Elections norvégiennes 2013
14/09/2013
Ce lundi se déroulaient des élections législatives très attendues en Norvège. C’est la première fois en effet que les électeurs s’expriment dans un scrutin national à la suite des attentats de Breivik. Leur réaction était donc attendue. La gauche craignait un vote de sanction car, passé le temps du deuil, les Norvégiens avaient le sentiment que le gouvernement n’avait pas pris toutes les dispositions nécessaires pour prévenir ce genre d’actes. En outre, même si la situation économique reste positive, un vote d’alternance est logique.
Malgré sa popularité en berne, les Travaillistes (Arbeiderpartiet) demeurent le premier parti du pays, avec 30,8%, perdant certes 4,5 points par rapport à 2009, mais deux seulement par rapport à 2005. Ils formeront avec 55 députés le plus grand groupe, même s’il sera amputé de neuf sièges. Mais ce succès personnel du parti se fait au détriment de ses alliés naturels. Le parti de centre-gauche Senterpartiet, avec 5,5% des voix, perd 0,7% et un siège, et de même le Parti Socialiste (Socialistisk Venstreparti) n’obtient que 4,1% des voix (-2,1) et 7 sièges (-4), l’ensemble n’obtenant que 72 sièges en tout (-14). De son côté, le parti écologiste (Miljopartiet De Gronne), soutenu par l’ancien candidate écologiste aux élections présidentielles françaises, la franco-norvégienne Eva Joly, progresse nettement et obtient son premier siège avec 2,8% (+2,4) des voix. Le parti Rouge (Rodt), avec 1,1% des voix (-0,3) reste sans député.
Les Conservateurs (Høyre) avec 26,8% remportent le scrutin, même s’ils sont seconds en voix, en pourcentage et en sièges. Ils progressent de 9,6 points en cinq ans, et passent de 30 sièges à 48. De nombreux électeurs ont quitté le Parti du Progrès (Fremskrittspartiet) afin de voter utile, mais aussi par réaction face aux évènements d’Utoya, en raison de la brève appartenance de Breivik au FP. Ce dernier n’avait pas trouvé sa place au sein d’une formation qu’on présente en France comme de « droite nationale », une sorte de FN soft, ce qui était sans doute encore le cas sous la direction de Carl Hagen, mais qui donne des gages à l’idéologie dominante, ayant même choisi un norvégien d’origine indienne pour diriger sa section de jeunesse.
L’effet « Breivik » aura été de recentrer encore davantage la formation dirigée par Siv Jensen sur une position de droite conservatrice, mais à ce jeu certains électeurs auront préféré les conservateurs originaux, et en outre les électeurs inquiets par la problématique migratoire seront probablement restés chez eux. Avec 16,3% des voix, le FP perd 6,6 points par rapport à 2009 mais aussi 5,8 points par rapport à 2005. En 2009 en effet, avec 22,9% des voix, le FP était devenu le second parti du pays et le premier parti d’opposition. Il est désormais largement distancé par le Høyre.
Enfin, plusieurs partis nouveaux sont apparus, mais demeurent à un niveau faible. Les Pirates (Piratpartiet) n’obtiennent que 0,3% des voix et le mouvement des Chrétiens (De Kristne) seulement 0,6%. Ils sont donc loin de la barre des 2% donnant droit à des élus. En 2009, les listes alternatives de droite nationale, comme les Patriotes Norvégiens (NorgesPatriotene), étaient réduites à néant. En 2013, c’est au tour des communistes de se retrouver à zéro. Il faut environ 60.000 voix pour espérer des députés, et toutes ces formations en sont loin.
En cumulé, le centre-droit, si on y inclut le FP, aurait obtenu 53,7% des voix (+4,1), avec un échange de voix entre Høyre et le FP d’environ sept points, alors que le centre-gauche n’aurait obtenu que 40,2% des voix, mais ce si on ne compte pas les Verts en leur sein.
Pour gouverner, conservateurs et libéraux de Venstre (5,2% des voix, +1,4 ; 9 sièges, +7), autre gagnant de ce scrutin mais dans une moindre mesure, auront besoin de former une coalition avec le Parti du Progrès pour gouverner. Ce dernier y semble prêt , n’étant plus en mesure de devenir le premier parti du pays. Il répudie « progressivement » toute idée d’identité nationale et/ou européenne pour des strapontins ministériels. Toutefois, le prix à payer pourrait être de connaître la situation du FPÖ après 2000 en Autriche, la droite conservatrice s’emparant d’une partie (supplémentaire) de son électorat.
L’évolution du FP, qui certes n’a jamais été comparable aux autres partis nationaux, FN comme FPÖ, laisse présager de celle que connaîtront ces autres partis si les portes du pouvoir s’ouvrent à eux dans le cadre d’une grande coalition. Mais pour leurs électeurs, qui en espérent sans doute autre chose, la leçon sera amère.
Malgré sa popularité en berne, les Travaillistes (Arbeiderpartiet) demeurent le premier parti du pays, avec 30,8%, perdant certes 4,5 points par rapport à 2009, mais deux seulement par rapport à 2005. Ils formeront avec 55 députés le plus grand groupe, même s’il sera amputé de neuf sièges. Mais ce succès personnel du parti se fait au détriment de ses alliés naturels. Le parti de centre-gauche Senterpartiet, avec 5,5% des voix, perd 0,7% et un siège, et de même le Parti Socialiste (Socialistisk Venstreparti) n’obtient que 4,1% des voix (-2,1) et 7 sièges (-4), l’ensemble n’obtenant que 72 sièges en tout (-14). De son côté, le parti écologiste (Miljopartiet De Gronne), soutenu par l’ancien candidate écologiste aux élections présidentielles françaises, la franco-norvégienne Eva Joly, progresse nettement et obtient son premier siège avec 2,8% (+2,4) des voix. Le parti Rouge (Rodt), avec 1,1% des voix (-0,3) reste sans député.
Les Conservateurs (Høyre) avec 26,8% remportent le scrutin, même s’ils sont seconds en voix, en pourcentage et en sièges. Ils progressent de 9,6 points en cinq ans, et passent de 30 sièges à 48. De nombreux électeurs ont quitté le Parti du Progrès (Fremskrittspartiet) afin de voter utile, mais aussi par réaction face aux évènements d’Utoya, en raison de la brève appartenance de Breivik au FP. Ce dernier n’avait pas trouvé sa place au sein d’une formation qu’on présente en France comme de « droite nationale », une sorte de FN soft, ce qui était sans doute encore le cas sous la direction de Carl Hagen, mais qui donne des gages à l’idéologie dominante, ayant même choisi un norvégien d’origine indienne pour diriger sa section de jeunesse.
L’effet « Breivik » aura été de recentrer encore davantage la formation dirigée par Siv Jensen sur une position de droite conservatrice, mais à ce jeu certains électeurs auront préféré les conservateurs originaux, et en outre les électeurs inquiets par la problématique migratoire seront probablement restés chez eux. Avec 16,3% des voix, le FP perd 6,6 points par rapport à 2009 mais aussi 5,8 points par rapport à 2005. En 2009 en effet, avec 22,9% des voix, le FP était devenu le second parti du pays et le premier parti d’opposition. Il est désormais largement distancé par le Høyre.
Enfin, plusieurs partis nouveaux sont apparus, mais demeurent à un niveau faible. Les Pirates (Piratpartiet) n’obtiennent que 0,3% des voix et le mouvement des Chrétiens (De Kristne) seulement 0,6%. Ils sont donc loin de la barre des 2% donnant droit à des élus. En 2009, les listes alternatives de droite nationale, comme les Patriotes Norvégiens (NorgesPatriotene), étaient réduites à néant. En 2013, c’est au tour des communistes de se retrouver à zéro. Il faut environ 60.000 voix pour espérer des députés, et toutes ces formations en sont loin.
En cumulé, le centre-droit, si on y inclut le FP, aurait obtenu 53,7% des voix (+4,1), avec un échange de voix entre Høyre et le FP d’environ sept points, alors que le centre-gauche n’aurait obtenu que 40,2% des voix, mais ce si on ne compte pas les Verts en leur sein.
Pour gouverner, conservateurs et libéraux de Venstre (5,2% des voix, +1,4 ; 9 sièges, +7), autre gagnant de ce scrutin mais dans une moindre mesure, auront besoin de former une coalition avec le Parti du Progrès pour gouverner. Ce dernier y semble prêt , n’étant plus en mesure de devenir le premier parti du pays. Il répudie « progressivement » toute idée d’identité nationale et/ou européenne pour des strapontins ministériels. Toutefois, le prix à payer pourrait être de connaître la situation du FPÖ après 2000 en Autriche, la droite conservatrice s’emparant d’une partie (supplémentaire) de son électorat.
L’évolution du FP, qui certes n’a jamais été comparable aux autres partis nationaux, FN comme FPÖ, laisse présager de celle que connaîtront ces autres partis si les portes du pouvoir s’ouvrent à eux dans le cadre d’une grande coalition. Mais pour leurs électeurs, qui en espérent sans doute autre chose, la leçon sera amère.
Thomas FERRIER (PSUNE/LBTF)
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