Elections parlementaires espagnoles – du bipartisme au quadripartisme
20/12/2015
A 97% du dépouillement, les résultats des élections parlementaires espagnoles de 2015 sont désormais connus. Le Parti Populaire sortant perd près de 16 points par rapport à 2011 avec 28.7% des voix seulement et connait donc une sévère déconvenue, plus forte encore qu’elle n’était annoncée par les sondages. Le Parti Socialiste (PSOE) avec 22.1% des points (-7.5 points) n’en bénéficie aucunement.
Les listes Podemos, à savoir Podemos stricto sensu et les listes affiliées (En Comu Podem, En Marea, Es El Moment), totalisent 20.7% et talonnent donc la gauche sociale-démocrate. Les républicains catalans (ERC) obtiennent 2.4% des voix, tant que l’extrême-gauche d’Unité Populaire obtient 3.7%. Les deux partis basques (PNV et EHB) obtiennent 2.2% des voix. Enfin le Parti Nationaliste des Canaries obtient 0.25% des voix et un siège à l’assemblée.
Les deux formations de droite qui pourraient s’associer au Parti Populaire dans le cadre d’une coalition sont Ciudedanos (« Citoyens) avec 13.7% des voix et le mouvement Démocratie et Liberté (droite catalane) avec 2.3% des voix.
En nombre de sièges, la barre fatidique étant de 175 sièges pour disposer d’une majorité, la droite au sens large obtiendrait 169 sièges (121 sièges pour le PP, 40 pour Ciudedanos, 8 pour le DIL), tandis qu’une coalition PSOE/Podemos serait à 159 sièges (92 pour le PSOE, 67). Le mouvement catalan ERC avec 9 sièges pourrait permettre à la gauche de s’imposer, avec le soutien éventuel des formations basques (8 sièges) et de l’extrême-gauche, Unité Populaire ayant obtenu deux sièges. Cette coalition serait tout de même très fragile et impliquerait de fortes concessions à l’égard de l’ERC catalane. De même le Parti Populaire aura du mal à bâtir une majorité sur une ligne réservée quant aux autonomies régionales.
L’extrême-droite quant à elle reste à un niveau résiduel, 0.04% pour FE-JONS (0.03) et Democracia Nacional (0.01%) réunis. Autant dire qu’elle est anecdotique. Pourtant, un mouvement de droite populiste, éloigné des nostalgies incapacitantes de ces deux formations (sans oublier les absents – Europa 2000, MSR… etc), aurait certainement les moyens d’émerger politiquement. La « Plataforma y Espana » qui devait exister a été abandonnée suite aux scissions et échecs du mouvement PXC (Plataforma y Catalunya) qui devait en être la base.
Le bipartisme traditionnel espagnol a littéralement explosé. Podemos et dans une moindre mesure Ciudadenos ont émergé comme cela avait été annoncé, et ce au détriment du PP sortant mais aussi de l’alternative systémique PSOE. L’Espagne risque bien d’être ingouvernable ou dirigée par un parti minoritaire, otage de différentes formations plus ou moins radicales (à gauche) ou des régionalistes. L’extrême-gauche classique est également marginalisée, à l’instar des communistes (0.13% des voix).
Podemos, qui est l’équivalent espagnol de Syriza mais surtout d’un mouvement portugais en expansion, le Bloc de Gauche (10.2% des voix aux élections législatives portugaises), et se situe donc bien à gauche, est en train petit à petit de remplacer le PSOE. Cette radicalisation sur la gauche n’est pas un bon signe pour l’Union Européenne actuelle, et manifeste la montée d’une colère populaire contre les politiques d’austérité menées depuis ces dix dernières années, sans réussite significative qui plus est.
Thomas FERRIER (PSUNE/LBTF)
5 commentaires
Je croyais que vous étiez de gauche.Je sais qu'aujourd'hui le mot socialiste ne veut plus rien dire mais enfin si vous êtes de gauche vous pourriez vous réjouir un petit peu même si ils sont plus de gauche que vous.
Je crois bien qu'il y a le mot socialiste dans PSUNE non?
Le mot "socialiste" dans mon esprit est un hommage aux figures du socialisme européen du XIXème siècle (dont Saint-Simon).
Les idées que je défends ne sont pas classables à gauche ou à droite, si tant est que ces classifications aient de toute façon encore un sens. Elles auraient été considérées comme de gauche avant 1915 et seront plutôt considérées comme de droite en 2015.
La référence au "socialisme" ou à la "gauche" n'est plus compréhensible. Et ceux qui généralement s'en réclament en sont indignes. Le gauchisme, stade infantile et improductif d'une conscience sociale, est une caricature de socialisme et parfois par son individualisme forcené, il en est l'antithèse.
Ce qui nous définit c'est le combat pour une Europe politique unie et au service des Européens, les natifs d'Europe.
Les impératifs économiques auront la peau de "l'Europe Unie" https://www.youtube.com/watch?v=rx6SoSm5zhU
Il n'y a aucun "impératif économique". C'est l'absence de politique qui fait que l'économisme gouverne nos sociétés, pour leur malheur, un économisme fondamentalement improductif de toute façon dans le cadre de la mondialisation.
Qui laisse l'économie gouverner nos vies fait le jeu du mondialisme. L'absence d'Europe politique là encore nous désarme.
Enfin, je le répète, aujourd'hui l'Europe unie n'existe pas et nous, les européistes identitaires, sommes les seuls à en prôner réellement la mise en place. Le projet atlantiste, c'est une Europe mal construite, faible, se réduisant à un grand marché économique ouvert à tous les vents.
Ce dont vous semblez vous réjouir, à savoir une Europe faible et au final moribonde, alors que c'est au contraire dramatique, c'est l'inféodation totale de notre continent au diktat US. "Belle perspective"...
Ce à quoi a toujours mené le souverainisme en Europe, c'est à la vassalité.
Je suis parfaitement d'accord avec Thomas Ferrier. Sur les deux messages.
Les commentaires sont fermés.