François Hollande en Algérie : une faute morale et politique
23/12/2012
Le discours contesté d’un président.
Annoncée depuis plusieurs semaines par les media de France et de Navarre, la visite du président français en Algérie, pour le cinquantenaire de l’indépendance du pays était attendue. Accusé de vouloir pratiquer la repentance systématique, Hollande avait prévenu par avance qu’il n’allait pas à Alger pour présenter des excuses ou pour faire acte de contrition.
Cependant, Hollande n’a pas pu et n’a pas su rompre avec la Françafrique, tout comme son prédecesseur Nicolas Sarkozy. Là où ce dernier évoquait « une Afrique qui n’est pas encore rentrée dans l’histoire », François Hollande parle de la nécessité de maintenir le lien entre la France et l’Algérie, ne prenant pas acte du fait que justement ce pays est devenu indépendant et que ce lien était cette colonisation de 132 ans qu’il fustige par ailleurs comme une période d’insupportable oppression subie par le peuple algérien.
Pour dénoncer cette colonisation, il a recours à la figure de Clémenceau, qu’il n’a pas comprise, puisque ce dernier refusait la colonisation non seulement au nom du droit des peuples à la liberté mais surtout au nom des intérêts français, car il avait compris que l’Algérie française deviendrait rapidement un boulet financier et qu’il y avait mieux à faire avec l’argent des contribuables, par exemple reprendre les provinces perdues et construire des routes et des hôpitaux en France. Il évoque aussi la France libre, présentant Alger comme la capitale d’une France résistante alors que c’était Londres avec Charles De Gaulle. La France de Giraud ce n’était pourtant pas la France de De Gaulle.
Par ailleurs, François Hollande a légitimé par sa présence un gouvernement algérien que beaucoup d’Algériens, et en premier lieu le Mouvement pour l’Autonomie de la Kabylie, considèrent comme illégitime. Il est ainsi intervenu dans les affaires d’un pays souverain pour soutenir implicitement le régime de Bouteflika en place. Et il l’a fait au nom des intérêts économiques du mondialisme financier, agissant en VIP d’une oligarchie planétaire qui tient la France et l’Europe sous coupe réglée.
Enfin, alors que l’assimilation est un échec de plusieurs décennies, il encourage la jeunesse algérienne à rejoindre la France et lance des signaux lourds envers les Algériens et descendants d’Algériens déjà présents en France en grand nombre, une façon de vouloir s’attacher à nouveau leur vote, alors que le « mariage pour tous » trouble les communautés musulmanes installées dans notre pays. Une fois de plus, le président n’est pas au service des intérêts de son peuple, qui essaie par tous les moyens de lui faire savoir que la France déborde et n’en peut plus.
En disciple de son ancien rival Sarkozy, Hollande nous ressort cette idée folle d’ « union méditerranéenne » qu’il met exactement sur le même plan que l’Union Européenne, trahissant ainsi un afrotropisme que je dénonçais déjà lorsqu’il était encore dans l’opposition. Ce faisant, il nie la pleine européanité du peuple français, réactive l’idée que notre avenir se jouerait en Méditerranée, négligeant l’échec retentissant de l’empire romain à vouloir réunir des gens issus de civilisations différentes.
Comment s’étonner de toute façon du néo-colonialisme de François Hollande quand on sait que son mentor en ce domaine est l’islamotrope Benjamin Stora, qui a osé déclarer récemment que « ce n’est pas un déplacement classique, l’Algérie, c’est une question de politique intérieure » ? Pourtant, le général De Gaulle avait œuvré pour bien faire comprendre aux Français que l’Algérie n’était pas et n’avait jamais été la France.
Une opposition qui n’a rien compris.
Suite à ce discours où le président en exercice condamne la colonisation tout en pratiquant implicitement un néo-colonialisme insupportable, la droite et surtout l’extrême-droite ont eu à cœur de le dénoncer, mais en reproduisant la même mythologie contre-nature que leur adversaire. Il ne faut pas oublier que le propre père de François Hollande était un partisan déclaré de l’Algérie française, tout comme celui de Ségolène Royal.
Louis Aliot et Marine Le Pen ne retiennent du discours présidentiel qu’une forme de repentance, de reconnaissance du FLN, et l’oubli volontaire du sort des pieds noirs et des harkis. Ils perpétuent ainsi la ligne néo-colonialiste de Jean-Marie Le Pen, combattant pour que l’Algérie reste française, même s’il fallait faire contre tout bon sens de neuf millions d’algériens, qui sont aujourd’hui trente millions, des français.
Gérard Longuet (UMP) vante le bilan colonial prétendûment positif de la France en Algérie. Pourtant Daniel Lefeuvre a démontré que le bilan économique de la colonisation fut calamiteux pour la France. Ce n’est pas pour rien que Bismarck avait encouragé le gouvernement français à coloniser l’Afrique. Il explique par ailleurs qu’il n’est pas bon pour la jeunesse française d’origine immigrée d’avoir en tête une France qui se serait mal comportée vis-à-vis de leur pays d’origine.
Aucun ne semble pourtant avoir conscience que le bilan réel de la colonisation n’a jamais été réellement tiré et surtout assumé complètement. Nous savons aujourd’hui qu’en matière économique, la colonisation a ruiné la France et que le décollage de notre pays n’a été possible qu’une fois le boulet lourdé. Nous savons en outre que ce n’est pas par manque d’universalisme que la France a colonisé, mais bien par un universalisme maladif et perverti, avec cette idée nauséabonde selon laquelle la France devait « civiliser les barbares ». La France a agi en Algérie comme les Romains ont agi en Gaule, à la différence près que Gaulois et Romains étaient issus de deux civilisations très proches. Elle a cru sérieusement pouvoir transformer en européens une population arabo-musulmane qui souhaitait simplement demeurer elle-même et être respectée dans son identité. Elle s’est trompée.
Ni le PS ni le FN n’ont compris l’erreur de base qui était de vouloir s’imposer chez autrui et de vouloir imposer à autrui ce qu’on croit bon pour lui. La colonisation était illégitime dès le point de départ et indéfendable quel que soit le bilan comptable, et encore davantage lorsqu’on constate que même économiquement elle ne se justifiait pas.
C’est Bernard Lugan qui tire le bon constat de cette affaire coloniale, à savoir que la colonisation « est devenue une véritable tunique de Nessus, qui fait peser sur les générations européennes à venir une hypothèque d’autant plus lourde qu’elles ne l’ont pas signée et dont elles demanderont un jour pourquoi elles sont condamnées à en honorer les traites. » Et il ajoute, non sans lucidité, que « les populations originaires de notre ancien empire et vivant en France, comptent plus de six millions de personnes, naturalisés compris, soit quatre fois plus qu’il n’y eut de colons ». Pour lui, ce simple fait doit être considéré comme le bilan colonial véritable.
Pour une décolonisation accomplie et assumée.
Finir la décolonisation, c’est restaurer la situation d’avant que le colonisateur ne se soit implanté dans ces colonies désormais émancipées. C’est prendre acte qu’il n’y avait aucun destin commun entre la France, et par l’extension l’Europe, avec l’Algérie, et par extension l’Afrique. La France est un pays européen et doit le rester. Il est en ce sens totalement scandaleux que François Hollande ait osé mettre la relation franco-algérienne sur le même plan que la relation franco-allemande. Allemands et Français ont un destin commun, celui de faire partie d’une Europe politique. Allemands et Français ont un héritage civilisationnel commun immense, que nous n’avons pas avec l’Afrique du nord, arabo-berbère et musulmane.
Mais pour finir cette décolonisation, pour rompre définitivement avec la Françafrique, qui nous rattache à un continent qui a repris à juste titre sa liberté mais à qui nous ne devons rien et qui ne nous doit rien non plus, il existe aujourd’hui des obstacles que nous n’avions pas après 1962, du temps du général De Gaulle au pouvoir.
Le premier obstacle c’est cette oligarchie mondialiste dont la branche française veut absolument nous rattacher systématiquement à l’Algérie. Les intérêts économiques dont Hollande a été le promoteur ne sont pas ceux des Français ni des Européens, bien au contraire. Développer l’Algérie au détriment d’une France qui a cinq millions de chômeurs n’est pas la politique que devrait mener un président de la république. Aliéner les intérêts du peuple à ceux d’autres pays ou de lobbies économiques n’est pas acceptable.
Le second obstacle, ce liant entre la France et l’Algérie qui n’existait guère en 1962, c’est l’immigration algérienne, passée et présente, en France. C’est cette immigration que Valéry Giscard d’Estaing voulait réduire au minimum en 1978, mais que François Mitterrand s’est empressé de vouloir régulariser et naturaliser dès 1981. De la sorte, a été réintroduit le boulet colonial dont De Gaulle nous avait libérés.
Décoloniser, c’est redonner à la France son destin européen, son identité européenne. Notre avenir est sur le continent européen et certainement pas en Afrique. Le PSUNE entend donc mettre fin à ce lien colonial que les dirigeants français n’ont pas pu ou pas voulu rompre. Cela signifie qu’il va falloir écarter du jeu ces acteurs de liaison que sont l’oligarchie financière d’une part et le communautarisme nord-africain d’autre part. Tout ce qui peut freiner l’union de l’Europe dans laquelle la France a toute sa part doit être mis de côté.
Respecter le peuple algérien, c’est cesser de vouloir lui imposer de cohabiter avec la France. Respecter le peuple français, c’est cesser de vouloir lui imposer de cohabiter au prix fort avec une ancienne colonie qui a souhaité avec raison s’émanciper de son joug. Nous n’avons pas de destin commun, nous n’avons pas non plus d’amitié privilégiée avec ce pays. L’Europe demain traitera l’Algérie comme un pays comme les autres, sans inimitié particulière mais sans traitement de faveur non plus. Avec respect certes.
Coupons le cordon colonial. Libérons nous de nos anciennes colonies une bonne fois pour toutes et cessons de vouloir nous lier à eux, que ce soit en allant chez eux ou en les faisant venir chez nous. Et bâtissons enfin l’Europe politique !
Thomas FERRIER (LBTF/PSUNE)
18 commentaires
Franchement, M. Tom. Je dois reconnaître que votre blog est un vrai régal. Ce qui me choque le plus étant la repentance systématique du peuple français, des décennies après, alors que la guerre d'Algérie et la colonisation sont finies depuis longtemps, et surtout alors que de nombreux pays musulmans ne se sont jamais excusés pour leurs crimes mais en plus ne les ont pas reconnus. Cas de la Turquie qui refuse de reconnaître le génocide de nos frères arméniens, par exemple.
En cela, nos gouvernements se (nous) placent en situation d'infériorité par rapport aux monde musulman, en position de dhimmis.
Non seulement nous ne serons pas remerciés pour cette politique masochiste mais en plus, les musulmans nous méprisent. Les conséquences de ce mépris : viols collectifs de femmes européennes dans les banlieues, attentats.
Si on ajoute à cela la forte diminution des budgets militaires des pays européens (dont Laurent Artur du Plessis a parlé à plusieurs reprises dans ses ouvrages), au nom de l'idéologie pacifiste et gaucho-mondialiste, on en arrive à la conclusion que les pays musulmans profiteront sûrement de nos faiblesses pour nous attaquer, ce qui débouchera certainement sur une 3ème guerre mondiale.
Et que faites-vous de la communauté de destin entre la France et le Maghreb invoquée en pompe, par l'extrémiste Mélenchon, au nom de l'unité historique de la civilisation entre les deux rives de la Méditerranée ? C'est amusant de voire comment ce pure adepte de la formule de Rabaud Saint-Etienne (l'Histoire n'est pas notre code) peut tout de même invoquer l'Histoire quand cela l'arrange. Lecture de l'histoire assez biaisée au demeurant, car la civilisation européenne occidentale est justement née, au Haut Moyen Age, de la rupture de cette unité toute relative.
Il n'y a jamais eu d'unité entre l'Europe romaine et l'Afrique "romaine". Le seul endroit où il y a eu romanisation, c'est près de Timgad... parce qu'il s'agissait de vétérans italiens de la Legio I Italica, récompensés pour leur courage par l'empereur.
En fait, Carthage, Alexandrie et Antioche se sont emparés du christianisme comme référent identitaire oriental pour l'opposer à la Rome païenne. C'est pourquoi il a été si fort, même avant Constantin (entre 25 et 30% de chrétiens, et plus encore dans les villes, dès 300) chez ces "anciens" ennemis des Romains. Le christianisme fut la vengeance de Cléopatre contre Octavien.
Il va de soi qu'avec l'introduction de l'islam dans l'équation, cette différence radicale entre deux mondes devint abyssale.
Toute relative, cher ami. Nous avons déjà eu cette discussion sur le caractère plus méditerranéen que proprement européen du monde gréco-romain classique, hellénistique et byzantin, aussi me garderai-je bien d'embrasser largement ce thème avec vous de nouveau, cher Thomas. L'introduction de l'Islam conspira, à l'évidence, à consommer cette rupture inaugurée néanmoins par le rapprochement, dans un même creuset, d'où est sortie notre civilisation proprement européenne (je préfère pourtant le terme d'occidentale), des peuples et des cultures des deux rives du Rhin, à la faveur des invasions-migrations germaniques dans l'Occident romain. On ne lutte pas sérieusement contre l'extrémisme qui manipule l'histoire (cet universaliste idéologue et dément de Mélenchon, en l'espèce) en étant soi-même un extrémiste révisionniste.
Je décerne un Rasoir en Or à Anton Cusa.
"Allemands et Français ont un héritage civilisationnel commun immense, que nous n’avons pas avec l’Afrique du nord, arabo-berbère et musulmane." On se demande d'où les Dieux comme Poséidon, Altas, Athéna, Artémis viennent...Vous êtes d'un dualisme déconcertant.
Il semble que vous omettez la civilisation méditerranéenne. Lisez un peu Hérodote (normalement vous le savez) sur l'origine de ces Dieux.
Hérodote n'était pas un spécialiste des langues indo-européennes. Et l'idée d'une origine égyptienne des dieux grecs n'a jamais été qu'une jolie fable.
Alors, rappelons un peu les faits. Que l'on interprète Poséidon comme "l'époux de la terre" ou "le maître des eaux", son nom est strictement indo-européen. Atlas, vient de la racine grecque *tel-, c'est "celui qui ne bouge pas", et il correspond à l'arbre cosmique de la mythologie IE.
Le nom d'Artémis est en rapport avec celui de l'ours, indo-européen *arktos, qu'on retrouve aussi avec la déesse celte Artio.
Quant à Athéna, qui correspond strictement à l'Aurore guerrière indo-européenne, son nom doit se comprendre comme "celle qui est en hauteur", comme la déesse celte Brigantia.
Aucune grande divinité grecque n'est non-indo-européenne. Même pas Aphrodite, qu'on relie abusivement à l'Ashtoreth proche-orientale mais dont le nom est apparenté aux Apsaras indiennes.
La religion grecque ne doit rien à la civilisation afrasienne. Quant à l'influence crétoise, indiscutable, elle n'a rien à voir non plus avec le sud de la Méditerranée.
Terrain décidément miné par les "experts" politiquement-corrects.
Ils viendront bientôt nous expliquer que Jupiter était d'origine mongole et que le mont Olympe se confond avec le mont Fuji.
C'est une négation totale de la civilisation méditerranéenne...facile de balancer des mots comme "politiquement correct".
Et alors, les noms sont adaptés et traduits mais les dieux sont inspirés du panthéon berbère. Ceux sont les mots d'Hérodote.
Denis gardez votre condescendance. Il s'agit pas d'une origine égyptienne mais libyenne/berbère. C'est d'ailleurs pour ça que le culte d'Athéna et le culte des taureaux étaient très présents en Lybie. Les berbères vénéraient les mêmes Dieux. Il n'y a pas une division nette ça en devient pittoresque...
Vous passez votre temps à parler de destruction d'un paganisme ancestral par un monothéisme en Europe mais il est en réalité bien plus violent au Sud de la Méditerranée.
à Denis: Vous voyez une différence entre le Nord et le Sud de la méditerranée à la même échelle que la Grèce et la Mongolie...Mais vous divaguez complètement mon cher Denis. Faire un rapport entre les deux rives de la Méditerranée revient à dire que la Chine/Mongolie c'est la Grèce ?. Hallucinant.
Il y a un mur de séparation en Méditerranée ? Non. Ce n'est pas étonnant si dans la plupart des langues des peuples méditerranéens, Méditerranée veut dire "Mer Intérieure"...
Lisez un peu Gabriel Camps sur les croyances berbères, le culte d'Athéna Tritogénéia par ses derniers dont Hérodote fait mention. Étudiez l'archéologie et lisez Gabriel Camps vous verrez qu'il n'y a pas forcément deux mondes parallèles. C'est bien triste d'avoir une image aussi manichéenne...Pourtant le combat est le même l'islam a détruit l'identité, la langue et la culture matriarcale berbère.
Oui en tout cas là-dessus je suis d'accord, l'islam est du même tonneau que le christianisme. D'ailleurs ils sont comme cul et chemise, en particulier l'islam sunnite et le christianisme protestant.
Les basques en Espagne se la jouent "nous on est du Nord" ou bien "on a toujours été là" alors que leur langue est la dernière langue ibère, cousine des langues berbères.
N'empêche, à part ça, que l'Afrique du Nord d'aujourd'hui ça n'est pas que les berbères, loin de là.
La "civilisation méditerranéenne", ça n'existe pas. Une mer ne définit pas une civilisation. L'Egypte et la Grèce c'est deux mondes totalement différents.
Sinon, Hérodote n'a jamais été un historien professionnel, son oeuvre continent un nombre d'erreurs absolument considérable, ce qui est logique à l'époque. Le prendre pour un historien au sens moderne du terme est aberrant.
La religion berbère, que je connais par ailleurs, n'a rien à voir avec la religion grecque.
La religion berbère relève des religions afrasiennes et pas des religions indo-européennes. Pas besoin d'aller annexer les dieux des voisins...
Athéna née trois fois (Tritogeneia), c'est la triple Aurore indo-européenne (les Zoria slaves sont également trois), rien à voir là encore avec la mythologique hamitique. Les dieux de l'Olympe sont les transpositions des dieux indo-européens d'origine.
Les commentaires sont fermés.