Défaite sur le fil du candidat FPÖ Norbert Hofer. Les raisons d’un échec
23/05/2016
Les résultats.
Avec 49.7% des voix contre 50.3% pour l’écologiste Alexander Van der Bellen, Norbert Hofer (FPÖ) a échoué de peu aux élections présidentielles autrichiennes, alors que tout indiquait qu’il serait élu avec une certaine avance. Il est victime notamment du vote des électeurs par correspondance, ceux-ci ayant donné 61.7% des voix à Van der Bellen contre 38.3% à Hofer. Par ailleurs, 40% seulement des femmes autrichiennes ont donné leur voix au candidat FPÖ.
La victoire de Van der Bellen s’explique par un excellent report de voix venus de tous les partis, et notamment de près de 50% des électeurs de droite (ÖVP) et une plus grande mobilisation des abstentionnistes. Dans ces conditions, malgré une progression de 14.6 points entre les deux tours, Hofer échoue, certes de peu.
Le nouvel élu, particulièrement fade et pourtant sans relais sur le terrain, a bénéficié d’abord d’un vote de rejet (47% de ses électeurs ont voté pour lui par crainte du FPÖ) et ensuite d’un vote systémique, par l’effet anxiogène des pressions internationales et de la propagande médiatique. En effet, aucune célébrité ou presque n’a apporté un soutien public au FPÖ, même s’il n’y a pas eu de campagne diabolisatrice analogue à 2002 en France.
Les raisons profondes.
Il y a des raisons plus profondes à cet échec et celles-ci dépassent le cadre national de cette élection et existe dans les autres pays d’Europe. Ce phénomène touche aussi bien le FN que l’AFD. Les femmes, électorat plutôt conservateur par nature, ce pourquoi la France républicaine avait tant rechigné à leur accorder le droit de vote, et les retraités, sont en effet rétifs au discours de « repli » que peut incarner à sa manière le FPÖ. Enfin, il ne faudrait pas oublier le poids croissant des minorités d'importation, le candidat Van der Bellen ayant même proposé des affiches en allemand et turc.
Même si ce dernier sur les questions européennes est beaucoup plus mesuré que son partenaire français de Strasbourg (FN), il suscite une crainte d’ordre irrationnel encouragée par les media. Le discours anti-€ et anti-UE fait peur à ceux qui réussissent socialement ou se sentent protégés par des « acquis sociaux ». Si 86% des ouvriers ont voté FPÖ, très peu de cadres ont en revanche fait ce choix.
Le FPÖ est nazifié dans la presse internationale, alors que rien ne le justifie objectivement. Il n’a pas été plus composé d’anciens nazis que l’ÖVP ou le SPÖ et Kurt Waldheim n’était pas non plus un FPÖ. Si le FDP allemand, qui avait connu au départ une évolution semblable, est sur une ligne très différente, ce n’était pas le cas dans les années 60. Schönhuber lui-même était un ancien membre des sociaux-démocrates (SPD).
Enfin, le programme de Hofer était ambitieux et a froissé les conservateurs de tous poils. Il voulait donner à la fonction de président autrichien la plénitude de ses droits. Il était prêt à s’opposer aux quota de migrants à Bruxelles ou à l’adhésion de la Turquie. Cela a pu aussi alimenter les craintes de nombreux électeurs. Ils ont préféré un président potiche, comme ses prédecesseurs, et ce sera en effet le cas.
L’idée d’un président FPÖ avec un chancelier FPÖ (Strache) sponsorisé par lui, représentant un cumul potentiel de pouvoirs, a effrayé certains au moment du vote. Pourtant cette crainte relève du fantasme. Les véritables dangers sont de nature identitaire et à défaut d’y parer efficacement, le FPÖ aurait au moins pu limiter la casse et décourager des réfugiés potentiels de faire halte en Autriche.
Les enseignements de cette élection, comme ceux du second tour des élections régionales en France, c’est qu’un programme anti-européen est anxiogène, que l’idée d’un « repli » crée une peur économique, mais que malgré tout la crise identitaire amène presque un électeur sur deux à soutenir le FPÖ en Autriche.
Une force politique qui associerait résistance identitaire et cadre européen d’action serait invulnérable, sous réserve de réussir à créer les conditions d’émergence requises.
Le FPÖ ne doit donc pas écouter les sirènes du « marinisme » et doit au contraire jouer une partition mesurée associant identité autrichienne et identité européenne. Ce sont là les clés de son éventuel succès futur. Et c’est ainsi qu’il sera aussi utile à tous les autres Européens, afin de lancer le signal de la reconquête, et au lieu d’un repli national sur des conceptions frileuses, bâtir les assises de la Grande Europe.
Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)
4 commentaires
Votre analyse pourrait être intéressante si vous ne partiez pas, à la fin, sur des conclusions absolument illogiques et immotivées.
Je connais parfaitement la situation de l'Autriche (je suis germanophone et ma femme est autrichienne). Or, aucun analyste n'a jamais émis l'idée que le FPÖ avait perdu à cause de ses positions anti-UE. C'EST LE CONTRAIRE : il a obtenu des scores aussi massifs grâce à ces positions, qui lui ont permis de surfer sur la colère populaire, suite à l'invasion de l'Autriche organisée par l'UE. S'il n'avait pas pris position contre l'UE, il aurait obtenu des scores insignifiants et un autre parti aurait surgi à sa droite qui aurait capté le mécontentement ambiant.
Pour l'Autrichien moyen, défendre l'identité autrichienne, c'est forcément combattre les mondialistes de Bruxelles. Et le temps presse : encore quelques années comme celle que nous venons de vivre, avec des armées de migrants non repoussées, et le multiculturalisme en Autriche sera un fait acquis.
Dans l'ensemble, je trouve que vous observez l'Europe avec un regard très franco-français. ;) Il faut savoir que c'est en France que l'hostilité à l'€ et à l'UE est la moins forte (les sondages le montrent). Dans les autres pays, il est inconcevable de lutter contre le mondialisme sans lutter contre l'UE...
Aucun parti populiste ne gagne avec des positions anti-européennes et je dis bien aucun. Ces positions anxiogènes empêchent certains électeurs (notamment les retraités) de franchir ce Rubicon électoral.
L'hostilité à l'UE et à l'€, même si l'UE actuelle est objectivement très médiocre, et ses dirigeants lamentables (mais à l'image des gouvernements de chaque pays membre), repose sur des mensonges et des fantasmes.
En réalité, les électeurs qui votent pour le FPÖ, l'AFD, le FN... le font pour des raisons identitaires, pour exprimer leur rejet de l'implantation de populations allogènes, légales ou non, sur leur sol. C'est la seule et unique raison de vote.
C'est l'absence de vrais partis identitaires qui amènent les électeurs à soutenir des formations qui, par ailleurs, sont europhobes.
Prôner une Europe identitaire unie, comme je le fais, c'est donc répondre vraiment aux enjeux et aux motivations des électeurs qui votent aussi pour ces partis populistes. C'est offrir les bonnes réponses aux bonnes questions car aujourd'hui il n'y a que des mauvaises réponses.
Mon raisonnement n'est pas "franco-français" mais européen. Il est de regarder objectivement les faits et pas de mentir par démagogie aux gens en leur promettant la lune ou en leur racontant n'importe quoi. Peu m'importe que l'UE soit impopulaire. Elle l'est pour de bonnes et de mauvaises raisons. Mais l'UE actuelle n'est pas l'UE par principe. Cela peut, cela doit être modifié. Energiquement. Mais sans prôner un repli stupide alors que le mal est déjà très avancé dans chacun des pays sans que l'UE n'y soit pour rien.
Je dis simplement qu'une ligne aussi identitaire que celle du FPÖ, mais moins bêtement eurosceptique, aurait mieux réussi et qu'Hofer aujourd'hui serait le président autrichien.
Le problème des migrants n'est pas dû à l'UE. Elle est due à la lâcheté de tous les gouvernements. Si les gouvernements étaient contre la venue de ces migrants, alors l'UE serait aussi contre, tout simplement.
Regarder donc l'arnaque totale du discours souverainiste au Royaume-Uni !
Bien cordialement :)
PS: en vous remerciant pour lancer le débat. C'est important d'en discuter justement.
Désolé pour les quelques coquilles orthographiques (ce n'est pas mon habitude).
une petite intrusion pour faire la publicité de cette page twitter de salubrité publique : https://twitter.com/RenardDuNet
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