Brèves européennes… (20)
29/09/2013
ITALIE
Berlusconi condamné, la prochaine étape était sa destitution du statut de sénateur italien. Il avait à de nombreuses reprises menacé le gouvernement d’être prêt à le faire tomber s’il était abandonné à ce sort judiciaire qui lui est promis. Les dernières déclarations du président du conseil Letta l’ont fait choisir la confrontation pure et simple. La presse italienne unanime condamne le « geste fou » d’un homme acculé.
Ayant demandé aux ministres du PDL de démissionner du gouvernement, ceux-ci se sont promptement exécuté. Ils déstabilisent ainsi un « jeune » gouvernement bâti sur des assises fort peu solides. Dans un tel contexte, et alors que des élections législatives anticipées pourraient se solder par un match nul, le président Napolitano va sans doute chercher à mettre en place une coalition gérable, qui dépendra essentiellement du bon vouloir des députés de la liste Grillo.
Même si Berlusconi a été depuis des années l’objet de procédures judiciaires et ce dans de nombreuses affaires financières et même de mœurs (« Ruby »), dénonçant des juges « rouges », et il est vrai qu’il y a lieu en France comme en Italie de s’interroger sur la neutralité d’une magistrature syndiquée désignant ses adversaires idéologiques sur un « mur des cons », son entêtement à vouloir échapper à la justice de son pays est impressionnant. Il est prêt à engager l’avenir de son pays pour protéger son avenir personnel. Mais qui l’a fait roi ? C’est bien le peuple italien, qui l’a choisi à plusieurs reprises depuis 1994 pour présider à ses destinées.
Toutefois, lorsqu’on analyse les premiers mois du gouvernement Letta, on constate qu’il emmène l’Italie dans le mur, aussi surement que les marchés financiers. Les côtes de Lampedusa n’ont jamais été autant assaillies par des migrants en déshérence, le mauvais signal « Kyenge » ayant engendré naturellement un appel d’air conséquent. C’est sans regret qu’il faudrait souhaiter la chute de Letta, et d’une certaine manière, paradoxalement, il est possible que Berlusconi rende service involontairement à son pays. Et il n’est pas sûr que, malgré les admonestations du Vatican, l’électeur italien de droite et même du centre soit spécialement choqué par les tribulations sexuelles de son ancien président du conseil. La Rome impériale n’a jamais été vraiment effacée dans les mémoires par la religion de Christ.
L’électeur de base de Beppe Grillo, constatant l’impasse politique de son vote, pourrait au final préférer le tribun Berlusconi, un homme visiblement prêt à tout, au meilleur comme au pire. Ce dernier aura indiscutablement marqué l’Italie de la fin du XXème siècle et du début du XXIème. Chassé sous la pression des marchés financiers, véritables décideurs pour le moment de l’avenir de l’Europe, jusqu’à ce qu’on ose les remettre à leur vraie place, Berlusconi pourrait revenir en fanfare, alors qu’on l’imagine au fond du trou. Il l’a déjà prouvé par le passé. Il faut toujours se méfier des vieux lions, car ils ont toujours la volonté de bondir et de mordre.
GRECE
La chasse aux nazis est ouverte, et dans ce jeu politique, même en mode hellénique, tous les coups sont permis. La victime de la vindicte gouvernementale, sous pression des partenaires de la Grèce, et de l’Union Européenne ? L’Aube Dorée (Hrysi Afgi) de l’extrémiste Nikos Michaloliakos. Il faut dire qu’il faisait tache et donnait de son pays une très mauvaise image aux yeux de la presse bobo des capitales européennes. Et alors que la Grèce début janvier 2014 va présider pour six mois l’Union Européenne, Samaras avait intérêt à mettre de l’ordre dans sa maison, quitte à organiser des poursuites judiciaires baroques et dont on peut s’interroger sur la légalité juridique.
Croisement des affaires Vikernes et Méric. Un militant antifasciste, rappeur de son état, Pavlos Fyssas, a été tué lors d’une rixe par un militant nationaliste proche de l’Aube Dorée. Et voilà que ce samedi, Michaloliakos et plusieurs députés de son parti sont arrêtés à la demande de la Cour Suprême grecque, accusés d’appartenir à une organisation de nature terroriste. Un parti représenté à la Vouli par 18 députés est ainsi mis en examen, et ce à la suite d’une campagne médiatique liée à un fait divers sordide. De toute évidence, cet évènement tombait d’une manière propice afin de permettre à Samaras de régler en très peu de temps une grosse épine dans son pied. Ceci dit, entre Syriza et l’Aube Dorée, il est difficile de dire ce qui en vérité serait le pire pour les Grecs.
Mais n’a-t’il pas agi avec trop d’empressement, afin de flatter une partie de l’opinion internationale ? Encensé pour cette action par tout ce que la France compte de journalistes de « gauche », c'est-à-dire 95% de ce corps de métier, Samaras pourrait le regretter amèrement.
Un mouvement recueillant près de 15% dans les sondages ne se manie pas à la légère, car c’est prendre le risque de lui offrir la pose du martyr. Un député d’extrême-droite ne s’est d’ailleurs pas gêné pour rappeler que les politiciens corrompus qui ont « ruiné le peuple grec », n’ont pas été condamnés. Il n’y a pas à ma connaissance de mouvement politique représenté au parlement qui ait été réellement interdit. Le Vlaams Blok l’a certes été mais pour se reconstituer immédiatement en Vlaams Belang.
Ce n’est pas à des magistrats ni à des adversaires politiques de juger d’un parti, aussi détestable soient les idées qu’il mette en avant. C’est au peuple de dire si « Aube Dorée » est digne de ses suffrages ou pas. Or il semble qu’un électeur sur six pense qu’il l’est. La faute est clairement du côté des responsables politiques du PASOK et de la Nouvelle Démocratie, qui ont laissé faire l’effondrement du pays, s’ils n’en ont pas été complices, et qui soumettent le peuple grec à une immigration indésirable qui excède de plus en plus de Grecs.
Supposons qu’à l’issue de son enquête, la Cour soit incapable de prouver ses accusations contre « Aube Dorée » ou bien qu’elle ne puisse pas engager de poursuites, pour vice de forme, parce que je doute que dans cette affaire médiatique, les règles du droit aient été toutes respectées. L’effet sera désastreux. Alors que la classe politique nationale est démonétisée aux yeux de l’opinion publique, « Aube Dorée » reviendrait du tribunal en vainqueur. C’est le pire cadeau qu’on pourrait faire au peuple grec. Visiblement, ceux qui rabâchent aux oreilles du peuple les horreurs de notre histoire, n’ont pas la si longue mémoire qu’ils prétendent avoir.
Combattre « Aube Dorée », c’est donner au peuple grec les moyens de sa renaissance, au sein d’une Europe unie. Bien sûr qu’il ne sert à rien de voter pour des partis extrémistes, pour Syriza comme pour Hrysi Afgi. Mais il n’est pas sûr qu’il soit non plus utile de voter pour des partis de menteurs et de corrompus. L’impasse est d’abord de la responsabilité d’une classe politique européenne médiocre, incapable de combattre les maux qui gangrènent notre civilisation, et ayant choisi de livrer le peuple à la folie criminelle des mondialistes.
Les juges peuvent demain interdire « Aube Dorée » mais n’empêcheront pas la colère populaire de s’exprimer par d’autres biais. Et de toute façon, le lendemain même, un nouveau parti, « Aube Argentée » ( ?) verra le jour, avec une popularité accrue.
Un fait divers où un citoyen d’extrême-gauche meure des coups portés par un citoyen d’extrême-droite déclenche une campagne médiatique sans équivalent dans le pays. Cela sert les intérêts d’un gouvernement sous pression, mis en demeure d’agir contre un parti politique sulfureux, mais légal, par les autres dirigeants des pays européens. Ca ne trompe personne.
Thomas FERRIER (PSUNE)
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