La notion d'hybris dans notre conception de l'Etat européen
02/08/2018
Par Eugene Guyenne (pour Le Parti des Européens)
Aujourd'hui en France, certaines personnes par naïveté et/ou malhonnêteté pour la plupart, pourraient penser que concevoir un État européen comme le fait le Parti des Européens, est un acte hybris. Déjà il s'agit de replacer ce qu'est l'hybris (húbris), qui vient du grec, c'est-à-dire "la démesure", "l'excès". Historiquement on sait à quoi se rattache la notion d'hubris et de démesure. À la Grèce et la Rome antique et leurs impérialismes respectifs, avec la notion coloniale.
Ensuite, il s'agit de comparer deux conceptions que sont "État européen" et "hybris".
L'État européen n'existe pas actuellement - puisque l'Union Européenne est simplement une structure qualifiée de "supra-nationale" par certains, ayant une fonction financière et très politique et intégrale dans ses institutions - mais certaines personnes travaillent à la réflexion de celui-ci. Donc l'État européen serait-il une marque d'hybris au prétexte d'une grandeur ?
Que peut-on dire des anciens empires récents - qu'ils soient ottoman, russe (tsariste ou soviétique), yougoslave (communiste ou nationaliste) et austro-hongrois ? Que dire des anciens empires coloniaux français et britannique, dont par ailleurs la France et la Grande-Bretagne ne s'en sont toujours pas débarrassés voire pire, continuant même de s'y appuyér respectivement par le biais des DOM/TOM et de la francophonie d'un côté, et le Commonwealth d'un autre. Que dire d'états tels que le Canada et de la Russie actuelle puisque ceux-ci sont deux des plus grands territoires dans le monde ? Et non sans réveiller certaines consciences, de l'annexion russe de la Crimée au cas du Haut-Karabakh.
Et du point de vue régionaliste, puisque l'État français est jacobin, n'y a-t-il pas une forme de démesure de l'État français depuis l'Ancien-Régime, d'avoir annexé des anciennes provinces telles que la Gascogne, la Provence, le Dauphiné, la Normandie, la Bretagne, les Flandres, puis à une époque plus récente la Corse, l'Alsace/Lorraine et j'en passe ? De la part de l'État allemand d'avoir annexé à l'époque moderne, les duchés du Schleswig, du Holstein, de Bavière, de Bade et de Wurtemberg ?
Qui sont réticents parce qu'ils ne défendent qu'une vision nationale, de leur nation et de leur peuple, une nation par ailleurs jacobine. Ceci explique entre autres leur réticence à propos de l'Union Européennecomme des États-Unis, en dehors de leurs idéologies véhiculées. Dont leur principal argument est la démesure de celles-ci.
Mais il n'en est rien puisque cet État européen souhaité, réellement européen à tous les points de vue, n'est pas une forme de démesure. Puisque c'est la conservation d'un territoire européen déjà existant dont cet État, protecteur de celui-ci, n'a aucune volonté impériale.
L'Union Européenne n'est pas non plus une manifestation d'hybris puisque si certains reconnaissent en elle une structure "supra-nationale" (vis-à-vis de leur nation), elle n'a aucun pouvoir politique et n'a qu'un pouvoir économico-financier (et encore !) puisqu'à l'intérieur certains ne font pas partie de la zone-euro et que par conséquent, ce sont les États européens (membres ou pas de l'UE) qui décident de leur propre politique et sont les responsables de leurs laxismes notamment en matière migratoire.
Donc d'aucune manière, l'État européen ne présente une forme d'hybris puisque celui-ci ne présente aucun caractère impérial et encore moins colonial mais simplement la conservation d'un territoire, d'une civilisation, d'un peuplement et d'identités respectives a l'intérieur de celui-ci, représenté par un État.
9 commentaires
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Si hybris il y a, elle tient en ce que certains niveaux prétendent phagocyter les autres.
Gilles Barrique, dans un monde rendu bien plus petit par l'accroissement prodigieux des moyens de communication, vos perspectives susdites ont largement glissées, d'où la nécessité où nous nous trouvons grossir les échelles de compréhension. Dans cet ordre d'idée, il n'est pas du tout absurde de concevoir que toutes ces populations d'Europe reliées entre elles par d'innombrables et frappantes similitudes puissent former un même peuple.
La bien mauvaise posture dans laquelle se trouve au XXI ème siècle lesdites populations de l'Europe par rapport au reste du monde leur commande impérieusement de se doter d'un Etat capable de traduire et d'incarner leurs intérêts ainsi que leurs aspirations.
Ce n'est rien moins que de l'hybris, mais RIEN DE MOINS qu'une simple application actualisée du principe des nationalités.
correction :
La bien mauvaise posture dans laquelle se TROUVENT au XXI ème siècle lesdites populations...
Ultime correction :
Gilles Barrique, dans un monde rendu bien plus petit par l'accroissement prodigieux des moyens de communication, vos perspectives susdites ont largement glissées, d'où la nécessité où nous nous trouvons DE grossir les échelles de compréhension. Dans cet ordre d'idée, il n'est pas du tout absurde de concevoir que toutes ces populations d'Europe reliées entre elles par d'innombrables et frappantes similitudes puissent former un même peuple.
La bien mauvaise posture dans laquelle se TROUVENT au XXI ème siècle lesdites populations de l'Europe par rapport au reste du monde leur commande impérieusement de se doter d'un Etat capable de traduire et d'incarner leurs intérêts ainsi que leurs aspirations.
Ce n'est rien moins que de l'hybris, mais rien de moins qu'une simple application actualisée du principe des nationalités.
. "Dans cet ordre d'idée, il n'est pas du tout absurde de concevoir que toutes ces populations d'Europe reliées entre elles par d'innombrables et frappantes similitudes puissent former un même peuple."
Peuple est un mot. Je peux employer peuple d'Europe, au singulier, sans hybris. mais je pourrais l'employer aussi pour les autres niveaux.
Plutôt que de répondre directement, considérons simplement ceci. Etant mis à part l'Islande dont la séparation physique du reste, sans compter la proportion celtique notable de l'ascendance amène naturellement une distinction nationale, pourquoi les trois royaumes scandinaves tiennent-ils a être séparé tout en conservant diverses structures communes ?
On dira la langue, mais cette divergence de langue n'est que la conséquence de la volonté de séparation. Du reste, dans le cas de la norvège, qui est des trois celle qui fut le plus longtemps dominée par les deux autres, la divergence linguistique intérieure même est plutôt amusante. Il y a une langue désormais largement dominante qui est ni plus ni moins que du Danois prononcé à la norvégienne (sachant que la Norvège fut très longtemps sous domination danoise). il y a une langue officielle reconstituée qui même si elle n'est/était pas sans intérêt ne fonctionne pas/plus, et il y a la langue norvégienne de tous les jours dans les différents comtés.
Mais si l'intercoluteur scandinave parlant lentement, les autres finissent assez vite par comprendre, non seulement d'un comté de norvége à l'autre, mais avec les danois et les norvégiens.
Bref ... Ce sont presque des sortes de jumeaux plutôt homozygotes mais pas complétement. Ils se partagent des prix, décident ensemble de l'avenir de la baltique, etc. etc. mais veulent rester séparés.
Ne serait-ce qu'avec eux : comment les convaincraient vous que ce cercle européen particulier qu'ils entretiennent et fonctionne plutôt bien est désormais insuffisant, et qu'ils ont bien mieux à faire ?
Avant même d'unir les Espagnols et les Lithuaniens dans une seule nation européenne, comment fait on pour unir "nationalement" les scandinaves bien au delà de leur volonté historique ?
Mon opinion, dont je ne démordrais probablement jamais, est que seul un objet politique particulier légitime la formation d'une union politique particulière pour l'atteindre.
L'idée d'une société politique, de quelque niveau qu'elle soit, avec une "compétence générale", m'insupporte souverainement.
je suis un subsidiariste intégral
Gilles Barrique,
En vous refusant à remiser, ne fût-ce qu'à titre d'hypothèse, vos anciennes et petites focales, vous n'avez, en effet, nullement répondu à mes objections.
Il était certes jadis et naguère moulte gens tels que vous pour estimer par exemple qu'un Sarde, un Sicilien, un Génois et un Lombard n'ont pas plus de chance de former un assemblage stato-national cohérent et unitaire que n'en auraient un Bantou et Ouïgour. Que dire aussi de la diversité interne de cette douce et chère France historique comptant en son sein autant de groupements ethnico-linguistiques européens différents ?
A l'heure même où l'Asie, l'Islam et l'Afrique profonde sortent de leur isolement dans une fulmination d'énergie aussi menaçante pour l'Europe, vos tropismes centrifuges font réellement l'effet de très mauvaises querelles de famille.
Je conclurai comme il suit : si d'aucuns parmi les esprits déréglés sont vraiment en mal d'hybris démente et suicidaire, c'est bien plutôt du coté de la figure d'Asselineau qu'il la faut rechercher aujourd'hui en France ; pensez seulement que ce souverainiste engourdi rêve de faire fraterniser les Français historiques et les masses humaines ex-coloniales outre-méditerranéennes pour rendre (inch'Allah !) à la France son rang de puissance globale capable de disputer aux Etats-Unis et à la Chine la domination du monde !!!
Bonnes vacances.
L'unité italienne est un cas intéressant.
Elle était bloquée, depuis plus d'un millénaire, par la question "qui doit la faire ?"
Mais, même sans lunettes, l'unité de cette péninsule est une évidence, et plus encore l'unité de la grande-bretagne, qui est une île.
Et bien sûr, cette prégnance insulaire ne s'oppose pas, selon moi, à la formation d'une unité supérieure.
Mais c'est aussi une unité d'un NIVEAU supérieur, où l'on peut se proposer des finalités mal adressées, ou insuffisamment adressées, à des niveaux inférieurs.
Pour le reste, s'il s'agit de faire de l'asselinisme européen (cette fois), la belle affaire ....
Tout le "jacobinisme" transposé d'un niveau : c'est ça le projet ?
@Gilles Barrique,
La taille, l'envergure et la dimension des niveaux, des lentilles, des focales, des unités ainsi que des échelles stato-nationaux pertinents ont bien souvent partie liée avec les moyens et les voies de communication et de circulation.
C'est ainsi que ce qui se révélait être un niveau stato-national supérieur et pertinent dans la conjoncture historique du dix-neuvième siècle (par ex. la péninsule italique) ne l'est plus du tout dans celle du vingt-et-unième siècle.
De même que, dans la conjoncture historique du dix-neuvième siècle, où la domination du monde n'était disputée que par des puissances européennes rivales entre elles, l'unité de la péninsule italique pouvait apparaître comme une évidence aux esprits éclairés et visionnaires de l'époque, de même aussi, dans la posture très mauvaise où se trouvent aujourd'hui tous les peuples du continent par rapport au reste d'un monde globalisé, bouillonnant, menaçant et en pleine mutation, celle de la presqu'île européenne apparaît aujourd'hui en un vif relief pour éclater à la vue de quiconque n'est point trop sot !
@Thomas Ferrier
Dites donc Thomas, quel beau plaidoyer sur Twitter afin de créditer de son européanité cette très complexe et singulière Arménie !!
Le paradoxe de l'affaire est que ces quelque chers négateurs arméniens sont à la vérité immergés comme malgré eux dans l'univers mental de l'Occident actuel, d'où la négation et la haine manifestes dont ils font montre à l'endroit de cette profonde ancestralité européenne qui est la leur !
Engoncé et pris entre les tenailles perses, arabes, turques et islamiques, ce point le plus avancé de l'Europe dans l'Orient millénaire que représente en effet l'Arménie parvint néanmoins, en étroite imbrication avec Byzance, avec les principautés franques d'Orient et à travers aussi ses vastes et brillants réseaux diasporiques européens, à préserver largement son Etre.
La probité intellectuelle nous commande toutefois d'admettre que, enfoncé comme il fut aux confins de l'Orient millénaire, ce peuple indo-européen d'Europe (d'origine semble-t-il thraco-balkano-danubienne) non pareil reçut ainsi des apports extra-européens massifs dans le temps long de son histoire : hourrites, urartéens, hayassas, azzis, nairis, perses, etc. C'est à ce titre-là que les Arméniens, et dans une moindre mesure les Grecs d'Asie mineure, incarnèrent parfois à Byzance comme une manière d'orientalisme s'opposant, notamment à un point de vue théologique, à cette sensibilité plus européenne portée par les peuples balkaniques thraco-illyriens, romans, grecs et slaves.
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