Changer d’Europe pour sauver l’Europe
14/11/2011
La crise des dettes souveraines, dont le nom nous rappelle que ce sont bien les états nationaux souverains de l’Union Européenne, et non une Europe fédérale en gestation, qui en sont les responsables, est en train de miner plus de soixante ans de construction européenne. Les premières victimes en sont les Européens eux-mêmes, et tout particulièrement le peuple grec. Les victimes les plus médiatisées en revanche sont les chefs d’état et de gouvernement.
Il y a d’abord eu le suicide politique du premier ministre slovaque, sacrifiant son gouvernement afin de faire voter le nouveau plan destiné à stabiliser la situation, en introduisant un fond européen de sécurité financière (FESF) pour réguler la dette grecque. Il y a ensuite eu le coup de folie du premier ministre Georghios Papandreou, annonçant à la surprise générale, y compris d’une partie de ses ministres, un référendum en janvier au sujet du plan franco-allemand. Papandreou a au final été contraint de démissionner pour être remplacé par Lucas Papademos dans le cadre d’un gouvernement technique d’unité nationale ouvert aux communistes et aux nationalistes du LAOS. Enfin, l’Italie a subi une pression considérable de la part des investisseurs internationaux poussant Berlusconi, qui avait résisté à tous les scandales liés à sa vie personnelle, à démissionner samedi 12 novembre au soir. C’est là encore un technocrate italien, ancien membre de la Commission de Bruxelles, Mario Monti, qui est devenu premier ministre à la tête d’un gouvernement resserré, violemment critiqué dès son investiture par la Ligue du Nord. Enfin, dès le début de la crise, le social-démocrate espagnol Zapatero avait jeté l’éponge et annoncé des élections anticipées qui devraient, sauf surprise, être remportées par le Parti Populaire, largement en tête dans les sondages.
La crise économique de la zone euro a amené les souverainistes et nationalistes à faire entendre leur voix europhobe et/ou eurosceptique, sauf en Grèce où même l’extrême-droite s’est rallié à l’euro et a remercié la France et l’Allemagne pour leur aide. Wilders a à plusieurs reprises répété son souhait de voir la Grèce abandonner l’euro. En France, Marine Le Pen et Nicolas Dupont-Aignan, mais la première d’une manière systématique et parfois particulièrement pathétique, prônent l’abandon de l’euro par la France, le présentant de toutes façons comme inéluctable. C’est un faux calcul, puisque c’est seulement en Allemagne que la déception concernant l’€ est importante, les allemands ayant le sentiment de payer pour sauver des pays plus laxistes, alors que c’est en fait leur intérêt profond. Selon un sondage BVA du 3 novembre, 77% des français sont désormais favorables à l’€. Ils ont compris que leur situation sociale et financière dépendait de la survie de la monnaie unique, sa chute annonçant la ruine des petits épargnants, une nouvelle envolée du chômage, déjà fort, et de la précarité. Il ne faut pas aimer son pays ni son peuple pour se réjouir de la crise actuelle de l’€.
Selon une information qui m’a été transmise de source bien informée, l’illusion souverainiste va jusqu’à ce que certains conseillers politiques FN prônent une politique de réarmement pour faire face à une Allemagne à nouveau belliciste après la fin de la monnaie unique. Ces nationalistes et/ou souverainistes entendent répondre à la crise de 2011 par les moyens de 1911. Je ne peux croire qu’une telle ligne puisse réellement convaincre 20% ou plus de nos concitoyens, malgré le malheur qui afflige de nombreux français et européens.
La chute de l’Union Soviétique a démontré l’erreur du marxisme appliqué, les Russes ayant pris une punition économique terrible dans les années 90, les amenant à tomber dans les bras de Poutine, qui a remis la Russie sur les bons rails au prix d’évidentes restrictions aux libertés politiques. Mais tant que le bloc de l’est existait, les régimes libéraux se mâtinaient de social-démocratie afin de ne pas faire le jeu des communistes, et modéraient leur libéralisme de fait. Après l’effondrement de l’URSS, les garde-fous ont sauté, et le libéralisme mondialisé, qu’on appelle « mondialisme », a montré son vrai visage et est tout aussi utopiste et catastrophique que son vieil ennemi défunt. Contre la folie néo-communiste, c'est-à-dire gauchiste, incarnée remarquablement par ces idiots utiles que sont les « indignés », contre la folie néo-libérale, c'est-à-dire mondialiste, qui est en train d’enfoncer l’Europe dans la rigueur et la pauvreté, en cédant à une spéculation débridée et incontrôlable qui ne fait qu’enrichir la Chine, contre la folie nationaliste, qui ne propose que de diviser l’Europe et préparer de nouveaux conflits sur notre continent, la réponse politique doit être à la fois vraiment européiste et vraiment socialiste.
C’était une ineptie de faire la monnaie unique sans avoir fait de gouvernement européen unitaire, sans que la Banque Centrale soit contrôlée par les électeurs, par le biais des élections de leurs représentants. C’est encore une erreur de faire confiance aux gouvernements des états, qui depuis des décennies ont mis en place une politique suicidaire dans tous les domaines, ouvrant larges les vannes de l’immigration non-européenne et du libertarisme moral, sans tenter de combattre le chômage ou de relancer la natalité indigène. Ils ont toujours échoué, ils sont responsables de la situation actuelle, et il faudrait les maintenir en place, se contentant de prendre la fausse « gauche », la gauche du Système, à la place de la droite, ou inversement ? La force des souverainistes et/ou nationalistes est justement là. Ce que le FN ou DLR appellent l’UMPS, qui n’est qu’une version française d’un CDU-SPD ultra-rhénan, c’est ceux qui nous gouvernent en mettant en place la même politique économique et sociale à quelques différences majeures près tout de même sur d’autres plans (sur l’adhésion turque, sur le droit du sol/droit du sang, sur le mariage homosexuel, sur le vote des étrangers aux élections locales…).
En 2012, Sarkozy ou Hollande sera contraint de maintenir une politique de rigueur qui sera en défaveur du service public, qui contribuera à délabrer l’état de nos rues, qui économisera sur tout, sauf ce sur quoi on pourrait faire des économies décisives. Je songe par exemple à l’indépendance de Mayotte et à l’auto-détermination des autres DOM. Je rappelle d’ailleurs que si la France métropolitaine doit se serrer la ceinture, les DOM eux n’auront qu’une baisse infime des aides économiques de l’Etat dont ils bénéficient. Il est vrai qu’eux n’hésitent pas à descendre dans la rue, comme on le constate depuis des semaines, dans un tabou médiatique complet, par exemple à Mayotte. Les aides aux clandestins continueront (AME…), malgré les protestations de la « Droite populaire », de même que les aides européennes à l’adhésion turque, dont ces mêmes députés réclament l’arrêt immédiat. Enfin, en Allemagne, l’arrêt injustifié, sous la pression des pseudo-écologistes « Grünen », et dont les « Verts » français souhaitent l’équivalent chez nous, du nucléaire civil, est d’un coût exorbitant. Cet arrêt, il faudrait que le gouvernement allemand l’annule, car c’est une erreur monumentale.
Faire de l’€ la monnaie nationale de l’Europe, monnaie qu’on pourrait élargir à la Russie en prenant au mot la proposition des dirigeants russes, qui soutiennent l’€, de les y associer, monnaie pilotée par une banque centrale européenne au fonctionnement démocratique, contrôlée et orientée par un gouvernement unitaire européen élu, serait la première mesure indispensable. Elle implique de réellement bâtir une Europe politique, fédérale et/ou unitaire, comme le propose le PSUNE. Mettre en place un protectionnisme économique aux frontières de la Grande Europe serait également une mesure particulièrement salvatrice. De la même façon, l’arrêt unilatéral des pourparlers d’adhésion de la Turquie à l’Union Européenne montrerait que les responsables politiques écoutent leur peuple, à défaut de solliciter leur avis par des referenda. Sur ce point, Sarkozy aurait tout intérêt à faire aujourd’hui ce qu’il n’a pas eu le courage de faire depuis quatre ans.
En mutualisant la dette des états nationaux au niveau européen, et en mettant en place une Europe politique nouvelle fondée sur une table rase juridique, on pourrait renégocier à la forte baisse voire même annuler complètement cette dette artificielle, en tout cas les 40% de cette dette liés à des états étrangers (une autre partie de la dette étant entre européens). Et s’il faut que l’Etat (européen alors) soit économe des deniers publics, ce qui est normal, de nombreuses mesures destinées à réduire le coût d’aides sociales abusives mais surtout d’une politique migratoire suicidaire, permettraient d’y parvenir sans faire peser une politique de rigueur supplémentaire sur les travailleurs européens et tout en permettant à l’état de continuer à remplir pleinement ses missions régaliennes. On pourrait commencer en attendant par la mise en place d’euro-bonds garantis par la BCE.
Cette réorientation en profondeur de la politique de l’Union Européenne, impliquant une extension de l’UE aux frontières du continent, donc avec la Russie mais sans la Turquie, et une modification dans le sens d’une démocratie européenne assumée des institutions existantes, avec la dissolution de la commission et des deux conseils au profit d’un parlement européen auto-proclamé assemblée européenne constituante bâtissant de nouvelles institutions, c’est ce à quoi le PSUNE appelle de ses vœux. Nous espérons être lus et écoutés d’un certain nombre de dirigeants européens afin qu’ils nous aident en ce sens à bâtir à partir de l’UE une nouvelle Europe politique, la République Européenne, garante des intérêts du peuple européen, de la nation européenne. Cette république ne pourra pas être autre chose que sociale et vraiment européenne. Elle sortira les Européens du piège fatal du mondialisme dans lequel nos dirigeants nous ont enfermés.
Plus que jamais, en cette période de crise dramatique de l’Europe, alors que la construction européenne actuelle a montré ses insuffisances et prouvé ses égarements de fond, pour empêcher demain une vague de nationalisme europhobe risquant de ruiner encore davantage notre continent meurtri, il faut accorder votre confiance aux européistes socialistes, « euro-socialistes », attachées à l’identité authentique de l’Europe et soucieux de remédier vraiment aux souffrances de notre peuple, les meilleurs défenseurs des ouvriers européens, des paysans européens, des chômeurs européens et des classes moyennes européennes. Aidez le PSUNE à avoir les moyens de ses ambitions, aidez le à émerger. Par votre action, par vos dons, vous pouvez nous porter assistance.
Aidez-nous à faire l’Europe politique démocratique que vous souhaitez en vérité !
Thomas Ferrier
Secrétaire général du PSUNE
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