Elections européennes en France : étude du sondage Opinionway de février 2014
16/02/2014
Selon le dernier baromètre Opinionway/LCI/Le Figaro, à un peu plus de trois mois avant l’élection, l’UMP sortirait vainqueur du scrutin avec 22% des voix, contrairement à un sondage précédent d’un autre institut qui mettait le FN en première position avec 23%. Le FN serait second avec 20% des voix environ, auxquels il faudrait rajouter les 3% de voix en faveur de la liste de Debout La République animé par le non-candidat Nicolas Dupont-Aignan, pour comptabiliser le vote « souverainiste ». Néanmoins, l’UMP perdrait 5 points environ par rapport à 2009 en faveur du Front National, qui en prendrait 6 au PS, à l’extrême-gauche et surtout aux petites listes.
Le Parti Socialiste connaîtrait une sévère déconvenue avec 16% des voix, un score malgré tout proche de celui qu’il avait obtenu en 2009 (16,5%) mais c’était à l’époque où Europe-Ecologie avait obtenu dans le même temps 16,3% des voix. Il n’en obtiendrait plus que 9%, ce qui veut dire que le camp de la gauche « modérée » perdrait sept points. Le Front de Gauche, avec 9% des voix, en reprendrait 3. En revanche, le Nouveau Parti Anticapitaliste aurait 4%, score important par rapport à leur poids politique en France, mais plus faible que les 6,1% obtenus en 2009. Cela place l’extrême-gauche à 13%, ce qui n’est pas négligeable.
Connus pour leur positionnement pro-« européen » mais en version mondialiste, le Modem et l’UDI, désormais associés, obtiendraient 12% des voix (+3,5%). Cette modeste progression par rapport au score antérieur du seul Modem montre le poids réel de l’UDI et du centre-droit (3/4%) par rapport à la droite UMP (22%).
Ce sondage pose également d’autres questions qui matérialisent le désaveu de l’actuelle Union Européenne par un nombre d’électeurs croissant. Ainsi, 45% des Français se disent déçus, et 11% manifestent une nette opposition alors que 12% s’en désintéressent purement et simplement. 32% seulement semblent plus ou moins satisfaits ou espèrent une évolution davantage positive de la construction européenne. La fierté d’être membre de l’Union se limite à 5% des citoyens, ce qui est très peu. 3% sont satisfaits. On peut penser que c’est le socle de gens satisfaits aussi du président Hollande.
Sur la question de l’€, la démagogie eurosceptique et l’incapacité des dirigeants pro-« européens » à expliquer convenablement les choses aboutissent à ce que 26% des citoyens (+6) souhaitent le « retour au franc » et 20% se moquent de la disparition de l’€ sans la souhaiter pour autant. Les opposants à une sortie de l’€ ne sont plus que 53% (-9). Sortir de l’€ est une lubie qui cache un rejet idéologique de toute monnaie européenne par les dirigeants des partis nationalistes et/ou souverainistes, et qui ne repose sur des prétendues analyses économiques partiales de gens par ailleurs opposés à l’idée européenne par principe. Mais l’absence de pilotage démocratique de l’€ n’est pas pour autant durable et crédible.
Pour 22% des Français, l’appartenance de la France à l’Union Européenne est une mauvaise chose. Ce score reste constant, mais les neutres augmentent, 35% (+6) pensant que cela n’a aucun impact, ni en bien, ni en mal. Ils ne sont plus que 42% à estimer qu’il s’agit d’une bonne chose. Mais ils sont 45% à craindre que l’identité française soit menacée par la construction européenne.
Par ailleurs, une fois de plus, l’élection européenne est détournée des enjeux continentaux par les enjeux nationaux, en clair par la volonté de nombreux électeurs de sanctionner la classe politique nationale, le gouvernement et le président, dans les urnes. Si les électeurs semblent vouloir centraliser les élections municipales sur le choix d’un maire, indépendamment de son étiquette, ils souhaitent visiblement se rabattre sur l’élection suivante pour manifester leur colère. Cela pourrait amener à un FN fort, même si, pour des raisons de participation, j’en doute, comme je l’ai expliqué dans un article précédent. Mais je doute que la participation aux élections européennes soit bonne, mais dans ce cadre. Ils sont 68% à vouloir voter en fonction des questions nationales, et seulement 31% (-9) sur des questions d’enjeu européen.
La faute en est, là encore, à l’absence de campagne européenne, au fait que ce sont les partis nationaux et non les coalitions européennes qui se présentent au suffrage, qu’il y a des arrangements « entre amis » pour décider du futur président de la commission, indépendamment du résultat. Mais même si les électeurs votent national aux européennes, le gouvernement aura beau jeu de relativiser ce vote en accusant l’euroscepticisme. Pourtant, si la gauche devait être sanctionnée en mai 2014, c’est bien à cause de la politique du gouvernement et non de la médiocrité incontestable des actuels dirigeants de l’Union Européenne. Par ailleurs, Barroso pourrait être dépassé en nocivité par le « socialiste » allemand Schulz, c’est dire, si les électeurs européens n’y prennent pas garde.
Thomas FERRIER (PSUNE/LBTF)
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