Chroniques de la décadence européenne - 26/05/2013
26/05/2013
DU « MARIAGE POUR TOUS »
Une nouvelle manifestation d’opposition au mariage homosexuel se déroulait aujourd’hui. Moins importante que les précédentes, elle témoigne d’une indiscutable démobilisation d’une partie des opposants. Elle était prévue et dans une certaine mesure elle a eu lieu. C’était inévitable, à partir du moment où plus aucun dispositif institutionnel ne pouvait empêcher l’application de cette loi.
A l’issue de ce mouvement de contestation arrivant à son terme, puisque de l’aveu des ténors de l’UMP comme de la personnalité non représentative de cette contestation, la créature médiatique « Frigide Barjot », ce sera la dernière manifestation. Quel bilan provisoire peut-on en tirer de toute cette affaire ?
Du côté du gouvernement, on n’a pas tremblé afin de tenir la promesse faite par le candidat Hollande à une « communauté » sexuelle marginale, quelques milliers d’individus étant concernés, mais sans doute bien représentés au PS. La loi commune a pourtant pour but l’intérêt de tous et n’a pas à être modifiée pour plaire à une extrême minorité. En vérité, la seule chose que le président en exercice peut faire, c’est de récompenser les minorités qui l’ont soutenu, qu’elles soient sexuelles ou ethniques. Il n’a aucun moyen en revanche de contrer la crise économique que nous connaissons et qui s’explique par l’échec total du modèle libéral, un modèle qui arrive à épuisement, pris dans ses contradictions.
Le gouvernement a été aidé en ce sens par une droite tiède si ce n’est timide, incapable de parler d’une seule voix, se divisant entre ceux qui voudraient se limiter à mettre en place la même politique que la « gauche » (François Fillon) mais à sa place, et ceux qui voudraient proposer une alternative plus marquée, selon la démarche de l’ancien président Sarkozy (Jean-François Copé et Guillaume Peltier). La droite molle a déjà renoncé à remettre en question cette loi si elle devait arriver au pouvoir en 2017. La droite « forte », qui sait qu’elle devra se résoudre au même renoncement, comme l’a fait le Parti Populaire en Espagne, est en revanche prête à assumer en paroles et dans la rue son refus. Il faut bien éviter la fuite des électeurs conservateurs vers l’extrême-droite et le Front National, dont la dirigeante a été pourtant particulièrement discrète sur cette question, Marine Le Pen étant indiscutablement gay-friendly, tout comme Virginie Merle (« Frigide Barjot »), à la différence notable de sa nièce.
Il a aussi été aidé, en plus des sénateurs et des députés de droite venus en renfort de la fausse « gauche », par un conseil constitutionnel particulièrement complaisant, qui a adapté son calendrier à celui voulu par le président de la république, au point de rendre sa décision favorable le jour international de « lutte contre l’homophobie ». On savait déjà que Jean-Louis Debré ne serait pas zélé sur cette question, et il l’avait d’ailleurs annoncé, et on se doutait bien qu’un politicien âgé comme Giscard d’Estaing suivrait le mouvement, incapable qu’il avait été du temps du pouvoir à s’opposer au « parti de la décadence ».
Enfin, François Hollande a été considérablement aidé par Virginie Merle, épouse Tellenne, personnage fantasque que les media ont mis en exergue et qui a ainsi pu se retrouver propulsée à la tête d’un mouvement dont elle ne partageait en rien les finalités. En effet, partisane officielle de l’union civile pour les homosexuels, c'est-à-dire en vérité du « mariage civil », se limitant à refuser un droit d’adoption que l’union civile autoriserait en réalité aussi, elle n’était pas à même d’opposer un front du refus sérieux à la politique gouvernementale. Au contraire, elle a plutôt cherché à orienter le mouvement vers une voie sans issue, n’hésitant pas à jeter l’anathème sur le « Printemps français » et à dénoncer des extrémistes pour la plupart imaginaires. Elle a fini par s’écarter lorsque ses provocations multiples, et sa déclaration honteuse sur Dominique Venner, qu’elle ne connaissait pas, l’ont fait mal voir de gens agacés et désormais moins disposés à la tolérer parmi leurs rangs.
Sa mise en avant, tout comme celle des évêques et des représentants les plus marqués de l’ultra-cléricalisme le plus réactionnaire, ont permis de détourner une saine colère populaire vers une voie de garage. Or il y avait d’excellentes raisons, sans avoir nulle besoin de se référer au christianisme, de refuser le « mariage pour tous », qui est une insulte perpétuelle à la tradition européenne, héritière du génie grec, romain et nordique. C’est bien pourquoi un historien païen n’a pas hésité à se sacrifier au nom de notre civilisation il y a quelques jours à Notre-Dame. Ce geste héroïque a indigné de nombreux chrétiens, et en particulier les traditionnalistes, qui n’ont pas été en mesure de le comprendre. J’y reviendrai dans un prochain article.
Quant à la conclusion de cette affaire, à savoir la promulgation de la loi à la va vite par un gouvernement aux abois, Hollande ayant mis moins d’une journée pour signer le décret d’application, une fois le verdict du Conseil Constitutionnel rendu, elle invite à une réflexion plus générale sur le concept de loi.
Le véritable courage politique ne sera pas de se limiter à l’abrogation en 2017. La droite « forte » et le néo-FN de Marine Le Pen ont annoncé qu’ils l’abrogeraient, tout en précisant que ceux qui se seront mariés entre 2013 et 2017 le resteront. On sait ce qu’il faut penser d’un tel engagement. Une fois au pouvoir, ils n’en feront rien.
La seule position crédible dans le cadre national serait bien de prôner l’abrogation avec effet rétroactif de cette loi. Mais il n’existe pas de « solution nationale », ni sur cette question ni sur une autre. La France n’est d’ailleurs pas la seule en Europe à avoir mis en place un « mariage » homosexuel. Elle ne fait que rejoindre les pays scandinaves, le Benelux, la péninsule ibérique, et sera prochainement suivie du Royaume-Uni. Seule une solution européenne, dans le cadre de la mise en place d’un état civil européen, pourra y remédier. En définissant à l’échelle de l’Europe le mariage civil comme l’union d’un homme et d’une femme dans le cadre d’un nouvel Etat qui s’appellera l’Europe, la question sera réglée. Et cette loi PS rejoindra les oubliettes de l’histoire, en même temps que la constitution française. Une constitution européenne la remplacera, bâtie sur des principes sains, conforme au génie de nos ancêtres.
Thomas FERRIER (PSUNE/LBTF)
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