Je suis pour Zemmour, la décolonisation et le peuple européen !
21/06/2021
Discours prononcé à Strasbourg en novembre 1959 par le Général de Gaulle : “Oui, c’est l’Europe, depuis l’Atlantique jusqu’à l’Oural, c’est l’Europe, c’est toute l’Europe, qui décidera du destin du monde” !
Entretien avec Claude Lefranc pour Riposte Laïque.
1. Bonjour Thomas Ferrier. Pourriez-vous vous présenter pour les lecteurs de Riposte Laïque : votre milieu familial, vos études, votre parcours idéologique et politique, le Parti des Européens (LPE).
Historien de formation (spécialité antiquité), cadre de la fonction publique, issu d'une famille à dominante universitaire et enseignante, je représente un courant politique qu'on pourrait appeler "européiste identitaire", à la fois promoteur d'une véritable Europe politique assise sur une identité européenne commune, forte et restaurée. Cela n'aurait pas en effet de sens de vouloir unir les Européens en niant dans le même temps le ciment naturel qui les associe depuis des millénaires. Le Parti des Européens est né de cette ambition d'une Europe unie et à nouveau puissante.
2. Vous avez publié sur RL une lettre ouverte à Eric Zemmour pour lui apporter votre soutien. Pouvez-vous nous indiquer votre analyse de l'éventuelle candidature de Zemmour ? Sentez-vous un moment de basculement ou une fenêtre de tir favorable à Zemmour au vu du combat idéologique entre mondialistes hors sol et nationalistes enracinés ?
Eric Zemmour est un candidat qui peut réaliser l'union des droites à condition de pratiquer une triangulation stratégique, c'est à dire d'être plus identitaire que Marine Le Pen qui, au nom d'une stratégie de présidentialisation parfaitement vaine et de reniements en cascade, n'est plus crédible sur cette ligne, et d'être plus européen que Macron, qui est un pseudo-européiste qui n'a en aucune manière fait avancer une Europe plus forte et plus soudée en quatre ans, et qui est davantage tourné, comme les présidents antérieurs, vers l'Afrique plus que vers l'Europe.
Zemmour devra donc réussir à attirer à lui le vote d'européistes sains et de souverainistes raisonnables. Ne prônant aucun "frexit" ni aucun abandon de l'euro, il pourra associer sécurité économique et sécurité tout court, car les Français attendent aussi un discours ferme et courageux sur l'immigration et sur la criminalité.
Autour de lui, il pourrait unir une partie des Républicains (comme Morano et Ciotti) et les exclus des LR et du RN (qui sont fort nombreux), mais aussi Nicolas Dupont-Aignan, mais aussi de nombreux électeurs et militants écoeurés qui se sont réfugiés dans l'abstention depuis trop longtemps. Je pense que des gens aussi différents que Villiers, Mégret, Ménard (malgré ses dernières déclarations marinistes) et bien d'autres encore pourraient le rejoindre. Seuls les "frexités" s'y refuseront.
3. Vous savez que la quasi-totalité des lecteurs de RL sont souverainistes. La rédaction de RL est souverainiste mais autorise des voix dissidentes à s'exprimer au nom de la liberté de débat dans l'agora.
Et je vous en remercie. Seuls l'échange d'arguments et le dialogue seront féconds.
4. Je voudrais que vous nous expliquiez la différence entre nation et Etat. Comprenez-vous que les souverainistes percoivent la nation comme la protection car c'est leur terre ancestrale ? Votre conception d'une Europe des peuples réunis (ou de réunification du grand peuple européen) est-elle un supra souverainisme ?
Il y a en France notamment une confusion constante entre la nation, qui est le regroupement de ceux de "même naissance", et l'Etat, qui est un cadre administratif et institutionnel qui peut être parfaitement indépendant. L'état-nation est un héritage du XIXème siècle mais peut avoir encore du sens au XXIème siècle à condition d'être positionné à l'échelle adaptée, qui est l'échelle européenne. Ce serait donc un état-nation Europe fondé sur l'unité de peuplement et de civilisation qui caractérise l'Europe.
L'Etat "national", qui est en réalité de moins en moins national du fait des politiques migratoires des gouvernements parfois depuis 1946, est devenu le geôlier et même le fossoyeur de l'identité nationale, pas seulement en France mais dans toute l'Europe occidentale et même en Russie. Il élabore des lois qui restreignent les libertés publiques, sans avoir besoin d'en accuser l'Union Européenne actuelle qui, certes, ne nous protège pas davantage.
La souveraineté européenne, c'est l'indépendance réelle et non nominale d'une Europe unie à terme de l'Islande à la Russie. Toute souveraineté intermédiaire, comme celle du Royaume-uni post-brexit, n'est qu'une vassalité déguisée, aux USA et demain aussi bien à la Chine.
5. Comment vous situez-vous par rapport à la démarche de Daniel Conversano ?
Qu'on reste en France ou qu'on choisisse de s'installer dans des espaces européens davantage préservés, c'est complémentaire. L'important est de défendre le Parti des Européens partout sur le continent, ce que seul un parti européen rend possible.
6. Vous présentez un scénario d'OPA ou de putsch démocratique sur la commission européenne pour les prochaines élections européennes de 2024. Pouvez-vous nous expliquer votre projet du LPE en 2024 ?
Ce n'est pas exactement ça. C'est de faire du parlement européen l'antichambre d'une future assemblée européenne constituante car sa légitimité démocratique est forte. C'est d'ailleurs en créant de l'enjeu au niveau européen que les électeurs se mobiliseront davantage à ces élections qu'ils ont tendance à bouder en raison de la médiocrité des élus qui y siègent depuis des décennies.
Autour d'un groupe politique qui rassemblerait à terme 30% des élus, on pourrait organiser ainsi une coalition majoritaire à Strasbourg avant le renfort des autres droites, atteignant plus de 50% de l'assemblée, et ainsi non seulement bloquer les institutions (refuser la commission) mais proposer la mise en place d'un gouvernement européen provisoire dont la mission sera de réaliser une véritable constitution européenne et d'organiser l’État européen. C'est un 1789 européen, "un serment européen du jeu de paume", contre un monarque à 27 têtes.
7. Vous prônez un processus d'accomplissement de la décolonisation et par ailleurs une politique remigratoire en Europe. Pouvez-vous expliciter votre pensée ?
L'Europe doit accomplir la décolonisation jusqu'au bout, ce qu'elle a fait de manière partielle et a eu des conséquences notamment migratoires en retour. Cela signifie concrètement : indépendance de l'outre-mer (affirmant ainsi le caractère européen de la France), suppression du franc CFA, fin de la promotion de la francophonie en Afrique au profit des langues africaines natives, rapatriement des troupes européennes et retour volontaire organisé des Européens installés en Afrique du sud vers l'Europe.
Parallèlement, l'Europe doit affirmer son identité européenne et sa vocation de demeurer elle-même en instaurant une nationalité européenne qui ne prendra pas en compte le dévoiement des (anciennes) nationalités par les (anciens) Etats. La nationalité française en 2021 a perdu une grande partie de son crédit et même de son sens. La conserver serait donc être otage ou comptable de son dévoiement. Associée au principe d'exclusivité citoyenne, elle permettra d'encourager un processus remigratoire, restituant aux pays émetteurs ceux qui n'auraient pas dû les quitter, élites et non-élites.
8. Pouvez-vous expliquer en quoi votre projet d'Europe "du peuple européen réunifié" est différent de l'Europe mondialiste actuelle ? Et quelles autonomie et souveraineté politique, économique, culturelle, etc ?
L'Europe unie (à terme de l'Islande à la Russie) que nous prônons est l'antithèse du globalisme. C'est tout sauf une "Global Europe" comme l'actuelle Union Européenne. Elle sera bâtie sur un principe que les globalistes nient, l'homogénéité. Car les Européens appartiennent tous à un même peuplement et portent en commun la même civilisation. Ils sont frères nés d'un même sang. Cette dernière expression est par définition et par nature anti-globaliste.
Il faut voir en l'Europe une nation comme les autres, mais une nation pratiquant une forte subsidiarité identitaire afin de préserver l'identité des patries charnelles, dont la France avec son riche patrimoine, ses traditions et son art de vivre, est un des fleurons. Il ne s'agit pas du tout de fusionner des identités, c'est tout le contraire, mais d'unir des hommes qui ont tout en commun et font face aux mêmes périls et aux mêmes ennemis.
La souveraineté politique sera européenne, mais il y aura de nombreux pouvoirs délégués aux entités intra-européennes, municipalités, régions et nations, dans notamment tout ce qui relève au sens large de l'identité.
9. Quelle différence entre votre projet et l'union paneuropéenne internationale UPI ?
A savoir Paneurope. Nous, nous assumons l'identité européenne et nous voulons bâtir l'Europe politique sur elle. Et nous ne sommes pas en faveur d'une autre "Europe des Etats" qui ne serait qu'impotence fétichisée, comme en témoigne l'actuelle Union Européenne, sans réel pouvoir et dirigée par des seconds couteaux nommés par les gouvernements.
10. Un mot pour la fin ?
Une Europe unie mais sur les bonnes bases et avec les bonnes personnes à sa tête sera seule à pouvoir sauver l'identité française et européenne. Dans le cadre des Etats actuels, rien ne sera simplement possible. Il faut l'admettre. Quelques sacrifices sentimentaux s'ils mènent à la renaissance de notre civilisation ne sont pas trop demander.
Source:
https://ripostelaique.com/je-suis-pour-zemmour-la-decolonisation-et-le-peuple-europeen.html
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