La religion des Lettons.
29/07/2017
Si les Lituaniens sont restés les derniers païens d’Europe, leurs voisins lettons ont en revanche subi une violente christianisation et germanisation, sans négliger des influences lives (un peuple finno-ougrien qui habitait le nord-ouest de la Lettonie). Le polythéisme letton est donc à la fois proche et distinct du polythéisme lituanien, même si les grandes figures divines sont communes.
Le dieu du ciel est Dievs, que certains groupes païens modernes, comme le mouvement Dievturiba, présentent (à tort) comme un dieu unique dont les autres dieux ne seraient que des aspects spécifiques. La divinité la plus populaire est néanmoins le dieu de l’orage Perkons, associé à la couleur rouge et aux fonctions guerrières.
Saulè (« la » Soleil) et Meness (« le » Lune) sont également des divinités de premier plan et par une étrange inversion, l’Aurore est une divinité masculine chez les Lettons, Auseklis. Les fils de Dievs, les Dieva Deli, sont les jumeaux divins de la mythologie indo-européenne, comme les Asviniai lituaniens et les Asvins indiens, et comme les Dioscures grecs. Ce sont des dieux cavaliers, de même que Castor et Polydeucès, qui guident les voyageurs. Ces deux frères sont nommés en Lettonie Usins et Martins, derrière lesquels il faut sans doute reconnaître une divinité de l’aurore et le dieu de la guerre letton (homologue de Mars). Enfin Jānis, tout comme le Janus romain, est le dieu des commencements mais aussi des portes.
Le dieu Velns (lituanien Velnias), dieu guide aux traits manipulateurs qui rappellent Loki, et dont le nom sera donné au diable lors de la christianisation, s’oppose constamment à Perkons.
La principale innovation des Lettons, c’est l’existence de nombreuses déesses-mères en charge des éléments de la nature, autour de la principale, la terre-mère, Zemes Mate (lituanienne Zemyna), qui dans le paganisme letton tardif n’est plus l’épouse de Dievs. Il y a donc Veja Mate, déesse du vent, Udens Mate, déesse des eaux, Ziedu Mate, déesse des fleurs, mais aussi Velu Mate, la déesse des morts, qui remplace le Pikulis lituanien dans ce rôle. Il y ainsi en tout 27 « mères » (mates) qui assurent la maîtrise des éléments.
Les dieux habitent sur une montagne céleste, le Debeskalns, qui est relié au monde des hommes par l’arbre cosmique (« austras koks » ou « arbre de l’aurore »).
La christianisation, antérieure de près de deux siècles à celle de la Lituanie, a davantage altéré les sources historiques permettant de comprendre la religion indigène lettone, mais les différences mineures avec sa version lituanienne permettent de la reconstituer aisément.
Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)
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