Lexique du partisan européen - "République"
15/12/2014
REPUBLIQUE
La notion de république provient de l’expression romaine res publica, mot à mot la « chose publique », c'est-à-dire l’ « intérêt général » ou le « bien commun ». C’est l’idée d’un régime au service du plus grand nombre, du peuple dans son ensemble, et non au service d’une minorité favorisée. Si l’opposition entre patriciens et populaires ne sera pas réglée en 509 par l’action de Brutus l’Ancien, c’est pourtant à ce héros de la tradition romaine qu’on attribue la naissance de la République.
Ce n’est pas un hasard si le terme de « république » se traduit en grec par « démocratie », même si la république romaine, avec ses Comitia et son Senatus, était bien loin des canons de la démocratie athénienne. Polybe y verra au contraire une cité en équilibre entre les différents régimes possibles tels qu’analysés par Aristote, un régime à la fois aristocratique et démocratique. Pourtant, le modèle du citoyen romain, à la fois paysan et soldat, est fondamentalement démocratique par nature. Et ce même si le patricien a le droit d’être un chevalier (equites) alors que l’homme du peuple devra se contenter d’être légionnaire.
La république est donc en premier lieu la polyarchie, le commandement du « plus grand nombre », et s’oppose à la monarchie, de la même façon que Brutus l’Ancien a chassé les rois Tarquins. Est républicain qui n’est pas monarchiste. Ce qui ferait de nos jours vraiment beaucoup de républicains.
Mais la république est aussi la recherche de l’intérêt général, le refus d’être au service d’une minorité, que celle-ci repose sur une origine ou une confession, d’un groupe de pression ou d’un parti. A la différence d’un empire, cosmopolite par nature, la république repose sur l’homogénéité du corps de ses citoyens, sur la parenté d’origine et de culture. Cela évite justement la dissension qui naît nécessairement d’une trop grande différence et qui a mis fin à la république romaine. Ce n’est pas un hasard si la démocratie athénienne reposait sur le principe du droit du sang et sur le mythe de l’autochtonie.
Ceux qui se prétendent républicains, au nom de valeurs prétendument universelles, de « beaux principes » éthérés, ne le sont pas. C’est la nouvelle « noblesse » avec son « clergé » et ses « tables de la loi », l’hyper-classe politico-économique, son clergé médiatique et ses « droits de l’homme ». C’est une oligarchie qui se prétend républicaine, comme ces empereurs romains qui maintenaient le symbole SPQR mais en le vidant de son sens. Mais c’est en réalité une oligarchie au service d’intérêts planétarisés. Notre République, ce n’est pas la Vème oligarchie de l’Etat « français », c’est l’Europe. Une république qui chassera les tyrans qui emmènent notre civilisation à sa perte, au précipice d’une mondialisation suicidaire. Une république qui soumettra les puissances d’argent à l’intérêt général du continent et de sa population native. Une république qui brisera, qui « brisera [enfin] ces vieilles tables » (Nietzsche).
Thomas FERRIER
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