La droite danoise, minoritaire, conquiert le pouvoir
20/06/2015
Ce jeudi 18 juin, des élections législatives avaient lieu au Danemark. Les Sociaux-Démocrates (Socialdemokratiet) au pouvoir, menés par « la » premier ministre sortante Helle Thorning-Schmidt, espéraient être reconduits à la tête du pays après leur victoire en 2011 à la tête d’une coalition de gauche. Le centre-droit, le Venstre (Libéraux), mené par Lars Løkke Rasmussen, était de son côté empêtré dans les affaires, et en conséquence fragilisé.
Avec 26.3% des voix et 47 sièges, les SD progressent de 1.5% et gagnent trois sièges. Ils (re)deviennent le premier parti du pays, alors que la droite les avait dépassés en 2011. Ce succès relatif est trompeur. Le centre-gauche (Radikale Venstre), qui faisait partie de leur coalition, s’est effondré passant de 9.5% des voix et 17 sièges en 2011 à 4.6% (-4.9) et 8 sièges (-9). De la même façon, le Parti Populaire Socialiste (SFP = Socialistisk Folkeparti) est douloureusement affaibli, passant de 9.2% et 16 sièges à 4.2% (-5) et 7 sièges (-9).
Cette baisse significative du vote de gauche profite à deux partis de gauche, les « rouge-vert » d’Enhedlisten, qui passent de 6.7% et 12 sièges à 7.8% et 14 sièges, et la liste de gauche Alternativet, nouvelle venue, qui obtient 4.8% des voix et 9 sièges. En tout la cause perd environ trois points, ce qui n’est pas une chute si considérable.
La droite libérale incarnée par le parti Venstre, avec 19.5% des voix et 34 sièges, chute lourdement. Elle perd 5.6 points et 13 sièges. Cette diminution s’explique par une légère progression de l’Alliance Libérale (Liberal Alliance), passant de 5 à 7.5% des voix et de 9 à 13 sièges. En revanche, le parti conservateur populaire (Konservative Folkeparti) passe de 4.9% et 8 sièges à 3.4% (-1.5) et 6 sièges. Elle est donc en nombre de sièges plus faible que la gauche.
Celui qui au final va élire le roi est le Parti du Peuple Danois (Dansk Folkeparti) mené par Kristian Thulesen Dahl, en remplacement de Pja Kjarsgaard, tête de file du parti depuis de nombreuses années, et désormais en retrait. Dahl souhaiterait néanmoins qu’elle obtienne la présidence de l’assemblée, en échange d’un soutien à la droite libérale, sans nécessairement bâtir avec elle une coalition. Le DFP est passé de 12.3% des voix et 22 sièges à 21.1% (+8.8) et 37 sièges, devenant le second parti du pays, après avoir été aux élections européennes de 2014 premier. Cette progression se fait notamment au détriment de la droite conservatrice et du Venstre mais aussi du SFP, mouvement socialiste à connotation eurosceptique. Le DFP récupère ainsi des déçus de droite comme de gauche.
Bien que le DFP ne soit pas victime d’un cordon sanitaire comme il peut exister en Belgique, au Royaume-Uni ou en France, il lui est impossible d’espérer être à la tête d’une coalition de droite. Il peut au mieux espérer ce que le FPÖ autrichien avait obtenu en 2000, être le partenaire de la droite classique. Cela n’avait pas bien réussi à ce parti. Le DFP n’a peut-être pas forcément intérêt à s’associer et pourrait être gagnant à proposer un soutien extérieur, au cas par cas, tenant la droite sous son influence sans pâtir nécessairement de l’usure du pouvoir.
Le résultat important du DFP, qui n’est pas une surprise même s’il n’était pas attendu à un aussi haut niveau à une élection nationale, démontre que dans un pays économiquement prospère, où le chômage reste très bas, le débat sur l’identité prend une part importante. D’ailleurs, un parti de défense des immigrés espérait pouvoir se présenter pour contrer le discours de la DFP mais n’en a pas été capable. Les Danois, sans nécessairement être des eurosceptiques, ont constaté que l’UE était en crise. L’idée d’adhésion à la zone euro est d’ailleurs au plus bas dans ce pays. Le DFP entend quant à lui s’inspirer du modèle britannique, sans prôner un départ de l’UE, mais en renégociant certains points de cette construction. Il est également évident que le Danemark, tout comme la Hongrie, voudra se prémunir de tout quota de migrants clandestins qu’il aurait pu être amené à héberger.
Thomas FERRIER (PSUNE/LBTF)
9 commentaires
Je crains que l'Europe se délite de tous les côtés, en Pologne le pis eurosceptique est également arrivé au pouvoir, à mon avis on a passé le cap de la moitié du temps de survie possible de l'Union Européenne, étant techniquement pas viable comme pour l'ex Union Soviétique, je me perd en conjectures pour savoir quel pays amorcera sa désintégration? Je pense qu'il viendra un moment où les pays périphériques du sud de l'Europe dont la France seront économiquement tellement gangrenés que la maladie remontera au cœur économique de l'appareil allemand, il est alors possible que ce soit l'Allemagne qui dans une fourchette de une à dix années décide de mettre fin à l'euro, nous en reviendrons à ce moment à un simple espace économique de pays souverains collaborant ensemble.
Ce qui aussi va fondamentalement jouer ce sera le changement de génération politique remplacée par une nouvelle n'ayant pas été abreuvée à l'idéologie européenne, depuis l'âge de 14 ans (j'en ai 52) on me bassine les oreilles avec l'Europe unie, le mythe des grands ensembles politiques sera ressenti comme une erreur du passé
Simple opinion d'un observateur venant s'aventurer sur votre blog.
Bonjour Benoît.
Il n'y a pas d'alternative. Ou l'unité face à l'abîme, ou la mort de la civilisation européenne. Aucun pays, même pas la Russie, n'est protégé. Aucun pays ne survivra. S'unir ou mourir (formule de Gaston Riou) n'a jamais été aussi vrai.
Le problème c'est que depuis des décennies le projet européen a été saboté, parasité, pollué. Le restituer dans sa pureté originelle est une nécessité.
La souveraineté infra-continentale est un mythe, une fiction nocive, attisée par des démagogues dénués de toute vision d'avenir et prêts à tous les compromis malsains pour accéder à une maigre part d'un pouvoir en déliquescence.
Voir en l'Europe un simple marché économique, c'est justement la vision américaine, donc celle de nos pires adversaires. C'est quand même paradoxal, non ?
Le Royaume-Uni qui est le plus rétif à la construction européenne est-il donc un havre de paix ? Sans chômage ? Sans précarité ? Sans immigration post-coloniale de masse ? Bien sûr que non... Et ils ne peuvent même pas accuser l'euro, ils ne l'ont pas adopté.
Le problème de l'Europe est identitaire, pas "économique". Il faut enfin remettre le politique au premier plan !
Cordialement.
Pour moi c'est justement l'unification européenne qui nous a mené au problème d'immigration incontrôlée, voici un lien intéressant http://fr.sputniknews.com/opinion/20150619/1016617974.html
Et concernant la civilisation européenne encore une fois je constate exactement le contraire, le faite de mettre un centre politique entraîne un immense nivellement par les bas de la variété culturelle (musicale, culinaire, architecturale, linguistique et une certaine vision de l'écologie et de la qualité de vivre qui dans certains pays très en avance régressent à cause des normes européennes), j'ai à titre d'observation personnelle des nombreux exemples de destruction de patrimoines nationaux que je n’énumérerai pas ici.
En réalité l'Europe que vous envisagez ne correspond en esprit sur presque aucun point à celle qui tente en ce moment de se construire, pour moi le problème vient simplement du faite qu'il n'y a pas de peuple européen, en tout cas pour le moment.
Pas l'unification européenne sur une base identitaire. Et non, l'immigration précède son existence. Le texte de Sputnik indique les conséquences d'un échec d'un réveil identitaire en Europe occidentale.
Je maintiens le principe de subsidiarité identitaire qui évite les inconvéniens de l'unification politique, qui n'a pas nécessairement comme résultante une unification culturelle excessive. Qui a lieu en Europe de toute façon indépendamment.
Les "normes européennes" sont le contraire de cette subsidiarité. L'Etat Européen ne devra pas se mêler des traditions locales, sauf exceptions.
Oubliez celle qui tente de se construire car elle ne tente pas de se construire justement. Elle n'avance plus et même elle régresse.
Et juste pour méditer, le mot de Saint-Just, "l'Europe n'est qu'un peuple". :) L'idée qu'il y a un seul "peuple européen" est donc ancienne et même une... banalité.
Je crois que c'est impossible qu'un état européen ne se mêle pas des traditions locales car selon moi la politique, l'économie et la culture sont un tissus indissociable, c'est pour cela que dans les pays composés de plusieurs composantes ethniques ou plusieurs composantes linguistiques et dirigés sous un même pouvoir central, elles finissent culturellement par se ressembler et partager des mêmes habitudes sociologiques de base. Par-exemple si l'empire napoléonien s'était imposé jusqu'à nos jours tous les territoires administrés d'alors présenteraient de nos jours pour la majeure partie une série de caractéristiques urbanistiques et architecturales similaires. A titre d'exemple si je vais à Lille (Au 16ème siècle ancienne ville des Pays-Bas) toute l’atmosphère architecturale s'est francisée, seul le centre présente encore quelques caractéristiques thioises, on pourrait d'ailleurs suivre le tracé de la frontière franco-belge relativement ancienne sans la moindre indication, côté belge le style architectural de type classicisme comme à Paris est presque inexistant, on devine même les quelques enclaves qui en Belgique furent provisoirement françaises rien qu'à l'architecture et au tempérament des habitants plus proche des français que des wallons. D'après moi c'est bien la preuve qu'un pouvoir politique unique rend immanquablement la variété culturelle monotone, je peux faire le même constat avec les ex-villes allemandes polonisées après la guerre, en dehors de l'hyper-centre le caractère allemand de ces villes a presque intégralement disparu en même pas 70 ans. L'année dernière j'étais à Gdansk ex-ville germanique(ex Danzig) qui fut une enclave prussienne puis allemande, dans cette cité par-contre à l'architecture volontairement préservée vous faites 5 km hors de la ville et vous vous rendez-compte que vous n'êtes subitement plus dans le même pays malgré la disparition de la frontière, vous êtes clairement en terre slave avec ses bourgades, un environnement radicalement différent.
Désolé de vous embêter, mais je trouve qu'il est intéressant de mettre en relief certains aspects qui d'après moi nous attendent dans le cadre d'une unification politique.
@ Benoit
Oui mais il y a aussi eu des tendances générales. Même si le Haussmanien est spécifique à Paris (pensons aussi à l'Art Nouveau à Nancy... etc), le néo-classique domine notre civilisation de l'Irlande à la Russie. Jusqu'à ce que les statues du XIXème siècle des artistes scandinaves pour les dieux d'Asgard ressemblent à celles des dieux de l'Olympe, à quelques spécificités graphiques.
Oui l'unification de l'Europe peut amener à une relative convergence, mais de toute façon, si on ne la fait pas, la civilisation européenne s'eteindra au profit d'une culture islamo-mondialiste uniforme et d'une médiocrité sans nom.
Donc, à choisir, il faut prendre ce risque d'une Europe unie sur une base identitaire !
Je ne pense pas que le monde arabe soit médiocre, ce qui est médiocre c'est l'islam qui empoisonne les cerveaux. Par-contre ce que je trouve réellement médiocre c'est l'africanisation excessive de la musique, je parle de l'influence musicale noire-américaine emportée des Etats-Unis et adoptée par le monde culturel gauche-bobo, y'en a marre des percussions et du jazz et plus largement de l'influence afro-américaine qu'on décrypte dans tous les styles musicaux modernes, on nous gave de cette musique comme des oies 24h sur 24h. Les jeunes sont abrutis par la rythmique primaire d'une musique néo-barbare qui n'évoque plus que des émotions grossières et basiques.
Je n'ai pas parlé du "monde arabe" sur le principe mais de ce qu'il est en train de devenir...
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