant suite à l’annonce par un journal à scandales de l’orientation sexuelle d’un haut responsable du FN. Néanmoins, à l’âge médiatique, malgré la malhonnêteté intellectuelle des media du Système, les secrets les mieux gardés finissent par voler en éclats. Il serait bon qu’ils explosent avant que ces gens soient élus et non une fois en place.
Si la classe médiatique faisait bien son travail, elle aurait le devoir de livrer aux citoyens une information des plus complètes. Mais elle ne le fait pas car elle a un intérêt personnel à mentir et à faire élire des gens qui sans cela ne seraient jamais élus. François Mitterrand en 1981 aurait été battu ou n’aurait même pas été choisi candidat de la « gauche ». Chirac en 1995 n’aurait sans doute pas non plus été élu, de même que Sarkozy en 2007 et Hollande en 2012. L’histoire de notre pays aurait-elle alors changé en mieux ? C’est probable. Car rien de bon ne naît des mensonges !
C’est pourquoi il ne peut y avoir de démocratie véritable que s’il y a une transparence totale en politique et que si des journalistes neutres et objectifs informent correctement les citoyens de la réalité derrière les beaux discours et les apparences. Nous en sommes malheureusement loin.
Thomas FERRIER (PSUNE/LBTF)
15:35 Publié dans Analyses, Billets | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : mensonge, mitterrand, caste médiatique, démocratie, usurpation, francisque |