GERB sur Sofia ? A propos des élections législatives bulgares [2014]
06/10/2014
Le GERB (« Citoyens en faveur du développement européen »), ce parti populiste et conservateur du premier ministre (démissionnaire) sortant Boyko Borissov, espérait obtenir une majorité confortable à l’Assemblée Nationale (Narodno Sabranie). Il n’en sera rien. Même si son parti est à nouveau vainqueur, il ne retrouve pas son plus haut niveau. Avec 32,7% des voix, il ne progresse que de deux points par rapport aux législatives de 2013 (30,5%) ou aux européennes de 2014 (30,4%). On est loin des 50% que Borissov espérait, dans un contexte de profond désaveu de la population. Le taux de participation à 17h00 était d’à peine 40%.
Le BSP (socialiste), qui en 2013 obtenait encore près de 26,6% des voix, n’a pas pu se maintenir au plus haut niveau. Déjà, aux élections européennes de cette année, il tombait à 18,9% des voix. Cette fois, il dépasse à peine les 15% des voix (15,4%). Une descente aux enfers qui ne profite même pas aux conservateurs du GERB.
Le mouvement du droit et de la liberté (DPS), qui obtenait 11,3% des voix en 2013 et le très bon résultat de 17,3% en 2014, maintient ses positions aux alentours de 14,8%. Il bénéficie notamment du vote de plus de 80% des Turcs mais aussi de 45% des Roms. Il représente essentiellement les minorités et des électeurs de gauche.
Nouveau venu de la politique nationale, le Bloc Réformateur, un mouvement de centre-droit, qui avait obtenu 6,5% des voix aux élections européennes, continue sa progression, obtenant 8,9% des voix. Son émergence est l’une des raisons de la faible progression du GERB. Il sera très probablement son partenaire au sein d’une coalition.
Le mouvement Ataka (« Attaque ») de Volen Siderov est depuis quelques années en totale régression. Alors qu’il avait encore obtenu 7,3% des voix en 2013, malgré la scission de son ex beau-fils Dimitar Stoyanov, il tombait à 3% (2,96) en mai dernier, perdant toute représentation parlementaire à Strasbourg. Le score de Siderov aux dernières élections présidentielles avait été également catastrophique. Ataka néanmoins avec 4,5% conserve de justesse une représentation nationale.
Il est la victime d’une concurrence nationaliste formée d’une coalition composée du NFSB et du mouvement VMRO ainsi que d’une dizaine d’autres organisations dont le NDP de Stoyanov. Séparés, le NFSB avait obtenu 3,7% des voix en 2013 contre 1,9% pour VMRO, totalisant 5,6% des voix. Aux élections européennes, dans le cadre d’une autre coalition avec « Bulgarie sans censure » (BBS) le VMRO avait obtenu 10,7% des voix. Dans le cadre de ce Front Patriotique, NFSB et VMRO réunis obtiennent 7,3% ce qui est un beau succès et laisse penser qu’il va continuer de progresser au détriment d’Ataka. A sa droite, l’Union Nationale Bulgare (BNS) de Stankov n’obtient que 0,17% des voix et devrait donc probablement se rallier au Front.
Le mouvement « Bulgarie sans censure », se présentant cette fois sous sa seule bannière, réussit à rentrer au parlement, obtenant 5,7% des voix. C’est aussi le cas de l’ « Alternative pour le Renouveau Bulgare » (ABV) de Georgi Parvanov, ancien président de la république (2002-2012), qui obtient 4,15% des voix (contre 4,02% aux européennes).
Au total, huit mouvements politiques seront représentés au parlement dont deux partis nationalistes, réunissant 12% des voix environ. Le GERB a donc plusieurs possibilités pour organiser autour de lui une coalition majoritaire, mais il devra certainement faire alliance en plus du Bloc Réformateur à un des deux mouvements nationalistes mais aussi au BBS et/ou à l’ABV. Borissov n’a pas obtenu un blanc seing de la part des électeurs bulgares. Leur confiance est limitée, en sachant que l’abstention reste le grand vainqueur de dimanche.
Thomas FERRIER (PSUNE/LBTF)
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