Elections législatives bulgares : le GERB triomphe de la nausée
12/05/2013
BULGARIE
C’est dans une Bulgarie désespérée que les électeurs se sont rendus ce dimanche aux urnes mais sans conviction. A 17h30 à Sofia, seulement 41,3% des électeurs avaient fait le déplacement. Encore une fois, en Europe centrale, le parti de l’abstention est le grand vainqueur. Il l’est d’autant plus que la corruption endémique de la classe politique bulgare a fait des ravages dans l’opinion.
En l’absence même de résultats préliminaires, nous devons pour le moment nous contenter des différents sondages sortis des urnes. La hiérarchie entre les partis politiques semble à peu près déterminée à cette heure.
Le GERB, parti de droite libérale et conservatrice, et actuellement au pouvoir à Sofia, semblerait demeurer le premier parti du pays, avec entre 30,4% et 34% des voix, loin devant le PSB (socialistes bulgares), qui n’obtiendrait qu’entre 25,3% et 28,7%.
Le mouvement de défense de la minorité turque connaît également un résultat plus qu’honorable avec près de 10% des voix, et même 10,9% dans le sondage le plus favorable. Il a su ratisser et même assécher le vote de sa communauté, afin de peser au parlement comme troisième force du pays.
La droite nationaliste et eurosceptique, représentée par Ataka de Volen Siderov mais aussi par le Front National pour le Salut de la Bulgarie (NFSB) de Valeri Simeonov, s’en sort plutôt bien, alors que les sondages d’il y a encore un moins l’annonçaient comme l’une des grandes perdantes du scrutin. Mais les derniers scandales politiques lui ont permis de relever la tête.
Créditée d’entre 7,5 et 9%, Ataka réussit un score honorable, alors même que le parti était en perte de vitesse, depuis notamment le score extrêmement médiocre de Siderov aux dernières élections présidentielles, score qui avait amené, en plus de problèmes matrimoniaux, à une scission menée par son ancien beau-fils Dimitar Stoyanov, député européen et fondateur du « Parti National-Démocrate », structure totalement absente à ce scrutin. En revanche, le NFSB rate de peu l’entrée au parlement, avec 3,3% des voix environ. Il fait jeu égal avec le DSB (Démocrates pour une Bulgarie Forte), de droite conservatrice, et qui ne rentrera pas non plus au parlement, au grand dam du GERB, mais aussi avec le DBG (« Bulgarie des citoyens »).
Le VMRO (nationalistes macédoniens), avec environ 2,1% des voix, et le P3C (mouvement populiste « Ordre, loi et justice ») avec entre 1,5 et 2,1%, complètent la marche.
En résumé, la droite conservatrice, bien que divisée en plusieurs factions, domine au niveau électoral, mais seul le GERB entre au parlement et se retrouve ainsi sans alliés. Le PSB a échoué à proposer une alternative crédible au GERB mais pourrait compter sur l’appui de la communauté turque (DPS). Le pays risque donc d’être sans majorité parlementaire, ce qui pourrait conduire à de nouvelles élections. Les nationalistes, Ataka en tête, capitalisent quant à eux un peu moins de 15% des voix, ce qui est un score plutôt élevé. Siderov apparaît comme l’un des gagnants de ce scrutin, ayant réussi à digérer sa scission interne et contenir la concurrence du NFSB.
Thomas FERRIER (PSUNE/LBTF)
Mise à jour: à 22h50, à 86% du dépouillement, l'organisme NTSIOM nous donne les résultats provisoires suivants: GERB 32,04%, BSP 26,22%, DPS (turcs) 9,93%, ATAKA 8,5%, NFSB 4,11%. Cela signifie que, contrairement aux prévisions, les nationalistes du NFSB rentreraient également au parlement de Sofia.
Les commentaires sont fermés.