Le Frexit et après ?
16/02/2020
Si de façon non-marginale, dans le camp patriote/souverainiste il est question du « Frexit », de sortir de l’Union Européenne (acté juridiquement associé au fameux « article 50 » de ladite UE), se pose une question fondamentale, à savoir « et après ? ».
Jusqu'au moment m, la volonté envisagée est de sortir de cette technocratie européenne, mais la projection de l'impact manque cruellement au sein de la mouvance nationale.
Et après ? Une France apparemment redevenue « souveraine » (leurre tant sur le plan politique, économique, juridique et géostratégique), avec le franc dans le pire des cas (dont la valeur de la monnaie ne ferait que décroître et aurait du mal à rivaliser sur le plan international face à l’euro, au dollar, à la livre sterling et au yuan), où forcément la politique économique intérieure serait à revoir (bonne chance pour payer toutes les personnes de la CAF), la gestion des salaires avec, les dépenses publiques aussi de fait.
Le Frexit aurait aussi un impact sur le plan politique et géostratégique: les partenaires frontaliers (Espagne, Italie, Allemagne, Suisse, Benelux) auraient-ils la même considération pour la France ? Pas sûr.
S’ajoute aussi la question des mers territoriales (anglo-normandes, ultra-marines). Quelle politique ? Indépendance ou pas ? Conflit avec les Britanniques et les puissances du Pacifique et d’Atlantique ou pas ? Quelle politique migratoire tant en Métropole qu’en Outre-mer, où le droit du sol resterait ou penseront-ils autrement ? Fin des cartes de séjour ou pas ?
Quelle politique diplomatique vis-à-vis de l’Asie (dont les tauliers chinois, japonais et indien ne se laisseraient pas faire), vis-à-vis de l’Amérique où les États-Unis trumpiens ou post-trumpiens, avec leurs alliés britanniques pourraient en bons anglo-saxons qu’ils sont, mener une politique hostile, sans parler des voisins frontaliers sud-américains de la base aérienne de Kourou, de l’Afrique (se débarrasseront-ils de leurs tares de la Francophonie, de la diplomatie afro-maghébine et de la présence au Mali) ?
Il est évident qu’au XXIe siècle, la « France seule » est un principe qui, fut-il qu’on puisse l’espérer, ne marche plus, pour des raisons évidentes de « mondialisation » où le Pays Réel cher au maître de Martigues n’existe quasiment plus.
Beaucoup de questions, qui sont moins d’ordre technocratique comme le pense l’énarque frustré François Asselineau que nécessitant davantage de finesse et d’intelligence historico-géopolitique à mettre en jeu, se posent.
Par Eugène Guyenne (Le Parti des Européens).
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