Grexit-Franxit
11/07/2015
Le titre provocateur que j'ai choisi peut laisser penser que je prédis la sortie de la France de la zone Euro. On peut se rassurer sur ce point; la France ne sera pas exclue dans l'immédiat. Mais la Grèce ne le sera pas non plus.
En revanche la Grèce va rester un boulet pour l'Europe pour encore des années. Et, de son côté, la voix de la France ne comptera plus du tout en Europe. Chaque pays sera, à sa manière, un paria.
On est loin du temps où l'Allemagne tendait la main à la France pour mettre en place un gouvernement économique commun. Cette main a été tendue trois fois et elle a été trois fois repoussée. Avec la présidence Hollande c'est dès le départ, dès la campagne électorale, que le refus français est devenu définitif. L'Allemagne ne fera pas une quatrième tentative. Aujourd'hui, forte de ses succès économiques, elle se replie sur elle-même.
Il y a un point commun entre la Grèce et la France, c'est la perte de crédibilité.
Alexis Tsipras a tout fait pour en arriver là. Elu sur la base de promesses démagogiques, il a fait semblant de maintenir un dialogue avec les autres états européens sur des bases aux antipodes de ses promesses. Alors que l'échéance fatale se profilait, il a renouvelé ses promesses baptismales en provoquant un référendum qui a rejeté les exigences des états européens, pour capituler aussitôt, au moins en paroles, devant les créanciers de son pays.
Les dirigeants européens n'ont pas confiance en Tsipras, Wolfgang Schaüble encore moins que les autres. Les investisseurs n'ont pas confiance en la Grèce. Les Grecs n'ont pas confiance dans leur système bancaire. En réalité, ce n'est pas un problème grec. C'est un problème européen. Quand une famille connait un membre malade, elle l'aide, sans mettre de conditions, mais sans le laisser se soigner tout seul. Il faudrait mettre en place un petit gouvernement économique européen en Grèce pour quelques années, gouvernement dans lequel Tsipras siègerait mais qui ne serait responsable que devant le seul parlement européen. Il faudrait remplacer les banques grecques par des banques européennes, soumises aux seules lois de ce gouvernement européen, pour faire revenir les capitaux exilés et rassurer les citoyens. Et il faudrait lancer l'économie grecque avec des capitaux européens. On ne parlerait pas de la dette.
Evidemment cela supposerait une réforme du parlement européen. Et cela supposerait que la souveraineté illusoire que les Grecs s'imaginent avoir encore soit mise au rang des accessoires. Et cela supposerait surtout que les autres citoyens européens acceptent l'idée de connaître un jour le même sort. Il faudrait donc beaucoup de courage politique à tous, ou alors une révolution en Europe.
En France, François Hollande a perdu tout crédit. Déjà la France, comme la Grèce, n'a jamais été capable de respecter ses engagements. Mais, ces derniers temps, Hollande n'a pas fait mieux que Tsipras. Elu, de la même façon, sur la base de promesses démagogiques inspirées par une idéologie hostile à l'entreprise, il a noué depuis plus d'un an un dialogue ambigu avec un patronat aussi peu fiable que la commission de Bruxelles. Ces derniers jours, avec Manuel Valls, il n'a cessé de défendre en France le maintien de la Grèce dans la zone Euro, tout en se comportant en Europe en lavette dans le bras de fer entre Tsipras et Merkel. Ce n'est pas pour dire qu'il faille souhaiter la sortie de la Grèce. Cependant il faut expliquer ce qu'il convient de faire pour l'éviter. Or la virulence de Merkel n'a n'égale que la torpeur de Hollande.
Evidemment la situation française est moins grave. Mais la solution sera la même que pour la Grèce : un gouvernement économique européen. Si l'on veut aller au bout du raisonnement, cela veut dire un gouvernement européen tout court. C'est-à-dire remplacer les états actuels par un état européen. C'est le programme du PSUNE.
On notera que la Russie a tendu aussi la main à l'Europe. Vladimir Poutine a défendu la "maison Europe", s'exprimant en allemand devant le Bundestag. Que fait-on aujourd'hui ? On pousse la Russie dans les bras de la Chine. Or seule la Russie peut nous sauver, au sein de cet Etat européen dont nous avons besoin.
Pierre EISNER (PSUNE/LBTF)
8 commentaires
Il eût fallu surtout que l'EU fût supérieure à la somme de ses parties constitutives et que celles-ci fusionnassent organiquement en une seule nation, un seul État et une seule citoyenneté. La Grèce pourrait alors seulement bénéficier d'un fond commun de solidarité véritable, comme peuvent en bénéficier aujourd'hui par exemple les territoires français d'outre-mer au titre de composante constitutive et organique de l’État français. Mais des dispositifs historiques aussi consistants que des États nationaux préexistants et singuliers comme la France, l’Angleterre, voire plus tard la Russie, peuvent-ils seulement concevoir une telle fusion organique de leurs souverainetés respectives ?
Car il s'agit bien d'un processus horizontal national de fusion et d'assimilation réciproquement consenties nonpareil encore à cette échelle, et non pas d'un phénomène d'unification politique européenne par la domination impériale et surplombante des uns par les autres (comme l'ont tenté cet irréaliste de Napoléon ou ce dément d'Hitler)
sous la pression de circonstances historiques critiques, allez pourtant savoir ce qui pourrait advenir...
@ Anton
C'est exactement mon opinion. Un Etat européen avec ses règles. Une vraie harmonisation européenne permettant à tous d'être sur un plan d'égalité.
Cette fusion des souverainetés (ou leur dépassement, ce qui revient au même) implique un processus révolutionnaire, un peu comme lorsqu'en 1789 les parlements des provinces ont perdu tout pouvoir.
Mais ce dépassement serait-il réellement démocratique ? Comparaison n'est pas raison, car 1789 n'était pas seulement le fait de la "vox populi" spontanée, mais également de la montée politique de la bourgeoisie, qui avait tout intérêt à faire émanciper juridiquement les masses du Tiers état pour faire émerger à grande échelle (nationale) des masses de producteurs/consommateurs arrachées à leurs structures sociales traditionnelles et unifiées culturellement pour garantir leur mobilité et leur interchangeabilité socio-professionnelle relatives. Question de rigueur donc : existe-t-il aujourd'hui à l'échelle européenne une élite bourgeoise cohérente, éclairée et désireuse de porter un tel projet révolutionnaire de construction d'une "horizontalité" nationale européenne véritable ?
par ailleurs, malgré leur autonomie locale, la situation de ces parlements des provinces de 1789 est encore d'être comparable à celle de vieilles entités politiques et historico-culturelles souveraines et organiques comme les Etats français, russes ou anglais
est encore LOIN d'être comparable à celle...
http://video.lefigaro.fr/figaro/video/alain-marsaud-on-va-vers-une-revolte-du-peuple-europeen-contre-les-elites/4456503363001/
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