Brèves européennes… (10)
11/12/2011
UNION EUROPEENNE
Enfin un accord… Nicolas Sarkozy, Angela Merkel et vingt et un autres chefs d’état et/ou de gouvernement sont parvenus à un accord afin de mettre en place une politique économique européenne commune fondée sur l’application de la rigueur budgétaire et de la lutte contre les déficits. Ils espèrent ainsi mettre fin à la déstabilisation des marchés, suite aux conséquences de la crise de la dette grecque. Suite à la décision de David Cameron d’opposer son veto à la mise en place d’un nouveau traité permettant d’appliquer cet accord, Sarkozy et Merkel ont été contraints de proposer un traité limité aux dix-sept membres de la zone euro, et d’en exclure ainsi les pays n’ayant pas adopté la monnaie unique. Ainsi écartés, la pression sur les gouvernements de ces pays fut telle que leurs dirigeants demandèrent à rejoindre les états signataires, même le Danemark, qui avait jadis refusé l’€ et bénéficié d’une clause dérogatoire. Enfin, on apprenait en fin de soirée que la Hongrie, la Suède et la Tchéquie avaient annoncé leur volonté de rejoindre les signataires, mais ont choisi d’obtenir la confiance de leur parlement national avant d’officialiser leur décision.
Ainsi, le Royaume-Uni de David Cameron s’est-il de fait exclu de lui-même des décisions. En posant à ses partenaires des conditions inacceptables, il a isolé son pays au sein du continent et a obligé Sarkozy et Merkel à oser l’impensable, ne pas céder aux pressions britanniques. Cameron a voulu s’éviter un désaveu national en présentant un projet d’esprit fédéral aux parlementaires britanniques, mais surtout éviter tout conflit interne au sein des Tories. Les libéraux-démocrates faisant partie de sa coalition, et depuis ayant considérablement régressé dans les sondages, ne peuvent pas protester, sinon ils prennent le risque de faire chuter le gouvernement de coalition et provoquer ainsi de nouvelles élections dont ils seraient les grands perdants. Les souverainistes les plus durs quant à eux ont été entendus, ce qui devrait limiter toute progression du mouvement UKip et éviter un débordement par la droite.
ROYAUME UNI
David Cameron s’est présenté comme celui qui voulait défendre avant tout les intérêts britanniques, selon un postulat souverainiste des plus classiques, sans se demander de quels britanniques il voulait défendre les intérêts, mais aussi si l’Union Européenne pouvait elle aussi préserver les dits intérêts. Et c’est là que le bât blesse. La presse explique ainsi que Cameron a voulu défendre les intérêts de la City, mais la City n’est pas le peuple anglais, ni la nation britannique. Ce n’est que l’expression financière de l’hyper-classe mondialiste, dans un pays qui a renoncé à son industrie et saboté son service public à la seule fin de plaire à une caste d’oligarques internationaux. Des bénéfices de la City, le peuple britannique n’en voit pas la couleur. La paupérisation de la population anglaise est une évidence, et le pays est devenu si décourageant pour son propre peuple que les retraités britanniques préfèrent s’installer en France, même si la crise actuelle limite désormais ce choix. Enfin, les récentes émeutes qui ont touché Londres et quelques autres villes ont démontré à quel point l’Angleterre a été trahie par ses dirigeants, travaillistes comme conservateurs, et que Thatcher a fait beaucoup de dégâts, tout comme le « New Labour » de Blair.
Le « Labour » a abandonné le socialisme britannique, cette idéologie qui naît avec Owen (socialism apparaît en 1831 sous sa plume) mais aussi avec la Fabian Society originelle, et dont le dernier authentique représentant au XXème siècle fut Henry Hyndman. Il a libéralisé à outrance le service public, comme le souhaitent les plus libéraux en France, et a ouvert large les portes du royaume à un prolétariat importé, ce qui avait déjà été commencé par ses prédécesseurs de « gauche » comme de droite, et avait amené un conservateur du nom de Powell à briser sa carrière politique pour avoir osé remettre en question un choix sur lequel le peuple britannique n’avait jamais été consulté. Ceci explique pourquoi les ouvriers britanniques, désespérés, sont contraints de tourner le dos à la « gauche » et se tourner vers les nationalistes qui, à l’instar de la version française, ne les défendent pas davantage, mais profitent de leur désarroi. C’est quand la gauche n’est plus de « gauche » que le peuple se tourne vers la droite nationaliste.
Le socialisme européen est la réponse véritable aux angoisses qui assaillent le peuple britannique et aux maux qui rongent leur société et les démunissent face à la mondialisation économique et migratoire. C’est par son exemple que le socialisme anglais renaîtra de ses cendres, et à ses côtés un socialisme gallois et un socialisme écossais. Cameron comme Blair ne servent pas les intérêts du peuple, de même que Sarkozy et Merkel font in extremis un pas fédéral, contraint forcé, parce qu’il y a des élections en 2012 et 2013 dans lesquelles ils jouent leur avenir, et n’auraient aucune chance d’être réélus si le chaos financier engloutissait la vieille Europe.
Le peuple britannique ne doit pas se réfugier dans un nationalisme sourcilleux, dans un souverainisme europhobe, car cela sert les intérêts de ceux qui les ont trahis. Ils vous ont convaincu, citoyens anglais, écossais et gallois, que l’€ était un danger, que la souveraineté britannique était un joyau qu’il faut préserver, alors que ce dit joyau, ils l’ont vendu depuis longtemps au monde entier. Ceux qui ont le mot « souveraineté » plein la bouche, ce sont ceux qui servent une politique atlantiste de soumission aux Etats-Unis et une politique mondialiste en matière économique au service des oligarques internationaux mais certainement pas du peuple. A la souveraineté de papier du Royaume-Uni d’aujourd’hui, il faut lui opposer une souveraineté d’acier, celle dont l’Europe demain pourra bénéficier.
L’entité politique qui défendra et protégera les travailleurs britanniques, les travailleurs européens, au Royaume-Uni, c’est l’Europe ! Vos élites vous ont fait croire qu’il fallait tourner le dos à l’€ et à l’UE. Ils vous ont mentis. Mais il est vrai que l’UE actuelle ne servirait pas plus vos intérêts. C’est la république européenne, et elle seule, qui vous permettra de résoudre réellement vos problèmes.
SERBIE
Alors que les 27 dirigeants ont officialisé l’acceptation de la Croatie en leur sein, qui devrait avoir lieu, si le référendum en ce sens confirme la décision d’adhésion, à la mi-2013, le processus d’adhésion d’avec la Serbie a été repoussé à février 2012, en l’attente d’une amélioration des relations entre la Serbie et le Kosovo. En avril 2005, quand des dirigeants irresponsables ont entamé le processus d’avec la Turquie, ils n’ont pas mis de conditions, ni par rapport à la question kurde, ni par rapport au sujet arménien. Et la Turquie n’est pas vraiment un pays européen, et à nos yeux pas du tout même. La Serbie a fait des efforts considérables pour pouvoir rejoindre l’UE. Sa demande en tant qu’authentique pays européen est légitime et par ailleurs il faut soutenir le gouvernement de Boris Tadic. Repousser dans le temps l’acceptation de ce pays, c’est faire le jeu des europhobes serbes (du Parti Radical Serbe [SRS]), fragiliser le gouvernement en place, et ne rien résoudre quant au problème kosovar.
Le PSUNE apporte son soutien plein et entier à Boris Tadic, qui œuvre patiemment pour que son pays rejoigne l’Europe politique, même si l’UE actuelle n’est en aucun cas la panacée. Symboliquement, il est important que la Serbie soit à nos côtés et serve de pont de l’amitié avec la Russie. Osons le dire à haute voix : « Serbie oui, Turquie non ! ».
RUSSIE
Suite aux résultats annoncés en Russie, selon lesquels le parti Russie Unie aurait obtenu 49,34%, soit près de quinze points de moins qu’en 2007, des manifestations plus ou moins spontanées ont eu lieu dans plusieurs grandes villes du pays. Les accusations de fraude massive, certaines organisations parlant d’un score de Russie Unie surévalué de dix à vingt points, en sont la source. Certains affirment (comme l’Observateur Citoyen) que Russie Unie n’aurait obtenu en réalité que 29,8% des voix, les communistes du KPRF 22,6%, le LDPR nationaliste 14%, Russie Juste 21% et Yabloko 8,3%.
Il est bien évident que dans un grand pays comme la Russie, qui ne découvre la démocratie que depuis le début des années 90, et qui a connu une période effroyable d’effondrement économique durant l’ère Eltsine, les fraudes existent. Elles sont certes moins hypocrites qu’en France où la fraude consiste en fait à une manipulation médiatique, comme on l’a constaté dans l’entre deux-tours de l’élection présidentielle de 2002, quoi qu’on puisse penser du challenger face au président sortant. Mais même si beaucoup de russes n’ont pas apprécié le roque entre Poutine et Medvedev, ils reconnaissent que cette décennie leur a permis de retrouver leur fierté et d’arpenter à nouveau le chemin vers une relative prospérité, même si le chemin est encore long. L’oligarchie russe est certes détestable, comme elle l’est en version anglaise à Londres ou en version française à Paris, où elle n’y est pas moins arrogante. Et là encore, les européens de l’ouest n’ont aucune leçon à donner.
Poutine et Medvedev sont-ils moins dignes que Sarkozy et Merkel ? Certainement pas. Maintenant, ce duo est celui de la situation de la Russie d’aujourd’hui. Les russes ont pu constater les méfaits du libéralisme économique et donc se méfient pour beaucoup du libéralisme politique, de cette croyance dans une prétendue démocratie sous prétexte que le compte des voix est honnête. Les images de la télévision russe quant aux évènements de nos banlieues en 2005 ont montré ce qu’il fallait penser du « modèle » français. Certes Poutine n’est en aucune manière la panacée, loin de là, mais qu’y a-t-il en face de lui. L’éternel (national-)communiste Ziouganov, candidat depuis maintenant près de deux décennies, tout comme le provocateur ex-« rouge-brun » Jirinovski, dont la seule raison d’être est d’empêcher l’émergence d’une droite radicale contestataire ? Il y eut jadis Lebed, qui aurait pu proposer une autre voie à la Russie, et demain peut-être Rogozine. Mais pour le moment, Poutine est là.
Mais l’avenir de la Russie ne passe pas par un pouvoir national, certainement pas autoritaire, mais bien par l’adhésion à la République Européenne qu’il faut fonder et dans laquelle le peuple russe a naturellement toute sa place. Quand on voit ce qu’est actuellement l’Union Européenne, il est toutefois difficile de proposer aux russes de nous rejoindre. Mais leur avenir est là. Et certainement pas en remplaçant Poutine par un Eltsine plus jeune, qui aura à cœur d’autres intérêts que ceux du peuple. Car ne soyons pas dupes des manœuvres américaines derrière cette contestation. De même qu’il ne faut pas s’imaginer que c’est le fruit du hasard si les agences de notation ménagent les USA, qui sont dans le rouge en matière de dette souveraine, alors qu’ils s’acharnent sur l’Europe.
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