L’impasse de l’indépendance catalane.
15/10/2017
Toutes les identités d’Europe doivent être préservées et il n’y a aucune raison en soi que l’identité catalane soit écrasée par l’identité castillane. Elles ont toutes le même droit de perpétuer leur héritage/patrimoine et de le transmettre aux nouvelles générations. La France jacobine a écrasé les identités propres à son territoire en imposant le français, c’est-à-dire en réalité le francilien, la dialecte d’oïl de la région parisienne, siège du centralisme capétien puis républicain. Et de même le régime franquiste en Espagne a violemment réprimé les nationalismes catalan et basque.
Mais depuis les années 70, les provinces d’Espagne, comme la Catalogne, ont bénéficié d’une large autonomie. Ce ne sont pas les Espagnols qui mettent en danger l’identité catalane mais les prétendus indépendantistes catalans eux-mêmes, animés par une idéologie gauchiste qu’on peut retrouver chez Podemos, et qui les amènent à se faire les promoteurs d’une immigration immodérée, créant ainsi la seule menace réelle sur l’identité catalane.
En réalité, la pire chose qui pourrait arriver aux Catalans eux-mêmes serait que ces « indépendantistes » qui nient la parenté de culture entre Castillans et Catalans, et entre Européens en général, arrivent au pouvoir d’un Etat devenu indépendant, où ils distribueront la nationalité catalane à tout le monde, détruisant l’identité catalane qu’ils prétendent défendre.
Le gouvernement espagnol ne veut pas de l’indépendance catalane pour de bonnes et de mauvaises raisons. Sa façon d’affirmer son pouvoir ne paraît pas adéquate. Il aurait suffi de garantir les conditions démocratiques d’un référendum, que les indépendantistes auraient certainement perdu, pour désactiver leur action.
Les régionales ou indépendantistes de droite, notamment en Flandre, qui ont apporté leur soutien à l’indépendance catalane se trompent de combat. Les identitaires catalans font fausse route en acceptant que leurs pires adversaires en Catalogne réalisent cette indépendance à laquelle eux-aussi aspirent. Une responsable de SOM Catalans déclare ainsi qu’il n’y a « rien de commun entre l’Espagne et la Catalogne », ce qui est une absurdité d’un point de vue historique. Cette identitaire catalane revendique également la Catalogne française, mais aussi les Baléares et Valence.
Outre le combat commun pour la Reconquista, il y a le même héritage celte, romain et germanique (gothique), sans parler de l’héritage ibère plus ancien. Ce genre de déni me fait penser à celui des souverainistes français, qui considèrent que la France et les autres nations d’Europe n’ont rien en commun, alors que dans le même temps selon eux « tout le monde » peut devenir français.
Alors que le combat identitaire implique de se placer dans le cadre d’une Europe unie, nous retrouvons là les égarements nationalistes classiques. Faire de la Catalogne un État souverain de plus, quel intérêt ? Pour ne pas avoir à contribuer économiquement au reste de l’Espagne, alors même que la gouvernance catalane pratique l’assistanat généralisé ?
Il est indéniable que les États nationaux classiques sont incapables de protéger les Européens contre le mondialisme, mais si l’État espagnol en est incapable, que dire du futur État catalan ? Le cas de l’Écosse est différent puisque c’est parce qu’elle veut rester en Europe qu’elle envisage de se séparer du Royaume-Uni, mais pour y appliquer la même politique migratoire suicidaire, en pire.
Il ne faut pas un État de plus en Europe, mais un seul Etat pour l’Europe. En ce sens, Catalans et Espagnols resteront les citoyens d’un même ensemble, sans les contentieux historiques désormais ringardisés, qui s’appellera l’Europe. C’est dans l’unité politique du continent que se trouvent la réconciliation et la restauration des identités d’Europe menacées par le globalisme, qu’il soit libéral ou marxiste. Les défenseurs de l’indépendance catalane ont tort. Les partisans d’une Espagne unie aussi. Tous deux nient l’essentiel, la nécessité d’une Europe politique forte et unie qui n’a que faire de querelles de clochers sans intérêt, tant que les identités sont préservées.
C’est par l’Europe que l’identité catalane, comme l’identité castillane d’ailleurs, sera préservée. Il est donc impératif que les catalans identitaires laissent à cette extrême-gauche funeste ce fantasme d’une souveraineté de papier et œuvrent plutôt à l’émergence d’une Europe unie, respectueuse par subsidiarité des identités intra-européennes.
Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)
14 commentaires
Bonjour M. Ferrier,
Encore un article mesuré et qui fait réfléchir !
Cependant, je ne comprends pas votre opposition au séparatisme catalan dans la mesure où le PDeCAT est ouvertement européiste. C'est le parti dont sont issus Carles Puigdemont et Artur Mas, les détenteurs du pouvoir local.
Si les chefs du mouvement séparatistes au sens large sont européistes, c'est qu'ils ne doivent pas être des souverainistes aux petits pieds. Détrompez moi ?
Je ne crois pas qu'ils soient européistes, puisque l'idée même d'indépendance n'a pas de sens dans le cadre de l'Europe unie. En outre, ils ne défendent pas l'identité catalane et européenne par leurs positions sociétales en faveur des flux migratoires.
S'ils sont incapables d'être unis avec les Espagnols, pourquoi le seraient-ils avec des Allemands ou des Polonais ?
Je pense que leur projet est indépendantiste par défaut, puisque Bruxelles ne veut reconnaître une catalogne indépendante au sein de l'UE.
De plus, un contentieux bilatéral et historique n'empêche pas de se reconnaître européen. Les irlandais ont incapables d'être unis avec les anglais. Ils sont pourtant européens aujourd'hui.
Concernant le Grand Remplacement, on est bien d'accord. Mais je pense que les petites nations tissent des liens communautaires plus fort entre leurs membres. Et c'est peut-être un des moyens de résister à l'invasion.
L'indépendantisme "de gauche" serait suicidaire. Et je ne suis pas en faveur de la disparition des États au profit d'un État européen unitaire pour en souhaiter un de plus dans l'équation.
Les contentieux historiques doivent être dépassés car sinon, espérer une unité de l'Europe pour faire face serait illusoire.
Le réconciliateur doit être extérieur, donc européen, mais intransigeant.
L'UE pourrait, ou aurait pu, servir à dé-dramatiser les sécessions. De Gaulle, selon A. Peyrefitte, attribuait l'engagement des dirigeants belges en faveur des conceptions européennes qu'il combattait lui-même, à l'idée selon laquelle en cas d'éclatement du pays l'ensemble demeurerait dans le giron des Communautés Européennes comme on disait alors. Je me souviens aussi qu'avant l'adhésion du Royaume-Uni et de l'Irlande aux C.E.; des commentateurs de ces pays entrevoyaient dans la future appartenance commune à l'Europe des 9 un moyen à long terme d'évaporation de la frontière intra-irlandaise et d'éloignement de l'Irlande du Nord de la Grande Bretagne. Une Irlande unie en douceur.
Bien sûr, l'UE a pu par le passé dédramatiser des crises de frontières, d'où l'inquiétude que le brexit crée en Irlande du Nord, à juste titre. Elle en a été incapable en revanche en ex-Yougoslavie et encore moins en Ukraine.
Seul un point de vue extérieur à la crise concerné peut agir efficacement. Or l'UE dans l'affaire espagnole fait silence.
@ Thomas Ferrier
"Toutes les identités d’Europe doivent être préservées et il n’y a aucune raison en soi que l’identité catalane soit écrasée par l’identité castillane."
Comment diable réaliser et cimenter une unité stato-nationale (je ne dis pas impériale) à l'échelle de l'Europe si les identités susdites (catalane, castillane, etc.) ne sont pas véritablement transcendées au profit d'un creuset pan-européen ?
Je ne pense pas qu'une union forcée par Madrid et Bruxelles renforce le sentiment Européen ou Ibérique chez les Catalans. On a même vu des drapeaux Français, Espagnole et Européens brûlés lors de manifestations. Ce n'est sans doute pas l'opinion de la majorité mais c'est l'effet inverse qui est produit. Je ne pense pas avoir vu ce genre de chose en Écosse.
Quand aux indépendantistes de gauche Catalans, ils ne sont pas pires que les gauchistes ou les "cuckservatives" Castillans. Tous acceptent plus ou moins le grand remplacement, c'est le même résultat au final, indépendance ou non.
Il n'est aucunement question d'une quelconque union imposée par la force, et moins encore par le truchement du (proto-)Etat profond européen, dont le siège est à rechercher du coté de la très mondialiste Bruxelles - si je ne m'abuse, Th.Ferrier affectionne bien plutôt le(proto-)État public européen, incarné aujourd'hui, bon gré mal gré, par Strasbourg. L'union précitée serait par ailleurs bien davantage le fruit d'une prise de conscience aiguë des Européens face à l'exacerbation des périls communs (endogènes et exogènes) grevant très lourdement leur avenir.
@ Erwann
Oui, les uns et les autres se valent. Et le gouvernement espagnol n'a pas su avoir la réaction adaptée en se braquant au lieu de démontrer que ces "indépendantistes" n'étaient pas démocratiquement légitimes à parler au nom des Catalans.
@ Erwann,
Désolé, en relisant votre phrase "Je ne pense pas qu'une union forcée par Madrid et Bruxelles renforce le sentiment Européen ou Ibérique chez les Catalans", je réalise que vous ne faisiez pas nécessairement allusion à la construction stato-politique européenne, ce qui rendrait ainsi, peut-être, mon message nul et non avenu...
Merci à Anton de ne faire aucune référence à ce "blog" diffamatoire abandonné depuis 2011.
Tant que certains l'indiqueront (même pour le dénoncer), il restera référencé par google.
Je croyais bien faire...
Pas de souci, Anton. :)
Je suis malheureusement au courant depuis bien longtemps de l'existence de cette horreur en déshérence. Je n'y peux rien.
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