Percy Jackson ou le retour des dieux
15/02/2010
Tirée d'une série de romans de Rick Riordan (cinq volumes sortis), l'adaptation cinématographique du premier roman était attendue. Il n'est pas fréquent de retrouver les dieux de la mythologie classique dans un contexte moderne, les USA d'aujourd'hui. Le concept original, qui annonce une forme de retour des dieux anciens, mérite à lui seul d'aller voir ce film aux effets spéciaux de qualité.
L'idée est que les dieux continuent d'entretenir des relations avec des mortelles, aboutissant à la naissance d'une progéniture abondante, des demi-dieux ou héros formés dans une école d'arts martiaux à l'écart du monde des mortels. Dans ce cadre, le jeune Percy, en réalité Perseus, véritable réincarnation de son homonyme, qui a été éduqué par sa mère à New York en l'absence de son père, le dieu Poséidon lui-même, est amené à découvrir ses pouvoirs alors qu'il est confronté à divers monstres de l'antiquité, comme le Minotaure, Méduse et l'Hydre, et qu'il est accusé par le plus puissant des dieux, Zeus lui-même, d'avoir volé le foudre céleste.
La représentation des dieux est intéressante puisqu'ils sont représentés en géants capables toutefois de prendre la forme des éléments ou d'êtres humains. Percy lui-même, en tant que fils de Poséidon, entretient avec l'eau un rapport privilégié car cette dernière lui donne sa force ainsi qu'un pouvoir de guérison.
Si d'un point de vue politique le film n'amène pas à de profondes réflexions, à la différence d'Agora, car c'est avant tout un film mêlant action et fantastique, il est notable que la religion chrétienne est totalement absente du film, alors qu'on découvre la copie du Parthénon construite à Nashville (réalité historique) et un Olympe esthétiquement irréprochable. Toutefois, le côté américain est visible dans le choix d'introduire certains acteurs issus des minorités visibles, en nombre toutefois fort limité, mais aussi dans la représentation des enfers, qui s'inspirent fortement de la vision chrétienne. Hadès lui-même aime à prendre les traits du diable, abandonnant sa forme anthropomorphique, qui tient plus de celle d'un métalleux que d'un dieu en armure.
On appréciera également le côté païen associé à Las Vegas ou à Los Angeles, la porte des enfers étant placée judicieusement derrière le panneau Hollywood. Ces traits d'humour, comme le Minotaure lançant des vaches, et le satyre aux pieds de bouc animant le dancefloor, apporte une certaine fraicheur au film. La mise à mort de Méduse, jouée par Uma Thurman, rappelle en version XXIème siècle l'acte héroïque de Persée, mais le bouclier est ici remplacé par un iPhone.
Enfin, la dimension archéo-futuriste du film est très présente, avec un stylo se transformant en épée, des baskets ailés, et des jeunes héros casqués et armés à l'antique. Pierce Brosnan étonne en centaure barbu.
Le film est donc esthétiquement une réussite, même si la presse spécialisée a plutôt décrié le film, car on adhère à l'histoire qui se déroule devant nos yeux. Le retour des dieux qu'annonce à sa manière ce film est très plaisant. Mais en réalité ils ne sont jamais partis. Aucune explication n'est d'ailleurs fournie du pourquoi les dieux ne sont plus honorés par les mortels et pourquoi ceux-ci ne se sont pas opposés à cet abandon.
Thomas FERRIER (PSUNE)
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