16/09/2010
Du pain béni pour les europhobes !
La critique, par le commissaire européen compétent avec l’appui de la commission et de son président, de la politique française de démantèlement des camps de Roms et de rapatriement de leurs occupants dans leur pays d’origine est particulièrement mal venue pour redorer le blason de l’Union européenne.
Ce ne sont pas seulement les allusions à la seconde guerre mondiale et à la déportation des Juifs qui sont scandaleuses. Certes la commission européenne a pour mission de veiller au respect, par chaque pays membre, des accords signés. Cependant cette mission s’arrête, par exemple, à l’évaluation de la politique de la France dans le domaine concerné. Elle ne va pas jusqu’à la correction orthographique des circulaires de bas niveau émanant de son administration.
Les partisans de la République européenne ne doivent pas avoir peur de comparer les instances dirigeantes de l’Union européenne à l’ancien régime en France. Les commissaires d’aujourd’hui sont les fermiers généraux de jadis. Comme ces derniers, ils ont reçu une délégation. Dans le cas des premiers, c’est la délégation accordée par les Etats membres pour contrôler le respect du politiquement correct, en l’affermissant au besoin comme cela vient d’être fait. Pour les derniers, c’était, rappelons-le, la délégation accordée par le Monarque pour percevoir l’impôt, en l’affermissant à leur profit. Ni les uns ni les autres n’ont la moindre légitimité. La désignation des commissaires résulte de tractations souterraines entre dirigeants, pour lesquelles les petits états comptent autant que les grands. L’inégalité devant la représentation populaire dans le choix de la commission est de l’ordre de celle qui existait entre la noblesse et le tiers-état sous l’ancien régime.
De même que les fermiers généraux incarnaient ce qu’il y avait de pire dans la monarchie française, de même les commissaires européens incarnent ce qu’il y a de pire dans l’actuelle Union. Sans aller jusqu’à la guillotine qu’avait appliquée la Révolution française à tous les gens de cet acabit, c’est un grand coup de balai qui devrait les chasser tous ensemble.
Les partisans de la République européenne ne seront jamais assez durs pour dénoncer les instances de l’actuelle Union. Il faut éviter, en effet, que la vindicte populaire ne se retourne contre l’idée européenne. En 1789 on détestait la monarchie, mais on n’a pas remis en question la France. Au contraire on a fait de ceux qui constituaient un groupe de sujets d’un monarque dont l’influence était le résultat de guerres avec d’autres monarques les citoyens libres d’une République spontanément constituée. Aujourd’hui, la réunion disparate des habitants d’un groupe d’états associés au gré de discussions entre oligarques, doit laisser la place à un ensemble cohérent de citoyens d’une Nation Europe installée dans ses frontières naturelles, géographiques et civilisationnelles.
En attendant, il faut bien admettre que le nationalisme europhobe sera électoralement plus payant que l’idée européenne. Même si les initiatives de Sarkozy sont de la poudre aux yeux, même si les déclarations du Front National sont des rodomontades, le citoyen français ou allemand comptera davantage sur ses élus nationaux, qu’il sent plus proches de lui, même s’il les sait corrompus. Le Français appréciera qu’on lui parle de protéger son mode de vie, l’Allemand de protéger sa monnaie. Qu’on ne lui parle plus de l’Union européenne ! A-t-elle seulement envisagé l’interdiction du niqab ? Ce sont quelques pays, à commencer par la Belgique, qui l’ont fait. L’Union, de son côté, se félicitait de l’islamisation de la Turquie.
Peter Eisner (LBTF/PSUNE)
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